Archive pour le 19 janvier, 2012

Madre di Dio di Akhtyrka Ru

19 janvier, 2012

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« L’EGLISE EN FRANCE FACE À LA SHOAH », PAR SYLVIE BERNAY

19 janvier, 2012

http://www.zenit.org/article-29919?l=french

« L’EGLISE EN FRANCE FACE À LA SHOAH », PAR SYLVIE BERNAY

Les coulisses d’un travail de recherche inédit

ROME, mardi 17 janvier 2012 (ZENIT.org) – « Histoire du Christianisme Magazine » (en kiosque et par abonnement, n° 58, de janvier-février 2012) offre en avant-première quelques résultats de la recherche de l’historienne française Sylvie Bernay dans un dossier intitulé: « Les évêques contre les rafles » (cf. Zenit du 16 janvier 2012). Sylvie Bernay a accepté d’en dire davantage sur sa recherche passionnante aux lecteurs de ZENIT.

Zenit – Sylvie Bernay, vous êtes agrégée d’histoire et vous publiez en avril votre thèse de doctorat aux éditions du CNRS sous le titre : « L’Eglise en France face à la Shoah ». Pourquoi un doctorat sur ce thème?

Sylvie Bernay – J’aime à conter cette anecdote familiale. Mes grands parents maternels ont quitté la région parisienne pendant l’exode en 1940 et se sont réfugiés en Corrèze. Grâce à de nombreuses solidarités, la famille s’est installée à Argentat, où mon grand-père a pu ouvrir un atelier de photographie en 1941. Son travail a pris de l’ampleur, au point d’embaucher une juive allemande comme apprentie pendant près d’un an. Cette jeune femme a partagé les jeux de mes oncles et tantes. À l’approche de la Libération, comme les maquis étaient très actifs dans le secteur et la division SS Das Reich tout autant, elle est partie avec sa famille, qui s’était installée à la porte du village.
Enfant, j’ai baigné dans les souvenirs de la guerre et je me posais parfois des questions sur ce sauvetage. Comment cette jeune femme était-elle arrivée jusque chez nous ? Qu’était-elle devenue ?
Depuis que je travaille ce sujet, je recueille très souvent des témoignages similaires.
Plus profondément, j’ai toujours conçu mon métier d’historienne comme au service de la vérité. Il m’a semblé alors qu’une question majeure, en histoire contemporaine, concernait le rôle de l’Eglise face à la Shoah. Je me suis proposée de traiter le sujet, après un long cheminement personnel.

Dans quelle direction avez-vous cherché, quelles ont été les archives inédites auxquelles vous avez eu accès?

J’ai voulu tracer une trame chronologique précise afin d’établir les faits. Le mécanisme de la persécution commence en France avec le premier statut des Juifs, élaboré par le régime de Vichy en octobre 1940. Le calendrier de la Shoah, établi par les travaux de Serge Klarsfeld et d’autres à sa suite, me sert de canevas sur lequel j’ai raccordé les pièces d’archives que j’ai consultées. J’avais présenté cette ébauche au cardinal Lustiger qui a encouragé mon travail, lorsqu’il m’a reçue en 2003. Il était très important pour lui que je connaisse bien l’engrenage de la persécution.
Ma recherche croise les archives juives avec les archives catholiques. J’ai consulté le fonds du Consistoire central israélite, qui organise le culte juif en France depuis Napoléon Ier. Ces archives m’ont fait découvrir l’histoire des Juifs de France et j’en ai été passionnée. Ce fonds contient aussi les papiers de certains rabbins, qui ont payé de leur vie l’assistance à leurs coreligionnaires.
J’ai aussi consulté le fonds de Mgr Chappoulie, délégué des cardinaux et archevêques auprès du gouvernement de Vichy. Ce prélat servait d’intermédiaire entre les évêques de zone occupée et de zone libre, qui ne pouvaient pas se rencontrer. Mgr Chappoulie voyait souvent le nonce. J’ai pu mieux comprendre le rôle de la Secrétairerie d’Etat et de Pie XII, en croisant ce fonds avec les archives publiées par le Vatican. Ce sont les deux fonds qui m’ont demandé le plus de travail, avec celui du cardinal Suhard, archevêque de Paris à l’époque. Mais j’ai consulté bien d’autres fonds juifs et catholiques, l’énumération serait un peu longue.

Quels ont été les premiers résultats de ce travail de recherche?

Les premiers résultats éclairent la déclaration de repentance des évêques de France, lue à Drancy en 1997. Mes travaux expliquent le rôle de l’épiscopat au moment où le régime de Vichy met en place une législation antisémite de plus en plus sévère. Puis je montre comment l’épiscopat, dans son ensemble, s’est engagé dans la défense des proscrits au tournant de l’année 1941. Enfin je me suis attachée à définir les liens entre les réseaux de sauvetage, animés par la Résistance juive, et les diocèses. Je définis enfin la notion de « diocèses refuges ».

Dans la masse des archives consultées, quel a été votre critère?

Donner une synthèse représentative du contexte de cette époque de détresse …
C’est pourquoi, sur les conseils avisés de ma directrice de recherche, Catherine Nicault, j’ai vite abandonné l’idée de consulter tous les fonds épiscopaux des diocèses de l’époque et toutes les congrégations religieuses. Je n’aurais pas suffi à la tâche. Il faudrait compléter mon travail avec des monographies diocésaines diversifiées. Mon travail donne les grands principes de l’engagement de l’Eglise de France au côté des Juifs.

Quelle conscience les catholiques de France mais aussi la hiérarchie avaient-ils de la Shoah telle qu’on la connaît aujourd’hui?

Nous vivons dans une société marquée par la mémoire de la Shoah. Toutefois cette dernière est devenue quelque peu sélective. Les catholiques valorisent les sauvetages et l’action de Pie XII. Beaucoup de Juifs veulent comprendre la position des évêques français au moment de l’élaboration des lois antijuives par le gouvernement de Vichy. Le tout venant véhicule un certain nombre de poncifs sur la question. L’historien se doit de revenir aux faits et au contexte.
Pour en revenir à ce que savaient les catholiques de la Shoah, je prendrais deux exemples. Je relisais récemment les lettres que ma grande tante adressait à ma grand-mère pendant l’Occupation. Elle habitait en zone interdite. Les lettres de cette vieille dame sont marquées par l’obsession du froid et de la faim. Proche du dénuement, elle continuait son travail d’infirmière auprès des gens de son village. On vivait dans un univers très cloisonné à cause de la surveillance policière et du découpage du pays imposé par la ligne de démarcation.
En Corrèze, située dans l’ancienne zone libre, mon grand-père a entendu la protestation de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse. Les réseaux de résistance et les radios alliées ont donné beaucoup de publicité à son message. Beaucoup d’historiens s’accordent à dire que les protestations épiscopales de l’été 1942 ont retourné l’opinion publique des Français et les ont encouragés à sauver les proscrits.
Les évêques ont reçu des bribes d’informations très préoccupantes sur le sort final des Juifs. Elles leur ont été fournies soit par la Gestapo et la police de Vichy, soit par le Consistoire israélite qui avait des informations provenant du monde libre sur la situation des Juifs dans l’Europe occupée. Ils ont pris cela au sérieux et ont agi en conséquence par voie diplomatique auprès du gouvernement de Vichy et des Allemands.
Mais ils étaient loin de comprendre l’ampleur du danger encouru par les Juifs et sa nature. Ils en ont été abasourdi en découvrant le sort de Juifs, après la Libération. La nécessité de donner libre cours à la vie les ont incités à ne plus évoquer cette période obscure par la suite. Ce mécanisme d’enfouissement mémoriel est assez courant chez les témoins de cette époque. La résurgence progressive de ces souvenirs pénibles permet de comprendre l’historiographie de ces 70 années, depuis le temps des rafles.

Le dossier de HCM est très fourni en photos et documents: est-ce qu’il y a l’un ou l’autre document ou photo dont la découverte vous a beaucoup frappée?

Mgr Rocacher, alors archiviste du diocèse de Toulouse et maintenant décédé, a retrouvé des lettres d’enfants cachés à Massip, par les soeurs de Notre Dame. Soeur Denise Bergon, qu’il a longuement interviewée avant sa mort, n’avait pas osé envoyer ces missives. Elle ne voulait pas que la censure postale décèle la présence des Juifs. Mais pour soulager la souffrance et encourager l’espérance des enfants, les religieuses les ont aidées à écrire. Ces documents figurent dans ce dossier et j’en suis très émue. C’est un hommage aux archivistes diocésains qui m’ont toujours réservée le meilleur accueil et qui ont contribué à illustrer ce numéro.

La publication d’une thèse c’est comme une deuxième vie pour le travail effectué: qu’espérez-vous du fruit de cette publication?

J’y travaille d’arrache-pied et je me réjouis d’avance. Toutefois il est prudent d’attendre la sortie du livre et de mesurer les réactions, avant d’envisager de nouvelles perspectives. Mais j’espère bien continuer dans cette voie. Sous quelle forme ? Je compte sur la Providence pour me l’indiquer. Elle a, jusqu’ici, parfaitement conduit les choses.

Propos recueillis par Anita Bourdin

« TRANSFORMÉS PAR LE SERVITEUR SOUFFRANT » – Méditations pour le 20 janvier 2012

19 janvier, 2012

http://www.zenit.org/article-29932?l=french

« TRANSFORMÉS PAR LE SERVITEUR SOUFFRANT »

Méditations pour le 20 janvier 2012

ROME, jeudi 19 janvier 2012 (ZENIT.org) – « Transformés par le Serviteur Souffrant » : c’est le thème de la troisième journée de prière pour l’unité des chrétiens, demain, vendredi 20 janvier : nous publions ci-dessous les méditations pour cette troisième journée de la grande semaine de prière annuelle (18-25 janvier).
En effet, au cours de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2012, les auteurs de méditations de cette année, un groupe oecuménique de Pologne (cf. Zenit du 17 janvier 2012) invitent à méditer sur « le paradoxe divin » que « Dieu peut convertir la tragédie et le désastre en victoire ».
« L’ensemble des lectures bibliques, des commentaires, des prières et des questions proposés à notre réflexion, explore différents aspects de ce que cela signifie pour la vie des chrétiens et pour leur unité, dans et pour le monde d’aujourd’hui. Nous commençons par contempler le Christ serviteur, et notre cheminement se poursuit jusqu’à la dernière célébration, celle du règne du Christ, en passant par sa croix et sa résurrection », expliquent les auteurs sur les sites du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et de la Commission Foi & Constitution » du Conseil oecuménique des Eglises.

Voici les textes proposés pour la troisième journée, demain, vendredi 20 janvier 2012 :

Texte : Le Christ a souffert pour nous (cf. 1 P 2,21)
En ce jour, nous sommes invités à réfléchir à la souffrance du Christ. À la suite du Christ Serviteur Souffrant, les chrétiens sont appelés à la solidarité avec tous ceux qui souffrent. Plus nous nous approchons de la croix du Christ, plus nous nous rapprochons les uns des autres.

Lectures :
Is 53,3-11 : L’homme de douleurs, familier de la souffrance
Ps 22,12-24 : Il n’a pas rejeté ni réprouvé un malheureux dans la misère
1 P 2,21-25 : Le Christ a souffert pour nous
Lc 24,25-27 : Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela ?

Commentaire :
Le paradoxe divin, c’est que Dieu peut convertir la tragédie et le désastre en victoire. Il transforme toutes nos souffrances et infortunes, et l’incroyable souffrance de l’histoire, en une résurrection qui enveloppe le monde entier. Alors même qu’il semble vaincu, il est la véritable victoire dont rien ni personne ne peut triompher.
L’émouvante prophétie d’Isaïe sur le Serviteur souffrant du Seigneur s’est totalement accomplie dans le Christ. Après avoir souffert une terrible agonie, l’Homme de Douleurs verra sa descendance. Nous sommes, nous-mêmes, cette descendance née de la souffrance du Sauveur. Et ainsi, nous ne formons avec lui qu’une seule famille.
On peut dire que le Psaume 22 ne parle pas simplement de Jésus, mais aussi pour Jésus. Le Sauveur lui-même a prié avec ce psaume sur la croix, en reprenant les mots de désolation par lesquels il s’ouvre: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Dans la seconde partie du psaume cependant, la lamentation, la supplication emplie de douleur, se transforme en louange de Dieu pour ses œuvres.
L’apôtre Pierre est un témoin des souffrances du Christ (1 P 5,1) qu’il nous donne en exemple : c’est à cette forme de souffrance par amour que nous sommes appelés. Jésus ne maudissait pas Dieu mais s’en remettait au juste Juge. Ses meurtrissures nous ont guéris et nous ont ramenés à l’unique berger.
Ce n’est qu’à la lumière de la présence du Seigneur et de sa Parole que le dessein de Dieu à travers les souffrances du Messie peut se révéler. Tout comme il en fut pour les disciples sur le chemin d’Emmaüs, Jésus nous accompagne constamment sur le chemin rocailleux de l’existence, rendant nos cœurs brûlants et ouvrant nos yeux au plan mystérieux du salut.
Les chrétiens expérimentent que la souffrance résulte de la fragilité de la condition humaine ; nous reconnaissons cette souffrance dans l’injustice sociale et les situations de persécution. La puissance de la croix nous oriente vers l’unité. C’est là que la souffrance du Christ nous apparaît comme source de miséricorde et de solidarité envers l’ensemble de la famille humaine. Comme le dit un théologien contemporain : plus nous nous approchons de la croix du Christ, plus nous nous rapprochons les uns des autres. Le témoignage que donnent ensemble les chrétiens dans les situations de souffrance acquiert une très grande crédibilité. En étant solidaires de tous ceux qui souffrent, nous apprenons du Serviteur souffrant et crucifié à nous vider de nous-mêmes, à nous abandonner et à nous offrir en sacrifice. Ce sont les dons qu’il nous faut recevoir de son Esprit en cheminant vers l’unité en lui.

Prière :
Dieu de consolation, tu as transformé la honte de la croix en un signe de victoire. Fais que nous puissions nous rassembler autour de la croix de ton Fils et le célébrer pour la miséricorde qui nous est offerte par ses souffrances. Que l’Esprit Saint ouvre nos yeux et nos cœurs, afin que nous aidions ceux qui souffrent à expérimenter ta proximité ; toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

Pistes de réflexion :
1. En quoi notre foi peut-elle nous aider à fournir une réponse à la souffrance de longue durée ?
2. Quels sont les domaines de la souffrance humaine que l’on néglige ou minimise actuellement ?
3. Comment les chrétiens peuvent-ils témoigner ensemble du pouvoir de la croix ?