Archive pour le 15 décembre, 2011

The Birth of Jesus Foreold

15 décembre, 2011

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Accueillir Dieu dans nos différences personnelles et dans l’imprévu (Moines cisterciens)

15 décembre, 2011

(Moines cisterciens), du site:

http://www.abbaye-tamie.com/la_communaute/conferences/accueillir-dieu-dans-nos-differences/vue

Accueillir Dieu dans nos différences personnelles et dans l’imprévu

Dimanche 21 août 2006

Nous avons dit au sujet de la diversité dans la communauté qu’elle est un reflet de l’infinie diversité de la grâce. Nous sommes tous d’accord pour défendre cette diversité, quand il s’agit de nous-mêmes. Mais sommes-nous toujours conséquents pour accepter avec joie cette diversité chez l’autre ? Je voudrais réfléchir avec vous ce matin sur la difficulté que nous avons tous, plus ou moins, pour accepter que l’autre se comporte différemment de moi, qu’il sente les choses différemment… et j’associe à cette difficulté cette autre qui est celle d’accueillir l’inattendu, l’imprévu dans les événements. Ne suis-je pas trop souvent agacé, contrarié ? Or, cette attitude d’agacement face à l’autre ou à l’évènement n’est pas sans conséquence sur mon accueil de Dieu ni sur ma liberté dans la prière. Dieu est toujours l’Autre, infiniment différent et il ne peut nous rejoindre que de façon toujours inattendue.
La première question précisément à se poser est peut-être celle que saint Benoît pose au sujet du novice : Est-ce vraiment Dieu que je cherche et lui seul ou bien moi d’abord et Dieu ensuite ? Ma préoccupation principale, celle qui me fait vivre, est-elle toujours la recherche du visage de Dieu ? Dieu, personne ne l’a jamais vu. Dieu demeure caché : dans chaque visage, dans chaque événement, dans chaque parole ou lecture. C’est là qu’il nous faut le chercher et l’attendre, en sachant que toujours Dieu nous surprend, nous déstabilise, nous déroute. Si Dieu était la conséquence de mes prévisions, de mes projets, l’aboutissement logique de ma recherche, ce ne serait plus Dieu que je rencontrerais mais une idole que je me serais fabriquée. Dieu est insaisissable, toujours surprenant. Je dois m’attendre à ce qu’il bouleverse mes plans, mes prévisions, mes décisions. Pour mieux l’accueillir, je dois développer ma liberté, ma disponibilité, mon accueil de l’inédit, mon ouverture à l’inattendu. L’autre peut précisément m’y aider car lui aussi est toujours différent, inattendu : en cela consiste son altérité.
Je vous propose une démarche progressive en trois étapes : accueillir – accepter – aimer. Chacune anticipe déjà la suivante.
1 – Accueillir, c’est écouter l’autre pour écouter Dieu
Quand l’autre me parle, souvent je me sens déjà un peu agressé. Bonne expérience qui peut me rendre attentif à la façon dont je m’adresse à l’autre, car lui aussi peut se sentir agressé quand je m’adresse à lui. Une parole dite avec une grande confiance est une des vraies joies de la relation, de même qu’un geste qui exprime cette confiance paisible. Toute nervosité, toute précipitation dans le langage ou dans les gestes, diminue forcément l’attention à l’autre : ce que j’ai à faire ou à dire prend alors plus d’importance que la présence de l’autre. Nous le sentons tous, mais certains qui n’ont pas eu durant leur enfance tout l’amour auquel ils avaient droit y sont encore plus sensibles. Bien des fois on passe à côté de la vraie relation et on ne s’en rend pas compte. C’est ainsi que l’on fait souffrir sans le vouloir, c’est ainsi que des couples s’effritent peu à peu.
Pour se sentir écoutés certains ont besoin de plus de temps que d’autres. Ce n’est pas parce que j’ai bien compris ce qu’un frère voulait me dire qu’il s’est senti écouté. Cette remarque d’un prêtre du Prado parlant de son entretien avec le Père Ancel est significative : « Il m’a très bien compris mais il ne m’a pas écouté! » C’est Mgr Ancel lui-même qui nous rapportait ce propos ici au chapitre.
Si la véritable écoute est déjà difficile dans l’accompagnement, que dire des rencontres où l’autre me fait une remarque, me demande de modifier mon projet ? Là, je me sens directement agressé. Je me suis tellement identifié à mon projet, à ma façon de penser, que j’ai perdu la liberté d’entendre autre chose. Me sentant agressé, ma réponse sera une défense, une protection, avec des arguments qui parfois n’ont rien à voir avec la remarque que l’on me fait… J’ai perdu ma liberté. Pourquoi ne pas répondre paisiblement comme Jésus : si j’ai mal parlé, si j’ai mal agi, montre-moi où je me suis trompé ? Très souvent il ne s’agit même pas d’une erreur mais d’une autre façon de faire à laquelle je n’avais pas pensé ou à laquelle je n’avais pas donné l’importance que lui donne ce frère qui vient me la suggérer… Ecouter ne veut pas dire obligatoirement se rallier au point de vue de l’autre mais le prendre véritablement en considération, être avec lui, de son côté, dans cette suggestion, cette remarque…Ainsi on sort de soi pour aller à la rencontre de l’autre.
De même qu’on peut parler une heure avec quelqu’un sans le rencontrer vraiment, de même nous faisons face à beaucoup de faits qui ne deviennent pas pour nous des ‘évènements’. Car, comme le dit le Père Scholtus « L’évènement est en quelque sorte empêché de se produire là où règne la vie habituée. C’est dire que si par définition l’évènement est irruption de l’imprévisible, pour avoir lieu il requiert cependant notre vigilance et notre réponse. » (Petit christianisme d’insolence, Bayard 2004, p.99) Notre peur de l’imprévu nous empêche de regarder l’inattendu avec objectivité Trop vite nous commençons par juger ou condamner a priori, qu’il s’agisse d’un retard, d’une erreur, d’un accident…
2. Accueillir l’autre, c’est l’accepter dans ce qu’il est
Accepter va plus loin qu’écouter mais si on l’écoute en vérité, déjà l’autre se sent accepté. Les deux sont indissociables. Il faut commencer par écouter pour être sûr qu’on accepte l’autre tel qu’il est et non tel qu’on se l’imagine. Car cela aussi arrive et procure de grandes déceptions un jour : c’est très fréquent dans les couples. Découvrir que l’autre n’est pas tel que je me le suis imaginé peut provoquer une crise grave ou au contraire une découverte trop tardive. Mais l’avait-on suffisamment écouté ?
Accepter l’autre dans sa différence va entraîner en moi un changement, va me déplacer. Vivre à deux, vivre à trente, n’est pas la même chose que vivre seul ! Suis-je prêt à changer, non seulement durant les quelques mois de postulat, mais tous les jours de ma vie ? L’évangile nous appelle sans cesse à nous convertir, c’est-à-dire à changer, mais aussi à tout quitter, à partir…pour suivre quelqu’un. La vie est à ce prix. On ne comprend pas toujours le pourquoi ni où l’autre m’entraîne. On comprendra plus tard ! Il faut savoir faire un bout de chemin avec l’autre, même 2000 stades s’il me sollicite pour 1000 !
Ce qui est vrai de l’acceptation de l’autre l’est aussi de l’acceptation des évènements. S’agacer, se fâcher, crée un barrage à l’amour ; c’est aussi un gaspillage d’énergies qui suscite de la fatigue, affecte le sommeil, supprime l’appétit… A quoi peut servir de refuser un fait ? On ne le changera pas. Il est là qui s’impose. C’est à moi de changer pour, non seulement m’y adapter, mais l’accepter et le faire servir à la construction de ma vie. C’est ainsi qu’il peut devenir ‘évènement’ pour moi. Je suis toujours étonné et peiné quand j’entends dire qu’il y a eu quelques protestations à cause de choses ou de faits qui troublent certains dans leurs habitudes, dans leur emploi du temps, leur menu alimentaire, ou pour des questions de chauffage, d’éclairage, de changement de place,… Tout contretemps, toute contrariété, tout imprévu cache une grâce cachée d’accueil, de liberté et d’amour. Devant la surprise il y a la grâce du possible. Tout est possible à celui qui croit. Tout est possible aussi à celui qui aime. Aimer crée la confiance en l’autre autant qu’en soi, et ouvre un chemin de vie.
L’important pour un être vraiment libre est de pouvoir construire sa vie au lieu de la subir. Or, si je subis des évènements sans adhésion intérieure, sans oui profond, je ne crée plus mon histoire. Je perds ma liberté de décision, je ne suis plus capable d’inventer ma vie. J’ai alors l’impression qu’on m’a volé ma vie, que d’autres ou les évènements en ont décidé à ma place. La vie chrétienne, mais encore davantage la vie religieuse, est espérance, espérance d’avenir, espérance de transfiguration, de résurrection. Pour cela je dois laisser l’inouï de la Résurrection entrer dans ma vie.
3 – Accueillir Dieu suppose une spontanéité de l’amour
Seul l’amour nous permet de prendre les grandes décisions de notre vie qui souvent exigent un total changement : emploi, étude, vocation, mission…Seul l’amour aussi nous permet d’accepter des épreuves : des deuils, une démission, une maladie, une infirmité définitive… On ne peut accepter pleinement que si l’on est mû par un appel, un amour, une confiance… Quittant tout ils le suivirent…
Mais l’amour ne se réduit pas à quelques instants de grandes décisions. Il doit transfigurer toutes les petites décisions ou acceptations de nos journées. Si on aime vraiment le frère par qui elles nous sont proposées et parfois imposées, nous les vivrons dans le même dynamisme que ces grandes décisions qui ont orienté notre vie, dans ce même dynamisme pascal : qu’il s’agisse d’une demande de service, d’un retard, d’une contrariété, d’un échec, d’un accident, d’une panne, d’une négligence, d’un manque de nourriture ou de boisson, d’un changement d’horaire, d’un jour de pluie alors qu’on espérait du soleil…
Pour nous, célibataires, qui avons fait vœu de stabilité, la grande tentation est de s’installer dans un refus du changement et de faire de cette attitude une vertu. Cela s’appelle devenir ‘vieux garçon’. On se referme sur soi, sur sa santé, son emploi, ses temps libres, sa sieste…On accepte très difficilement d’être dérangé, bousculé. Heureusement, la communauté à laquelle nous sommes liés par la stabilité, paradoxalement est toujours là pour nous déstabiliser.
Dieu se présente toujours dans l’inattendu et jamais dans le figé de la routine, sinon pour nous en sortir ! Dieu est l’inédit, l’imprévisible, qu’il mette fin à une longue attente comme pour Anne ou Sara ou qu’il nous donne à peine le temps d’envisager ce qui nous arrive comme pour Marie, fiancée à Joseph. Dieu bouscule et réalise en même temps qu’il propose, laissant juste la place à un OUI rapide, spontané et joyeux. Si l’on refuse, Dieu n’insiste pas et se retire ; il reviendra peut-être plus tard sous une autre forme, mais l’occasion a passé. Dieu ne s’arrête jamais et ne force jamais une liberté malgré parfois les apparences. Quand Jésus appelle dans l’Evangile il est toujours en marche, une demi heure plus tard il est déjà plus loin. Il faut le suivre pour le rattraper comme Jean et André.
Dieu est patient et cependant il se présente souvent avec l’impatience de l’amour. Un oui d’amitié, en effet, se donne spontanément et ne se fait pas attendre des semaines ou des mois. M’aimes-tu ? Tu sais bien que oui. Alors suis-moi ! Et l’autre ? Ne t’inquiète pas pour lui, toi, suis-moi !
La plus grande surprise, l’événement le plus inattendu, celui qui change notre vie c’est de savoir qu’on est aimé et d’y croire. Il suffit de regarder quelle grâce et quel changement ce fut pour Marie, pour Pierre, pour Madeleine, pour Elie, Jérémie, Moïse ou le prophète Osée…Reconnaître et accepter d’être aimé ouvre dans notre vie une aventure nouvelle…Mais comment découvrir qu’on est aimé de Dieu si on n’aime pas vraiment son frère ?
Mon accueil de Dieu se fait souvent dans des moments de silence et de prière mais le oui qui sera donné alors s’est déjà exprimé, la plupart du temps, dans mes relations fraternelles, dans le travail, dans ces multiples oui qui me sont demandés au long d’une journée. Cf. Bienheureux Guerric : « Vous n’avez pas rencontré le Ressuscité auprès des autels, et vous le rencontrez sur les chemins qui vous conduisent au travail ! » Par chacun de ces oui acceptés, ces oui spontanés, comme celui de Martin donnant une partie de son manteau au pauvre, Dieu crée du nouveau et donne sens à mon existence. Tous ces oui quotidiens me conduisent vers le OUI dernier et définitif, un oui qui sera d’autant plus total qu’il aura été préparé par ces oui souvent insignifiants mais chargés d’amour. Nous le savons, aucun oui héroïque, aucun oui de martyr, ne s’improvise au moment même ; il a été préparé par une succession de oui ; cela apparaît très clairement dans le Journal de Christophe. Il en fut de même pour Marie, il en fut de même pour Jésus lui, qui n’était que OUI !
Vois si je prends le chemin des idoles, et conduis-moi sur le chemin d’éternité. (Ps 138, 26)

AUDIENCE DU 14 DÉCEMBRE 2011 : CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI

15 décembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29724?l=french

AUDIENCE DU 14 DÉCEMBRE 2011 : CATÉCHÈSE DE BENOÎT XVI

« Celui qui donne est plus précieux que le don »

ROME, mercredi 14 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Cela me semble très important : avant que le don soit accordé, adhérer à celui qui donne ; celui qui donne est plus précieux que le don. Par conséquent nous aussi, au-delà de ce que Dieu nous donne lorsque nous l’invoquons, le don le plus grand qu’il puisse nous donner est son amitié, sa présence, son amour. C’est lui le trésor précieux à demander et à toujours préserver », explique Benoît XVI.
Le pape a en effet tenu l’audience générale ce mercredi matin, 14 décembre, à 10 h 30, en la salle Paul VI du Vatican, en présence de milliers de visiteurs d’Italie et du monde entier.
Le pape a poursuivi sa catéchèse sur la prière de Jésus, dans le cadre de son « école de prière », – comme on pourrait appeler cette série de catéchèses -, en commentant la guérison du sourd-muet (Marc 7, 32-37) et la résurrection de Lazare (Jean 11 , 1-44).

Catéchèse de Benoît XVI en italien

Chers frères et sœurs,

Je voudrais réfléchir aujourd’hui sur la prière de Jésus liée à sa prodigieuse oeuvre de guérison. Dans les évangiles, on présente différentes situations où Jésus prie devant l’œuvre bienfaisante de guérison de Dieu le Père, qui agit par lui. Il s’agit d’une prière qui, une fois encore, manifeste le rapport unique de connaissance et de communion avec le Père alors que Jésus se laisser impliquer avec une grande participation humaine dans les malheurs de ses amis, par exemple de Lazare et de sa famille, ou de nombreux pauvres et de malades qu’il veut aider concrètement.
Un cas significatif est celui du sourd-muet (cf . Mc 7, 32-37). Le récit de l’évangéliste Marc, que nous venons d’entendre, montre que l’œuvre de guérison de Jésus est liée à son rapport intense avec son prochain – le malade – et avec le Père. La scène du miracle est décrite ainsi soigneusement : « Il le prit à l’écart, loin de la foule, il lui mit les doigts dans les oreilles et avec de la salive, il lui toucha la langue ; et en regardant vers le ciel, il émit un soupir et lui dit: « Ephphatha », « Ouvre-toi » (7, 33-34).  Jésus veut que la guérison advienne « à l’écart, loin de la foule ». Cela ne semble pas seulement dû au fait que le miracle doit être tenu caché aux gens pour éviter que l’on en fasse des interprétations limitées ou déformées sur la personne de Jésus. Le choix de conduire le malade à l’écart fait qu’au moment de la guérison, Jésus et le sourd-muet se trouvent seuls, rapprochés par une relation singulière. D’un geste, le Seigneur touche les oreilles et la langue du malade, c’est-à-dire le siège de son infirmité. L’intensité de l’attention de Jésus se manifeste aussi par les traits insolites de la guérison : Il emploie ses doigts et même sa salive. Et le fait que l’Evangéliste rapporte la parole originale prononcée par le Seigneur – « Ephphatha », c’est-à-dire : « Ouvre-toi » – met aussi en évidence le caractère singulier de cette scène.
Mais le point central de cet épisode, c’est le fait que Jésus, au moment d’opérer la guérison, cherche directement son rapport avec le Père. Le récit dit en effet que, « regardant vers le Ciel, Il émit un soupir » (v. 34). L’attention pour le malade, le souci de lui qu’a Jésus, sont liés à une attitude profonde de prière adressée à Dieu. Et l’émission du soupir est décrite par un verbe qui indique, dans le Nouveau Testament, l’aspiration à quelque chose de bon qui manque encore (cf. Rm 8,23). L’ensemble du récit montre alors que l’implication humaine avec le malade conduit Jésus à la prière. Une nouvelle fois, son rapport unique avec le Père affleure, son identité de Fils unique. En Lui, par sa personne, c’est l’oeuvre de guérison bienfaisante de Dieu qui se manifeste. Ce n’est pas par hasard si le commentaire conclusif des gens après le miracle rappelle l’évaluation du commencement de la Création, au début de la Genèse : « Tu as bien fait toutes choses ». La prière entre de façon claire dans l’oeuvre de guérison de Jésus, par son regard tourné vers le Ciel. La force qui a guéri le sourd-muet est certainement provoquée par sa compassion pour lui, mais elle vient du recours au Père. Ces deux relations se rencontrent : la relation humaine de compassion pour l’homme qui entre en relation avec Dieu et devient ainsi une guérison.
Dans le récit johannique de la résurrection de Lazare, cette dynamique est témoignée avec une évidence encore plus grande (cf. Jean 11 , 1-44). Ici aussi s’entremêlent d’une part le lien de Jésus avec un ami et avec sa souffrance et de l’autre la relation filiale qu’Il a avec le Père. La participation humaine de Jésus à l’épisode de Lazare a des traits particuliers. Dans tout le récit, on rappelle à plusieurs reprises son amitié pour lui, ainsi que pour ses sœurs Marthe et Marie. Jésus lui-même affirme : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais le réveiller » (Jn 11,11). Son affection sincère pour son ami est mise en relief aussi par les sœurs de Lazare, ainsi que par les juifs (cf. Jn 11,3; 11,36) ; elle se manifeste dans la profonde émotion de Jésus à la vue de la douleur de Marthe et de Marie et de tous les amis de Lazare, et elle conduit à ce qu’il éclate en larmes – de façon si profondément humaine – au moment où il s’approche de la tombe : « Alors, quand Jésus … vit pleurer [Marthe], et pleurer aussi les juifs qui étaient venus avec elle, il fut profondément bouleversé et, très troublé, il demanda : « Où l’avez-vous mis ? » Ils lui dirent : « Seigneur, viens voir ! ». Jésus éclata en larmes » (Jn 11,33-35).
Ce lien d’amitié, la participation et l’émotion de Jésus devant la douleur des parents et des connaissances de Lazare est lié, dans tout le récit, à un rapport continue et intense avec le Père. Depuis le début, l’événement est lu par Jésus en relation avec son identité et sa mission et avec la glorification qui l’attend. A la nouvelle de la maladie de Lazare, il commente en effet : « Cette maladie ne conduira pas à la mort, mais c’est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié » (Jn 11,4). L’annonce de la mort de son ami est aussi accueillie par Jésus avec une douleur humaine profonde, mais toujours clairement en référence à la relation à Dieu et avec la mission qu’il lui a confiée. Il dit : « Lazare est mort et moi je suis content pour vous de ne pas avoir été là, afin que vous croyiez » (Jn 11,14-15). Le moment de la prière explicite de Jésus au Père devant la tombe est l’aboutissement naturel de tout l’épisode, tendu entre ce double registre de l’amitié pour Lazare et du rapport filial à Dieu. Ici aussi, les deux relations vont ensemble : « Alors Jésus leva les yeux et dit : « Je te rends grâce, Père, parce que tu m’as écouté » (Jn 11,41) »: c’est une eucharistie. La phrase révèle que Jésus n’a pas abandonné même un instant la prière de demande pour la vie de Lazare. Cette prière continue a renforcé le lien avec l’ami et en même temps, elle a confirmé la décision de Jésus de rester en communion avec la volonté du Père, avec son plan d’amour, dans lequel la maladie et la mort de Lazare doivent être considérées comme le lieu de la manifestation de la gloire de Dieu. 
Chers frères et soeurs, en lisant ce récit, chacun de nous est appelé à comprendre que, dans la prière de demande au Seigneur, nous ne devons pas nous attendre à un accomplissement immédiat de ce que nous demandons, de notre volonté, mais nous confier plutôt à la volonté du Père en lisant chaque événement dans la perspective de sa gloire, de son dessein d’amour, souvent mystérieux à nos yeux. C’est pourquoi, dans notre prière, demande, louange et remerciement devraient se fondre, même lorsqu’il nous semble que Dieu ne réponde pas à nos attentes concrètes. S’abandonner à l’amour de Dieu qui nous précède et nous accompagne toujours est l’une des attitudes de fond de notre dialogue avec Lui. Le Catéchisme de l’Eglise catholique commente ainsi la prière de Jésus dans le récit de la résurrection de Lazare : « Ainsi, portée par l’action de grâce, la prière de Jésus nous révèle comment demander : Avant que le don soit donné, Jésus adhère à Celui qui donne et Se donne dans ses dons. Le Donateur est plus précieux que le don accordé, il est le  » Trésor « , et c’est en Lui qu’est le cœur de son Fils ; le don est donné  » par surcroît  » (cf. Mt 6, 21. 33) » (2604). Cela me semble très important : avant que le don soit accordé, adhérer à celui qui donne ; celui qui donne est plus précieux que le don. Par conséquent nous aussi, au-delà de ce que Dieu nous donne lorsque nous l’invoquons, le don le plus grand qu’il puisse nous donner est son amitié, sa présence, son amour. C’est lui le trésor précieux à demander et à toujours préserver.
La prière que Jésus prononce au moment où l’on enlève la pierre de l’entrée de la tombe de Lazare, présente ensuite un développement singulier et inattendu. En effet, après avoir remercié Dieu le Père, il ajoute : « Je savais que tu m’écoutes toujours, mais je l’ai dit pour les gens qui m’entourent afin qu’ils croient que tu m’as envoyé (Jn 11,42). Par sa prière, Jésus veut conduire à la foi, à la confiance totale en Dieu, et dans sa volonté, et il veut montrer que ce Dieu qui a tellement aimé l’homme et le monde qu’il a envoyé son Fils unique (cf. Jn 3, 16), est le Dieu de la vie, le Dieu qui apporte l’espérance et qui est capable de renverser les situations humainement impossibles. La prière confiante d’un croyant est alors un témoignage vivant de cette présence de Dieu dans le monde, de son intérêt pour l’homme, de son action pour réaliser son dessein de salut.
Les deux prières de Jésus à peine méditées, qui accompagnent la guérison du sourd-muet et la résurrection de Lazare, révèlent que le lien profond entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain doit aussi entrer dans notre prière. En Jésus, vrai Dieu et vrai homme, l’attention à l’autre – spécialement s’il est dans le besoin et souffrant -, le fait de s’émouvoir devant la douleur d’une famille amie, le conduisent à s’adresser au Père, dans cette relation fondamentale qui guide toute sa vie. Mais vice versa également : la communion avec le Père, le dialogue constant avec Lui, pousse Jésus à être attentif, d’une façon unique, aux situations concrètes de l’homme pour lui apporter la consolation et l’amour de Dieu. La relation à l’homme nous conduit à la relation à Dieu, et la relation à Dieu nous conduit à nouveau vers le prochain.
Chers frères et sœurs, notre prière ouvre la porte à Dieu, qui nous enseigne à sortir constamment de nous-mêmes pour être capables de nous rendre proches des autres, spécialement dans les moments d’épreuve, pour leur apporter consolation, espérance et lumière. Que le Seigneur nous accorde d’être capables d’une prière toujours plus intense, pour fortifier notre rapport personnel avec Dieu le Père, ouvrir notre cœur aux besoins de qui est à côté de nous et sentir la beauté d’être des « fils dans le Fils », ensemble, avec de nombreux frères. Merci.

Synthèse en langue française de la catéchèse de Benoît XVI :

Chers frères et sœurs, aujourd’hui nous méditons sur la prière de Jésus dans son lien à son œuvre de guérison. Cette prière manifeste en effet sa relation unique de communion avec son Père, alors qu’il se laisse toucher par la détresse de ses amis, des pauvres et des malades qu’il veut aider concrètement. Dans l’évangile de Marc, le récit de la guérison du sourd-muet est significatif à cet égard. Jésus prend le malade à l’écart de la foule et, avec grande attention, il se sert de ses doigts et de sa salive puis il dit :  « Ephphatha ! », ouvre-toi ! En même temps il invoque son Père, montrant que la force qui guérit provient du recours au Père. C’est là le point central de ce récit. De même, chez Jean, dans la résurrection de Lazare, sont présents à la fois la compassion profonde de Jésus pour la souffrance d’un ami et sa communion filiale avec son Père. La prière que Jésus lui adresse pour la vie de Lazare, tout en confirmant sa décision de demeurer en communion avec la volonté du Père, renforce aussi son lien avec son ami. Ces récits nous font ainsi comprendre que dans notre prière de demande nous ne devons pas attendre la réalisation de notre volonté, mais nous confier à la volonté du Père. Même si cette volonté est souvent mystérieuse à nos yeux, nous avons la certitude de son amour pour nous. Le don le plus grand que Dieu puisse nous faire est celui de son amitié, de sa présence, de son amour, que nous devons toujours demander et préserver.
Je salue les pèlerins francophones, en particulier la délégation venue de Nouvelle-Calédonie, le groupe de Nice et de la Trinité. Un lien profond existe entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Comme Jésus, soyons attentifs aux personnes qui nous entourent, surtout celles qui souffrent. Apportons-leur la consolation et l’espérance que nous trouvons en Dieu. Bonne préparation de Noël ! Avec ma Bénédiction apostolique.

Traduction française de l’italien par Zenit (Anita S. Bourdin)