Archive pour le 7 décembre, 2011

Immaculée Conception de Marie – B. E. Murillo

7 décembre, 2011

Immaculée Conception de Marie  - B. E. Murillo dans images sacrée l_imma11

http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2007/12/07/8-decembre-l-immaculee-conception-de-la-tres-sainte-vierge-m.html

Plus secrète que la sève – 8 décembre Immaculée-Conception de la Vierge Marie

7 décembre, 2011

du site:

http://www.cfc-liturgie.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=1400&Itemid=301

Plus secrète que la sève   
  
8 décembre Immaculée-Conception et commun de la Vierge Marie

Hymne
 
Plus secrète que la sève
Plus secrète que la sève
Au cœur du fruit qu’elle éveille…
Tu es sainte,
Vierge Marie :
Brûlant effacement
Que le Roi change en gloire d’élection.
Ce Dieu amant
Epouse en toi le monde
Plus limpide qu’une aurore
Où le printemps vient d’éclore…
Tu es pure,
Vierge Marie :
Cristal si transparent
Qu’à travers toi ton Dieu se laisse voir.
Bleu firmament
Au fond de la mémoire.

Plus légère qu’une graine
Au vent de l’Esprit qui essaime…
Tu es belle,
Vierge Marie :
Musique où Dieu se prend
Emerveillé de ton Magnificat.
Que notre chant
Uni au tien l’exalte.

CFC (f. Gilles)
1988
 

8 décembre – Immaculé conception, solennité

7 décembre, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/12/08.php

8 décembre – Immaculé conception, solennité

Sommaire :
  Introduction
  Hymne
  Litanies
  Lieux consacrés à l’Immaculée Conception
  Bulle « Ineffabilis deus »
  Historique
  Prière
  Réflexions de docteurs de l’Eglise
————————————-

Introduction
Vous êtes toute belle, ô ma Bien-Aimée ! et il n’y a point de tache en vous !… Voici la fête privilégiée de Marie, celle qu’elle aime entre toutes ses fêtes, celle qu’elle veut voir célébrer par ses enfants avec le plus de ferveur et de zèle, et à laquelle sont attachées les plus précieuses faveurs.
Marie, devant porter dans son sein l’Auteur même de la sainteté, ne pouvait être souillée d’aucune tache ; il ne convenait pas que le démon eût quelque droit sur celle qui ne venait au monde que pour lui écraser la tête. Non, jamais cet esprit impur n’eut aucun pouvoir sur l’auguste Vierge prédestinée pour être la Mère de Dieu. Il ne lui fut point donné de siéger, même un instant, sur ce trône élevé pour l’adorable Trinité ; jamais il n’entra dans ce sanctuaire préparé pour le Verbe fait chair, pour le Rédempteur du genre humain. Satan fut vaincu de nouveau, comme au jour de sa révolte contre le Tout-Puissant, le jour où Marie a été conçue sans péché.
La croyance à l’Immaculée Conception, de tout temps autorisée et approuvée, a été déclarée dogme de foi, et l’Église prodigue ses plus riches faveurs à ceux qui l’honorent. Récitez avec ferveur, chaque jour de l’Octave, quelques unes des Prières pour honorer l’Immaculée Conception, et comme hommage spécial, ajoutez-y l’hymne ci-après, imitée du Te Deum.

Hymne en l’honneur de l’immaculée conception de la bienheureuse Vierge Marie
Nous vous louons, ô Marie, et nous proclamons avec joie votre Conception immaculée.
La terre et les cieux admirent votre pureté divine, ô Vierge, Mère du Sauveur !
Dans tous les lieux du monde, les âmes coupables ont recours à vous, ô Marie, refuge des pécheurs !
Les Chrétiens de toutes les nations, les cœurs les plus purs s’unissent pour célébrer votre Conception sans tache.
Ô Immaculée, toujours immaculée !
Ô Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu !
Vous êtes aimable comme une aurore naissante ; votre clémence est pour les mortels comme un soleil bienfaisant.
Toute la cour céleste célèbre votre gloire, ô Fille bien-aimée de Dieu le Père !
À votre nom l’enfer tremble, ô Mère admirable de Dieu le Fils !
Vous abrégez la peine des âmes qui souffrent dans le Purgatoire, ô épouse du Saint Esprit !
Tous les enfants de la sainte Église se plaisent à répéter : Salut à vous, Reine des Cieux, Mère de miséricorde !
Bienheureuse est votre mère sainte Anne ; saint Joseph, fidèle gardien de votre virginité, est digne de tout respect.
C’est par vos mains toutes célestes que Dieu répand l’abondance de ses grâces et de ses faveurs.
C’est en vous, Vierge très pure, que le Fils de Dieu est descendu pour racheter tous les hommes.
L’archange vous a saluée pleine de grâces, et le Très-Haut a mis en vous toutes ses complaisances.
C’est près du trône de Dieu même que vous êtes assise, ô Reine du Ciel, et les Séraphins admirent la gloire qui vous environne.
Vous êtes notre Avocate, et vous demandez miséricorde pour les pécheurs.
Daignez donc, ô Marie, nous vous en supplions, daignez nous secourir, nous qui célébrons avec joie et amour votre immaculée Conception.
Obtenez-nous de partager un jour, dans le Ciel, la félicité des Anges et des Saints.
Protégez votre famille chérie, protégez vos enfants.
Comblez-les de vos faveurs, enrichissez-les de vos vertus.
Nous nous réunissons en cette solennité pour vous bénir ; et les siècles futurs rediront vos louanges.
Nous exaltons le nom de Marie, aimable par-dessus tous les noms ; ce nom est la gloire de la terre et des cieux.
Daignez, en mémoire de votre Conception sans tache, nous obtenir une inviolable pureté.
Montrez-vous toujours notre Mère, en vertu des paroles sacrées de votre divin Fils sur la croix.
Qu’à votre prière, Jésus montre à son Père les plaies qu’il a reçues pour nous.
Qu’il montre surtout son cœur percé par la lance en faveur des pauvres pécheurs.
Ô Marie pleine de clémence ! ô Marie notre Mère ! ne nous abandonnez jamais.
Que tous les esprits, tous les cœurs et toutes les bouches s’unissent pour célébrer le privilège de votre immaculée Conception, ô Marie !
Ainsi soit-il.
 
Vous êtes toute belle, ô Marie !
- Et la tache originelle ne fut jamais en vous.
Prions. Ô Dieu, qui, par l’immaculée Conception de la Vierge Marie, avez préparé à votre Fils une demeure digne de lui, accordez à tous ceux qui célèbreront cette fête sacrée, la prospérité et la paix en cette vie, et donnez-leur, après leur mort, la félicité et la gloire du Paradis : par les mérites de Notre-Seigneur Jésus-Christ votre Fils, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l’unité du saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Litanies de l’Immaculée Conception
Seigneur, ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous
O Christ, ayez pitié de nous, O Christ, ayez pitié de nous
Seigneur, ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous
Jésus-Christ, écoutez nous, Jésus-Christ, écoutez nous
Jésus-Christ, exaucez nous, Jésus-Christ, exaucez nous
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Trinité, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous
Sainte Vierge, immaculée entre toutes les vierges,
priez pour nous
Vierge immaculée avant, pendant et après votre conception, priez pour nous
Fille immaculée de Dieu le Père, priez pour nous
Mère immaculée de Dieu le Fils, priez pour nous
Epouse immaculée du Saint Esprit, priez pour nous
Temple immaculé de la très-sainte Trinité, priez pour nous
Image immaculée de la sagesse de Dieu, priez pour nous
Aurore immaculée du Soleil du justice, priez pour nous
Arche vivante et immaculée où reposa Jésus-Christ, priez pour nous
Rejeton immaculé de la race de David, priez pour nous
Voie immaculée qui conduisez à Jésus, priez pour nous
Vierge immaculée, qui avez triomphé du péché originel, priez pour nous
Vierge immaculée, qui avez brisé la tête du serpent, priez pour nous
Reine immaculée du ciel et de la terre, priez pour nous
Porte immaculée de la Jérusalem céleste, priez pour nous
Dispensatrice immaculée des grâces de Dieu, priez pour nous
Epouse immaculée de saint Joseph, priez pour nous
Etoile immaculée de la mer, priez pour nous
Tour immaculée, rempart de l’Eglise militante, priez pour nous
Rose immaculée entre les épines, priez pour nous
Olivier immaculé du champ mystique, priez pour nous
Modèle immaculé de toutes les perfections, priez pour nous
Cause immaculée de notre bonheur, priez pour nous
Colonne immaculée de notre foi, priez pour nous
Fontaine immaculée de l’amour divin, priez pour nous
Signe immaculé, signe certain de salut, priez pour nous
Règle immaculée de la parfaite obéissance, priez pour nous
Maison immaculée de pudeur et de chasteté, priez pour nous
Ancre immaculée de notre salut, priez pour nous
Lumière immaculée des Anges, priez pour nous
Couronne immaculée des Patriarches, priez pour nous
Gloire immaculée des Prophètes, priez pour nous
Maîtresse immaculée des Apôtres, priez pour nous
Force immaculée des Martyrs, priez pour nous
Soutien immaculé des Confesseurs, priez pour nous
Pureté immaculée des Vierges, priez pour nous
Joie immaculée de ceux qui espèrent en vous, priez pour nous
Avocate immaculée des pécheurs, priez pour nous
Guerrière immaculée, terreur des hérétiques, priez pour nous
Mère et tutrice immaculée de notre famille, priez pour nous
 Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde,
ayez pitié de nous, Seigneur.
Priez pour nous, Vierge toujours sainte et immaculée,
- Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions. O Dieu, qui, par l’Immaculée Conception de la sainte Vierge, avez préparé à votre Fils un sanctuaire digne de lui, ayant préservé cette auguste Vierge de toute souillure en vue de la mort de ce cher Fils ; daignez nous accorder, par son intercession, de parvenir à votre gloire avec un cœur pur. Par le même Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Dieu qui vit et règne avec vous, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. – Amen.

Lieux consacrés à l’Immaculé Conception
La solennité de l’Immaculée Conception, est la fête principale de nombreux sanctuaires français consacrés à la Vierge. Si bien de ces célébrations sont postérieures à la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX (8 décembre 1854), d’autres sont des traditions plus anciennes, telle la fête nationale de la Corse qui, ce jour-là, célèbre la Vierge Immaculée souveraine de l’île comme l’ont décidé les deux assemblées générales des Etats de la Corse de 1735 et celle de 1761.
A Paris, où la statue de la Vierge du trumeau de la Sainte Chapelle basse approuva de la tête le franciscain Duns Scot qui avait bien parlé de son Immaculée Conception, dans l’église Saint-Séverin, on célèbre, au 8 décembre, ancienne fête de Notre-Dame des Advents, la principale solennité de Notre-Dame de Sainte-Espérance. Dès 1311, à la suite des thèses soutenues par Duns Scot et adoptées par l’Université, une association se forma dans l’église Saint-Séverin pour les honorer, promouvoir et défendre. Clément VI, Alexandre VI et Grégoire XV concédèrent des indulgences à cette confrérie de la Conception protégée et patronnée par les évêques de Paris. Si l’église Saint-Séverin, devenue poudrière, fut sauvée de la Révolution, la statue de la Vierge en chaire fut détruite en 1792. La mémoire en était presqu’effacée, quand, en 1840, l’abbé Hanicle, curé de Saint-Séverin, fut inspiré de placer son ministère sous la protection de la Mère de la sainte espérance. La paroisse applaudit à la pensée de son curé et quatre cents personnes s’enrôlèrent aussitôt dans la confrérie renouvelée où l’archevêque de Paris, Mgr. Affre, voulut être le premier inscrit. Le 2 mai 1841, Mgr. Garibaldi, internonce à Paris, inaugurait solennellement la Confrérie de l’Immaculée Vierge Notre-Dame de Sainte-Espérance que Pie IX éleva au titre d’archiconfrérie universelle (26 novembre 1849). La nouvelle statue, sculptée par Buridan, auteur du groupe de l’Assomption de la cathédrale de Chartres, fut couronnée au nom du Pape par Mgr. Morlot, archevêque de Paris, le 19 août 1858.
Dans la banlieue de Marseille, à Sainte-Marthe, on célèbre la fête de Notre-Dame de Sainte-Espérance, encore appelée Notre-Dame de Toursainte en raison de la tour octogone, ornée de colonnes engagées et de balcons à jour, bâtie, au mois de décembre 1854, en l’honneur de la Vierge, par Joseph-Amédée Armand, président de la chambre de commerce de Marseille, et sa sœur, à l’extrémité de leur propriété, pour perpétuer le souvenir de la proclamation du dogme de l’Immaculée-Conception. La tour, haute de 30 mètres, sert de piédestal à une statue, haute de 10 mètres, représentant la Vierge dans l’attitude de la Médaille Miraculeuse, qui fut bénite par Mgr de Mazenod, le 8 décembre 1857.
A Paimpol, au diocèse de Saint-Brieuc, on célèbre pour les marins la fête patrionale de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. Au diocèse de Moulins, à Beaulieu, près de Saint-Prix, on visite Notre-Dame de Bon-Secours que Madame Bert a sauvée des révolutionnaires en la cachant dans son lit. Au diocèse de Belley, dans la paroisse de Vieux, canton de Champagne, les pèlerins viennent, le 8 décembre, auprès Notre-Dame de Popolo, reconstruite après la Révolution. Au diocèse de Périgueux, on célèbre la fête principale de Notre-Dame de Chancelade, célèbre abbaye fondée en 1128. A Rodez, dans le diocèse de Perpignan, on vient visiter Notre-Dame de Doma-Nova, une des plus anciennes et des plus vénérées du diocèse.
Dans l’archidiocèse d’Albi, à  Notre-Dame de la Drèche, on célèbre une messe solennelle en souvenir d’un vœu. En 1630, la peste sévissait à Albi où, malgré les précautions hygiéniques prises par les consuls, la mort emporta, du 18 octobre 1630 au 21 février 1631, deux cent quinze pestiférés, soignés sur les rives du Tarn, dans la prairie des Clarisses, sans compter ceux qui mouraient chez eux. Dans cette extrémité, l’évêque, Alphonse d’Elbène II, et les consuls, après une messe célébrée sous le porche de Sainte-Cécile, firent le vœu de porter Notre-Dame de la Drèche, dans les six mois qui suivront la cessation du fléau, une lampe d’argent, du prix de trois cents livres, à mémoire perpétuelle de l’entérinement de nos humbles requestes, et de faire chanter annuellement une messe en l’honneur de la Conception-Immaculée. Le mal céda devant cet acte de confiance filiale ; dès le 2 juillet, le pèlerinage s’accomplit, et les consuls portèrent eux-mêmes l’ex-voto. La lampe fut allumée, et ne s’éteignit que cent soixante ans plus tard, quand la Révolution l’eut volée avec quatre autres, offertes dans des circonstances semblables.

LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XII – LE PÈLERINAGE DE LOURDES*

7 décembre, 2011

 du site:

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xii/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_02071957_le-pelerinage-de-lourdes_fr.html 

LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XII

LE PÈLERINAGE DE LOURDES*

A NOS TRÈS CHERS FILS LE CARDINAL ACHILLE LIÉNART, EVÊQUE DE LILLE, LE CARDINAL PIERRE GERLIER, ARCHEVÊQUE DE LYON, LE CARDINAL CLÉMENT ROQUES, ARCHEVÊQUE DE RENNES, LE CARDINAL MAURICE FELTIN, ARCHEVÊQUE DE PARIS, LE CARDINAL GEORGES GRENTE, ARCHEVÊQUE-EVÊQUE
 DU MANS, ET À TOUS NOS VÉNÉRABLES FRÈRES LES ARCHEVÊQUES ET LES EVÊQUES DE FRANCE, EN PAIX ET COMMUNION AVEC LE SIÈGE APOSTOLIQUE.
 

TRÈS CHERS FILS ET VÉNÉRABLES FRÈRES, SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE

Le pèlerinage de Lourdes, que Nous avons eu la joie d’accomplir en allant présider, au nom de Notre Prédécesseur Pie XI, les fêtes eucharistiques et mariales de la clôture du Jubilé de la Rédemption, a laissé en Notre âme de profonds et doux souvenirs. Aussi Nous est-il particulièrement agréable d’apprendre que, sur l’initiative de l’Evêque de Tarbes et Lourdes, la Cité mariale s’apprête à célébrer avec éclat le Centenaire des Apparitions de la Vierge Immaculée dans la grotte de Massabielle, et qu’un Comité international a même été constitué à cet effet sous la présidence de l’Eminentissime Cardinal Eugène Tisserant, Doyen du Sacré Collège. Avec vous, Chers Fils et Vénérables Frères, Nous tenons à remercier Dieu pour l’insigne faveur faite à votre Patrie et pour tant de grâces répandues depuis un siècle sur la multitude des pèlerins. Nous voulons également convier tous Nos fils à renouveler, en cette année jubilaire, leur piété confiante et généreuse envers Celle qui, selon le mot de S. Pie X, daigna établir à Lourdes « le siège de son immense bonté » (Lettre du 12 juillet 1914: A. A. S. VI, 1914, p. 376).
Toute terre chrétienne est une terre mariale, et il n’est pas de peuple racheté dans le sang du Christ, qui n’aime à proclamer Marie sa Mère et sa Patronne. Cette vérité prend toutefois un relief saisissant quand on évoque l’histoire de la France. Le culte de la Mère de Dieu remonte aux origines de son évangélisation et, parmi les plus anciens sanctuaires marials, Chartres attire encore les pèlerins en grand nombre et des milliers de jeunes. Le Moyen Age qui, avec Saint Bernard notamment, chanta la gloire de Marie et célébra ses mystères, vit l’admirable efflorescence de vos cathédrales dédiées à Notre-Dame : Le Puy, Reims, Amiens, Paris et tant d’autres … Cette gloire de l’Immaculée, elles l’annoncent de loin par leurs flèches élancées, elles la font resplendir dans la pure lumière de leurs vitraux et l’harmonieuse beauté de leurs statues; elles attestent surtout la foi d’un peuple se haussant au-dessus de lui-même dans un élan magnifique pour dresser dans le ciel de France l’hommage permanent de sa piété mariale.
Dans les villes et les campagnes, au sommet des collines ou dominant la mer, les sanctuaires consacrés à Marie, — humbles chapelles ou splendides basiliques, — couvrirent peu à peu le pays de leur ombre tutélaire. Princes et pasteurs, fidèles innombrables y sont accourus au long des siècles vers la Vierge Sainte, qu’ils saluèrent des titres les plus expressifs de leur confiance ou de leur gratitude. Ici l’on invoque Notre-Dame de Miséricorde, de Toute Aide ou de Bon Secours; là le pèlerin se réfugie auprès de Notre-Dame de la Garde, de Pitié ou de Consolation; ailleurs sa prière monte vers Notre-Dame de Lumière, de Paix, de Joie ou d’Espérance; ou encore il implore Notre-Dame des Vertus, des Miracles ou des Victoires. Admirable litanie de vocables, dont l’énumération jamais achevée raconte, de province en province, les bienfaits que la Mère de Dieu répandit au cours des âges sur la terre de France.
Le XIXe siècle devait pourtant, après la tourmente révolutionnaire, être à bien des titres le siècle des prédilections mariales. Pour ne citer qu’un fait, qui ne connaît aujourd’hui la « médaille miraculeuse »? Révélée, au cœur même de la capitale française, à une humble fille de S. Vincent de Paul que Nous eûmes la joie d’inscrire au catalogue des Saints, cette médaille frappée à l’effigie de « Marie conçue sans péché » a répandu en tous lieux ses prodiges spirituels et matériels. Et quelques années plus tard, du ii février au 16 juillet 1958, il plaisait à la Bienheureuse Vierge Marie, par une faveur nouvelle, de se manifester sur la terre pyrénéenne à une enfant pieuse et pure, issue d’une famille chrétienne, laborieuse dans sa pauvreté. « Elle vient à Bernadette, disions-Nous jadis, elle en fait sa confidente, la collaboratrice, l’instrument de sa maternelle tendresse et, de la miséricordieuse toute-puissance de son Fils, pour restaurer le monde dans le Christ par une nouvelle et incomparable effusion de la Rédemption » (Discours du 28 avril 1935 à Lourdes: Eug. Card. Pacelli, Discorsi e Panegirici, 2a ed., Vaticano, 1956, p. 435).
Les événements qui se déroulèrent alors à Lourdes, et dont on mesure mieux aujourd’hui les proportions spirituelles, vous sont bien connus. Vous savez, Chers Fils et Vénérables Frères, dans quelles conditions étonnantes, malgré railleries, doutes et oppositions, la voix de cette enfant, messagère de l’Immaculée, s’est imposée au monde. Vous savez la fermeté et la pureté du témoignage, éprouvé avec sagesse par l’autorité épiscopale et sanctionné par elle dès 1862. Déjà les foules étaient accourues, et elles n’ont pas cessé de déferler vers la grotte des apparitions, à la source miraculeuse, dans le sanctuaire élevé à la demande de Marie. C’est l’émouvant cortège des humbles, des malades et des affligés; c’est l’imposant pèlerinage de milliers de fidèles d’un diocèse ou d’une nation; c’est la discrète démarche d’une âme inquiète qui cherche la vérité … « Jamais, disions-Nous, en un lieu de la terre, on n’a vu pareil cortège de souffrance, jamais pareil rayonnement de paix, de sérénité et de joie! » (ibid. p. 437). Jamais, pourrions-Nous ajouter, on ne saura la somme de bienfaits dont le monde est redevable à la Vierge secourable! « O specus felix, decorate divae 11/latris aspectu! Veneranda rupes, unde vitales scatuere pleno gurgite lymphae! » (Office de la fête des Apparitions, Hymne des II Vêpres).
Ces cent années de culte marial, au surplus, ont en quelque sorte tissé entre le Siège de Pierre et le sanctuaire pyrénéen des liens étroits, qu’il Nous plaît de reconnaître. La Vierge Marie elle-même n’a-t-elle pas désiré ces rapprochements? « Ce qu’à Rome par son Magistère infaillible le Souverain Pontife définissait, la Vierge Immaculée Mère de Dieu, bénie entre toutes les femmes, voulut, semble-t-il, le confirmer de sa bouche, quand peu après elle se manifesta par une célèbre apparition à la grotte de Massabielle ». (Décret de Tuto pour la Canonisation de Ste Bernadette, 2 juillet 1933: A. A. S. XXV, 1933, p. 377). Certes la parole infaillible du Pontife romain, interprète authentique de la vérité révélée, n’avait besoin d’aucune confirmation céleste pour s’imposer à la foi des fidèles. Mais avec quelle émotion et quelle gratitude le peuple chrétien et ses pasteurs ne recueillirent-ils pas des lèvres de Bernadette cette réponse venue du ciel: « Je suis l’Immaculée Conception »!
Aussi n’est-il pas étonnant que Nos Prédécesseurs se soient plu à multiplier leurs faveurs envers ce sanctuaire. Dès 1869, Pie IX, de sainte mémoire, se réjouissait de ce que les obstacles suscités contre Lourdes par la malice des hommes eussent permis de « manifester avec plus de force et d’évidence la clarté du fait » (Lettre du 4 septembre 1869 à Henri Lasserre: Archivio Segreto Vaticano, Ep. lat. an. 1869, n. CCCLXXXVIII, f. 695). Et, fort de cette assurance, il comble de bienfaits spirituels l’église nouvellement édifiée et fait couronner la statue de Notre-Dame de Lourdes. Léon XIII, en 1892, accorde l’Office propre et la Messe de la fête « in apparitione Beatae Mariae Virginis Immaculatae », que son successeur étendra bientôt à l’Eglise universelle; l’antique appel de l’Ecriture y trouvera désormais une application nouvelle : « Surge, arnica mea, speciosa mea, et veni: columba mea in foraminibus petrae, in caverna maceriae! » (Cant. 2, 13-14. Graduel de la Messe de la fête des Apparitions). Vers la fin de sa vie, le grand Pontife tint à inaugurer et à bénir lui-même la reproduction de la grotte de Massabielle édifiée dans les jardins du Vatican et, à la même époque, sa voix s’élevait vers la Vierge de Lourdes pour une prière ardente et confiante: « Que dans sa puissance la Vierge Mère, qui coopéra autrefois par son amour à la naissance des fidèles dans l’Eglise, soit encore maintenant l’instrument et la gardienne de notre salut; … qu’elle rende la tranquillité de la paix aux esprits angoissés; qu’elle hâte enfin, dans la vie privée comme ,dans la vie publique, le retour à Jésus-Christ » (Bref du 8 septembre 1901: Acta Leonis XIII, vol. XXI, p. 159-160).
Le Cinquantenaire de la Définition dogmatique de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge offrit à S. Pie X l’occasion d’attester dans un document solennel le lien historique entre cet acte du Magistère et l’apparition de Lourdes: « A peine Pie IX avait-il défini de foi catholique que Marie fut dès l’origine exempte de péché, que la Viergq elle-même commençait à opérer à Lourdes des merveilles » (Lettre Encyclique Ad diem ilium du 2 février 1904: Acta Pu X, vol. I, p. 149). Peu après, il crée le titre épiscopal de Lourdes, rattaché à celui de Tarbes, et signe l’introduction de la cause de béatification de Bernadette. Il était surtout réservé à ce grand Pape de l’Eucharistie de souligner et de favoriser l’admirable conjonction qui existe à Lourdes entre le culte eucharistique et la prière mariale: « La piété envers la Mère de Dieu, note-t-il, y fit fleurir une remarquable et ardente piété envers le Christ Notre Seigneur » (Lettre du 12 juillet 1914: A. A. S. VI, 1914, p. 377). Pouvait-il d’ailleurs en être autrement? Tout en Marie nous porte vers son Fils, unique Sauveur, en prévision des mérites duquel elle fut immaculée et pleine de grâces; tout en Marie nous élève à la louange de l’adorable Trinité, et bienheureuse fut Bernadette égrénant son chapelet devant la grotte, qui apprit des lèvres et du regard de la Vierge Sainte à rendre gloire au Père, au Fils et à l’Esprit Saint! Aussi sommes-Nous heureux, en ce Centenaire, de Nous associer à cet hommage rendu par S. Pie X: « La gloire unique du sanctuaire de Lourdes réside en ce fait que les peuples y sont de partout attirés par Marie à l’adoration du Christ Jésus dans l’Auguste Sacrement, en sorte que ce sanctuaire, à la fois centre de culte marial et trône du mystère eucharistique, surpasse, semble-t-il, en gloire tous les autres dans le monde catholique » (Bref du 25 avril 1911: Arch. Brev. Ap. Pius X, an. 1911, Div. Lib. IX, pars I, f. 337).
Ce sanctuaire déjà comblé de faveurs, Benoît XV tint à l’enrichir de nouvelles et précieuses indulgences et, si les tragiques circonstances de son Pontificat ne lui permirent pas de multiplier SZ’7^7 les actes publics de sa dévotion, il voulut néanmoins honorer la cité mariale en accordant à son évêque le privilège du pallium au lieu des apparitions. Pie XI, qui avait lui-même été pèlerin de Lourdes, poursuivit son œuvre et eut la joie d’élever sur les autels la privilégiée de la Vierge, devenue sous le voile Sœur Marie Bernard, de la Congrégation de la Charité et de l’Instruction chrétienne. N’authentifiait-il pas pour ainsi dire à son tour la promesse de l’Immaculée à la jeune Bernadette « d’être heureuse non pas en ce monde mais dans l’autre » ? Et désormais Nevers, qui s’honore de garder la châsse précieuse, attire en grand nombre les pèlerins de Lourdes, désireux d’apprendre auprès de la Sainte à accueillir comme il convient le message de Notre-Dame. Bientôt l’illustre Pontife, qui venait à l’exemple de ses Prédécesseurs d’honorer d’une Légation les fêtes anniversaires des apparitions, décidait de clôturer le Jubilé de la Rédemption à la grotte de Massabielle, là où, selon ses propres termes, « la Vierge Marie Immaculée se montra plusieurs fois à la Bienheureuse Bernadette Soubirous, où avec bonté elle exhorta tous les hommes à la pénitence, en ce lieu même de l’étonnante apparition qu’elle combla de grâces et de prodiges » (Bref du ii janvier 1933: Arch. Brev. Ap. Pius XI, Ind. Perpet. f. 128). En vérité, concluait Pie XI, ce sanctuaire « passe maintenant à juste titre pour l’un des principaux sanctuaires marials du monde » (ibid.).
A ce concert unanime de louanges, comment n’aurions-Nous pas uni Notre voix? Nous le fîmes notamment dans Notre Encyclique Fulgens corona, en rappelant à la suite de Nos Prédécesseurs que « la Bienheureuse Vierge Marie elle-même voulut confirmer, semble-t-il, par un prodige la sentence que le Vicaire de son divin Fils sur la terre venait de proclamer aux applaudissements de l’Eglise entière » (Lettre Encyclique Fulgens corona du 8 septembre 1953: A. A. S. XLV, 1953, p. 578). Et Nous rappelions, à cette occasion, comment les Pontifes Romains, conscients de l’importance de ce pèlerinage, n’avaient cessé de « l’enrichir de faveurs spirituelles et des bienfaits de leur bienveillance » (ibid.). L’histoire de ces cent années, que Nous venons d’évoquer à grands traits, n’est-elle pas en effet une constante illustration de cette bienveillance pontificale, dont le dernier acte fut la clôture à Lourdes de l’année Centenaire du Dogme de l’Immaculée Conception? Mais à vous, Chers Fils et Vénérables Frères, nous aimons rappeler spécialement un Document récent, par lequel Nous favorisions l’essor d’un apostolat missionnaire dans votre chère Patrie. Nous eûmes à cœur d’y évoquer « les mérites singuliers que la France s’est acquis au cours des siècles dans le progrès de la foi catholique » et, à ce titre, « Nous tournions Notre esprit et Notre cœur vers Lourdes où, quatre ans après la définition du dogme, la Vierge Immaculée elle-même confirma surnaturellement par des apparitions, des entretiens et des miracles la déclaration du Docteur Suprême » (Constitution Apost. Omnium Ecclesiarum du 15 août 1954: A. A. S. XLVI, 1954, P. 567).
Aujourd’hui encore, Nous Nous tournons vers le célèbre sanctuaire qui s’apprête à accueillir sur les rives du Gave la foule des pèlerins du Centenaire. Si, depuis un siècle, d’ardentes supplications, publiques et privées, y ont obtenu de Dieu, par l’intercession de Marie, tant de grâces de guérison et de conversion, Nous avons la ferme confiance qu’en cette année jubilaire Notre-Dame voudra répondre encore avec largesse à l’attente de ses enfants; mais Nous avons surtout la conviction qu’elle nous presse de recueillir les leçons spirituelles des apparitions et de nous engager sur la voie qu’elle nous a si clairement tracée.
Ces leçons, écho fidèle du message évangélique, font ressortir de façon saisissante le contraste qui oppose les jugements de Dieu à la vaine sagesse de ce monde. Dans une société, qui n’a guère conscience des maux qui la rongent, qui voile ses misères et ses injustices sous des dehors prospères, brillants et insouciants, la Vierge Immaculée, que jamais le péché n’effleura, se manifeste à une enfant innocente. Avec une compassion maternelle, elle parcourt du regard ce monde racheté par le sang de son Fils, où hélas le péché fait chaque jour tant de ravages, et, par trois fois, elle lance son pressant appel : « Pénitence, pénitence, pénitence »! Des gestes expressifs sont même demandés: « Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs ». Et au geste il faut joindre la supplication: « Vous priez Dieu pour les pécheurs ». Ainsi, comme au temps de Jean-Baptiste, comme au début du ministère de Jésus, la même injonction, forte et rigoureuse, dicte aux hommes la voie du retour à Dieu: « Repentez-vous! » (Matth. 3, 2 4, i 7). Et qui oserait dire que cet appel à la conversion du cœur a, de nos jours, perdu de son actualité?
Mais la Mère de Dieu pourrait-elle venir vers ses enfants, si ce n’est en messagère de pardon et d’espérance. Déjà l’eau ruisselle à ses pieds: « Omnes sitientes, venite ad aquas, et haurietis salutem a Domino » (Office de la fête des Apparitions, 1″ Répons du III Noct.). A cette source, où Bernadette docile est allée la première boire et se laver, afflueront toutes les misères de l’âme et du corps. « J’y suis allé, je me suis lavé et j’ai vu ». (Io. 9, 11) pourra répondre, avec l’aveugle de l’Evangile, le pèlerin reconnaissant. Mais, comme pour les foules qui se pressaient autour de Jésus, la guérison des plaies physiques y demeure, en même temps qu’un geste de miséricorde, le signe du pouvoir que le Fils de l’Homme a de remettre les péchés (cfr. Marc. 2, 10). Auprès de la grotte bénie, la Vierge nous invite, au nom de son divin Fils, à la conversion du cœur et à l’espérance du pardon. L’écouterons-nous?
Dans cette humble réponse de l’homme qui se reconnaît pécheur réside la vraie grandeur de cette année jubilaire. Quels bienfaits ne serait-on pas en droit d’en attendre pour l’Eglise si chaque pèlerin de Lourdes — et même tout chrétien uni de cœur aux célébrations du Centenaire — réalisait d’abord en lui-même cette œuvre de sanctification, « non pas en paroles et de langue, mais en actes et en vérité! » (1 Io. 3, 18). Tout l’y invite d’ailleurs, car nulle part peut-être autant qu’à Lourdes on ne se sent à la fois porté à la prière, à l’oubli de soi et à la charité. A voir le dévouement des brancardiers et la paix sereine des malades, à constater la fraternité qui rassemble dans une même invocation des fidèles de toute origine, à observer la spontanéité de l’entraide et la ferveur sans affectation des pèlerins agenouillés devant la grotte, les meilleurs sont saisis par l’attrait d’une vie plus totalement donnée au service de Dieu et de leurs frères, les moins fervents prennent conscience de leur tiédeur et retrouvent le chemin de la prière, les pécheurs plus endurcis et les incrédules eux-mêmes sont souvent touchés par la grâce ou du moins, s’ils sont loyaux, ils ne restent pas insensibles au témoignage de cette « multitude de croyants n’ayant qu’un cœur et qu’une âme » (Act. 4, 32).
A elle seule pourtant, cette expérience de quelques brèves journées de pèlerinage ne suffit généralement pas à graver en caractères indélébiles l’appel de Marie à une authentique conversion spirituelle. Aussi exhortons-Nous les pasteurs des diocèses et tous les prêtres à rivaliser de zèle pour que les pèlerinages du Centenaire bénéficient d’une préparation, d’une réalisation et surtout de lendemains aussi propices que possible à une action profonde et durable de la grâce. Le retour à une pratique assidue des sacrements, le respect de la morale chrétienne dans toute la vie, l’engagement enfin dans les rangs de l’Action Catholique et des diverses œuvres recommandées par l’Eglise: à ces conditions seulement, n’est-il pas vrai, l’important mouvement de foules prévu à Lourdes pour l’année 1958 portera, selon l’attente même de la Vierge Immaculée, les fruits de salut si nécessaires à l’humanité présente.
Mais, pour primordiale qu’elle soit, la conversion individuelle du pèlerin ne saurait ici suffire. En cette année jubilaire, Nous vous exhortons, Chers Fils et Vénérables Frères, à susciter parmi les fidèles commis à vos soins un effort collectif de renouveau chrétien de la société, en réponse à l’appel de Marie: « Que les esprits aveuglés … soient illuminés par la lumière de la vérité et de la justice, demandait déjà Pie XI lors des Fêtes mariales du Jubilé de la Rédemption, que ceux qui s’égarent dans l’erreur soient ramenés dans le droit chemin, qu’une juste liberté soit partout accordé el à l’Eglise, et qu’une ère de concorde et de vraie prospérité se lève sur tous les peuples » (Lettre du 10 janvier 1935: A. A. S. XXVII 1935, p. 7).
Or le monde, qui offre de nos jours tant de justes motifs de fierté et d’espoir, connaît aussi une redoutable tentation de matérialisme, souvent dénoncée par Nos Prédécesseurs et par Nous même. Ce matérialisme, il n’est pas seulement dans la philosophie condamnée qui préside à la politique et à l’économie d’une portion de l’humanité; il sévit aussi dans l’amour de l’argent, dont les ravages s’amplifient à la mesure des entreprises modernes et qui commande hélas tant de déterminations pesant sur la vie des peuples; il se traduit par le culte du corps, la recherche excessive du confort et la fuite de toute austérité de vie; il pousse au mépris de la vie humaine, de celle même que l’on détruit avant qu’elle ait vu le jour; il est dans la poursuite effrénée du plaisir, qui s’étale sans pudeur et tente même de séduire, par les lectures et les spectacles, des âmes encore pures; il est dans l’insouciance de son frère, dans l’égoïsme qui l’écrase, dans l’injustice qui le prive de ses droits, en un mot dans cette conception de la vie qui règle tout en vue de la seule prospérité matérielle et des satisfactions terrestres. « Mon âme, disait un riche, tu as quantité de biens en réserve pour longtemps; repose-toi, mange, bois, fais la fête. Mais Dieu lui dit: Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme » (Luc. 12, 19-20).
A une société qui, dans sa vie publique, conteste souvent les droits suprêmes de Dieu, qui voudrait gagner l’univers au prix de son âme (cfr. Marc. 8, 36) et courrait ainsi à sa perte, la Vierge maternelle a lancé comme un cri d’alarme. Attentifs à son appel, que les prêtres osent prêcher à tous sans crainte les grandes vérités du salut. Il n’est de renouveau durable, en effet, que fondé sur les principes infrangible S de la foi et il appartient aux prêtres de former la conscience du peuple chrétien. De même que l’Immaculée, compatissante à nos misères mais clairvoyante sur nos vrais besoins, vient aux hommes pour leur rappeler les démarches essentielles et austères de la conversion religieuse, les ministres de la Parole de Dieu doivent, avec une surnaturelle assurance, tracer aux âmes la route étroite qui mène à la vie (cfr. Matth. 7, 14). Ils le feront sans oublier de quel esprit de douceur et de patience ils se réclament (cfr. Luc. 9, 55), mais sans rien voiler des exigences évangéliques. A l’école de Marie, ils apprendront à ne vivre que pour donner le Christ au monde, mais, s’il le faut aussi, à attendre avec foi l’heure de Jésus et à demeurer au pied de la croix.
Autour de leurs prêtres, les fidèles se doivent de collaborer à cet effort de renouveau. Là où la Providence l’a placé, qui donc ne peut faire davantage encore pour la cause de Dieu? Notre pensée se tourne d’abord vers la multitude des âmes consacrées, qui se dévouent dans l’Eglise à d’innombrables œuvres de bien. Leurs vœux de religion les appliquent plus que d’autres à lutter victorieusement, sous l’égide de Marie, contre le déferlement sur le monde des appétits immodérés d’indépendance, de richesse et de jouissance; aussi, à l’appel de l’Immaculée, voudront-elles s’opposer à l’assaut du mal par les armes de la prière et de la pénitence et par les victoires de la charité. Notre pensée se tourne également vers les familles chrétiennes, pour les conjurer de demeurer fidèles à leur irremplaçable mission dans la société. Qu’elles se consacrent, en cette année jubilaire, au Cœur Immaculé de Marie! Cet acte de piété sera pour les époux une aide spirituelle précieuse dans la pratique des devoirs de la chasteté et de la fidélité conjugales; il gardera dans sa pureté l’atmosphère du foyer où grandissent les enfants; bien plus, il fera de la famille, vivifiée par sa dévotion mariale, une cellule vivante de la régénération sociale et de la pénétration apostolique. Et certes, au delà du cercle familial, les relations professionnelles et civiques offrent aux chrétiens soucieux de travailler au renouveau de la société un champ d’action considérable. Rassemblés aux pieds de la Vierge, dociles à ses exhortations, ils porteront d’abord sur eux-mêmes un regard exigeant et ils voudront extirper de leur conscience les jugements faux et les réactions égoïstes, craignant le mensonge d’un amour de Dieu qui ne se traduirait pas en amour effectif de leurs frères (cfr. 1 Io. 4, 20). Ils chercheront, chrétiens de toutes classes et de toutes nations, à se rencontrer dans la vérité et la charité, à bannir les incompréhensions et les suspicions. Sans doute, énorme est le poids des structures sociales et des pressions économiques qui pèse sur la bonne volonté des hommes et souvent la paralyse. Mais, s’il est vrai, comme Nos Prédécesseurs et Nous-même l’avons souligné avec insistance, que la question de la paix sociale et politique est d’abord, en l’homme, une question morale, aucune réforme n’est fructueuse, aucun accord n’est stable sans un changement et une purification des cœurs. La Vierge de Lourdes le rappelle à tous en cette année jubilaire.
Et si, dans sa sollicitude, Marie se penche avec quelque prédilection vers certains de ses enfants, n’est-ce pas, Chers Fils et Vénérables Frères, vers les petits, les pauvres et les malades, que Jésus a tant aimés? « Venez à moi, vous tous qui êtes las et accablés, et je vous soulagerai », semble-t-elle dire avec son divin Fils (Matth. 11, 28). Allez à elle, vous qu’écrase la misère matérielle, sans défense devant les rigueurs de la vie et l’indifférence des hommes; allez à elle, vous que frappent les deuils et les épreuves morales; allez à elle, chers malades et infirmes, qui êtes vraiment reçus et honorés à Lourdes comme les membres souffrants de Notre Seigneur; allez à elle et recevez la paix du cœur, la force du devoir quotidien, la joie du sacrifice offert. La Vierge Immaculée, qui connaît les cheminements secrets de la grâce dans les âmes et le travail silencieux de ce levain surnaturel du monde, sait de quel prix sont, aux yeux de Dieu, vos souffrances unies à celles du Sauveur. Elles peuvent grandement concourir, Nous n’en, doutons pas, à ce renouveau chrétien de la société que Nous implorons de Dieu par la puissante intercession de sa Mère. Qu’à la prière des malades, des humbles, de tous les pèlerins de Lourdes, Marie tourne également son regard maternel vers ceux qui demeurent encore hors de l’unique bercail de l’Eglise, pour les rassembler dans l’unité! Qu’elle porte son regard sur ceux qui cherchent et qui ont soif de vérité, pour les conduire à la source des eaux vives! Qu’elle parcoure enfin du regard ces continents immenses et ces vastes zones humaines où le Christ est hélas si peu connu, si peu aimé, et qu’elle obtienne à l’Eglise la liberté et la joie de répondre en tous lieux, toujours jeune, sainte et apostolique, à l’attente des hommes!
« Voulez-vous avoir la bonté de venir … », disait la Sainte Vierge à Bernadette. Cette invitation discrète, qui ne contraint pas, qui s’adresse au cœur et sollicite avec délicatesse une réponse libre et généreuse, la Mère de Dieu la propose de nouveau à ses fils de France et du monde. Sans s’imposer, elle les presse de se réformer eux-mêmes et de travailler de toutes leurs forces au salut du monde. Les chrétiens ne resteront pas sourds à cet appel; ils iront à Marie. Et c’est à chacun d’eux qu’au terme de cette Lettre Nous voudrions dire avec S. Bernard : « In periculis, in angustiis, in rebus dubiis, Mariam cogita, Mariam invoca Ipsam sequens, non devias; ipsam rogans, non desperas; ipsam cogitans, non erras; ipsa tenente, non corruis; ipsa protegente, non metuis ; ipsa duce, non fatigaris; ipsa propitia, pervenis ». (Hom. II super Missus est: P. L. CLXXXIII, 7o-71).
Nous avons confiance, Chers Fils et Vénérables Frères, que Marie exaucera votre prière et la Nôtre. Nous le lui demandons en cette fête de la Visitation, bien propre à célébrer celle qui daigna, il y a un siècle, visiter la terre de France. Et en vous invitant à chanter à Dieu, avec la, Vierge Immaculée, le Magnificat de votre gratitude, Nous appelons sur vous-mêmes et vos fidèles, sur le sanctuaire de Lourdes et ses pèlerins, sur tous ceux qui portent la responsabilité des fêtes du Centenaire, la plus large effusion de grâces, en gage desquelles Nous vous accordons de grand cœur, dans Notre constante et paternelle bienveillance, la Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, en la Fête de la Visitation de la Très Sainte Vierge, le 2 Juillet de l’année 1957, de Notre Pontificat la dix-neuvième.

PIUS PP. XII

*Discorsi e Radiomessaggi di Sua Santità Pio XII, XIX,
 Diciannovesimo anno di Pontificato, 2 marzo 1957-1° marzo 1958, pp. 873-885
 Tipografia Poliglotta Vaticana