Aux yeux de la Foi, il n’y a pas de vie ratée ! (Lustiger)
(un ami visiteur m’a écrit sur Lustiger, j’ai lu: » Le choix de Dieu » et je l’ai trouvé très beau, ainsi vous propose écrit du Cardinal que j’ai trouvé sur internet)
Aux yeux de la Foi, il n’y a pas de vie ratée !
Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris
Extrait d’une catéchèse sur la sainteté lors des JMJ à Rome le 18 août 2000
Cette nuit, je me demandais : que vais-je leur raconter ?
Comme d’habitude, j’ai feuilleté mon Nouveau Testament en pensant à vous. Je ne me suis pas laissé décourager par la remarque de saint Jean à la fin de son Évangile : « Jésus a fait encore bien d’autres choses. Si on les écrivait une à une, le monde entier ne pourrait contenir les livres qu’on écrirait » (Jn 21, 25).
Je vous propose de voir qui Jésus désigne comme des saints.
Comment ? Me direz-vous. Il y a des saints dans le Nouveau Testament ? – Certes. Devinez qui. – la Sainte Vierge. – D’accord.- Saint Joseph. -D’accord. – Les apôtres. – Entendu. Et puis ?
En réalité, il y en a une foule immense ! Si pour la sainteté du 21ème siècle – la sainteté de votre génération – il faut chercher un programme, une identification, l’Évangile y pourvoit. Nous trouvons les compagnons qui nous ont précédés, les frères et les sœurs qui marchent en avant de nous ; non qu’ils réalisent un modèle, mais ils tracent un chemin de sainteté, des chemins de sainteté, ceux dans lesquels le Seigneur vous appelle à vous engager, vous, aujourd’hui. Car c’est la sainteté des chrétiens qui fera de ce monde un monde vivable et heureux pour l’homme ; sinon, à nouveau, un enfer ! La sainteté des chrétiens, voilà la question-clé de l’avenir de l’humanité.
Un enfant perdu
Le premier de tous que je vous présenterai va sans doute vous étonner. Je l’ai choisi parce que, en vous voyant, j’ai pensé aussi à un certain nombre de jeunes de la Région parisienne, perdus, paumés, détruits, drogués ; d’autres sont livrés à des violences qu’ils ont subies ou qu’ils commettent. Parmi vos amis, parmi les jeunes que vous côtoyez, peut-être y en a-t-il qui ont sombré de la même façon ; des jeunes dont les éducateurs et les travailleurs sociaux disent : « On ne peut pas faire grand chose pour eux ! »
Dans l’Évangile, il y en a un. Je vous lis le début du chapitre 5 de saint Marc. Jésus a traversé le lac et est allé de l’autre côté, en territoire païen. « Comme il descendait de la barque, un homme possédé d’un esprit impur vint aussitôt à sa rencontre, sortant des tombeaux ».
La force de ce détail est inouïe. Cet homme perdu vit dans les tombes. Cette tentation existe encore aujourd’hui chez des jeunes ou des moins jeunes ; au cimetière du Père Lachaise ou dans d’autres cimetières, des groupes se réunissent, habités par une terrible morbidité.
« Il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. Car il avait souvent été lié avec des entraves et des chaînes ; mais il avait rompu les chaînes, brisé les entraves ; et personne n’avait la force de le maîtriser. Nuit et jour, il était sans cesse dans les tombeaux et dans les montagnes, poussant des cris, se déchirant avec des pierres ».
Voilà un homme perdu. Combien d’enfants perdus dans notre siècle ! Et combien sommes-nous en train d’en fabriquer ? Drogués, prostitués, irrémédiablement blessés dans leur âme ou leur corps, humiliés, affamés ? Faut-il les laisser pour compte, les passer aux profits et pertes ? Faut-il considérer qu’ils sont exclus de tout projet de sainteté?
Lisez la suite du récit. Jésus s’approche et, dans un enchaînement de faits extraordinaires, il commence à vaincre la mort, à faire mourir la mort. Et cet homme, au bout du compte, apparaît habillé, sain, maître de lui et il veut suivre Jésus. À ce moment-là, Jésus lui dit: « Va dans ta maison, auprès des tiens, et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde ». L’homme s’en alla et se mit à proclamer dans cette région (la région païenne des Dix Villes, la Décapole) tout ce que Jésus avait fait pour lui et tous étaient dans l’étonnement, conclut saint Marc.
Les saints ne sont pas forcément des enfants modèles. Ils peuvent être des enfants perdus que Dieu trouve et guérit. Car cet homme était vraiment perdu, prisonnier de lui-même, prisonnier de la mort qui le possédait. Et Jésus l’a trouvé et l’a délivré de la mort. Voilà donc le premier saint et presque le premier évangélisateur d’un pays païen, parce qu’il a été celui à qui cette grâce a été donnée de redevenir vivant par la puissance du Seigneur Jésus Christ.
Dieu fait des vivants à partir des morts; le Christ ressuscite les morts. L’homme mort, c’est celui dont le cœur est mort, dont le cœur est plein de haine, celui qui se détruit lui-même. L’homme vivant, c’est celui qui apprend à recevoir sa vie de Dieu et goûte la joie de vivre en donnant à son tour sa propre vie.
Alors, cet homme de Gérasa, regardez-le. Je voudrais qu’il soit comme le premier des saints du 21ème siècle que nous ayons devant les yeux. Il est celui qui manifeste cette puissance de salut qui est dans le Seigneur.
Le Bon larron
Une phrase m’est venue à l’esprit : Dieu fait des saints avec des pécheurs. Mais le Diable tente de faire des pécheurs avec les saints!
Nous sommes dans un siècle – et le temps qui vient ne diminuera pas cette tendance – où on valorise la réussite. Après tout, cela se comprend- la réussite aux yeux des hommes, celle du savoir, du pouvoir, de la richesse, de la force physique, de la beauté apparente, de la bonne renommée. Bref, tout ce qui flatte le regard que l’homme porte sur lui-même. Lorsque, dans une béatification ou une canonisation, l’Église propose comme exemple et comme modèle de sainteté tel homme ou telle femme qui a vécu par le passé, nous serions tentés de penser que la canonisation est l’équivalent de Paris-Match pour les vedettes, la réussite suprême : devenir une idole pour les cathos!
S’il en est ainsi, le Seigneur n’avait pas pris de leçons de publicité ! En effet, quel est le premier dont la canonisation est absolument assuré ? Le premier qui, à un jour qu’on pourrait dater, a été accueilli dans la communion et l’amour de Dieu avec le Christ ? Nous le connaissons bien, c’est le Bon Larron (Lc 23, 39-43).
Un condamné de droit commun ; on ne sait pas ce qu’il a fait; mais il est condamné par la justice romaine, ce n’est pas rien ! Ils étaient deux condamnés, crucifiés avec Jésus. Vous vous souvenez de la dispute entre ces deux bandits à côté du Seigneur au Golgotha. L’un insultait Jésus en disant: « N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous aussi! ». L’autre de le reprendre: « Tais-toi ! Pour nous, c’est juste; nous recevons ce que nos actes ont mérité (c’est dur, mais c’est comme ça!) mais lui, n’a rien fait de mal » (c’est un innocent, donc respecte-le).
Puis il se tourne vers Jésus et il lui dit: « Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton Royaume ». C’est le plus bel acte de foi qui ait jamais été prononcé. Vous rappelez la réponse de Jésus : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui avec moi, tu seras en paradis » c’est-à-dire ce lieu auprès de Dieu dans l’attente de la résurrection. Cet homme sur la croix, à qui, avant Pierre, avant Marie, avant tout le monde, de telles paroles ont été adressées, est le premier de notre humanité pécheresse à recevoir l’assurance de cette communion pleine et totale et de cette vie en Dieu que le Seigneur sur la croix lui promet.
Pourquoi ? Alors que cet homme est un condamné, justement condamné, il l’a reconnu lui-même (la justice avec le droit romain est une institution des plus respectables, source de progrès et de civilisation dans les sociétés humaines). Pourquoi donc ? Parce que sa vie, une vie perdue, une vie fichue, une vie finie, ne s’achève pas par ces actes qu’il a accumulés et qui l’ont mené à cet échec radical. On ne sait même pas le nom de cet homme ! Sa liberté n’est pas emprisonnée par tout ce qu’il a fait, sa liberté n’est pas close. Dans son cœur, il peut encore poser un geste d’amour qui dépasse tous les refus d’aimer de sa vie, un geste de liberté qui le délivre de toutes les contraintes dont il était lui-même l’auteur, de tous les esclavages dont il a été la source pour lui-même. Il peut encore obtenir de Dieu le pardon des fautes qu’il a commises. Et ce pardon lui donne la plénitude de la vie. La sainteté, c’est précisément cela.
Il faut réfléchir à ce que représente cette histoire du Bon Larron pour vous, au point où vous en êtes. Bien sûr, vous n’êtes pas condamnés de droit commun ! Il est probable que vous n’avez pas commis de crimes graves contre la loi, n’êtes pas recherchés pour des trafics ignobles, n’êtes pas sur le point d’être exécutés parce que la peine de mort a été abolie dans la plupart des pays!
Mais vous vous posez peut-être la question : « Que vais-je faire de ma vie ? Vais-je la réussir? Dès à présent, n’ai-je pas l’impression que ma vie est ratée et que je fais partie du lot des perdants ? » Beaucoup peuvent le penser; même ceux qui, en certains domaines, ont déjà fait la preuve qu’ils étaient capables de réussir. En effet, tout être humain est incertain de lui-même et on peut toujours se demander: « Où vais-je prendre mon assurance ? Que vais-je faire pour tenter de réussir ma vie? » Pensez au souci des parents : « Si tu ne réussis pas tes études, quel métier auras-tu ? Si tu t’engages comme ceci, que vas-tu faire de ta vie? »
Aux yeux des hommes, il n’y a pas de réponse à ce sentiment d’une vie à moitié ratée, aux trois-quarts ratée, qui est à côté de ce qu’elle aurait pu être ; de sorte que tôt ou tard, certains portent en eux une nostalgie inguérissable ou la blessure d’une humiliation impossible à consoler.
Aux yeux de la foi, il n’y a pas de vie ratée, il n’y a pas de vie perdue, il n’y a pas de vie détruite au point qu’elle ne puisse aboutir à sa plénitude. Dieu qui vous aime, chacun, tels que vous êtes, quel que soit le chemin que vous prenez présentement, Dieu veut que vous ne désespériez pas et que vous ambitionniez la plus haute réalisation qu’un être humain puisse ambitionner dans sa vie : être habité par la plénitude de l’amour comme une grâce, comme un don gratuit et sans mesure, qui comble, au-delà de tout, nos désirs les plus fous, nos aspirations les plus grandes et nous délivre de toute servitude.
La veuve et ses deux piécettes
Une autre figure. Lors de son dernier séjour à Jérusalem (Mc 12, 41-44), Jésus s’est assis dans le Temple où il enseigne ; il regarde les foules qui passent mettre des offrandes dans le trésor. Il remarque une veuve, pauvre, qui s’approche et dépose son obole dans le tronc : deux petites pièces. Jésus, appelant ses disciples, fait cette réflexion à haute voix, lui qui lit dans les cœurs et connaît le secret de chacun: « Cette femme, elle a donné plus que tous les autres. Car elle a pris de sa pauvreté pour mettre tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre ». En réalité, avec toutes ses ressources, c’est toute sa vie qu’elle donne à Dieu. Voilà une femme dont on ne sait rien. Pourtant sa vie est la plus belle aux yeux de Dieu.
Deux hommes en prière
Un autre épisode, presque du même ton. Saint Luc (18, 9-14) le présente comme une parabole. Je suis persuadé que Jésus qui a un sens aigu de l’observation, ne l’a pas inventée de toutes pièces ; il a été témoin d’un fait et il le raconte ensuite sous forme de parabole. « Deux hommes montaient au Temple pour prier. L’un était publicain », c’est-à-dire que chargé de lever l’impôt, il en gardait une partie à son profit, légitimement d’ailleurs, mais en tirant au maximum sur les marges… En vérité il était exclu du peuple de Dieu parce qu’il était tenu pour un trafiquant qui abuse du pouvoir. « Et l’autre était un pharisien », quelqu’un qui cherchait à faire le mieux possible. Le publicain reste à distance, au fond et se frappe la poitrine en disant: « O Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Le pharisien, debout, prie en lui-même: « O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes qui sont voleurs, malfaisants, adultères et encore comme ce collecteur d’impôts. Je jeûne deux fois par semaine, je paie la dîme », en un mot, je fais bien toutes choses, je fais tout ce qu’il faut. Jésus dit : « Je vous le déclare, le premier rentre chez lui justifié (c’est-à-dire saint), le second, non. »
Cherchez l’erreur ! Faut-il jouer la comédie et dire: « Je suis pécheur, je suis pécheur » sans savoir si on l’est vraiment, ni pourquoi on le serait ? Quelle est la faute du second et quelle est la justesse du premier ? Pourquoi le publicain est-il tenu pour saint auprès de Dieu et pourquoi le pharisien ne l’est-il pas?
Le publicain, à qui s’adresse-t-il ? A Dieu et il lui demande d’agir: « Prends pitié de moi; sois miséricordieux avec moi, pécheur ». C’est donc sur Dieu que se porte son regard, bien qu’il n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. Il reste comme quelqu’un qui n’ose pas s’avancer vers Dieu, tout en le désirant ; comme quelqu’un qui se sait indigne de l’amour qu’il réclame et n’ose même pas le demander ; comme quelqu’un qui ne sait pas si Dieu va accepter de l’aimer malgré ce qu’il est ; si Dieu va l’aimer au point qu’il pourra l’aider à s’en sortir. Bref, il se tient comme un serviteur devant un maître aimé ; comme un enfant perdu devant le Père des cieux qu’il voudrait bien retrouver.
L’autre qui fait bien toutes choses – et il a raison-, que dit-il à Dieu ? « Je te bénis, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes » et il se raconte: « Je fais ceci, je fais cela il fait sa comptabilité lui-même. Et que lui manque-t-il ? La colonne qu’il n’a pas remplie ! « Qu’est-ce que tu ne fais pas ? Comment te comportes-tu à l’égard de Dieu ? Tu obéis aux commandements, oui ; mais regardes-tu celui qui te donne les commandements ? Tu agis aussi bêtement que le chien qui rapporte le bâton mais ne reconnaît pas celui qui le lui a jeté !
Les commandements trouvent leur sens profond à partir de Celui qui nous les donne. Les commandements sont une loi d’amour. Les observer, c’est aimer celui qui les donne. Jésus lui-même l’a dit : « Si quelqu’un m’aime, il observera mes commandements, ma Parole » (Jn 14, 23). Pour observer les commandements, il faut donc d’abord aimer Jésus et, avec Jésus, aimer Dieu, « son Père et notre Père » (Jn 20, 17). Et ne pas commencer par dire : « J’observe les commandements donc j’aime Dieu ; Dieu devrait bien le reconnaître puisque je fais ce qu’il me dit! »
Dieu n’a pas besoin d’esclaves, il a besoin de fils. Jésus dit encore : « Je ne vous appelle plus ’serviteurs’, je vous appelle ’amis’. » (Jn 15,15) et « libres sont les fils » (Mt 17,26). Le fils agit librement, par amour du Père; cet amour le rend libre. Car l’amour ne réside pas d’abord dans la conformité des gestes, mais dans le don de sa vie à Dieu qui est source de la vie. C’est parce que Dieu nous aime et que nous l’aimons que nous agissons selon sa volonté et que nous trouvons la vie. Les commandements sont une loi de liberté puisque c’est Dieu qui nous les propose et nous donne la force d’y obéir.
Simon et la pécheresse
Un dernier exemple. La scène se passe chez Simon, un ami de Jésus, Simon le lépreux qui avait été purifié de sa lèpre, déjà une grande merveille de Dieu ! Comme saint Luc le rapporte (7,36-50), il avait invité Jésus à un festin. Une femme entre dans la salle à manger où les convives étaient étendus selon l’usage antique elle prend un parfum très précieux et le répand sur les pieds de Jésus après les avoir baignés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Simon se dit en lui-même : « Si cet homme Jésus, (qui est mon ami) était un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, une prostituée », et il ne l’aurait pas acceptée, il l’aurait chassée puisque c’est une pécheresse et qu’à ce titre elle ne peut s’approcher de la sainteté de Dieu. Jésus lit dans le regard et dans le cœur de Simon les pensées qui l’habitent; il l’appelle : « Simon, j’ai quelque chose à te dire : un créancier avait deux débiteurs, l’un lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pas de quoi le rembourser, il leur fit grâce de leur dette à tous les deux. Lequel des deux l’aimera le plus? ». Simon répondit: « Je pense que c’est celui auquel il a fait grâce de la plus grande dette ». Jésus lui dit: « Tu as bien jugé. » Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : « Tu vois cette femme : je suis entré dans ta maison tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds mais elle, elle a baigné mes pieds de ses larmes et elle les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser- le signe de l’hospitalité -, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle ne cesse de me couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huile odorante, de parfum sur ma tête, mais elle a répandu du parfum sur mes pieds. Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés (c’est-à-dire que Dieu les a pardonnés) c’est parce qu’elle montre beaucoup d’amour. Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ». Et il dit à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »
Les convives se mettent à dire entre eux « Mais enfin, qui est cet homme qui va jusqu’à donner le pardon des péchés ? » Et Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix ».
Cette expression implique la sainteté. Cette prostituée est devenue sainte. L’Évangile ne nous dit pas la suite ; il y a tout lieu de penser qu’elle s’est arrachée à la prostitution ; un tel pardon après un tel aveu et une telle contrition ! Ce qui l’a bouleversée, c’est ce qu’elle a entendu des paroles et des actes de Jésus. Ce qui l’a poussée à aller jusque-là et à entrer dans cette sorte d’église, la maison de Simon le pharisien, puisque Jésus y était pour quelques instants, c’est le désir de la vie de Dieu. Elle n’osait rien demander ni dire; elle n’en avait pas besoin, elle était connue ! Mais Jésus lisait dans son cœur et comprenait ce qu’elle faisait ; par ses gestes elle a tout dit. Et Jésus lui a tout dit et tout donné avec cette parole.
Je pourrais continuer la liste de ces personnages de l’Évangile, des ratés aux yeux des hommes. Pourtant ils déploient la beauté intérieure de leur vie dans l’accueil à l’amour que Dieu leur porte, laissant leur liberté s’ouvrir à cet amour pour qu’à leur tour, ils aiment. Car Dieu leur apprend à aimer, leur donne de pouvoir aimer. Voilà les premiers exemples de sainteté à garder dans les yeux et dans le cœur. Si, par la grâce de Dieu, ils peuvent être des saints, nous aussi nous le pouvons et le devons.
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