Archive pour février, 2012

PRIÈRE SUR L’AMOUR DE DIEU

23 février, 2012

http://louange.over-blog.fr/article-30405760.html

PRIÈRE SUR L’AMOUR DE DIEU

Je vous aime, ô mon Dieu,
et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie.

Je vous aime, ô mon Dieu infiniment aimable,
et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer.

Je vous aime, Seigneur,
et la seule grâce que je vous demande, c’est de vous aimer éternellement.

Mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tous moments que je vous aime,
je veux que mon cour vous le répète autant de fois que je respire.

Mon Dieu, faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant
et de vous aimer en souffrant.

Je vous aime, ô mon divin Sauveur, parce que vous avez été crucifié pour moi;
je vous aime, ô mon Dieu, parce que vous me tenez ici-bas crucifié pour vous.

Mon Dieu, à proportion que je m’approche de la fin,
faites-moi la grâce d’augmenter mon amour et de le perfectionner.

de saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

ISRAEL PEUPLE DE DIEU (pour la Carême)

23 février, 2012

http://shofar.free.fr/SHOFAR/ISRAEL%20PEUPLE%20DE%20DIEU.htm

ISRAEL PEUPLE DE DIEU

Dieu a choisi ce Peuple tout d’abord pour qu’il soit à son service et pour être les vrais adorateurs du Dieu véritable (Adonaï) D’autres peuples existaient en même temps qu’eux, ils prient eux aussi des dieux ou des idoles. En Egypte par exemple, les habitants de ce pays faisaient des statues et ils se prosternaient devant elles pour les adorer. Aujourd’hui encore des Hommes ont besoin d’avoir des supports vers qui se tourner, comme si cela était indispensable pour leur prière. Dieu ne nous demande pas cela, Il cherche en chacun de nous des adorateurs en esprit et en vérité. Est-ce que nous sommes de ceux-là ? Si oui, nous faisons parti, nous aussi du Peuple de Dieu, au même titre qu’Israël.

Aujourd’hui, Dieu nous appelle à le suivre et à le servir, comme Abraham qui a quitté sa famille et son pays pour marcher vers la terre promise. Comme cet homme et comme les apôtres de Jésus, nous devons tout quitter pour être à sa suite. Nous devons être obéissants à sa Parole, car c’est Lui qui nous guide sur le bon chemin, Lui qui est lui-même : le chemin, la vérité et la vie.

Le Peuple de Dieu dont nous chrétiens sommes issus, fait partie intégrante de la Famille de Dieu. Nous sommes tous des descendants de ce Peuple, de la postérité d’Abraham ! Depuis la chute de l’Homme, il s’est détourné de la Lumière du Monde, Dieu n’a jamais abandonné son Peuple, Il a toujours choisi pour lui des guides comme les Prophètes, pour qu’il se repente de leurs fautes et qu’il revienne à Lui. Dieu a été jusqu’à sacrifier son Fils, son Unique pour nous racheter de nos péchés, Lui qui a versé son sang pour nous purifier. Revenons à Lui, sans perdre un instant et marchons dans sa Lumière, Lui qui est assis à la droite du Père dans le Royaume des Cieux. Un jour, nous règnerons à ses côtés, nous habiterons la Cité Sainte, la nouvelle Jérusalem, ville de Paix et de Lumière ! Par Jésus, nous faisons parti du Peuple de Dieu, c’est par son sang que nous avons été purifiés de nos péchés. C’est pour cela que je peux dire que je fais parti du même Peuple, au même titre que les juifs d’aujourd’hui qui se réclament d’Abraham. Ce Peuple, un jour sera uni quand Christ reviendra sur la terre pour nous appeler à Lui. Je crois profondément qu’Israël reconnaîtra un jour que Jésus-Christ (Yeshoua Hamashiah) est le Sauveur du Monde. A ce moment là, il rejoindra l’Eglise, Corps du Christ et Temple du Saint-Esprit (Ruah Hakodesh.) Comme nous dit l’Apôtre Paul : « Il n’y a plus ni juifs ni grecs, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car vous êtes tous un en Jésus-Christ. Et vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Ga. 3,28-29) Pour ma part, je crois que ceux qui auront part au Royaume des Cieux, serons ceux qui auront cru au nom de Jésus-Christ (Yeshoua Hamashiah) et qui auront fait la volonté du Père. (Mt. 25,31-46)

CONSOLEZ, CONSOLEZ MON PEUPLE
(Es. 40,1)

Au début de cette page, je ne parle pas de mes Frères Juifs Messianiques qui ont cru au Messie promis, mais du Peuple Juif qui n’a pas suivi et cru en Jésus. Dieu a laissé la liberté à l’Homme pour qu’il choisisse entre le bien et le mal, entre la vérité et le mensonge. Aujourd’hui grâce à l’Esprit de Dieu qui souffle sur notre Monde, des Juifs ont accepté la Parole de Dieu en totalité et tout comme nous ils ont suivi Jésus. Jésus en tant qu’homme, il a observé les fêtes juives ainsi que ses Apôtres, nous le voyons souvent au temple parmi les docteurs de la loi, les scribes et les pharisiens, nous le voyons plusieurs fois à table avec les pharisiens ou leur chef. Après la Pentecôte, les Disciples de Jésus priaient dans la synagogue (Ac 2,46) Nous qui connaissons Jésus-Christ comme Sauveur du Monde nous devons être en communion avec nos Frères Juifs qui croient en Jésus, car ensemble nous formons le même Corps. La Samaritaine a dit à Jésus : que le salut venait des juifs et Jésus a dit aussi qu’Il était venu pour les brebis perdues de la maison d’Israël. (Mt. 15,24) Et juste avant, Jésus envoie ses Apôtres vers la maison d’Israël (Mt.10,6) Et c’est parce que ce Peuple l’a rejeté que la Parole de Dieu a été proclamée aux païens (Ac. 3,26+13,26 et 46) C’est comme cela que nous avons eu la connaissance de Jésus. Les Apôtres sortent de la chambre haute et parcours le Monde et nous voyons surtout l’Apôtre Paul avec ses disciples. C’est la naissance des églises locales dans chaques villes et aujourd’hui l’annonce de l’Evangile continue à être propagée même dans le pays d’origine, là où sont nés Jésus et ses Apôtres.

Depuis un certain temps je ne comprenais pas pourquoi je pleurais sans cesse pour le Peuple de Dieu. Aujourd’hui je comprends mieux cela. Dieu m’a donné de l’Amour et de la compassion pour son Peuple. Non seulement pour l’Eglise Corps de Christ, mais aussi en Union avec nos Frères juifs dont nous sommes issus.

Dieu, bien avant la venue de Jésus au milieu de son Peuple, Il leur a parlé par la bouche du prophète Esaïe qui nous dit :

Esaïe 40,1-2
          1  Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu.
2  Parlez au coeur de Jérusalem et criez-lui Que son combat est terminé, Qu’elle est graciée de sa faute,
Qu’elle a reçu de la main de l’Éternel Au double de tous ses péchés.
Dieu nous demande de consoler son Peuple, car son combat est terminé. Dieu a eu compassion de nous et il a prévu pour nous un Sauveur qui est Jésus-Christ. C’est cet homme que ce Peuple a refusé en parti, car il a refusé la Lumière et la Vérité. Pour nous, c’est parfois la même chose. En faisant cela, nous attristons Dieu. Après la consolation de son Peuple, Dieu leur demande de préparer le chemin pour l’arrivée de ce Sauveur. A ce moment là, il annonce non seulement la naissance de Jésus, mais également la mission de Jean-Baptiste.

Esaïe 40,3-11
3  Une voix crie dans le désert: Ouvrez le chemin de l’Éternel, Nivelez dans la steppe Une route pour notre Dieu.
4  Que toute vallée soit élevée, Que toute montagne et toute colline soient abaissées! Que les reliefs se changent en terrain plat Et les escarpements en vallon!
5  Alors la gloire de l’Éternel sera révélée, Et toute chair à la fois (la) verra; Car la bouche de l’Éternel a parlé.
6  Une voix dit: Crie! Et l’on répond: Que crierai-je? — Toute chair est de l’herbe, Et tout son éclat comme la fleur des champs.
7  L’herbe sèche, la fleur se fane, Quand le vent de l’Éternel souffle dessus. Certes le peuple est de l’herbe:
8  L’herbe sèche, la fleur se fane; Mais la parole de notre Dieu Subsistera éternellement.
9  Monte sur une haute montagne, Sion, messagère de bonheur;  Élève avec force ta voix, Jérusalem, messagère de bonheur;  Élève (ta voix), sois sans crainte, Dis aux villes de Juda:  Voici votre Dieu!
10  Voici mon Seigneur, l’Éternel, Il vient avec puissance, Et son bras lui assure la domination; Voici qu’il a son salaire Et que ses rétributions le précèdent.
11       Comme un berger, il fera paître son troupeau, De son bras il rassemblera des agneaux Et les portera dans son sein; Il conduira les brebis qui allaitent.

Dieu veut l’Unité de son Peuple, pour cela il nous envoie un berger et nous savons que ce berger est Jésus. Aujourd’hui encore Dieu veut faire l’Unité et la Paix au milieu de son Peuple. Il veut que notre bonheur ici-bas. Enfin ce Peuple a le choix jusqu’à l’arrivée de Jésus de se tourner vers Lui.

CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI : AUDIENCE DU 22 FÉVRIER 2012 (Le carême, temps de proximité avec Dieu)

23 février, 2012

http://www.zenit.org/article-30233?l=french

CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI : AUDIENCE DU 22 FÉVRIER 2012

Le carême, temps de proximité avec Dieu

Rome, mercredi 22 février 2012 (ZENIT.org) – Le carême est une occasion de « faire une expérience profonde de Dieu » explique Benoît XVI. Le pape a consacré sa catéchèse, ce mercredi 22 février, à la signification du carême qui commence aujourd’hui, mercredi des cendres.
Catéchèse de Benoît XVI en italien :
Chers frères et sœurs,
Dans cette catéchèse, je voudrais m’arrêter brièvement sur le temps du carême qui commence aujourd’hui avec la liturgie du mercredi des cendres. Il s’agit d’un itinéraire de quarante jours qui nous conduira au Triduum pascal, mémoire de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, cœur du mystère de notre salut. Dans les premiers siècles de la vie de l’Eglise, c’était le temps où ceux qui avaient entendu  et accueilli l’annonce du Christ commençaient, pas à pas, leur chemin de foi et de conversion en vue de recevoir le sacrement du baptême. Il s’agissait là d’une rencontre progressive avec le Dieu vivant et d’une initiation à la foi qui se faisait peu à peu, à travers une changement intérieur des catéchumènes, c’est-à-dire de ceux qui désiraient devenir chrétiens et être incorporés au Christ et à l’Eglise.
Par la suite, les pénitents, puis tous les fidèles furent aussi invités à vivre cet itinéraire de renouveau spirituel, pour conformer toujours plus leur existence à celle du Christ. La participation de la communauté entière aux diverses étapes du parcours de carême souligne une dimension importante de la spiritualité chrétienne : la rédemption, non pas de quelques-uns, mais de tous, rendue possible grâce à la mort et à la résurrection du Christ. En conséquence, ceux qui faisaient un cheminement de foi comme catéchumènes en vue du baptême, ceux qui s’étaient éloignés de Dieu et de la communauté de foi et qui désiraient la réconciliation, ceux qui vivaient leur foi dans la pleine communion avec l’Eglise, tous savaient que le temps qui précède Pâques est un temps de metanoia, c’est-à-dire de changement intérieur, de repentir ; un temps qui identifie notre vie humaine et toute notre histoire à un processus de conversion qui nous met en mouvement maintenant pour rencontrer le Seigneur à la fin des temps.
C’est par une expression devenue spécifique à la liturgie que l’Eglise nomme cette période dans laquelle nous sommes entrés aujourd’hui « Quadragesima », ce qui veut dire « temps de quarante jours » et, par une référence claire à l’Ecriture Sainte, elle nous introduit ainsi dans un contexte spirituel précis. En effet, quarante est le nombre symbolique par lequel l’Ancien et le Nouveau Testament représentent les moments saillants de l’expérience de foi du peuple de Dieu. C’est un chiffre qui exprime le temps de l’attente, de la purification, du retour au Seigneur, de la conscience que l’on a que Dieu est fidèle à ses promesses. Ce nombre ne représente pas un temps chronologique exact, rythmé par la somme des jours. Il indique plutôt une persévérance patiente, une longue épreuve, une période suffisante pour voir les œuvres de Dieu, un temps pendant lequel il faut se décider à assumer ses responsabilités sans les remettre à plus tard. C’est le temps des décisions mûres.
Le nombre quarante apparaît tout d’abord dans l’histoire de Noé. Cet homme juste, à cause du déluge, passe quarante jours et quarante nuits dans l’arche, avec toute sa famille et avec les animaux que Dieu lui avait dit d’emporter avec lui. Et il attend encore quarante jours, après le déluge, avant de toucher la terre ferme sauvée de la destruction (Gn 7, 4-12 ; 8, 6). Puis vient l’étape suivante : Moïse reste sur le Mont Sinaï, en présence du Seigneur, quarante jours et quarante nuits, pour recevoir la Loi. Pendant tout ce temps, il jeûne (Ex 24, 18). Quarante, ce sont aussi les années de voyage du peuple hébreu de l’Egypte vers la Terre Promise, un temps nécessaire pour expérimenter la fidélité de Dieu. « Souviens-toi de tout le chemin que le Seigneur ton Dieu t’a fait faire pendant quarante ans… Le vêtement que tu portais ne s’est pas usé et ton pied n’a pas enflé, au cours de ces quarante ans ! », dit Moïse dans le Deutéronome, à la fin de ces quarante années de migration (Dt 8, 2-4). Les années de paix dont jouit Israël à l’époque des Juges sont au nombre de quarante (Jg 3, 11-30) mais, après cette période, commence le temps de l’oubli des dons de Dieu et le retour au péché. Il faut au prophète Elie quarante jours pour atteindre l’Horeb, la montagne sur laquelle il rencontrera Dieu (1 R 19, 8). Quarante, c’est le nombre de jours pendant lesquels les habitants de Ninive font pénitence pour obtenir le pardon de Dieu (Gn 3, 4). C’est le nombre d’années du règne de Saül (Ac 13, 21), de David (2 Sam 5, 4-5) et de Salomon (1 R 11, 41), les trois premiers rois d’Israël. Les psaumes aussi réfléchissent sur la signification biblique de ces quarante années, comme par exemple le psaume 95, dont nous avons entendu un passage : « Aujourd’hui si vous écoutiez sa voix ! “N’endurcissez pas vos cœurs comme à Mériba, comme au jour de Massa dans le désert, où vos pères m’éprouvaient, me tentaient, alors qu’ils me voyaient agir ! Quarante ans cette génération m’a dégoûté et je dis : toujours ces cœurs errants, ces gens-là n’ont pas connu mes voies” » (Ps 95, 7c-10).
Dans le Nouveau Testament, Jésus, avant de commencer sa vie publique, se retire dans le désert pendant quarante jours sans manger ni boire (Mt 4, 2) : il se nourrit de la parole de Dieu, qu’il utilise comme une arme pour vaincre le démon. Les tentations de Jésus rappellent celles que le peuple hébreu a affrontées dans le désert, mais qu’il n’a pas su vaincre. Quarante est le nombre de jours pendant lesquels Jésus ressuscité a instruit les siens, avant de monter au Ciel et d’envoyer l’Esprit-Saint (Ac 1, 3).
Ce nombre récurrent de quarante permet de décrire un contexte spirituel qui reste actuel et valide et l’Eglise, justement à travers la période du carême, entend en faire perdurer la valeur et en actualiser l’efficacité pour nous. La liturgie chrétienne du carême a pour but de favoriser un cheminement de renouveau spirituel, à la lumière de cette longue expérience biblique et surtout pour apprendre à imiter Jésus qui, en passant quarante jours dans le désert, nous a enseigné comment vaincre la tentation grâce à la parole de Dieu. Les quarante années de traversée du désert par Israël présentent des comportements et de situations ambivalents. D’une part, ils représentent la saison du premier amour avec Dieu, et entre Dieu et son peuple, quand il parlait à son cœur, lui indiquant continuellement la route à parcourir. Dieu avait établi, pour ainsi dire, sa demeure parmi Israël, il le précédait dans la nuée ou dans une colonne de feu, pourvoyait chaque jour à sa nourriture en faisant descendre la manne et jaillir l’eau du rocher. Et donc, les années passées par Israël dans le désert peuvent être vues comme le temps de l’élection particulière de Dieu et de l’adhésion du peuple à Dieu : le temps du premier amour. D’autre part, la bible montre aussi une autre image de la traversée de désert par Israël : c’est aussi le temps des plus grandes tentations et des dangers accrus, quand Israël murmure contre son Dieu et voudrait retourner au paganisme en se construisant ses idoles, parce qu’il éprouve le besoin de vénérer un Dieu plus proche et plus tangible. C’est aussi le temps de la rébellion contre le Dieu grand et invisible.
Nous retrouvons cette ambivalence, le temps d’une proximité particulière de Dieu – celui du premier amour – et le temps de la tentation – tentation de retourner au paganisme –, de manière surprenante, dans le chemin de Jésus sur la terre, naturellement sans aucun compromis avec le péché. Après le baptême de pénitence dans le Jourdain, Jésus prend sur lui le destin du Serviteur de Dieu qui renonce à lui-même pour vivre pour les autres et qui s’installe parmi les pécheurs pour prendre sur lui le péché du monde. Il se rend dans le désert où il va passer quarante jours dans une union profonde avec le Père, répétant ainsi l’histoire d’Israël, tous ces rythmes de quarante jours ou années dont je viens de parler. Cette dynamique est une constante dans la vie terrestre de Jésus, qui cherche toujours des moments de solitude pour prier son Père et rester en communion intime, dans une solitude intime avec lui, dans une communion exclusive avec lui, pour ensuite retourner parmi les hommes. Mais pendant ce temps de « désert » et de rencontre particulière avec le Père, Jésus se trouve exposé au danger et il est assailli par la tentation et la séduction du diable, qui lui propose une vie messianique autre, loin du projet de Dieu, parce qu’elle passe par le pouvoir, le succès, la domination et non à travers le don total sur la Croix. Voilà l’alternative : un messianisme de pouvoir, de succès, ou un messianisme d’amour, de don de soi.
Cette situation d’ambivalence décrit aussi la condition de l’Eglise qui chemine dans le « désert » du monde et de l’histoire. Dans ce « désert », en tant que croyants, nous avons certainement l’opportunité de faire une expérience profonde de Dieu qui fortifie notre esprit, confirme notre foi, nourrit notre espérance, anime notre charité ; une expérience qui nous rend participants de la victoire du Christ sur le péché et sur la mort par le moyen de son sacrifice d’amour sur la croix. Mais le « désert » est aussi l’aspect négatif de la réalité qui nous entoure : l’aridité, la pauvreté de paroles de vie et de valeurs, la sécularisation et la culture matérialiste, qui enferment la personne dans l’horizon mondain de l’existence, en privant celui-ci de toute référence à la transcendance. C’est aussi cette atmosphère qui obscurcit le ciel au-dessus de nous des nuages de l’égoïsme, de l’incompréhension et du mensonge. Et pourtant, même pour l’Eglise d’aujourd’hui, le temps du désert peut se transformer en temps de grâce parce que nous avons la certitude que de la pierre la plus dure, Dieu peut faire jaillir l’eau vive qui désaltère et qui redonne force.
Chers frères et sœurs, pendant ces quarante jours qui nous mèneront à la Pâque de la résurrection, nous pouvons puiser un courage renouvelé pour accepter patiemment et dans la foi toutes les situations difficiles, d’affliction et d’épreuve, avec la conscience que le Seigneur fera surgir des ténèbres un jour nouveau. Et si nous sommes fidèles à Jésus en le suivant sur le chemin de la croix, le monde clair de Dieu, le monde de la lumière, de la vérité et de la joie nous sera redonné : ce sera une aube nouvelle créée par Dieu lui-même. Bonne route de carême à vous tous !

Synthèse en français de la catéchèse de Benoît XVI :
Chers frères et sœurs, avec la Liturgie du mercredi des Cendres, commence le temps du Carême. Cet itinéraire de repentir et de conversion s’adresse à tous : que nous nous préparions au baptême, que nous soyons éloignés de Dieu et de l’Église et cherchions la réconciliation, ou bien que nous ayons une vie de foi en communion avec l’Église. La référence à l’Écriture Sainte contenue dans les 40 jours fait entrer dans un contexte spirituel précis : à la suite du Peuple de Dieu, nous sommes invités à faire l’expérience de l’attente, de la purification, de l’épreuve, et aussi de la fidélité de Dieu à ses promesses. Et nous expérimentons en même temps notre péché, notre égoïsme, la médiocrité due au sécularisme et au matérialisme, l’absence de référence à Dieu dans notre vie. Nous sommes appelés à imiter Jésus qui enseigne à vaincre la tentation. Car le désert est le lieu du choix spécial de Dieu et de l’adhésion du Peuple élu. C’est aussi le lieu du refus de Dieu en revenant au paganisme et à l’idolâtrie, préférant un Dieu plus visible. Jésus va au désert pour prier son Père. Et il résiste au Malin qui lui propose une voie de pouvoir et de succès qui n’est pas celle du don total sur la croix. Nous aussi, nous découvrirons la vérité et la joie du Salut en vivant l’épreuve avec foi et patience, en méditant et en mettant en pratique la Parole de Dieu, et en donnant plus de place à la prière.

Salutations de Benoît XVI aux pèlerins francophones :
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les paroissiens et les collégiens et lycéens présents ici ce matin. Que le temps du Carême vous permette de voir combien Dieu est à l’œuvre aujourd’hui dans le monde et dans l’Église. C’est un temps privilégié pour comprendre et assumer notre responsabilité de chrétien, pour faire les bons choix en étant fidèle aux engagements de notre baptême. Bon Carême et bon séjour à tous !

Mercredi des Cendres

21 février, 2012

Mercredi des Cendres dans images sacrée ceneri
http://www.parrocchiasanroccogalatina.it/site/liturgia/mercoledi-delle-ceneri.html

Prière pour le Carême

21 février, 2012

http://viechretienne.catholique.org/prieres/temps-liturgiques/17947-priere-pour-le-careme

Prière pour le Carême

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur de te désirer ; en te désirant, de te chercher ; en te cherchant, de te trouver ; en te trouvant, de t’aimer ; et en t’aimant, de racheter mes fautes ; et une fois rachetées, de ne plus les commettre.

Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur la pénitence, à mon esprit le repentir, à mes yeux la source des larmes, et à mes mains la largesse de l’aumône.

Toi qui es mon Roi, éteins en moi les désirs de la chair, et allume le feu de ton amour. Toi qui es mon Rédempteur, chasse de moi l’esprit d’orgueil, et que ta bienveillance m’accorde l’esprit de ton humilité. Toi qui es mon Sauveur, écarte de moi la fureur de la colère, et que ta bonté me concède le bouclier de la patience.

Toi qui es mon Créateur, déracine de mon âme la rancœur, pour y répandre la douceur d’esprit. Donne-moi, Père très bon, une foi solide, une espérance assurée et une charité sans faille.

Toi qui me conduis, écarte de moi la vanité de l’âme, l’inconstance de l’esprit, l’égarement du cœur, les flatteries de la bouche, la fierté du regard.

Ô Dieu de miséricorde, je te le demande par ton Fils bien-aimé, donne-moi de vivre la miséricorde, l’application à la piété, la compassion avec les affligés, et le partage avec les pauvres.

Saint Anselme (1033-1109), Oratio X

Mercredi des Cendres (22 février 2012)

21 février, 2012

http://www.bible-service.net/site/433.html

Mercredi des Cendres (22 février 2012)

Ce jour commence le Carême. Les textes de la Parole de Dieu nous orientent vers le Seigneur, dans un long chemin jusqu’à Pâques. L’Evangile du jour nous indique le sens de ce chemin : c’est une épreuve, une tentation. Mais c’est le Seigneur “ tendre et miséricordieux ” qui appelle et fait revenir à lui (première lecture), à partir du moment où nous disons comme le psalmiste : “ Contre toi, j’ai péché ” (Psaume). Alors, comme St Paul nous le conseille, “ Laissez-vous réconcilier avec Dieu ” (deuxième lecture)

• Joël 2,12-18
Aux Juifs pour qui c’était l’usage d’exprimer l’indignation ou la douleur en déchirant leurs vêtements, le prophète Joël conseille tout bonnement de déchirer plutôt leur cœur, c’est-à-dire de revenir à Dieu par une démarche intérieure (et non pas des rites extérieurs).  À l’appui de ce conseil, il rappelle ce que de nombreux passages de la Bible énoncent : “ Revenez à moi… ! ” En effet, le plus grave, pour le prophète Joël, ce ne sont pas les menaces, les conflits, mais l’abandon du Seigneur. Et en même temps, le prophète sait que, malgré l’infidélité du peuple, le Seigneur l’aime et fait tout pour que son peuple revienne à lui. Derrière tout cela, il y a la théologie de l’Alliance : si le peuple revient vers le Seigneur, Dieu pourra revenir lui aussi. Il prend même l’initiative. La fin de ce passage du livre de Joël laisse présager une issue heureuse : Dieu “ s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple ”… Dans la langue hébraïque, le verbe est plus fort et plus imagé : “ Dieu a été saisi aux entrailles ”. C’est très beau, car cela suggère que Dieu éprouve pour son peuple la même tendresse que celle d’une mère.

• Psaume 50
C’est un des rares psaumes qui soit à la fois situé (d’après son titre, il est attribué au roi David après son adultère avec Bethsabée) et universel : ce qu’il évoque concerne chaque homme à chaque époque. En effet, c’est la confession confiante d’un homme pécheur devant Dieu miséricordieux. Cet homme reconnaît son péché multiforme (péché, faute, offense), et en même temps croit en l’amour de Dieu capable de lui “ créer un cœur pur ”, de lui “ rendre la joie d’être sauvé ”. Dieu ne se détourne pas de qui revient vers lui. De fait, recréé par Dieu, soutenu par l’Esprit, l’homme pardonné peut témoigner de la miséricorde du Seigneur.

• Matthieu 6,1-6.16-18
Dans cet Évangile, Jésus commente les trois principales œuvres juives de piété : l’aumône, la prière et le jeûne, en insistant plus sur l’esprit que sur le faire.
Ainsi, il met en garde contre l’ostentation dans la pratique de l’aumône.  Il peut être facile d’être généreux et d’aider les autres si nous éprouvons du plaisir à le faire, ou si nous portons le désir secret d’en obtenir aussi bien des marques de reconnaissance que la récompense céleste.  Nous risquons alors de nous constituer les premiers bénéficiaires de notre propre générosité !
De même pour la prière, ce qui compte, ce n’est pas de multiplier les gestes extérieurs de la prière commune ou personnelle, mais bien à pénétrer toujours plus profond dans la solitude de notre maison, et dans le silence de nos cœurs, pour y rencontrer notre Père céleste qui nous y attend toujours.
Enfin, ce que dit Jésus du jeûne vaut de toute forme d’ascèse ou de pénitence.  Dieu sait ce que nous faisons ou ne faisons pas, et c’est tout ce qui compte.  Moins cela est connu des autres, mieux c’est.
Jésus invite donc ses disciples à agir, non pas en fonction de ce que les autres pensent ou disent, mais simplement en fonction du Père céleste.
Ce que Jésus proclame dans l’Évangile d’aujourd’hui c’est : “ Tenez-vous debout sur vos propres pieds ”. Et surtout : “ Tenez-vous debout devant votre Père. N’agissez pas pour être admirés; et n’estimez pas votre valeur personnelle à partir de ce que les gens pensent de vous. ” En bref, ces pratiques de piété, Jésus nous invite à les vivre en ce Carême, non comme des actes de compétition ou de bravoure, mais comme des chemins pour se laisser réconcilier par Dieu, comme l’écrivait St Paul.

par Benoît XVI sur le mercredi des cendres (2010)

21 février, 2012

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100217_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 février 2010

Mercredi des Cendres

Chers frères et sœurs!

Nous commençons aujourd’hui, mercredi des cendres, le chemin du carême: un chemin qui dure quarante jours et qui nous conduit à la joie de la Pâque du Seigneur. Sur cet itinéraire spirituel, nous ne sommes pas seuls, car l’Eglise nous accompagne et nous soutient dès le début à travers la Parole de Dieu, qui contient un programme de vie spirituelle et d’engagement pénitentiel, et avec la grâce des Sacrements.
Les paroles de l’apôtre Paul nous offrent une consigne précise: « Nous vous exhortons encore à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu [...] Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 1-2). En vérité, dans la vision chrétienne de la vie, chaque moment doit se dire favorable et chaque jour doit se dire jour de salut, mais la liturgie de l’Eglise rapporte ces paroles d’une façon toute particulière au cours du temps de carême. C’est l’appel qui nous est adressé à travers le rite austère de l’imposition des cendres et qui s’exprime, dans la liturgie, par deux formules: « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile! » « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » qui nous fait justement comprendre que les quarante jours de préparation à Pâques doivent être un temps favorable et un temps de grâce.
Le premier appel est à la conversion, un mot qu’il faut prendre dans son extraordinaire gravité, en saisissant la surprenante nouveauté qu’elle libère. L’appel à la conversion, en effet, met à nu et dénonce la superficialité facile qui caractérise très souvent notre façon de vivre. Se convertir signifie changer de direction sur le chemin de la vie: non pas à travers un simple ajustement, mais à travers une véritable inversion de marche. La conversion signifie aller à contre-courant, le « courant » étant le style de vie superficiel, incohérent et illusoire, qui nous entraîne souvent, nous domine et nous rend esclaves du mal, ou tout au moins prisonniers d’une médiocrité morale. Avec la conversion, au contraire, on vise le haut degré de la vie chrétienne, on se confie à l’Evangile vivant et personnel, qui est le Christ Jésus. Sa personne est l’objectif final et le sens profond de la conversion, Il est le chemin sur lequel tous sont appelés à marcher dans la vie, se laissant éclairer par sa lumière et soutenir par sa force qui fait avancer nos pas. De cette façon, la conversion manifeste son visage le plus splendide et fascinant: il ne s’agit pas d’une simple décision morale, qui rectifie notre conduite de vie, mais d’un choix de foi, qui nous touche entièrement dans la communion intime avec la personne vivante et concrète de Jésus. Se convertir et croire à l’Evangile ne sont pas deux choses différentes, ou d’une certaine façon uniquement placées l’une à côté de l’autre, mais elles expriment la même réalité. La conversion est le « oui » total de celui qui remet son existence à l’Evangile, en répondant librement au Christ qui s’offre en premier à l’homme comme chemin, vérité et vie, comme celui qui seul le libère et le sauve. C’est précisément là le sens des premières paroles avec lesquelles, selon l’évangéliste Marc, Jésus ouvre la prédication de l’« Evangile de Dieu »: « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1, 15).
L’appel: « convertissez-vous et croyez à l’Evangile » ne se trouve pas seulement au début de la vie chrétienne, mais il en accompagne tous les pas, il demeure en se renouvelant et il se diffuse en se ramifiant dans toutes ses expressions. Chaque jour est un moment favorable et de grâce, car chaque jour nous invite à nous remettre entre les mains de Jésus, à avoir confiance en Lui, à demeurer en Lui, à en partager son style de vie, à apprendre de Lui l’amour véritable, à le suivre dans l’accomplissement quotidien de la volonté du Père, l’unique grande loi de la vie. Chaque jour, même lorsque ne manquent pas les difficultés et les épreuves, la lassitude et les chutes, même quand nous sommes tentés d’abandonner le chemin à la suite du Christ et de nous renfermer sur nous-mêmes, dans notre égoïsme, sans nous rendre compte de la nécessité que nous avons de nous ouvrir à l’amour de Dieu en Christ, pour vivre la même logique de justice et d’amour. Dans le récent Message pour le carême, j’ai voulu rappeler qu’« il faut être humble pour accepter que quelqu’un d’autre me libère de mon « moi » et me donne gratuitement en échange son « soi ». Cela s’accomplit spécifiquement dans les sacrements de la réconciliation et de l’Eucharistie. Grâce à l’amour du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10), la justice de celui qui, dans quelque situation que ce soit, s’estime davantage débiteur que créancier parce qu’il a reçu plus que ce qu’il ne pouvait espérer » (cf. ORLF n. 6 du 9 février 2010).
Le moment favorable et de grâce du carême nous montre sa propre signification spirituelle également à travers l’antique formule: Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière, que le prêtre prononce lorsqu’il impose un peu de cendres sur notre tête. Nous sommes ainsi renvoyés aux débuts de l’histoire humaine, quand le Seigneur dit à Adam, après la faute des origines: « A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (Gn 3, 19). Ici, la parole de Dieu nous rappelle notre fragilité, et même notre mort, qui en est la forme extrême. Face à la peur innée de la fin, et encore davantage dans le contexte d’une culture qui, de tant de manières, tend à censurer la réalité et l’expérience humaine de la mort, la liturgie quadragésimale, d’une part, nous rappelle la mort en nous invitant au réalisme et à la sagesse, mais, d’autre part, nous pousse surtout à saisir et à vivre la nouveauté inattendue que la foi chrétienne transmet à la réalité de la mort elle-même.
L’homme est poussière et il retournera à la poussière, mais il est une poussière précieuse aux yeux de Dieu, parce que Dieu a créé l’homme en le destinant à l’immortalité. Ainsi, la formule liturgique: « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » trouve la plénitude de son sens en référence au nouvel Adam, le Christ. Le Seigneur Jésus lui aussi a librement voulu partager avec chaque homme le sort de la fragilité, en particulier à travers sa mort sur la croix; mais cette mort précisément, pleine de son amour pour le Père et pour l’humanité, a été le chemin de la glorieuse résurrection, à travers laquelle le Christ est devenu la source d’une grâce donnée à tous ceux qui croient en Lui et participent à la vie divine elle-même. Cette vie qui n’aura pas de fin est déjà en acte dans la phase terrestre de notre existence, mais elle sera portée à son accomplissement après la « résurrection de la chair ». Le petit geste de l’imposition des cendres nous révèle la richesse singulière de sa signification: c’est une invitation à parcourir le temps du carême comme une immersion plus consciente et plus intense dans le mystère pascal du Christ, dans sa mort et sa résurrection, à travers la participation à l’Eucharistie et à la vie de charité, qui naît de l’Eucharistie et dans laquelle elle trouve son accomplissement. Avec l’imposition des cendres nous renouvelons notre engagement à suivre Jésus, à nous laisser transformer par son mystère pascal, pour l’emporter sur le mal et faire le bien, pour faire mourir notre « vieil homme » lié au péché et faire naître l’« homme nouveau » transformé par la grâce de Dieu.
Chers amis! Tandis que nous nous apprêtons à entreprendre l’austère chemin du carême, nous voulons invoquer avec une confiance particulière la protection et l’aide de la Vierge Marie. Que ce soit elle, la première croyante en Christ, à nous accompagner au cours de ces quarante jours d’intense prière et de sincère pénitence, pour arriver à célébrer, purifiés et entièrement renouvelés dans l’intelligence et dans l’esprit, le grand mystère de la Pâque de son Fils.

Bon carême à tous!

Statue de Saint-Pierre, bénissante, dans la Basilique de Saint-Pierre

20 février, 2012

Statue de Saint-Pierre, bénissante, dans la Basilique de Saint-Pierre dans images sacrée 604-arnolfo

http://www.arte.it/opera/san-pietro-benedicente-4903

Le Pourim ou carnaval juif

20 février, 2012

http://judaisme.sdv.fr/perso/stauben/purim/carnaval.htm

Le Pourim ou carnaval juif

Son origine historique. – Le livre d’Esther ou la Meghila. – Le Pourim en Alsace. – La lecture de la Meghila.- Les marteaux. – La matinée du Pourim. -  L’après-midi ; le Schlach Moness. – Le repas du soir. – Un plat de rigueur. – Le personnel du repas. – Masques. – Deux représentations dramatiques.
Je voudrais, pour être le moins incomplet possible dans ces esquisses de mœurs, faire connaître au lecteur deux autres fêtes juives, moins solennelles, moins graves, beaucoup moins importantes que les précédentes fêtes et peu ou point observées d’ailleurs dans les villes ; et  pourtant ces deux fêtes ne laissent pas que d’être curieuses, moins encore à cause de leur origine historique que pour la manière toute patriarcale dont les célèbrent les pieuses populations de nos campagnes de l’Alsace.
L’une d’elles tombe à la fin, l’autre au commencement de l’hiver ou à peu près. Évoquons d’abord  les souvenirs de la première, celle du joyeux Pourim ou carnaval. Entendons-nous cependant, et n’allons pas  confondre : il y a carnaval et carnaval. Le Pourim des juifs n’a absolument rien de commun avec le carnaval chrétien ; celui-ci, on le sait, n’est après tout qu’une sorte de réminiscence des Lupercales grecques et des Saturnales romaines tempérées par l’esprit moderne.  C’est une époque de gaieté exubérante et de folies  admises comme dédommagement, soi-disant, de l’austérité du carême, gaieté, folies, arrivant à leur apogée dans les trois jours qui précèdent le lugubre mercredi  des Cendres.

Son origine historique
Tout autre est l’origine de notre Pourim, tout différent son but.  Pourim est la fête anniversaire et commémorative de la délivrance des juifs, sous le règne d’Assuérus, alors que la belle et vertueuse Esther fit révoquer le sanglant édit que le cruel Haman avait arraché au roi contre tous les juifs répandus, depuis la Captivité, dans le vaste empire des rois Persans successeurs des rois de Babylone.
Cet événement, qui ne le connaît ? Grâce au livre d’Esther et grâce aussi aux vers immortels de Racine qui a mis en drame la chronique sacrée.

Le livre d’Esther ou la Meghila
Résumons et feuilletons un peu, tour à tour, cette chronique connue encore dans le rite juif sous le nom de Meghila, et voyons qu’elle nous apprend :
Haman l’Amalécite, devenu tout puissant, ne peut pardonner au juif Mardochée, un des nobles descendants la tribu de Benjamin, le dédain et le mépris dont il accable le ministre parvenu ; il calomnie donc auprès du roi les juifs ses nouveaux sujets, et obtient l’autorisation de les faire massacrer, à un jour donné, dans toute l’étendue de l’empire. Cependant Esther, la fille adoptive de Mardochée, avait remplacé sur le trône l’altière Vasthi, et le roi qui ignorait sa religion jusqu’à ce jour, l’aimait tendrement.
«Et Mardochée, ayant appris ce qui avait été arrêté, déchira ses vêtements, se couvrit d’un sac, répandit des cendres sur sa tête, et parcourut les rues en poussant des cris lamentables» (Esther 4:1).
«Il arriva ainsi devant le palais, mais vêtu comme il l’était, il ne lui était pas permis d’y pénétrer» (Esther 4:2).
«Et Mardochée fit dire à Esther ce qui s’était passé et lui communiqua une copie du décret de proscription rendu contre les juifs de Suze, et lui ordonna d’entrer chez le roi afin de le supplier et de lui demander grâce pour son peuple» (Esther 4:8).
Mais il n’était permis à personne de pénétrer auprès du prince sans en avoir été mandé, et si on pénétrait néanmoins, on était condamné à mort, à moins qu’à l’instant même, en signe de grâce, il ne tendît son sceptre vers cette même personne. Esther hésita donc un instant mais Mardochée lui ayant fait comprendre qu’elle devait tout risquer pour sauver les siens,
«Esther fit  répondre à Mardochée  : Va, rassemble tous les juifs de Suze, qu’ils jeûnent à mon intention…, je jeûnerai de  même avec mes filles, et ainsi préparée, j’irai trouver le roi, contente de mourir, si je dois mourir» (Esther 4:16).
Esther parut devant le roi et obtint grâce à ses yeux  ; elle l’instruisit de tout, démasqua les odieuses menées d’Haman que le roi fit pendre au gibet même préparé par Haman pour Mardochée, et le terrible édit fut révoqué.
«Et ils firent appeler les écrivains du roi qui écrivirent tout ce que Mardochée ordonna concernant les juifs, aux pachas et gouverneurs des cent vingt-sept provinces de l’empire, à chaque pays suivant son langage et aux juifs selon leur langue. Et l’on écrivit au nom du roi, on scella les dépêches, et on les fit porter par des courriers montés sur des chevaux, des mulets ou des dromadaires» (Esther 8:9-10).
L’ordre de suspendre l’exécution était arrivé partout à temps. Et le quatorzième jour du douzième mois, du mois d’Adar (février-mars), jour fixé pour l’exécution ainsi arrêtée,
«Les juifs firent des illuminations, des  fêtes joyeuses, des réjouissances et des festins… et s’envoyèrent réciproquement des présents…, et firent des dons aux pauvres. Car Haman, fils d’Hamdatha, de la race d’Agag, persécuteur de tous les juifs, avait eu le projet de les exterminer tous, et il avait jeté des pour c’est-à-dire des sorts  pour connaître le jour qui lui serait le plus favorable pour les anéantir…, c’est pour cela que ces jours de fêtes s’appellent Pourim» (Esther 9:22-26).
Et l’on comprendra maintenant pourquoi on appelle encore le Pourim des juifs, assez improprement cependant, du nom de carnaval. On a voulu marquer ainsi, par ce rapprochement, toute la joie et toutes les réjouissances qui caractérisent le Pourim.

Le Pourim en Alsace

Nous sommes dans nos villages de l’Alsace ; aujourd’hui c’est le 14  du mois d’Adar, veille du Pourim. Hommes, femmes et enfants, tout le monde jeûne dans la communauté en souvenir du jeûneauquel s’étaient livrés les juifs de Suze, avec Mardochée et Esther pendant que la juive devenue reine, se préparait à obtenir du sévère Assuérus une audience favorable. Heureusement pour nos jeûneurs villageois que la journée du 14 Adar, qui correspond à fin février ou au commencement de mars, est assez courte ; et pourtant on l’a passablement allongée, attendu qu’il n’est permis de rompre le jeûne qu’une heure après la nuit close. Et pourquoi cela ? Parce que l’on inaugure le Pourim par la lecture faite en pleine synagogue, du livre d’Esther ; cette lecture ne peut commencer que lorsque le jour a complètement disparu, et elle dure au moins une bonne heure.
Entrons au temple. La kehila (communauté) tout entière est assemblée. Des cierges dits cierges de Pourim éclairent l’édifice sacré. Les hommes sont debout derrière leurs pupitres ; les femmes, dans des tribunes à elles réservées ; tous les gamins de la kehila sont rangés sous les yeux de leurs parents et tiennent dans leurs mains de superbes marteaux de bois tout frais fabriqués. En face du hazan, sur l’estrade sacrée se trouve étendu un rouleau de parchemin que le schamess déroulera tout à l’heure devant lui, au fur et à mesure qu’il en sera besoin. Sur ce parchemin se trouve écrit en caractères manuscrits le livre d’Esther appelé encore Méghila. Chacun des fidèles a devant soi un rouleau du même genre.

La lecture de la Meghila

Soudain le ministre-officiant, sur un ton particulier et traditionnel, commence la lecture. Avec quel art le hazan sait interpréter les passages les plus saillants ce curieux et piquant récit ! Avec quel talent il en sait rendre toutes les intentions, toutes les nuances ! semblable en cela à quelque excellent acteur commentant de la voix et du geste les moindres paroles de son auteur. Arrive-t-il à l’endroit de la Meghila où, en parlant du festin donné par Assuérus à tous les grands de la cour, l’auteur sacré raconte que le vin le plus généreux circulait dans les coupes d’or, et que «ces coupes étaient plus riches les unes que les autres» (Esther 1:7), la voix du hazan, en prononçant ces derniers mots, devient triste et mélancolique. Ces coupes en effet n’étaient-elles pas celles-là mêmes, que les rois d’Assyrie avaient autrefois pillées dans le temple de Jérusalem ?
Avec quelle malice, au contraire, et quelle verve comique, il lit la scène fameuse de la déconvenue d’Haman, scène qui devrait servir de leçon à tous les courtisans : Le roi avait trop longtemps laissé sans récompense le dévouement du juif Mardochée, qui l’avait jadis soustrait aux coups de deux conspirateurs. Il mande Haman, ministre favori et tout-puissant, pour lui demander ce qu’Assuérus pourrait bien faire pour celui qu’il voudrait combler du plus insigne honneur.

«Haman se dit, dans son coeur : « Qui le roi peut-il songer d’honorer ainsi, si ce n’est moi ?» Et il dit au prince : «L’homme que le roi veut honorer… il faut le revêtir des habits royaux, et lui faire monter le cheval que le roi montait lui-même le jour de son couronnement, et le grand maréchal du palais conduisant le cheval par la bride, parcourra les places de Suze en criant : Voilà ce que l’on fait à l’homme que le roi veut honorer !» Et le roi dit à Haman : «Vite, prends les habits royaux et le cheval du roi, et fais ce que tu as dit au juif Mardochée, qui est assis à la porte du palais ; que rien ne manque à ce que tu as dit.» (Esther 6:6-10)
Haman, pris ainsi dans son propre piège, dut s’exécuter, sans mot dire. Et il faut entendre le hazan quand, remplissant le rôle plaisamment ridicule d’Haman, il crie, devant son public de village enthousiasmé, le fameux : « Voilà ce que l’on fait à l’homme que le roi veut honorer ! » (Esther 6:11)
Et plus loin, quand Haman, dénoncé au roi par Esther, veut profiter de l’absence momentanée du roi de la salle du festin, pour solliciter sa grâce aux pieds d’Esther, et que le roi, en rentrant soudain, s’écrie, en voyant Haman incliné vers le divan de la reine : «Comment, oserait manquer de respect à la reine dans mon palais ?» (Esther 7:8). Ces derniers mots, le hazan les prononce sur un ton de jalousie dédaigneuse et de despotisme conjugal, qui, dans cette grave réunion, fait sourire les maris et frémir les femmes.

Les marteaux

Est-ce là tout ? et cette lecture n’offre-t-elle pas d’autres incidents ? Il en est encore un surtout, qu’il est de notre devoir d’historien de mentionner. Vous n’avez pas oublié nos gamins armés de marteaux de bois ? Ils se sont tenus là, suivant avec la plus minutieuse attention la voix du hazan, et à chaque fois qu’il a prononcé le nom d’Haman, fils d’Amdatha, vous les auriez pu voir, comme un seul homme, se courber à terre et faire pleuvoir, sans trêve ni merci, au moins pendant cinq minutes, sur le plancher de la synagogue, d’innombrables coups de marteau. Tous ces coups sont censés retomber sur Haman ; c’est un tribut régulier que la jeunesse juive de nos villages lui paie, chaque année, avec la même monnaie. Et si depuis plus de deux mille deux cents ans qu’on lui inflige cette punition, l’ancien ministre d’Assuérus n’en a pas le dos aplati, il faut convenir que la faute n’en est pas à ses jeunes ennemis, et qu’il a les épaules solides.
La lecture de la Méghila terminée, on rentre chez soi pour rompre le jeûne, et le Pourim est commencé.

La matinée du Pourim

Le lendemain, à l’office du matin, le hazan relit la Méghila avec le même cérémonial et les mêmes inflexions de voix ; et les infatigables ennemis du fils d’Amalec, à certains moments donnés, frappent de plus belle le dos imaginaire d’Haman, et chantent en chœur avec le hazan, ce verset du livre d’Esther : «Et l’on pendit Haman au gibet qu’il avait préparé pour Mardochée» (Esther 7:10)

Avant de quitter le temple, la foule ne manque pas de passer devant l’arche sainte, où l’administration a eu soin de faire placer deux urnes portant, l’une, l’inscription de machzé hasekel, l’autre, celle de mavet Pourim. Dans la première, les fidèles déposent une valeur de 25 centimes à peu près ; cet argent sera envoyé aux pauvres israélites de la Palestine. Dans l’autre, chacun dépose une somme proportionnée à ses moyens ou à sa bonne volonté ; elle est destinée aux frères nécessiteux de la localité même. C’est encore et toujours le même esprit de solidarité que nous avons signalé et admiré ailleurs. Les Juifs, dans leurs jours de joie, n’oublient jamais leurs coreligionnaires malheureux !

Et, maintenant, règne partout le bruyant et joyeux Pourim. Aujourd’hui, bien que la loi ne défende aucun travail, on laisse là les affaires ; et en attendant le grand repas de Pourim, qui aura lieu le soir, et dont nous parlerons tout à l’heure, on a mille et mille moyens de passer gaîment la journée. De toutes les maisons juives, quelque modeste que soit la fortune de leurs habitants,s’exhalent de délicieux fumets de pâtisseries de toutes sortes ; les gâteaux, dits gâteaux de Pourim, consistent en babas, en beignets, en gaufres, dont un chacun fait son déjeuner. Puis, si le temps le permet, les jeunes gens sortent du village pour jouer au bouchon, tandis que les jeunes filles font un brin de  toilette et vont jacasser à droite et à gauche. Et la matinée se passe ainsi.

L’après-midi ; le Schlach Moness

L’après-midi est consacrée aux courses du schlach moness. Qu’est-ce que le schlach moness ? On va le voir. la meghila nous a appris que, dans l’excès de la joie que leur avait causée leur miraculeuse délivrance, les Juifs de Suze «s’envoyèrent réciproquement des présents», et le texte ajoute que Mardochée et Esther ordonnèrent  à tous les Juifs d’en agir ainsi à perpétuité, en commémoration du Pourim. Donc, cet ordre est encore aujourd’hui observé, à la lettre, dans nos villages. Voyez ces jeunes filles allant et venant, en habits de fête, et portant très gracieusement, dans leurs mains, des assiettes en faïence verte ou brune, recouvertes d’une blanche serviette. Ce sont les filles de la bourgeoisie qui apportent réciproquement, dans les familles, le schlach moness ou cadeaux. Ces cadeaux consistent en confiseries et bonbons de toute nature, fabriqués à Colmar ou à Strasbourg, selon qu’on demeure dans le Haut ou le Bas-Rhin, et arrivés tout frais, le matin même, au village.
Comme choix de cadeaux de ce genre, la tradition ne permet que très peu d’innovations, et les dons innombrables qui se font ainsi en ce jour, de bourgeois à bourgeois du moins, ne sont autre chose, si l’on veut me permettre cette expression, qu’une variation infinie sur un même thème ; ce thème est un gâteau de Savoie affectant tour à tour, avec plus ou moins de grandeur dans les proportions, la forme d’un melon à tranches bien marquées, d’un dôme, d’une étoile, d’un cercle, d’un cône ou d’une pyramide. Cet usage permet, on même temps, de faire, d’une manière délicate et sans les blesser, l’aumône à des pauvres d’une certaine classe : Ceux-ci, en vertu de la joie de commande régnant ce jour en Israël, font, dès la veille, provision d’un schlach moness à leur goût, le portent dans les maisons aisées, et, on rentrant, trouvent toujours sous la serviette de leur assiette quelques pièces d’argent. Les maîtresses de maisons y ont glissé cela après en avoir enlevé, non sans une feinte admiration, le schlach moness consistant, en général, en bonshommes, en pralines, en bottes ou souliers glacés à nœuds rouges, ou encore en bergères, ou en papillotes à devises. En retour de quoi les pauvres ont reçu leurs dons. C’est ce qu’a ordonné, on se le rappelle, le livre d’Esther.

Le repas du soir – Un plat de rigueur

Mais le jour a baissé, la nuit est survenue, et dans chaque maison aisée se prend et se donne maintenant le repas de Pourim. Il y a là comme deux actes bien distincts. – Dans le premier, on ne voit apparaître que la famille se régalant d’un dîner confortable. Au second, c’est le festin proprement dit. « Ils (Mardochée et Esther) ordonnèrent à tous les Juifs de faire en ce jour des festins» (Esther 9:22). Le second service ne se sert qu’à neuf heures, alors que sont arrivés les convives de rigueur : étrangers, amis, voisins et quelques personnages ­officiels faisant, ces derniers, leur apparition dans toutes les maisons riches.
A ce second service figure un plat indispensable, dit le Plat d’Haman, ou tout simplement le haman. Ce plat consiste on un morceau de bœuf fumé très gras et très gros. Tout bon croyant est tenu de le faire servir à sa table, et tout convive présent, d’en goûter. Le hazan, les aides-chanteurs, l’ins­tituteur, le schamess arrivent à un moment donné, s’attablent, rompent la croûte, choquent le verre, et ensuite se lèvent pour en faire autant dans maintes et maintes maisons. Comme fonctionnaires publics, ils n’appartiennent à personne en particulier, et se doivent à tout le monde.

Masques

A un certain moment aussi, la maison, dont les portes hospitalières restent toutes grandes ou­vertes, est envahie par un flot de jeunes gens déguisés. Ils viennent chanter une chanson de circonstance dont le pauvre Haman fait tous les frais ; puis avec l’autorisation du maître de la maison, quelques masques se détachent du groupe pour donner une représentation dramatique.

Deux représentations dramatiques

On se range et la troupe ambulante vous joue très proprement les deux pièces d’usage, l’une, toute de circonstance, l’autre, essentiellement juive. La première est l’histoire découpée en actes de la délivrance des Juifs par Esther et Mardochée et à laquelle la fête présente donne un singulier à-propos ; la seconde a pour sujet le sacrifice d’Isaac, selon le récit de la Bible. Les acteurs qui représentent les différents personnages historiques, se laissent aller à leur verve et à leur entrain. Il faut voir arriver Mardochée revêtu des insignes de la royauté, monté sur un camarade faisant le rôle du cheval, et précédé d’un autre, jouant Haman déconcerté et s’écriant en hébreu et d’une voix qu’étoffent la honte et le dépit :« Voilà ce que l’on fait à l’homme que le roi veut honorer !» (Esther 6:11).
Quel moment aussi que celui où Abraham étend la main pour immoler, avec un immense couteau de bois, son fils Isaac étendu sur une chaise et garrotté, et quand l’acteur représentant l’ange du Seigneur accourt, non pas du haut du ciel, mais du fond du corridor où il s’était tenu caché, quand il accourt avec ses ailes de papier blanc cousues aux épaules, et s’écrie, cette fois on patois judaïco-alsacien, et sur un. ton qu’il s’efforce de rendre solennel : «Ne porte pas la main sur ton fils, et lui fais aucun mal ; je suis convaincu que tu crains Dieu, puisque tu ne lui as pas refusé ton fils unique ! » (Genèse 22:12).

Les applaudissements alors retentissent dans la salle ; on régale la jeune troupe, on lui distribue d’immenses tranches d’Haman qu’elle dévore avec une sainte gloutonnerie ; les verres se vident et se remplissent aussitôt et la joie se prolonge jusqu’à une heure avancée dans la nuit, et ainsi se trouvent mises à exécution les recommandations finales de la Meghila :

«Mardochée ordonna à tous les juifs de célébrer tous les ans le quatorzième et le quinzième jour du douzième mois, en commémoration de ce qu’en ces jours, les Juifs ont eu raison de leurs ennemis ; que les jours de douleur se sont changés en jours de fête, et il recommanda d’en faire des jours de joie et de festin» (Esther 9:20-22).
Dans chaque maison, les festins ont été si abondants, qu’ils défraient largement encore le jour suivant ; de là, dans le pays, cette maxime : « Voulez-vous voyager ? Que ce soit au lendemain du Pourim. » En d’autres termes : ce jour-là vous trouverez partout en Israël, joyeuse humeur et bons reliefs.

22 février – Fête de la Chaire de St Pierre

20 février, 2012

http://missel.free.fr/Sanctoral/02/22.php

22 février – Fête de la Chaire de St Pierre

Sommaire :

  Historique
  Homélie de Saint Léon le Grand

Historique
Il convient ici de rappeler que la chaire est le siège éminent réservé à l’évêque lorsqu’il préside une assemblée. Il importe peu de savoir s’il y eut jamais, à Rome, une chaire regardée comme la vraie chaire de saint Pierre, mais il faut souligner que l’on y fit grand cas de chaires qui rappelaient le magistère suprême de Pierre que, dès le IV° siècle on célébrait par une fête particulière, Natale Petri de Cathedra, fixée au 22 février.
On se souvient que les anciens Romains, comme en témoignent les vestiges du Cœmeterium Maius, creusaient dans le tuf des sièges qui, aux banquets funéraires (refrigeria), symbolisaient la présence du défunt et sur lesquels ils déposaient de la nourriture. Jusqu’au V° siècle, les chrétiens, dans un tout autre esprit, poursuivirent ces usages et attribuèrent la nourriture déposée aux pauvres. Cette célébration pour les défunts se déroulait au 22 février ; les anciens gallicans qui refusaient toute festivité pendant le Carême qui, parfois, était déjà commencé le 22 février, la reportèrent au 18 janvier, ce qui explique les deux fêtes de la Chaire de saint Pierre dont un scribe besogneux du diocèse d’Auxerre fit maladroitement de la deuxième une fête de la Chaire de saint Pierre à Antioche. Ces antiques fêtes de la Chaire de saint Pierre furent remises à l’honneur par Paul IV, en 1547, qui, par la bulle Ineffabilis, décréta que l’on célébrerait désormais la chaire de saint Pierre à Rome le 18 février et celle d’Antioche le 22 février. La réforme du calendrier par Paul VI n’a laissé qu’une seule de ces fêtes, le 22 février, qui les conjugue toutes les deux.
Le meuble de bois et d’ivoire que renferme la Gloire du Bernin, loin de pouvoir être réputé la vraie chaire de saint Pierre, fut offert au pape Jean VIII par Charles le Chauve, sans doute pour son couronnement impérial, à la Noël 875 : comme on peut le voir sur la reproduction qui se trouve dans le musée historique de la sacristie, le buste de l’Empereur est représenté au centre de la partie transversale horizontale du tympan ; les plaques d’ivoire qui datent du troisième ou du quatrième siècle, grossièrement assemblées, montrent les douze travaux d’Hercule et des animaux fantastiques.
Alexandre VII Chigi ordonna que l’on mît la prétendue chaire de saint Pierre dans l’abside de la basilique (3 mars 1656) pour que les fidèles pussent la vénérer. Depuis 1667, la chaire de saint Pierre ne fut exposée qu’une seule fois, en 1867, pour le dix-huitième centenaire du martyre des saints apôtres Pierre et Paul.
Gloire du Bernin, faite de marbres colorés, de bronze et de stuc dorés, montre le trône pontifical qui, porté par les nuées, descend du ciel comme la nouvelle Jérusalem, au grand émerveillement des docteurs dont il est bon de souligner qu’ils ne la soutiennent pas mais en reçoivent les splendeurs. Portant le regard de haut en bas, le spectateur est progressivement emporté de la terre vers la lumière céleste ; les marbres sont la terre, où le regard est limité par les deux colonnes de marbre précieux, tandis que le ciel ne connaît aucune limite. Le lien entre la terre et le ciel se fait par les quatre docteurs émerveillés par la vérité que le Seigneur a révélée et qu’enseigne l’Eglise par le magistère de Pierre (saint Augustin, mitré, et saint Jean Chrysostome, tête nue, d’une part et, d’autre part, saint Ambroise, mitré, et saint Athanase, tête nue). La mître de saint Ambroise, comme celle de saint Augustin, mesure 1,80 mètre de haut. Sur le dossier de la chaire, le Seigneur communique à saint Pierre le pouvoir de paître ses ouailles. Au sommet de la chaire deux anges présentent la tiare et les clefs. Le Saint-Esprit, figuré sous la forme de la colombe, irradie le trône du pontife romain de lumière divine. La colombe est haute de 95 centimètres et ses ailes ont 1,75 mètre d’envergure.

Homélie pour l’anniversaire de son sacre épiscopal (IV 2-3)
Dans tout l’univers, Pierre seul est choisi pour présider à la vocation de tous les peuples, à la direction de tous les Apôtres et de tous les Pères de l’Eglise. Ainsi, bien qu’il y ait dans le peuple de Dieu beaucoup de prêtres et beaucoup de pasteurs, Pierre en personne les gouvernerait tous, alors que le Christ les gouverne aussi à titre de chef. Dieu a daigné remettre à cet homme une grande et admirable participation à sa puissance. Et s’il a voulu que les autres chefs aient quelque chose de commun avec lui, tout ce qu’il n’a pas refusé aux autres, c’est toujours par lui qu’il le leur a donné.
Le Seigneur demande à tous les Apôtres quelle est l’opinion des hommes à son sujet. Et ils disent tous la même chose aussi longtemps qu’ils exposent les doutes venus de l’ignorance humaine.
Mais lorsque le Seigneur exige de connaître le sentiment des disciples eux-mêmes, le premier à confesser le Seigneur est celui qui est le premier dans la dignité d’Apôtre. Comme il avait dit : « Vous êtes le Messie, le Fils du Dieu vivant », Jésus lui répondit : « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révété cela, mais mon Père qui est aux cieux. » C’est-à-dire : Heureux es-tu parce que c’est mon Père qui t’a enseigné ; l’opinion de la terre ne t’a pas égaré, mais c’est une inspiration céleste qui t’a instruit ; et ce n’est pas la chair et le sang, mais celui dont je suis le Fils unique qui t’a permis de me découvrir.
« Et moi, dit-il, je te le déclare », c’est-à-dire : de même que mon Père t’a manifesté ma divinité, de même moi, je te fais connaître ta supériorité. « Tu es Pierre », c’est-à-dire : moi, je suis le rocher inébranlable, la pierre d’angle, qui fais l’unité de deux réalités séparées, le fondement tel que nul ne peut en poser un autre ; mais toi aussi, tu es pierre, car tu es solide par ma force, et ce que j’ai en propre par ma puissance, tu l’as en commun avec moi du fait que tu y participes.
« Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » Sur cette solidité j’érigerai un temple éternel, et la hauteur de mon Église, qui doit la faire pénétrer dans le ciel, s’élèvera sur la fermeté de cette foi.
Les puissances de l’enfer n’arrêteront pas cette confession, les liens de la mort ne l’enchaîneront pas : car cette parole est une parole de vie. Et de même qu’elle porte jusqu’au ciel ceux qui la confessent, de même plonge-t-elle dans les enfers ceux qui la refusent.
C’est pourquoi il est dit à saint Pierre : « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ; tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les Cieux. »
Sans doute, la possession de ce pouvoir a passé encore aux autres Apôtres et l’institution née de ce décret s’est étendue à tous les chefs de l’Eglise. Mais ce n’est pas en vain que ce qui doit être signifié à tous est confié à un seul. En effet, ce pouvoir est remis à Pierre personnellement, parce que Pierre est donné en modèle à tous ceux qui gouvernent l’Église.
Saint Léon le Grand

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