Le chemin d’Abraham : un itinéraire symbolique

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Le chemin d’Abraham : un itinéraire symbolique

Au début de son histoire (qui couvre les chapitres 12 à 26 de la Genèse), le patriarche Abraham (encore appelé Abram) effectue en quelques phrases un bien curieux itinéraire.
Il quitte d’abord la ville de Ur pour celle de Harân puis il part au pays de Canaan, campant à Sichem et dans une montagne près de Béthel. De là, via le désert du Néguev, il descend jusqu’en Égypte (Gn 11,31 à 12,10). À suivre une carte, on s’aperçoit que l’ancêtre du peuple d’Israël parcourt exactement l’ensemble de ce qu’il est convenu d’appeler le « Croissant fertile » et qui se trouve être l’espace historique du peuple d’Israël, esclave en Égypte, installé en Canaan, déporté en Babylonie.
C’es trop beau pour être vrai ? Oui, sans doute. La vérité des récits concernant Abraham ne se tient pas dans le détail des aventures qu’il traverse mais dans le lien que ses descendants entretiennent avec lui. Les récits ont du être composés après l’exil, au 6e siècle av. J.-C. Le peuple d’Israël alors ne possède plus de terre, conséquence, disent certains, de la rupture de l’alliance du Sinaï. En racontant Abraham à partir de bribes d’une mémoire en sommeil (il en est rarement question dans les textes pré-exiliques, en particulier prophétiques), ils mettent au jour une espérance : avant l’alliance du Sinaï, il y a eu celle passée avec Abraham où Dieu s’engageait sans contrepartie. Cette bonté ne pouvait, pense-t-on, que susciter la foi du patriarche et donc, désormais, celle de ses descendants.
Le « Croissant fertile » est le décor de cette histoire. Le terme a été forgé au début du 20e siècle pour désigner une zone d’échanges entre l’Asie et l’Afrique, la Méditerranée et la Mer Rouge, délimitée par des fleuves : la vallée du Nil et son Delta sont en effet reliés aux plaines alluviales du Tigre et de l’Euphrate par le littoral de la Méditerranée. Sur la carte, cela forme un demi cercle, un croissant. Or, au milieu, se situe ce que la Bible appelle « la terre du lait et du miel ».

Carte du Croissant fertile (sur le site)

C’est sans doute pendant l’Exil à Babylone (587-538 av. J.-C.) qu’ont été mis en forme les récits sur Moïse et le don de la terre promise mais aussi les récits sur Abraham. L’ancêtre du peuple d’Israël, disait-on, était parti de Mésopotamie (Babylone est non loin de Ur). Sur la seule parole de Dieu.
Le prophète que l’on appelle le « second » Isaïe écrit au creux de l’exil et de la détresse. Il appelle à l’espérance en tournant le regard vers Abraham et Sara (Isaïe 51,1) :

Écoutez-moi, vous qui êtes en quête de justice, vous qui cherchez le Seigneur :
Regardez le rocher d’où vous avez été taillés,
et le fond de tranchée d’où vous avez été tirés ;
regardez Abraham votre père, et Sara qui vous a mis au monde ;
il était seul en effet, quand je l’ai appelé ;
or je l’ai béni, je l’ai multiplié !

Plus tard, après l’exil, à partir de sources diverses, on a mis en récit l’histoire d’Abraham. En allant de la carte au texte, on mesurera tout ce que cet itinéraire a de symbolique.

Carte de l’itinéraire d’Abraham  (sur le site)

Début de Gn 11,31-12,9 :

Tèrah prit son fils Abram, son peti-fils Loth, fils de Harân, et sa brue Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d’Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harân où ils habitèrent. Tèrah vécut deux cent cinq ans et il mourut à Harân.
Le Seigneur dit à Abram : « Va-t’en de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et qui te bafouera, je le maudirai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, selon ce que lui avait dit Le Seigneur, et Loth s’en alla avec lui.
Abram était âgé de soixante-quinze ans quand il sortit de Harân. Abram prit sa femme Saraï, son neveu Loth, tous les biens qu’ils avaient acquis et les êtres qu’ils entretenaient à Harân. Ils sortirent pour aller au pays de Canaan et ils arrivèrent au pays de Canaan.
Abram traversa le pays jusqu’au lieu dit Sichem, jusqu’au chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. Le Seigneur apparut à Abram et dit : « C’est à ta descendance que je donnerai ce pays. » ; là, celui-ci éleva un autel pour le Seigneur qui lui était apparu. De là, il gagna la montagne à l’est de Béthel. Il dressa sa tente entre Béthel à l’ouest et Aï à l’est, il y éleva un autel pour le Seigneur et invoqua le Seigneur par son nom. Puis, d’étape en étape, Abram se déplaça vers le Néguev.
Il y eut une famine dans le pays et Abram descendit en Égypte pour y séjourner car la famine sévissait sur le pays.

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