4ème dimanche du Carême – Homélie
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4ème dimanche du Carême
(22/03/2009)
La première lecture et l’évangile ont en commun un même message fondamental : Quelles que soient les infidélités des hommes, la miséricorde de Dieu nous est acquise dans défaillance. Toute la Bible nous rappelle que Dieu a fait alliance avec les hommes d’une manière définitive. Il reste toujours fidèle à cette alliance et il attend de la part des hommes une fidélité qui soit à la mesure de la sienne.
Mais la lecture du livre des chroniques nous rappelle que nous sommes loin du compte : « Le peuple multipliait les infidélités… Ils firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur. » A plusieurs reprises, le prophète Jérémie était intervenu pour rappeler la loi de Moïse. Il voyait son peuple au bord du précipice ; il a tout fait pour lui éviter la catastrophe. Mais le peuple n’a rien voulu entendre. Le plus grave c’est qu’il est retombé dans l’idolâtrie dans ce qu’elle a de pire, les sacrifices humains. Les commandements envers Dieu et envers les autres sont abandonnés.
Le prophète, très en colère contre cette situation, leur pose la question de la part de Dieu : « Est-ce bien moi qu’ils offensent ? N’est-ce pas plutôt eux-mêmes ? Et ils devraient en rougir… » Il veut faire comprendre à son peuple libéré par Dieu qu’il se fait esclave des faux dieux. Il est tombé dans des pratiques indignes d’hommes libres. Dès lors, le livre des Chroniques nous dit qu’il n’y eut « plus de remède à la colère grandissante de Dieu. » La suite, nous la connaissons. Israël a été envahi par des troupes étrangères et déporté en exil à Babylone. Le but de ce récit n’est pas d’abord de nous dire ce qui s’est passé ; il veut surtout nous rappeler que les hommes sont responsables de leur malheur quand ils ne mesurent pas les conséquences de leurs actes. Ils sont d’autant plus coupables qu’ils n’ont pas su entendre les mises en garde.
Cela vaut aussi pour nous aujourd’hui. Nous vivons dans un monde où le Dieu de l’alliance est souvent oublié. Nos idoles actuelles, nous les connaissons bien, c’est l’argent roi, la course au profit, le souci de paraître. Notre Dieu n’est-il pas en colère quand il voit ce que nous sommes en train de faire de notre planète ? Peut-il continuer à supporter toute cette violence, tous ces actes d’exclusion et de racisme qui empoisonnent notre monde ? A travers le petit, le pauvre et celui qui a faim, c’est notre Dieu qui est rejeté. En refusant d’ouvrir nos yeux, notre cœur et nos mains, nous créons notre propre malheur, tout comme le peuple d’Israël au temps de Jérémie.
Mais le texte des chroniques nous rappelle deux choses absolument capitales pour notre foi : Premièrement, Dieu reste toujours le « Dieu des pères » quelle que soit l’infidélité du peuple. Et il fera tout pour l’empêcher de tomber dans le précipice. Deuxièmement, quand le peuple est tombé dans le précipice, il trouvera toujours le moyen de l’en sortir car rien n’est impossible à Dieu. Il est toujours capable de venir nous chercher très loin et très bas.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous annonce précisément cette bonne nouvelle : nous sommes sauvés dans le Christ. « Alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné sa vie avec le Christ. » Ce qu’il attend de nous en réponse à cet amour premier de Dieu, c’est la foi. Lui qui est riche en miséricorde ne cesse de vouloir tout réunir en Jésus Christ. Paul, qui est un grand missionnaire, a le souci d’annoncer cette bonne nouvelle à tous, juifs et païens. Le Seigneur attend de nous qu’elle soit répercutée dans le monde d’aujourd’hui, en particulier auprès de ceux qui sont loin de Dieu. Ils sont nombreux ceux qui vivent dans l’incroyance, la « mal croyance » ou l’indifférence. Nous ne sommes pas chargés de les amener à croire mais de dire, de témoigner de la foi et de l’espérance qui nous animent.
Dans l’évangile, Jésus nous parle de l’amour de Dieu pour sa création. Il aime d’un amour passionné tous les hommes, y compris ceux qui sont rebelles et infidèles à son alliance. Cet amour du Père va jusqu’au don de son Fils bien aimé. Son grand projet, c’est que le monde soit sauvé. Mais quand nous regardons ce monde dans lequel nous vivons, nous découvrons les guerres, les pollutions, les maladies, le chômage, la pauvreté sont des fléaux bien présents sur notre terre. Nous prions souvent pour en être délivrés. Mais nous oublions peut-être que nous avons été sauvés de grands dangers sans penser à rendre grâce. Notre Dieu nous donne les moyens de voir clair dans les moments difficiles, d’éviter les erreurs et nous sortir d’un mauvais pas.
L’important, nous dit Saint Jean c’est de tourner notre regard vers le Christ élevé en croix. Ce regard vers notre sauveur est un regard de foi et de confiance, un regard d’amour qui nous attache à lui. Voilà l’enjeu de notre carême : Lever les yeux vers le Seigneur alors que si souvent, nous regardons ailleurs, attirés par tout ce qui nous tente et nous aveugle.
Ce regard de foi nous évitera de céder au pessimisme. Dieu nous a tout donné pour que le monde soit sauvé. Mais il nous rappelle aussi qu’il ne nous sauvera pas sans nous. Il attend de nous que nous agissions selon la vérité, que nous luttions contre le mensonge et le mal pour que la Lumière de la Vie brille en nous et dans le monde. Comme nous le rappelle Saint Jean, nous sommes invités à venir à la Lumière. Chaque année, pendant le carême, des hommes, des femmes et des enfants s’efforcent de répondre à cet appel. Ils s’organisent en lien avec le CCFD pour aider les plus pauvres à sortir de leur misère et à se prendre en charge. Nous sommes loin du « grand jour », mais ces petites lumières percent la « nuit ». Là où semblait triompher l’échec et la condamnation, Dieu fait jaillir la Lumière et la Vie. Accueillons cette Lumière pour qu’elle rayonne en nous et autour de nous.
D’après diverses sources
Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 22/03/2009)
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