Archive pour le 14 décembre, 2011
Pape Benoît: Saint Jean de la Croix (14 décémbre)
14 décembre, 2011du site:
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 16 février 2011
Saint Jean de la Croix (14 décémbre)
Chers frères et sœurs,
Il y a deux semaines, j’ai présenté la figure de la grande mystique espagnole Thérèse de Jésus. Je voudrais aujourd’hui parler d’un autre saint important de ces territoires, ami spirituel de sainte Thérèse, réformateur, avec elle, de la famille religieuse carmélitaine: saint Jean de la Croix, proclamé Docteur de l’Eglise par le Pape Pie XI, en 1926, et surnommé dans la tradition Doctor mysticus, «Docteur mystique».
Jean de la Croix naquit en 1542 dans le petit village de Fontiveros, proche d’Avila, en Vieille Castille, de Gonzalo de Yepes et Catalina Alvarez. Sa famille était très pauvre, car son père, issu d’une famille noble de Tolède, avait été chassé de chez lui et déshérité pour avoir épousé Catalina, une humble tisseuse de soie. Orphelin de père dans son jeune âge, Jean, à neuf ans, partit avec sa mère et son frère Francisco pour Medina del Campo, non loin de Valladolid, un pôle commercial et culturel. Il y fréquenta le Colegio de los Doctrinos, en assurant également d’humbles travaux pour les sœurs de l’église-couvent de la Madeleine. Par la suite, vues ses qualités humaines et ses résultats dans les études, il fut admis d’abord comme infirmier dans l’Hôpital de la Conception, puis au Collège des jésuites, qui venait d’être fondé à Medina del Campo: Jean y entra à dix-huit ans et étudia pendant trois ans les sciences humaines, la rhétorique et les langues classiques. A la fin de sa formation, sa vocation lui était très claire: la vie religieuse et, parmi tous les ordres présents à Medina, il se sentit appelé au carmel.
Au cours de l’été 1563, il débuta le noviciat chez les carmes de la ville, en prenant le nom religieux de Mattia. L’année suivante, il fut destiné à la prestigieuse université de Salamanque, où il étudia pendant un triennat les arts et la philosophie. En 1567, il fut ordonné prêtre et retourna à Medina del Campo pour célébrer sa première Messe entouré de l’affection de sa famille. C’est là qu’eut lieu la première rencontre entre Jean et Thérèse de Jésus. La rencontre fut décisive pour tous les deux: Thérèse lui exposa son programme de réforme du carmel, l’appliquant également à la branche masculine de l’ordre et proposa à Jean d’y adhérer «pour la plus grande gloire de Dieu»; le jeune prêtre fut fasciné par les idées de Thérèse, au point de devenir un grand défenseur du projet. Ils travaillèrent ensemble quelques mois, partageant les idéaux et les propositions pour inaugurer le plus rapidement possible la première maison des carmes déchaux: l’ouverture eut lieu le 28 décembre 1568 à Duruelo, un lieu isolé de la province d’Avila. Avec Jean, trois autres compagnons formaient cette première communauté masculine réformée. En renouvelant leur profession de foi selon la Règle primitive, tous les quatre adoptèrent un nouveau nom: Jean s’appela dès lors «de la Croix», nom sous lequel il sera universellement connu. A la fin de 1572, à la demande de sainte Thérèse, il devint confesseur et vicaire du monastère de l’Incarnation d’Avila, où la sainte était prieure. Ce furent des années d’étroite collaboration et d’amitié spirituelle, qui les enrichit tous deux. C’est à cette période que remontent aussi les plus importantes œuvres de Thérèse et les premiers écrits de Jean.
L’adhésion à la réforme du carmel ne fut pas facile et coûta également de graves souffrances à Jean. L’épisode le plus traumatisant fut, en 1577, son enlèvement et son incarcération dans le couvent des carmes de l’antique observance de Tolède, à la suite d’une accusation injuste. Le saint fut emprisonné pendant des mois, soumis à des privations et des contraintes physiques et morales. En ce lieu, il composa, avec d’autres poésies, le célèbre Cantique spirituel. Finalement, dans la nuit du 16 au 17 août 1578, il réussit à fuir de façon aventureuse, se réfugiant dans le monastère des carmélites déchaussées de la ville. Sainte Thérèse et ses compagnons réformés célébrèrent avec une immense joie sa libération et, après une brève période pour retrouver ses forces, Jean fut destiné à l’Andalousie, où il passa dix ans dans divers couvents, en particulier à Grenade. Il assuma des charges toujours plus importantes dans l’ordre, jusqu’à devenir vicaire provincial, et il compléta la rédaction de ses traités spirituels. Il revint ensuite dans sa terre natale, comme membre du gouvernement général de la famille religieuse thérésienne, qui jouissait désormais d’une pleine autonomie juridique. Il habita au carmel de Ségovie, exerçant la charge de supérieur de cette communauté. En 1591, il fut relevé de toute responsabilité et destiné à la nouvelle province religieuse du Mexique. Alors qu’il se préparait pour ce long voyage avec dix autres compagnons, il se retira dans un couvent solitaire près de Jaén, où il tomba gravement malade. Jean affronta avec une sérénité et une patience exemplaires d’immenses souffrances. Il mourut dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, alors que ses confrères récitaient l’office de mâtines. Il les quitta en disant: «Aujourd’hui je vais chanter l’Office au ciel». Sa dépouille mortelle fut transférée à Ségovie. Il fut béatifié par Clément X en 1675 et canonisé par Benoît XIII en 1726.
Jean est considéré comme l’un des plus importants poètes lyriques de la littérature espagnole. Ses plus grandes œuvres sont au nombre de quatre: «La montée du Mont Carmel», «La nuit obscure», «Les cantiques spirituels» et «La vive flamme d’amour».
Dans les Cantiques spirituels, saint Jean présente le chemin de purification de l’âme, c’est-à-dire la possession progressive et joyeuse de Dieu, jusqu’à ce que l’âme parvienne à sentir qu’elle aime Dieu avec le même amour dont Il l’aime. La vive flamme d’amour poursuit dans cette perspective, en décrivant plus en détail l’état de l’union transformante avec Dieu. Le parallèle utilisé par Jean est toujours celui du feu: de même que le feu, plus il brûle et consume le bois, plus il devient incandescent jusqu’à devenir flamme, ainsi l’Esprit Saint, qui au cours de la nuit obscure purifie et «nettoie» l’âme, avec le temps l’illumine et la réchauffe comme si elle était une flamme. La vie de l’âme est une incessante fête de l’Esprit Saint, qui laisse entrevoir la gloire de l’union avec Dieu dans l’éternité.
La montée du Mont Carmel présente l’itinéraire spirituel du point de vue de la purification progressive de l’âme, nécessaire pour gravir le sommet de la perfection chrétienne, symbolisée par le sommet du Mont Carmel. Cette purification est proposée comme un chemin que l’homme entreprend, en collaborant avec l’action divine, pour libérer l’âme de tout attachement ou lien d’affection contraire à la volonté de Dieu. La purification, qui pour parvenir à l’union d’amour avec Dieu doit être totale, commence par celle de la vie des sens et se poursuit par celle que l’on obtient au moyen des trois vertus théologales: foi, espérance et charité, qui purifient l’intention, la mémoire et la volonté. La nuit obscure décrit l’aspect «passif», c’est-à-dire l’intervention de Dieu dans ce processus de «purification» de l’âme. L’effort humain, en effet, est incapable tout seul d’arriver jusqu’aux racines profondes des inclinations et des mauvaises habitudes de la personne: il peut seulement les freiner, mais non les déraciner complètement. Pour cela, l’action spéciale de Dieu est nécessaire, qui purifie radicalement l’esprit et le dispose à l’union d’amour avec Lui. Saint Jean qualifie de «passive» cette purification, précisément parce que, bien qu’acceptée par l’âme, elle est réalisée par l’action mystérieuse de l’Esprit Saint qui, comme la flamme du feu, consume toute impureté. Dans cet état, l’âme est soumise à tous types d’épreuves, comme si elle se trouvait dans une nuit obscure.
Ces indications sur les œuvres principales du saint nous aident à nous familiariser avec les points principaux de sa vaste et profonde doctrine mystique, dont l’objectif est de décrire un chemin sûr pour parvenir à la sainteté, l’état de perfection auquel Dieu nous appelle tous. Selon Jean de la Croix, tout ce qui existe, créé par Dieu, est bon. A travers les créatures, nous pouvons parvenir à la découverte de Celui qui a laissé en elles une trace de lui. La foi, quoi qu’il en soit, est l’unique source donnée à l’homme pour connaître Dieu tel qu’il est en soi, comme Dieu Un et Trine. Tout ce que Dieu voulait communiquer à l’homme, il l’a dit en Jésus Christ, sa Parole faite chair. Jésus Christ est le chemin unique et définitif vers le Père (cf. Jn 14, 6). Toute chose créée n’est rien par rapport à Dieu et ne vaut rien en dehors de Lui: par conséquent, pour atteindre l’amour parfait de Dieu, tout autre amour doit se conformer dans le Christ à l’amour divin. C’est de là que découle l’insistance de saint Jean de la Croix sur la nécessité de la purification et de la libération intérieure pour se transformer en Dieu, qui est l’objectif unique de la perfection. Cette «purification» ne consiste pas dans la simple absence physique des choses ou de leur utilisation; ce qui rend l’âme pure et libre, en revanche, est d’éliminer toute dépendance désordonnée aux choses. Tout doit être placé en Dieu comme centre et fin de la vie. Le processus long et fatigant de purification exige certainement un effort personnel, mais le véritable protagoniste est Dieu: tout ce que l’homme peut faire est d’«être disposé», être ouvert à l’action divine et ne pas lui opposer d’obstacle. En vivant les vertus théologales, l’homme s’élève et donne une valeur à son engagement. Le rythme de croissance de la foi, de l’espérance et de la charité va de pair avec l’œuvre de purification et avec l’union progressive avec Dieu jusqu’à se transformer en Lui. Lorsque l’on parvient à cet objectif, l’âme est plongée dans la vie trinitaire elle-même, de sorte que saint Jean affirme qu’elle parvient à aimer Dieu avec le même amour que celui avec lequel il l’aime, car il l’aime dans l’Esprit Saint. Voilà pourquoi le Docteur mystique soutient qu’il n’existe pas de véritable union d’amour avec Dieu si elle ne culmine pas dans l’union trinitaire. Dans cet état suprême, l’âme sainte connaît tout en Dieu et ne doit plus passer à travers les créatures pour arriver à Lui. L’âme se sent désormais inondée par l’amour divin et se réjouit entièrement en lui.
Chers frères et sœurs, à la fin demeure la question: ce saint, avec sa mystique élevée, avec ce chemin difficile vers le sommet de la perfection, a-t-il quelque chose à nous dire à nous également, au chrétien normal qui vit dans les circonstances de cette vie actuelle, ou est-il un exemple, un modèle uniquement pour quelques âmes élues, qui peuvent réellement entreprendre ce chemin de la purification, de l’ascèse mystique? Pour trouver la réponse, nous devons avant tout tenir compte du fait que la vie de saint Jean de la Croix n’a pas été un «envol sur les nuages mystiques», mais a été une vie très dure, très pratique et concrète, tant comme réformateur de l’ordre, où il rencontra de nombreuses oppositions, que comme supérieur provincial, ou dans les prisons de ses confrères, où il était exposé à des insultes incroyables et à de mauvais traitements physiques. Cela a été une vie dure, mais précisément au cours des mois passés en prison, il a écrit l’une de ses œuvres les plus belles. Et ainsi, nous pouvons comprendre que le chemin avec le Christ, aller avec le Christ, «le Chemin», n’est pas un poids ajouté au fardeau déjà assez difficile de notre vie, ce n’est pas quelque chose qui rendrait encore plus lourd ce fardeau, mais il s’agit d’une chose totalement différente, c’est une lumière, une force, qui nous aide à porter ce fardeau. Si un homme porte en lui un grand amour, cet amour lui donne presque des ailes, et il supporte plus facilement toutes les épreuves de la vie, car il porte en lui cette grande lumière; telle est la foi: être aimé par Dieu et se laisser aimer par Dieu en Jésus Christ. Se laisser aimer est la lumière qui nous aide à porter le fardeau de chaque jour. Et la sainteté n’est pas notre œuvre, très difficile, mais elle est précisément cette «ouverture»: ouvrir les fenêtres de notre âme pour que la lumière de Dieu puisse entrer, ne pas oublier Dieu car c’est précisément dans l’ouverture à sa lumière que se trouve la force, la joie des rachetés. Prions le Seigneur afin qu’il nous aide à trouver cette sainteté, à nous laisser aimer par Dieu, qui est notre vocation à tous et la véritable rédemption. Merci.
* * *
Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes et les formateurs du séminaire de Bayonne, accompagnés de leur Évêque, Monseigneur Marc Aillet! Recueillant le message de saint Jean de la Croix, je vous invite à approfondir votre vie chrétienne et à expérimenter les vertus théologales, source d’une vraie transformation de vos vies et d’une progressive union avec Dieu. Avec ma Bénédiction!
PAPE BENOÎT: POUR S. FRANÇOIS, À NOËL, DIEU EST VRAIMENT L’«EMMANUEL», EXPLIQUE LE PAPE
14 décembre, 2011du site:
http://www.zenit.org/article-23073?l=french
POUR S. FRANÇOIS, À NOËL, DIEU EST VRAIMENT L’«EMMANUEL», EXPLIQUE LE PAPE
Catéchèse du mercredi
ROME, Mercredi 23 décembre 2009 (ZENIT.org) – « Grâce à saint François, le peuple chrétien a pu percevoir qu’à Noël, Dieu est vraiment devenu l »Emmanuel’, le Dieu-avec-nous, dont ne nous sépare aucune barrière et aucune distance », a expliqué Benoît XVI qui a mis en valeur l’apport spécifique de saint François d’Assise aux célébrations et au sens de Noël, à l’occasion de sa catéchèse du mercredi, en la salle Paul VI du Vatican.
L’accueillir librement
Le pape souligne ce que la Nativité signifie pour la liberté de l’homme : « Dans cet Enfant se manifeste Dieu-Amour : Dieu vient sans armes, sans la force, parce qu’il n’entend pas conquérir, pour ainsi dire, de l’extérieur, mais il entend plutôt être librement accueilli par l’homme ; Dieu se fait Enfant sans défense pour vaincre l’orgueil, la violence, la soif de possession de l’homme ».
Le pape rapproche le mystère de Noël de cette parole de l’Evangile : « C’est à la lumière de Noël que nous pouvons comprendre les paroles de Jésus: « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 3).
Le pape interprète ainsi cette parole de l’Evangile : « Celui qui n’a pas compris le mystère de Noël, n’a pas compris l’élément décisif de l’existence chrétienne. Celui qui n’a pas accueilli Jésus avec le cœur d’un enfant, ne peut pas entrer dans le royaume des cieux : tel est ce que François a voulu rappeler à la chrétienté de son époque et de tous les temps, jusqu’à aujourd’hui ».
Aimer et adorer l’humanité du Christ
Benoît XVI a en effet évoqué, en italien, le biographe de saint François d’Assise, Thomas de Celano, qui « parle de la nuit de la crèche de Greccio de manière vivante et touchante, en offrant une contribution décisive à la diffusion de la plus belle tradition de Noël, celle de la crèche ».
« La nuit de Greccio, en effet, a redonné à la chrétienté l’intensité et la beauté de la fête de Noël, et a éduqué le Peuple de Dieu à en saisir le message le plus authentique, la chaleur particulière, et à aimer et adorer l’humanité du Christ », a fait observer le pape.
Et de préciser : « Cette approche particulière de Noël a offert à la foi chrétienne une nouvelle dimension. La Pâque avait concentré l’attention sur la puissance de Dieu qui l’emporte sur la mort, inaugure la vie nouvelle et enseigne à espérer dans le monde qui viendra. Avec saint François et sa crèche étaient mis en évidence l’amour désarmé de Dieu, son humilité et sa bénignité qui, dans l’Incarnation du Verbe, se manifeste aux hommes pour enseigner une nouvelle manière de vivre et d’aimer ».
Thomas de Celano raconte que, en cette nuit de Noël, a raconté à son tour Benoît XVI, « la grâce d’une vision merveilleuse fut accordée à François » : « Il vit couché immobile dans la mangeoire un petit enfant, qui fut réveillé du sommeil précisément par la proximité de François. Et il ajoute : « Cette vision n’était pas discordante des faits car, par l’œuvre de sa grâce qui agissait au moyen de son saint serviteur François, l’enfant Jésus fut ressuscité dans le cœur de beaucoup de personnes qui l’avaient oublié, et il fut profondément imprimé dans leur mémoire pleine d’amour » (Vita prima, op. cit., n. 86, p. 307) ».
Une joie ineffable
Pour Benoît XVI, voilà l’apport décisif de saint François : « Cette évocation décrit avec beaucoup de précision ce que la foi vivante et l’amour de François pour l’humanité du Christ ont transmis à la fête chrétienne de Noël : la découverte que Dieu se révèle sous la tendre apparence de l’Enfant Jésus. Grâce à saint François, le peuple chrétien a pu percevoir qu’à Noël, Dieu est vraiment devenu l »Emmanuel’, le Dieu-avec-nous, dont ne nous sépare aucune barrière et aucune distance. Dans cet Enfant, Dieu est devenu si proche que nous pouvons le tutoyer et entretenir avec lui une relation confidentielle de profonde affection, de la même façon que nous le faisons avec un nouveau-né », a insisté le pape.
Benoît XVI a fait observer que l’expérience des bergers – et de saint François – peut être communiquée à chacun aujourd’hui : « Nous prions le Père pour qu’il accorde à notre cœur cette simplicité qui reconnaît le Seigneur dans l’Enfant, précisément comme le fit François à Greccio. Il pourrait alors aussi nous arriver ce que Thomas de Celano – se référant à l’expérience des pasteurs dans la Nuit Sainte (cf. Lc 2, 20) – raconte à propos de ceux qui furent présents à l’événement de Greccio: « Chacun s’en retourna chez lui empli d’une joie ineffable» (Vita prima, op. cit., n. 86, p. 479) ».
« Tel est le vœu que j’adresse avec affection à vous tous, à vos familles et à ceux qui vous sont chers. Bon Noël à vous tous ! », a conclu le pape.
Anita S. Bourdin
MESSE POUR LA FRANCE AU LATRAN : HOMÉLIE DU CARD. VALLINI
14 décembre, 2011du site:
http://www.zenit.org/article-29719?l=french
MESSE POUR LA FRANCE AU LATRAN : HOMÉLIE DU CARD. VALLINI
L’annonce de la foi a besoin de témoins
ROME, mercredi 14 décembre 2011 (ZENIT.org) – « L’annonce de la foi trouve son efficacité non pas tant chez les maîtres qui l’expliquent du haut de leur chaire, que chez les témoins qui la vivent dans les circonstances concrètes de la vie », fait observer le cardinal Vallini, qui souligne pour cela l’importance de l’exemple des saints.
Comme c’est la tradition depuis Henri IV, le cardinal vicaire du pape pour Rome, Agostino Vallini, a présidé, le 13 décembre, nela fête de sainte Lucie, au Latran, une messe pour la France – “pro natione Gallica” -, en présence de l’ambassadeur de France près le Saint-Siège, M. Stanislas de Laboulaye.
A l’issue de la célébration l’ambassadeur a salué le cardinal Vallini. Parmi les invités les ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège et les membres de la Communauté française de Rome.
Homélie pour la Nation française
Basilique Saint-Jean-de-Latran, 13 décembre 2011
Monsieur l’Ambasssadeur,
Chers frères et sœurs,
Conformément à une heureuse tradition, cette année encore nous voici réunis dans la Cathédrale de Rome, famille de Dieu venue implorer de lui l’abondance de ses dons pour la chère Nation française, fille aînée de l’Église.
Cette célébration nous aide à nous préparer à célébrer dans la foi le grand mystère de l’incarnation du Fils de Dieu.
La parole de Dieu qui vient d’être proclamée est comme une lampe qui brûle, qui éclaire notre chemin et nous encourage à persévérer dans le témoignage de la foi, soutenus par l’intercession de la vierge martyre Lucie, dont l’Église universelle célèbre aujourd’hui la mémoire liturgique.
Le prophète Sophonie reçoit du Seigneur sa vocation en un temps de grave et profonde crise religieuse. Le peuple d’Israël a abandonné la foi en Dieu, il a perdu le chemin du bien et de la justice. Dans ce contexte, le Seigneur, par la bouche du prophète, annonce qu’il laissera comme « un peuple humble et pauvre », un petit reste, qui ne commettra plus l’iniquité, qui ne proférera aucun mensonge.
L’expérience historique d’Israël, nous pouvons bien le dire, se répète aujourd’hui dans notre Europe, laquelle, apparemment sans regret, abandonne la foi chrétienne. Mais en France, comme dans les autres nations, l’Église est toujours présente, petit troupeau qui ne cesse de s’efforcer d’annoncer l’Évangile, de témoigner de la charité et de se laisser éclairer par la Vérité.
Dans cette tâche – comme nous le rappelle le Psaume – les disciples de Jésus, conscients de leur pauvreté, se tournent avec foi vers le Seigneur, certains d’être écoutés et d’être sauvés des épreuves qu’ils doivent affronter.
Chers frères, même si les chrétiens qui vivent et professent la foi évangélique ne forment plus la majorité, nous ne devons pas avoir peur, car, comme l’a rappelé le Saint-Père, nous sommes convaincus qu’« en général, ce sont les minorités actives qui déterminent l’avenir, et, en ce sens, l’Église catholique doit se sentir comme une minorité active qui possède un héritage de valeurs qui ne sont pas des choses du passé, mais une réalité tout à fait vivante et pertinente ».
Oui, la foi en Jésus Christ est encore aujourd’hui la réponse la plus convaincante aux interrogations présentes dans le cœur de l’homme, et de même que des siècles durant elle a modelé la vie et la culture de la société européenne, de même aujourd’hui encore elle peut offrir une contribution indispensable, en montrant le chemin pour sortir de la situation actuelle de crise, non seulement économique, mais morale.
S’engager dans le champ de l’évangélisation, à commencer par les lieux où sont éduquées les nouvelles générations, où s’élabore la culture et où se communiquent les informations, telles sont les vignes dans lesquelles le Seigneur demande à ses disciples d’aller travailler.
Accueillons l’appel qu’il nous adresse ce soir, dans son désir de donner aux hommes de notre temps, par la médiation de nos personnes, la lumière de la vérité et de l’amour.
L’Évangile, pourtant, nous avertit : il ne suffit pas de répondre seulement par des mots en disant notre oui, il est nécessaire que la réponse se traduise par une vie qui lui soit en harmonie. En effet, l’annonce de la foi trouve son efficacité non pas tant chez les maîtres qui l’expliquent du haut de leur chaire, que chez les témoins qui la vivent dans les circonstances concrètes de la vie.
C’est pour cette raison que l’Église nous exhorte à regarder la vie des saints, en particulier celle des martyrs, chez qui Dieu le Père, comme le rappelle la liturgie, révèle dans des êtres faibles sa puissance, dans des êtres sans défense la force du martyre.
L’histoire de la jeune Lucie, encore ajourd’hui, est une parole qui nous rejoint pour nous secouer du peu de fidélité à nous-mêmes que nous montrons si souvent devant les difficultés. En même temps, son martyre nous rappelle combien il est important de rester en Dieu pour recevoir la force nécessaire pour lui rendre témoignage.
Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II en indiquant à l’Église la route à parcourir au début du troisième millénaire, « notre témoignage se trouverait appauvri d’une manière inacceptable si nous ne nous mettions pas d’abord nous-mêmes à contempler son visage ». C’est pour cela que le psalmiste nous exhorte à regarder le Seigneur : ce n’est qu’ainsi que notre visage deviendra rayonnant. En effet, la méditation assidue de la parole de Dieu et la grâce reçue à travers la vie sacramentelle nous transforment intérieurement, nous rendant capables de refléter la lumière divine qui émane du visage du Christ.
Chers frères et sœurs, la liturgie eucharistique de ce jour ne doit pas être une simple coutume qui se répète d’année en année, mais une forte invitation du Seigneur à nous porter encore une fois à sa suite pour être ses témoins.
Puisse la grâce de ce sacrifice eucharistique allumer en nos cœurs le feu vivant de son amour et nous pousser à vivre notre vie en cherchant toujours la gloire de Dieu et le salut de nos frères.
Agostino cardinal Vallini