Archive pour le 23 novembre, 2011

Enceinte Vierge Marie

23 novembre, 2011

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Le rire du Christ. Essais sur le christianisme antique

23 novembre, 2011

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1807

Le rire du Christ. Essais sur le christianisme antique

P. Édouard Cothenet

Traduit de l’anglais par Jacqueline Carnaud, Paris, Bayard Éditions, 2006. –

Esprit & Vie n°166 – Février 2007 – 2e quinzaine, p. 25.

Guy Stroumsa est titulaire de la chaire d’histoire des religions à l’université hébraïque de Jérusalem où il dirige le Centre d’études du christianisme. Dans ce recueil, il a réuni une série d’études, parues de 1993 à 2005, sur la relation du christianisme avec le judaïsme et le monde ambiant dans les trois premiers siècles. Alléchant, le titre du recueil est celui de la première étude, centrée sur l’interprétation du rire dans la littérature gnostique. Dans plusieurs textes, le Christ se rit de la bêtise du monde et de l’aveuglement des archontes qui le gouvernent et sont incapables de le reconnaître. Ce rire apparaît spécialement dans des textes docètes qui rejettent le scandale de la croix et estiment que Simon de Cyrène a été crucifié à la place du Christ. D’en haut, celui-ci se rit de ce que les archontes ont été trompés. Cette interprétation aurait pour point de départ le Ps 2 selon lequel celui qui réside dans les cieux se rit de ses ennemis. L’Évangile de Judas, récemment publié – où le Christ se rit de ses apôtres qui ne comprennent pas son enseignement, à l’exception de Judas l’initié -, montre l’importance des recherches en cours sur le docétisme. Ajoutons que l’islam adoptera l’idée que Jésus a échappé à la croix, tandis qu’un sosie a été crucifié à sa place.
Donnons quelques indications sur l’intérêt des questions soulevées. Le chapitre 2, « Un Dieu sans nom. « Théologies du Nom » judéo-chrétiennes et gnostiques », retiendra l’intérêt des exégètes et des théologiens. Consacré à la controverse entre Origène et Celse, le chapitre 7 montre combien les conceptions fondamentales sur la nature même de la religion sont différentes chez les penseurs chrétiens et helléniques. Le dernier chapitre illustre les avatars du concept barbaros philosophia, employé d’abord par les Grecs pour désigner la pensée des peuples étrangers et repris ensuite par les chrétiens pour eux-mêmes. L’universalisme chrétien, se manifestant en particulier par la traduction de l’Évangile en de nombreuses langues, a permis aux penseurs chrétiens de développer leur intérêt, sinon leur curiosité, pour divers peuples extérieurs à l’oikoumenè, des Arabes aux Indiens. À ce propos, il aurait été intéressant d’évoquer l’évangélisation d’une population du Sud de l’Inde par des missionnaires venus d’Édesse. Ce sont les « chrétiens de saint Thomas », trop oubliés de nos histoires classiques de l’Église.
Ce recueil, couvrant des sujets très variés, suppose déjà des connaissances de base pour être utilisé à bon escient. Il retiendra l’attention des spécialistes.

Le temps de l’Avent

23 novembre, 2011

du site:

http://www.abbaye-tamie.com/la_communaute/conferences/le-temps-de-l-avent/vue

Le temps de l’Avent

Par dom Victor Bourdeau

Dimanche 3 décembre 2006
 
Le temps de l’Avent est un temps d’intériorité et de recueillement plus que de pénitence. C’est le temps de l’attention à Dieu, le temps de l’attente, du désir. Comment entretenir ce désir ? Je voudrais attirer votre attention sur trois points – l’expérience de Dieu – le souvenir ou la memoria Dei – le climat de silence et de recueillement.

1°) L’expérience de Dieu

Parler de l’expérience de Dieu, c’est rejoindre la grande tradition cistercienne portée par une mystique de la présence de Dieu et de l’union à Dieu :
Dès le début, en effet, les Cisterciens se sont distingués par une sorte de ‘passion mystique’, en montrant comment la recherche sincère de Dieu, à travers un itinéraire austère  et ascétique, conduit à la joie ineffable de la rencontre sponsale avec Lui dans le Christ.
Ces propos tenus par Jean Paul II lors de l’audience accordée aux membres du Chapitre Général de 2002 nous encouragent. Jean Paul II poursuivait :
Cette haute spiritualité conserve toute sa valeur de témoignage dans le contexte culturel actuel qui attise trop souvent le désir des biens trompeurs et des paradis artificiels. Votre vocation, très chers Frères et Sœurs, est en effet de témoigner, par une existence recueillie à la Trappe, de l’idéal élevé de sainteté qui se résume en un amour inconditionnel pour Dieu, bonté infinie, et de refléter un amour qui embrasse mystiquement toute l’humanité dans la prière.
Le style de vie qui vous caractérise souligne bien ces deux données qui composent l’amour. Vous ne vivez pas comme des ermites en communauté, mais comme des cénobites dans un désert particulier. Dieu se manifeste dans votre solitude personnelle, comme dans la solidarité qui vous unit aux membres de la communauté. Vous êtes seuls et séparés du monde pour vous dépasser sur le chemin de l’intimité divine. En même temps vous partagez cette expérience avec d’autres frères et sœurs dans un équilibre constant entre contemplation personnelle et union à la liturgie de l’Eglise. Conservez intact ce patrimoine charismatique ! Il constitue une richesse pour le peuple chrétien tout entier[1].
Ce message rejoint tout à fait ce que nous dit s.Paul dans la première lecture de la messe de ce premier dimanche d’Avent : Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous, et qu’ainsi il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints. (1Th 3, 12-13)
            Dans son petit livre Soleil dans la nuit notre abbé général rappelait que nos Pères Cisterciens sont non seulement des mystiques mais des mystagogues c’est-à-dire non seulement des hommes qui ont fait une véritable expérience de Dieu et de son mystère mais des maîtres qui nous introduisent par leurs écrits dans cette expérience du mystère. En lisant leurs écrits nous sommes comme affectés par leur expérience à la manière dont on l’est par une musique, une poésie ou une peinture. De même que l’artiste essaye de communiquer l’expérience qu’il a faite de la beauté, ainsi nos Pères, par leurs écrits, veulent nous introduire dans leur expérience de Dieu, ils nous attirent vers le mystère et nous en ouvrent l’accès.

Ils nous montrent comment faire quotidiennement cette expérience. Chaque fois que, à leur exemple, j’écoute avec le cœur les textes qui sont lus dans la liturgie, lorsque durant ma lectio divina, je laisse la parole toucher mon cœur et amorcer un mouvement de conversion, je perçois, faiblement mais réellement, que Dieu me parle et j’essaye de lui répondre. Lorsque ce don de Dieu est reçu, accueilli, je vis, d’une certaine façon, ce dialogue mystique que Bernard traduit en termes d’épousailles et de noces. L’expérience de Dieu ne doit pas être comprise uniquement sous ses formes extraordinaires. Nous ne savons rien de l’expérience de Dieu que fit Marie ni celle que vécut Jésus et pourtant les textes de l’Evangile nous laissent entendre qu’elle se fit très souvent dans l’ordinaire de la vie. Dieu n’a pas triché en prenant notre condition humaine.
L’expérience mystique de Jésus, dit dom Bernardo, ne consiste pas en une succession d’expériences spécifiques de nature extraordinaire. Il s’agit plutôt d’un processus continu d’identification personnelle et de découverte de sa mission dans son propre contexte familier, social, culturel et religieux. C’est ainsi que Jésus est entré graduellement et constamment dans le Mystère de Dieu[2].
Et il poursuit :
L’expérience mystique de Jésus est éminemment trinitaire et tout à la fois messianique : son expérience se réfère à l’intimité du Dieu Trinité et à la volonté salvifique du Dieu amour.
J’aime aussi la brève analyse qu’il nous donne de l’extase de joie de Jésus telle que la rapporte Luc 10, 20-22 : A l’ instant même il exulta sous l’action de l’Esprit Saint et dit : « Je te loue, Père du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposé en ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père, et nul ne connaît qui est le Fils, si ce n’est le Père, ni qui est le Père si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler. »
Quelle est la cause de cette exultation ? se demande dom Bernardo. Elle est triple :
- en premier lieu, le constat que le Règne de Dieu triomphe du Malin ;
- ensuite et principalement, l’expérience de la miséricorde du Père qui se révèle aux
petits et se cache aux sages. Ceci nous rappelle l’exaltation et la profonde joie    spirituelle de Marie se sachant regardée par Dieu à cause de sa petitesse ;
- enfin sa connaissance intime et profonde du Père et la confirmation que Celui-ci lui
a tout confié, spécialement la révélation du mystère du Père aux plus petits[3]
En faisant l’application de cette expérience de Dieu que vécut Jésus à celle que nous sommes appelés à faire dans notre vie monastique il conclut :
 Dans notre contexte monastique marqué par la tradition cistercienne, les expériences les plus communes du Mystère du Seigneur se réfèrent habituellement à la bonté libératrice et l’amitié de Dieu (dulcedo et suavitas), la componction du cœur (compunctio), le désert et l’obscurité attrayante et transformante (desertum), le désir d’infini et d’absolu (desiderium), l’alliance sponsale avec le Bien-Aimé (sponsalia), la communion des volontés (unitas spiritus) et l’alternance des phénomènes spirituels.

2° Le souvenir de Dieu
      Une telle expérience demeure un don de Dieu mais ont peut se préparer à recevoir cette grâce. Nos Constitutions elles-mêmes nous guident lorsqu’elles nous parlent du souvenir continuel de Dieu. C’est la constitution 20 :   
Par le continuel souvenir de Dieu, les frères prolongent l’œuvre de Dieu tout au long du jour. Aussi l’abbé doit-il veiller à ce que chacun ait amplement le loisir de vaquer à la lectio et à la prière. Tous ont le souci de rendre l’environnement du monastère propice au silence et au recueillement.
Sont mentionnés ici pour nourrir le souvenir de Dieu : l’office, la lectio, la prière, le silence, le recueillement, la vigilance de l’abbé, le loisir pour Dieu (en latin otium), le souci de rendre l’environnement propice au silence et au recueillement.
Saint Benoît recourt souvent au verbe se souvenir. Le début de toute vie spirituelle, pour lui, est de fuir absolument l’oubli de Dieu. Les premiers mots de la Règle sont Écoute, ô mon fils… Écouter, c’est déjà sortir de l’oubli, c’est percevoir une présence. Nous savons combien  sans cesse nous retombons dans l’oubli. Cela se manifeste lorsque nous fuyons la prière ou la lectio.
Rappelle-toi d’où tu es tombé (Ap 2,5) rappelle-toi comment tu as reçu et entendu la parole. (Ap 3,3) Déjà le Deutéronome tenait ce langage : Ne va pas oublier ces choses que tes yeux ont vues, ni les laisser aucun jour de ta vie sortir de ton cœur…au jour où tu te tenais en présence du Seigneur (4,9-10)  et surtout s.Paul à Timothée souviens-toi de Jésus-Christ ! (2 Tim 2,8) Les psaumes nous invitent à nous souvenir des merveilles de Dieu pour son Peuple, les deux grandes merveilles étant la Création et la Rédemption. On se souvient de Dieu parce que Dieu s’est souvenu de son Peuple, on se rappelle l’Alliance faite avec nos Pères en faveur d’Abraham et de sa race à jamais.
Pour garder ce souvenir de Dieu un certain radicalisme est nécessaire et en particulier pour ce qui concerne notre pratique quotidienne de la lectio. L’abbé doit veiller à ce que chacun ait suffisamment de temps pour la lectio. Il n’est pas demandé à l’Abbé de contrôler si chacun prie et fait sa lectio mais il doit avoir le souci que chacun puisse le faire. Ce temps, nous l’avons et particulièrement après les Vigiles. Comment l’utilisons-nous ? C’est très encourageant de se trouver ensemble à certains moments pour faire cette lectio. L’exercice de la lecture régulière durant le Carême n’est pas un temps supplémentaire mais une simple invitation à vivre toute l’année cette fidélité à la lectio. L’Avent nous invite à reprendre cette bonne habitude.

 3°) Climat de silence et de recueillement

Tous auront le souci de favoriser constamment cette mémoire de Dieu par une atmosphère de recueillement. C’est un domaine où doit  jouer l’entraide fraternelle car il est rare que celui qui nuit à cet environnement s’en rende compte sur le moment. Quand j’ai à parler à un frère je dois me retirer à l’écart et parler avec un ton de voix qui ne dérange pas l’ensemble.
Les cloîtres sont des lieux qui conditionnent l’atmosphère générale de la maison. Les hôteliers veillent à conserver cette atmosphère de silence à l’hôtellerie. Ce sont parfois les moines qui ne la respectent pas. Un retraitant en prière dans l’oratoire a dû un jour le quitter parce qu’un frère y était entré avec des hôtes en leur parlant ! En clôture il est normal que ce silence soit encore plus religieusement respecté. Un silence bien observé est porteur. Plusieurs frères m’ont dit combien ils appréciaient pour cela les journées de solitude.
Actus vitae suae omni hora custodire, (RB c.4, 48) dans tous ses actes et à toute heure, conserver une certaine maîtrise. C’est cette maîtrise qui crée une qualité de vie, un art de vivre ensemble. Les paroles spontanées affectent cet art de vivre qui pour nous s’appelle recueillement. Nous en sommes tous responsables.
Je vous relis la constitution 24 sur la garde du silence :
Dans l’Ordre, le silence est une des principales valeurs de la vie monastique. Il assure la solitude du moine dans la communauté. Il favorise le souvenir de Dieu et la communion fraternelle ; il ouvre aux inspirations de l’Esprit-Saint, entraîne à la vigilance du cœur et à la prière solitaire devant Dieu. C’est pourquoi en tout temps, mais surtout aux heures de la nuit, les frères s’appliqueront au silence, gardien de la parole en même temps que des pensées.
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[1] Discours de Jean Paul II donné à Castelgondolfo aux membres du Chapitre Général le 19 octobre 2002
[2]  op.cité, p.69
[3]  op. cité, p. 75