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LUNDÌ 9 JANVIER 2012 : BAPTÊME DU SEIGNEUR – ANNÉE B – HOMELIE
8 janvier, 2012http://dimancheprochain.org/241-le-bapteme-du-seigneur/
LUNDÌ 9 JANVIER 2012 : BAPTÊME DU SEIGNEUR – ANNÉE B – HOMELIE
(Dimanche 11 janvier 2009 – Le Baptême de Jésus – Année B – Evangile de Marc 1, 7 – 11)
Le Baptême de Jésus et le Nôtre
Depuis plus de 5 siècles Israël avait perdu son indépendance, depuis plus de 90 ans les Romains occupaient le pays. Mais les Ecritures entretenaient une espérance inébranlable: en dépit de son long silence, Dieu n’avait pas abandonné son peuple, il interviendrait et le sauverait par la venue de son Messie. Quand ?….Et quel salut ?….
Soudain, en l’an 28 de notre calendrier ( Jésus doit avoir 33 ans ), la nouvelle se répand: un prophète a surgi et il annonce la venue du Royaume de Dieu. Jésus de Nazareth décide de répondre à l’appel et il prend la route du sud, vers la Judée. Sait-il que Dieu l’y attend pour bouleverser sa vie et lui donner sa mission?…
Jean-Baptiste proclamait dans le désert: » Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Et je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi je vous ai baptisés dans l’eau; lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint ». Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain.
Les quatre évangélistes prennent bien soin de souligner la distance abyssale qui sépare Jésus de Jean et des anciens prophètes. Même si Jésus a un itinéraire semblable au leur (prédication, refus, mort violente), même si effectivement il fut baptisé par Jean, son statut est infiniment supérieur. Les prophètes ne peuvent qu’exhorter, prévenir, menacer, conférer des rites: tout cela est bien, important, mais absolument impuissant à changer le cœur de l’homme. Trop de chrétiens, aujourd’hui encore, réduisent Jésus à un prédicateur, son message à un enseignement, ses rites à une sacralisation des tournants de la vie (naissance, mariage, mort). En rester à ce niveau c’est tuer l’Evangile. Comme saint Paul le criera, une loi ne peut jamais être une bonne nouvelle.
Marc ne raconte pas l’acte du baptême (enlever son vêtement, descendre dans l’eau): l’essentiel, c’est la suite. Jésus va faire une expérience tout à fait personnelle, unique: Dieu se révèle à lui, le nomme, lui confère sa mission.
Et aussitôt, montant hors de l’eau, il vit les cieux déchirés et l’Esprit, comme une colombe descendant vers lui; et une voix hors des cieux: » Toi, tu es mon fils, le bien-aimé, en toi je me complais »
( traduction plus littérale que le texte de la liturgie)
Marc écrit ceci dans les années 70 quand les chrétiens, après Pâques, ont découvert l’identité de Jésus et qu’ils entrent en Eglise grâce au baptême. Donc il raconte la scène pour en montrer la gloire et en s’inspirant des Ecritures, notamment d’ Isaïe 63. Après la catastrophe de 587 avant notre ère (destruction du temple, déportation du peuple), un prophète évoquait les anciennes merveilles de Dieu quand il fit monter de la mer le pasteur de son troupeau et mit en lui son Esprit Saint ( il s’agit de Moïse lors de l’exode d’Egypte). Mais à présent, parmi les ruines et du fond de la détresse immense, le prophète suppliait et en appelait à une nouvelle intervention divine:
» Regarde et vois depuis le ciel…Notre Père, c’est Toi…notre rédempteur…Pourquoi nous laisses-tu errer ?…Reviens !..Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais pour faire connaître ton Nom… » ( Isaïe 63, 19)
Cri extraordinaire ! L’expérience du terrible échec a convaincu que ni Moïse ni les Prophètes ne suffisent à garder le peuple fidèle à son Dieu. Serait-il possible que Dieu lui-même vienne, surgisse, « descende » parmi nous ?…. Et Marc répond: Oui le vœu s’est réalisé: Dieu a exaucé cette folle prière grâce à la descente de Jésus chez nous !
L’EXPERIENCE SPIRITUELLE DE JESUS BAPTISÉ
Chaque expression de Marc est à commenter car tout s’éclaire à la lumière des Ecritures que Jésus « accomplit ». Il y a Vision et Audition:
Les cieux fermés se déchirent: l’expression symbolique signifie que le péché avait rompu le lien avec Dieu, il y avait comme un mur entre Dieu et son peuple pécheur. Aujourd’hui avec Jésus, la communication est rétablie ! Seul ce lien « vertical » rend possible l’harmonie des relations « horizontales » entre nous et entre les peuples.
L’Esprit de Dieu ( son Souffle, sa Puissance) se remet à souffler et descend sur Jésus pour demeurer sur lui. Là est la différence absolue avec le baptême de Jean qui n’est qu’un rite de purification. Jésus est OINT par l’Esprit: « Dieu a conféré à Jésus l’Onction d’Esprit Saint et de Puissance » ( Ac 10, 38)
« Comme une colombe » : cette image a de multiples significations:
1) A la création, on disait que l’Esprit planait sur les eaux (Genèse 1, 2): le baptême est donc plus qu’une ablution, qu’une purification. Il est une NOUVELLE CREATION.
2) A la fin du déluge, la colombe était revenue avec un rameau d’olivier. En Jésus, l’eau du baptême noie toutes nos fautes et l’Esprit nous apporte le pardon et la Paix.
3) Dans le Cantique des Cantiques ( chant d’amour conjugal entre Dieu et son peuple), le Roi appelle sa fiancée « ma colombe »(5, 6; 6, 9). Puisque la colombe symbolise Israël, cela signifie que Jésus est l’Israël fidèle, aimé: il prend sur lui le destin de son peuple, il assume ses frères, il le porte avec ses faiblesses, ses péchés…
« Tu es mon fils »: le psaume 2 décrit l’intronisation royale. Dieu déclare au nouveau roi, qui vient d’être oint, qu’il l’adopte comme son fils, son délégué, son représentant. Certes Jésus était né « Fils de Dieu » (diront Matthieu et Luc) mais ici il est institué ROI; sa mission d’inaugurer le Royaume de Dieu sur terre va commencer. Tout l’évangile peu à peu montrera que Jésus n’est pas un « homme adopté » mais qu’il est vraiment FILS de Dieu car au-delà du rite d’eau, il a reçu l’Esprit, il a été OINT d’Esprit Saint
( Ac 10 = 2ème lecture)
« Bien-aimé »: dans la célèbre scène du sacrifice d’Abraham (Genèse 22), Isaac est ainsi nommé. Donc Jésus sera le Fils portant le bois (de la croix) et conduit au mont du Golgotha. Les hommes tueront le bien-aimé de Dieu mais Dieu le leur rendra par la résurrection. Le baptême voue au sacrifice.
« En toi j’ai mis mon bon plaisir »: c’est ainsi que Dieu présente son « serviteur » qui fera paraître le jugement de Dieu sur toutes les nations du monde et qui agira de façon très douce, sans violence: « Il ne criera pas, il ne brisera pas le roseau ployé »( Isaïe 42). Jésus sera ce serviteur fidèle qui réalisera le salut du monde entier par une conduite non-violente et même en donnant sa vie (Isaïe 53).
LE BAPTEME CHRETIEN
Dès le début, après Pâques, l’entrée dans l’Eglise s’effectue par le rite du baptême qui se substitue à la circoncision. (cf. Actes des Apôtres).
Il se fait « au nom du Christ » c’est-à-dire qu’il relie à Lui, qu’il assimile à lui.
Saint Paul, qui a été baptisé, en soulignera l’importance capitale en ces mots à méditer en ce jour:
« Nous avons été tous baptisés dans un seul Esprit pour être un seul Corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres » (1 Corinthiens 12, 13) – « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec; ni esclave ni homme libre; l’homme et la femme. Car vous n’êtes qu’UN en Jésus Christ » ( Galates 3, 27)
» Nous avons été baptisés dans la mort de Jésus Christ; nous avons été ensevelis avec lui afin que – comme le Christ est ressuscité des morts – nous menions une vie nouvelle…..Morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » ( Romains 6)
Donc en ce jour, 1) nous contemplons notre Seigneur qui descend au cœur de notre humanité pour la laver de ses péchés et la recréer par la Vie divine dans l’Esprit.
2) Nous reprenons conscience de notre dignité: le baptême est une re-naissance dans l’Esprit. Par lui nous devenons ENFANTS DE DIEU, nous avons le privilège de pouvoir prier : « NOTRE PERE ». Et nous formons un peuple, une communauté. En Christ nous sommes UN. Le baptême n’est en rien un rite privé: il est de soi agrégation à une Eglise unique.
3) Enfin le baptême nous envoie en mission: porter cette Révélation au monde entier. Comment les baptisés peuvent-ils ré-évangéliser l’Europe ?…
R. D , dominicain
Introduction au récit de Marc (année B)
8 janvier, 2012http://www.bible-service.net/site/638.html
Introduction au récit de Marc (année B)
Lire Marc dans son site liturgique
Parce que tout son contenu narratif, ou presque, se retrouve chez les autres évangiles, le récit de Marc a été autrefois peu utilisé dans la liturgie. Il a suscité moins d’intérêt que ceux de Matthieu, Luc ou Jean de la part des Pères de l’Église, des docteurs du moyen âge, des prédicateurs de l’âge classique ou des artistes. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé.
D’une part, le Lectionnaire issu de la réforme liturgique voulue par le concile Vatican II et entré en vigueur en 1969 a choisi, pour les dimanches ordinaires de l’année B, une lecture » semi-continue » du second évangile. D’autre part, depuis le début du XXe siècle, les études tant historiques que sémiotiques ou narratives l’ont scruté avec attention. Enfin, à cause de sa brièveté, son rythme et sa nervosité, des comédiens n’ont pas hésité à le lire en public – pendant environ deux heures – procurant un réel bonheur à leurs auditeurs croyants ou non.
Ce Cahier n’a pas la prétention de proposer un commentaire exhaustif. Il se concentre sur les passages retenus dans la liturgie par le Lectionnaire catholique romain. Pour un approfondissement, des ouvrages plus complets sont nécessaires. Le présent Cahier a d’ailleurs abondamment puisé dans trois d’entre eux dus à Simon Légasse (1997), Élian Cuvillier (2002) et Camille Focant (2004).
La lecture » semi-continue ». Pour les dimanches de l’année B, les solennités et les fêtes, la liturgie a sélectionné seulement 39 passages. Dans l’année A, elle proposait 50 passages de l’évangile de Matthieu. Quasiment absent de l’Avent, de Noël, de Carême et de Pâques, Marc est privilégié par le temps ordinaire.
Le Lectionnaire a néanmoins omis des épisodes importants, par exemple l’institution des Douze (Mc 3, 13-19), la parabole du semeur et son explication (4, 1-20) ou les multiplications des pains (6, 30-44 et 8, 1-9 ; à la place, on lit le long récit de Jn 6). Des chapitres 11 à 13 seuls quelques brefs épisodes ont été retenus : entrée dans Jérusalem, controverse sur le premier commandement, mise en garde contre les scribes, louange d’une veuve, fin du discours apocalyptique. Ce dernier extrait, scindé en deux, forme d’ailleurs une curieuse inclusion : 13, 33-37 est proclamé au début de l’année (1er dimanche de l’Avent B) alors que 13, 24-32 qui le précède immédiatement est lu presque un an plus tard lors de l’avant-dernier dimanche du cycle liturgique (33e dimanche B) ! Notre travail devrait permettre de situer chacune des péricopes retenues dans la dynamique d’ensemble du récit.
La liturgie ne cherche pas à faire entendre un évangile pour lui-même. Elle l’éclaire par la rencontre d’autres passages bibliques, en particulier ceux de la première lecture et du psaume responsorial. Une rubrique intitulée Lectionnaire tentera, discrètement, de mettre au jour ces liens.
Un plan parmi d’autres. Dans les harmonies recherchées par la liturgie, le rapport direct entre l’Ancien Testament et la péricope évangélique ne vaut que pour le temps ordinaire. Dans les grandes périodes liturgiques (Avent-Noël, Carême-Temps pascal), le rapport entre l’Ancien Testament, le texte de l’Apôtre et l’évangile sont à redéfinir au cas par cas. Ce rappel est important parce que, faute de percevoir les règles que le lectionnaire s’est lui-même fixé, on risque parfois des rapprochements fort douteux entre les textes.
Un récit déconcertant. L’évangile de Marc est déroutant… à l’image de l’attitude de Jésus. Ainsi, pourquoi celui-ci impose-t-il le silence à ceux qu’il vient de guérir ? Pourquoi interdit-il à Pierre qui vient de reconnaître en lui le Christ d’en parler ?
Bien que choisis par Jésus et ayant tout laissé pour le suivre, les disciples ne sont pas présentés sous leur meilleur jour : plus le récit avance, plus leur inintelligence, leurs peurs, leurs manques de foi et leurs faiblesses sont mis en lumière. Au moment de l’arrestation de Jésus, ils l’abandonnent tous et s’enfuient. Dans la cour du Grand Prêtre, Pierre le renie.
Si la prédication de Jésus a pour thème principal la proximité du Règne de Dieu, si son enseignement manifeste son autorité, il doit faire face non seulement à l’incompréhension des disciples mais à l’hostilité et au rejet des autorités juives. L’itinéraire de Jésus qui prédit la venue du Fils de l’homme dans la gloire à la fin des temps passe paradoxalement par la souffrance et la mort. Sur la croix, abandonné des siens, moqué par tous, Jésus se dit abandonné même de Dieu (Mc 15, 34) ! Pourtant, n’est-il pas le » Fils bien-aimé » (1, 11 relayé par 9, 7) ?
Confessé comme » Christ » par Pierre au terme d’une première prédication en Galilée et en Décapole (8, 29), c’est par un païen, au pied de la croix, qu’il est reconnu dans sa vérité de » Fils de Dieu » (15, 39).
La dernière page qui raconte l’annonce pascale n’est pas la moins déconcertante par sa manière abrupte de clore le récit : les femmes s’enfuient du tombeau et ne disent rien » car elles avaient peur » (16, 8).
Du point vue de la forme, le récit se présente comme une succession rapide et hachée de petites unités ce qui a pour effet de dérouter le lecteur comme aussi bien de le tenir en haleine.
Un tel évangile ne peut laisser son lecteur indifférent. Il le provoque à s’interroger sur sa confession de foi. En même temps, il le rejoint dans ses peurs et ses incompréhensions devant le mystère de l’identité de Jésus. Invité à devenir disciple, le lecteur est confronté au portrait du disciple dessiné par Marc. Dans la mesure où il s’identifie à ce portrait, il est obligé, d’un côté, à une certaine lucidité sur lui-même et, de l’autre, il est encouragé à la fidélité : Jésus appelle des êtres limités et fragiles et, malgré leurs défaillances, il continue de leur faire confiance. Un échec dans la » suivance » n’est jamais définitif. La figure de Pierre, est, de ce point de vue, exemplaire depuis l’appel initial (1, 16) jusqu’au message de résurrection qui lui est transmis (16, 7).
Philippe Léonard Cahier Évangile n° 133 (septembre 2005) pages 4-6.