Archive pour février, 2012
commentaires sur la première lecture (Isaïe)
18 février, 2012http://www.bible-service.net/site/432.html
commentaires sur la première lecture (Isaïe)
Isaïe 43,18-19.21-22.24-25
Dans la première lecture, le prophète Isaïe met dans la bouche de Dieu des paroles de fidélité à l’égard de l’engagement qu’il a pris envers son Peuple. Dieu a aimé son peuple, il l’a éduqué patiemment ; et il n’y a pas d’amour authentique qui ne soit pas cohérent et donc fidèle à lui-même, quels que soient les péchés ou le manque de réciprocité de la personne aimée. Bien souvent le peuple a été infidèle, s’est tourné vers des idoles. Pire, le peuple est en exil, loin de sa terre, accablé. Mais le Seigneur ne l’abandonne pas. Il le fera revenir, le retour sera comme un nouvel exode. Dieu n’est pas rancunier : “ Je te pardonne tes révoltes – dit Dieu – à cause de moi-même, et je ne veux plus me souvenir de tes péchés. ” “ À cause de moi-même ” : c’est là la cohérence absolue, qui fait que Dieu oublie même les offenses faites à son amour bafoué. Dieu ne libère pas son peuple pour le récompenser (de quoi ?). Il lui pardonne, il lui est fidèle “ à cause de lui ”. Voilà le socle de notre espérance !
Homélie du 7e dimanche ordinaire B
18 février, 2012http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 7e dimanche ordinaire B
Is 43, 18-19.21-22. 24-25 ; 2 Co 1, 18-22 ; Mc 2, 1-12
On dit que nos actes nous suivent. On pourrait ajouter « surtout les mauvais ». C’est eux que l’on garde en mémoire. Et davantage encore quand il s’agit des autres. C’est ainsi que le coupable d’un jour peut être longtemps traité comme un lépreux. Même s’il ne porte qu’une seule tache. Ce qui peut s’expliquer par les lois de la psychologie. C’est cependant à des êtres pétris de chair et de sang, dont il connaît les grandeurs et les faiblesses, que Jésus a présenté l’exigence d’amour, du pardon et de l’oubli des fautes… comme d’autres prophètes avant lui.
Avec les émouvantes déclarations d’Isaïe, et celles de Jésus, nous découvrons un sens aigu du péché et une espérance infiniment plus forte. Certes, le mal accomplit des ravages. Mais l’accueil du pécheur, la miséricorde et le pardon, eux, font des miracles.
Nous voici dans une société d’Alliance avec Dieu, où la justice est inséparable de l’amour, et où le Seigneur fait sans cesse du neuf avec des êtres imparfaits, boiteux, aveugles, paralysés, ou tout simplement abîmés. Un monde à l’envers, où c’est le plus gravement offensé qui prend lui-même les mesures de clémence. C’est au nom de sa propre fidélité que le Seigneur pardonne et oublie les infidélités, les indifférences et injures de ceux et celles avec qui il a établi une Alliance : « Tu ne m’as pas invoqué. Tu t’es fatigué de moi. Tu m’as traité comme un esclave, et tu m’as fatigué. Moi, oui moi, je pardonne tes révoltes, à cause de moi-même. Je ne veux plus me souvenir de tes péchés » (1e lecture).
Et ce n’est pas de la littérature ! A l’époque, une partie du peuple exilé à Babylone s’est laissée éblouir par la civilisation païenne, avec ses sciences, sa littérature, sa culture, ses splendides liturgies et processions religieuses. Un certain nombre d’exilés ont abandonné la foi de leurs pères. Or, ce qu’annoncent les prophètes c’est que, non seulement la page sera tournée, mais le coupable pardonné pourra, la tête haute, reprendre sa place dans l’assemblée des » purs ». Qui ne sont eux-mêmes que des pécheurs pardonnés.
Mais, ne croyez-vous pas que le pardon et l’oubli « venus d’en haut », ainsi que la ferme espérance d’un renouveau toujours possible, ont été et restent des sources d’étonnement et même de scandale ? Car il faut y croire ! C’est bien ce que reconnaît et affirme Jésus… « Voyant leur foi… « . La foi des porteurs, qui ont tout fait pour conduire près de Jésus un homme perclus, muré dans son infirmité. Un paralysé, que les gens de l’époque considéraient comme victime de ses péchés. Toute maladie, en effet, étant jugée comme conséquence d’une faute morale. Voilà bien un exclu.
Les porteurs, comme le malade, espèrent un miracle d’ordre physique. « Seigneur, rendez-lui l’usage de ses jambes ». Ils sont tellement motivés qu’ils vont percer le toit de la terrasse. Ce n’est certes pas du béton, mais une couche de terre sur des branchages entrelacés et posés sur quelques poutres. Mais, imaginez la scène : les cris, les protestations, les gens qui se pressent comme des sardines dans l’unique place de la petite maison. Jésus ne se préoccupe ni de la poussière, ni de la pagaille, ni de sa prédication interrompue. Par contre, il réagit au quart de tour en voyant la confiance que lui manifestent les intrus.
La foi ? C’est crever le toit, écrit Gérard Bessière. La foi, c’est provoquer Jésus à l’impossible. Il va d’ailleurs relever le défi en crevant un autre toit, plus épais que celui de la maison. Le mur d’incrédulité et le mur de certaines traditions sociales et religieuses de l’époque, le mur de béton des pharisiens scandalisés. Et Jésus va dire au malade une parole inouïe : « Tes péchés sont pardonnés ». Injure faite à Dieu, diront les légistes. Mais ils ont oublié la prophétie d’Isaïe, qui évoque un Messie et un Royaume de pardon. Or, c’est le cœur du malade qui sera d’abord guéri, parce qu’il a accueilli la miséricorde. Le voici pardonné de ses fautes. Il est vraiment une créature nouvelle. Il ne sera plus le soupçonné, l’exclu, le pécheur. Il va pouvoir repartir sauvé, réveillé en tout son être, avec, en prime, l’usage de ses jambes. Mais, comme écrit un expert : « Il est clair que Jésus ne « prouve » pas son pouvoir de pardonner les péchés en guérissant le paralytique. Les deux actions ne se situent pas du tout sur le même plan. Mais cet homme aurait-il été guéri s’il n’avait pas auparavant accueilli la miséricorde ? On peut en douter. » (P. J.-M. Verlinde).
Comme les gens de Capharnaüm, nous applaudissons à la parole de guérison physique du paralytique. Mais elle n’est qu’un signe. Ce qui doit nous émerveiller, c’est la parole de pardon. Une parole de guérison. Ce qui nous concerne, puisque nous sommes tous appelés à la répéter et à l’accomplir nous-mêmes : « Seigneur, pardonne nos fautes, comme nous pardonnons nous aussi celles des autres ».
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
CONSISTOIRE DU 18 FÉVRIER 2012, HOMÉLIE DE BENOÎT XVI
18 février, 2012http://www.zenit.org/article-30193?l=french
CONSISTOIRE DU 18 FÉVRIER 2012, HOMÉLIE DE BENOÎT XVI
« Aux nouveaux Cardinaux est confié le service de l’amour »
ROME, samedi 18 février 2012 (ZENIT.org) – « Aux nouveaux Cardinaux est confié le service de l’amour », déclare Benoît XVI en expliquant le sens de la barrette – couvre-chef des cardinaux – rouge. Sur l’anneau qu’ils reçoivent sont représentés les apôtres Pierre et Paul, et l’étoile qui évoque la Vierge Marie. « Le rappel de la Vierge Marie sera toujours pour vous une invitation à suivre celle qui fut solide dans sa foi et humble servante du Seigneur », a fait observer le pape.
Le pape invite les cardinaux à entrer dans la logique de l’Evangile, la logique du « don de soi », et non celle du pouvoir et de la gloire.
Benoît XVI a en effet présidé ce samedi matin, 18 février, en la basilique Saint-Pierre, un 4e consistoire ordinaire public pour la « création » de 22 cardinaux (cf. Zenit du 12 janvier 2012, pour les nouveautés de cette célébration et Zenit du 6 janvier 2012 pour la liste des cardinaux).
Homélie de Benoît XVI
«Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam»
Vénérés Frères,? Chers frères et sœurs,
C’est en ces termes que le chant d’entrée nous a introduits dans le rite solennel et suggestif du Consistoire ordinaire public pour la création des nouveaux Cardinaux, l’imposition de la barrette, la remise de l’anneau et l’attribution du titre. C’est par ces paroles efficaces que Jésus a constitué Pierre comme fondement solide de l’Église. De ce fondement, la foi représente le facteur qualificatif : en effet, Simon devient Pierre – roc – car il a professé sa foi en Jésus Messie et Fils de Dieu. En annonçant le Christ, l’Église est liée à Pierre et Pierre est établi dans l’Église comme roc ; cependant celui qui édifie l’Église, c’est le Christ lui-même, Pierre doit être un élément particulier de la construction. Il doit l’être à travers sa fidélité à la confession faite à Césarée de Philippe, en vertu de l’affirmation : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».
Les paroles que Jésus adresse à Pierre mettent bien en évidence le caractère ecclésial de l’événement d’aujourd’hui. Les nouveaux Cardinaux, en effet, par l’attribution du titre d’une église de cette ville ou d’un diocèse suburbicaire, sont insérés à tous les effets dans l’Église de Rome, guidée par le Successeur de Pierre, pour coopérer étroitement avec lui au gouvernement de l’Église universelle. Ces chers confrères qui dans quelques instants feront partie du Collège cardinalice, s’uniront par des liens nouveaux et plus forts non seulement au Pontife Romain, mais aussi à la communauté des fidèles tout entière, disséminée dans le monde entier. En accomplissent leur service propre comme soutien au ministère pétrinien, les nouveaux cardinaux seront en effet appelés à considérer et à apprécier les situations, les problèmes et les critères pastoraux qui touchent la mission de toute l’Église. Dans cette tâche délicate, le témoignage de foi donné à travers sa vie et sa mort par le Prince des Apôtres, qui, par amour du Christ, s’est donné totalement lui-même jusqu’au sacrifice ultime, sera pour eux un exemple et une aide.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre aussi l’imposition de la barrette rouge. Aux nouveaux Cardinaux est confié le service de l’amour : amour pour Dieu, amour pour son Église, amour pour le prochain avec un dévouement absolu et sans condition, jusqu’à l’effusion du sang, si nécessaire, comme le dit la formule de l’imposition de la barrette et comme l’indique la couleur rouge des habits revêtus. En outre, il leur est demandé de servir l’Église avec amour et vigueur, avec la clarté et la sagesse des maîtres, avec l’énergie et la force morale des pasteurs, avec la fidélité et le courage des martyrs. Il s’agit d’être d’éminents serviteurs de l’Église qui trouve en Pierre le fondement visible de l’unité.
Dans le passage de l’Évangile proclamé il y a quelques minutes, Jésus se présente comme serviteur, s’offrant comme modèle à imiter et à suivre. Sur le fond de la troisième annonce de la passion, mort et résurrection du Fils de l’homme, se détache avec un contraste criant la scène des deux fils de Zébédée, Jacques et Jean, qui poursuivent encore des rêves de gloire auprès de Jésus. Ils lui demandèrent : « Accorde-nous […] de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » (Mc 10, 37). La réponse de Jésus est immédiate et sa question inattendue : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » (v. 38). L’allusion est très claire : le calice est celui de la passion, que Jésus accepte pour réaliser la volonté du Père. Le service de Dieu et des frères, le don de soi : c’est là la logique que la foi authentique imprime et développe dans notre vécu quotidien et qui, par contre, n’est pas le style mondain du pouvoir et de la gloire.
Par leur requête, Jacques et Jean montrent qu’ils ne comprennent pas la logique de vie dont Jésus témoigne, logique, qui – selon le Maître – doit caractériser le disciple, dans son esprit et dans ses actes. Cette logique erronée n’habite pas seulement les deux fils de Zébédée car, selon l’évangéliste, elle contamine aussi « les dix autres » apôtres qui « se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean » (v. 41). Ils s’indignent parce qu’il n’est pas facile d’entrer dans la logique de l’Évangile et de laisser celle du pouvoir et de la gloire. Saint Jean Chrysostome affirme que tous les apôtres étaient encore imparfaits, aussi bien les deux qui veulent s’élever au-dessus des dix, que les autres qui sont jaloux d’eux (cf. Commentaire sur Matthieu, 65, 4 : PG 58). Et, en commentant les passages parallèles dans l’Évangile selon Luc, saint Cyrille d’Alexandrie ajoute : « Les disciples étaient tombés dans la faiblesse humaine et discutaient entre eux sur qui était le chef et supérieur aux autres […]. Cela est arrivé et nous a été raconté à notre profit […]. Ce qui est arrivé aux saints Apôtres peut nous servir d’encouragement à l’humilité » (Commentaire sur Luc, 12, 5, 24 : PG 72, 912). Cet épisode permet à Jésus de s’adresser à tous les disciples et de « les appeler à lui », presque pour les serrer contre lui, pour former comme un corps unique et indivisible avec Lui et indiquer quelle est la voie pour parvenir à la vraie gloire, celle de Dieu : « Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. » (Mc 10, 42-44).
Domination et service, égoïsme et altruisme, possession et don, intérêt et gratuité : ces logiques profondément opposées se confrontent à toute époque et en tout lieu. Il n’y a aucun doute sur la voie choisie par Jésus : il ne se limite pas à l’indiquer par ses paroles aux disciples de l’époque et d’aujourd’hui, il la vit aussi dans sa propre chair. Il explique en effet : « Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (v. 45). Ces paroles éclairent d’une intensité particulière le Consistoire public d’aujourd’hui. Elles résonnent au plus profond de l’âme et sont une invitation et un appel, une consigne et un encouragement spécialement pour vous, chers et vénérés Frères, qui allez devenir membres du Collège cardinalice.
Selon la tradition biblique, le Fils de l’homme est celui qui reçoit le pouvoir et la souveraineté de Dieu (cf. Dn 7, 13 s.). Jésus interprète sa mission sur la terre en superposant à la figure du Fils de l’homme celle du Serviteur souffrant, décrit par Isaïe (cf. Is 53, 1-12). Il reçoit le pouvoir et la gloire uniquement en tant que « serviteur » ; mais il est serviteur dans la mesure où il prend sur lui le destin de souffrance et de péché de toute l’humanité. Son service s’accomplit dans la totale fidélité et dans la pleine responsabilité envers les hommes. C’est pourquoi la libre acceptation de sa mort violente devient le prix de la libération pour la multitude, devient le commencement et le fondement de la rédemption de chaque homme et du genre humain tout entier.
Chers Frères qui allez être devenir membres du Collège cardinalice ! Que le don total de soi, offert par le Christ sur la croix, soit pour vous la norme, le stimulant et la force d’une foi qui opère dans la charité. Que votre mission dans l’Église et dans le monde soit toujours et uniquement « dans le Christ », qu’elle réponde à sa logique et non à celle du monde, qu’elle soit éclairée par la foi et animée par la charité qui nous viennent de la Croix glorieuse du Seigneur. Sur l’anneau que je vais vous remettre dans quelques instants, sont représentés les saints Pierre et Paul, avec au centre une étoile qui évoque la Vierge Marie. En portant cet anneau, vous êtes appelés chaque jour à vous souvenir du témoignage que les deux Apôtres ont donné au Christ jusqu’à la mort par le martyre, ici, à Rome, fécondant ainsi l’Église de leur sang. Tandis que le rappel de la Vierge Marie sera toujours pour vous une invitation à suivre celle qui fut solide dans sa foi et humble servante du Seigneur.
En concluant cette brève réflexion, je voudrais adresser mon cordial salut et mes remerciements à vous tous qui êtes présents, en particulier aux Délégations officielles des différents pays et aux représentants de nombreux diocèses. Dans leur service, les nouveaux Cardinaux sont appelés à rester toujours fidèles au Christ, en se laissant guider uniquement par son Évangile. Chers frères et sœurs, priez pour qu’en eux puisse se refléter sur le vif notre unique Pasteur et Maître, le Seigneur Jésus, source de toute sagesse, qui indique la route à tous. Priez aussi pour moi, afin que je puisse toujours offrir au Peuple de Dieu le témoignage de la doctrine sûre et tenir avec une humble fermeté la barre de la sainte Église.
Noces de Cana (Giuseppe Cordiano, Nozze di Cana, dipinto a olio, monastero di Bose (Biella).
17 février, 2012La vigne dans la culture biblique
17 février, 2012http://bordeaux.catholique.fr/users/site/web/index.php?page=Root&portlet=Document&document_id=46
La vigne dans la culture biblique
La Bible mentionne pour la première fois le vin et la viticulture dans le livre de la Genèse. A l’époque des Patriarches, le vin était une boisson bien connue. La Palestine est même vantée comme un Pays producteur de vin, son climat se prêtant fort bien à la culture de la vigne.
La culture de la vigne, plus que toutes les autres, dépend à la fois du travail attentif et ingénieux de l’homme et du rythme des saisons. Terre viticole, la Palestine apprend aux hommes à apprécier les fruits de la terre et à mettre tout son cœur dans le travail.
Le mot « vigne » revient 176 fois dans la Bible : c’est dire son importance symbolique. Voici quelques versets importants de la Bible qui ont la vigne pour objet
Signe de joie et de paix
La Bible attribue à Noé l’invention de la culture de la vigne sur la terre que Dieu a promis de ne plus maudire.
« Noé, le cultivateur, commença de planter la vigne. » Genèse 9, 20
La vigne est alors signe de bénédiction, faisant partie des promesses de Dieu pendant l’Exode : il promet et offre une terre riche en vignes.
« Mais Yahve ton Dieu te conduit vers un heureux pays, pays de cours d’eau, de sources qui sourdent de l’abîme dans les vallées comme dans les montagnes, pays de froment et d’orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, pays d’oliviers, d’huile et de miel, pays où le pain ne te sera pas mesuré et où tu ne manqueras de rien, pays où il y a des pierres de fer et d’où tu extrairas, dans la montagne, le bronze. » Deutéronome 8, 7-9
L’homme mauvais est privé de la bénédiction divine symbolisée par la vigne. Voler les biens d’un homme est un péché, mais le tuer pour prendre sa vigne est le comble de l’horreur. Ainsi, le roi Achab, dans l’épisode de la vigne de Nabot (1R 21, 1-16) prend injustement la vigne d’un de ses sujets qu’il assassine : son châtiment sera cruel et infamant.
« Ces vignes délicieuses que vous avez plantées, vous n’en boirez pas le vin. Car je sais combien nombreux sont vos crimes, énormes vos péchés, oppresseurs du juste, extorqueurs de rançons, vous qui, à la Porte, déboutez les pauvres. » Amos 5, 11-12
Sous un bon roi, chacun vit en paix et se repose sous sa treille. La vigne, avec ses larges feuilles offre une ombre propice au repos.
« Juda et Israël habitèrent en sécurité chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu’à Bersabée, pendant toute la vie de Salomon. » 1er livre des Rois 5, 5
La restauration d’Israël va de pair avec la surabondance de la fécondité du pays.
« Voici venir des jours – oracle de Yahvé – où se suivront de près laboureur et moissonneur, celui qui foule les raisins et celui qui répand la semence. Les montagnes suinteront de jus de raisin, toutes les collines deviendront liquides. Je rétablirai mon peuple Israël ; ils rebâtiront les villes dévastées et les habiteront, ils planteront des vignes et en boiront le vin, ils cultiveront des jardins et en mangeront les fruits. » Amos 9, 13-14
La vigne est image de la Sagesse.
« Je suis comme une vigne aux pampres gracieux, et mes fleurs sont des produits de gloire et de richesse. » Siracide 24, 17
La vigne est aussi un symbole de fécondité de l’homme qui craint Dieu, par l’image de l’épouse féconde du juste.
« Ton épouse : une vigne fructueuse au fort de ta maison. Tes fils : des plants d’olivier à l’entour de la table. » Psaume 128, 3
La vigne qui bourgeonne symbolise l’espoir des époux qui dans le Cantique des Cantiques chantent le mystère de l’amour.
« Viens, mon bien-aimé, allons aux champs ! Nous passerons la nuit dans les villages, dès le matin nous irons aux vignobles. Nous verrons si la vigne bourgeonne, si ses pampres fleurissent, si les grenadiers sont en fleur. Alors je te ferai le don de mes amours. » Cantique 7, 12-13
Israël, vigne de Dieu
La vigne, signe de bénédiction devient le symbole d’Israël. Sa fécondité était d’origine divine, et sa stérilité est causée par l’abandon spirituel du peuple élu, qui s’est détourné de Dieu pour des idoles..
« Israël était une vigne luxuriante, qui donnait bien son fruit. Plus son fruit se multipliait, plus il a multiplié les autels ; plus son pays devenait riche, plus riches il a fait les stèles. » Osée 10, 1
Le prophète Isaïe parle clairement : cette vigne de Dieu, c’est Israël et Juda que Dieu voyait comme plans choisis. Les fruits attendus, innocence et sérénité sont en fait sang qui coule et cri d’horreur.
« Que je chante à mon bien-aimé le chant de mon ami pour sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile. Il la bêcha, il l’épierra, il y planta du raisin vermeil. Au milieu il bâtit une tour, il y creusa même un pressoir. Il attendait de beaux raisins : elle donna des raisins sauvages. Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Que pouvais-je encore faire pour ma vigne que je n’aie fait ? Pourquoi espérais-je avoir de beaux raisins, et a-t-elle donné des raisins sauvages ? Et maintenant, que je vous apprenne ce que je vais faire à ma vigne ! En ôter la haie pour qu’on vienne la brouter, en briser la clôture pour qu’on la piétine ; j’en ferai un maquis : elle ne sera ni taillée ni sarclée, ronces et épines y croîtront, j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie. Eh bien ! la vigne de Yahvé Sabaot, c’est la maison d’Israël, et l’homme de Juda, c’est son plant de choix. » Isaïe 5, 1-7
Le psaume 80 est une prière pour la restauration d’Israël. L’image de la vigne plantée par Dieu mais chatiée exprime la gloire, l’épreuve, mais aussi l’espérance du Peuple de Dieu en un possible Salut.
« Il était une vigne : tu l’arraches d’Égypte, tu chasses des nations pour la planter ; devant elle tu fais place nette, elle prend racine et remplit le pays. Les montagnes étaient couvertes de son ombre, et de ses pampres les cèdres de Dieu ; elle étendait ses sarments jusqu’à la mer et du côté du Fleuve ses rejetons. Pourquoi as-tu rompu ses clôtures, et tout passant du chemin la grappille, le sanglier des forêts la ravage et la bête des champs la dévore ? Dieu Sabaot, reviens enfin, observe des cieux et vois, visite cette vigne : protège-la, celle que ta droite a plantée. » Psaume 80, 9-17
Le prophète Ezéchiel propose également trois allégories de la vigne : Ez 15 2.6 ; 19, 10-14 ; 17, 9
La vigne dans le Nouveau Testament
Les trois Évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) racontent la parabole des vignerons homicides.
Les vignerons (peuple d’Israël) sont responsables de l’avenir de l’Alliance. Après les appels lancés par les prophètes (les serviteurs), Dieu envoi son Fils, témoin de son amour, que les hommes n’écouteront pas non plus.
Le nouveau peuple annoncé par Matthieu en fin de parabole, c’est l’Église.
« Ecoutez une autre parabole. Un homme était propriétaire, et il planta une vigne ; il l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. Quand approcha le moment des fruits, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits. Mais les vignerons se saisirent de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, en lapidèrent un troisième. De nouveau il envoya d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même. Finalement il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. Mais les vignerons, en voyant le fils, se dirent par-devers eux : Celui-ci est l’héritier : venez ! tuons-le, que nous ayons son héritage. Et, le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Lors donc que viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ? » Ils lui disent : « Il fera misérablement périr ces misérables, et il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en livreront les fruits en leur temps. » Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Ecritures : La pierre qu’avaient rejetée les bâtisseurs c’est elle qui est devenue pierre de faîte ; c’est là l’œuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux ? Aussi, je vous le dis : le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits. » Matthieu 21, 33-43
Le chapitre 15 de Jean commence par la grande allégorie de la vigne.
Jésus porte du fruit en donnant sa vie, suprême preuve d’amour.
Il est la Vigne et nous sommes les sarments : il est le Corps et nous sommes les membres.
La vigne véritable, c’est Jésus, mais c’est aussi son Église.
Le mystère de la vraie vigne exprime donc l’union féconde et la joie qui demeure, parfaite et éternelle, entre le Christ et son Église.
« Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, pour qu’il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs grâce à la parole que je vous ai fait entendre. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne ; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent. » Jean 15 1-6
Saint Ephrem: Le bon vin
17 février, 2012http://www.spiritualite2000.com/page-1278.php
Le bon vin
Saint Ephrem
(Février 2006)
« Harpe de l’Esprit Saint », « Soleil des Syriens », « Douceur de Dieu », Ephrem naquit en Syrie, vers 306, à quelques kilomètres d.Edesse. Fils de prêtre, il fut baptisé à l’âge de 18 ans et s’enfonça dans la solitude du désert. Il passait ses jours et ses nuits à méditer les saintes Écritures. Devenu diacre, il ne voulut jamais devenir prêtre malgré les insistances de saint Basile, en raison de sa profonde vénération pour le sacerdoce. Modèle de vie ascétique et contemplative, prédicateur et professeur, collaborateur au Concile de Nicée en 325, il enseignait et réfutait, tant par ses poésies que par les hymnes qu’il composait. Animateur de la liturgie, chef de prière et maître de chant, il a introduit les hymnes liturgiques dans le culte public. Il aidait les pauvres en tissant des voiles de navire. Au cours d’une épidémie de peste il tomba en 373 victime de son dévouement. Proclamé docteur de l’Église en 1920 par le pape Benoit XV, il est considéré comme le patron des « directeurs spirituels ». L’extrait suivant est de son « Diatessaron », commentaire sur les 4 évangiles.
« Au désert, notre Seigneur a multiplié le pain, et à Cana, il a changé l’eau en vin. Il a ainsi habitué la bouche des hommes à son pain et à son vin, jusqu’au temps où il leur a donné son corps et son sang. Il leur a fait goûter un pain et un vin transitoires, pour faire grandir en eux le désir de son corps et de son sang vivifiants. Il nous attirés par ces choses agréables au palais, afin de nous entraîner plus encore vers ce qui vivifie pleinement nos âmes.Il a caché de la douceur dans le vin qu’il a fait, pour indiquer aux convives quel trésor incomparables est caché dans son sang vivifiant.
« Comme premier signe, il a donné un vin réjouissant pour les convives, afin de manifester que son sang réjouirait toutes les nations. Si le vin intervient en effet dans toutes les joies de la terre, de même, toutes les vraies délivrances se rattachent au mystère de son sang. Il a donné aux convives de Cana un excellent vin qui a transformé leur esprit pour leur faire savoir que la doctrine dont il les abreuvait transformerait leur cœur.
« Ce vin, qui n’était d«’abord que de l’eau, a été changé dans les jarres, symbole des premiers commandements amenés par lui à la perfection. L’eau transformée, c’est la loi menée à son accomplissement. Les invités de la noce ont bu ce qui avait été de l’eau, mais sans goûter à cette eau. De même, lorsque nous entendons les anciens commandements, nous les goûtons dans leur saveur non pas ancienne mais nouvelle ».
Saint Ephrem (306-373)
Agia Triada Moni Vatopediou Agion Oros.JPG
16 février, 2012« Un homme pauvre, méprisé » Ecclésiaste 9 :15
16 février, 2012« Un homme pauvre, méprisé » Ecclésiaste 9 :15
En lisant le livre de l’Ecclésiaste avec attention, on trouve cette expression qui revient souvent, et qui est comme la clé du livre : « sous le soleil ».
En effet, le Saint Esprit ne considère ici que ce qui est « sous le soleil ». Il ne regarde rien au-delà de cette vie, ni félicité, ni malheur éternel. Une fois, il mentionne le « shéol », le lieu où vont les âmes après la mort, pour dire qu’il n’y a plus ce qui fait l’occupation de l’homme sur la terre, mais ne dit rien de ce qu’on y trouve. Il ne regarde pas plus loin que ce qui est « sous le soleil ». Le péché étant là, tout y est gâté, tout y est « vanité et poursuite du vent » (Ecc 2 :26).
Mais aussi, « sous le soleil », au milieu d’une telle scène, l’Ecclésiaste, qui était un sage, a trouvé une sagesse qui a été grande pour lui. Il dit :
« J’ai vu aussi cette sagesse sous le soleil et elle a été grande pour moi : il y avait une petite ville, et peu d’hommes dedans ; et un grand roi vint contre elle, et l’investit, et bâtit contre elle de grandes terrasses ; or il s’y trouva un homme pauvre et sage, qui délivra la ville par sa sagesse ; mais personne ne se souvint de cet homme pauvre. Et j’ai dit : Mieux vaut la sagesse que la force ; mais la sagesse du pauvre est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées. Les paroles des sages sont écoutées dans la tranquillité plus que le cri de celui qui gouverne parmi les sots. Mieux vaut la sagesse que les instruments de guerre, et un seul pécheur détruit beaucoup de bien » (Ecc 9 :13-18).
Sous le soleil, où tout est vanité, la sagesse s’est vue, non dans ce qui est grand, ni dans ce qui est riche, mais chez un pauvre homme dont la sagesse a été plus puissante que les instruments de guerre.
Qui est ce pauvre méprisé ? Quel est cet oublié duquel personne ne se souvient, et dont les paroles ne sont pas écoutées ? Ne cherchons pas la réponse hors de la bonne Parole de Dieu. C’est elle qui répond à toutes les questions qui peuvent monter au coeur d’un homme, et voici ce qu’elle nous dit :
« Mais nous prêchons Christ crucifié, aux juifs occasion de chute, aux nations folie, mais à ceux qui sont appelés, et juifs et grecs, Christ la puissance de Dieu, et la sagesse de Dieu ; parce que la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et que la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes » (1 Corinthiens 1 :23-25).
« Il n’a ni forme, ni éclat ; quand nous le voyons, il n’a point d’apparence en lui pour nous le faire désirer. Il est méprisé et délaissé des hommes, hommes de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur, et comme quelqu’un de qui on cache sa face ; il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (Esaïe 53 :2-3).
« Je suis devenu un étranger à mes frères et un inconnu aux fils de ma mère » (Psaume 69 :8).
« Mais moi je suis un ver, et non point un homme, l’opprobre des hommes, et le méprisé du peuple » (Psaume 22 :6).
« Et moi je suis affligé et pauvre » (Psaume 40 :17).
« Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Corinthiens 8 :9).
Ces quelques passages, et bien d’autres, que c’est du Seigneur Jésus qu’il est ainsi parlé. Il est « le pauvre » , « l’oublié », « le méprisé ». Il est encore cela aujourd’hui. Que fait-on de Lui, et qui écoute ses paroles ? Pourtant, Il parle comme jamais homme n’a parlé (Jean 7 :46).
Maintenant que nous connaissons « l’homme pauvre », il nous sera facile de désigner la petite ville. Puisque le Seigneur s’est trouvé en elle, il est évident que c’est Jérusalem. Petite, si on la compare aux grandes cités de ce monde, mais combien importante, vu qu’elle est la ville du grand Roi des rois.
C’est près de cette ville, sur le Calvaire, que s’est livrée la plus terrible lutte qui ait jamais eut lieu dans l’histoire du monde. Satan, ce grand roi, celui qui « gouverne parmi les sots », avec sa puissance, tous ses artifices, avec tous ses agents, s’est mis en guerre contre cette ville pour s’opposer au règne de Christ. Gigantesque conflit entre les ténèbres et la lumière, entre le mal et le bien, entre Satan et Christ ! Et le « pauvre », abandonné de tous, a remporté la victoire sur la croix, a délivré la ville, et triomphé de Satan et de la mort !
Qui comprendra jamais l’importance d’une telle victoire ? Quelle bénédiction sera répandue, dans peu de temps, sur le monde entier, quand Jérusalem sera à la tête des nations, quand elle sera un sujet de louange sur la terre, quand les nations verront sa justice et les rois de la terre sa gloire en Christ?
En attendant, et jusqu’à maintenant, les paroles du « pauvre » ne sont écoutées que d’un petit nombre. C’est dans la tranquillité, dans le recueillement qu’on les entend. Sa voix se fait entendre partout : c’est la voix de la sagesse ; mais qui l’écoute ? Bienheureux celui qui le fait ; il y trouve la vie et y acquiert faveur de la part de l’Eternel. Mais celui qui pèche contre Lui « fait tort à son âme, et tous ceux qui le haïssent aiment la mort. Avec Lui sont les richesses, les honneurs, les biens éclatants et la justice … les vrais biens » (Proverbes 8 :16-36).
Mais, hélas ! beaucoup préfèrent écouter « le cri de celui qui gouverne parmi les sots » (Ecc 9 :17), la voix même de Satan, qui est bruyante, folle ; voix qui se fait entendre partout, qui elle aussi appelle. Les insensés l’écoutent et ils ne savent pas qu’il y va de leur vie, que ceux qu’elle convie sont « dans les profondeurs du shéol ! » (Proverbes 9 :18).
Mieux vaut la sagesse que toute la puissance de Satan. Et un seul pécheur détruit, pour lui-même ; beaucoup de bien, se prive de bien des richesses et des fruits de la victoire de « l’homme pauvre ».
Cher lecteur, avez-vous considéré que « sous le soleil » tout est vanité ? Que le péché et Satan ont tout gâté ? Que dans un tel lieu, la « Sagesse », qui est Christ, a remporté la victoire sur le pire ennemi de l’homme ? Malgré le mépris dont on le couvre, sa voix s’adresse encore à vous, et veut votre bonheur ; écoutez-la, et fermez vos oreilles à la voix de celui qui, après avoir tout gâté sous le soleil, veut encore vous priver des richesses et des bénédictions qui sont dans le ciel.
Oh ! écoutez la voix de Celui qui s’est appauvri pour vous enrichir !
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Extrait du « Salut de Dieu » année 1921
Pape Benoît: Les bras ouverts du Père attendent toujours le retour du fils
16 février, 2012http://www.zenit.org/article-30167?l=french
CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI : AUDIENCE DU 15 FÉVRIER 2012
Les bras ouverts du Père attendent toujours le retour du fils
ROME, mercredi 15 février 2012 (ZENIT.org) – La mort du Christ sur la croix assure l’humanité que, quelles que soient les épreuves, elle n’est pas abandonnée par Dieu, a expliqué en substance Benoît XVI, lors de l’audience générale de ce 15 février, en la salle Paul VI du Vatican.
Poursuivant sa catéchèse sur la prière de Jésus en Croix, le pape s’est arrêté sur les trois dernières paroles du Christ qui a pardonné à ses bourreaux et qui a accueilli le Bon larron.
Catéchèse de Benoît XVI en italien :
Chers frères et sœurs,
Dans notre école de prière, mercredi dernier, j’ai parlé de la prière de Jésus, mourant sur la croix, avec le psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Je voudrais maintenant continuer notre méditation sur la prière de Jésus en croix, devant sa mort imminente, et j’aimerais m’arrêter aujourd’hui sur le récit que nous trouvons dans l’évangile de saint Luc. L’évangéliste nous a transmis trois paroles de Jésus sur la croix, deux d’entre elles – la première et la troisième – étant des prières adressées explicitement au Père. La seconde, elle, est la promesse faite à celui que l’on appelle le Bon larron, qui est crucifié avec lui ; en effet, en répondant à la prière du larron, Jésus le rassure : « En vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43). Dans le récit de Luc, les deux prières que Jésus, mourant, adresse à son père sont suggestivement liées à l’accueil de la supplication qui lui est adressée par le pécheur repenti. Jésus invoque le Père et en même temps il écoute la prière de cet homme que l’on surnomme souvent latro poenitens, « le larron repenti ».
Arrêtons-nous sur ces trois prières de Jésus. La première est prononcée par Jésus immédiatement après qu’il a été cloué sur la croix, pendant que les soldats se partagent ses vêtements, en triste récompense du service rendu. Dans un certain sens, c’est par ce geste que se conclut le processus de la crucifixion. Saint Luc écrit : « Lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, il l’y crucifièrent ainsi que les malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Et Jésus disait : “Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font.” Puis, se partageant ses vêtements, ils tirèrent au sort » (Lc 23, 33-34). La première prière que Jésus adresse au Père est une prière d’intercession : il demande le pardon pour ses propres bourreaux. Jésus accomplit ainsi en personne ce qu’il avait enseigné dans le Discours sur la montagne lorsqu’il avait dit : « Mais je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Lc 6, 27), et il avait aussi promis, à ceux qui sauraient pardonner : « Votre récompense alors sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut » (Lc 6, 35). Sur la croix, maintenant, non seulement il pardonne à ses bourreaux, mais il intercède pour eux directement auprès du Père.
On trouve une « imitation » émouvante de ce comportement de Jésus dans le récit de la lapidation de saint Etienne, premier martyr. Etienne, en effet, désormais proche de sa fin, « fléchit les genoux et dit, dans un grand cri : “Seigneur, ne leur impute pas ce péché.” Et disant cela, il s’endormit. » (Ac 7, 60) : ce fut sa dernière parole. La comparaison entre la prière de pardon de Jésus et celle du protomartyr est significative. Saint Etienne s’adresse au Seigneur ressuscité et demande que son meurtre – un geste qui est clairement défini par l’expression « ce péché » – ne soit pas imputé à ceux qui le lapidaient. Jésus, sur la croix, s’adresse au Père et non seulement il lui demande pardon pour ceux qui le crucifient, mais il offre aussi une lecture de ce qui est en train de se passer. Selon ses paroles, en effet, les hommes qui le crucifièrent « ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 24). Le motif qu’il invoque pour implorer le pardon du Père est donc l’ignorance, le fait de « ne pas savoir », parce cette ignorance laisse ouverte une voie vers la conversion, comme cela arrive d’ailleurs dans les paroles que le centurion prononcera à la mort de Jésus : « Sûrement, cet homme était un juste !» (Lc 23, 47), c’était le Fils de Dieu. « Il est une consolation pour tous les temps et pour tous les hommes que, aussi bien à ceux qui ignorent – les bourreaux – qu’à ceux qui savent – ceux qui l’avaient condamné -, le Seigneur fasse de leur ignorance la base de la demande de pardon. Il la voit comme une porte qui peut nous ouvrir à la conversion » (Jésus de Nazareth, II, 239).
La seconde parole de Jésus sur la croix, rapportée par saint Luc, est une parole d’espérance, la réponse à la prière d’un des deux hommes crucifiés avec lui. Devant Jésus, le Bon larron rentre en lui-même et il se repent, il réalise qu’il se trouve devant le Fils de Dieu, qui rend visible le visage de Dieu lui-même, et il le prie : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume » (v. 42). La réponse du Seigneur à cette prière va bien au-delà de la demande ; en effet, il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (v. 43). Jésus est conscient qu’il entre directement en communion avec le Père et qu’il ouvre à cet homme la voix du paradis de Dieu. Ainsi, à travers cette réponse, il donne la ferme espérance que la bonté de Dieu peut nous toucher, jusqu’au dernier instant de notre vie, et la prière sincère, même à la fin d’une vie passée dans l’erreur, rencontre les bras ouverts du Père qui est bon et qui attend le retour de son fils.
Mais arrêtons-nous sur les dernières paroles de Jésus au moment de sa mort. L’évangéliste raconte : « C’était déjà environ la sixième heure quand, le soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur la terre entière, jusqu’à la neuvième heure. Le voile du Sanctuaire se déchira par le milieu et, jetant un grand cri, Jésus dit : “Père, en tes mains je remets mon esprit.” Ayant dit cela, il expira. » (vv. 44-46). Certains aspects de ce récit diffèrent du tableau qu’en donnent Marc et Matthieu. Les trois heures d’obscurité de Marc ne sont pas décrites et, chez Matthieu, elles sont reliées à une série d’événements apocalyptiques comme le tremblement de terre, les tombeaux qui s’ouvrent et les morts qui ressuscitent (cf. Mt 27, 51-53). Chez Luc, les heures d’obscurité sont causées par l’éclipse du soleil, mais c’est aussi à ce moment-là que le voile du sanctuaire se déchire. Ainsi, le récit de Luc présente deux signes, qui sont d’une certaine manière parallèles, dans le ciel et dans le Temple. Le ciel perd sa lumière, la terre s’effondre, alors que dans le Temple, lieu de la présence de Dieu, le voile qui protège le sanctuaire se déchire. La mort de Jésus est caractérisée explicitement comme un événement cosmique et liturgique ; en particulier, elle marque le commencement d’un nouveau culte, dans un temple non construit par les hommes, parce que c’est le corps même de Jésus mort et ressuscité, qui rassemble les peuples et les unit dans le sacrement de son corps et de son sang.
En ce moment de souffrance, la prière de Jésus – « Père, en tes mains je remets mon esprit » – est un grand cri d’abandon extrême et total entre les mains du Père. Sa prière exprime la pleine conscience qu’il a de ne pas être abandonné. L’invocation initiale – « Père » – rappelle sa première déclaration quand il avait douze ans. Il était resté trois jours dans le Temple de Jérusalem, dont le voile est maintenant déchiré. Et quand ses parents lui avaient exprimé leur préoccupation, il avait répondu : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2, 49). Depuis le commencement jusqu’à la fin, ce qui détermine entièrement les sentiments de Jésus, sa parole, son action, c’est la relation unique qu’il a avec le Père. Sur la croix, il vit pleinement, dans l’amour, cette relation filiale avec Dieu qui anime sa prière.
Les paroles prononcées par Jésus, après l’invocation « Père », reprennent l’expression du psaume 31 : « En tes mains je remets mon esprit » (Ps 31, 6). Mais ces paroles ne sont pas une simple citation, elles manifestent plutôt une décision ferme : Jésus se « livre » au Père dans un acte d’abandon total. Ces paroles sont une prière de « remise de soi », pleine de confiance dans l’amour de Dieu. La prière de Jésus face à la mort est dramatique, comme elle l’est pour tout homme, mais en même temps, elle est habitée par ce calme profond qui naît de la confiance dans le Père et de la volonté de se livrer totalement à lui. A Gethsémani, lorsqu’il était entré dans le combat final et dans une prière plus intense parce qu’il allait être « livré aux mains des hommes » (Lc 9, 44), sa sueur était devenue « comme de grosses gouttes de sang qui tombaient par terre » (Lc 22, 44). Mais son cœur était pleinement obéissant à la volonté du Père, et c’est pour cela que, « venant du ciel, un ange » était venu le réconforter (cf. Lc 22, 42-43). Désormais, dans ces derniers instants, Jésus s’adresse au Père et nous dit quelles sont réellement ces mains entre lesquelles il livre toute son existence. Avant de partir pour Jérusalem, Jésus avait insisté auprès de ses disciples : « Mettez-vous bien dans les oreilles les paroles que voici : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes » (Lc 9, 44). Maintenant que la vie va le quitter, il scelle dans sa prière son ultime décision : Jésus s’est laissé livrer « aux mains des hommes », mais c’est dans les mains du Père qu’il remet son esprit ; ainsi, comme l’affirme l’évangéliste Jean, tout est accompli, l’acte suprême d’amour est mené à sa fin, jusqu’à la limite et au-delà de la limite.
Chers frères et sœurs, les paroles de Jésus sur la croix, dans les derniers instants de sa vie terrestre, offrent des indications exigeantes pour notre prière, mais elles lui ouvrent la voie d’une confiance sereine et d’une ferme espérance. Jésus, qui demande au Père de pardonner à ceux qui le crucifient, nous invite au geste difficile de prier aussi pour ceux qui nous font du tort, qui nous ont blessés, sachant toujours pardonner afin que la lumière de Dieu puisse illuminer leur cœur ; et il nous invite à vivre, dans notre prière, le même comportement de miséricorde et d’amour que Dieu à notre égard : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », disons-nous chaque jour dans le « Notre Père ». En même temps, Jésus qui, au moment extrême de la mort se remet totalement entre les mains de Dieu le Père, nous communique la certitude que, quels que soient la dureté de nos épreuves, la difficulté de nos problèmes, le poids de notre souffrance, nous ne tomberons jamais hors des mains de Dieu, ces mains qui nous ont créés, qui nous soutiennent et nous accompagnent sur le chemin de l’existence, parce qu’elles sont guidées par un amour infini et fidèle. Merci.
Synthèse de la catéchèse en français :
Chers frères et sœurs, l’évangéliste saint Luc rapporte trois paroles de Jésus quand il fut élevé sur la croix. La première : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font ! » est une intercession au Père pour le pardon de ses bourreaux. Jésus accomplit ainsi l’amour des ennemis qu’il avait enseigné à ses disciples. Et il affirme que le motif de sa demande est le fait de ‘ne pas savoir’, de l’ignorance, pour laisser ouvert le chemin de la conversion, comme l’attestera le centurion reconnaissant en Jésus le juste, le Fils de Dieu. La seconde parole exauce bien au-delà de sa demande, le bon larron, crucifié lui aussi. Jésus l’assure d’être aujourd’hui avec lui dans le paradis. Il donne la ferme espérance que la bonté de Dieu peut nous toucher jusqu’au dernier instant, aussi difficile qu’ait pu être notre vie. Enfin, la dernière parole : « En tes mains, je remets mon esprit », est reprise d’un psaume. C’est une affirmation renouvelée et confiante d’abandon au Père. Comme il l’avait annoncé, Jésus a été livré aux mains des hommes, mais c’est dans les mains du Père qu’il remet son esprit, accomplissant tout. Chers amis, dans cette attitude de Jésus au moment de mourir, puisons la certitude que nous aussi, malgré les épreuves et la souffrance, nous ne tomberons jamais des mains de Dieu. Il nous a créés, nous soutient et nous accompagne tout au long de notre vie !
Paroles du pape en français après sa catéchèse :
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement le groupe de l’Institut Catholique de Toulouse, les paroissiens, et les collégiens et lycéens présents ici ce matin. Que l’exemple de Jésus fortifie votre confiance en l’amour du Père pour chacun de vous ! Comme nous le demandons dans la prière du Notre Père, apprenons de lui à pardonner afin que la lumière de Dieu puisse éclairer le monde. Bon séjour à tous !
Traduction de Zenit, par Hélène Ginabat