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DIEU ET L’ESPACE : RÉCIT D’UN ASTRONAUTE
1 mars, 2012http://www.zenit.org/article-30287?l=french
DIEU ET L’ESPACE : RÉCIT D’UN ASTRONAUTE
La terre vue du ciel par Roberto Vittori
Rome, jeudi 1er mars 2012 (ZENIT.org) – Découvrir l’univers, les planètes, les étoiles, les nébuleuses, les trous noirs, comme une création de Dieu unique, et comprendre que chacun fait partie intégrante et agissante du cosmos : c’était le thème de la soirée L’espace et Dieu, qui s’est déroulée jeudi 23 février à Rome, au Théâtre Argentina. L’événement était organisé par le service diocésain de la pastorale universitaire et par les étudiants des collèges universitaires de la capitale, en collaboration avec le ministère italien de l’Instruction, de l’université et de la recherche, avec l’astronaute italien Roberto Vittori, le prof. le professeur Antonio Viviani, Antonino Zichichi, et le directeur de l’Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain.
« L’espace, a expliqué à l’auditoire l’astronaute Roberto Vittori – un des invités de cette soirée – est certainement science et technologie, mais aussi imagination et art. J’ai eu la chance de pouvoir faire trois expériences de vols, deux fois avec les Russes et une fois avec le dernier vol de la navette spatiale. Chacune de ces aventures est tout à fait unique. L’homme fait des choses que, humainement, il ne pourrait pas faire : il monte à bord d’une fusée, il attend le compte à rebours, l’allumage des moteurs et il arrive dans l’espace. C’est un privilège incroyable de pouvoir regarder la terre de l’extérieur. Pour moi, dès la première fois, cela a été une sensation extrêmement forte, parce que la beauté de la terre, vue de la station spatiale, est quelque chose d’indescriptible, cette « planète bleue » renvoie vraiment un message d’espérance fort ».
Vittori a évoqué l’émotion de la préparation au vol, de l’arrivée à la station spatiale, l’entraînement qui dure plusieurs jours, jusqu’à celui, fatidique, du lancement. « Le parcours que nous faisons avant d’arriver au compte à rebours, qui annonce le lancement dans l’espace, est vraiment très beau et extrêmement émouvant, il t’emporte en dehors du monde. C’est difficile de choisir parmi les émotions qui m’ont particulièrement frappé, mais si je devais en nommer une, je dirais que le plus beau moment est l’atterrissage, le retour sur la terre, lorsqu’on retrouve ses proches et qu’on découvre que « hommes nous sommes, et hommes nous demeurons ».
En mai dernier, le colonel Vittori a fait partie des astronautes qui ont été les protagonistes de la liaison en direct organisée entre Benoît XVI et la station spatiale internationale (cf. Zenit du 23 mai 2011). « Le pape, a-t-il raconté, a été capable de dépasser absolument la barrière du scientifique et de la technologie pour pénétrer dans nos cœurs. Cela a certainement été un événement historique. En fait, c’était la première fois qu’une telle opportunité se présentait. Pour chacun de nous, ces moments, les paroles d’encouragement et d’espérance de Benoît XVI, resteront gravés à jamais dans nos mémoires, comme un des moments fondamentaux de la mission spatiale ».
Un autre invité de cette soirée était le professeur Antonio Viviani, scientifique de renommée mondiale, qui a conduit, en 1994 et en 1996, deux essais fondamentaux, justement à bord du « Space Shuttle Columbia » au « Marshall Space Flight Center » de la NASA.
Visiblement ému, Viviani s’est adressé aux jeunes qui l’écoutaient, fascinés : « Mise à part la tension évidente qui t’accompagne jusqu’à la fin de l’expérience – qui, dans mon cas, a duré 7 heures – pendant les brefs intervalles qui me permettaient de détacher ma pensée des commandes, écrans, vidéo-enregistreurs, casques, micros et autres, je me tournais mentalement vers le Seigneur en le priant de me soutenir jusqu’au bout et en lui demandant que tout se passe pour le mieux, parce que beaucoup étaient sceptiques quant à la réussite de cette expérience. C’était en 1996, et c’était la première fois que je la tentais, justement l’année du 25èmeanniversaire du lancement d’Apollo 11, qui avait envoyé l’homme sur la lune pour la première fois. C’est peut-être pour cela que je repensais au message que le pape Paul VI avait envoyé aux astronautes d’Apollo 11, avec des paroles qui resituaient l’action humaine à la lumière de la grandeur et de la bonté de Dieu. A la fin de cet essai, qui s’est bien terminé, les deux astronautes de Colombia, Don Thomas et Leroy Chiao, ont voulu parler avec moi. Tout en écoutant leur voix, je ne pouvais pas m’empêcher de penser, moi aussi, à la grandeur de la création et de Dieu, alors qu’ils étaient en train de me dire, pleins d’affection et d’humanité : « Antonio, enjoy your lunch ! », c’est-à-dire « Bon appétit, Antonio ! ».
Quant au scientifique Antonino Zichichi, il a expliqué aux jeunes la nouvelle théorie sur le rapport espace-temps à 43 dimensions : « L’étude de l’espace nous a amenés à comprendre la logique qui gouverne le monde : aujourd’hui, nous sommes certains que l’espace-temps à quatre dimensions ne suffit plus pour décrire la logique de Celui qui a fait le monde. D’après ce que nous réussissons à comprendre, à la base de notre existence matérielle, il y a un espace-temps à 43 dimensions. Et donc, si ce que nous pensons est vrai, nous sommes les enfants d’un « super monde » ; cela veut dire qu’une logique rigoureuse apparaît, non pas en observant l’espace, ni en observant les étoiles, mais en étudiant les pierres qui ont été faites par la même Personne que celle qui a fait les étoiles. Rien n’est le fruit du hasard, mais il y a un Auteur suprême au dessus de tout ».
La soirée a été conclue par Mgr Lorenzo Leuzzi, nouvel évêque auxiliaire de Rome, chargé de la pastorale universitaire, qui a invité les jeunes à être des chrétiens « intelligents », à « dépasser leur ignorance » et à « apprendre à connaître la réalité » par l’étude et la recherche, parce que c’est seulement comme cela qu’ils pourront trouver « le vrai visage de Dieu ».
Marina Tomarro
Traduction d’Hélène Ginabat
Homélie (J’ai choisi ce texte pour le sens…Ce paradoxe de la soif c’est le paradoxe du désir, soif de Jesus)
1 mars, 2012Jean 19, 28-34
Vigiles du troisième dimanche de carême – B
Homélie du Frère Jean-Philippe REVEL
(J’ai choisi ce texte pour le sens, comme la méditation: Ce paradoxe de la soif c’est le paradoxe du désir, soif de Jesus)
Sachant que tout était accompli, Jésus dit : « J’ai soif ! » Les études faites sur le supplice de la crucifixion disent qu’effectivement les crucifiés meurent de soif. Et l’on peut dire que, d’une certaine manière, Jésus est mort de soif, pas seulement de cette soif physique que provoque la crucifixion, mais de la soif plus fondamentale, à la fois physique et spirituelle qui est la soif du salut des hommes, la soif de la réponse d’amour des hommes à l’amour de Dieu. Jésus est mort de soif et le paradoxe c’est que, aussitôt mort, Il devient source d’Eau vive. « De son côté transpercé, il coula du sang et de l’eau » comme Il l’avait dit prophétiquement : « De mon sein, jailliront des fleuves d’eau vive ! » le Christ meurt de soif et Il donne l’eau qui étanche toute soif.
Ce paradoxe se retrouve dans l’entretien de Jésus avec la Samaritaine. Jésus lui dit : « Donne-Moi à boire ! » Il lui manifeste que, fatigué par la route, fatigué par la longue route de Dieu à la recherche de l’homme, Il a soif. Et aussitôt Il lui révèle : « L’eau que je te donnerai deviendra en toi une source jaillissant pour la vie éternelle ! Donne-Moi à boire ! Je te donnerai l’Eau Vive ! » C’est donc le même paradoxe qui s’accomplit au moment de la mort du Christ sur la croix. C’est en quelque sorte par la soif du Christ que nous est donnée cette eau vive, cette source spirituelle qui étanche toute soif.
Le paradoxe et plus brutal encore si on rapproche quelques versets du dialogue de Jésus avec la samaritaine d’un texte de l’Ecclésiastique qui au premier abord semblent se contredire. Jésus dit à la samaritaine : « Celui qui boira de l’eau que Je lui donnerai n’aura plus jamais soif ! » Et à propos du pain de vie, Il reprend : « Celui qui Me mange n’aura plus jamais faim ! Celui qui croit en Moi n’aura plus jamais soif ! » Or le livre de l’Ecclésiastique met dans la bouche de la Sagesse qui est une préfiguration du Christ : « Celui qui Me mange aura encore faim ! Celui qui Me boit aura encore soif ! » Alors, boire le Christ est-ce ne plus jamais avoir soif ou avoir encore soif ? Peut-être est-ce les deux !
Ce paradoxe de la soif c’est le paradoxe du désir. La soif de Jésus c’est son désir d’amour pour les hommes. Le Christ a soif de notre foi. Le Christ a soif de notre réponse. Mais en même temps le Christ nous donne l’amour qui, seul, peut nous permettre cette réponse car nous ne pouvons répondre à l’appel de Dieu que dans un élan d’amour qui répond au sien. Or cet amour ne peut combler un cœur d’homme que si ce cœur d’homme est habité d’abord par le désir de Dieu. Nous ne pouvons boire l’eau vive que si notre âme a soif de Dieu. Il faut que s’éveille d’abord en nous la soif pour que nous buvions l’eau vive. Il faut que s’éveille en nous le désir de Dieu pour que nous accédions à la communion d’amour avec Dieu. Et ce qui est apparemment un paradoxe, c’est que, pour éveiller en nous le désir, Dieu nous a manifesté son propre désir. C’est le désir d’amour de Dieu qui fait naître dans notre cœur le désir de son amour. C’est la soif du Christ sur la croix qui y a creusé en nous la soif de Dieu, il n’y a pas d’autre moyen pour nous sortir de notre torpeur, de notre léthargie que cette soif de Dieu qui se révèle à nous et qui éveille en nous une soif symétrique qui nous ouvrira à l’eau vive qui comblera cette soif et notre cœur.
C’est donc l’éducation du désir en nous qui nous conduit à la communion d’amour. Pour éduquer le désir dans notre cœur, Dieu a voulu connaître le désir ce qui est effectivement le paradoxe car Dieu est plénitude. Dieu est pleinement comblé. Le Fils, dans le regard éternel qu’Il pose sur le Père, le Fils connaît toute joie, connaît le bonheur sans limite. Il n’a besoin de rien. Il n’y a pas de place pour un désir car le désir est le signe d’un manque, le signe de quelque chose dont on a besoin. Dieu n’a pas de besoins. Dieu est plénitude. Dieu n’a pas soif, Il est source. Et bien, ce Dieu qui est source a voulu, en se faisant homme, connaître le désir. Car le désir la première figure de l’amour dans le cœur de l’homme parce que le cœur de l’homme est un cœur progressif. Dieu vit dans l’éternité de sa plénitude. Nous, nous sommes des créatures inachevées et en chemin d’achèvement. Nous sommes donc sur un chemin et ce chemin c’est le temps. Nous allons de commencement en commencement, recommençant sans cesse. C’est notre servitude, c’est aussi notre salut car un nouveau commencement peut en effacer le précèdent raté. Mais sur ce chemin progressif qui est le nôtre, sur le chemin temporel qui est le nôtre, l’amour commence par le sentiment de l’absence d’amour et l’élan vers cet amour qui nous manque qui s’appelle le désir. Le désir est dans notre cœur la naissance de l’amour. Et c’est pourquoi, en se faisant homme, Dieu, qui est la plénitude de l’amour, a voulu connaître ce commencement de l’amour qui est le désir. C’est l’Incarnation du Christ qui est manifestée par sa soif. Sa soif c’est qu’Il a vécu son amour divin dans un cœur d’homme. Il l’a humainement vécu. Il l’a donc vécu sous forme de désir, avant de parvenir par sa Pâque et par l’achèvement à la Parousie de cette Pâque par le triomphe de son Église, avant de parvenir à la plénitude partagée et donc accomplie dans la communion.
Jésus, vrai Dieu et vrai homme, vrai Dieu possédant la plénitude de l’amour, vrai homme a voulu connaître la soif, le désir. Et c’est en connaissant cette soif et ce désir qu’Il a, comme par contagion, éveillé la soif et le désir dans notre cœur pour que, nous aussi, nous puissions, au terme du chemin, parvenir à la plénitude qui est la sienne en devenant participant de Dieu.
Voilà donc que la soif du Christ est très exactement la pointe de son Incarnation. La pointe de son humanité. C’est le visage particulier que prend son amour divin en s’incarnant dans une chair, dans un cœur, dans une psychologie, dans une démarche, dans une vie d’homme. L’amour de Dieu est devenu désir. Et là nous allons effleurer l’indicible et le mystère. Ce que l’Incarnation du Christ nous révèle est incompréhensible et indiscernable, c’est le mystère du cœur de Dieu. En effet, il faut que nous remontions en deçà de l’Incarnation. Dieu, certes est plénitude de bonheur. Dieu n’a besoin de rien. Pourtant, avant même de s’incarner, par le simple fait que Dieu nous a créés, nous a créés par amour, il a, en nous créant, établi dans son cœur une relation d’amour entre Lui et nous. Et désormais, ce Dieu qui est plénitude et bonheur parfait, a besoin de notre amour. C’est un paradoxe inimaginable que Dieu comme Dieu, je ne parle plus de Jésus incarné seulement, mais de Dieu dans sa divinité, dans son acte créateur, s’est fait besoin de la réponse d’amour des hommes. Le bonheur de Dieu, qui pourtant est éternel, qui pourtant est inentamable, ce bonheur ne peut plus se concevoir à ses propres yeux sans la réponse de l’homme à l’amour par lequel Il l’a créé et, par le fait même appelé à la communion avec Lui.
D’une certaine manière donc, la soif du Christ incarné est la projection en termes humains, en expérience humaine, de ce mystère du besoin que Dieu a de l’amour des hommes. Exactement comme la croix du Christ, sa souffrance est la projection, dans une expérience et dans des mots humains, de cette souffrance du cœur de Dieu quand nous refusons de lui répondre. Souffrance inimaginable de Celui qui est parfait bonheur. Pourtant, à moins de nier la vérité de cet amour par lequel Dieu nous a créés et dont Il a dit : « Je ne t’ai pas aimé pour rire ! », à moins de ne pas prendre au sérieux cet amour de Dieu pour nous, nous sommes bien obligés de penser que notre refus d’amour crée, en Dieu, une souffrance, produit dans son cœur une soif.
Alors cette rencontre de Jésus avec la samaritaine n’est qu’un prélude à sa Passion et à sa mort sur la croix. Cette rencontre nous fait pénétrer au cœur de l’Incarnation de Jésus et, à travers cette Incarnation, au cœur d’un mystère indicible du cœur de Dieu. Nous sommes là devant un grand mystère, celui du désir, du besoin, de la soif que Dieu a que nous répondions à son amour par notre amour. Non pas parce que notre amour lui manquerait, mais qu’Il sait que, seul cet amour peut nous rendre heureux et que c’est pour cela qu’Il nous a créés, et que, nous aimant, Il ne peut pas se passer de notre bonheur. Si nous n’étions pas heureux avec Lui, Dieu, d’une certaine façon, serait blessé dans l’amour qu’Il a pour nous. Exactement comme une mère qui voit son enfant souffrir est blessée, non pas parce qu’elle souffrirait elle-même, mais parce que la vie de son enfant lui est plus chère que sa propre vie.
Ce soir, rentrons donc en nous-même pour méditer et ruminer ce mystère inouï d’un Dieu qui a accepté, Lui qui est plénitude, éternité, bonheur parfait, qui a accepté, en nous créant (et en nous créant jour après jour car Il ne cesse de nous créer et de nous recréer) Dieu qui, en se liant à nous, a accepté d’avoir besoin de notre amour pour que son amour à Lui et son bonheur soit plénier.
AMEN
Danses yiddish, klezmer, ashkenazes ou du shtetl
1 mars, 2012http://borzykowski.users.ch/YidDanse.htm
Danses yiddish, klezmer, ashkenazes ou du shtetl
Depuis le 16ème siècle, la danse était une partie importante des festivités juives en Europe de l’Est, particulièrement des mariages. Mais aucune danse juive ashkenaze n’étaite spécifique à une communauté: la plus grande partie du répertoire -danses en ligne, en cercle, en couples, etc.- était cosmopolite ou comprenait des éléments empruntés à l’environnement non juif.
Cependant, les Juifs utilisaient un langage corporel qui les différenciait des non juifs pratiquant les mêmes danses, en particulier par les mouvements des bras et des mains, ainsi que par le jeu de jambes chez les jeunes hommes.
La gestuelle ashkenaze était fortement inspirée du langage et des considératiosn éthiques jouaient sans doute aussi un rôle.
Au cours des mariages, une partie importante du rituel consistait en des danses visant à honorer les invités de marque, les beaux-pères, les ancêtres, les rabbins présents, etc.
Les deux belles-mères, en particulier, mimaient leurs sentiments mutuels lors de la « broyges tants » (« danse de la colère ») et dans la « sholem tants » (« danse de la paix »).
Dans de nombreuses communautés misnagdiques (non hasidiques) , le freylekh, le sher, la Polish Patsh Tants, etc. pouvaient être dansées en couples mixtes.
Dans les plus orthodoxes, les hommes dansaient séparés des femmes.
Après la Renaissance, parmi les aristocrates et les paysans européens, la mode allait de plus en plus aux danses de couple (au cours desquelles les partenaires de sexes opposés se tenaient par la main ou par la taille) et aux contre-danses (où l’on changeait de partenaire).
Pour respecter le decorum éthique, les Juifs y introduirent l’usage du tikhele (mouchoir) comme moyen d’éviter les cointacts diects entre les sexes. pendant les danses (Zev Feldman).
On faisait parfois appel au badkhn (maître de ceremonie) ou à des professionnels liés à la kapelye (orchestre klezmer) pour interpréter des danses spectaculaires ou folkloriques.
Dans d’autres cas, de bons danseurs parmi les invités payaient les klezmorim pour avoir le privilège de se produire en solo.Ces danses en solo pouvaient avoir un but comique, parodique, voire grotesque, selon le crarctère du danseur et l’humeur du moment!
Une de ces attractions, la « flash tants », consistait à danser avec une bouteille sur la tête… sans la faire tomber!
Et pour mettre en valeur leur agilité, certains danseurs dansaient même pieds nus sur un miroir!
De nombreuses danses traditionnelles ashkénazes ont été ritualisées et sacralisées vers le début du 19ème siècle par les hasidim, de la même façon que bien d’autres aspects laïcs de la vie juive. Il a suffi d’en valoriser la gestuelle patriarcale et mystique et les mouvements de dévotion religieuse extatique aux dépends des aspects érotiques et ludiques (Zev Feldman)…
Le système chorégraphique des danses ashkénazes semble avoir été assez stable et identique dans toute l’Europe de l’Est entre le début du 19ème siècle et la fin du 20ème. Dans les régions de Hongrie, de Moldavie et de Wallachie où la Haskala (mouvement des « lumières ») et le modernisme ont eu beaucoup d’influence, l’assimilation culturelle a affaibli cette pratique. Et la Première Guerre Mondiale, la Révolution Russe y ont mis une fin définitive. Après la Shoah, les danses traditionnelles n’étaient plus guère pratiquées que dans de rares communautés yiddishophones d’ancienne Union Soviétique et dans les landsmanshaften aux Etats-Unis, spécialement à New York et à Philadelphie.
Le sher était considéré comme « la » danse ashkénaze par excellence, aussi bien par les Juifs eux-mêmes que par les goyim. Il était couramment dansé de la Baltique à la Mer Noire et fut emprunté par les Moldaves et les Ukrainiens. Aux Etats-Unis, il fut conservé dans les landsmanshaften (communautés originaires du même shtetl) et dans les milieux socialistes qui appréciaient sa nature laïque!) jusque dans les années 1960 et au-delà.
Son nom a donné lieu à plusieurs hypothèses étymologiques. Il permet d’exprimer les postures et les gestes typiquement ashkénazes et donne aux femmes l’opportunité d’effectuer de subtils mouvements des bras et des épaules mettant en valeur leur coquetterie!
Les participants sont répartis en quatre (ou un multiple de quatre) couples mixtes (ou de femmes seulement chez les orthodoxes). La danse débute par une « promenade » en cercles, puis en couples, après quoi chaque danseur invite successivement les quatre partenaires féminines du groupe à danser avec lui au centre du cercle. A la fin, le groupe répète la premenade en cercle.
La musique du sher a le même caractère que celle du freylekh, mais la durée des morceaux doit être suffisante pour ne pas interrompre la danse (Zev Feldman).
Le khosidl a été crée par les hasidim. C’est une danse en solo sur un zemerl (mélodie d’inspiration religieuse). Elle commence généralement à un tempo modéré et s’accélère peu à peu jusqu’à atteindre -si tout va bien- un enthousiasme extatique…
L’aspect mimétique des danses juives est particulièrement apparent dans la broygez tants (« danse de la colère »), une danse de mariage dans laquelle les deux belles-mères expriment ou miment leur problèmes relationnels. Une des femmes joue l’offensée pendant que l’autre tente de l’amadouer. La scène finit par la sholem tants (« danse de la paix ») au cours de laquelle s’exprime la réconciliation.
En dehors du mariage, la broygez tants pouvait aussi être dansée par un homme et une femme.
La hora « lente » ou roumaine est une danse en cercle sur une musique à 3 temps, courante chez les Juifs et les goyim en Roumanie (Moldavie, Bessarabie, Bukovine) et dans certaines région d’Ukraine. Elle n’a rien à voir avec la hora israélienne! Les pas en sont généralement lents et feutrés, ce qui permet à tous d’y participer.
Le freylekh (« joyeux ») est la danse juive en ligne ou en cercle sur une musique à 2 temps. C’était la plus simple et donc la plus courante en Europe de l’Est. Elle se pratiquait dans les mariages, les Bar-Mitzves et toutes les autres « simkhes » (fêtes).
Elle est vive, joyeuse et se veut néanmoins empreinte de spiritualité. Elle se caractérise par de longues marches sur des pas, parfois traînants, parfois chassés et parfois assortis de coups de talons, différents d’un shtetl à un autre, qui laissent une large place à l’improvisation.
N’importe quel danseur peut à tout moment effectuer des exhibitions spectaculaires, comiques ou improvisées et le meneur initier des figures collectives comme la « grande marche » ou le « passage de l’aiguille ».
Le bulgar est aussi une danse vive en cercle, en ligne ou en couples, sur un rythme proche du Freylekh, apparue chez les Juifs en Roumanie et au sud de l’Ukraine à la fin du 19ème siècle et qui fut exportée aux Etats-Unis où elle devint extrêmement populaire dans les années 1920-1930.
Le terkisher, une danse hassidique sur une rythm « à la turque » dit de ‘terkish’ (similaire au tango ou au syrtos), plus répandue dans le Nouveau Monde qu’en Europe.
La sirba est une danse roumaine (Moldavie, Olténie) ‘à la façon serbe’, en couple ou en ligne, sur un tempo rapide.
La patsh tants est une contre-danse en cercle des Juifs polonais. La musique en est très typée, puisqu’elle requiert, à des moments précis, de frapper dans ses mains (‘patsh mit di handelekh’) ou de taper des pieds (‘tupen mit di fiselekh’).
Quelques notes sur la gestuelle des danses yiddish
Au début d’une danse, il est d’usage de faire des mouvements d’amplitude modérée et de les intensifier au fil du temps. Les femmes font des mouvements plus réservés que les hommes.
« Sheynen » (briller) sur en dansant le Sher ou le freylekh montre la fierté de l’homme: il danse en se pavanant, par exemple les pouces vers les aisselles du gilet ou à la ceinture, paumes vers l’avant ; ou une main derrière l’oreille et l’autre bras tendu en avant, paume vers le bas, en faisant des petits mouvement (pro-supination) de la main. C’est l’occasion pour un proster yid (homme pauvre ou humble) de se sentir important et valorisé!
L’ « expression érotique » admise est la façon « discrètement sensuelle » d’avancer les pieds et de balancer les épaules en avant du côté du pied qui avance!!! Contrairement aux danses arabes, il n’y a pas de mouvements du bassin et des hanches (symbole de soumission de la femme!!!)
Les mouvements des bras sont importants: ils délimitent son espace « privé » et les gestes des mains symbolisent un langage: en « ouvrant » les paumes vers le haut, on invite le voisin ; en mettant les paumes en avant, doigts vers le haut, on lui interdit l’approche!
Particulièrement dans la « broyges tants », il y a aussi des gestes de colère, de mépris, de dédain, de questionnement, de réconciliation, de pardon, d’affection, de supplication, etc.
Et le geste hassidique typique: mains en supination, paumes vers le haut, avec la tête légèrement inclinée en arrière et sur le côté, semblant implorer Dieu ou le questionner « pourquoi m’as-tu fait ça »…
Ce chapitre a été élaboré grâce à l’enseignement de Zev Feldman et de Michael Alpert, ainsi qu’avec l’aide de Khayele Domergue-Zilberberg.