DIRE « SEIGNEUR » EN VÉRITÉ
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DIRE « SEIGNEUR » EN VÉRITÉ
Juges 4, 17-24 ; Matthieu 7, 21-29
Homélie du Frère Jean-François NOEL
Il y a tant d’obstacles entre nous et la Parole de Dieu, tant de faiblesse cachée en chaque homme, même tant d’inventions, d’évitements, de petites méthodes d’évitements, de petites stratégies d’évitements pou être confronté à la simplicité, à la limpidité, à la beauté de la Parole et donc à la présence de Dieu. Nous n’aurons jamais fait le tour de toutes les prédications pour dénoncer, pour désamorcer pour ouvrir ces stratégies internes, sournoises, mesquines, qui nous font éviter la confrontation avec notre devenir. Mais évidemment, la pire, celle qui est dénoncée aujourd’hui dans l’évangile, est le désaccord qu’il y a entre un comportement de surface, et d’ailleurs tellement de surface qu’on finit par se convaincre soi-même qu’on a raison, en disant : Seigneur, Seigneur, avec l’air convaincu, d’autant plus qu’on n’entend rien en fait, et puis, une sorte d’indifférence douce entretenue comme cela, à l’intérieur.
Quand Jésus parle, Il dit : « n’invoquez pas mon nom comme si vous le possédiez, ne me tenez pas en otage de vos faiblesses ». Nous avons souvent une manière à nous de vouloir nous attribuer la complicité, l’amitié des grands, du grand, considérant que ce grand est complice de ma petitesse. « Moi je connais un tel », dit-on souvent, comme si d’approcher le grand suffisait à devenir grand soi-même, cela ne change pas grand-chose, d’ailleurs la différence s’accuse plutôt. Ce n’est pas en disant : j’ai le Seigneur dans la poche, ou je l’ai dans la peau ou je l’ai rencontré à tel cocktail, pour que je sois le disciple. Il y a une façon de tenir Dieu en otage de nos faiblesses. Il y a une façon de comprendre l’amour et le pardon qui n’incite pas à un chemin, qui au fond devient un peu complicité de mon inaction, de mon endormissement spirituel. Ce n’est pas pour accuser une sorte de culpabilité, mais il y a une belle exigence évangélique, une sorte de ressort que nous devons maintenir intact, une insatisfaction qui fait de moi un homme en marche. Je vais vers un endroit parce qu’il me manque quelque chose ici, je suis dans un mouvement, qui est toujours un mouvement de renoncement de soi, pas un mouvement de destruction de soi, mais un mouvement de renoncement qui n’est pas la même chose. On n’a pas à se détruire, on a à s’aimer suffisamment pour offrir quelque chose de bien à Dieu, on a à s’estimer soi-même, offrir l’amabilité à Dieu, être aimable, être aimé, et il faut bien qu’on amorce cette amabilité par une estime de soi-même, une petite ou une grande estime, mais qui dit : je reconnais que cette humanité imparfaite a de quoi être aimée, parce que Dieu l’aime. C’est le point de départ d’un mouvement que je cherche et que je quête dans ma vie des traces de l’amour de Dieu. C’est comme à l’avance, une sorte de décision que je vaux mieux, non pas je suis plus grand, mais je vaux mieux en profondeur, en intériorité que ce que les apparences laissent à voir, mais cela dépend de ma rencontre avec Lui.
Une façon de prononcer le nom de Dieu qui serait comme la pluie sur les plumes d’un canard, qui glisse sans pénétrer, et puis il y a une façon qui est ce véritable aveu qui nous honore et qui est comme une beauté intérieure, de reconnaître l’attente, le besoin, le désir que nous avons de Dieu, une autre façon de dire son nom qui est de le faire habiter en nous.
AMEN
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