Archive pour le 21 février, 2012
Prière pour le Carême
21 février, 2012http://viechretienne.catholique.org/prieres/temps-liturgiques/17947-priere-pour-le-careme
Prière pour le Carême
Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur de te désirer ; en te désirant, de te chercher ; en te cherchant, de te trouver ; en te trouvant, de t’aimer ; et en t’aimant, de racheter mes fautes ; et une fois rachetées, de ne plus les commettre.
Seigneur mon Dieu, donne à mon cœur la pénitence, à mon esprit le repentir, à mes yeux la source des larmes, et à mes mains la largesse de l’aumône.
Toi qui es mon Roi, éteins en moi les désirs de la chair, et allume le feu de ton amour. Toi qui es mon Rédempteur, chasse de moi l’esprit d’orgueil, et que ta bienveillance m’accorde l’esprit de ton humilité. Toi qui es mon Sauveur, écarte de moi la fureur de la colère, et que ta bonté me concède le bouclier de la patience.
Toi qui es mon Créateur, déracine de mon âme la rancœur, pour y répandre la douceur d’esprit. Donne-moi, Père très bon, une foi solide, une espérance assurée et une charité sans faille.
Toi qui me conduis, écarte de moi la vanité de l’âme, l’inconstance de l’esprit, l’égarement du cœur, les flatteries de la bouche, la fierté du regard.
Ô Dieu de miséricorde, je te le demande par ton Fils bien-aimé, donne-moi de vivre la miséricorde, l’application à la piété, la compassion avec les affligés, et le partage avec les pauvres.
Saint Anselme (1033-1109), Oratio X
Mercredi des Cendres (22 février 2012)
21 février, 2012http://www.bible-service.net/site/433.html
Mercredi des Cendres (22 février 2012)
Ce jour commence le Carême. Les textes de la Parole de Dieu nous orientent vers le Seigneur, dans un long chemin jusqu’à Pâques. L’Evangile du jour nous indique le sens de ce chemin : c’est une épreuve, une tentation. Mais c’est le Seigneur “ tendre et miséricordieux ” qui appelle et fait revenir à lui (première lecture), à partir du moment où nous disons comme le psalmiste : “ Contre toi, j’ai péché ” (Psaume). Alors, comme St Paul nous le conseille, “ Laissez-vous réconcilier avec Dieu ” (deuxième lecture)
• Joël 2,12-18
Aux Juifs pour qui c’était l’usage d’exprimer l’indignation ou la douleur en déchirant leurs vêtements, le prophète Joël conseille tout bonnement de déchirer plutôt leur cœur, c’est-à-dire de revenir à Dieu par une démarche intérieure (et non pas des rites extérieurs). À l’appui de ce conseil, il rappelle ce que de nombreux passages de la Bible énoncent : “ Revenez à moi… ! ” En effet, le plus grave, pour le prophète Joël, ce ne sont pas les menaces, les conflits, mais l’abandon du Seigneur. Et en même temps, le prophète sait que, malgré l’infidélité du peuple, le Seigneur l’aime et fait tout pour que son peuple revienne à lui. Derrière tout cela, il y a la théologie de l’Alliance : si le peuple revient vers le Seigneur, Dieu pourra revenir lui aussi. Il prend même l’initiative. La fin de ce passage du livre de Joël laisse présager une issue heureuse : Dieu “ s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple ”… Dans la langue hébraïque, le verbe est plus fort et plus imagé : “ Dieu a été saisi aux entrailles ”. C’est très beau, car cela suggère que Dieu éprouve pour son peuple la même tendresse que celle d’une mère.
• Psaume 50
C’est un des rares psaumes qui soit à la fois situé (d’après son titre, il est attribué au roi David après son adultère avec Bethsabée) et universel : ce qu’il évoque concerne chaque homme à chaque époque. En effet, c’est la confession confiante d’un homme pécheur devant Dieu miséricordieux. Cet homme reconnaît son péché multiforme (péché, faute, offense), et en même temps croit en l’amour de Dieu capable de lui “ créer un cœur pur ”, de lui “ rendre la joie d’être sauvé ”. Dieu ne se détourne pas de qui revient vers lui. De fait, recréé par Dieu, soutenu par l’Esprit, l’homme pardonné peut témoigner de la miséricorde du Seigneur.
• Matthieu 6,1-6.16-18
Dans cet Évangile, Jésus commente les trois principales œuvres juives de piété : l’aumône, la prière et le jeûne, en insistant plus sur l’esprit que sur le faire.
Ainsi, il met en garde contre l’ostentation dans la pratique de l’aumône. Il peut être facile d’être généreux et d’aider les autres si nous éprouvons du plaisir à le faire, ou si nous portons le désir secret d’en obtenir aussi bien des marques de reconnaissance que la récompense céleste. Nous risquons alors de nous constituer les premiers bénéficiaires de notre propre générosité !
De même pour la prière, ce qui compte, ce n’est pas de multiplier les gestes extérieurs de la prière commune ou personnelle, mais bien à pénétrer toujours plus profond dans la solitude de notre maison, et dans le silence de nos cœurs, pour y rencontrer notre Père céleste qui nous y attend toujours.
Enfin, ce que dit Jésus du jeûne vaut de toute forme d’ascèse ou de pénitence. Dieu sait ce que nous faisons ou ne faisons pas, et c’est tout ce qui compte. Moins cela est connu des autres, mieux c’est.
Jésus invite donc ses disciples à agir, non pas en fonction de ce que les autres pensent ou disent, mais simplement en fonction du Père céleste.
Ce que Jésus proclame dans l’Évangile d’aujourd’hui c’est : “ Tenez-vous debout sur vos propres pieds ”. Et surtout : “ Tenez-vous debout devant votre Père. N’agissez pas pour être admirés; et n’estimez pas votre valeur personnelle à partir de ce que les gens pensent de vous. ” En bref, ces pratiques de piété, Jésus nous invite à les vivre en ce Carême, non comme des actes de compétition ou de bravoure, mais comme des chemins pour se laisser réconcilier par Dieu, comme l’écrivait St Paul.
par Benoît XVI sur le mercredi des cendres (2010)
21 février, 2012BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 17 février 2010
Mercredi des Cendres
Chers frères et sœurs!
Nous commençons aujourd’hui, mercredi des cendres, le chemin du carême: un chemin qui dure quarante jours et qui nous conduit à la joie de la Pâque du Seigneur. Sur cet itinéraire spirituel, nous ne sommes pas seuls, car l’Eglise nous accompagne et nous soutient dès le début à travers la Parole de Dieu, qui contient un programme de vie spirituelle et d’engagement pénitentiel, et avec la grâce des Sacrements.
Les paroles de l’apôtre Paul nous offrent une consigne précise: « Nous vous exhortons encore à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu [...] Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 1-2). En vérité, dans la vision chrétienne de la vie, chaque moment doit se dire favorable et chaque jour doit se dire jour de salut, mais la liturgie de l’Eglise rapporte ces paroles d’une façon toute particulière au cours du temps de carême. C’est l’appel qui nous est adressé à travers le rite austère de l’imposition des cendres et qui s’exprime, dans la liturgie, par deux formules: « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile! » « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » qui nous fait justement comprendre que les quarante jours de préparation à Pâques doivent être un temps favorable et un temps de grâce.
Le premier appel est à la conversion, un mot qu’il faut prendre dans son extraordinaire gravité, en saisissant la surprenante nouveauté qu’elle libère. L’appel à la conversion, en effet, met à nu et dénonce la superficialité facile qui caractérise très souvent notre façon de vivre. Se convertir signifie changer de direction sur le chemin de la vie: non pas à travers un simple ajustement, mais à travers une véritable inversion de marche. La conversion signifie aller à contre-courant, le « courant » étant le style de vie superficiel, incohérent et illusoire, qui nous entraîne souvent, nous domine et nous rend esclaves du mal, ou tout au moins prisonniers d’une médiocrité morale. Avec la conversion, au contraire, on vise le haut degré de la vie chrétienne, on se confie à l’Evangile vivant et personnel, qui est le Christ Jésus. Sa personne est l’objectif final et le sens profond de la conversion, Il est le chemin sur lequel tous sont appelés à marcher dans la vie, se laissant éclairer par sa lumière et soutenir par sa force qui fait avancer nos pas. De cette façon, la conversion manifeste son visage le plus splendide et fascinant: il ne s’agit pas d’une simple décision morale, qui rectifie notre conduite de vie, mais d’un choix de foi, qui nous touche entièrement dans la communion intime avec la personne vivante et concrète de Jésus. Se convertir et croire à l’Evangile ne sont pas deux choses différentes, ou d’une certaine façon uniquement placées l’une à côté de l’autre, mais elles expriment la même réalité. La conversion est le « oui » total de celui qui remet son existence à l’Evangile, en répondant librement au Christ qui s’offre en premier à l’homme comme chemin, vérité et vie, comme celui qui seul le libère et le sauve. C’est précisément là le sens des premières paroles avec lesquelles, selon l’évangéliste Marc, Jésus ouvre la prédication de l’« Evangile de Dieu »: « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1, 15).
L’appel: « convertissez-vous et croyez à l’Evangile » ne se trouve pas seulement au début de la vie chrétienne, mais il en accompagne tous les pas, il demeure en se renouvelant et il se diffuse en se ramifiant dans toutes ses expressions. Chaque jour est un moment favorable et de grâce, car chaque jour nous invite à nous remettre entre les mains de Jésus, à avoir confiance en Lui, à demeurer en Lui, à en partager son style de vie, à apprendre de Lui l’amour véritable, à le suivre dans l’accomplissement quotidien de la volonté du Père, l’unique grande loi de la vie. Chaque jour, même lorsque ne manquent pas les difficultés et les épreuves, la lassitude et les chutes, même quand nous sommes tentés d’abandonner le chemin à la suite du Christ et de nous renfermer sur nous-mêmes, dans notre égoïsme, sans nous rendre compte de la nécessité que nous avons de nous ouvrir à l’amour de Dieu en Christ, pour vivre la même logique de justice et d’amour. Dans le récent Message pour le carême, j’ai voulu rappeler qu’« il faut être humble pour accepter que quelqu’un d’autre me libère de mon « moi » et me donne gratuitement en échange son « soi ». Cela s’accomplit spécifiquement dans les sacrements de la réconciliation et de l’Eucharistie. Grâce à l’amour du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10), la justice de celui qui, dans quelque situation que ce soit, s’estime davantage débiteur que créancier parce qu’il a reçu plus que ce qu’il ne pouvait espérer » (cf. ORLF n. 6 du 9 février 2010).
Le moment favorable et de grâce du carême nous montre sa propre signification spirituelle également à travers l’antique formule: Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière, que le prêtre prononce lorsqu’il impose un peu de cendres sur notre tête. Nous sommes ainsi renvoyés aux débuts de l’histoire humaine, quand le Seigneur dit à Adam, après la faute des origines: « A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol, puisque tu en fus tiré. Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (Gn 3, 19). Ici, la parole de Dieu nous rappelle notre fragilité, et même notre mort, qui en est la forme extrême. Face à la peur innée de la fin, et encore davantage dans le contexte d’une culture qui, de tant de manières, tend à censurer la réalité et l’expérience humaine de la mort, la liturgie quadragésimale, d’une part, nous rappelle la mort en nous invitant au réalisme et à la sagesse, mais, d’autre part, nous pousse surtout à saisir et à vivre la nouveauté inattendue que la foi chrétienne transmet à la réalité de la mort elle-même.
L’homme est poussière et il retournera à la poussière, mais il est une poussière précieuse aux yeux de Dieu, parce que Dieu a créé l’homme en le destinant à l’immortalité. Ainsi, la formule liturgique: « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » trouve la plénitude de son sens en référence au nouvel Adam, le Christ. Le Seigneur Jésus lui aussi a librement voulu partager avec chaque homme le sort de la fragilité, en particulier à travers sa mort sur la croix; mais cette mort précisément, pleine de son amour pour le Père et pour l’humanité, a été le chemin de la glorieuse résurrection, à travers laquelle le Christ est devenu la source d’une grâce donnée à tous ceux qui croient en Lui et participent à la vie divine elle-même. Cette vie qui n’aura pas de fin est déjà en acte dans la phase terrestre de notre existence, mais elle sera portée à son accomplissement après la « résurrection de la chair ». Le petit geste de l’imposition des cendres nous révèle la richesse singulière de sa signification: c’est une invitation à parcourir le temps du carême comme une immersion plus consciente et plus intense dans le mystère pascal du Christ, dans sa mort et sa résurrection, à travers la participation à l’Eucharistie et à la vie de charité, qui naît de l’Eucharistie et dans laquelle elle trouve son accomplissement. Avec l’imposition des cendres nous renouvelons notre engagement à suivre Jésus, à nous laisser transformer par son mystère pascal, pour l’emporter sur le mal et faire le bien, pour faire mourir notre « vieil homme » lié au péché et faire naître l’« homme nouveau » transformé par la grâce de Dieu.
Chers amis! Tandis que nous nous apprêtons à entreprendre l’austère chemin du carême, nous voulons invoquer avec une confiance particulière la protection et l’aide de la Vierge Marie. Que ce soit elle, la première croyante en Christ, à nous accompagner au cours de ces quarante jours d’intense prière et de sincère pénitence, pour arriver à célébrer, purifiés et entièrement renouvelés dans l’intelligence et dans l’esprit, le grand mystère de la Pâque de son Fils.
Bon carême à tous!