Archive pour le 14 novembre, 2011
La Prière Juive
14 novembre, 2011du site:
http://www.lafoimapaix.org/pages/connaitre-israel/la-priere-juive.html
La Prière Juive
LA PRIERE JUIVE 1°
Je me suis appuyé sur des articles de nos Frère Paul Ghennassia et Emmanuel Rodriguez parus dans la revue T. M. P. I., pour nous aider, (nous les croyants des nations), à mieux connaître les Juifs et le mouvement Messianique lié au Peuple d’Israël . Mieux connaître c’est aussi mieux comprendre les pratiques et les coutumes (1) du peuple d’Israël et faire disparaître les préjugés .
Puissent ces articles nous aider a mieux exprimer et vivre nos moments de Louanges et de prières, dans quelque contexte et endroit que ce soit . Nos louanges nos prières, celles qui doivent monter jusqu’a l’oreille de L’Eternel . Nous pourrons remarquer la profondeur et la puissance de leurs louanges et prières, mais aussi combien elles sont empreintes et fondées sur la Parole De Dieu .
Très tôt dans l’histoire de l’Eglise s’est développée une attitude anti-juive qui, de nos jours encore, influence la position du christianisme face au judaïsme . Une image faussée et déformée de la Synagogue prévaut la plupart du temps . Pour avoir fréquenté personnellement et sur invitation , une Synagogue et les Frères qui là compose, je puis assurer que j’y est trouvé un véritable enrichissement pour ma vie spirituelle . J. T.
La Synagogue
Habituellement, elle désigne un bâtiment, mais son sens originel est assemblée ; une assemblée de dix hommes, au minimum, que le judaïsme appelle le minyane . Ces hommes se regroupent dans le but de prier car pour les Juifs la prière collective est essentielle . Un minyane est donc composé d’au moins dix hommes et peut se réunir partout pour prier . Ce nombre de dix se réfère, entre autres, au récit de Genèse 18/32, lorsque Abraham implorait l’Eternel au sujet de Sodome et Gomorrhe . Abraham a osé diminuer, chaque fois, le nombre de justes requis pour que L’Eternel épargne la ville . L’Eternel aurait épargné la ville s’il s’y était trouvé seulement dix justes . Cette approche est la base de la prière d’intercession pour la ville ou le pays . Elle nous plonge dans le mystère de la prière .
Certains théologiens chrétiens ont vu une contradiction entre cette tradition du minyane et la déclaration de Yeshoua-Jesus en Matthieu 18/20 : Car là ou deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieux d’eux . Le rabbin Elie Soloveitchik dans son commentaire de l’Evangile de Matthieu Kol Koré , relève la déclaration suivante du Talmud : En quelque lieu où des hommes se réunissent pour adorer, où des justes siègent au tribunal et où un homme, même seul, s’adonne à l’étude de la Torah, la Chéhinah (la gloire de Dieu) est présente . (Abin Ben-Adda, Talmud : Berakot 6a) .
Les Evangiles nous montrent Yéshoua (Jésus) menant la vie d’un Juif fidèle en ce qui concerne l’observation de la loi de Moïse . En Luc 4/19, il est dit que c’était son habitude d’aller à la synagogue le jour du shabbath (Jour mis a part et consacré a l’Eternel) . Dans les Evangiles la synagogue (Assemblée) est mentionnée plus de 40 fois . La prière joue un rôle essentiel dans le judaïsme qui considère que Dieu l’a prévue pour remplacer les sacrifices sanglant d’animaux devenus impossibles après la destruction du temple . Nous lisons à ce sujet dans Osée 6/6 : Car je veux, la loyauté et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes . Osée 14/3 dit également . Prenez avec vous des paroles de repentance et revenez à l’Eternel . Dites-lui : pardonne toute faute et reçois-nous favorablement ! Nous t’offrirons, au lieu de taureaux l’hommage de nos lèvres . Cela nous montre aussi Les conditions et l’état de notre cœur, requis en sa présence .
La Priere Et Ses Trois Formes Dans Le Judaïsme
Les prières sont avant tout des bénédictions (Béni soit Dieu…), des louanges et des actions de grâce ; les Juifs expriment également des requêtes personnelles . Ils rendent grâce à Dieu pour la Création, pour le don de la Torah (sa parole- son Verbe), pour la Chéhinah (sa gloire brillant sur nous) et pour la rédemption (notre relation nouvelle avec Lui, a cause de Jésus .
C’est depuis l’époque d’Esdras que les synagogues se sont développées et devinrent des lieux de prière, d’étude de la Torah et de rassemblement . La prière est une affaire personnelle, mais le concept de la prière en commun existe aussi dans la Bible . La prière personnelle en est une force ; ajoutée à celles des autres, elle devient encore plus puissante . Il en va de la prière comme d’une corde, plus ses brins sont nombreux, plus solide et efficace elle devient .
Les Juifs pieux prient trois fois par jour. Ces trois moments de prières se nomment : Cha’harite – prière du matin ; Min’ha – prière de l’après-midi ; Arvite – prière du soir. Les trois temps quotidiens de prière qui nous ont été transmis par Esdras, le scribe versé dans les Ecritures, correspondent aux moments des sacrifices ; les prières du matin et de l’après-midi aux sacrifices eux-mêmes, celles du soir, au sacrifice par le feu des entrailles des victimes du jour.
La tradition (1) enseigne que ce furent les patriarches, Abraham, Isaac et Jacob qui instituèrent la prière offerte trois fois par jour .
Selon la pensée hébraïque, David transcrivit toutes ses expériences dans les Psaumes . Tout ce qu’un homme peut vivre au cours de son existence s’y trouve écrit . C’est pourquoi, les Juifs les utilisent pour exprimer tous leurs besoins (Ephésien 5/19) . Quand ils se trouvent au Mur Occidental, en dehors des services réguliers, ils récitent des Psaumes . Ils répandent ainsi leur cœur devant Dieu . Il va de soi que les Juifs parlent également à Dieu d’une manière spontanée, La prière n’est pas figée .
Pessouké Dezimra
Les Juifs se préparent à la prière selon un rite qui sert à la purification du cœur et des pensées afin que celui qui prie ose se présenter devant Dieu et son trône (2) . Dans le temple le prêtre devait se laver les mains dans la cuve d’airain avant de vaquer à la prière et aux sacrifices . C’est par la lecture répétée chaque jour de certains Psaumes, de cantiques et de louange, que la communauté se prépare à se tenir devant Dieu .
Pessouké Dezimra signifie texte de louange et prépare l’assemblée à la prière du Chema Israël et de Chemoné Esréh l’un à la suite de l’autre . Les textes constituant Pessouké Dezimra sont les suivants : 1 Chroniques 16/8-36 (Psaume d’action de grâce) – Psaumes 100 (Psaume d’invitation au bonheur et aux actions de grâce) et 145/1 (Hymne a la Compassion) et pour terminer Exode 14/30 et 15/19 (Hymne de reconnaissance pour la délivrance du fardeau de imposé par l’ennemi). La lecture de ces passages de la Bible est introduite par une bénédiction et se termine de même .
La bénédiction qui introduit Pessouké Dezimra, nommé Barouh Chéamar est particulièrement significative . Selon la tradition, cette prière a été transcrite par les hommes de Grande Assemblée il y a environ 2400 ans . La prière Barouh Chéamar consiste en 87 mots hébreux, ce qui représente la valeur numérique du terme Paz signifiant or fin Psaume 19/11 . Le thème de cette prière est le nom de Dieu avec ses multiples significations . Connaître ce nom, c’est connaître ses divers attributs, mentionnés brièvement dans cette prière .
Loué soit l’Eternel qui a créé l’univers par sa parole .
Loué soit celui dont l’action est conforme à la parole .
Loué soit celui qui ordonne et maintient .
Loué soit celui qui a tiré le monde du néant .
Loué soit celui qui étend sa miséricorde sur la terre .
Loué soit celui qui récompense ses fidèles .
Loué soit celui qui dissipe les ténèbres et fait naître la lumière .
Loué soit le Tout-Puissant qui est et qui existe éternellement .
Loué soit celui qui n’admet ni iniquité, ni oubli, ni partialité, ni don corrupteur dans le jugement ; il est juste dans toutes ses voies, bienfaisant dans toutes ses actions .
Loué soit le libérateur et Sauveur .
Loué soit celui qui a ordonné le repos à son peuple Israël le saint jour du Shabbath .
Loué soit-il, loué soit son Nom, et béni soit son souvenir d’éternité en éternité .
Sois loué, Eternel notre Dieu, Roi de l’Univers, Roi tout-puissant et saint, principe de toute miséricorde,
Sois loué glorifié par la bouche de ton peuple,
Sois loué célébré et exalté par les louanges de tes pieux et fidèles serviteurs . Et par les cantiques de ton serviteur David nous te louons, ô Eternel notre Dieu !
Nous te glorifions, nous publions ta puissance et ta majesté . Nous te proclamons notre Roi,
nous te sanctifions et nous t’exaltons, ô toi notre Roi, notre Dieu unique et Eternel !
Sois loué Eternel, notre Roi, célébré par des actions de grâces .
Cette représentation fondamental de la louange et des actions de grâces, lié à une profonde connaissance du Nom de Dieu et au besoin de l’honorer, ressort d’une manière évidente des écrits de shaliah Paul Apôtre Paul . Il commence la plupart de ses lettres par la louange, en offrant des actions de grâce à Dieu pour tout ce qu’il fait à l’égard de son peuple . En Philippiens 4/6, Apôtre Paul résume en un seul verset : Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu tout vos besoins ou demandes .
Pessouké Dezimra se terminent par une prière nommée Yichtaba’h ce qui signifie : sois loué . A nouveau le nom de Dieu se trouve au cœur de cette prière . Les sages (ceux qui ont la connaissance) attirent l’attention sur la prédominance du nombre quinze dans cette prière . En hébreux, ce nombre est écrit au moyen des lettres yod et hé, deux des lettres du tétragramme sacré (yod, hé, vav, hé), jamais prononcé, qui est le nom même de Dieu .
(1) (Les tradition et coutumes ne peuvent être mauvaises que lorsqu’elles introduisent des erreurs et entraînent a des comportement qui ne glorifient pas L’Eternel . J. T. )
(2) (Esaïe 58 et 59 nous en instruisent pleinement, nous et nos pasteurs . J. T. )
Divo Barsotti, un prophète pour l’Eglise d’aujourd’hui (Sandro Magister)
14 novembre, 2011du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/163161?fr=y
Divo Barsotti, un prophète pour l’Eglise d’aujourd’hui
Il a anticipé de plusieurs décennies les axes majeurs de l’actuel pontificat. On découvre aujourd’hui son importance, grâce notamment à une exposition qui lui est consacrée. Il a vécu à Florence, en plein dans les conflits du Concile et de l’après-concile. Le commentaire critique du théologien Paolo Giannoni
par Sandro Magister
ROMA, le 28 août 2007 – Lors du rassemblement international organisé comme chaque année à Rimini au mois d’août, Communion et Libération a consacré une exposition à une personnalité chrétienne injustement méconnue mais de grande valeur: « Divo Barsotti, le dernier mystique du XXe siècle ».
Divo Barsotti – mort à 92 ans le 15 février 2006 dans son ermitage de San Sergio à Settignano, sur les hauteurs de Florence – a été prêtre, théologien, fondateur de la Communauté des Fils de Dieu, mystique renommé et maître spirituel.
Le père Luigi Giussani, le fondateur de Communion et Libération, était mort un an avant lui à Milan. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, mais ils avaient une grande estime l’un pour l’autre.
Cette année, Communion et Libération a choisi le thème suivant pour son rassemblement: « La vérité est le destin pour lequel nous sommes faits ».
C’est justement sur le primat de la vérité que le père Barsotti a fondé toute sa vie et son enseignement, en parfaite harmonie avec les lignes directrices de l’actuel pontificat. Une raison supplémentaire pour redécouvrir son héritage et le mettre en valeur.
* * *
Au cours de sa vie, Divo Barsotti s’est souvent retrouvé seul et incompris. Quand il était un jeune prêtre, isolé dans son diocèse de San Miniato. Quand il est arrivé à Florence, compris et soutenu par peu de gens. Quand il est resté seul, pendant plusieurs années, dans son ermitage de Settignano, abandonné par ses premiers disciples. Pus tard encore, ignoré et sous-évalué jusqu’à la fin de sa vie par la majorité des médias et de l’intelligentsia catholique.
C’était un autodidacte, qui n’avait jamais obtenu de diplôme en théologie. Il a beaucoup écrit: 160 livres et d’innombrables articles et textes divers, mais il n’a pas achevé une œuvre systématique. Pourtant, sa production écrite et orale témoigne d’une profondeur, d’une cohérence, d’une prévoyance, d’un sens aigu de la critique, d’une liberté d’esprit qui se révèlent aujourd’hui absolument hors du commun.
Alors que presque personne en Italie ne connaissait la spiritualité russe, il a été le premier à la faire connaître en 1946 avec son premier livre et ensuite à la répandre. Il a donné le nom du grand saint russe Serge de Radonège à son ermitage de Settignano, sur les hauteurs de Florence.
Mais lorsque l’orientalisme est devenu une mode, plus esthétisante que spirituelle, il l’a stigmatisé par des jugements tranchants: « Nous autres Florentins, nous avons Fra Angelico, Masaccio, Giotto, Cimabue. Ils ne tiendraient pas la comparaison face aux icônes russes? Mais bien sûr qu’ils tiennent la comparaison, ils en sortent même vainqueurs « .
Dans les années quarante et cinquante, alors que l’enseignement, en Italie et dans les facultés de théologie romaines, s’appuyait paresseusement sur les manuels, le père Barsotti ne manquait pas un livre des grandes figures françaises du « ressourcement », c’est-à-dire du retour aux sources bibliques, patristiques et liturgiques: Jean Daniélou, Louis Bouyer, Henri de Lubac.
En 1951, lorsqu’il a publié ce chef-d’œuvre qu’est « Il mistero cristiano nell’anno liturgico », Divo Barsotti a été le premier en Italie à développer et à approfondir des thèses proches de celles d’Odo Casel – le bénédictin allemand qui défendait l’efficacité objective de la liturgie dans la représentation de l’événement chrétien – avant même d’en avoir lu les œuvres.
Néanmoins, il n’a jamais caché les points faibles des auteurs qu’il estimait le plus. Divo Barsotti n’a pas ménagé Hans Urs von Balthasar – qui a été son directeur spirituel pendant six mois avant de mourir en 1988 – en critiquant ses thèses douteuses sur l’enfer: « Si l’enfer n’existait pas, je ne pourrais pas accepter le paradis ».
Il n’a pas été moins sévère avec ceux qui le considéraient comme leur maître spirituel. Giuseppe Dossetti a été son disciple spirituel à partir de 1951, quand il a abandonné la politique pour devenir moine et prêtre et se consacrer entièrement à rénover l’Eglise à sa façon jusqu’à sa mort, en 1966. Mais Barsotti n’a pas approuvé toutes ses thèses politiques et théologiques. Il a écrit un jour dans son journal intime: « Le père Giuseppe ferait mieux de se retirer sur un petit îlot à Hong Kong ». Surtout, Barsotti n’acceptait pas que Dossetti soit si lié avec Giuseppe Alberigo et avec son interprétation du Concile Vatican II et de l’après-concile comme un « nouveau départ » dans l’histoire de l’Eglise. Il considérait le contact entre les deux hommes comme un « danger ». Il en est venu à lancer un ultimatum à Dossetti: la rupture avec Alberigo ou la fin de la direction spirituelle.
Il en a été de même pour d’autres éminents catholiques florentins, tels que Giorgio La Pira, Gianpaolo Meucci, Mario Gozzini, lorsqu’il n’approuvait pas leurs positions politiques ou ecclésiales.
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Les papes ont également fait l’objet de critiques de la part du père Barsotti, qui les considérait comme un acte de justice « voulu par le Seigneur ».
En 1971, il est convoqué par le Vatican pour prêcher, au début du carême, les exercices spirituels destinés au pape Paul VI et à la curie. Au cours de ses prédications, il aborde le sujet du pouvoir de Pierre et déclare – comme il le rappellera ensuite dans son journal intime – que « l’Eglise a un pouvoir coercitif parce que Dieu le lui a confié et elle doit donc l’utiliser. En effet, pendant ces années, l’anarchie se répandait au sein de l’Eglise et l’on se moquait du pape dans les Eglises d’Europe du Nord ».
Par « pouvoir coercitif », Barsotti entend l’affirmation de la vérité et la condamnation de l’erreur. Exactement ce que le Concile Vatican II et, après le Concile, une grande partie de la hiérarchie catholique avaient renoncé à faire, comme il l’a dit et expliqué à plusieurs reprises: une renonciation « qui en clair niait l’essence même de l’Eglise ».
Barsotti était un fervent admirateur de Jean-Paul II, pour la même raison qui faisait que l’intelligentsia catholique le dévalorisait. « Ce qui nous a fait le plus comprendre que le Christ est présent en ce pape, c’est l’exercice d’un magistère qui, plus que le dernier Concile, a réaffirmé la vérité et a condamné l’erreur ». Un pape « qui a toujours enseigné l’exclusivité de la foi chrétienne: seul le Christ sauve ».
Pourtant, même Jean-Paul II, « colonne de l’Eglise », a fait l’objet de critiques de la part de du père Barsotti. Par exemple, lors de la rencontre interreligieuse d’Assise en 1986, selon lui, « les intentions du pape étaient très claires ». Ce qui n’était pas le cas des déductions de nombreux hommes d’Eglise, qui « affirment que l’événement d’Assise est le premier pas d’un cheminement qui devrait réaliser dans la paix l’unité de toutes les fois dogmatiques ».
Dans deux lettres, le père Barsotti a écrit à Jean-Paul II que son magistère de pape était « plus important ou au moins aussi important que le magistère du dernier Concile ». Ce dernier ayant « seulement introduit des virgules dans le discours ininterrompu de la tradition », il ne comprenait pas « pourquoi l’on cite presque exclusivement ce dernier Concile ».
Le père Barsotti inspirait aux catholiques progressistes un respect silencieux, mais pas parce qu’il répondait à leurs attentes. Au contraire. Dans l’histoire de l’Eglise italienne et mondiale, il représentait la résistance contre la dérive post-conciliaire, au nom des « fondamentaux » de la foi chrétienne. Il estimait que peu d’hommes d’Eglise de haut rang étaient aussi décidés que lui à « mettre l’accent sur l’essentiel, sur la nouveauté du Christ, qui est ce dont l’Eglise a le plus besoin aujourd’hui ». En 1990, il en indiquait deux: Joseph Ratzinger et Giacomo Biffi. Tous deux seront par la suite ses deux « papabili » préférés.
Lorsque le premier est effectivement devenu pape, en 2005, on aurait dit un passage de témoin. Alors que le père Barsotti, âgé de plus de 90 ans, infirme, cessait peu à peu d’écrire et de parler, les thèses que le prêtre toscan avait défendues tout au long de sa vie étaient reprises « urbi et orbi » sous le pontificat de Benoît XVI – avec l’autorité du successeur de Pierre.
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La ressemblance est frappante entre les diagnostics sur le Concile et l’après-concile formulés par Divo Barsotti et Joseph Ratzinger, avant ou après l’élection de ce dernier en tant que pape. Le dernier exemple en date remonte au 24 juillet dernier, lors de la rencontre du pape avec les prêtres à Lorenzago di Cadore, au nord-est de l’Italie.
Tout aussi remarquable, le souci commun au deux hommes de chercher la nourriture dans la grande tradition de l’Eglise et de partager ce pain avec les nombreux chrétiens de base. Il suffit de penser, en ce qui concerne Benoît XVI, à ses deux cycles de catéchèse pour l’audience du mercredi. Le premier était consacré à l’Eglise apostolique, avec les portraits de chaque apôtre et des autres protagonistes du Nouveau Testament. Le second est consacré aux pères de l’Eglise grecs et latins des premiers siècles. Le pape en est actuellement aux grands évêques et théologiens de la Cappadoce: Basile, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse.
Divo Barsotti et Benoît XVI ont en commun leur manière de lire les Ecritures Saintes et de s’imprégner de leur sens profond. Non pas en s’appuyant seulement sur l’histoire ou la philologie mais à la lumière de leur Auteur premier, l’Esprit Saint, reconnaissable dans la tradition de l’Eglise.
Les visions des deux hommes sur la politique et l’histoire sont tout aussi semblables. Tous deux sont clairement contraires à l’idée qu’au cours de l’histoire terrestre, un royaume de paix et de justice se construise progressivement, presque par une évolution naturelle. Tous deux sont intimement convaincus que l’eschaton, à savoir l’acte ultime et définitif du salut de l’homme et du monde, est déjà présent ici et maintenant et n’est autre que Jésus crucifié et ressuscité.
Le « mystère chrétien », c’est lui, Jésus crucifié et ressuscité, qui est assis à la droite du Père mais qui, en même temps, se fait pain pour les hommes dans l’eucharistie. Les événements du mystère se réalisent au cours de la messe. On retrouve là aussi un accord remarquable entre le Barsotti du « Mystère chrétien dans l’année liturgique » et des réflexions ultérieures et les homélies de Benoît XVI lors des messes pontificales.
Qu’il s’agisse du livre « Jésus de Nazareth », une œuvre capitale de ce pontificat, de la place centrale donnée à l’eucharistie, de l’encyclique « Deus caritas est », le magistère de Benoît frappe par sa cohérence. La même cohérence se dégage de la vie et des œuvres de Barsotti. Une réflexion sur éros et agapè figurant dans une note de son « Mystère chrétien » daté de 1951, est remarquable par la manière dont elle préfigure le cœur de l’encyclique de Benoît XVI.
Chez les deux hommes, on trouve cette conscience que l’Eglise vit sur la base de la vérité et que c’est seulement de la « veritas » que jaillit la « caritas », comme l’Esprit Saint procède « ex Patre Filioque »: du Père et du Fils qui est le Logos, le Verbe de Dieu.
Divo Barsotti a justement laissé, dans ce qui est probablement son dernier écrit public, un commentaire d’un livre sorti en 2006 sur le philosophe chrétien Romano Amerio, la consigne suivante:
« Je vois le progrès de l’Eglise à partir d’ici, du retour de la sainte Vérité comme fondement de chaque acte. La paix promise par le Christ, la liberté, l’amour sont pour chaque homme l’objectif à atteindre, mais il faut l’atteindre uniquement après avoir construit le fondement de la vérité et les colonnes de la foi ».