Archive pour le 23 décembre, 2011
Homélie de Noël, messe de la nuit
23 décembre, 2011http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie de Noël, messe de la nuit
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Dieu nous a-t-il menti ? Nous pouvons nous le demander. Il nous a promis la paix il y a plus de deux mille ans et la paix ne règne pas dans l’univers, ni dans nos cœurs.
Dieu nous a promis la paix, c’est vrai. Promise et donnée : la paix, c’est Jésus Christ lui-même. Il en est l’incarnation, la condition et la source. Posons-nous cependant cette question : Qu’avons-nous fait de cet enfant, de ce Fils qui nous a été donné ? Merveilleux Conseiller, Prince de la Paix ?
Il est né en voyage, en des temps difficiles, dans un petit pays occupé par la plus forte armée du monde. Il s’est révélé un prophète hors série, révolutionnant les interprétations et les pratiques religieuses et morales de son temps. Et il a vaincu la mort. Il y a de cela vingt siècles. Mais il nous a laissé une charte de vie extraordinaire, simple, à taille humaine, et cependant difficile à concrétiser au fil des jours.
Aujourd’hui, nous nous déclarons ses disciples, successeurs de sa mission, rassemblés à cause de lui. En cette soirée anniversaire, de bonnes dispositions nous animent. Mais, qu’avons-nous fait de Jésus Christ ?
Certains l’ont réduit à une douce légende. Celle qui suscite des fêtes d’abondance et inspire les artistes. Un petit Jésus mignon, dont on parle aux enfants, et qui sert parfois même de menace quand ils ne sont pas sages. Jésus, prophète, a même été inscrit dans la mythologie, un symbole de contestation, le type du meneur s’immolant pour sa cause. Trop idéaliste cependant pour le commun des mortels.
Il est certes admiré, mais trop souvent de loin, et sans volonté de le suivre. Comme les superstars, on imprime son beau visage sur les shorts, les chemises et les posters. C’est plus facile que de lui offrir une place dans son cœur et son esprit. Il fait chanter, crier, pleurer, danser. La question est de savoir si on lui laisse pour autant la liberté de nous apprendre à vivre.
Pour beaucoup, il est un utopiste que l’on apaise d’un culte, d’une prière. Tout en l’écartant prudemment du quotidien concret de la vie.
Aujourd’hui, il nous est à nouveau présenté dans le réalisme de l’Evangile. Un bébé dans une mangeoire d’animaux. Des parents sans influence, sans fric, sans piston, sans réputation. Pas de milieu privilégié, pas de classe sacerdotale.
Aujourd’hui, ils auraient trouvé refuge à l’Armée du Salut, ou tout simplement sous un pont, utilisant pour berceau un emballage de boîte à conserves ou de poste de télévision…
Et cependant, la bonté et l’amour de Dieu sont entrés dans le monde par ce chemin là. Le plus beau cadeau fait par Dieu à l’humanité n’a pas eu de plus bel emballage. Pour venir parmi les siens, Dieu a choisi la place la plus ordinaire, en pleine masse. Là où les humains sont aisément les victimes des humains, de leur rapacité, de leur racisme, de leur orgueil. Là où la pauvreté est chronique et la liberté entravée.
Et pourquoi ? Pour expérimenter les réalités terrestres. Sentir dans l’être humain les conséquences du péché de la créature, afin de mieux en dénoncer les causes et les agents provocateurs.
Nos regards et nos espérances ne doivent donc pas d’abord se tourner vers les temples du veau d’or, ni vers le palais de l’ONU à New York, mais d’abord et essentiellement vers cette baraque de paysan, parce que c’est de là qu’est venu celui qui a voulu nous révéler ce qui était le meilleur pour tout être humain et pour le monde.
Or, il a dénoncé les hypocrisies, les injustices de tout genre. Il est même monté jusqu’aux marches les plus élevées pour arracher les masques. Il a bousculé les idoles du pouvoir et celles de l’argent. Il a rompu les chaînes et proposé des Béatitudes. Le vrai pouvoir est de servir, la vraie richesse le détachement, et la douceur la véritable force.
N’aurions-nous pas enterré ce Jésus-là dans l’oubli ? Ne l’aurions-nous pas enseveli sous nos dévotions ? Ne l’avons-nous pas échangé contre un Jésus fait sur mesure. A nos mesures ? Au risque de nous égarer parmi ses bourreaux, de prendre part plus ou moins inconsciemment au massacre des innocents ou de nous laver les mains, comme Pilate.
La crèche vient aujourd’hui nous aider à lui rendre la parole.
Il y a plus de 800 ans, François d’Assise confiait la réalisation d’une crèche aux paroissiens d’un petit village. Ce fut la première crèche vivante, non seulement par la présence du bœuf et de l’âne légendaires, mais parce que les chrétiens de l’endroit allaient découvrir brusquement leurs fautes et leurs erreurs, puis oublier leurs divisions. Grâce à cette représentation naïve d’un événement intraduisible, ils ont laissé naître en eux, sur la paille de leur cœur déjà pourrie par l’intérêt, la rancune et l’argent, un enfant désarmé, un Jésus de justice, de réconciliation et de paix.
Ce Noël de Greccio peut être le nôtre. Mettre au monde un nouveau « moi », laisser naître et transparaître en nous le Jésus de l’Evangile. Nous laisser séduire, conduire et stimuler, pour suivre ses traces. Afin que, modestement sans doute, mais réellement, nous puissions donner des preuves d’amour de Dieu là où nous sommes. Nous engager à être, à notre taille, des artisans de justice et de paix. Des agents de réconciliation. C’est le véritable enjeu de Noël. Un défi à relever.
P. Fabien Deleclos, franciscain (T) 1925 – 2008
Poème de Noël de Clément Moore: La nuit avant Noël
23 décembre, 2011http://www.joyeux-noel.com/poemecmoore.html
Poème de Noël de Clément Moore
La nuit avant Noël
En 1822, un pasteur new-yorkais du nom de Clément Clarke Moore écrivit un poème mettant en scène un Père Noël entièrement vêtu de rouge, assis dans un traineau tiré par des rennes, avec un sac de jouets toujours plein, et des bas accrochés au-dessus de la cheminée dans l’attente des cadeaux.
Ces images poétiques ont symbolisé Noël pour des générations et des générations d’enfants.
Intitulé » A visit from Saint Nicholas » puis publié anonymement dans un journal de l’état de New York, ce poème séduisit immédiatement l’imagination du public.
A tel point que le premier vers : » Twas the night before Christmas » prit rapidement la place du titre original .
Une des raisons pour lesquelles le poème de Moore connaît toujours le même succès est la joie qu’on éprouve à le lire à haute voix. Il commence dans le silence et le suspense pour monter en un crescendo dramatique tandis que ses vers joyeux annoncent le mystérieux visiteur de minuit.
Récit merveilleux en attendant Noël » The night before Christmas » est devenu depuis un véritable rite dans beaucoup de familles anglo-saxonnes.
Et vous aussi. Vous ne pourrez pas résister au plaisir de renouer avec cette vieille tradition qui veut qu’on lise ce poème à haute voix afin que tous puissent en partager la joie et l’émotion.
C’était la nuit de Noël, un peu avant minuit,
A l’heure où tout est calme, même les souris.
On avait pendu nos bas devant la cheminée,
Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée.
Blottis bien au chaud dans leurs petits lits,
Les enfants sages s’étaient déjà endormis.
Maman et moi, dans nos chemises de nuit,
Venions à peine de souffler la bougie,
Quand au dehors, un bruit de clochettes,
Me fit sortir díun coup de sous ma couette.
Filant comme une flèche vers la fenêtre,
Je scrutais tout là haut le ciel étoilé.
Au dessus de la neige, la lune étincelante,
Illuminait la nuit comme si c’était le jour.
Je n’en crus pas mes yeux quand apparut au loin,
Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing,
Dirigés par un petit personnage enjoué :
C’était le Père Noël je le savais.
Ses coursiers volaient comme s’ils avaient des ailes.
Et lui chantait, afin de les encourager :
» Allez Tornade !, Allez Danseur ! Allez , Furie et Fringuant !
En avant Comète et Cupidon ! Allez Eclair et Tonnerre !
Tout droit vers ce porche, tout droit vers ce mur !
Au galop au galop mes amis ! au triple galop ! «
Pareils aux feuilles mortes, emportées par le vent,
Qui montent vers le ciel pour franchir les obstacles ,
Les coursiers s’envolèrent, jusqu’au dessus de ma tête,
Avec le traîneau, les jouets et même le Père Noël.
Peu après j’entendis résonner sur le toit
Le piétinement fougueux de leurs petits sabots.
Une fois la fenêtre refermée, je me retournais,
Juste quand le Père Noël sortait de la cheminée.
Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet,
Etaient un peu salis par la cendre et la suie.
Jeté sur son épaule, un sac plein de jouets,
Lui donnait l’air d’un bien curieux marchand.
Il avait des joues roses, des fossettes charmantes,
Un nez comme une cerise et des yeux pétillants,
Une petite bouche qui souriait tout le temps,
Et une très grande barbe d’un blanc vraiment immaculé.
De sa pipe allumée coincée entre ses dents,
Montaient en tourbillons des volutes de fumée.
Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond
Sautait quand il riait, comme un petit ballon.
Il était si dodu, si joufflu, cet espiègle lutin,
Que je me mis malgré moi à rire derrière ma main.
Mais d’un clin d’oeil et d’un signe de la tête,
Il me fit comprendre que je ne risquais rien.
Puis sans dire un mot, car il était pressé,
Se hâta de remplir les bas, jusqu’au dernier,
Et me salua d’un doigt posé sur l’aile du nez,
Avant de disparaître dans la cheminée.
Je l’entendis ensuite siffler son bel équipage.
Ensemble ils s’envolèrent comme une plume au vent.
Avant de disparaître le Père Noël cria :
» Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit «
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Le poème en version originale
‘Twas the night before Christmas, when all through the house
Not a creature was stirring, not even a mouse;
The stockings were hung by the chimney with care,
In hopes that St. Nicholas soon would be there;
The children were nestled all snug in their beds,
While visions of sugar-plums danced in their heads;
And mamma in her ‘kerchief, and I in my cap,
Had just settled down for a long winter’s nap,
When out on the lawn there arose such a clatter,
I sprang from the bed to see what was the matter.
Away to the window I flew like a flash,
Tore open the shutters and threw up the sash,
The moon on the breast of the new-fallen snow
Gave the lustre of mid-day to objects below,
When what to my wondering eyes should appear,
But a miniature sleigh, and eight tiny reindeer,
With a little, old driver so lively and quick,
I knew in a moment it must be St. Nick.
More rapid than eagles his coursers they came,
And he whistled, and shouted, and called them by name;
« Now, Dasher! Now, Dancer! Now, Prancer and Vixen
On, Comet! On, Cupid! On, Donder and Blitzen!
To the top of the porch! To the top of the wall!
Now dash away! Dash away! Dash away all! »
As dry leaves that before the wild hurricane fly,
When they meet with an obstacle, mount to the sky,
So up to the house-top the coursers they flew,
With a sleigh full of toys, and St. Nicholas, too.
And then, in a twinkling, I heard on the roof
The prancing and pawing of each little hoof.
As I drew in my head, and was turning around,
Down the chimney St. Nicholas came with a bound.
He was dressed all in fur, from his head to his foot,
And his clothes were all tarnished with ashes and soot;
A bundle of toys he had flung on his back,
And he looked like a peddler just opening his pack.
His eyes, how they twinkled! His dimples how merry!
His cheeks were like roses, his nose like a cherry!
His droll little mouth was drawn up like a bow,
And the beard on his chin was as white as the snow;
The stump of a pipe he held tight in his teeth,
And the smoke it encircled his head like a wreath;
He had a broad face and a little round belly,
That shook when he laughed like a bowlful of jelly.
He was chubby and plump, a right jolly old elf,
And I laughed when I saw him, in spite of myself;
A wink of his eye and a twist of his head,
Soon gave me to know I had nothing to dread;
He spoke not a word, but went straight to his work,
And filled all the stocking; then turned with a jerk,
And laying his finger aside of his nose,
And giving a nod, up the chimney he rose;
He sprang to his sleigh, to his team gave a whistle,
And away they all flew like the down of a thistle.
But I heard him exclaim, ere he drove out of sight,
Happy christmas to all and to all a good night
Benoît XVI: « Célébrer un Noël vraiment chrétien »
23 décembre, 2011http://www.zenit.org/article-29779?l=french
CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI SUR NOËL, 21 DÉCEMBRE 2011
« Célébrer un Noël vraiment chrétien »
ROME, mercredi 21 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Je vous souhaite à tous ainsi qu’à vos familles de célébrer un Noël vraiment chrétien, de façon à ce que les échanges de vœux aussi soient ce jour-là l’expression de la joie de savoir que Dieu nous est proche et veut marcher avec nous sur le chemin de la vie » : c’est le vœu exprimé par le pape Benoît XVI au terme de sa catéchèse en italien, donnée ce mercredi matin, 21 décembre, en la salle Paul VI du Vatican, en préparation à Noël.
Catéchèse de Benoît XVI en italien sur Noël :
Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de vous accueillir à cette audience générale, à quelques jours de la célébration de la Nativité du Seigneur. La salutation qui court sur toutes les lèvres ces jours-ci est : « Bon Noël ! Bonnes fêtes de Noël !» Faisons en sorte que, même dans la société actuelle, l’échange des voeux ne perde pas sa valeur religieuse profonde, et que la fête ne soit pas absorbée par les aspects extérieurs, qui touchent les cordes du cœur. Certes, les signes extérieurs sont beaux et importants, du moment qu’ils ne nous détournent pas, mais plutôt nous aident à vivre Noël dans son sens le plus vrai, le sens sacré et chrétien, de façon aussi à ce que notre joie ne soit pas superficielle mais profonde.
Avec la liturgie de Noël, l’Eglise nous introduit dans le grand mystère de l’Incarnation. Noël, en effet, ce n’est pas simplement l’anniversaire de la naissance de Jésus – c’est aussi cela, mais il y a davantage -, c’est célébrer un Mystère qui a marqué et continue de marquer l’histoire de l’homme : Dieu lui-même est venu habiter parmi nous (cf. Jean 1, 14), s’est fait l’un de nous; un Mystère qui concerne notre foi et notre existence ; un Mystère que nous vivons concrètement dans les célébrations liturgiques, en particulier dans la sainte messe.
On pourrait se demander : comment est-il possible que je vive maintenant cet événement si éloigné dans le temps ? Comment puis-je prendre part de façon fructueuse à la naissance du Fils de Dieu survenue il y a plus de deux mille ans ? Pendant la sainte messe de la nuit de Noël, nous répèterons ce refrain du psaume responsorial : « Aujourd’hui, nous est né un Sauveur ». Cet adverbe de temps : « aujourd’hui », revient plusieurs fois dans toutes les célébrations de Noël, et il se réfère à l’événement de la ,naissance de Jésus et au salut que l’incarnation du Fils de Dieu vient apporter. Dans la liturgie, un tel événement traverse les limites de l’espace et du temps et devient actuel, présent ; son effet dure, en dépit de la succession des jours, des années et des siècles. En indiquant que Jésus naît « aujourd’hui », la liturgie n’utilise pas une phrase dépourvue de sens, mais elle souligne que cette Naissance investit et pénètre toute l’histoire, qu’elle reste aujourd’hui aussi une réalité que nous pouvons atteindre justement dans la liturgie. Pour nous, croyants, la célébration de Noël renouvelle notre certitude que Dieu est réellement présent avec nous, encore « chair » et pas seulement lointain : bien qu’étant avec le Père, il est proche de nous. Dans cet Enfant né à Bethléem, Dieu s’est fait proche de l’homme : nous pouvons le rencontrer maintenant, dans un « aujourd’hui » sans crépuscule.
Je voudrais insister sur ce point, parce que l’homme contemporain, un homme du « sensible », de ce dont on peut faire l’expérience de façon empirique, a toujours plus de mal à ouvrir les horizons et à entrer dans le monde de Dieu. La rédemption de l’humanité advient, certes, à un moment précis et identifiable dans l’histoire : dans l’événement de Jésus de Nazareth ; mais Jésus est le Fils de Dieu, est Dieu même, qui non seulement a parlé à l’homme, lui a montré des signes admirables, l’a guidé tout au long d’une histoire du salut, mais s’est fait homme et reste homme. L’Eternel est entré dans les limites du temps et de l’espace, pour rendre possible « aujourd’hui » la rencontre avec Lui. Les textes liturgiques de Noël nous aident à comprendre que les événements du salut opéré par le Christ sont toujours actuels, concernent tout homme et tous les hommes. Lorsque nous écoutons ou prononçons, dans les célébrations liturgiques, cet « aujourd’hui nous est né un Sauveur », nous n’utilisons pas une expression conventionnelle creuse, mais nous comprenons que Dieu nous offre « aujourd’hui », maintenant, à moi, à chacun de nous, la possibilité de le reconnaître et de l’accueillir, comme l’ont fait les bergers à Bethléem, afin qu’il naisse aussi dans notre vie et qu’il la renouvelle, l’éclaire, la transforme par sa Grâce et par sa Présence.
Donc, en commémorant la naissance de Jésus dans la chair, de la Vierge Marie – et de nombreux textes liturgiques font revivre sous nos yeux tel ou tel épisode -, Noël est un événement efficace pour nous. En présentant le sens profond de la fête de Noël, le pape saint Léon le Grand invitait ses fidèles en ces termes : « Exultons dans le Seigneur, chers amis, et ouvrons notre cœur à la joie la plus pure, parce qu’est advenu le jour qui signifie pour nous la rédemption nouvelle, l’antique préparation, le bonheur éternel. Dans le cycle annuel récurrent, se renouvelle en effet pour nous le mystère éminent de notre salut qui, promis au commencement et accordé à la fin des temps, est destiné à durer sans fin » (Sermo 22, In Nativitate Domini, 2,1: PL 54,193). Et dans une autre de ses homélies de Noël, toujours saint Léon le Grand affirmait : « Aujourd’hui, l’auteur du monde a été engendré dans le sein d’une vierge : celui qui avait fait toutes choses s’est fait fils d’une femme créée par lui. Aujourd’hui, le Verbe de Dieu est apparu revêtu de chair et, alors que jamais il n’avait été visible pour l’oeil humain, il s’est rendu visible et palpable. Aujourd’hui, les bergers ont appris par la voix des anges que le Sauveur est né, dans la substance de notre corps et de notre âme » (Sermo 26, In Nativitate Domini, 6,1: PL 54,213).
Il y a un second aspect que je voudrais aborder brièvement : l’événement de Bethléem doit être considéré à la lumière du Mystère pascal : il font l’un et l’autre partie de l’unique œuvre rédemptrice du Christ. L’incarnation et la naissance de Jésus nous invitent déjà à diriger notre regard vers sa mort et sa résurrection : Noël et Pâques sont toutes deux des fêtes de la rédemption. Pâques la célèbre comme la victoire sur le péché et sur la mort, marque le moment final, lorsque la gloire de l’Homme-Dieu resplendit comme la lumière du jour ; Noël la célèbre comme l’entrée dans l’histoire de Dieu qui se fait homme pour ramener l’homme vers Dieu, et marque pour ainsi dire le moment initial, lorsque l’on entrevoit la lueur de l’aube. Mais justement comme l’aube précède et fait présager la lumière du jour, ainsi Noël annonce déjà la Croix et la gloire de la Résurrection. Les deux moments de l’année où se situent ces deux grandes fêtes – au moins dans certaines régions du monde – peuvent aussi aider à comprendre cet aspect. En effet, alors que Pâques tombe au début du printemps, quand le soleil est vainqueur des brouillards denses et froids et renouvelle la face de la terre, Noël tombe justement au début de l’hiver, quand la lumière et la chaleur du soleil ne réussissent pas à réveiller la nature, enveloppée par le froid, sous le manteau duquel pourtant la vie palpite, et que recommence la victoire du soleil et de la chaleur.
Les Pères de l’Eglise lisaient toujours la naissance du Christ à la lumière de toute l’oeuvre rédemptrice, qui trouve son sommet dans le Mystère pascal. L’incarnation du Fils de Dieu apparaît non seulement comme le début et la condition du salut, mais comme la présence même du Mystère de notre salut : Dieu se fait homme, naît enfant comme nous, prend notre chair pour vaincre la mort et le péché. Deux texte significatifs de saint Basile illustrent bien cela. Saint Basile disait aux fidèles : « Dieu assume la chair justement pour détruire la mort qui est cachée en elle. Comme les antidotes d’un venin une fois ingérés en annulent les effets, et comme les ténèbres d’une maison se dissolvent à la lumière du soleil, ainsi, la mort qui dominait sur la nature humaine a été détruite par la présence de Dieu. Et comme la glace reste solide dans l’eau tant que dure la nuit et que règnent les ténèbres, mais se dissout tout de suite à la chaleur du soleil, ainsi la mort qui avait régné jusqu’à la venue du Christ, « a été engloutie par la victoire » (1 Co 15,54) dès que la grâce du Dieu Sauveur est apparue et qu’a surgi le soleil de justice, parce qu’elle ne pouvait pas coexister avec la vie » (Homélie sur la naissance du Christ, 2: PG 31,1461). Dans un autre texte, saint Basile adressait encore cette invitation : « Nous célébrons le salut du monde, la nativité du genre humain. Aujourd’hui la faute d’Adam a été remise. Désormais, nous ne devons plus dire : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Gn 3,19), mais : « Uni à celui qui est venu du Ciel, tu seras admis au Ciel » (Homélie sur la naissance du Christ, 6: PG 31,1473).
A Noël, nous rencontrons la tendresse de l’amour de Dieu qui se penche sur nos limites, sur nos faiblesses, sur nos péchés, et s’abaisse jusqu’à nous. Saint Paul affirme que Jésus Christ « tout en étant de la condition divine … s’anéantit lui-même, assumant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Ph 2,6-7). Regardons vers la grotte de Bethléem : Dieu s’abaisse jusqu’à être placé dans une mangeoire, ce qui est déjà le prélude à l’abaissement de l’heure de sa passion. Le sommet de l’histoire d’amour entre Dieu et l’homme passe par la mangeoire de Bethléem et par le sépulcre de Jérusalem.
Chers frères et sœurs, vivons avec joie le Noël qui approche. Vivons cet événement merveilleux : le Fils de Dieu naît encore « aujourd’hui », Dieu est vraiment proche de chacun de nous et veut nous rencontrer, il veut nous conduire à Lui. Il est la vraie lumière qui irradie et dissout les ténèbres qui enveloppent notre vie et l’humanité. Vivons la Nativité du Seigneur en contemplant le chemin de l’immense amour de Dieu qui nous a élevé à lui à travers le Mystère de l’Incarnation, Passion, Mort et Résurrection de son Fils, puisque – comme l’affirme saint Augustin – dans [le Christ] la divinité du Fils unique a pris part à notre mortalité afin que nous participions à son immortalité » (Epître 187,6,20: PL 33,839-840). Surtout, contemplons et vivons ce Mystère dans la célébration de l’eucharistie, centre du saint Noël ; là, il se rend présent de façon réelle, Jésus, vrai pain descendu du ciel, véritable Agneau sacrifié pour notre salut.
Je vous souhaite à tous ainsi qu’à vos familles de célébrer un Noël vraiment chrétien, de façon à ce que les échanges de vœux aussi soient ce jour-là l’expression de la joie de savoir que Dieu nous est proche et veut marcher avec nous sur le chemin de la vie. Merci.
Paroles de Benoît XVI en français :
Chers frères et sœurs, dans quelques jours, nous célébrerons Noël ! C’est l’occasion d’échanger des vœux. Ce geste a peu à peu perdu sa grande valeur religieuse. On s’arrête à l’émotion qui peut-être sincère, et aux signes extérieurs. Ceux-ci doivent surtout nous conduire à la dimension sacrée et chrétienne de Noël pour que notre joie ne soit pas superficielle mais profonde. Avec la liturgie de Noël, l’Église nous introduit dans le mystère de l’Incarnation. Ce n’est pas le simple anniversaire de la naissance de Jésus qui est célébré, mais un profond mystère qui continue de marquer l’histoire humaine aujourd’hui. Noël intéresse ma foi et mon existence. Comment est-ce possible ? La naissance de Jésus ‘aujourd’hui’ est un évènement qui pénètre toute l’histoire et le cosmos. Dans la tradition chrétienne, les années se comptent à partir de la naissance du Fils de Dieu. Depuis cet instant, Dieu s’est approché de l’homme. Dans l’Enfant de la crèche, nous pouvons le reconnaître et le rencontrer en un ‘aujourd’hui’ qui ne finit pas. La naissance de Jésus renvoie à sa passion et à sa résurrection, car le mystère de l’Incarnation et le mystère pascal font partie de l’unique œuvre rédemptrice du Christ. Il a pris notre chair pour vaincre la mort et le péché. A Noël, apparaît le Christ Sauveur, soleil de justice, qui dissipe les ténèbres du monde et de notre vie. Chers amis, accueillons la lumière apportée par cet Enfant pour qu’elle nous transforme.
Je salue les pèlerins francophones, particulièrement le groupe de Fréjus-Toulon avec leur évêque, Monseigneur Dominique Rey, et les étudiants lyonnais de l’Institut de formation de l’Oratoire. Puissions-nous fêter Noël en contemplant le chemin pris par l’amour infini de Dieu pour nous élever jusqu’à Lui. Joyeux et Saint Noël à tous, particulièrement aux enfants !
Traduction française de l’italien par Zenit (Anita S. Bourdin)