Archive pour décembre, 2011

Benoît XVI: « Célébrer un Noël vraiment chrétien »

23 décembre, 2011

http://www.zenit.org/article-29779?l=french

CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI SUR NOËL, 21 DÉCEMBRE 2011

« Célébrer un Noël vraiment chrétien »

ROME, mercredi 21 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Je vous souhaite à tous ainsi qu’à vos familles de célébrer un Noël vraiment chrétien, de façon à ce que les échanges de vœux aussi soient ce jour-là l’expression de la joie de savoir que Dieu nous est proche et veut marcher avec nous sur le chemin de la vie » : c’est le vœu exprimé par le pape Benoît XVI au terme de sa catéchèse en italien, donnée ce mercredi matin, 21 décembre, en la salle Paul VI du Vatican, en préparation à Noël.

Catéchèse de Benoît XVI en italien sur Noël :

Chers frères et sœurs,

Je suis heureux de vous accueillir à cette audience générale, à quelques jours de la célébration de la Nativité du Seigneur. La salutation qui court sur toutes les lèvres ces jours-ci est : « Bon Noël ! Bonnes fêtes de Noël !» Faisons en sorte que, même dans la société actuelle, l’échange des voeux ne perde pas sa valeur religieuse profonde, et que la fête ne soit pas absorbée par les aspects extérieurs, qui touchent les cordes du cœur. Certes, les signes extérieurs sont beaux et importants, du moment qu’ils ne nous détournent pas, mais plutôt nous aident à vivre Noël dans son sens le plus vrai, le sens sacré et chrétien, de façon aussi à ce que notre joie ne soit pas superficielle mais profonde.
Avec la liturgie de Noël, l’Eglise nous introduit dans le grand mystère de l’Incarnation. Noël, en effet, ce n’est pas simplement l’anniversaire de la naissance de Jésus – c’est aussi cela, mais il y a davantage -, c’est célébrer un Mystère qui a marqué et continue de marquer l’histoire de l’homme : Dieu lui-même est venu habiter parmi nous (cf. Jean 1, 14), s’est fait l’un de nous; un Mystère qui concerne notre foi et notre existence ; un Mystère que nous vivons concrètement dans les célébrations liturgiques, en particulier dans la sainte messe.
On pourrait se demander : comment est-il possible que je vive maintenant cet événement si éloigné dans le temps ? Comment puis-je prendre part de façon fructueuse à la naissance du Fils de Dieu survenue il y a plus de deux mille ans ? Pendant la sainte messe de la nuit de Noël, nous répèterons ce refrain du psaume responsorial : « Aujourd’hui, nous est né un Sauveur ». Cet adverbe de temps : « aujourd’hui », revient plusieurs fois dans toutes les célébrations de Noël, et il se réfère à l’événement de la ,naissance de Jésus et au salut que l’incarnation du Fils de Dieu vient apporter. Dans la liturgie, un tel événement traverse les limites de l’espace et du temps et devient actuel, présent ; son effet dure, en dépit de la succession des jours, des années et des siècles. En indiquant que Jésus naît « aujourd’hui », la liturgie n’utilise pas une phrase dépourvue de sens, mais elle souligne que cette Naissance investit et pénètre toute l’histoire, qu’elle reste aujourd’hui aussi une réalité que nous pouvons atteindre justement dans la liturgie. Pour nous, croyants, la célébration de Noël renouvelle notre certitude que Dieu est réellement présent avec nous, encore « chair » et pas seulement lointain : bien qu’étant avec le Père, il est proche de nous. Dans cet Enfant né à Bethléem, Dieu s’est fait proche de l’homme : nous pouvons le rencontrer maintenant, dans un « aujourd’hui » sans crépuscule.
Je voudrais insister sur ce point, parce que l’homme contemporain, un homme du « sensible », de ce dont on peut faire l’expérience de façon empirique, a toujours plus de mal à ouvrir les horizons et à entrer dans le monde de Dieu. La rédemption de l’humanité advient, certes, à un moment précis et identifiable dans l’histoire : dans l’événement de Jésus de Nazareth ; mais Jésus est le Fils de Dieu, est Dieu même, qui non seulement a parlé à l’homme, lui a montré des signes admirables, l’a guidé tout au long d’une histoire du salut, mais s’est fait homme et reste homme. L’Eternel est entré dans les limites du temps et de l’espace, pour rendre possible « aujourd’hui » la rencontre avec Lui. Les textes liturgiques de Noël nous aident à comprendre que les événements du salut opéré par le Christ sont toujours actuels, concernent tout homme et tous les hommes. Lorsque nous écoutons ou prononçons, dans les célébrations liturgiques, cet « aujourd’hui nous est né un Sauveur », nous n’utilisons pas une expression conventionnelle creuse, mais nous comprenons que Dieu nous offre « aujourd’hui », maintenant, à moi, à chacun de nous, la possibilité de le reconnaître et de l’accueillir, comme l’ont fait les bergers à Bethléem, afin qu’il naisse aussi dans notre vie et qu’il la renouvelle, l’éclaire, la transforme par sa Grâce et par sa Présence.
Donc, en commémorant la naissance de Jésus dans la chair, de la Vierge Marie – et de nombreux textes liturgiques font revivre sous nos yeux tel ou tel épisode -, Noël est un événement efficace pour nous. En présentant le sens profond de la fête de Noël, le pape saint Léon le Grand invitait ses fidèles en ces termes : « Exultons dans le Seigneur, chers amis, et ouvrons notre cœur à la joie la plus pure, parce qu’est advenu le jour qui signifie pour nous la rédemption nouvelle, l’antique préparation, le bonheur éternel. Dans le cycle annuel récurrent, se renouvelle en effet pour nous le mystère éminent de notre salut qui, promis au commencement et accordé à la fin des temps, est destiné à durer sans fin » (Sermo 22, In Nativitate Domini, 2,1: PL 54,193). Et dans une autre de ses homélies de Noël, toujours saint Léon le Grand affirmait : « Aujourd’hui, l’auteur du monde a été engendré dans le sein d’une vierge : celui qui avait fait toutes choses s’est fait fils d’une femme créée par lui. Aujourd’hui, le Verbe de Dieu est apparu revêtu de chair et, alors que jamais il n’avait été visible pour l’oeil humain, il s’est rendu visible et palpable. Aujourd’hui, les bergers ont appris par la voix des anges que le Sauveur est né, dans la substance de notre corps et de notre âme » (Sermo 26, In Nativitate Domini, 6,1: PL 54,213).
Il y a un second aspect que je voudrais aborder brièvement : l’événement de Bethléem doit être considéré à la lumière du Mystère pascal : il font l’un et l’autre partie de l’unique œuvre rédemptrice du Christ. L’incarnation et la naissance de Jésus nous invitent déjà à diriger notre regard vers sa mort et sa résurrection : Noël et Pâques sont toutes deux des fêtes de la rédemption. Pâques la célèbre comme la victoire sur le péché et sur la mort, marque le moment final, lorsque la gloire de l’Homme-Dieu resplendit comme la lumière du jour ; Noël la célèbre comme l’entrée dans l’histoire de Dieu qui se fait homme pour ramener l’homme vers Dieu, et marque pour ainsi dire le moment initial, lorsque l’on entrevoit la lueur de l’aube. Mais justement comme l’aube précède et fait présager la lumière du jour, ainsi Noël annonce déjà la Croix et la gloire de la Résurrection. Les deux moments de l’année où se situent ces deux grandes fêtes – au moins dans certaines régions du monde – peuvent aussi aider à comprendre cet aspect. En effet, alors que Pâques tombe au début du printemps, quand le soleil est vainqueur des brouillards denses et froids et renouvelle la face de la terre, Noël tombe justement au début de l’hiver, quand la lumière et la chaleur du soleil ne réussissent pas à réveiller la nature, enveloppée par le froid, sous le manteau duquel pourtant la vie palpite, et que recommence la victoire du soleil et de la chaleur.
Les Pères de l’Eglise lisaient toujours la naissance du Christ à la lumière de toute l’oeuvre rédemptrice, qui trouve son sommet dans le Mystère pascal. L’incarnation du Fils de Dieu apparaît non seulement comme le début et la condition du salut, mais comme la présence même du Mystère de notre salut : Dieu se fait homme, naît enfant comme nous, prend notre chair pour vaincre la mort et le péché. Deux texte significatifs de saint Basile illustrent bien cela. Saint Basile disait aux fidèles : « Dieu assume la chair justement pour détruire la mort qui est cachée en elle. Comme les antidotes d’un venin une fois ingérés en annulent les effets, et comme les ténèbres d’une maison se dissolvent à la lumière du soleil, ainsi, la mort qui dominait sur la nature humaine a été détruite par la présence de Dieu. Et comme la glace reste solide dans l’eau tant que dure la nuit et que règnent les ténèbres, mais se dissout tout de suite à la chaleur du soleil, ainsi la mort qui avait régné jusqu’à la venue du Christ, « a été engloutie par la victoire » (1 Co 15,54) dès que la grâce du Dieu Sauveur est apparue et qu’a surgi le soleil de justice, parce qu’elle ne pouvait pas coexister avec la vie » (Homélie sur la naissance du Christ, 2: PG 31,1461). Dans un autre texte, saint Basile adressait encore cette invitation : « Nous célébrons le salut du monde, la nativité du genre humain. Aujourd’hui la faute d’Adam a été remise. Désormais, nous ne devons plus dire : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Gn 3,19), mais : « Uni à celui qui est venu du Ciel, tu seras admis au Ciel » (Homélie sur la naissance du Christ, 6: PG 31,1473).
A Noël, nous rencontrons la tendresse de l’amour de Dieu qui se penche sur nos limites, sur nos faiblesses, sur nos péchés, et s’abaisse jusqu’à nous. Saint Paul affirme que Jésus Christ « tout en étant de la condition divine … s’anéantit lui-même, assumant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Ph 2,6-7). Regardons vers la grotte de Bethléem : Dieu s’abaisse jusqu’à être placé dans une mangeoire, ce qui est déjà le prélude à l’abaissement de l’heure de sa passion. Le sommet de l’histoire d’amour entre Dieu et l’homme passe par la mangeoire de Bethléem et par le sépulcre de Jérusalem.
Chers frères et sœurs, vivons avec joie le Noël qui approche. Vivons cet événement merveilleux : le Fils de Dieu naît encore « aujourd’hui », Dieu est vraiment proche de chacun de nous et veut nous rencontrer, il veut nous conduire à Lui. Il est la vraie lumière qui irradie et dissout les ténèbres qui enveloppent notre vie et l’humanité. Vivons la Nativité du Seigneur en contemplant le chemin de l’immense amour de Dieu qui nous a élevé à lui à travers le Mystère de l’Incarnation, Passion, Mort et Résurrection de son Fils, puisque – comme l’affirme saint Augustin – dans [le Christ] la divinité du Fils unique a pris part à notre mortalité afin que nous participions à son immortalité » (Epître 187,6,20: PL 33,839-840). Surtout, contemplons et vivons ce Mystère dans la célébration de l’eucharistie, centre du saint Noël ; là, il se rend présent de façon réelle, Jésus, vrai pain descendu du ciel, véritable Agneau sacrifié pour notre salut.
Je vous souhaite à tous ainsi qu’à vos familles de célébrer un Noël vraiment chrétien, de façon à ce que les échanges de vœux aussi soient ce jour-là l’expression de la joie de savoir que Dieu nous est proche et veut marcher avec nous sur le chemin de la vie. Merci.

Paroles de Benoît XVI en français :
Chers frères et sœurs, dans quelques jours, nous célébrerons Noël ! C’est l’occasion d’échanger des vœux. Ce geste a peu à peu perdu sa grande valeur religieuse. On s’arrête à l’émotion qui peut-être sincère, et aux signes extérieurs. Ceux-ci doivent surtout nous conduire à la dimension sacrée et chrétienne de Noël pour que notre joie ne soit pas superficielle mais profonde. Avec la liturgie de Noël, l’Église nous introduit dans le mystère de l’Incarnation. Ce n’est pas le simple anniversaire de la naissance de Jésus qui est célébré, mais un profond mystère qui continue de marquer l’histoire humaine aujourd’hui. Noël intéresse ma foi et mon existence. Comment est-ce possible ? La naissance de Jésus ‘aujourd’hui’ est un évènement qui pénètre toute l’histoire et le cosmos. Dans la tradition chrétienne, les années se comptent à partir de la naissance du Fils de Dieu. Depuis cet instant, Dieu s’est approché de l’homme. Dans l’Enfant de la crèche, nous pouvons le reconnaître et le rencontrer en un ‘aujourd’hui’ qui ne finit pas. La naissance de Jésus renvoie à sa passion et à sa résurrection, car le mystère de l’Incarnation et le mystère pascal font partie de l’unique œuvre rédemptrice du Christ. Il a pris notre chair pour vaincre la mort et le péché. A Noël, apparaît le Christ Sauveur, soleil de justice, qui dissipe les ténèbres du monde et de notre vie. Chers amis, accueillons la lumière apportée par cet Enfant pour qu’elle nous transforme.
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement le groupe de Fréjus-Toulon avec leur évêque, Monseigneur Dominique Rey, et les étudiants lyonnais de l’Institut de formation de l’Oratoire. Puissions-nous fêter Noël en contemplant le chemin pris par l’amour infini de Dieu pour nous élever jusqu’à Lui. Joyeux et Saint Noël à tous, particulièrement aux enfants !

Traduction française de l’italien par Zenit (Anita S. Bourdin)

Marie et Joseph à Bethléem

21 décembre, 2011

Marie et Joseph à Bethléem dans images sacrée momenti49a

http://www.arengario.net/momenti/momenti49.html

« Noël change l’identité de Dieu »

21 décembre, 2011

http://www.croire.com/article/index.jsp?docId=21234&rubId=214

« Noël change l’identité de Dieu »

Pour réveiller le sens de Noël, nous sommes allés à la rencontre du Père Joseph Moingt, théologien reconnu. Une interview stimulante…
Les chrétiens fêtent bientôt la naissance du Christ. Comment comprendre que deux évangélistes, Marc et Jean, ne racontent pas cette naissance ?

Joseph Moingt :
C’est vrai, il n’y a pas de récit de la nativité dans deux évangiles sur quatre. Et à une exception près, les lettres des apôtres ne font pas mention de la nativité.
Ce silence est étonnant si on pense à l’importance que va prendre très vite et très tôt le dogme de l’Incarnation.

Que penser de ce contraste ?
J. M. :
Il est le signe que la première prédication chrétienne n’a pas tourné autour de Noël mais autour de Pâques.
Ce qui est au centre, c’est le Christ mort et ressuscité. Ce n’est qu’ensuite que les évangélistes vont se demander : « Ce Jésus, d’où vient-il ? »
Même s’ils sont placés au début des Evangiles, les récits de la nativité ne sont donc pas un début, ils viennent après une réflexion sur la résurrection et l’ascension de Jésus. C’est la fin de l’histoire de Jésus qui pose la question de son commencement.
Dans ces récits, on voit un ciel qui s’ouvre, des anges qui parlent aux bergers, une étoile qui guide des mages…

Pourquoi ce recours au merveilleux ?
J. M. :
D’abord, il faut affirmer que le christianisme ne naît pas dans le merveilleux, comme on aurait tendance à le dire.
On ne vient pas à la foi par le merveilleux. La foi chrétienne naît au pied de la croix, c’est ce que Paul ne cesse de répéter. Il faut lire les Evangiles de la nativité comme des récits symboliques.
Le merveilleux est le signe d’une méditation sur les Ecritures.
Tout le merveilleux vient dire : « Voilà l’accomplissement des prophéties, voilà ce qu’on attendait ». Il est le symbole d’une recherche d’intelligence de la foi.
Le merveilleux ne diminue pas l’importance de ces récits. Si nous sommes capables de le déchiffrer, il dit que cet enfant ne vient pas des hommes, mais de Dieu.

Que faire d’un merveilleux qui ne fait plus toujours sens aujourd’hui ?
J. M. :
Aujourd’hui, le merveilleux est soupçonné. Mais ces récits merveilleux ressemblent à d’autres écrits du temps de Jésus, juifs ou païens, qui racontent la naissance d’un personnage important.
Il faut rappeler que l’Eglise a le plus possible retranché le merveilleux. Les évangiles apocryphes qui contiennent énormément de merveilleux n’ont pas été acceptés parmi les Ecritures saintes. Le sens de Noël n’est pas dans le merveilleux.
Si on avait été présent à la naissance de Jésus, on aurait vu une naissance comme les autres. On ne se serait même pas posé la question du père qui était à côté !
Pour comprendre la nativité, il faut voir l’enfant dans la crèche et entendre les paroles de Paul : « Lui qui est de condition divine n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu » ( Lettre aux Philippiens 2, 6). Ainsi la crèche, c’est l’image même de la croix qui montre l’abaissement de Dieu.

Ce n’est pas toujours facile à faire entendre un soir de Noël ! Qu’est-ce que Noël change ?
J. M. :
À Noël, le Christ est annoncé comme l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». C’est une expression ancienne qui vient de l’Ancien Testament. Déjà les juifs disaient : « Notre Dieu est un Dieu qui s’approche ». Mais une question demeurait, « Jusqu’où s’approche-t-il ? ».
Déjà, de tout temps, Dieu habite l’histoire des hommes, il est dans la création. Mais avec Jésus, Dieu se lie à l’histoire des hommes, il accepte de subir l’histoire et de ne pas la dominer d’en haut.
Il n’est pas le Dieu du ciel, infiniment éloigné de nous.
Dieu est « pour-nous ». Noël change l’identité de Dieu. Dieu se montre capable de se faire homme et même de se laisser faire par l’homme, de souffrir de l’homme. La grandeur de Dieu n’est pas en dehors de nos limites, elle est de se poser dans nos limites et de les faire éclater. Noël montre combien nous comptons pour Dieu.

Dieu est-il préoccupé de l’homme ?
J. M. :
Oui, depuis la fondation du monde, il est préoccupé de venir à l’homme pour le libérer de la mort. La nouveauté de Noël, c’est que Dieu, en nous donnant ce fils, nous permet de devenir ses enfants, c’est-à-dire de participer à sa vie éternelle. Voilà ce que révèle l’image du ciel ouvert dans les récits de la nativité. Dieu traverse le voile qui nous séparait de lui.

Est-ce que cela change tout ?
J. M. :
Oui et non. Noël ne change rien au cours des événements. Mais, en même temps, le sens de l’histoire est retournée. Avant, la vie qui venait de Dieu s’écoulait dans la mort. Désormais cette vie s’écoule en Dieu. Mais Noël ne change pas tout, comme par magie.
Parfois on met tellement l’accent sur l’incarnation qu’il semble qu’il suffirait que Jésus naisse pour que toute l’humanité change ! Cela ne respecte pas le jeu de la liberté dans la foi. Personne ne reçoit purement et simplement son identité d’un autre. Même Jésus. Il reçoit du Père son identité de Fils de Dieu, mais il ne la reçoit qu’en la vivant. Il naît fils de Dieu, il est le « Verbe fait chair », mais il devient fils de Dieu en ratifiant l’élection reçue de son père, en vivant sa vie filiale à fond.
Il faut tenir les deux, sinon on supprime la liberté et le devenir. Pour nous, c’est pareil. Comme le dit Jean, nous avons reçu de « pouvoir devenir fils de Dieu ».
Le mystère de Noël nous rappelle que nous ne devenons fils de Dieu que parce que nous le recevons dans une naissance.
En un sens, en recevant cette possibilité, nous avons tout reçu. Car nous ne pouvons pas nous donner de devenir fils de Dieu. Mais cela ne supprime ni liberté, ni notre responsabilité.

LE NOËL D’UN « IGNORANT SAUVAGE » EN RELIGION

21 décembre, 2011

http://www.zenit.org/article-29778?l=french

LE NOËL D’UN « IGNORANT SAUVAGE » EN RELIGION

Une « visitation » pendant le chant du Magnificat

ROME, mercredi 21 décembre 2011 (ZENIT.org) – L’écrivain et diplomate français Paul Claudel a été comme consolé – on le sait souvent, sans avoir pourtant eu accès à son récit – par la lumière de Noël à Notre-Dame de Paris en 1886. Il a ensuite raconté lui-même cet événement intérieur, avouant qu’il était alors « d’une ignorance sauvage » pour ce qui est de la religion. C’est, écrit-il, Rimbaud qui a ouvert le premier une « fissure » dans son « bagne matérialiste ». Puis, l’Enfant de la crèche l’a visité dans son « état habituel d’asphyxie et de désespoir », pendant le chant du Magnificat.

Voici le récit (éditions Gallimard) que l’on peut trouver sur le site de la Société Paul Claudel :

« Ma conversion », par Paul Claudel
(…) J’avais complètement oublié la religion et j’étais à son égard d’une ignorance de sauvage. La première lueur de vérité me fut donnée par la rencontre des livres d’un grand poète, à qui je dois une éternelle reconnaissance, et qui a eu dans la formation de ma pensée une part prépondérante, Arthur Rimbaud. La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d’ Une saison en enfer , fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l’impression vivante et presque physique du surnaturel. Mais mon état habituel d’asphyxie et de désespoir restait le même.
J’avais complètement oublié la religion et j’étais à son égard d’une ignorance de sauvage. La première lueur de vérité me fut donnée par la rencontre des livres d’un grand poète, à qui je dois une éternelle reconnaissance, et qui a eu dans la formation de ma pensée une part prépondérante, Arthur Rimbaud. La lecture des Illuminations, puis, quelques mois après, d’ Une saison en enfer , fut pour moi un événement capital. Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l’impression vivante et presque physique du surnaturel. Mais mon état habituel d’asphyxie et de désespoir restait le même.
Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverais un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents. C’est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j’assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand’messe. Puis, n’ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres.
Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie.
Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. (…)

(1913)

Paul Claudel, Contacts et circonstances, Œuvres en Prose
Gallimard, La Pléiade, pp.1009-1010.

Benoît XVI: Saint Pierre Canisius (21 décémbre)

20 décembre, 2011

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110209_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 9 février 2011

Saint Pierre Canisius (21 décémbre)

Chers frères et sœurs,

Je voudrais vous parler aujourd’hui de saint Pierre Kanis, Canisius, forme latinisée de son nom de famille, une figure très importante du XVIe siècle catholique. Il était né le 8 mai 1521 à Nimègue, en Hollande. Son père était bourgmestre de la ville. Alors qu’il était étudiant à l’université de Cologne, il fréquenta les moines chartreux de Sainte Barbara, un centre dynamique de vie catholique, ainsi que d’autres hommes pieux qui cultivaient la spiritualité dite devotio moderna. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 8 mai 1543 à Mayence (Rhénanie-Palatinat), après avoir suivi un cours d’exercices spirituels sous la direction du bienheureux Pierre Favre, Petrus Faber, l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola. Ordonné prêtre en juin 1546 à Cologne, dès l’année suivante, comme théologien de l’évêque d’Augsburg, le cardinal Otto Truchsess von Waldburg, il participa au Concile de Trente, où il collabora avec deux confrères, Diego Laínez et Alfonso Salmerón.
En 1548, saint Ignace lui fit terminer sa formation spirituelle à Rome et l’envoya ensuite au Collège de Messine pour accomplir d’humbles travaux domestiques. Ayant obtenu à Bologne un doctorat en théologie le 4 octobre 1549, il fut destiné par saint Ignace à l’apostolat en Allemagne. Le 2 septembre de cette même année, 1549, il rendit visite au Pape Paul III à Castel Gandolfo, puis se rendit dans la basilique Saint-Pierre pour prier. Là, il implora l’aide des grands saints apôtres Pierre et Paul, afin qu’ils accordent une efficacité permanente à la Bénédiction apostolique pour son grand destin, pour sa nouvelle mission. Dans son journal, il note certaines phrases de cette prière. Il dit: «J’ai alors ressenti qu’un grand réconfort et que la présence de la grâce m’étaient accordés au moyen de ces intercesseurs [Pierre et Paul]. Ils confirmaient ma mission en Allemagne et semblaient me transmettre, comme apôtre de l’Allemagne, le soutien de leur bienveillance. Tu sais, Seigneur, de combien de façons et combien de fois en ce même jour tu m’as confié l’Allemagne pour laquelle, par la suite, je continuerais à être sollicité, pour laquelle je désirerais vivre et mourir».
Nous devons tenir compte du fait que nous nous trouvons à l’époque de la Réforme luthérienne, au moment où la foi catholique dans les pays de langue germanique, face à l’attraction de la Réforme, semblait s’éteindre. Le devoir de Pierre Canisius, chargé de revitaliser, de renouveler la foi catholique dans les pays germaniques, était presque impossible. Il n’était possible que par la force de la prière. Il n’était possible qu’à partir du centre, c’est-à-dire d’une profonde amitié personnelle avec Jésus Christ; une amitié avec le Christ dans son Corps, l’Eglise, qui doit être nourrie dans l’Eucharistie, Sa présence réelle.
En suivant la mission reçue par Ignace et par le Pape Paul III, Pierre Canisius partit pour l’Allemagne et se rendit avant tout dans le duché de Bavière, qui pendant de nombreuses années, fut le lieu de son ministère. En tant que doyen, recteur et vice-chancelier de l’université d’Ingolstadt, il s’occupa de la vie académique de l’Institut et de la réforme religieuse et morale du peuple. A Vienne, où, pendant une brève période, il fut administrateur du diocèse, il accomplit son ministère pastoral dans les hôpitaux et dans les prisons, tant en ville que dans les campagnes, et prépara la publication de son Catéchisme. En 1556, il fonda le Collège de Prague et, jusqu’en 1569, il fut le premier supérieur de la province jésuite de l’Allemagne supérieure.
Dans le cadre de cette charge, il établit dans les pays germaniques un réseau étroit de communautés de son Ordre, en particulier de collèges, qui devinrent des points de départ pour la réforme catholique, pour le renouveau de la foi catholique. A cette époque, il participa également au colloque de Worms avec les dirigeants protestants, parmi lesquels Philip Mélanchthon (1557); il exerça la fonction de nonce pontifical en Pologne (1558); il participa aux deux Diètes d’Augsbourg (1559 et 1565); il accompagna le cardinal Stanislas Hozjusz, légat du Pape Pie IV auprès de l’empereur Ferdinand (1560); il intervint à la session finale du Concile de Trente, où il parla de la question de la Communion sous les deux espèces et de l’index des livres interdits (1562).
En 1580, il se retira à Fribourg en Suisse, en se consacrant totalement à la prédication et à la composition de ses œuvres, et c’est là qu’il mourut le 21 décembre 1597. Béatifié par le bienheureux Pie IX en 1864, il fut proclamé en 1897 le deuxième Apôtre de l’Allemagne par le Pape Léon XIII, et canonisé et proclamé Docteur de l’Eglise par le Pape Pie XI en 1925.
Saint Pierre Canisius passa une bonne partie de sa vie au contact des personnes les plus importantes socialement de son époque et exerça une influence particulière par ses écrits. Il fut l’éditeur des œuvres complètes de saint Cyril d’Alexandrie et de saint Léon le Grand, des Lettres de saint Jérôme et des Oraisons de saint Nicolas de Flue. Il publia des livres de dévotion en plusieurs langues, les biographies de plusieurs saints suisses et de nombreux textes d’homilétique. Mais ses écrits les plus répandus furent les trois Catéchismes composés entre 1555 et 1558. Le premier Catéchisme était destiné aux étudiants en mesure de comprendre des notions élémentaires de théologie; le deuxième aux jeunes du peuple pour une première instruction religieuse; le troisième aux jeunes ayant une formation scolaire de niveau secondaire et supérieur. La doctrine catholique était exposée sous forme de questions et réponses, brièvement, dans des termes bibliques, avec une grande clarté et sans accents polémiques. Rien que de son vivant, on dénombrait déjà 200 éditions de ce Catéchisme! Et des centaines d’éditions se sont succédé jusqu’au XXe siècle. Ainsi en Allemagne, les personnes de la génération de mon père appelaient encore le Catéchisme simplement le Canisius: il est réellement le catéchiste à travers les siècles, il a formé la foi de personnes pendant des siècles.
C’est bien une caractéristique de saint Pierre Canisius: savoir composer harmonieusement la fidélité aux principes dogmatiques avec le respect dû à chaque personne. Saint Canisius a fait la distinction entre l’apostasie consciente, coupable, de la foi, et la perte de la foi non coupable, du fait des circonstances. Et il a déclaré, à l’égard de Rome, que la plupart des Allemands passés au protestantisme étaient sans faute. A un moment historique de fortes oppositions confessionnelles, il évitait — c’est quelque chose d’extraordinaire — l’âpreté et la rhétorique de la colère — quelque chose de rare comme je l’ai dit en ces temps de débats entre chrétiens, — et il visait uniquement à la présentation des racines spirituelles et à la revitalisation de la foi dans l’Eglise. C’est à cela que servit la connaissance vaste et profonde qu’il avait des Ecritures Saintes et des Pères de l’Eglise: cette même connaissance sur laquelle s’appuya sa relation personnelle avec Dieu et l’austère spiritualité qui lui venait de la devotio moderna et de la mystique rhénane.
La spiritualité de saint Canisius se caractérise par une profonde amitié personnelle avec Jésus. Il écrit, par exemple, le 4 septembre 1549 dans son journal, parlant avec le Seigneur: «Toi, à la fin, comme si tu m’ouvrais le cœur du Très Saint Corps, qu’il me semblait voir devant moi, tu m’as commandé de boire à cette source, en m’invitant pour ainsi dire à puiser les eaux de mon salut à tes sources, ô mon Sauveur». Puis il voit que le Sauveur lui donne un vêtement en trois parties qui s’appellent paix, amour et persévérance. Et avec ce vêtement composé de paix, d’amour et de persévérance, Canisius a mené son œuvre de renouveau du catholicisme. Son amitié avec Jésus — qui est au centre de sa personnalité — nourrie par l’amour de la Bible, par l’amour du Sacrement, par l’amour des Pères, cette amitié était clairement unie avec la conscience d’être dans l’Eglise un continuateur de la mission des Apôtres. Et cela nous rappelle que chaque évangélisateur authentique est toujours un instrument uni — et cela même le rend fécond — avec Jésus et avec son Eglise.
Saint Pierre Canisius s’était formé à l’amitié avec Jésus dans le milieu spirituel de la Chartreuse de Cologne, dans laquelle il était en contact étroit avec deux mystiques chartreux: Johann Lansperger, latinisé en Lanspergius, et Nicolas van Hesche, latinisé en Eschius. Il approfondit par la suite l’expérience de cette amitié, familiaritas stupenda nimis, avec la contemplation des mystères de la vie de Jésus, qui occupent une grande partie des Exercices spirituels de saint Ignace. Son intense dévotion au Cœur du Seigneur, qui atteint son sommet dans la consécration au ministère apostolique dans la Basilique vaticane, trouve ici son fondement.
Dans la spiritualité christocentrique de saint Pierre Canisius s’enracine une conviction profonde: il n’y a pas d’âme soucieuse de sa propre perfection qui ne pratique chaque jour la prière, l’oraison mentale, moyen ordinaire qui permet au disciple de Jésus de vivre dans l’intimité du Maître divin. C’est pourquoi, dans les écrits destinés à l’éducation spirituelle du peuple, notre saint insiste sur l’importance de la liturgie avec ses commentaires des Evangiles, des fêtes, du rite de la Messe et des autres sacrements, mais, dans le même temps, il a soin de montrer aux fidèles la nécessité et la beauté de la prière personnelle qui accompagne et imprègne la participation au culte public de l’Eglise.
Il s’agit d’une exhortation et d’une méthode qui conservent leur valeur intacte, en particulier après qu’elles aient été reproposées de manière faisant autorité par le Concile Vatican II dans la constitution Sacrosanctum Concilium: la vie chrétienne ne croît pas si elle n’est pas nourrie par la participation à la liturgie, de manière particulière à la Messe dominicale, et par la prière personnelle quotidienne, par le contact personnel avec Dieu. Parmi les mille activités et les multiples stimulations qui nous entourent, il est nécessaire de trouver chaque jour des moments de recueillement devant le Seigneur pour l’écouter et parler avec Lui.
Dans le même temps, l’exemple que saint Pierre Canisius nous a laissé, non seulement dans ses œuvres, mais surtout à travers sa vie, est toujours actuel et d’une valeur permanente. Il enseigne avec clarté que le ministère apostolique n’est incisif et ne produit des fruits de salut dans les cœurs que si le prédicateur est un témoin personnel de Jésus et sait être un instrument à sa disposition, étroitement uni à Lui par la foi dans son Evangile et dans son Eglise, par une vie moralement cohérente et par une prière incessante comme l’amour. Et cela vaut pour chaque chrétien qui veut vivre avec engagement et fidélité son adhésion au Christ. Merci.

UN CONTE DE NOËL, PAR MGR FOLLO

20 décembre, 2011

http://www.zenit.org/article-29774?l=french

UN CONTE DE NOËL, PAR MGR FOLLO

Naissance d’une vocation
ROME, mardi 20 décembre 2011 (ZENIT.org) – L’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, Mgr Francesco Follo, qui vient de publier « La mission du Saint-Siège à l’Unesco : La paix en question” (Editions Parole et Silence, 2011) a accepté de raconter aux lecteurs de Zenit un souvenir – un conte – de Noël et d’évoquer sa vocation sacerdotale et son ministère peu commun.

Zenit – Mgr Follo, avez-vous un souvenir de jeunesse, pour nous aider à célébrer Noël ?
Mgr Francesco Follo – Je me souviens d’un noël particulier de ma jeunesse: j’étais à Lourdes, où j’ai entendu un chant qui parlait de la visite des Rois Mages à Jésus. La chanson disait notamment que les trois Sages étaient arrivés à la grotte avec amour dons l’or, l’encens et la myrrhe, et qu’ils étaient accompagnés de beaucoup de serviteurs dont un clown. Cet homme, petit et vête du façon cocasse n’avait pas été considéré digne d’être présenté à la Sainte Faille. Il était donc resté derrière et il y avait un mur de personnes entre lui et l’Enfant Jésus. Comme il était petit de faille, il ne voyait rien et alors il faisait des bonds pour pouvoir voir Jésus. Son agitation faisait sonner les clochettes accrochées à son costume de bouffon. En entendant ce son, qui risquait de réveiller le nouveau-né, la Vierge a demandé qui en était responsable. Le mur de gens s’ouvrit et quelqu’un désigna le clown comme le responsable du tapage. La Mère du Sauveur lui sourit et, une fois reçus les cadeaux des Rois Mages, elle demanda à ce pauvre homme quel cadeau il avait apporté à Jésus. Le clown avait les mains vides, mais il répondit assez vite : « J’apporte ma capacité à m’émerveiller ».
Alors, je cherche à vivre le Saint Noël en cultivant l’émerveillement, en cherchant à m’émerveiller, avec gratitude parce que Dieu nous/m’aime, au point de descendre au milieu de nous. Je cherche aussi à me regarder comme lui me regarde, dans la lumière de sa sainteté, et dans l’amour de son cœur qui se donne à nous. Et c’est avec ce regard dans les yeux et dans le cœur, que je cherche à regarder les autres qui sont, avec moi, devant la crèche.

Mais où fêter Noël ?
Si le « comment » c’est l’émerveillement reconnaissant pour un Dieu qui se fait petit enfant, le « lieu », c’est la maison : celle de la famille, celle de Dieu. Si l’on ne vit pas en communion avec les autres, à commencer par ceux de notre famille, ce n’est pas une vie « commune », il n’y a pas de vraie vie communautaire sinon dans la louange de Dieu qui nous fait contempler la crèche.

Pourquoi vous êtes devenu prêtre ?
Avant tout je ne vous dirai pas pourquoi je suis devenu prêtre, mais pour « Qui » je l’ai fait. Ce « Qui » est le Christ. Il m’a toujours fasciné, je l’ai toujours estimé et, après, de plus en plus aimé et perçu comme mon ami.

Comment le Christ vous a-t-il attiré, appelé ?
A travers des personnes, par la douce et sainte figure du curé de ma paroisse, quand j’était petit, par l’amour, l’exemple et la sagesse de mes parents, dont la foi simple et solide (ils étaient l’un ouvrier et l’autre coiffeuse) m’a fait rencontrer le Christ dans le concret de la vie quotidienne et humble de la famille et du village. Mais je dois aussi ajouter le vicaire qui gérait le patronage, quand j’étais à l’école primaire. Son dévouement sacerdotal m’a fait apprécier la vie du prêtre. Enfin, mon père spirituel, qui est mort, mais qui a rendu ma vocation solide, en m’aidant à faire une expérience intelligente et amoureuse de l’Eglise comme communion. Ce prêtre m’a fait comprendre, entre autres, qu’il n’y a pas de vie vraie si elle n’est pas en communion avec les frères et sœurs en humanité, mais qu’il n’y a pas de vie en communion sinon dans la louange de Dieu. A partir de ce moment-là mon principal désir a été de remplir l’Eglise de fidèles. Et si vous me demandiez : « Quelle prière feriez-vous maintenant sans réfléchir une seule seconde ? », je vous répondrais immédiatement : « Que ton Règne vienne » et l’Eglise est le signe sacramentel de cette royauté de Dieu sur le monde. L’Eglise n’est pas contre le monde, ou en-dehors du monde. L’Eglise est cette partie du monde sauvée.

D’autres personnes vous ont aidé à enraciner votre vocation?
Certainement. L’une d’entre elles a été la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, qui m’appris à servir Dieu en le reconnaissant dans les pauvres, et qu’il faut, je cite, « une pauvreté angélique » pour voir Dieu dans le prochain. Depuis presque trente ans à Rome, auparavant, et maintenant à Paris, je « travaille » avec les Missionnaires de la Charité (nom officiel des Sœurs de Mère Teresa de Calcutta). Une autre personne m’a beaucoup aidé : c’est le bienheureux Jean-Paul II, que j’ai eu la chance de rencontrer grâce à mon « travail » à la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège. Il m’a appris comment être un « maître » et un guide vers la vérité pour les personnes confiées à mon ministère de prêtre : en étant un père fort, parce « homme de Dieu », et en priant, parce que la prière est l’âme de tout apostolat (dans un confessionnel ou dans un bureau). Et l’on travaille pour l’Eglise là où l’obéissance nous met.

Comment est-on prêtre … à l’UNESCO ?
L’UNESCO est une Agence spécialisée des Nations Unies pour l’éducation, les sciences (naturelles et humaines), la culture, la communication et l’information, dont l’objectif central est « de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, [la communication et l’information] la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnaît à tous les peuples ». Le Saint-Siège y est présent parce qu’en raison de sa souveraineté spécifique, mais surtout, en raison du « lien organique et constitutif qui existe entre la religion en général et le christianisme en particulier, d’une part, et la culture, d’autre part » (Discours de Jean-Paul II à l’occasion de sa visite à l’UNESCO – 2 juin 1980), et « pour prendre part à la réflexion et à l’engagement » de l’UNESCO (Message de Benoît XVI pour le XXV anniversaire de la visite de Jean-Paul II à l’UNESCO – 2 juin 2005).
Donc, la présence d’un prêtre qui – avec un statut diplomatique – représente le « Vatican » dans cette enceinte étatique (193 Etats en sont membres) est voulue et considérée utile au dialogue avec le monde et pour apporter la contribution de l’Eglise à une Agence qui a été créée pour la paix, parce que, comme le dit le préambule de l’Acte Constitutif de l’UNESCO : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ».
Dit autrement et en bref, le Saint-Siège est à l’UNESCO pour quatre motifs principaux. Primo pour faire entendre la voix de l’Église catholique dans les domaines de l’éducation, des sciences naturelles et sociales, de la culture et de la communication ; et d’autre part.
Secundo, pour être une interface entre les États membres de l’UNESCO et le Saint-Siège qui coordonne ces mêmes domaines dans l’ensemble des organisations internationales.
Tertio, pour participer au renforcement de la coopération internationale de l’UNESCO avec les membres de la « famille UNESCO » mais aussi des organismes de la société civile tels que les ONG.
Et enfin, pour contribuer à bâtir une civilisation de l’amour comme souvent le Pape Jean-Paul II a affirmé et Benoît XVI a très fortement réitéré dans son enseignement.
Personnellement, j’essaye de remplir ma tâche en étant un « maître » parce que je suis père, un heureux père dans l’Esprit pour le plus grand nombre possible de fils et filles.

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

The Birth of Jesus Foreold

15 décembre, 2011

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http://245-9965-www.thegardenworshipcenter.com/?section=news3

Accueillir Dieu dans nos différences personnelles et dans l’imprévu (Moines cisterciens)

15 décembre, 2011

(Moines cisterciens), du site:

http://www.abbaye-tamie.com/la_communaute/conferences/accueillir-dieu-dans-nos-differences/vue

Accueillir Dieu dans nos différences personnelles et dans l’imprévu

Dimanche 21 août 2006

Nous avons dit au sujet de la diversité dans la communauté qu’elle est un reflet de l’infinie diversité de la grâce. Nous sommes tous d’accord pour défendre cette diversité, quand il s’agit de nous-mêmes. Mais sommes-nous toujours conséquents pour accepter avec joie cette diversité chez l’autre ? Je voudrais réfléchir avec vous ce matin sur la difficulté que nous avons tous, plus ou moins, pour accepter que l’autre se comporte différemment de moi, qu’il sente les choses différemment… et j’associe à cette difficulté cette autre qui est celle d’accueillir l’inattendu, l’imprévu dans les événements. Ne suis-je pas trop souvent agacé, contrarié ? Or, cette attitude d’agacement face à l’autre ou à l’évènement n’est pas sans conséquence sur mon accueil de Dieu ni sur ma liberté dans la prière. Dieu est toujours l’Autre, infiniment différent et il ne peut nous rejoindre que de façon toujours inattendue.
La première question précisément à se poser est peut-être celle que saint Benoît pose au sujet du novice : Est-ce vraiment Dieu que je cherche et lui seul ou bien moi d’abord et Dieu ensuite ? Ma préoccupation principale, celle qui me fait vivre, est-elle toujours la recherche du visage de Dieu ? Dieu, personne ne l’a jamais vu. Dieu demeure caché : dans chaque visage, dans chaque événement, dans chaque parole ou lecture. C’est là qu’il nous faut le chercher et l’attendre, en sachant que toujours Dieu nous surprend, nous déstabilise, nous déroute. Si Dieu était la conséquence de mes prévisions, de mes projets, l’aboutissement logique de ma recherche, ce ne serait plus Dieu que je rencontrerais mais une idole que je me serais fabriquée. Dieu est insaisissable, toujours surprenant. Je dois m’attendre à ce qu’il bouleverse mes plans, mes prévisions, mes décisions. Pour mieux l’accueillir, je dois développer ma liberté, ma disponibilité, mon accueil de l’inédit, mon ouverture à l’inattendu. L’autre peut précisément m’y aider car lui aussi est toujours différent, inattendu : en cela consiste son altérité.
Je vous propose une démarche progressive en trois étapes : accueillir – accepter – aimer. Chacune anticipe déjà la suivante.
1 – Accueillir, c’est écouter l’autre pour écouter Dieu
Quand l’autre me parle, souvent je me sens déjà un peu agressé. Bonne expérience qui peut me rendre attentif à la façon dont je m’adresse à l’autre, car lui aussi peut se sentir agressé quand je m’adresse à lui. Une parole dite avec une grande confiance est une des vraies joies de la relation, de même qu’un geste qui exprime cette confiance paisible. Toute nervosité, toute précipitation dans le langage ou dans les gestes, diminue forcément l’attention à l’autre : ce que j’ai à faire ou à dire prend alors plus d’importance que la présence de l’autre. Nous le sentons tous, mais certains qui n’ont pas eu durant leur enfance tout l’amour auquel ils avaient droit y sont encore plus sensibles. Bien des fois on passe à côté de la vraie relation et on ne s’en rend pas compte. C’est ainsi que l’on fait souffrir sans le vouloir, c’est ainsi que des couples s’effritent peu à peu.
Pour se sentir écoutés certains ont besoin de plus de temps que d’autres. Ce n’est pas parce que j’ai bien compris ce qu’un frère voulait me dire qu’il s’est senti écouté. Cette remarque d’un prêtre du Prado parlant de son entretien avec le Père Ancel est significative : « Il m’a très bien compris mais il ne m’a pas écouté! » C’est Mgr Ancel lui-même qui nous rapportait ce propos ici au chapitre.
Si la véritable écoute est déjà difficile dans l’accompagnement, que dire des rencontres où l’autre me fait une remarque, me demande de modifier mon projet ? Là, je me sens directement agressé. Je me suis tellement identifié à mon projet, à ma façon de penser, que j’ai perdu la liberté d’entendre autre chose. Me sentant agressé, ma réponse sera une défense, une protection, avec des arguments qui parfois n’ont rien à voir avec la remarque que l’on me fait… J’ai perdu ma liberté. Pourquoi ne pas répondre paisiblement comme Jésus : si j’ai mal parlé, si j’ai mal agi, montre-moi où je me suis trompé ? Très souvent il ne s’agit même pas d’une erreur mais d’une autre façon de faire à laquelle je n’avais pas pensé ou à laquelle je n’avais pas donné l’importance que lui donne ce frère qui vient me la suggérer… Ecouter ne veut pas dire obligatoirement se rallier au point de vue de l’autre mais le prendre véritablement en considération, être avec lui, de son côté, dans cette suggestion, cette remarque…Ainsi on sort de soi pour aller à la rencontre de l’autre.
De même qu’on peut parler une heure avec quelqu’un sans le rencontrer vraiment, de même nous faisons face à beaucoup de faits qui ne deviennent pas pour nous des ‘évènements’. Car, comme le dit le Père Scholtus « L’évènement est en quelque sorte empêché de se produire là où règne la vie habituée. C’est dire que si par définition l’évènement est irruption de l’imprévisible, pour avoir lieu il requiert cependant notre vigilance et notre réponse. » (Petit christianisme d’insolence, Bayard 2004, p.99) Notre peur de l’imprévu nous empêche de regarder l’inattendu avec objectivité Trop vite nous commençons par juger ou condamner a priori, qu’il s’agisse d’un retard, d’une erreur, d’un accident…
2. Accueillir l’autre, c’est l’accepter dans ce qu’il est
Accepter va plus loin qu’écouter mais si on l’écoute en vérité, déjà l’autre se sent accepté. Les deux sont indissociables. Il faut commencer par écouter pour être sûr qu’on accepte l’autre tel qu’il est et non tel qu’on se l’imagine. Car cela aussi arrive et procure de grandes déceptions un jour : c’est très fréquent dans les couples. Découvrir que l’autre n’est pas tel que je me le suis imaginé peut provoquer une crise grave ou au contraire une découverte trop tardive. Mais l’avait-on suffisamment écouté ?
Accepter l’autre dans sa différence va entraîner en moi un changement, va me déplacer. Vivre à deux, vivre à trente, n’est pas la même chose que vivre seul ! Suis-je prêt à changer, non seulement durant les quelques mois de postulat, mais tous les jours de ma vie ? L’évangile nous appelle sans cesse à nous convertir, c’est-à-dire à changer, mais aussi à tout quitter, à partir…pour suivre quelqu’un. La vie est à ce prix. On ne comprend pas toujours le pourquoi ni où l’autre m’entraîne. On comprendra plus tard ! Il faut savoir faire un bout de chemin avec l’autre, même 2000 stades s’il me sollicite pour 1000 !
Ce qui est vrai de l’acceptation de l’autre l’est aussi de l’acceptation des évènements. S’agacer, se fâcher, crée un barrage à l’amour ; c’est aussi un gaspillage d’énergies qui suscite de la fatigue, affecte le sommeil, supprime l’appétit… A quoi peut servir de refuser un fait ? On ne le changera pas. Il est là qui s’impose. C’est à moi de changer pour, non seulement m’y adapter, mais l’accepter et le faire servir à la construction de ma vie. C’est ainsi qu’il peut devenir ‘évènement’ pour moi. Je suis toujours étonné et peiné quand j’entends dire qu’il y a eu quelques protestations à cause de choses ou de faits qui troublent certains dans leurs habitudes, dans leur emploi du temps, leur menu alimentaire, ou pour des questions de chauffage, d’éclairage, de changement de place,… Tout contretemps, toute contrariété, tout imprévu cache une grâce cachée d’accueil, de liberté et d’amour. Devant la surprise il y a la grâce du possible. Tout est possible à celui qui croit. Tout est possible aussi à celui qui aime. Aimer crée la confiance en l’autre autant qu’en soi, et ouvre un chemin de vie.
L’important pour un être vraiment libre est de pouvoir construire sa vie au lieu de la subir. Or, si je subis des évènements sans adhésion intérieure, sans oui profond, je ne crée plus mon histoire. Je perds ma liberté de décision, je ne suis plus capable d’inventer ma vie. J’ai alors l’impression qu’on m’a volé ma vie, que d’autres ou les évènements en ont décidé à ma place. La vie chrétienne, mais encore davantage la vie religieuse, est espérance, espérance d’avenir, espérance de transfiguration, de résurrection. Pour cela je dois laisser l’inouï de la Résurrection entrer dans ma vie.
3 – Accueillir Dieu suppose une spontanéité de l’amour
Seul l’amour nous permet de prendre les grandes décisions de notre vie qui souvent exigent un total changement : emploi, étude, vocation, mission…Seul l’amour aussi nous permet d’accepter des épreuves : des deuils, une démission, une maladie, une infirmité définitive… On ne peut accepter pleinement que si l’on est mû par un appel, un amour, une confiance… Quittant tout ils le suivirent…
Mais l’amour ne se réduit pas à quelques instants de grandes décisions. Il doit transfigurer toutes les petites décisions ou acceptations de nos journées. Si on aime vraiment le frère par qui elles nous sont proposées et parfois imposées, nous les vivrons dans le même dynamisme que ces grandes décisions qui ont orienté notre vie, dans ce même dynamisme pascal : qu’il s’agisse d’une demande de service, d’un retard, d’une contrariété, d’un échec, d’un accident, d’une panne, d’une négligence, d’un manque de nourriture ou de boisson, d’un changement d’horaire, d’un jour de pluie alors qu’on espérait du soleil…
Pour nous, célibataires, qui avons fait vœu de stabilité, la grande tentation est de s’installer dans un refus du changement et de faire de cette attitude une vertu. Cela s’appelle devenir ‘vieux garçon’. On se referme sur soi, sur sa santé, son emploi, ses temps libres, sa sieste…On accepte très difficilement d’être dérangé, bousculé. Heureusement, la communauté à laquelle nous sommes liés par la stabilité, paradoxalement est toujours là pour nous déstabiliser.
Dieu se présente toujours dans l’inattendu et jamais dans le figé de la routine, sinon pour nous en sortir ! Dieu est l’inédit, l’imprévisible, qu’il mette fin à une longue attente comme pour Anne ou Sara ou qu’il nous donne à peine le temps d’envisager ce qui nous arrive comme pour Marie, fiancée à Joseph. Dieu bouscule et réalise en même temps qu’il propose, laissant juste la place à un OUI rapide, spontané et joyeux. Si l’on refuse, Dieu n’insiste pas et se retire ; il reviendra peut-être plus tard sous une autre forme, mais l’occasion a passé. Dieu ne s’arrête jamais et ne force jamais une liberté malgré parfois les apparences. Quand Jésus appelle dans l’Evangile il est toujours en marche, une demi heure plus tard il est déjà plus loin. Il faut le suivre pour le rattraper comme Jean et André.
Dieu est patient et cependant il se présente souvent avec l’impatience de l’amour. Un oui d’amitié, en effet, se donne spontanément et ne se fait pas attendre des semaines ou des mois. M’aimes-tu ? Tu sais bien que oui. Alors suis-moi ! Et l’autre ? Ne t’inquiète pas pour lui, toi, suis-moi !
La plus grande surprise, l’événement le plus inattendu, celui qui change notre vie c’est de savoir qu’on est aimé et d’y croire. Il suffit de regarder quelle grâce et quel changement ce fut pour Marie, pour Pierre, pour Madeleine, pour Elie, Jérémie, Moïse ou le prophète Osée…Reconnaître et accepter d’être aimé ouvre dans notre vie une aventure nouvelle…Mais comment découvrir qu’on est aimé de Dieu si on n’aime pas vraiment son frère ?
Mon accueil de Dieu se fait souvent dans des moments de silence et de prière mais le oui qui sera donné alors s’est déjà exprimé, la plupart du temps, dans mes relations fraternelles, dans le travail, dans ces multiples oui qui me sont demandés au long d’une journée. Cf. Bienheureux Guerric : « Vous n’avez pas rencontré le Ressuscité auprès des autels, et vous le rencontrez sur les chemins qui vous conduisent au travail ! » Par chacun de ces oui acceptés, ces oui spontanés, comme celui de Martin donnant une partie de son manteau au pauvre, Dieu crée du nouveau et donne sens à mon existence. Tous ces oui quotidiens me conduisent vers le OUI dernier et définitif, un oui qui sera d’autant plus total qu’il aura été préparé par ces oui souvent insignifiants mais chargés d’amour. Nous le savons, aucun oui héroïque, aucun oui de martyr, ne s’improvise au moment même ; il a été préparé par une succession de oui ; cela apparaît très clairement dans le Journal de Christophe. Il en fut de même pour Marie, il en fut de même pour Jésus lui, qui n’était que OUI !
Vois si je prends le chemin des idoles, et conduis-moi sur le chemin d’éternité. (Ps 138, 26)

AUDIENCE DU 14 DÉCEMBRE 2011 : CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI

15 décembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29724?l=french

AUDIENCE DU 14 DÉCEMBRE 2011 : CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI

« Celui qui donne est plus précieux que le don »

ROME, mercredi 14 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Cela me semble très important : avant que le don soit accordé, adhérer à celui qui donne ; celui qui donne est plus précieux que le don. Par conséquent nous aussi, au-delà de ce que Dieu nous donne lorsque nous l’invoquons, le don le plus grand qu’il puisse nous donner est son amitié, sa présence, son amour. C’est lui le trésor précieux à demander et à toujours préserver », explique Benoît XVI.
Le pape a en effet tenu l’audience générale ce mercredi matin, 14 décembre, à 10 h 30, en la salle Paul VI du Vatican, en présence de milliers de visiteurs d’Italie et du monde entier.
Le pape a poursuivi sa catéchèse sur la prière de Jésus, dans le cadre de son « école de prière », – comme on pourrait appeler cette série de catéchèses -, en commentant la guérison du sourd-muet (Marc 7, 32-37) et la résurrection de Lazare (Jean 11 , 1-44).

Catéchèse de Benoît XVI en italien

Chers frères et sœurs,

Je voudrais réfléchir aujourd’hui sur la prière de Jésus liée à sa prodigieuse oeuvre de guérison. Dans les évangiles, on présente différentes situations où Jésus prie devant l’œuvre bienfaisante de guérison de Dieu le Père, qui agit par lui. Il s’agit d’une prière qui, une fois encore, manifeste le rapport unique de connaissance et de communion avec le Père alors que Jésus se laisser impliquer avec une grande participation humaine dans les malheurs de ses amis, par exemple de Lazare et de sa famille, ou de nombreux pauvres et de malades qu’il veut aider concrètement.
Un cas significatif est celui du sourd-muet (cf . Mc 7, 32-37). Le récit de l’évangéliste Marc, que nous venons d’entendre, montre que l’œuvre de guérison de Jésus est liée à son rapport intense avec son prochain – le malade – et avec le Père. La scène du miracle est décrite ainsi soigneusement : « Il le prit à l’écart, loin de la foule, il lui mit les doigts dans les oreilles et avec de la salive, il lui toucha la langue ; et en regardant vers le ciel, il émit un soupir et lui dit: « Ephphatha », « Ouvre-toi » (7, 33-34).  Jésus veut que la guérison advienne « à l’écart, loin de la foule ». Cela ne semble pas seulement dû au fait que le miracle doit être tenu caché aux gens pour éviter que l’on en fasse des interprétations limitées ou déformées sur la personne de Jésus. Le choix de conduire le malade à l’écart fait qu’au moment de la guérison, Jésus et le sourd-muet se trouvent seuls, rapprochés par une relation singulière. D’un geste, le Seigneur touche les oreilles et la langue du malade, c’est-à-dire le siège de son infirmité. L’intensité de l’attention de Jésus se manifeste aussi par les traits insolites de la guérison : Il emploie ses doigts et même sa salive. Et le fait que l’Evangéliste rapporte la parole originale prononcée par le Seigneur – « Ephphatha », c’est-à-dire : « Ouvre-toi » – met aussi en évidence le caractère singulier de cette scène.
Mais le point central de cet épisode, c’est le fait que Jésus, au moment d’opérer la guérison, cherche directement son rapport avec le Père. Le récit dit en effet que, « regardant vers le Ciel, Il émit un soupir » (v. 34). L’attention pour le malade, le souci de lui qu’a Jésus, sont liés à une attitude profonde de prière adressée à Dieu. Et l’émission du soupir est décrite par un verbe qui indique, dans le Nouveau Testament, l’aspiration à quelque chose de bon qui manque encore (cf. Rm 8,23). L’ensemble du récit montre alors que l’implication humaine avec le malade conduit Jésus à la prière. Une nouvelle fois, son rapport unique avec le Père affleure, son identité de Fils unique. En Lui, par sa personne, c’est l’oeuvre de guérison bienfaisante de Dieu qui se manifeste. Ce n’est pas par hasard si le commentaire conclusif des gens après le miracle rappelle l’évaluation du commencement de la Création, au début de la Genèse : « Tu as bien fait toutes choses ». La prière entre de façon claire dans l’oeuvre de guérison de Jésus, par son regard tourné vers le Ciel. La force qui a guéri le sourd-muet est certainement provoquée par sa compassion pour lui, mais elle vient du recours au Père. Ces deux relations se rencontrent : la relation humaine de compassion pour l’homme qui entre en relation avec Dieu et devient ainsi une guérison.
Dans le récit johannique de la résurrection de Lazare, cette dynamique est témoignée avec une évidence encore plus grande (cf. Jean 11 , 1-44). Ici aussi s’entremêlent d’une part le lien de Jésus avec un ami et avec sa souffrance et de l’autre la relation filiale qu’Il a avec le Père. La participation humaine de Jésus à l’épisode de Lazare a des traits particuliers. Dans tout le récit, on rappelle à plusieurs reprises son amitié pour lui, ainsi que pour ses sœurs Marthe et Marie. Jésus lui-même affirme : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais le réveiller » (Jn 11,11). Son affection sincère pour son ami est mise en relief aussi par les sœurs de Lazare, ainsi que par les juifs (cf. Jn 11,3; 11,36) ; elle se manifeste dans la profonde émotion de Jésus à la vue de la douleur de Marthe et de Marie et de tous les amis de Lazare, et elle conduit à ce qu’il éclate en larmes – de façon si profondément humaine – au moment où il s’approche de la tombe : « Alors, quand Jésus … vit pleurer [Marthe], et pleurer aussi les juifs qui étaient venus avec elle, il fut profondément bouleversé et, très troublé, il demanda : « Où l’avez-vous mis ? » Ils lui dirent : « Seigneur, viens voir ! ». Jésus éclata en larmes » (Jn 11,33-35).
Ce lien d’amitié, la participation et l’émotion de Jésus devant la douleur des parents et des connaissances de Lazare est lié, dans tout le récit, à un rapport continue et intense avec le Père. Depuis le début, l’événement est lu par Jésus en relation avec son identité et sa mission et avec la glorification qui l’attend. A la nouvelle de la maladie de Lazare, il commente en effet : « Cette maladie ne conduira pas à la mort, mais c’est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié » (Jn 11,4). L’annonce de la mort de son ami est aussi accueillie par Jésus avec une douleur humaine profonde, mais toujours clairement en référence à la relation à Dieu et avec la mission qu’il lui a confiée. Il dit : « Lazare est mort et moi je suis content pour vous de ne pas avoir été là, afin que vous croyiez » (Jn 11,14-15). Le moment de la prière explicite de Jésus au Père devant la tombe est l’aboutissement naturel de tout l’épisode, tendu entre ce double registre de l’amitié pour Lazare et du rapport filial à Dieu. Ici aussi, les deux relations vont ensemble : « Alors Jésus leva les yeux et dit : « Je te rends grâce, Père, parce que tu m’as écouté » (Jn 11,41) »: c’est une eucharistie. La phrase révèle que Jésus n’a pas abandonné même un instant la prière de demande pour la vie de Lazare. Cette prière continue a renforcé le lien avec l’ami et en même temps, elle a confirmé la décision de Jésus de rester en communion avec la volonté du Père, avec son plan d’amour, dans lequel la maladie et la mort de Lazare doivent être considérées comme le lieu de la manifestation de la gloire de Dieu. 
Chers frères et soeurs, en lisant ce récit, chacun de nous est appelé à comprendre que, dans la prière de demande au Seigneur, nous ne devons pas nous attendre à un accomplissement immédiat de ce que nous demandons, de notre volonté, mais nous confier plutôt à la volonté du Père en lisant chaque événement dans la perspective de sa gloire, de son dessein d’amour, souvent mystérieux à nos yeux. C’est pourquoi, dans notre prière, demande, louange et remerciement devraient se fondre, même lorsqu’il nous semble que Dieu ne réponde pas à nos attentes concrètes. S’abandonner à l’amour de Dieu qui nous précède et nous accompagne toujours est l’une des attitudes de fond de notre dialogue avec Lui. Le Catéchisme de l’Eglise catholique commente ainsi la prière de Jésus dans le récit de la résurrection de Lazare : « Ainsi, portée par l’action de grâce, la prière de Jésus nous révèle comment demander : Avant que le don soit donné, Jésus adhère à Celui qui donne et Se donne dans ses dons. Le Donateur est plus précieux que le don accordé, il est le  » Trésor « , et c’est en Lui qu’est le cœur de son Fils ; le don est donné  » par surcroît  » (cf. Mt 6, 21. 33) » (2604). Cela me semble très important : avant que le don soit accordé, adhérer à celui qui donne ; celui qui donne est plus précieux que le don. Par conséquent nous aussi, au-delà de ce que Dieu nous donne lorsque nous l’invoquons, le don le plus grand qu’il puisse nous donner est son amitié, sa présence, son amour. C’est lui le trésor précieux à demander et à toujours préserver.
La prière que Jésus prononce au moment où l’on enlève la pierre de l’entrée de la tombe de Lazare, présente ensuite un développement singulier et inattendu. En effet, après avoir remercié Dieu le Père, il ajoute : « Je savais que tu m’écoutes toujours, mais je l’ai dit pour les gens qui m’entourent afin qu’ils croient que tu m’as envoyé (Jn 11,42). Par sa prière, Jésus veut conduire à la foi, à la confiance totale en Dieu, et dans sa volonté, et il veut montrer que ce Dieu qui a tellement aimé l’homme et le monde qu’il a envoyé son Fils unique (cf. Jn 3, 16), est le Dieu de la vie, le Dieu qui apporte l’espérance et qui est capable de renverser les situations humainement impossibles. La prière confiante d’un croyant est alors un témoignage vivant de cette présence de Dieu dans le monde, de son intérêt pour l’homme, de son action pour réaliser son dessein de salut.
Les deux prières de Jésus à peine méditées, qui accompagnent la guérison du sourd-muet et la résurrection de Lazare, révèlent que le lien profond entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain doit aussi entrer dans notre prière. En Jésus, vrai Dieu et vrai homme, l’attention à l’autre – spécialement s’il est dans le besoin et souffrant -, le fait de s’émouvoir devant la douleur d’une famille amie, le conduisent à s’adresser au Père, dans cette relation fondamentale qui guide toute sa vie. Mais vice versa également : la communion avec le Père, le dialogue constant avec Lui, pousse Jésus à être attentif, d’une façon unique, aux situations concrètes de l’homme pour lui apporter la consolation et l’amour de Dieu. La relation à l’homme nous conduit à la relation à Dieu, et la relation à Dieu nous conduit à nouveau vers le prochain.
Chers frères et sœurs, notre prière ouvre la porte à Dieu, qui nous enseigne à sortir constamment de nous-mêmes pour être capables de nous rendre proches des autres, spécialement dans les moments d’épreuve, pour leur apporter consolation, espérance et lumière. Que le Seigneur nous accorde d’être capables d’une prière toujours plus intense, pour fortifier notre rapport personnel avec Dieu le Père, ouvrir notre cœur aux besoins de qui est à côté de nous et sentir la beauté d’être des « fils dans le Fils », ensemble, avec de nombreux frères. Merci.

Synthèse en langue française de la catéchèse de Benoît XVI :

Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous méditons sur la prière de Jésus dans son lien à son œuvre de guérison. Cette prière manifeste en effet sa relation unique de communion avec son Père, alors qu’il se laisse toucher par la détresse de ses amis, des pauvres et des malades qu’il veut aider concrètement. Dans l’évangile de Marc, le récit de la guérison du sourd-muet est significatif à cet égard. Jésus prend le malade à l’écart de la foule et, avec grande attention, il se sert de ses doigts et de sa salive puis il dit :  « Ephphatha ! », ouvre-toi ! En même temps il invoque son Père, montrant que la force qui guérit provient du recours au Père. C’est là le point central de ce récit. De même, chez Jean, dans la résurrection de Lazare, sont présents à la fois la compassion profonde de Jésus pour la souffrance d’un ami et sa communion filiale avec son Père. La prière que Jésus lui adresse pour la vie de Lazare, tout en confirmant sa décision de demeurer en communion avec la volonté du Père, renforce aussi son lien avec son ami. Ces récits nous font ainsi comprendre que dans notre prière de demande nous ne devons pas attendre la réalisation de notre volonté, mais nous confier à la volonté du Père. Même si cette volonté est souvent mystérieuse à nos yeux, nous avons la certitude de son amour pour nous. Le don le plus grand que Dieu puisse nous faire est celui de son amitié, de sa présence, de son amour, que nous devons toujours demander et préserver.
Je salue les pèlerins francophones, en particulier la délégation venue de Nouvelle-Calédonie, le groupe de Nice et de la Trinité. Un lien profond existe entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Comme Jésus, soyons attentifs aux personnes qui nous entourent, surtout celles qui souffrent. Apportons-leur la consolation et l’espérance que nous trouvons en Dieu. Bonne préparation de Noël ! Avec ma Bénédiction apostolique.

Traduction française de l’italien par Zenit (Anita S. Bourdin)

San Giovanni della Croce

14 décembre, 2011

San Giovanni della Croce dans images sacrée

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