Le rire du Christ. Essais sur le christianisme antique

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Le rire du Christ. Essais sur le christianisme antique

P. Édouard Cothenet

Traduit de l’anglais par Jacqueline Carnaud, Paris, Bayard Éditions, 2006. –

Esprit & Vie n°166 – Février 2007 – 2e quinzaine, p. 25.

Guy Stroumsa est titulaire de la chaire d’histoire des religions à l’université hébraïque de Jérusalem où il dirige le Centre d’études du christianisme. Dans ce recueil, il a réuni une série d’études, parues de 1993 à 2005, sur la relation du christianisme avec le judaïsme et le monde ambiant dans les trois premiers siècles. Alléchant, le titre du recueil est celui de la première étude, centrée sur l’interprétation du rire dans la littérature gnostique. Dans plusieurs textes, le Christ se rit de la bêtise du monde et de l’aveuglement des archontes qui le gouvernent et sont incapables de le reconnaître. Ce rire apparaît spécialement dans des textes docètes qui rejettent le scandale de la croix et estiment que Simon de Cyrène a été crucifié à la place du Christ. D’en haut, celui-ci se rit de ce que les archontes ont été trompés. Cette interprétation aurait pour point de départ le Ps 2 selon lequel celui qui réside dans les cieux se rit de ses ennemis. L’Évangile de Judas, récemment publié – où le Christ se rit de ses apôtres qui ne comprennent pas son enseignement, à l’exception de Judas l’initié -, montre l’importance des recherches en cours sur le docétisme. Ajoutons que l’islam adoptera l’idée que Jésus a échappé à la croix, tandis qu’un sosie a été crucifié à sa place.
Donnons quelques indications sur l’intérêt des questions soulevées. Le chapitre 2, « Un Dieu sans nom. « Théologies du Nom » judéo-chrétiennes et gnostiques », retiendra l’intérêt des exégètes et des théologiens. Consacré à la controverse entre Origène et Celse, le chapitre 7 montre combien les conceptions fondamentales sur la nature même de la religion sont différentes chez les penseurs chrétiens et helléniques. Le dernier chapitre illustre les avatars du concept barbaros philosophia, employé d’abord par les Grecs pour désigner la pensée des peuples étrangers et repris ensuite par les chrétiens pour eux-mêmes. L’universalisme chrétien, se manifestant en particulier par la traduction de l’Évangile en de nombreuses langues, a permis aux penseurs chrétiens de développer leur intérêt, sinon leur curiosité, pour divers peuples extérieurs à l’oikoumenè, des Arabes aux Indiens. À ce propos, il aurait été intéressant d’évoquer l’évangélisation d’une population du Sud de l’Inde par des missionnaires venus d’Édesse. Ce sont les « chrétiens de saint Thomas », trop oubliés de nos histoires classiques de l’Église.
Ce recueil, couvrant des sujets très variés, suppose déjà des connaissances de base pour être utilisé à bon escient. Il retiendra l’attention des spécialistes.

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