Devenir Évangile de Dieu

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Devenir Évangile de Dieu

Nous, créature née de Dieu, nous ne pouvons vraiment devenir ce que nous sommes qu’en étant des saints. Voilà la conclusion de ces heures consacrer à prier, à réfléchir. Nous sortons pour aller au cœur du cœur de Dieu qu’est notre société d’ici. Nous sortons pour aller rencontrer Dieu dans cette basilique infinie de la douleur humaine qu’est notre monde.
Notre société est malade d’une lèpre dont il nous est répugnant de toucher et pourtant dont il serait essentiel d’y apporter et d’offrir des moyens d’en guérir. Cette lèpre se nomme l’absence flagrante d’un désir de plénitude de vie. Nous ne vivons plus. Nous existons. Notre vie qui est belle, qui doit si violemment nous enthousiasmer, il faut la vivre en plénitude comme moyen d’apporter un peu de baume à cette lèpre qui nous ravage. Il nous faut « le courage d’être » (P.Tillich, théologien luthérien) Courage d’être comme Ingrid Betancourt, cette femme emprisonnée par la guérilla de Bogota parce qu’elle désirait pour son peuple plus de justice. Comme le Père Jacques de Jésus qui, dans les camps de concentration, semait espoir et joie.
Non seulement il nous faut vivre les tensions de notre milieu en humain mais il faut les vivre pour devenir plus humain. La plénitude de l’humain, notre accomplissement total, se réalise, se concrétise dans notre manière de vivre les croix du monde, de les porter aussi. Les croix nous rendent semblable et à la ressemblance de Jésus. Sur la Croix, Jésus a atteint la plénitude de l’humain. Les croix qu’elles se nomment tension, distance, froideur dans le couple, tragédie humanitaire du Rwanda ou qu’elles se laissent voir sur la terre que Jésus a foulée entre palestiniens et israéliens, est le chemin pour développer notre stature d’hommes et de femmes accomplis. La croix n’anéantira jamais l’humain. Elle nous ouvrira en nous délivrant de notre poids d’être, à la plénitude de la joie, de bonheur, de l’attestation de ce que nous sommes. Le Père Jacques de Jésus disait ces mots qu’il a vécus en plénitude : «  c’est sur les sommets de la Croix qu’il faut monter pour mesurer dans toute son infini splendeur la destinée de l’homme » (Revue du Carmel #110, 2003 p.42)
Soyons nous-mêmes. Soyons ce que nous sommes. Cela m’apparaît présentement la plus belle des devises à nous donner. Ne suivons pas le chemin de tout le monde. Prenons le chemin de la Loi du Seigneur comme le dit le psaume 1 er . Ayons le courage de la différence non pas pour nous faire remarquer mais parce que nous «  avons soif que le Dieu vivant » (Ps43) puisse vivre en tous.
Là où sur nos terrains où nous retournons, dans nos groupes de rencontres, en dépit de tout ce pessimisme, découragement, blessures, même si cela est difficile et surtout parce que cela est difficile, demeurons ce que nous sommes : humain. Ne fuyons pas la souffrance. L’histoire de Jésus n’est pas terminée. Nous sommes là pour y donner du sens en affrontant plus qu’en subissant ces temps de grand questionnement en étant des adorateurs de Dieu au cœur de ce monde et pourquoi pas en voyant Jésus sur tous ces visages de misère que nous côtoyons.
Nous sommes chrétiens, des fils de Dieu. Nous sommes « portion de Dieu. En devenant davantage à sa ressemblance, nous faisons que son Règne vienne. Nous avons mission d’être éveilleur de Vie (avec un grand et petit v). Éveilleur de sens. Nous sommes des diplômés d’une vie pleine de sens. D’une vie réussie non pas à entendre comme possédant toutes les ressources matérielles possibles mais dans le sens d’accomplissement. Éveilleur de sens jusqu’à dépasser l’actualité avec ces scènes de tragédies perpétuelles pour implanter l’éternité au cœur de temps présent. Comment cela va-t-il se faire ? En étant de priant au quotidien, en perdant du temps à ne rien faire pour être chez Dieu. Osons vivre différemment l’actualité. Osons « dehors » vivre comme si nous étions dans la maison de la Parole, habité par sa Parole. Osons la Parole. Osons être Parole de Dieu.
Il nous faut reprendre en main l’avenir de la foi sans l’imposer. « Co mment croire si la foi n’est pas annoncée » (Rm10, 15). Ne sommes-nous pas «  lumière du monde et sel de la terre » (Mtt 18,16) . Les signes d’un nouveau printemps ne manquent pas. Sa floraison dépendra de notre contribution, comme peuple de Dieu, comme Église de Dieu à rendre présent l’Évangile dans le monde. Le temps de l’audace commence. Ne pleurnichons pas sur nos malheurs. Osons l’avenir autrement.
En terminant je vous donne deux cadeaux : le monde à dominer non pas dans le sens « d’écraser » mais dans le sens de le faire progresser vers une plénitude d’être. Une image, une icône, celle que j’ai placé sur le document que je vous remets. C’est mon dernier mot. Mon dernier geste qui dit tout : n’oubliez pas de La regarder souvent longuement. C’est incontournable pour devenir ce que nous sommes : Évangile de Jésus. Ayez de la « dévotion » (François de Sales ) pour l’humain, même le plus repoussant. Voilà ce que je veux pour vous. Voilà ce que je cherche à voir en vous.

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