Archive pour décembre, 2011

LES CHRÉTIENS D’ORIENT, PAR LE CARDINAL JEAN-LOUIS TAURAN

6 décembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29655?l=french

LES CHRÉTIENS D’ORIENT, PAR LE CARDINAL JEAN-LOUIS TAURAN

Les visiter et soutenir leurs institutions

ROME, lundi 5 décembre 2011 (ZENIT.org) –  Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux appelle de ses voeux “une solution rapide du Moyen Orient” et souligne la responsabilité des chrétiens vis-à- vis de ceux du Moyen Orient
Le cardinal français est intervenu au cours d’un colloque, organisé les jeudi 1er et vendredi 2 décembre à Rome par l’Institut français (cf. Zenit du 30 novembre 2011).
Evoquant la situation des chrétiens du Moyen Orient, le cardinal Tauran souligne la responsabilité de tous les chrétiens: “II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient

Texte intégral de l’intervention du cardinal Tauran

« Chrétiens d’Orient : chantiers de recherches et débats contemporains »
Colloque international
Ambassade de France près le Saint-Siège
École française de Rome
Centre Saint-Louis
Les chrétiens d’Orient dans le dialogue islamo-chrétien

Les chrétiens d’Orient, qui sont-ils ? Au sens large, ce sont tous les catholiques non-latins, les orthodoxes et les protestants du Proche et du Moyen Orient. On y inclut aussi les minorités d’Iran, d’Arménie, de Turquie, d’Inde, du Pakistan, d’Indonésie et d’Ethiopie. Les chrétiens d’Orient ne connaissent pas une organisation centralisée comme le christianisme occidental (je pense au catholicisme romain). La place de la culture, de la langue, la multiplicité des dénominations et des pratiques en font une mosaïque. Je ne vais pas parler de tous ces chrétiens, mais je voudrais limiter mon propos aux chrétiens du Moyen Orient pour des raisons évidentes : ce sont ceux qui nous sont le plus proches, en particulier ceux qui vivent en Terre Sainte, descendants de la première Eglise de Jérusalem.
Le Moyen Orient est massivement musulman, et son islam a connu des périodes fastes. Des villes comme Damas, Bagdad, Le Caire, Istanbul rappellent ce que furent les grandes réalisations de l’islam historique, avec les Omeyades (7e s.), les Abbassides (du 8e s. au 13e s.), les Mamelouks (du 13e s. au 16e s.) et les Ottomans (du 16e s. à 1924). Sans parler de la Mecque et de Médine,
Les chrétiens d’Orient y sont minoritaires et tendent à diminuer. Ils ne sont pas des convertis de l’islam. Ils sont, comme je le disais plus haut, les descendants de la première Eglise de Jérusalem, leurs ancêtres ont été les témoins vivants des événements du salut. Littéralement, ils entourent les Lieux saints de leur présence et leur donnent vie par leur prière et leur amour, empêchant qu’ils deviennent de simples musées. Mais ils ont une histoire, une langue et une culture communes avec les musulmans au milieu desquels ils vivent depuis des siècles. C’est pourquoi les relations entre les deux communautés sont traditionnellement bonnes au niveau du dialogue de la vie. Evidemment, ils ont aussi des rapports séculaires avec les communautes juives d’autant plus qu’avec les Juifs, les chrétiens sont spirituellement unis dans la lignée d’Abraham et reconnaissent les prémices de leur foi dans le Premier Testament.
II y a eu des périodes de cohabitation féconde entre chrétiens et musulmans: Istanbul, Alexandrie, Jérusalem ont longtemps accueilli tous les croyants. Mais quand les empires se sont effondres et que l’unité de mesure est devenue la nation, il y a eu moins de place pour la diversité, le califat se termine avec la chute de l’Empire ottoman et la naissance de la république d’Atatürk ; l’orthodoxie s’effrite en se soustrayant a l’hégémonie du patriarcat de Constantinople et en donnant naissance à de nouvelles églises nationales. De nouvelles identités s’affirment.
Depuis Le 16e siècle, le christianisme est devenu minoritaire en Orient, et l’islam, qui avait perdu de son prestige, a récupéré son identité a partir du moment où il a immigré vers l’Europe. S’il y a eu hier une cohabitation entre peuples divers, aujourd’hui encore, chrétiens et musulmans sont contraints par la géographie et par l’histoire à retrouver un mode de vivre ensemble. La Méditerranée, ce «lac des monothéismes » comme on l’a écrit, pourrait être un lieu de recomposition.
Evidemment, il faudrait parler d’autres facteurs qui ont complètement transformé le paysage politique, social, culturel et religieux du Moyen Orient: je pense évidemment au conflit israélo-palestinien non-résolu, et à la partition de Chypre, a la situation de l’Irak …. Comme on l’a remarqué, la situation des chrétiens dans cette partie du monde peut être évoquée comme suit: un pays ou il est interdit de construire des églises comme l’Arabie saoudite; des pays ou les chrétiens sont considérés comme non nationaux; le Koweït, les Etats du Golfe, Oman et les États du Maghreb; les pays ou les chrétiens sont autochtones et les Églises apostoliques: Égypte, Syrie, Irak, Jordanie, Palestine, Turquie; et enfin l’exception libanaise ou le Président de la République est, par un accord tacite, chrétien maronite. Tout en proclamant que l’islam est la religion de l’État (sauf en Syrie et au Liban), les constitutions de ces pays affirment que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans discrimination de race et de religion. Cela évidemment au niveau théorique. La pratique est le plus souvent bien différente.
On doit souligner qu’une collaboration confiante s’est développée entre musulmans et chrétiens au niveau de l’éducation, de la santé, de la culture, de l’économie et de la solidarité. Les écoles catholiques sont particulièrement appréciées par de nombreuses familles musulmanes. II y a des Parlements où les chrétiens sont représentés, bien qu’i1 leur soit difficile, sinon impossible, d’accéder aux postes de décision politique (sauf au Liban). Mais ceci dit, il faut rappeler que les conversions de musulmans au christianisme sont pratiquement impossibles. Et dans Le cas de mariage mixte, les enfants mineurs sont présumés suivre la religion de leur père. Si la liberté de culte est partout respectée, sauf en Arabie saoudite, et s’il est souvent possible de construire de nouvelles églises, cela n’est pas le cas en Égypte où reste en vigueur une disposition de l’empire ottoman de 1856 qui n’autorise une restauration d’église que sur décret présidentiel.
Si donc les chrétiens se sentent chez eux dans cette partie du monde, s’i1s vivent plus ou moins bien leur foi et leur culture, personnellement et communautairement, ils n’en éprouvent pas moins le sentiment d ‘une certaine précarité, le conflit non-résolu israélo-palestinien et les manifestations d’un islamisme agressif font que beaucoup de chrétiens choisissent l’émigration surtout lorsqu’ils pensent à l’avenir de leurs enfants.
Les chrétiens d’Orient se sentent toujours considérés comme des citoyens de seconde catégorie. Ils se référent souvent au statut de la « dhimmitude ». On comprend alors que ces chrétiens ne soient pas spontanément des enthousiastes du dialogue interreligieux !
Pourtant, si nous prenons en considération le christianisme, l’islam et le judaïsme, on peut relever que ces trois monothéismes favorisent une pédagogie de la rencontre. Certes nous sommes différents et nous devons nous accepter comme tels. Mais nous pouvons mettre à la disposition de la société des valeurs communes qui nous inspirent: respect de la vie, sens de la fraternité, dimension religieuse de l’existence.
Dans le fond, Juifs, chrétiens et musulmans, nous croyons que chacun de nous est unique. Alors, il me semble qu’il n’est pas impossible de sensibiliser éducateurs et législateurs à l’opportunité de proposer à ces peuples qui vivent depuis toujours ensemble des règles de conduite telles que:
- le respect des personnes qui cherchent à scruter l’énigme de la condition humaine à la lumière de leur religion;
- le sens critique qui permet de choisir la vie ou la mort, le vrai ou le faux;
- le souci de la liberté qui suppose une conscience droite, une foi éclairée ;
- l’acceptation de la pluralité qui nous incite à nous considérer différents, mais égaux en dignité, en refusant toutes les formes d’exclusion, en particulier celles invoquant une religion ou une conviction.
Si nous pouvions dire tout cela ensemble, il est sûr que nous aurions devant nous un avenir beaucoup plus serein. N’est-ce pas au fond ces convictions qui sont à l’origine de ce que l’on appelle le « printemps arabe »? Cette jeunesse de certains pays du Maghreb, consciente, cultivée, qui ne supporte plus la dictature, est plus « révoltée » que « révolutionnaire ». Elle est en quête de dignité et de liberté,
II est vrai que les chrétiens d’Orient ont beaucoup souffert depuis qu’ils existent. Souvent pour survivre, ils ont plus plié que résisté. Mais leur disparition serait une catastrophe, surtout pour les Lieux saints chrétiens, Que peut-on donc faire pour eux ?
D’abord, les aider à rester sur place. Dieu les a plantés dans cette partie du monde et c’est là qu’ils doivent fleurir. Malgré certains phénomènes de fondamentalisme, la présence chrétienne dans la société arabe joue un rôle positif de facilitateur entre les composantes de cette société et de catalyseur pour la convivialité.
Ils jouent aussi le rôle de pont entre l’Orient et l’Occident.
Or, pour être un pont, il faut être solidement ancré des deux côtés de la rive. Nos frères dans la foi sont ancrés dans l’Orient qui est leur milieu historique, linguistique, culturel et politique. Ils sont aussi ancrés en Occident par leur foi, leur patrimoine spirituel et leur ouverture intellectuelle.
II faut les visiter, soutenir leurs institutions et travailler à la cause du rétablissement de la justice et de la paix pour qu’advienne une solution rapide du Moyen Orient. Ce que le pape Jean XXIII affirmait dans l’encyclique Pacem in terris demeure toujours d’actualité : « Nous devons rétablir les rapports de la vie en société sur les bases de la vérité et de la justice, de l’amour et de la liberté » (n. 40).
Pratiquer le dialogue entre croyants, c’est être convaincu que nous formons tous une famille, qu’i1 existe une communauté humaine et un bien universel. Mais c’est aussi s’opposer à la xénophobie, à la fermeture des frontières, aux idéologies qui diffusent la haine. Le dialogue entre cultures et entre croyants n’a pas seulement pour but de mieux se connaître pour éviter les conflits, mais il a aussi pour but de nous aider à élaborer une culture qui permette à tous de vivre dans la dignité et la sécurité.
Comme certains d’entre vous le savent, j’ai été pendant quelques années en poste à la Nonciature au Liban, de 1975 à 1982. C’est là que j’ai participé pour la première fois à un groupe d’amitié islamo-chrétienne, guide par un jésuite français, Augustin Dupré Latour. Parlant de ces rencontres, il écrivait : « Croyants de deux religions, nous nous sommes retrouvés, non comme des « sédentaires » satisfaits de ce qu’ils possèdent, mais comme appartenant à la race des « nomades », vivant sous une « tente », des itinérants guides par l’Esprit de Dieu. Nous nous sommes reconnus tout spontanément, non pas comme possédant la vérité divine, mais comme possédés par cette vérité, qui guide, entraine, libère, chacun dans sa ligne propre, plus attaché à sa propre foi. »
Je souhaite que ces journées romaines montrent que, malgré tous les événements de nature à les opposer, chrétiens et musulmans (et juifs) sont capables de se rencontrer, de dialoguer, de refuser les amalgames ; que, contrairement à ce qui est souvent affirmé, les religions ne sont pas facteurs de conflit, mais les croyants sont des personnes de bonne volonté qui contribuent à développer la paix. Avec les chrétiens d’Orient, les Européens, qui eux aussi sont désormais « condamnés » au dialogue interreligieux dans des sociétés de plus en plus plurielles, il nous faut arriver à un réel sens de l’altérité, accepter nos différences, se réjouir de nombreux terrains de rencontre. Il ne s’agit pas de négocier ou de faire des concessions sur ce que nous croyons. Il ne s’agit pas de convertir l’autre, même si le dialogue interreligieux favorise souvent les conversions. II s’agit de se connaitre pour s’aimer et créer du bonheur autour de soi. Soyons nous-mêmes ! Non pour imposer nos convictions, mais pour les proposer. Pèlerins de la vérité au milieu des contradictions de l’histoire, en dépit de nos incohérences, soyons capables par notre générosité, notre douceur et notre persévérance de purifier notre mémoire et notre cœur pour faire en sorte que la sagesse humaine se rencontre avec la sagesse de Dieu.
Parce que nous distinguons le politique et le religieux, le temporel et le spirituel, nous chrétiens avons le devoir de susciter toutes initiatives qui prouvent à quel point les croyants sont une ressource pour la cité. Le pape Benoît XVI, l’a admirablement dit sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem: « Ceux qui honorent le Dieu unique croient qu’il tiendra les êtres humains responsables de leurs actions. Les chrétiens affirment que les dons divins de la raison et de la liberté sont à la base de cette responsabilité, la raison ouvre l’esprit à la compréhension de la nature et de la destinée communes de la famille humaine, tandis que la liberté pousse les cœurs à accepter l’autre et à Le servir dans la charité, l’amour indivisible pour le Dieu unique et la charite envers le prochain deviennent ainsi le pivot autour duquel tout tourne. C’est pourquoi nous travaillons inlassablement pour préserver les cœurs humains de la haine, de la colère ou de la vengeance » (12 mai 2009).
Oui, il est salutaire de nous souvenir que notre Dieu est « dialogue » (Trinité) et que dialoguer n’est pas « céder », mais affirmer d’abord nos convictions, pour comprendre ensuite nos accords et nos désaccords et considérer enfin ce qu’ensemble nous pouvons faire pour Le bien commun de nos sociétés plurielles.
Je conclus mon propos. Pardonnez-moi si, dans ce temple de la culture française, j’ose vous laisser un message que j’emprunte à un poète anglais, William Blake: «J’ai cherché mon âme et je ne l’ai pas trouvée ; j’ai cherché Dieu, et je ne l’ai pas trouvé ; j’ai cherché mon frère et je les ai trouvés tous les trois ».

Cardinal Jean-Louis Tauran
Rome, 2 décembre 2011

Virgin Mary

5 décembre, 2011

Virgin Mary dans images sacrée mercy6

http://365rosaries.blogspot.com/2011/07/july-3-feast-of-mary-mother-of-mercy.html

Marie de tous nos désirs et de toutes nos espérances (par Michel Hubaut)

5 décembre, 2011

du site:

http://stbruno.e-monsite.com/pages/prieres/prieres-a-marie.html

Marie de tous nos désirs et de toutes nos espérances

(par Michel Hubaut)

Je te salue Marie, Mère de tous nos désirs d’être heureux.
Tu es la terre qui dit oui la vie.
Tu es l’humanité qui consent à Dieu.
Tu es le fruit des promesses du passé
Et l’avenir de notre présent.
Tu es la foi qui accueille l’imprévisible,
Tu es la foi qui accueille l’invisible.

Je te salue Marie. Mère de toutes nos recherches de ce Dieu imprévu.
Du temple où tu te perds, au calvaire où il est pendu, sa route te semble folle.

Tu es chacun de nous qui cherche Jésus, Sans bien comprendre sa vie et ses paroles.
Tu es la mère des obscurités de la foi ,Toi qui observes tous les événements dans ton cœur,
Creuses et médites tous nos « pourquoi ? »
Et qui fais confiance en l’avenir de Dieu, ton Seigneur.

Je te salue Marie, Mère de toutes nos souffrances.
Tu es la femme debout au pied de l’homme crucifié,
Tu es la mère de tous ceux qui pleurent
L’innocence massacrée et le prisonnier torturé.

Je te salue Marie. Mère de Jésus et du disciple qui a cru.
Tu es la mère des hommes et de l’Eglise,
Tu es au carrefour de l’histoire du salut
Que Dieu invente depuis Abraham et Moïse.

Je te salue Marie, Mère de toutes nos pentecôtes.
Tu es, avec les apôtres, l’Eglise qui prie
Et accueille les dons du Saint-Esprit.

Je te salue Marie, Mère de toutes nos espérances.
Tu es l’étoile radieuse d’un peuple
En marche vers Dieu.
Tu es l’annonce de l’humanité transfigurée.
Tu es la réussite de la création
Que Dieu a faite pour son éternité.

AVENT : PREMIÈRE PRÉDICATION DU P. CANTALAMESSA, OFMCAP.

5 décembre, 2011

dal sito:

http://www.zenit.org/article-29635?l=french

AVENT : PREMIÈRE PRÉDICATION DU P. CANTALAMESSA, OFMCAP.

« La première vague d’évangélisation »

ROME, vendredi 2 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Allez dans le monde entier. La première vague d’évangélisation» : c’est le thème de la première prédication du P. Raniero Cantalamessa, ofmcap, prédicateur de la Maison pontificale pour l’Avent 2011, dont voici le texte intégral en français. Le P. Cantalamessa a donné cette méditation ce vendredi matin, 2 décembre, au Vatican, en présence de Benoît XVI.

P. Raniero Cantalamessa, ofmcap.

L’Avent 2011 à la Maison Pontificale
Première prédication

« ALLEZ DANS LE MONDE ENTIER »
La première vague d’évangélisation

En réponse au Souverain pontife qui appelle à de nouveaux efforts d’évangélisation et en préparation du Synode des évêques de 2012 sur le sujet, je me propose de déterminer, dans ces médiations de l’Avent, quatre vagues de nouvelle évangélisation, soit quatre moments qui, dans l’histoire de l’Eglise, ont été marqués par une accélération ou une reprise de l’engagement missionnaire. Voici ces moments :
1. Les trois premiers siècles de l’expansion du christianisme, jusqu’à la veille de l’édit de Constantin où les personnages clefs sont d’abord les prophètes puis les évêques;
2. les VIe-IXe siècles où l’on assiste, grâce aux moines, à une nouvelle évangélisation de l’Europe après les invasions barbares;
3. le XVIe siècle avec la découverte et la conversion au christianisme des peuples du « nouveau monde », par les religieux;
4. l’époque actuelle qui voit l’Eglise engagée dans une nouvelle évangélisation de l’occident sécularisé, avec la participation déterminante des laïcs.
A chacune de ces époques, je tâcherai de mettre en évidence ce que nous pouvons apprendre pour l’Église d’aujourd’hui: quelles sont les erreurs à éviter et les exemples à imiter et quelle contribution spécifique les moines, les religieux de vie apostolique et les laïcs peuvent apporter à cette évangélisation.
1. La diffusion du christianisme, aux trois premiers siècles
Commençons aujourd’hui par une réflexion sur l’évangélisation chrétienne aux trois premiers siècles. Il y a surtout une raison qui fait de cette période un modèle pour tous les temps. C’est l’époque où le christianisme se fraye un chemin en ne comptant exclusivement que sur ses propres forces. Aucun « bras séculier » n’est là pour le soutenir ; les conversions ne sont le résultat d’aucun avantage extérieur, matériel ou culturel; être chrétien n’est pas une habitude ou une mode, mais un choix à contre-courant, au péril même souvent de la vie. En un certain sens, cette situation est celle que les chrétiens connaissent aujourd’hui certaines régions du monde.
La foi chrétienne naît avec une ouverture universelle. Jésus avait dit à ses disciples d‘aller « dans le monde entier » (Mc 16, 15), de « faire des disciples dans toutes les nations » (Mt 28, 19), d’être ses témoins « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8), de « proclamer la conversion en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations » (Lc 24, 47).
L’application de ce principe d’universalité apparaît déjà dans la génération des apôtres, toutefois non sans difficultés ni déchirures. Le jour de la Pentecôte, la première barrière franchie est celle de la race (les trois mille convertis étaient de peuples différents, mais tous des prosélytes du judaïsme); dans la maison de Corneille et au Concile dit « de Jérusalem », surtout sous l’impulsion de Paul, c’est la barrière la plus tenace de toutes qui est franchie, la barrière religieuse qui divisait les juifs des païens. L’Evangile a désormais devant lui le monde entier, même si ce monde, selon la connaissance des hommes de l’époque, se limite au bassin méditerranéen et aux frontières de l’empire romain.
Suivre l’expansion concrète ou géographique du christianisme au cours des trois premiers siècles est plus complexe mais finalement moins nécessaire pour notre but. L’étude la plus complète, et toujours en vigueur, sur le sujet, est celle d’Adolph von Harnack, « Mission et expansion du Christianisme aux trois premiers siècles » .
Dans l’Eglise, l’activité missionnaire connaît une forte poussée sous l’empereur Commode (180-192) et puis dans la seconde moitié du IIIe siècle, c’est-à-dire à la veille de la grande persécution de Dioclétien (302). A part quelque persécution locale sporadique, ce fut une période où l’Eglise naissante, a pu se fortifier au plan interne et développer une activité missionnaire d’un genre nouveau.
Voyons en quoi consiste cette nouveauté. Au cours des deux premiers siècles, la propagation de la foi était confiée à l’initiative personnelle. Les prophètes itinérants, dont parle la Didaché, se déplaçaient d’un endroit à l’autre ; beaucoup de conversions étaient le résultat de contacts personnels, favorisés par l’exercice d’un même métier, par des voyages et des rapports commerciaux, par le service militaire ou d’autres circonstances de la vie. Origène nous offre une description émouvante du zèle de ces premiers missionnaires:
« Les chrétiens font tout leur possible pour répandre la foi dans le monde. Certains, à cette fin, se donnent formellement pour mission de vie, d’aller de ville en ville, mais aussi de bourg en bourg et de villa en villa pour gagner de nouveaux fidèles pour le Seigneur. Et l’on ne dira pas, je l’espère, que ceux-ci le font pour y gagner quelque chose, parce que souvent, ils refusent même d’accepter ce qui est nécessaire pour vivre » .
Maintenant, c’est-à-dire dans la seconde moitié du IIIe siècle, ces initiatives personnelles sont de plus en plus coordonnées et en partie remplacées par la communauté locale. L’évêque, ne serait-ce que par réaction face aux poussées destructrices de l’hérésie gnostique, arrive à prendre le dessus sur les maîtres, à jouer son rôle central dans la vie interne de la communauté, devenant aussi le moteur de son activité missionnaire. La communauté est désormais le sujet évangélisateur, au point qu’un expert comme Harnack, que l’on ne saurait soupçonner de sympathie pour l’institution, peut affirmer: « Nous devons tenir pour vrai que la seule existence et le travail constant de chaque communauté furent le facteur principal de la propagation du christianisme ».
Vers la fin du IIIe siècle, la foi chrétienne a pratiquement pénétré chaque couche de la société. Elle a désormais sa propre littérature en langue grecque et une autre, qui vient de commencer, en langue latine. Son organisation interne est solide. Elle commence à construire des édifices de plus en plus larges, signe que le nombre des croyants grandit. La grande persécution de Dioclétien, à part les nombreuses victimes, n’a fait que mettre en lumière la force désormais irrépressible de la foi chrétienne. Le dernier bras de fer entre l’empire et le christianisme en a donné la preuve.
Constantin ne fera, au fond, que prendre acte de ce nouveau rapport de force. Ce n’est pas lui qui imposera le christianisme au peuple, mais le peuple qui lui imposera le christianisme. Des affirmations comme celles de Dan Brown dans le roman : « Da Vinci code » et d’autres divulgateurs, selon lesquels Constantin, pour des raisons personnelles, aurait transformé, par un édit de tolérance et avec le concile de Nicée, une sombre secte religieuse judaïque en religion de l’empire, se fonde sur une totale ignorance de ce qui précéda de tels évènements.
2. Les raisons du succès
Une question qui a toujours passionné les historiens est celle des raisons du triomphe du christianisme. Un message né dans un coin obscur et méprisé de l’empire, au milieu de gens simples, sans culture et sans pouvoir, s’étend, en moins de trois siècles, au monde connu de l’époque, finissant par dominer la culture extrêmement raffinée des Grecs et la puissance impériale de Rome!
Parmi les différentes raisons de ce succès, certains insistent sur l’amour chrétien et l’exercice actif de la charité, jusqu’à faire de celui-ci « le plus puissant facteur, singulièrement pris, du succès de la foi chrétienne », au point d’induire, plus tard, l’empereur Julien l’Apostat à doter le paganisme des mêmes œuvres de charité pour s’opposer à un tel succès.
Harnack, pour sa part, donne une grande importance à ce qu’il appelle la nature « syncrétiste » de la foi chrétienne, c’est-à-dire à la capacité de concilier en soi des tendances opposées et les différentes valeurs présentes dans les religions et dans la culture de l’époque. Le christianisme se présente, en même temps, comme la religion de l’Esprit et de la puissance, c’est-à-dire accompagnée de signes surnaturels, de charismes et miracles, et comme la religion de la raison et du Logos intégral, « la vraie philosophie », aux dires du martyr St Justin. Les auteurs chrétiens sont « les rationalistes du surnaturel » , affirme Harnack en citant Paul et ses propos sur la foi décrite comme « l’adoration véritable » (Rm 12,1).
De cette façon, dans un équilibre parfait, le christianisme réunit en lui ce que le philosophe Nietzsche définit comme l’élément apollinien et l’élément dionysiaque de la religion grecque, le Logos et le Pneuma, l’ordre et l’enthousiasme, la mesure et l’excès. C’est ce que les Pères de l’Eglise entendaient, au moins en partie, avec le thème de la « sobre ivresse de l’Esprit ».
« Dès le début, écrit Harnack au terme de sa recherche monumentale, la religion chrétienne a révélé une universalité qui lui a permis d’assumer la vie tout entière, avec toutes ses fonctions, ses élévations et ses profondeurs, ses sentiments, ses pensées et ses actions. C’est cet esprit d’universalité qui a garanti sa victoire. C’est ce qui l’a conduite à professer que le Jésus qu’elle annonçait était le Logos divin … Une nouvelle lueur l’éclaire, et cette puissante attraction qui fait qu’elle est arrivée à absorber l’Hellénisme, à le subordonner à elle, se révèle presque comme une nécessité. Tout ce qui, d’une certaine façon, était encore capable de vie entra comme un élément dans sa construction… Comment une telle religion aurait-elle pu ne pas gagner ? »
L’impression que l’on a en lisant cette synthèse est que le succès du christianisme est dû à un ensemble de facteurs. Certains sont allés si loin dans la recherche des raisons d’un tel succès, qu’ils ont trouvé vingt causes en faveur de la foi et tout autant de causes allant en sa défaveur, comme si l’issue finale dépendait de la victoire des premières sur les secondes.
Je voudrais maintenant mettre en évidence la limite d’une telle approche historique, bien que celle-ci soit faite par des historiens croyants comme ceux que j’ai évoqués jusqu’à présent. Cette limite, due à la méthode historique même, est que l’on donne plus d’importance au sujet qu’à l’objet de la mission, aux évangélisateurs et aux conditions dans lesquelles celle-ci a lieu, plus qu’à son contenu.
La raison qui me pousse à le faire est que cette limite est aussi la limite et le danger que l’on retrouve dans beaucoup d’approches actuelles et médiatiques, quand on parle de nouvelle évangélisation. On oublie une chose très simple: que Jésus lui-même avait donné à l’avance une explication à la diffusion de son Evangile et c’est de là que l’on doit repartir à chaque fois que nous nous apprêtons à un nouvel effort missionnaire.
Réécoutons deux brèves paraboles évangéliques, celle du grain qui germe et qui grandit même la nuit et celle du grain de moutarde.
« Il disait: « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le grain dans son champ : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le fruit est prêt, on y met la faucille, car c’est le temps de la moisson » (Mc 4, 26-29).
Cette parabole, à elle seule, nous dit que la raison essentielle du succès de la mission chrétienne ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur, qu’elle n’est pas l’œuvre du semeur ni même du sol, mais du grain semé. Le grain ne peut se semer tout seul, mais c’est néanmoins automatiquement et de lui-même qu’il germe. Après avoir jeté le grain, le semeur peut bien aller se coucher, la vie du grain ne dépend plus de lui. Lorsque ce grain est « le grain tombé en terre et qui meurt », autrement dit Jésus Christ, rien ne saurait l’empêcher de « porter beaucoup de fruit ». On peut donner toutes les explications que l’on veut à ces fruits, celles-ci resteront toujours en surface, elles ne saisiront jamais l’essentiel.
L’apôtre Paul est celui qui, avec lucidité, a saisi la priorité de l’objet de l’annonce par rapport au sujet : « J’ai planté, Apollos a arrosé: mais c’est Dieu qui a donné la croissance ». Ces paroles semblent commenter la parabole de Jésus. Il ne s’agit pas de trois opérations ayant le même degré d’importance; l’apôtre ajoute en effet: « Donc celui qui plante ne compte pas, ni celui qui arrose; seul compte celui qui donne la croissance! » (1 Co 3, 6-7). La même distance qualitative entre le sujet et l’objet de l’annonce est présente dans une autre parole de l’Apôtre: « Mais ce trésor, nous, les Apôtres, nous le portons en nous comme dans des poteries sans valeur ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu » (2 Co 4,7). Tout cela se traduit dans ces exclamations programmatiques: « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais Jésus Christ notre Seigneur ! » ; ou encore : « Nous prêchons le Christ crucifié ».
Jésus a prononcé une seconde parabole fondée sur l’image du grain qui explique le succès de la mission chrétienne et dont on doit tenir compte aujourd’hui, devant cette tâche immense qui consiste à réévangéliser un monde sécularisé.
« Il disait : « A quoi pouvons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole allons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences du monde. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre » (Mc 4, 30-32).
L’enseignement que le Christ nous donne par cette parabole est que son Evangile, sa personne même, est tout ce qu’il y a de plus petit sur terre car il n’existe rien de plus petit et de plus faible qu’une vie qui finit par une mort sur la croix. Pourtant, cette petite « graine de moutarde » est destinée à devenir un arbre immense, si grand que ses branches ont la capacité d’accueillir tous les oiseaux qui viendront s’y réfugier. Cela signifie que toute la création, vraiment toute, ira s’y réfugier.
Quel contraste par rapport aux reconstructions historiques évoquées plus haut! Là, tout paraissait incertain, aléatoire, suspendu entre le succès et l’échec ; ici, tout est décidé et garanti depuis le début! Dans l’épisode de l’onction à Béthanie, Jésus conclut par ces mots: « Amen, je vous le dis : partout où cette Bonne Nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire » (Mt 26,13). La même conscience tranquille qu’un jour son message aurait été diffusé « dans le monde entier ». Et ne s’agit, certes pas, d’une prophétie « post eventum », car à ce moment-là tout laissait présager le contraire.
En cela aussi, c’est Paul qui, entre tous, a le mieux saisi « le mystère caché ». Il y a un fait qui me frappe toujours : l’Apôtre a prêché à l’Aréopage d’Athènes et il a essuyé un refus du message, de façon polie, avec la promesse de l’écouter à une autre occasion. A Corinthe, où il s’est rendu aussitôt après, il a écrit sa Lettre aux Romains, y affirmant avoir reçu la tâche d’amener « toutes les nations à l’obéissance de la foi » (Rm 1, 5-6). L’insuccès n’a pas le moins du monde égratigné sa confiance dans le message : « Je n’ai pas honte, s’écrie-t-il, de l’Évangile, car il est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui est devenu croyant, d’abord le Juif, et aussi le païen” (Rm 1, 16).
« Chaque arbre, dit Jésus, se reconnaît à son fruit » (Lc 6, 44). Cela vaut pour chaque arbre, à l’exception de l’arbre sorti de lui, le christianisme (et en effet, il parle ici des hommes); il est le seul arbre qui ne se reconnaît pas à ses fruits, mais à sa racine. Dans le christianisme, la plénitude n’est pas à la fin, comme dans la dialectique hégélienne du devenir (« le vrai c’est le tout » ), mais elle est au début; aucun fruit, voire même les plus grands saints, n’ajoute quelque chose à la perfection du modèle. Dans ce sens, celui qui a affirmé que « le christianisme n’est pas perfectible » a raison.
3. Semer et …aller dormir
Ce que les historiens des origines chrétiennes ne retiennent pas, ou qu’ils jugent peu important, est cette incontrôlable certitude que les chrétiens de jadis, du moins les meilleurs d’entre eux, avaient de la bonté et de la victoire finale de leur cause. « Vous pouvez nous tuer, mais nous nuire, jamais », avait dit le martyr St Justin au juge romain qui le condamnait à mort. A la fin, c’est cette tranquille certitude qui leur a garanti la victoire, qui a convaincu les autorités politiques de l’inutilité de leurs efforts pour supprimer la foi chrétienne.
C’est ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui: réveiller chez les chrétiens, au moins chez ceux qui entendent se consacrer à cette nouvelle œuvre d’évangélisation, la certitude intime de la vérité de ce qu’ils annoncent. « L’Eglise, a dit un jour Paul VI, a besoin de retrouver le souci, le goût et la certitude de sa vérité » . Nous devons être les premiers à croire en ce que nous annonçons ; mais y croire vraiment. Nous devons pouvoir dire avec Paul: « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous, les Apôtres, animés de cette même foi, nous croyons, nous aussi, et c’est pourquoi nous parlons » (2 Co 4, 13).
La tâche concrète que les deux paraboles de Jésus nous confie c’est de semer. Semer à pleines mains, « à temps ou à contretemps » (2 Tm 4,2). Le semeur de la parabole qui sort semer ne se préoccupe pas qu’une part de la semence finisse sur la route et une autre part dans les ronces, et dire que ce semeur, hors de parabole, c’est Jésus lui-même! Car, dans ce cas, on ne peut pas savoir à l’avance quel terrain se révélera être bon, ou bien dur comme de l’asphalte et étouffant comme un buisson. C’est ici qu’intervient la liberté humaine que l’homme ne peut prévoir et que Dieu ne veut pas violer. Que de fois ne découvre-t-on pas que, parmi les personnes qui ont écouté tel sermon ou lu tel livre, celle qui l’a vraiment pris au sérieux et en a eu sa vie changée, c’était celle à laquelle on s’attendait le moins, qui se trouvait là par hasard ou à contrecœur. Je pourrais moi-même raconter des dizaines de cas.
Donc semer, et ensuite … aller dormir! Autrement dit semer et ne pas rester là tout le temps à regarder, quand cela pousse, où cela pousse, de combien de centimètres cela pousse chaque jour. L’enracinement et la croissance ne sont pas notre affaire, mais l’affaire de Dieu et de celui qui écoute. Un grand humoriste anglais du XIXe siècle, Jerome Klapka Jerome, dit que le meilleur moyen de retarder l’ébullition de la cuisson dans une casserole est de rester au-dessus et d’attendre avec impatience.
Faire le contraire est une source inévitable d’inquiétude et d’impatience : ce sont des choses qui ne plaisent pas à Jésus et qu’il ne faisait jamais quand il était sur terre. Dans l’Evangile, il ne semble jamais être pressé. « Ne vous faites donc pas de souci pour demain, disait-il à ses disciples. Demain se souciera de lui-même : à chaque jour suffit sa peine » (Mt 6,34).

A ce propos, le poète croyant Charles Péguy met dans la bouche de Dieu des paroles sur lesquelles cela nous fait du bien à nous aussi de méditer:

« On me dit qu’il y a des hommes
Qui travaillent bien et qui dorment mal.
Qui ne dorment pas. Quel manque de confiance en moi !
C’est presque plus grave
Que s’ils ne travaillaient pas mais dormaient, car la paresse
N’est pas un plus grand péché que l’inquiétude …
Je ne parle pas, dit Dieu, de ces hommes
Qui ne travaillent pas et qui ne dorment pas.
Ceux-là sont des pécheurs, c’est entendu…
Je parle de ceux qui travaillent et qui ne dorment pas…
Je les plains. Je leur en veux. Un peu. Ils ne me font pas confiance …
Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour.
Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit …
Celui qui ne dort pas est infidèle à l’Espérance … » .

Les réflexions faites dans cette méditation, nous encouragent, en conclusion, à mettre à la base de cet engagement pour une nouvelle évangélisation un grand acte de foi et d’espérance, à nous défaire de tout sens d’impuissance et de résignation. Nous avons devant nous, il est vrai, un monde enfermé dans son sécularisme, pris dans l’ivresse des succès de la technique et des possibilités qu’offre la science, réfractaire à l’annonce de l’Evangile. Mais, le monde qui se présentait aux premiers chrétiens – l’hellénisme avec son savoir et l’empire romain avec sa puissance – était-il par hasard moins réfractaire à l’évangile ?
S’il y a une chose que nous pouvons faire, après avoir « semé », c’est d’« arroser », par la prière, le grain jeté. Terminons donc sur cette prière que la liturgie nous fait réciter au cours de la Messe « pour l’évangélisation des peuples »:

Dieu, qui veux que tous les hommes soient sauvés
Et parviennent à la connaissance de la vérité;
Vois comme la moisson est grande et envoie des ouvriers,
Pour que l’Evangile soit annoncé à chaque créature
Et que ton peuple, rassemblé par la parole de vie
Et modelé par la force des sacrements,
Avance sur la voie du salut et de l’amour.
Par le Christ, Notre Seigneur. Amen.

Traduit en français par Zenit (Isabelle Cousturié)

JEAN-PAUL II – AUDIENCE GÉNÉRALE 13.12.1978 (pour L’Avent)

5 décembre, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/1978/documents/hf_jp-ii_aud_19781213_fr.html
 
JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

(pour L’Avent)

Mercredi 13 décembre 1978

1. Pour la troisième fois, en ces rencontres du mercredi, je reprends le thème de l’Avent, en suivant le rythme de la liturgie qui, d’une façon à la fois très simple et très profonde, nous introduit dans la vie de l’Église. Le IIe Concile du Vatican, qui nous a donné sur l’Église une doctrine riche et universelle, a aussi attiré notre attention sur la liturgie. Par elle, non seulement nous savons ce qu’est l’Église, mais, jour après jour, nous expérimentons ce dont elle vit. Nous aussi nous en vivons parce que nous sommes l’Église : « La liturgie… contribue au plus haut point à ce que les fidèles, par leur vie, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église. Car il appartient en propre à celle-ci d’être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l’action et occupée à la contemplation, présente dans le monde, et pourtant étrangère. » (Const. « Sacrosanctum Concilium », 2.)
En ce moment l’Église vit l’Avent et nos rencontres du mercredi sont donc axées sur ce temps liturgique. Avent veut dire « venue ». Pour pénétrer la réalité de l’Avent, nous avons d’abord cherché à savoir qui vient et pour qui il vient. Nous avons alors parlé d’un Dieu qui se révèle en créant le monde, d’un Dieu créateur. Et mercredi dernier, nous avons parlé de l’homme. Aujourd’hui nous poursuivrons en cherchant à trouver une réponse plus complète à la question : pourquoi l’Avent ? Pourquoi Dieu vient-il ? Pourquoi veut-il venir vers l’homme ?
La liturgie de l’Avent est principalement fondée sur des textes des prophètes de l’Ancien Testament. Nous y entendons presque chaque jour le prophète Isaïe qui, dans l’histoire du peuple de Dieu de l’ancienne alliance, était un « interprète » particulier de la promesse que ce peuple avait depuis longtemps obtenue de Dieu en la personne de son premier père, Abraham. Comme tous les autres prophètes, et peut-être plus qu’eux, Isaïe affermissait chez ses contemporains la foi dans les promesses de Dieu confirmées par l’Alliance au pied du mont Sinaï. Il enseignait surtout la persévérance dans l’attente et la fidélité: « Peuple de Sion, le Seigneur viendra sauver les peuples et fera entendre sa voix majestueuse pour la joie de vos cœurs. ,» (cf. Is. 30, 19. 30.)
Lorsque le Christ était dans le monde, il s’est référé plusieurs fois aux paroles d’Isaïe, et il a dit clairement : « Aujourd’hui, cette Écriture est accomplie pour vous qui l’entendez. » (Lc 4, 21.)
2. La liturgie de l’Avent a un caractère historique. L’attente de la venue de l’Oint (le Messie) fut un processus historique. Elle a en effet imprégné toute l’histoire d’Israël, qui fut choisi précisément pour préparer la venue du Sauveur.
Cependant, nos considérations débordent, d’une certaine manière, le cadre de la liturgie quotidienne de l’Avent. Revenons donc à notre question fondamentale : pourquoi Dieu vient-il ? Est-ce parce qu’il veut venir à l’homme, à l’humanité ? Essayons d’apporter à ces questions des réponses satisfaisantes que nous chercherons dans les toutes premières origines, c’est-à-dire avant même que ne commence l’histoire du peuple élu. Cette année, notre attention est concentrée sur les premiers chapitres du livre de la Genèse. L’Avent « historique » ne saurait être compris sans une lecture et une analyse attentives de ces chapitres.
Lorsque nous nous interrogeons sur le pourquoi de l’Avent, nous devons donc relire attentivement tout le récit de la création du monde, et en particulier de la création de l’homme. Il est significatif, comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, que chacun des jours de la création finit sur cette constatation : « Dieu vit que cela était bon » ; et, après la création de l’homme : « … il vit que cela était très bon ». Comme je l’ai déjà dit la semaine dernière, cette constatation s’unit à la bénédiction de la création, et surtout à une bénédiction explicite de l’homme.
Dans tout ce récit, nous avons devant nous un Dieu qui, selon l’expression de saint Paul, se réjouit de la vérité, du bien (cf. 1 Co 13, 6). Là où est la joie, qui naît du bien, là est l’amour. Et c’est seulement là où est l’amour qu’est la joie qui naît du bien. Dès ses premiers chapitres, le livre de la Genèse nous révèle que Dieu est amour (expression dont se servira saint Jean beaucoup plus tard). Il est amour parce qu’il se réjouit du bien. La création est donc un don authentique : là où il y a amour, il y a don.
Le livre de la Genèse nous parle du moment où le monde et l’homme ont commencé à exister. En interprétant cette existence, nous devons, comme saint Thomas d’Aquin, construire la philosophie de l’être qui en découle et dans laquelle sera exprimé l’ordre même de l’existence. Cependant, le livre de la Genèse parle de la création comme d’un don. Dieu qui crée le monde visible est donateur et l’homme est donataire. Il est celui pour lequel Dieu crée le monde visible, celui que Dieu, dès le commencement, introduit non seulement dans l’ordre de l’existence, mais dans l’ordre du don. Le fait que l’homme soit « image et ressemblance » de Dieu signifie notamment qu’il est en mesure de recevoir le don, qu’il est sensible à ce don et qu’il est capable de donner en retour. C’est pourquoi, dès le début, Dieu établit une alliance avec l’homme et avec lui seul. Le livre de la Genèse nous révèle non seulement l’ordre naturel de l’existence, mais en même temps, et dès le début, l’ordre surnaturel de la grâce. Nous ne pouvons parler de la grâce que si nous admettons la réalité de Dieu. Rappelons-nous ce que dit le catéchisme : la grâce est le don surnaturel de Dieu par lequel nous devenons enfants de Dieu et héritiers du ciel.
3. Mais, nous demanderons-nous, quel rapport tout cela a-t-il avec l’Avent ? Je réponds : l’Avent s’est profilé pour la première fois à l’horizon de l’histoire de l’homme lorsque Dieu s’est révélé comme celui qui se réjouit du bien, qui aime et qui donne. Dans ce don à l’homme, Dieu ne s’est pas limité à « lui donner » le monde visible — cela est bien clair dès le début — mais en donnant à l’homme le monde visible, Dieu veut aussi se donner lui-même à lui, de même que l’homme est capable de se donner, de faire le don de lui-même à un autre homme, de personne à personne. Dieu veut donc se donner à lui en l’admettant à participer à ses mystères et même à sa vie. Cela se réalise d’une façon tangible dans les relations entre mari et femme, entre parents et enfants. Et c’est pourquoi les prophètes se réfèrent très souvent à ces relations pour montrer la vraie image de Dieu.
L’ordre de la grâce n’est possible que « dans le monde des personnes ». Il concerne le don qui tend toujours à la formation et à la communion des personnes ; le livre de la Genèse nous présente en effet un tel don. La forme de cette « communion des personnes » y est esquissée dès le début. L’homme est appelé à la familiarité avec Dieu, à l’intimité et à l’amitié avec lui. Dieu veut être proche de lui. Il veut le faire participer à ses desseins, à sa vie. Il veut le réjouir de sa même joie (de son même Être).
C’est pour tout cela qu’est nécessaire la venue de Dieu et l’attente de l’homme, la disponibilité de l’homme.
Nous savons que le premier homme, qui bénéficiait de l’innocence originelle et d’une proximité particulière avec son Créateur, n’a pas fait preuve de cette disponibilité. Cette première alliance de Dieu avec l’homme a été interrompue. Mais pour sa part, Dieu n’a pas cessé de vouloir sauver l’homme. L’ordre de la grâce n’a pas été rompu, et c’est pourquoi l’Avent dure toujours.
La réalité de l’Avent a notamment été exprimée par saint Paul lorsqu’il a dit : « Dieu… veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tm 2, 4.)
« Dieu veut… » C’est justement cela l’Avent, le fondement, de tout Avent.  

Goya: Santa Barbara

4 décembre, 2011

Goya: Santa Barbara dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/immagini/?mode=view&album=80400&pic=80400O.JPG&dispsize=Original&start=0

4 DÉCÉMBRE: SAINTE BARBE MARTYRE

4 décembre, 2011

du site:

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/213/Sainte-Barbe.html

SAINTE BARBE MARTYRE

4 Décémbre : Vierge et martyre à Nicomédie (+ 235)

ou Barbara, illustre martyre de Nicomédie dont le culte fut largement répandu dès le Ve siècle tant en Orient qu’en Occident. Sa vie est surtout faite de traditions pour ne pas dire de légendes. Son bourreau aurait été frappé par la foudre d’où l’origine de la dévotion populaire qui l’invoque contre les dangers d’une mort subite provoquée par le feu ou l’électricité.
Il semble que cette barbare (Barbara) fut introduite dans le cirque de Nicomédie sans que les spectateurs, parmi lesquels se trouvaient des chrétiens, ne connaissent son nom. Sommée une dernière fois de sacrifier l’encens à l’empereur, elle refusa. Quand les chrétiens vinrent demander son corps, ils ne purent la nommer que « une jeune femme barbare », Barbara.
Il en est d’ailleurs de même pour beaucoup d’autres martyrs: René (rené par le baptême), Christian (un chrétien), Christophe (un porte-Christ) etc.. 
Selon une autre légende, comme elle était d’une grande beauté, son père l’enferme dans une tour. Elle y devient chrétienne. Pour cela, son père la décapite lui-même, mais il meurt aussitôt foudroyé.
Attributs: une tour (trois fenêtres) à la main, ciboire et hostie , ou canon et barils de poudre.
Sainte Barbe, calcaire polychromé, Villeloup (Aube) vers 1520-1530->
Le père Rouillard, de Wisques a résumé ainsi sa biographie: Elle aimait Dieu, beaucoup et trouvait inutile de se marier. Son père déçu lui coupa la tête, mais tomba foudroyé. En Orient, on ne sait plus quand. Mais tout le monde sait que sainte Barbe, à cause de la foudre, est patronne des artilleurs, des artificiers, des mineurs et des carriers; et à cause de son nom, des brossiers, des chapeliers et des tapissiers. On l’invoque même en Haute-Saône pour avoir des enfants frisés.. (source: Saints du Pas de Calais – diocèse d’Arras)
Le culte de la sainte est ancien. Son intercession protégeait de la mort subite. Elle était aussi invoquée contre la foudre et, très tôt, elle fut prise comme patronne par les arquebusiers (c’est le cas, façon attestée, à Florence, dès 1529), puis par les canonniers, et par tous ceux qui « jouent » avec le feu et les explosifs. Les artilleurs contemporains, de même que les artificiers, les sapeur et les pompiers du Génie, n’ont fait que s’inscrire dans cette tradition. (Diocèse aux Armées françaises)
Hormis la légende de son martyre qui en a fait la patronne des artilleurs, des artificiers, des mineurs et des pompiers, on ne sait rien sur sainte Barbe. Cependant son culte est répandu depuis un temps immémorial dans le pays messin dont elle est la patronne. (Source: Diocèse de Metz)
Des internautes nous écrivent:
- « Constructeurs de tunnels depuis plusieurs années l’AFTES, l’Association des travaux en souterrains fête sa sainte patronne: Ste Barbe. Lors du creusement du tunnel sous la Manche, il était travaillé 364/365 jours. Le seul jour non travaillé était le 4 décembre fête de Ste Barbe. »
- « Sainte Barbe est également fêtée le 3ème lundi de juillet à Roscoff en Bretagne; elle était la patronne des Johnnies (ces hommes qui depuis 1825 vont vendre les oignons rosés de la région dans le Royaume Uni) »
- « Sa légende parle d’une jeune fille très belle et très riche vivant au moyen-âge. Convertie au christianisme contre la volonté de son père elle est emprisonnée dans une tour du château. Elle s’obstine et persévère néanmoins dans sa foi. Furieux, le père met le feu à la tour et, retrouvant sa fille indemne, la fait décapiter. Alors, c’est le feu du ciel qui tombe sur lui et le consume intégralement. Sainte Barbe est invoquée contre les morts violentes. »

COMMENTAIRE D’EUSÈBE DE CESARÉE SUR ISAÏE

4 décembre, 2011

du site:

http://aelf.org/office-lectures

COMMENTAIRE D’EUSÈBE DE CESARÉE SUR ISAÏE

L’avènement au désert. La Bonne
Nouvelle sur la montagne.

Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits les sentiers de notre Dieu. Cette parole montre clairement que les événements prophétisés ne se produiront pas à Jérusalem, mais au désert ; c’est là que la gloire du Seigneur apparaîtra et que toute chair aura connaissance du salut de Dieu. Et c’est ce qui s’est accompli réellement et littéralement lorsque Jean Baptiste proclama dans le désert du Jourdain que le salut de Dieu se manifesterait, car c’est là que le salut de Dieu est apparu. En effet, le Christ avec sa gloire s’est fait connaître à tous : lorsqu’il eut été baptisé, le Saint-Esprit descendit sur lui sous la forme d’une colombe et y demeura ; et la voix du Père lui rendit témoignage : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le.

Le prophète parlait ainsi parce que Dieu devait résider dans le désert, qui est inaccessible au monde. Toutes les nations païennes étaient désertées par la connaissance de Dieu, et toutes étaient inaccessibles aux justes et aux prophètes de Dieu.

C’est pour cela que cette voix ordonne de préparer le chemin au Verbe de Dieu et de rendre unie la route inaccessible et raboteuse afin que notre Dieu, en venant résider chez nous, puisse y avancer. ~

Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Ces paroles s’accordent tout à fait avec le sens de celles qui ont précédé, et elles ont raison de mentionner les évangélistes, les porteurs de la Bonne Nouvelle, car elles annoncent aux hommes la Bonne Nouvelle de l’avènement de Dieu, après avoir parlé de la voix qui crie dans le désert. En effet la parole concernant les évangélistes du Sauveur vient à la suite de la prophétie concernant Jean Baptiste.

Qui donc est cette Sion, sinon très certainement celle que les anciens appelaient Jérusalem ? En effet, c’était bien une montagne, comme le montre cette affirmation de l’Écriture : La montagne de Sion où tu fis ta demeure ; et l’Apôtre : Vous êtes venus vers la montagne de Sion. N’est-ce pas une façon de parler qui désigne le groupe des Apôtres, choisis dans le peuple ancien, dans le peuple de la circoncision ?

Telle est en effet Sion ou Jérusalem, qui a reçu en héritage le salut de Dieu et qui, elle-même, est située sur la hauteur, sur la montagne même de Dieu, c’est-à-dire sur le Verbe, son Fils unique : il lui ordonne de monter sur la haute montagne pour annoncer la bonne nouvelle du salut. Or, quel est celui qui annonce la bonne nouvelle, sinon le groupe des évangélistes ? Et qu’est-ce qu’évangéliser ? C’est proclamer à tous les hommes et, avant tous, aux cités de Juda, l’avènement du Christ sur la terre.

Saisis de joie, vous demandez :
Quel sera cet enfant ?
C’est lui le messager de la première espérance.
Accueillez-le de la part du Seigneur :
Il vient tracer le chemin de l’Epoux
et préluder au chant des Noces.

R/ Béni soit le Dieu fidèle,
il vient nous donner son amour.

Il se souvient de l’Alliance sainte,
jadis annoncée par les prophètes.

Il nous suscite une force de salut
dans la maison de David son serviteur
.

Saint- Jean-Baptiste, fresque, paroisse de Santa Menna (L’Aquila)

3 décembre, 2011

Saint- Jean-Baptiste, fresque, paroisse de Santa Menna (L'Aquila) dans images sacrée

http://www.abbaziaeparrocchiedilucoli.it/ABBAZIA%20E%20PARROCCHIE%20DI%20LUCOLI%20HOME%20PAGE.htm

Noël méditation: Il n’y avait pas de place pour eux

3 décembre, 2011

du site:

http://arras.catholique.fr/page-18235.html

Noël 2009 – méditation

Il n’y avait pas de place pour eux

le Jeudi 24 décembre 2009

Ils sont partis sur la route de Bethléem,
Marie et Joseph, avec leur bourricot.
Le prince avait décidé de compter ses sujets.
Et toi, le prince de la vie, tu commençais alors
Ton itinérance à travers le pays de Galilée et de Judée.
Personne ne dit s’ils furent bien accueillis,
Chez les samaritains qu’on ne fréquentait pas.
A l’auberge où Joseph s’enquérait d’un espace,
A Bethléem, on dit qu’il n’y avait pas de place.
 
Il n’y a pas de place non plus pour toi,
L’émigré Afghan. Le prince en a décidé ainsi.
Le soir tu es à Calais, le lendemain à Kaboul.
Il n’y avait pas de place pour toi,
Parce que tu n’as pas aidé ses soldats
A faire la guerre contre tes frères.
Alors il t’a rejeté vers ton pays en guerre.
Il n’y avait pas de place pour eux,
Il n’y avait pas de place pour toi :
C’est toujours la même histoire.
 
Pourtant, cette nuit-là, les anges
Avaient chanté : “Gloire à Dieu au Ciel
Et sur la terre, paix aux hommes, ses amis”.
Seules de petites gens, des bergers
Ont entendu cette parole de fête.
Et dans les chaumières on écrit encore
Au dessus d’une crèche de paille et de papier
Ces quelques mots d’attente et d’espoir.
 
Reviens, Jésus, reviens vite chez nous.
“La fille ainée de ton Eglise” est devenue folle
Et, avec elle, les nations réunies à Copenhague :
Ils ne connaissent pas les mots paix, joie, fraternité
Ils ne savent pas s’accorder entre eux.
L’avenir de la terre, ils en parlent et discutent.
L’avenir de la terre ne les intéresse pas vraiment
On fera beau réveillon sous les lampions
Après avoir supprimé quelques ampoules
Pour être écologiquement corrects.

Qu’importe, puisqu’après demain ils ne seront plus.
Et tant pis si, après eux, c’est le désert !
Ils auront bien vécu et nous aussi !
Alors à quoi cela sert-il que tu sois venu
Un jour de l’histoire et du temps ?
Ils ne t’auront pas écouté ! Mais les petites gens savent
ce qu’aimer et pardonner veut dire, ils savent
où est la lumière qui les guide au milieu de la nuit
Tu ne prendras pas notre place, mais tu veux bien,
Au milieu de nous, être le Chemin.

Abbé Emile Hennart
Arras, 17 décembre 2009

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