Homélies du 1er dimanche de carême B
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Homélies du 1er dimanche de carême B
Gn 9, 8-15 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15
Retour aux racines de notre histoire, retour à la source du baptême, le carême est une chance à saisir, une épreuve à risquer. Cette quarantaine spirituelle n’est pas une mise à l’écart, mais bien une cure de santé, un bain de vérité, une redécouverte de l’essentiel. Une remise à neuf.
« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Opération retournement !… Se détourner des idoles et des chemins sans issue, fuir les mirages fascinants mais trompeurs, opérer un demi-tour et se trouver face à celui qui nous apprend à vivre. Une Bonne Nouvelle à recevoir dans la foi, à incarner dans le quotidien, à répandre autour de soi.
L’heure est au renouvellement de l’alliance conclue au baptême et qui nous rappelle les épousailles de Dieu avec la création tout entière après le drame du déluge. Promesse de bienveillance et de fidélité. C’est la fin des « hostilités ». L’arc « qui rassasie sa corde de flèches » (Hab 3, 9) sera pendu, inoffensif, au plafond du ciel. Souvenir et garantie, comme les ex-voto sur les murs du temple.
Miséricorde, pardon et patience de Dieu, offerts aussi au baptême pour qui accepte de « s’engager envers Dieu avec une conscience droite ». Guérison, liberté et salut, donnés à qui épouse le Christ, ses projets et sa destinée, pour participer ainsi à sa résurrection. Une alliance et le début d’une aventure d’amour.
Ni magie cependant, ni miracle, ni lune de miel quotidienne… Un pèlerinage où se côtoient la faiblesse et le pardon, l’enthousiasme et le découragement, la soumission et la révolte, l’exaltation des certitudes et le lancinement du doute. Un temps de combat, de foi et d’espérance, de tentation et de conversion.
Nous n’avons pas d’autre existence ni d’autre choix. Pardonnés et libérés par le baptême dans l’eau et dans l’esprit, plongés dans la mort du Christ et ressuscités avec lui, il nous faut encore chaque jour renouveler et vivre l’alliance, subir l’assaut d’un orgueil toujours renaissant, le chant troublant des sirènes, le charme enivrant des publicités du monde, l’attrait envoûtant des idoles de l’argent, du plaisir, du pouvoir.
Jésus n’a pas échappé à cette périlleuse aventure et aux pièges quotidiens de notre route. A peine baptisé, l’Esprit le pousse au désert, ce lieu traditionnel qui évoque le silence propice à la méditation, à la prière et au jeûne qui l’accompagne. Lieu évocateur aussi de la fidélité à Dieu et de l’affrontement avec l’esprit du mal qui hante l’endroit où l’on envoie le « bouc émissaire ». Parfaitement homme, le Christ n’a pas été épargné.
Symbole et réalité, le carême s’offre à nous comme un temps de lucidité et de vérité, de prière et de purification. Au cœur de nos lassitudes et de nos médiocrités, voici une pressante invitation au retour à l’essentiel, un nouvel apprentissage de l’Evangile, une remise à neuf de l’alliance conclue au baptême.
Le carême n’est pas d’abord ni uniquement pénitence. Il est conversion jusqu’au changement de mode de vie. Il est une redécouverte du message évangélique, la chance de pouvoir re-choisir la route inaugurée au baptême. Se convertir et croire à la Bonne Nouvelle qu’est Jésus Christ, c’est infiniment plus et mieux qu’un ensemble de courageuses privations, un partage matériel généreux et un bienfaisant supplément de prière. Se convertir et croire, c’est oser confronter ses choix, ses options, son style de vie avec l’Evangile et opter pour de nouveaux comportements. Une opération vérité, un retournement qui peut faire mal, mais aussi l’épanouissante libération des démons de l’avoir et du pouvoir, qui nous font bien mal utiliser nos richesses.
Avec le psaume 24, la liturgie nous offre une belle prière : « Rappelle-toi Seigneur ta tendresse. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse. Enseigne-moi tes voies. Fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. »
Aujourd’hui encore retentit l’appel à une vie renouvelée : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Ecouterons-nous la voix du Seigneur ?
P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008
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