Archive pour le 25 février, 2012

-Mat-04,01 Tentation_et_ liberte

25 février, 2012

 -Mat-04,01 Tentation_et_ liberte dans images sacrée 15%20BOTICELLI%20TEMPTATION%20OF%20CHRIST%20STONES%20IN%20B
http://www.artbible.net/3JC/-Mat-04,01-Temptation_and_freedom_Tentation_et_%20liberte/slides/15%20BOTICELLI%20TEMPTATION%20OF%20CHRIST%20STONES%20IN%20B.html

Premier Dimanche de Carême: L’Alliance de Dieu avec tous les êtres vivants

25 février, 2012

http://www.scourmont.be/Armand/chapters/2009/090301-alliance-ts-vivants.htm

Chapitre du 1 mars 2009

Premier Dimanche de Carême

L’Alliance de Dieu avec tous les êtres vivants

            Le 9ème chapitre du livre de la Genèse – dans son récit mythologique du déluge — propose une nouvelle voie de communion.  La logique destructrice des empires mésopotamiens, faite d’agressions, d’oppressions, d’exploitation de l’homme par l’homme avait conduit à la punition du déluge. Après quoi Dieu établit une alliance avec ce qui reste de l’humanité et cette alliance s’exprime dans la promesse : « Il n’y aura plus de déluge » — promesse scellée par l’arc-en-ciel. C’était la fin – ou en tout cas c’aurait dû être la fin – de la religion de la peur, remplacée par la certitude de l’amour de Dieu pour l’humanité. Cette alliance primordiale de Dieu, toujours valide, a été faite en effet avec l’humanité dans son entièreté et non avec un peuple « choisi ». Elle est antérieure au choix d’Abraham, d’Isaac et de Jacob et à l’apparition du peuple d’Israël.
            Noé est le représentant de l’humanité entière dans cette Alliance.  Il apparaît comme le juste par excellence, dont la justice lui vaut d’échapper à la ruine d’un monde condamné et de réconcilier avec Dieu la terre et ses habitants.  Son histoire sera réinterprétée par la tradition sapientielle (le Siracide et le Livre de la Sagesse en particulier), qui élaboreront sur sa base le thème du « Reste ».  Noé est le type de ce « reste », qui constitue à lui seul le peuple juste et qui préfigure le Juste par excellence, le Messie, qui sauvera le Monde du désastre comme Noé l’avait fait. Le Livre de la Sagesse parle, dans un langage très poétique (14,6), de « l’espoir de l’univers [qui] se réfugia sur un frêle esquif… et laissa au monde le germe d’une génération nouvelle ». Noé est mentionné plus d’une fois dans le Nouveau Testament, en particulier dans la Lettre aux Hébreux (11,7) qui le présente comme le juste qui crut sur la seule garantie de la Parole de Dieu
            Cette Alliance de Dieu est présentée, dans le récit de la Genèse, comme une alliance non seulement avec Noé et ses fils, mais aussi avec tous les êtres vivants — oiseaux, animaux domestiques, bêtes sauvages.  Cela montre bien à quel point la vie est importante pour Dieu.  De même, dans la seconde lecture, Pierre nous dit que le Christ, après avoir été mis à mort a été rendu à la vie et est allé proclamer son message à ceux qui étaient prisonniers de la mort depuis le temps du déluge. 
            De nos jours, face au danger de plus en plus grand et quasi irréversible que les hommes font courir à la planète, se développe au sein de l’humanité une certaine conscience écologique.  Cette conscience écologique est généralement fondée presque uniquement sur la crainte d’une catastrophe planétaire.  Or, on pourrait trouver un fondement biblique et théologique de cette préoccupation écologique dans l’ Alliance faite entre Dieu et tous les vivants après le déluge.  Les hommes ont constamment rompu cette alliance, à laquelle Dieu a été fidèle.  D’où le besoin d’une conversion.  Le souci de sauver la planète de notre gaspillage est un appel à une conversion à la fois personnelle et collective dans l’usage que nous faisons des ressources naturelles.
            Dans l’Évangile d’aujourd’hui, avec la manifestation de Jésus lors de son baptême, une page importante est tournée dans la vie de Jean-Baptiste.  Il peut désormais disparaître et il est effectivement enlevé et mis en prison. Il sera bientôt tué. Une page importante est aussi tournée dans la vie de Jésus et un nouveau chapitre commence dans la vie de l’humanité.  Il y a là pour nous une leçon.  Nous devons savoir reconnaître les tournants importants dans notre vie, aussi bien individuelle que collective.  Souvent la fidélité à notre vocation ou à notre mission nous appelle à mettre le point final à un chapitre, à tourner la page et à commencer décidément le chapitre suivant, comme l’a fait Jésus.  Or, comme il arrive souvent dans les livres imprimés, il peut y avoir une page blanche entre deux chapitres.  C’est le moment du désert, de la tentation, de la lutte contre les bêtes sauvages à l’intérieur comme à l’extérieur de nous-mêmes, mais aussi un moment où il faut savoir reconnaître les anges ou les messagers que Dieu nous envoie pour nous assister, nous conseiller, nous guider.
            Toute la prédication de Jésus et le message qu’il répétera tout au long de sa vie publique, Marc les résume dans l’Évangile d’aujourd’hui en quelques phrases lapidaires : « Les temps sont accomplis — le règne de Dieu est tout proche — convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle ».  La Bonne Nouvelle (Marc 1,1) est celle de la possibilité d’une humanité nouvelle, pratiquant la justice et l’amour et vivant dans la paix.  Cette société nouvelle n’est possible que si les hommes renoncent à l’injustice et à la guerre, ainsi qu’à l’exploitation irrationnelle de la planète; que s’ils se convertissent, c’est-à-dire laissent Dieu transformer leur coeur.
            C’est alors que se réalisera pleinement l’alliance signifiée par l’arc-en-ciel après le déluge lorsque Dieu dit : « J’établis mon alliance avec vous, avec tous vos descendants, et avec tous les êtres vivants qui sont autour de vous.   
            C’est toute l’histoire de cette Alliance de Dieu avec l’humanité que l’Évangéliste Marc fait revivre à Jésus au début de son Évangile, en quelques lignes dont le fil conducteur est le Jourdain, le désert et la Galilée.  Jésus commence la libération de l’humanité par quarante jours au désert rappelant les quarante années de l’Exode.  Il y rencontre la tentation du pouvoir dominateur personnifié sous le nom de Satan.  Il y vit, comme il le fera durant toute sa vie publique, entre les bêtes sauvages, c’est-à-dire les forces qui s’opposeront à sa mission – essentiellement les Scribes, les Pharisiens et les Chefs religieux du Peuple – et les anges, c’est-à-dire les hommes et les femmes qui se feront ses disciples.  On peut également penser que cette présence –alors paisible – des bêtes et des anges près de Jésus au désert est aussi l’anticipation du retour à l’harmonie originelle du paradis terrestre.
            L’arrestation – et bientôt la décapitation – de Jean-Baptiste démontrent que ce n’est là que l’annonce d’une victoire qui est encore loin.  Aussi, les premiers mots de la prédication de Jésus en Galilée seront : « convertissez-vous » – c’est-à-dire renoncez à la tentation du pouvoir – et « croyez à la bonne nouvelle » de la libération.
             Les nombreux foyers de conflits dans notre monde contemporain, engendrés par la soif du pouvoir et le déferlement d’une violence meurtrière en de si nombreux points de la planète montrent bien que les forces du mal et la tentation du pouvoir, personnifiés dans l’Évangile de Marc par « Satan », sont toujours bien vivantes.  Si nous y regardons de près nous verrons sans doute que cette tentation du pouvoir est présente non seulement dans les relations entre les peuples et les nations, mais aussi en chacun de nos cœurs, tout au long de notre vie de tous les jours. 
            En ce début de Carême, demandons à Dieu la lucidité qui nous permettra de reconnaître dans le désert de nos vies toutes les tentations de pouvoir.  Écoutons le message de Jésus nous appelant à nous convertir et à croire à la Bonne Nouvelle utopique d’une harmonie entre les personnes et entre les peuples.  L’instauration définitive de cette harmonie globale, qui nous semble encore si loin, dépendra de la petite contribution que chacun de nous y aura apportée.

Armand VEILLEUX

Homélies du 1er dimanche de carême B

25 février, 2012

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélies du 1er dimanche de carême B

Gn 9, 8-15 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15

Retour aux racines de notre histoire, retour à la source du baptême, le carême est une chance à saisir, une épreuve à risquer. Cette quarantaine spirituelle n’est pas une mise à l’écart, mais bien une cure de santé, un bain de vérité, une redécouverte de l’essentiel. Une remise à neuf.
« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Opération retournement !… Se détourner des idoles et des chemins sans issue, fuir les mirages fascinants mais trompeurs, opérer un demi-tour et se trouver face à celui qui nous apprend à vivre. Une Bonne Nouvelle à recevoir dans la foi, à incarner dans le quotidien, à répandre autour de soi.
L’heure est au renouvellement de l’alliance conclue au baptême et qui nous rappelle les épousailles de Dieu avec la création tout entière après le drame du déluge. Promesse de bienveillance et de fidélité. C’est la fin des « hostilités ». L’arc « qui rassasie sa corde de flèches » (Hab 3, 9) sera pendu, inoffensif, au plafond du ciel. Souvenir et garantie, comme les ex-voto sur les murs du temple.
Miséricorde, pardon et patience de Dieu, offerts aussi au baptême pour qui accepte de « s’engager envers Dieu avec une conscience droite ». Guérison, liberté et salut, donnés à qui épouse le Christ, ses projets et sa destinée, pour participer ainsi à sa résurrection. Une alliance et le début d’une aventure d’amour.
Ni magie cependant, ni miracle, ni lune de miel quotidienne… Un pèlerinage où se côtoient la faiblesse et le pardon, l’enthousiasme et le découragement, la soumission et la révolte, l’exaltation des certitudes et le lancinement du doute. Un temps de combat, de foi et d’espérance, de tentation et de conversion.
Nous n’avons pas d’autre existence ni d’autre choix. Pardonnés et libérés par le baptême dans l’eau et dans l’esprit, plongés dans la mort du Christ et ressuscités avec lui, il nous faut encore chaque jour renouveler et vivre l’alliance, subir l’assaut d’un orgueil toujours renaissant, le chant troublant des sirènes, le charme enivrant des publicités du monde, l’attrait envoûtant des idoles de l’argent, du plaisir, du pouvoir.
Jésus n’a pas échappé à cette périlleuse aventure et aux pièges quotidiens de notre route. A peine baptisé, l’Esprit le pousse au désert, ce lieu traditionnel qui évoque le silence propice à la méditation, à la prière et au jeûne qui l’accompagne. Lieu évocateur aussi de la fidélité à Dieu et de l’affrontement avec l’esprit du mal qui hante l’endroit où l’on envoie le « bouc émissaire ». Parfaitement homme, le Christ n’a pas été épargné.
Symbole et réalité, le carême s’offre à nous comme un temps de lucidité et de vérité, de prière et de purification. Au cœur de nos lassitudes et de nos médiocrités, voici une pressante invitation au retour à l’essentiel, un nouvel apprentissage de l’Evangile, une remise à neuf de l’alliance conclue au baptême.
Le carême n’est pas d’abord ni uniquement pénitence. Il est conversion jusqu’au changement de mode de vie. Il est une redécouverte du message évangélique, la chance de pouvoir re-choisir la route inaugurée au baptême. Se convertir et croire à la Bonne Nouvelle qu’est Jésus Christ, c’est infiniment plus et mieux qu’un ensemble de courageuses privations, un partage matériel généreux et un bienfaisant supplément de prière. Se convertir et croire, c’est oser confronter ses choix, ses options, son style de vie avec l’Evangile et opter pour de nouveaux comportements. Une opération vérité, un retournement qui peut faire mal, mais aussi l’épanouissante libération des démons de l’avoir et du pouvoir, qui nous font bien mal utiliser nos richesses.
Avec le psaume 24, la liturgie nous offre une belle prière : « Rappelle-toi Seigneur ta tendresse. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse. Enseigne-moi tes voies. Fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. »

Aujourd’hui encore retentit l’appel à une vie renouvelée : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Ecouterons-nous la voix du Seigneur ?

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)
1925 – 2008