NOS FAIBLESSES SONT LA FAIBLESSE DE DIEU

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CAUSERIE : NOS FAIBLESSES SONT LA FAIBLESSE DE DIEU

Nous sommes convoqués à la « tente de la rencontre ». Nous sommes convoqués pour humer maintenant le parfum du pardon de Dieu. Humer le parfum d’une vie réconciliée avec la beauté, d’une vie en forme d’Évangile. Nous sommes convoqués à accroître notre union nuptiale avec l’Époux Jésus jusqu’à rétablir entre nous la beauté « en mettant tout en commun, en ne vivant que d’un seul cœur et d’une seule âme », en ne gardant rien pour soi. Nous sommes convoqués selon la belle expression d’un soufi à « mourir avant de mourir pour ressusciter avant la mort. » Voici l’heure de convertir nos vies pour devenir dans nos personnes des « beautés évangéliques. » Voici l’heure de nous métamorphoser en beauté.
Au terme de cette journée, de cette célébration, je ne vous appellerai plus « mes saintetés» mais je vous dirai «salut beauté» tant «ce n’est plus vous qui vivez mais le Christ en vous ». (Galates 2,4)
Oui, il y a en nous de fausses manières de vivre. Oui, il y a en nous des manières de vivre qui ne sont pas Évangile. Oui, il est possible que cette « vie à réaliser », cette vie qui est de « toute beauté », ne soit pas vécue en beauté. Qu’elle ne soit pas « accomplissement ». Nous passons à coté de la vie. Nous vivons souvent nos vies à coté de la beauté. Un rabbin juif disait que Jésus fut le seul homme à ne pas vivre sa vie sur le bord du chemin.
Quand nous voulons posséder Dieu mais désirons aussi tout avoir- « tout royaume divisé devient un désert » (Lc 11,15-26)- ; quand nous vivons nos vies faussement, en entretenant par nos attitudes, nos comportements des « ampoules aux pieds »; quand nous ne sommes plus éveillés « à ce qui est caché aux sages et aux puissants »; quand nous bougonnons tout le temps, nous nous plaignons, lamentons, avons peur, sommes inquiètes; quand nous avons perdu la ferveur des yeux (Lc 6,39-42); quand nous ne savons plus vivre sans inquiétudes « ne vous inquiétez pas» (Lc12,1-7), quand nous avons perdu l’extase d’être uni à Dieu pour privilégier la boursouflure de notre « moi »; quand nous mangeons ce pain sans devenir du bon pain, nous mutilons la beauté. Nous mutilons l’Évangile.
Ce sont là des « ampoules aux pieds », des signes que nous vivons mal nos vies. Ces « ampoules» nous font mal marcher comme si nous avions une petite roche dans nos souliers que nous n’enlevons pas en espérant qu’elle finisse par se déplacer. Cette petite roche affecte nos comportements, nos manières de vivre entre nous.
Pour réussir une vie évangélique, il faut « beaucoup travailler et ne rien négliger»dit Thérèse d’Avila ouvrant les 5ième demeure. Il faut habiter avec nous-même. Négliger en rien d’entrer en nous-même pour placer nos vies au dessus de ce qui nous arrive, au dessus du mal que nous ne voulons pas mais que nous faisons. Que de soucis extérieurs nous avons et qui nous font refuser l’invitation d’entrer dans la salle de Noces, de revêtir ce vêtement de noces, (Lc5, 33-39) de nous voir remettre cet anneau au doigt, signe que nous sommes les épouses bien-aimées de l’Époux.
Quelle est difficile cette naissance qui ouvre à goûter les délices- le mot est sur toutes les lèvres des mystiques- d’une vie réussie, « accomplissement», d’une vie en forme d’Évangile! Nous sommes plus souvent unis, attachés à des choses éphémères. La vraie vie, la vie de toute beauté exige un détachement constant, un exit pour posséder le vrai Trésor.
Je le répète «il ne s’agit pas» pour bien vivre, pour «bien-être», pour nous donner une vie en forme d’Évangile de «faire des choses mais de les laisser s’accomplir en nous» (Etty Hillesum). Une promesse existe : celle d’une vie à réaliser.
Réaliser cette vie inscrite dans nos gènes passe par cette porte étroite qu’est cette « mort délicieuse» « pleine de délices » (Thérèse d’Avila 5ième demeure) à toutes nos préoccupations pour jouir de Dieu. Je vous convie a un beau combat, Paul dirait, «le beau combat de la foi », le combat d’une vie métamorphoser en divin. Il s’est fait humain pour nous diviniser.
J’ajoute avec une grande conviction- et comme j’aimerais que vous la partagiez, la ruminiez longuement – que nous les faibles, nous qui avons mal à devenir Évangile, qui avons peine à dépasser les événements extérieurs, nous sommes la faiblesse de Dieu. Nos faiblesses sont la faiblesse de Dieu. C’est notre véritable grandeur. Nous sommes tellement la faiblesse de Dieu qu’il s’est fait l’un de nous. Noël est la fête de la faiblesse de Dieu.
Il faut nous remettre à croire à autre chose qu’un Dieu qui veut nous humilier en nous rappelant nos fautes et nos échecs lamentables à réussir à bien vivre. Il faut au terme de cette journée nous remettre à croire à ce désir de Dieu de nous voir, par grâce, métamorphoser en icône de sa beauté. La chenille doit mourir pour devenir papillon. Le ver de terre doit mourir pour devenir de la soie. Dieu nous supplie de mourir à ce qui n’est pas Dieu en nous pour devenir «des dieux».
Il nous supplie d’accueillir son pardon. Il est le plus généreux de tous les donateurs de l’Histoire. Par son Incarnation, un «événement perturbation» s’il en est un, Dieu est « venu nous immerger au-delà de nous-même dans son essence divine. »(Ruysbroeck) Désormais «nous vivons sous le signe de la liberté» (Rm)
Il y a un mot qui revient souvent dans la bouche de Jésus- un mot qu’il semble privilégier tant il l’utilise à toutes les occasions- c’est celui d’hypocrite. Oui, il se peut qui nous vivions mal nos vies et que se fasse sentir en nous un besoin de la convertir en « plénitude de vie », en vie de toute beauté.
La ferveur des yeux est l’une des caractéristiques d’une vie en beauté. Jésus avait un sens inégalé du regard. Il a vu clair. La ferveur est yeux est le signe que nous voyons clair sur nous-même, sur notre manière de vivre entre nous l’Évangile, sur notre l’intensité ou pauvreté de notre union à Dieu. Georges Bernanos écrivait : « ce que la voix peut cacher, le regard le livre »
Notre entrée dans cette «vie à réaliser», dans le Royaume passe par une conversion, une rupture avec nos subtils regards d’envie, de jalousie, de jugement, d’impatience sur l’autre. « Il a enlevé la haine de nos regard, dans nos cœurs».
La ferveur du regard nécessité la cessation complète de «lier» les autres de tous les péchés du monde. Ce regard là n’est pas lumineux. Quelles rapidités nous avons pour projeter sur les autres des regards embrouillés par nos propres poutres ? Un regard lumineux nous fait «baisser les yeux» pour écrire non plus sur le sol mais dans les cœurs « personne ne t’a condamné, moi non plus » « Si notre œil ne contemple pas, il ne verra pas » dit un soufi.
La ferveur des yeux se confirme quand nous offrons aux autres la grâce d’un regard qui relève, qui relance. C’est l’autre nom de l’Amour. La ferveur des yeux, premier ministère de Jésus, fait de nous des « lettres écrites de la main de Dieu »(Paul) pour que nos yeux « rendent compte de l’espérance qui est en Lui. (1 Pi3, 8) Il relève. Il ressuscite.
Cette vie, la nôtre, est tellement belle que Jésus l’a adopté pour l’enrichir de sa manière divine de vivre.

CONCLUSION

En conclusion ces mots de Marie de l’Incarnation qui nous disent dans son langage mystique que le sacrement du pardon est une re-création. :
« Je m’en reviens en notre logis, changée en une autre créature, mais si puissamment changée que je ne me reconnaissais plus moi-même. »
Du temps pour entrer en nous-même. Starets Silouane nous dit
« Dieu ne nous donne pas parce que nous méritons, mais parce qu’il est miséricordieux. »

Une Réponse à “NOS FAIBLESSES SONT LA FAIBLESSE DE DIEU”

  1. daniel dit :

    très bel article que je découvre en furetant sur le net ..
    daniel

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