Archive pour octobre, 2011

première et deuxième lectures – 28° dimanche du Temps ordinaire (9 octobre 2011)

8 octobre, 2011

du site:

http://www.bible-service.net/site/435.html

28° dimanche du Temps ordinaire (9 octobre 2011)

première et deuxième lectures

Nous sommes tous invités à la table de fête du Seigneur. Déjà le prophète Isaïe l’évoquait, quand il décrivait un grand repas de noces pour tous les peuples (1° lecture). Que le Seigneur soit l’hôte de ce repas ne fait aucun doute pour la psalmiste : “ Tu prépares la table pour moi ”. Dans l’évangile, le Royaume de Dieu est comparé à un “ roi qui célébrait les noces de son fils… ”, et tout le monde est invité à la fête.

• Isaïe 25,6-9

“ Ce jour-là … ” C’est le Jour du Seigneur. Autrement dit, pour le prophète, le jour d’un nouveau paradis, en quelque sorte, le jour où Dieu régnera sur toutes les nations. Ce jour-là est décrit sous la forme d’un festin de viandes savoureuses et de vins capiteux… Un vrai repas de fête ! À cela, il faut ajouter la fin du deuil et de l’humiliation. Le couronnement de ce Jour, ce sera la destruction de la mort. Si ce n’était un anachronisme, on pourrait parler de résurrection du peuple, de tous les peuples.

Le lieu de ce rassemblement n’est pas neutre : sur la montagne du Seigneur. Autrement dit, Sion, le Temple de Jérusalem.

• Psaume 22

Voilà un psaume qui exprime une confiance sereine envers le Seigneur, la certitude qu’il est présent tout au long de la vie du croyant. Plusieurs images sont utilisées pour décrire cette présence. L’image du berger, tout d’abord, qui veille sur son troupeau partout, y compris dans “ les ravins de la mort ”, qui lui donne ce qu’il lui faut, qui lui procure le repos. Il y a ensuite l’image de l’hôte, qui “ prépare la table ”, qui remplit la coupe… Ici, le lieu se précise : on n’est plus dans la marche au gré des prés, des eaux tranquilles, des ravins de la mort. On est dans “ la maison du Seigneur ”, au Temple, comme chez Isaïe. On rejoint alors le festin de la fin des temps, à Sion. Isaïe et le psalmiste partagent la même foi au Dieu Sauveur.

 Philippiens 4,12-14.19-20

Après la vision apocalyptique de la première lecture, la relation du quotidien de la vie de l’apôtre offre un contraste : « Frères, je sais vivre de peu… ». Mais à travers le détachement de Paul pour les biens matériels transparaît la confiance en d’autres biens, au-delà du matériel, l’attente de la richesse de Dieu.
C’est ce détachement et cette confiance qui permettent à Paul d’accepter les aides matérielles des Philippiens. Celui qui s’est dépensé pour la communauté mérite qu’elle subvienne à ses besoins. Et cette aide matérielle, Dieu la rendra magnifiquement. On retrouve ici, au v. 13, l’un des actes de foi les plus forts de Paul : « Pour moi, le Christ est tout ; que je vive ou que je meure, c’est le Christ…Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. »

Une Parole pour aujourd’hui

Le « jour » eschatologique, jour de la joie du festin du Royaume, est annoncé « aujourd’hui », dans l’aujourd’hui de l’Église. Le repas eucharistique, en particulier, est l’aujourd’hui terrestre du festin du Royaume. Car déjà, le Christ Sauveur est donné en nourriture pour notre glorification. Mais la messe dit aussi le « pas encore » du Royaume éternel.

Homélie du 28e dimanche ordinaire A

8 octobre, 2011

du site:

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 28e dimanche ordinaire A

Is 25, 6-9 ; Ph 4, 12-14, 19-20 ; Mt 22, 1-14

Jamais deux sans trois ! Après la parabole des deux fils, puis l’allégorie des vignerons homicides, voici un troisième récit très imagé pour nous faire comprendre à quoi ressemble le Royaume des cieux. Contrairement aux précédents, l’histoire commence ici dans la joie et les chants : caviar, homard et champagne ! Le Royaume des cieux qui nous est promis dans l’au-delà, dans la mesure où nous commençons à le bâtir dès ici-bas, est comparable à un grand banquet de noces. Des noces royales. Mais si le récit commence très bien, il se termine très mal, dans les pleurs et les grincements de dents.
Comme les deux précédentes, cette parabole est de type polémique. Elle s’adresse aux mêmes auditeurs, c’est-à-dire l’élite religieuse, les membres des familles sacerdotales, les très pieux pharisiens, et plus globalement, ceux que l’on appelle, en tous temps et dans toutes les religions, les « bien-pensants ».
Ce que Jésus leur reproche, c’est d’avoir accaparé à leur profit la Loi et le Temple, de se comporter en propriétaires de Dieu, d’avoir sacralisé la lettre et les traditions toutes humaines.
Plus largement, il est reproché au peuple saint son esprit de ghetto, de droits acquis et de privilèges, sa volonté de monopoliser le salut en refusant de le faire partager à tous les peuples de toutes races et langues.
Il lui est surtout reproché d’avoir refusé d’écouter l’enseignement, régulièrement répété par les prophètes, de revenir à l’essentiel, à l’esprit de la Loi, de s’astreindre à des examens de conscience et aux conversions qui s’imposent. Il lui est reproché non seulement d’avoir malmené les prophètes et même de s’y être opposés, mais aussi d’en avoir tué plus d’un, au nom même de la foi, de la Loi et de la fidélité à Dieu. Et Jésus fait remarquer qu’ils sont en train de le traiter exactement de la même manière.
Les paraboles tentent de leur faire comprendre aussi, non seulement que Dieu est infiniment patient, qu’ils sont certes les premiers invités, mais qu’ils ne sont pas les seuls fils et filles de Dieu, et qu’il ne suffit pas d’être circoncis selon la chair, ou d’être inscrit comme membre au club des sauvés, pour être sauvés.
S’ils s’entêtent, ils perdront tout. Et ce sont ceux et celles qu’ils considéraient comme païens, étrangers, incroyants, mal-croyants et impurs, qui prendront les premières places.
Même problème à l’époque où Matthieu s’adresse non plus à l’élite religieuse, mais aux premières communautés chrétiennes. Certains, venus du judaïsme, ont dit « oui » à la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ et se sont faits baptiser. En même temps, et en contradiction flagrante avec l’Evangile, ils contestent et refusent l’accueil fait aux païens. Ce qu’ils voudraient, c’est qu’on leur impose la circoncision, les règles et coutumes traditionnelles du peuple élu.
Jésus avait brisé le ghetto, délivré l’esprit du carcan de la lettre, ouvert portes et fenêtres, offert le salut à tous. Et voici que, quelques années après sa mort et sa résurrection, des chrétiens cette fois retombent dans l’ornière, tentent de fermer les portes et refusent d’écouter ces nouveaux prophètes que sont les apôtres.
Cette tentation et ce drame sont de toutes les époques. Aujourd’hui encore, des prophètes, qui retournent aux sources de l’Evangile et à son esprit, sont malmenés, dénoncés aux autorités religieuses et même aux autorités civiles, écartés, condamnés, parfois même emprisonnés, quelquefois assassinés…
Mais il y a aussi nos refus et nos indifférences dans la vie quotidienne, au Christ qui tant de fois nous invite à purifier nos points de vue ou nos intentions, à passer de la rancune au pardon, à répondre à des appels au secours, à éclairer et à approfondir notre foi, à lutter pour la justice et la paix. Et que d’excuses toujours valables pour nous dérober : l’impératif des affaires, la nécessité de gagner davantage, les devoirs mondains, etc. Sans parler de l’opposition au prophète qui mettrait tant soit peu en cause des privilèges et des injustices de classes, les sécurités de certaines traditions religieuses et autres immobilismes rassurants. Toute invitation à la conversion, et donc au changement, nous gêne, nous heurte, et nous rend quelquefois agressifs.
Baptisés, croyants, pratiquants, souvent même engagés, nous constituons, selon les critères habituels, l’élite religieuse, avec la tentation toute naturelle de nous croire d’office du bon côté, de faire partie du bon troupeau, de bénéficier de certains privilèges et droits acquis…
Mais ce n’est pas tout. Le « oui » à l’accueil et à l’ouverture, ce n’est pas pour autant un « oui » au laxisme.
Pour entrer au banquet du Royaume, il n’y a certes point besoin de carte d’identité, ni de recommandation, et même pas de casier judiciaire vierge ou de mains propres. Une condition cependant : porter le vêtement de noces.
Un jour, à la sortie d’un office que j’avais célébré en ville, des amis m’ont invité à déjeuner à un mess d’officiers tout proche. Une heureuse et joyeuse surprise… Hélas, l’accès de la salle à manger m’a été refusé. Je portais un col roulé et la cravate était de rigueur… Explications et protestations n’ont servi à rien. Nous avons dû nous contenter d’un petit en-cas dans la salle du bar.
Mais il n’est pas ici question de cravate ou de tenue de soirée. Il s’agit de symbolisme biblique. Dépouillez-vous du vieil homme, dit Paul, et revêtez le Seigneur Jésus-Christ, l’homme nouveau : « Revêtez donc des sentiments de compassion et de bienveillance, d’humilité, de douceur et de patience. Pardonnez-vous mutuellement et, par-dessus tout, revêtez l’amour ». Nous retrouvons l’essentiel du message évangélique. Et ce vêtement n’est le monopole de personne. Un vêtement à la portée de tous, de toutes les bourses, de toutes les classes, de toutes les races, et en toutes circonstances.
Heureux les invités au repas du Seigneur ! Mais plus exactement encore : Heureux ceux et celles qui ont revêtu le vêtement de noces. Car il ne sert à rien de vivre dans la communauté de l’Evangile ou d’être dans l’Eglise de Dieu, si on trahit son esprit, si on n’adopte pas ses mœurs.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T) -  1925 – 2008

Day 6 Animals with man and woman

7 octobre, 2011

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http://www.artbible.net/1T/Gen0201_7rest_Shabbat/index_3.htm

Fêtes juives : Les dix jours redoutables

7 octobre, 2011

du site:

http://www.un-echo-israel.net/Fetes-juives-Les-dix-jours

Fêtes juives : Les dix jours redoutables

mardi 26 septembre 2006, par Loïc Le Méhauté

Les deux journées de Rosh HaShana (Jour de l’An) marquent le début des dix journées de repentir qui s’achèvent à Yom Kippour, jour du Grand pardon.
Entre Rosh HaShana et le jour du Kippour s’étend une période de dix jours appelés jours redoutables. Le jugement de Dieu, sur l’homme, passé à Rosh HaShana n’est que temporaire comme il est écrit : « Cherchez l’Éternel pendant qu’il se trouve ; invoquez-le tandis qu’il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et l’homme d’iniquité ses pensées ; qu’il retourne à l’Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner. » (Is. 55, 6-7).
Selon la tradition rabbinique, à Rosh ha-Shana, Dieu, Roi et Juge souverain prononce sa sentence, qui sera définitivement scellée à Kippour. Ces dix jours permettent donc à l’homme en « sursis » de faire une véritable repentance, Teshuvah (retour).
Pendant cette période nous assistons à des gestes de réconciliation entre les êtres humains car le jour de Kippour n’expie pas les fautes commises entre les hommes. Avant de demander et d’obtenir le pardon de Dieu il faut passer par une réconciliation entre l’homme et son semblable (Mishna, Yoma 8,9). Celui qui a offensé son prochain a péché doublement : contre son prochain et contre Dieu dont il a violé la Torah. De ce fait la prière doit être accompagnée de gestes concrets de repentance. Dans les prières de repentance, Selihot, on récite de nombreux textes bibliques invoquant le pardon de Dieu et sa longanimité : « O Dieu ! Aie pitié de moi dans ta bonté ; selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ; lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie moi de mon péché [...]. Purifie-moi avec l’hysope et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige [...] » (Ps. 51 : 3, 4, 9) ; « Du fond de l’abîme je t’invoque, ô Éternel ! Seigneur écoute ma voix ! Que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! Si tu gardais le souvenir des iniquités, Éternel, Seigneur, qui pourrait subsister ? Mais le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne. » (Ps. 130 : 1-4).
Le Shabbat entre Rosh ha-Shana et Yom Kippour est appelé Shabbat-Shuvah, (retour) qui tire son nom du texte de la Haftarah, (Osée 14), lu ce jour-là : « Israël, reviens à l’Éternel, ton Dieu, car tu es tombé par ton iniquité. Apportez avec vous des paroles, et revenez à l’Éternel. Dites-lui » Pardonne toutes les iniquités, et reçois-nous favorablement [...] ». L’homélie, Derashah, prononcée par le rabbin ce jour-là est une exhortation à la repentance. Une coutume qui a lieu avant le Kippour c’est le rite de Kapparot. Elle consiste à faire tourner au dessus de la tête de la personne repentante, une volaille. Pendant ce rituel la personne récite trois fois ces paroles : « Ceci est mon substitut, c’est mon échange, c’est mon expiation ; cette volaille va mourir, et je vais avoir une bonne et longue vie en paix. »
Cette cérémonie symbolique est une réminiscence des sacrifices du Temple, quand les animaux étaient sacrifiés portant les péchés du peuple.
Certains rabbins s’opposent à cette pratique qui aurait peut-être des racines païennes, et des tendances magiques.

LE CARDINAL KOCH ÉVOQUE UN ŒCUMÉNISME DES MARTYRS

7 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28930?l=french

LE CARDINAL KOCH ÉVOQUE UN ŒCUMÉNISME DES MARTYRS

Intervention à la rencontre internationale de prière pour la paix de Munich

ROME, Mercredi 14 septembre 2011 (ZENIT.org) – Alors que les chrétiens vivent encore dans ce monde dans une « communion encore imparfaite », les martyrs se trouvent eux, « dans la gloire céleste », dans une communion parfaite. C’est pourquoi nous devons dès aujourd’hui « vivredans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ ».
C’est ce qu’affirme lecardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, qui est intervenule 12 septembre à la rencontre internationale de prière pour la paix organisée à Munich par la communauté Sant’Egidio et l’archidiocèse de Munich et Freising sur le thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue ».
En prenant la parole lors d’une table-ronde intitulée « Unité des chrétiens, amour des pauvres », le prélat a rappelé que la foi chrétienne est aujourd’hui la plus persécutée. Selon l’Internationale Gesellschaft für Menschenrechte (Organisation internationale pour les droits humains), 80 % de ceux qui sont persécutés à cause de leur foi sont chrétiens.
« Ce bilan déconcertant » est « un grand défi pour l’œcuménisme chrétien, appelé à manifester une solidarité réelle », a affirmé le cardinal. « Puisqu’aujourd’hui toutes les Eglises et les communautés ecclésiales chrétiennes ont leurs martyrs, nous devons parler d’un véritable œcuménisme des martyrs qui recueille en soi une belle promesse : malgré le drame des divisions entre les Eglises, ces solides témoins de la foi ont montré que Dieu lui-même maintient entre les baptisés la communion de foi témoignée par le sacrifice suprême de la vie à un niveau plus profond ».
« Alors que nous, comme chrétiens et comme Eglises, vivons sur cette terre dans une communion encore imparfaite, les martyrs dans la gloire céleste se trouvent dès maintenant dans une communion pleine et parfaite », a-t-il expliqué.
Les martyrs, a-t-il affirmé en citant Jean-Paul II, sont donc « la preuve la plus significative que chaque élément de division peut être transcendé et dépassé dans le don total de soi à la cause de l’Evangile ».
L’œcuménisme des martyrs confirme ce que croyait Tertullien, docteur de l’Eglise : « le sang des martyrs est semence de chrétiens ».
« Aujourd’hui encore, comme chrétiens, nous devons vivre dans l’espérance que le sang des martyrs de notre temps devienne un jour semence de la pleine unité du Corps du Christ », a-t-il affirmé. « Mais cette espérance, nous devons la témoigner de manière crédible dans l’aide efficace rendue aux chrétiens persécutés dans le monde, en dénonçant publiquement les situations de martyre et en s’engageant en faveur du respect de la liberté religieuse et de la dignité humaine ».
« L’œcuménisme des martyrs ne constitue pas seulement le noyau de la spiritualité œcuménique, aujourd’hui si nécessaire, mais il est aussi le meilleur exemple de ce que la promotion de l’unité des chrétiens et l’amour privilégié pour les pauvres sont absolument indissociables », a conclu le cardinal Koch.
Marine Soreau

Saint Bruno

6 octobre, 2011

Saint Bruno dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

6 octobre -Saint Bruno

6 octobre, 2011

du site:

http://missel.free.fr/Sanctoral/10/06.php

6 octobre -Saint Bruno,

fondateur des Chartreux

Prières

O Dieu, montrez-nous votre visage
qui n’est autre que votre Fils,
puisque c’est par lui que vous vous faites connaître
de même que l’homme tout entier est connu par son seul visage.
Et par ce visage que vous nous aurez montré,
convertissez-nous ;
convertissez les morts que nous sommes
des ténèbres à la lumière,
convertissez-nous des vices aux vertus,
de l’ignorance à la parfaite connaissance de vous.
Saint Bruno

Vous êtes mon Seigneur,
vous dont je préfère les volontés aux miennes propres ;
puisque je ne puis toujours prier avec des paroles,
si quelque jour j’ai prié avec une vraie dévotion,
comprenez mon cri :
prenez en gré cette dévotion
qui vous prie comme une immense clameur ;
et pour que mes paroles
soient de plus en plus dignes d’être exaucées de vous,
donnez intensité et persévérance à la voix de ma prière.
O Dieu, qui êtes puissant et dont je me suis fait le serviteur,
quant à moi je vous prie et vous prierai avec persévérance
afin de mériter et de vous obtenir ;
ce n’est pas pour obtenir quelque bien terrestre :
je demande ce que je dois demander, Vous seul.
Saint Bruno

Vie de Saint Bruno
Bruno qui appartenait à une famille noble (celle, croit-on, des Hartenfaust, de duro pugno), né à Cologne entre 1030 et 1035. Il commença ses études dans sa ville natale, à la collégiale de Saint-Cunibert, et fit ensuite des études de philosophie et de théologie à Reims et, peut-être aussi à Paris. Vers 1055, il revint à Cologne pour recevoir de l’archevêque Annon, avec la prêtrise, un canonicat à Saint-Cunibert.
En 1056 ou 1057, il fut rappelé à Reims par l’archevêque Gervais pour y devenir, avec le titre d’écolâtre, professeur de grammaire, de philosophie et de théologie ; il devait garder une vingtaine d’années cette chaire, où il travailla à répandre les doctrines clunisiennes et, comme on allait dire bientôt, grégoriennes ; parmi ses élèves, étaient Eudes de Châtillon, le futur Urbain II,  Rangérius, futur évêque de Lucques, Robert, futur évêque de Langres, Lambert, futur abbé de Pothières, Pierre, futur abbé de Saint-Jean de Soissons, Mainard, futur prieur de Cormery, et d’autres personnages de premier plan. Maître Bruno dont on conserve un commentaire des psaumes et une étude sur les épitres de saint Paul est précis, clair et concis en même temps qu’affable, bon et souriant « il est, dire ses disciples, éloquent, expert dans tous les arts, dialecticien, grammairien, rhéteur, fontaine de doctrine, docteur des docteurs. »
Sa situation devint difficile quand l’archevêque Manassès de Gournay, simoniaque avéré, monta en 1067 sur le siège de Reims ; ce prélat qui n’ignorait pas l’opposition de Bruno, tenta d’abord de se le concilier, et le désigna même comme chancelier du Chapitre (1075), mais l’administration tyrannique de Manassès, qui pillait les biens d’Eglise, provoqua des protestations, auxquelles Bruno s’associa ; elles devaient aboutir à la déposition de l’indigne prélat en 1080 ; en attendant, Manassès priva Bruno de ses charges et s’empara de ses biens qui ne lui furent rendus que lorsque l’archevêque perdit son siège[1].
Bruno, réfugié d’abord au château d’Ebles de Roucy, puis, semble-t-il, à Cologne, chargé de mission à Paris, et redoutant d’être appelé à la succession de Manassès, décida de renoncer à la vie séculière. Cette résolution aurait été fortifiée en lui, d’après une tradition que répètent les historiens chartreux, par l’épisode parisien (1082) des funérailles du chanoine Raymond Diocrès qui se serait trois fois levé de son cercueil pour se déclarer jugé et condamné au tribunal de Dieu[2].
En 1083, Bruno se rendit avec deux compagnons, Pierre et Lambert, auprès de saint Robert de Molesme, pour lui demander l’habit monastique et l’autorisation de se retirer dans la solitude, à Sèche-Fontaine. Mais ce n’était pas encore,  si près de l’abbaye, la vraie vie érémitique. Sur le conseil de Robert de Molesme et, semble-t-il, de l’abbé de la Chaise-Dieu, Seguin d’Escotay, Bruno se rendit, avec six compagnons[3] auprès du saint évêque Hugues de Grenoble qui accueillit avec bienveillance la petite colonie.  Une tradition de l’Ordre veut que saint Hugues ait vu les sept ermites annoncés dans un songe sous l’apparence de sept étoiles. Il conduisit Bruno et ses compagnons dans un site montagneux d’une sévérité vraiment farouche, le désert de Chartreuse (1084)[4]. En 1085 une première église s’y élevait. Le sol avait été cédé en propriété par Hugues aux religieux qui en gardèrent le nom de Chartreux. Quant à l’appartenance spirituelle, il paraît que la fondation eut d’abord quelque lien avec la Chaise-Dieu, à qui Bruno la remit quand il dut se rendre en Italie ; mais l’abbé Seguin restitua la Chartreuse au prieur Landuin quand celui-ci, pour obéir à saint Bruno, rétablit la communauté, et il reconnut l’indépendance de l’ordre nouveau (1090)[5].
Au début de cette année 1090, Bruno avait été appelé à Rome par un de ses anciens élèves, le pape Urbain II, qui voulait s’aider de ses conseils et qui lui concéda, pour ceux de ses compagnons qui l’avaient suivi, l’église de Saint-Cyriaque. Le fondateur fut à plusieurs reprises convoqué à des conciles[6]. Le pape eût voulu lui faire accepter l’archevêché de Reggio de Calabre, mais Bruno n’abandonnait pas son rêve de vie érémitique. Il avait reçu en 1092 du comte Roger de Sicile un terrain boisé à La Torre, près de Squillace, où Urbain II autorisa la construction d’un ermitage et où une église fut consacrée en 1094. Roger aurait affirmé, dans un diplôme de 1099, que Bruno l’aurait averti dans un songe d’un complot durant le siège de Padoue en 1098.
Bruno, le 27 juillet 1101, recevait du pape Pascal II la confirmation de l’autonomie de ses ermites. Le 6 octobre suivant, après avoir émis une profession de foi et fait devant les frères sa confession générale, il rendit l’âme à la chartreuse de San Stefano in Bosco, filiale de La Torre, où il fut enseveli. Les cent soixante-treize rouleaux des morts, circulant d’abbaye en abbaye et recevant des formules d’éloges funèbres, attestent précieusement, dès le lendemain de sa mort, sa réputation de sainteté, accrue par les miracles attribués à son intercession. Son corps, transféré en 1122 à Sainte-Marie du Désert, la chartreuse principale de La Torre, y fut l’objet d’une invention en 1502 et d’une récognition en 1514. Le culte fut autorisé de vive voix dans l’ordre des Chartreux par Léon X, le 19 juillet 1514. La fête, introduite en 1622 dans la liturgie romaine et confirmée en 1623 comme semi-double ad libitum, est devenue de précepte et de rite double en 1674 à la date anniversaire de sa mort, le 6 octobre ; saint Bruno n’a donc été l’objet que d’une canonisation équipollente.
Il y a actuellement 17 chartreuses de moines et 5 de moniales, toutes situées en Europe sauf un monastère aux Etats-Unis. (Une fondation est en cours en Amérique Latine). Les moines sont environ 400, les moniales une centaine.
En 1257, saint Louis demanda des moines au prieur de la Grande Chartreuse, qui lui envoya Dom Jean de Jossaram, prieur du Val-Sainte-Marie, près de Valence, et quatre autres religieux. Ils habitèrent d’abord Gentilly, puis vinrent près de Paris, au château de Vauvert, dès 1258. Saint Louis fit commencer leur grande église, qui ne fut dédiée qu’en 1325, à la Sainte Vierge et à saint Jean-Baptiste. Elle avait sept chapelles latérales dans la clôture et une huitième chapelle extérieure, dont l’accès était permis aux femmes. Vingt-huit cellules, chacune composée de deux ou trois pièces et accompagnée d’un jardin, étaient groupées autour du grand cloître. Il y vivait quarante religieux, sans compter les Frères. Le petit cloître était décoré des fameux tableaux de la vie de saint Bruno d’Eustache Lesueur : il n’y en avait que trois, disait-on, de sa main. La Révolution détruisit ce monastère pour faire passer des rues et agrandir le jardin du Luxembourg.
Les Chartreux de Paris achetèrent une rente sur des biens sis à Saulx que saint Louis leur confirma en 1263. L’année suivante, les Chartreux achètent à Saulx la dîme du blé avec une partie du fief des Tournelles où était le four banal. En 1265, les Chartreux achètent à Saulx la dime du vin. En 1285, les Chartreux achètent le fief des Tournelles avec le four banal. En 1657 le prieuré Notre-Dame de Saulx est cédé aux Chartreux et ils nomment le curé de la paroisse.
 Le 14 mai 1984, l’occasion du neuvième centenaire de la fondation de leur Ordre le Saint-Père adressait aux Chartreux la lettre Silentio et solitudini, rappelant qu’en l’an 1084, aux alentours de la fête de saint Jean-Baptiste, Bruno de Cologne, au terme d’une brillante carrière ecclésiastique, marquée notamment par un courage indomptable dans la lutte contre les abus de l’époque, entrait avec six compagnons au désert de Chartreuse. Il s’agit d’une vallée étroite et resserrée des Préalpes, à 1175 mètres d’altitude, où de grands sapins laissent à peine pénétrer la lumière, et que les neiges isolent presque complètement du monde extérieur durant l’hiver interminable. Ce cadre austère paraissait approprié à la forme de vie entièrement centrée sur Dieu qu’ils désiraient chercher par le moyen de la solitude. Le monastère fut fait de petits ermitages, reliés par une galerie pour se rendre en toute saison à l’église. Les moines ne se rencontraient habituellement qu’aux Matines et aux Vêpres, parfois à la messe qui n’était pas alors quotidienne, mais ils prenaient ensemble le repas du dimanche, suivi du chapitre. Saint Bruno avait en propre de savoir unir une soif intense de la rencontre de Dieu dans la solitude, avec une capacité exceptionnelle de se faire des amis, et de faire naître parmi eux un courant d’intense affection.
Parmi les six compagnons de saint Bruno figuraient deux laïcs ou convers ; leur solitude devait incorporer un certain travail hors de la cellule, principalement agricole. Aujourd’hui encore un monastère cartusien comporte des moines du cloître, voués à la solitude de la cellule, et des moines convers, qui partagent leur temps entre cette solitude et la solitude du travail dans les obédiences : on pratique ainsi deux manières, étroitement solidaires et complémentaires, de vivre la vie de chartreux ou de chartreuse.
Les historiens de la vie monastique ont relevé la sagesse qui a su unir les différents aspects de la vie cartusienne en un équilibre harmonieux : le soutien de la vie fraternelle aide à affronter l’austérité de l’érémitisme ; la coexistence de deux manières de vivre l’érémitisme (moines du cloître et moines convers) permet à chacune des deux de trouver sa formule la meilleure ; un facteur équilibrant, aussi, est joué par l’importance de l’office liturgique de Matines, célébré à l’église au cours de la nuit. Ou encore, liberté spirituelle et obéissance sont étroitement unies… Cette sagesse de vie, les chartreux la doivent à saint Bruno lui-même, et c’est elle qui a assuré la persévérance de leur Ordre à travers les siècles. Sagesse et équilibre.
Il reste vrai qu’une telle vie n’a de sens qu’en référence à Dieu. Le Saint-Père, dans sa lettre, rappelait aux Chartreux que c’est là leur responsabilité, leur fonction propre dans le Corps mystique, au sein duquel ils doivent exercer un rayonnement invisible : ils sont, disait-il, des témoins de l’absolu, spécialement utiles aux hommes d’aujourd’hui, souvent profondément troublés par le tourbillon des idées et l’instabilité qui caractérisent la culture moderne. Pour l’Eglise elle-même, ajoute le Pape, en tant qu’elle est absorbée dans les difficultés du labeur apostolique, les solitaires signifient la certitude de l’Amour immuable de Dieu ; et c’est au nom de toute l’Eglise qu’ils font monter vers Lui un hymne de louange ininterrompue.
Il y a actuellement 17 chartreuses de moines et 5 de moniales, toutes situées en Europe sauf un monastère aux Etats-Unis. (Une fondation est en cours en Amérique Latine). Les moines sont environ 400, les moniales une centaine.
[1] Quelques clercs de Reims avaient porté plainte contre Manassès de Gournay auprès de Hugues de Die, légat du pape Grégoire VII, qui le cita à comparaître au concile d’Autun (1077). Manassès ne parut pas au concile d’Autun qui le déposa, mais s’en fut se plaindre à Rome où il promit tout ce que l’on voulut. C’est alors qu’il priva de leurs charges et de leurs biens tous ses accusateurs dont Bruno. Voyant que Manassès de Gournay ne s’amendait pas, Hugues de Die le cita à comparaître au concile de Lyon (1080) ; l’archevêque écrivit pour se défendre mais, cette fois, il fut déposé et, le 27 décembre 1080, Grégoire VII ordonna aux clercs de Reims de procéder à l’élection d’un nouvel archevêque. Manassès s’enfuit et ses accusateurs rentrèrent en possession de leurs charges et de leurs biens.
[2] Jean Long d’Ypres : Chronique de Saint-Bertin.
[3] Les six compagnons de Bruno étaient le toscan Landuin, théologien réputé, qui lui succéda comme prieur de la Chartreuse, Etienne de Bourg et Etienne de Die, chanoines de Saint-Ruf en Dauphiné, le prêtre Hugues qui fut leur chapelain, André et Guérin. Les deux derniers des six compagnons de saint Bruno étaient deux laïcs ou convers ; leur solitude devait incorporer un certain travail hors de la cellule, principalement agricole. Aujourd’hui encore un monastère cartusien comporte des moines du cloître, voués à la solitude de la cellule, et des moines convers, qui partagent leur temps entre cette solitude et la solitude du travail dans les obédiences : on pratique ainsi deux manières, étroitement solidaires et complémentaires, de vivre la vie de chartreux ou de chartreuse.
[4] Il s’agit d’une vallée étroite et resserrée des Préalpes, à 1175 mètres d’altitude, où de grands sapins laissent à peine pénétrer la lumière, et que les neiges isolent presque complètement du monde extérieur durant l’hiver interminable. Ce cadre austère paraissait approprié à la forme de vie entièrement centrée sur Dieu qu’ils désiraient chercher par le moyen de la solitude. Le monastère fut fait de petits ermitages, reliés par une galerie pour se rendre en toute saison à l’église. Les moines ne se rencontraient habituellement qu’aux Matines et aux Vêpres, parfois à la messe qui n’était pas alors quotidienne, mais ils prenaient ensemble le repas du dimanche, suivi du chapitre. Saint Bruno avait en propre de savoir unir une soif intense de la rencontre de Dieu dans la solitude, avec une capacité exceptionnelle de se faire des amis, et de faire naître parmi eux un courant d’intense affection.
[5] Les historiens de la vie monastique ont relevé la sagesse qui a su unir les différents aspects de la vie cartusienne en un équilibre harmonieux : le soutien de la vie fraternelle aide à affronter l’austérité de l’érémitisme ; la coexistence de deux manières de vivre l’érémitisme (moines du cloître et moines convers) permet à chacune des deux de trouver sa formule la meilleure ; un facteur équilibrant, aussi, est joué par l’importance de l’office liturgique de Matines, célébré à l’église au cours de la nuit. Ou encore, liberté spirituelle et obéissance sont étroitement unies… Cette sagesse de vie, les chartreux la doivent à saint Bruno lui-même, et c’est elle qui a assuré la persévérance de leur Ordre à travers les siècles. Sagesse et équilibre. Il reste vrai qu’une telle vie n’a de sens qu’en référence à Dieu. Le Saint-Père, dans sa lettre, rappelait aux Chartreux que c’est là leur responsabilité, leur fonction propre dans le Corps mystique, au sein duquel ils doivent exercer un rayonnement invisible : ils sont, disait-il, des témoins de l’absolu, spécialement utiles aux hommes d’aujourd’hui, souvent profondément troublés par le tourbillon des idées et l’instabilité qui caractérisent la culture moderne. Pour l’Eglise elle-même, ajoute le Pape, en tant qu’elle est absorbée dans les difficultés du labeur apostolique, les solitaires signifient la certitude de l’Amour immuable de Dieu ; et c’est au nom de toute l’Eglise qu’ils font monter vers Lui un hymne de louange ininterrompue.
[6] Bénévent, 1091 ; Troja, 1093 ; Plaisance,  1095.

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 5 OCTOBRE 2011: LE PSAUME 23

6 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29137?l=french

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 5 OCTOBRE 2011: LE PSAUME 23

Texte intégral

ROME, Mercredi 5 octobre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.
***
Chers frères et sœurs,
S’adresser au Seigneur dans la prière implique un acte radical de confiance, dans la conscience de s’en remettre à Dieu qui est bon, «Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (Ex 34, 6-7; Ps 86, 15; cf. Jl 2, 13; Gn 4, 2; Ps 103, 8; 145, 8; Né 9, 17). C’est pourquoi je voudrais aujourd’hui réfléchir avec vous sur un Psaume plein de confiance, dans lequel le Psalmiste exprime sa sereine certitude d’être guidé et protégé, mis à l’abri de tout danger, parce que le Seigneur est son pasteur. Il s’agit du Psaume 23 — selon la datation gréco-latine 22 — un texte familier à tous et aimé de tous.
«Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque»: c’est ainsi que débute cette belle prière, évoquant le contexte nomade de l’élevage des brebis et l’expérience de la connaissance réciproque qui s’établit entre le pasteur et les brebis qui composent son petit troupeau. L’image rappelle une atmosphère de confidence, d’intimité, de tendresse: le pasteur connaît ses brebis une par une, il les appelle par leur nom et elles le suivent parce qu’elles le reconnaissent et qu’elles se fient à lui (cf. Jn 10, 2-4). Il prend soin d’elles, il les garde comme des biens précieux, prêt à les défendre, à en garantir le bien-être, à les faire vivre dans la tranquillité. Rien ne peut leur manquer si le pasteur est avec elles. C’est à cette expérience que fait référence le Psalmiste en appelant Dieu son pasteur, en se laissant guider par Lui vers des pâturages sûrs:
«Sur des prés d’herbe fraîche
il me parque.
Vers les eaux du repos
il me mène,
il y refait mon âme;
il me guide aux sentiers de justice
à cause de son nom» (vv. 2-3).
La vision qui s’ouvre sous nos yeux est celle de prés verts et de sources d’eau limpide, une oasis de paix vers laquelle le pasteur accompagne le troupeau, symboles des lieux de vie vers lesquels le Seigneur conduit le Psalmiste, qui se sent comme les brebis étendues sur l’herbe à côté d’une source, au repos, non en tension ou en état d’alarme, mais confiantes et tranquilles, parce l’endroit est sûr, l’eau est fraîche, et le pasteur veille sur eux. Et n’oublions pas ici que la scène évoquée par le Psaume se passe dans une terre en large partie désertique, battue par le soleil cuisant, où le pasteur semi-nomade du Moyen-Orient vit avec son troupeau dans les steppes desséchées, qui s’étendent autour des villages. Mais le pasteur sait où trouver l’herbe et l’eau fraîche, essentielles pour la vie, il sait porter à l’oasis où l’âme «se raffermit» et où il est possible de reprendre des forces et de nouvelles énergies pour se remettre en chemin.
Comme le dit le Psalmiste, Dieu le guide vers les «prés d’herbe fraîche» et les «eaux du repos», où tout est surabondant, tout est donné de façon copieuse. Si le Seigneur est le pasteur, même dans le désert, lieu d’absence et de mort, la certitude d’une présence radicale de vie ne fait pas défaut, au point de pouvoir dire: «rien ne me manque». Le pasteur, en effet, a à cœur le bien de son troupeau, il adapte ses propres rythmes et ses propres exigences à celles de ses brebis, il marche et il vit avec elles, en les guidant sur des sentiers «justes», c’est-à-dire adaptés à elles, attentif à leurs besoins et non aux siens. La sécurité de son troupeau est sa priorité et c’est à elle qu’il obéit quand il le conduit.
Chers frères et sœurs, nous aussi, comme le Psalmiste, si nous marchons derrière le «bon Pasteur», aussi difficiles, tortueux ou longs que puissent apparaître les parcours de notre vie, souvent aussi dans des zones désertiques spirituellement, sans eau et sous le soleil d’un rationalisme cuisant, sous la conduite du bon pasteur, le Christ, nous sommes certains d’aller sur les routes «justes» et que le Seigneur nous guide et qu’il est toujours proche de nous et qu’il ne nous manquera rien.
C’est pourquoi le Psalmiste peut déclarer une tranquillité et une sécurité sans incertitudes ni craintes:
«Passerais-je un ravin de ténèbres,
je ne crains aucun mal
car tu es près de moi;
ton bâton, ta houlette sont là
qui me consolent» (v. 4).
Qui passe avec le Seigneur dans le ravin de ténèbres de la souffrance, de l’incertitude et de tous les problèmes humains, se sent en sécurité. Tu es avec moi: telle est notre certitude, celle qui nous soutient. L’obscurité de la nuit fait peur, avec ses ombres changeantes, la difficulté à distinguer les dangers, son silence rempli de bruits indéchiffrables. Si le troupeau se déplace à la nuit tombée, quand la visibilité se fait incertaine, il est normal que les brebis soient inquiètes, le risque existe de trébucher ou de s’éloigner et de se perdre, et il y a encore la crainte de possibles agresseurs qui se cachent dans l’obscurité. Pour parler de ce ravin de «ténèbres», le Psalmiste utilise une expression en hébreux qui évoque les ténèbres de la mort, pour lequel la vallée à traverser est un lieu d’angoisse, de terribles menaces, de dangers de mort. Et pourtant, l’orant continue avec certitude, avec assurance, sans peur, parce qu’il sait que le Seigneur est avec lui. Ce «tu es avec moi» est une proclamation de confiance, inébranlable, et elle synthétise l’expérience d’une foi radicale; la proximité de Dieu transforme la réalité, le ravin de ténèbres perd toute dangerosité, se vide de toute menace. Le troupeau à présent peut cheminer tranquille, accompagné par le bruit familier du bâton qui bat sur le terrain et signale la présence rassurante du pasteur.
Cette image réconfortante termine la première partie du Psaume et laisse place à une scène différente. Nous sommes encore dans le désert, où le pasteur vit avec son troupeau, mais à présent nous sommes transportés sous sa tente, qui s’ouvre pour donner l’hospitalité:
«Devant moi tu apprêtes une table
face à mes adversaires;
d’une onction tu me parfumes la tête,
ma coupe déborde» (v. 5).
maintenant, le Seigneur est présenté comme Celui qui accueille l’orant, avec les signes d’une hospitalité généreuse et pleine d’attentions. L’hôte divin prépare la nourriture sur la «table», un terme qui en hébreu indique, dans son sens primitif, la peau de bête qui était étendue par terre et sur laquelle on posait les plats pour le repas commun. Il s’agit d’un geste de partage non seulement de la nourriture, mais également de la vie, dans une offrande de communion et d’amitié qui crée des liens et exprime la solidarité. Et ensuite, il y a le don munificent de l’huile parfumée sur la tête, qui procure un soulagement contre la brûlure du soleil du désert, qui rafraîchit et adoucit la peau et réjouit l’esprit de son parfum. Enfin, le calice débordant ajoute une note de fête, avec son vin exquis, partagé avec une générosité surabondante. Nourriture, huile, vin: ce sont les dons qui font vivre et qui  donnent la joie car ils vont au-delà de ce qui est strictement nécessaire et expriment la gratuité et l’abondance de l’amour. Le Psaume 104 proclame, en célébrant la bonté providentielle du Seigneur: «Tu fais croître l’herbe pour le bétail et les plantes à l’usage des humains, pour qu’ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour que l’huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le cœur de l’homme» (vv. 14-15).
Le Psalmiste est l’objet de nombreuses attentions, c’est pourquoi il se voit comme un voyageur qui trouve refuge sous une tente hospitalière, alors que ses ennemis doivent s’arrêter pour regarder, sans pouvoir intervenir, car celui qu’ils considéraient comme leur proie a été mis en sécurité, il est devenu un hôte sacré, intouchable. Et nous sommes nous-mêmes le Psalmiste, si nous sommes réellement croyants en communion avec le Christ. Quand Dieu ouvre sa tente pour nous accueillir, rien ne peut nous faire de mal.
Ensuite, lorsque le voyageur repart, la protection divine se prolonge et l’accompagne au cours de son voyage:
«Oui, grâce et bonheur me pressent
tous les jours de ma vie;
ma demeure est la maison du Seigneur
en la longueur des jours» (v. 6).
La bonté et la fidélité de Dieu sont l’escorte qui accompagne le Psalmiste qui sort de la tente et se remet en chemin. Mais c’est un chemin qui acquiert un sens nouveau, et devient pèlerinage vers le Temple du Seigneur, le lieu saint où l’orant veut «demeurer» pour toujours et auquel il veut également «retourner». Le verbe hébreu utilisé ici a le sens de «revenir» mais, au moyen d’une petite modification de voyelle, il peut être entendu comme «demeurer» et  et c’est ainsi qu’il est rendu par les antiques versions et par la majorité des traductions modernes. Les deux sens peuvent être maintenus: retourner au Temple et y demeurer est le désir de chaque Israélite, et habiter près de Dieu dans sa proximité et sa bonté est le désir et la nostalgie de tout croyant: pouvoir habiter réellement là où est Dieu, près de Dieu. Se placer à la suite du Pasteur conduit à sa maison, tel est le but de tout chemin, oasis recherchée dans le désert, tente où se réfugier en fuyant ses ennemis, lieu de paix où faire l’expérience de la bonté et de l’amour fidèle de Dieu jour après  jour, dans la joie sereine d’un temps sans fin.
Les images de ce Psaume, avec leur richesse et leur profondeur, ont accompagné toute l’histoire et l’expérience religieuse du peuple d’Israël et accompagnent les chrétiens. La figure du pasteur, en particulier, évoque le temps originel de l’Exode, le long chemin dans le désert, comme un troupeau guidé par le Pasteur divin (cf. Is 63, 11-14; Ps 77, 20-21; 78, 52-54). Et sur la terre promise, c’était le roi qui avait le devoir de paître le troupeau du Seigneur, comme David, pasteur choisi par Dieu et figure du Messie (cf. 2 S 5, 1-2; 7, 8; Ps 78, 70-72). Puis, après l’exil de Babylone, presque dans un nouvel exode (cf. Is 40, 3-5.9-11; 43, 16-21), Israël revient dans sa patrie comme une brebis égarée et retrouvée, reconduite par Dieu vers de verts pâturages et des lieux de repos (cf. Ez 34, 11-16, 23-31). Mais c’est dans le Seigneur Jésus que toute la force évocatrice de notre Psaume atteint sa plénitude, trouve sa pleine signification: Jésus est le «Bon Pasteur» qui va à la recherche de la brebis égarée, qui connaît ses brebis et donne sa vie pour elles (cf. Mt 18, 12-14; Lc 15, 4-7; Jn 10, 2-4.11-18). Il est le chemin, la juste voie qui nous conduit à la vie (cf. Jn 14, 6), la lumière qui illumine la vallée obscure et vainc chacune de nos peurs (cf. Jn 1, 9; 8, 12; 9, 5; 12, 46). C’est Lui l’hôte généreux qui nous accueille et nous met à l’abri des ennemis en préparant la table de son corps et de son sang (cf. Mt 26, 26-29; Mc 14, 22-25; Lc 22, 19-20) et celle définitive du banquet messianique au Ciel (cf. Lc 14, 15sq; Ap 3, 20; 19, 9). C’est Lui le Pasteur royal, le roi dans la douceur et dans le pardon, intronisé sur le bois glorieux de la croix (cf. Jn 3, 13-15; 12, 32; 17, 4-5).
Chers frères et sœurs, le Psaume 23 nous invite à renouveler notre confiance en Dieu, en nous abandonnant totalement entre ses mains. Demandons donc avec foi que le Seigneur nous accorde, même sur les chemins difficiles de notre temps, de marcher toujours sur ses sentiers comme un troupeau docile et obéissant, qu’il nous accueille dans sa maison, à sa table et qu’il nous conduise vers des «eaux tranquilles» afin que, dans l’accueil du don de son Esprit, nous puissions nous abreuver à ses eaux, sources de l’eau vive «jaillissant en vie éternelle» (Jn 4, 14; cf. 7, 37-39). Merci.

L’Amour par Kahlil Gibran

5 octobre, 2011

du site:

http://www.amour.ro/spiritualite/prophete-amour-kahlil-gibran.php

L’Amour par Kahlil Gibran

« L’Amour » extrait du livre « Le Prophète »

Alors Almitra dit:
Parle-nous de l’Amour.
Et il leva la tête et regarda le peuple assemblé, et le calme s’étendit sur eux. Et d’une voix forte il dit :
Quand l’amour vous fait signe, suivez le.
Bien que ses voies soient dures et rudes.
Et quand ses ailes vous enveloppent, cédez-lui.
Bien que la lame cachée parmi ses plumes puisse vous blesser.
Et quand il vous parle, croyez en lui.
Bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste vos jardins.
Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.
De même qu’il vous fait croître, il vous élague.
De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,
Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.
Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.
Il vous bat pour vous mettre à nu.
Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.
Il vous broie jusqu’à la blancheur.
Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple.

Et alors il vous expose à son feu sacré, afin que vous puissiez devenir le pain sacré du festin sacré de Dieu.
Toutes ces choses, l’amour l’accomplira sur vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur, et par cette connaissance devenir une parcelle du cœur de la Vie.
Mais si, dans votre appréhension, vous ne cherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour.
Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et quitter le champ où l’amour vous moissonne,
Pour le monde sans saisons où vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes.
L’amour ne donne que de lui-même, et ne prend que de lui-même.
L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé.
Car l’amour suffit à l’amour.
Quand vous aimez, vous ne devriez pas dire, « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « Je suis dans le cœur de Dieu ».
Et ne pensez pas que vous pouvez infléchir le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirige votre cours.
L’amour n’a d’autre désir que de s’accomplir.
Mais si vous aimez et que vos besoins doivent avoir des désirs, qu’ils soient ainsi:
Fondre et couler comme le ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.
Connaître la douleur de trop de tendresse.
Etre blessé par votre propre compréhension de l’amour;
Et en saigner volontiers et dans la joie.
Se réveiller à l’aube avec un cœur prêt à s’envoler et rendre grâce pour une nouvelle journée d’amour;
Se reposer au milieu du jour et méditer sur l’extase de l’amour;
Retourner en sa demeure au crépuscule avec gratitude;
Et alors s’endormir avec une prière pour le bien-aimé dans votre cœur et un chant de louanges sur vos lèvres.

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus (Carlo Maria Martini)

5 octobre, 2011

du site 30giorni:

http://www.30giorni.it/articoli_id_11083_l4.htm
    
Cinquante ans après l’encyclique Haurietis aquas du pape Pie XII. Une méditation du cardinal Carlo Maria Martini

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus

Le 15 mai dernier, Benoît XVI a envoyé au général de la Compagnie de Jésus une lettre à l’occasion des cinquante ans de l’encyclique Haurietis aquas. Déjà Pie XII avait écrit cette encyclique pour célébrer et rappeler à tous le premier centenaire de l’extension à l’Église tout entière de la fête du Sacré-Cœur de Jésus. De cette manière le Pape, profitant de cet enchaînement d’anniversaires, a voulu renouer avec le fil ininterrompu de cette dévotion qui accompagne tant de chrétiens depuis des siècles et les réconforte tout au long de leur chemin. Nous avons demandé à cette occasion quelques réflexions au cardinal Martini, qui nous a envoyé le texte qui suit

par le cardinal Carlo Maria Martini sj

Apparition du Sacré-Cœur à sainte Marguerite Marie Alacoque, mosaïque de Carlo Muccioli, Basilique Saint-Pierre, Cité du Vatican
Je me souviens très bien de l’époque à laquelle est sortie l’encyclique Haurietis aquas in gaudio. J’était alors étudiant en Écriture Sainte et membre de la communauté de l’Institut biblique pontifical, où enseignait un illustre bibliste, le père Agostino Bea, qui fut ensuite créé cardinal par Jean XXIII. Le père Bea était un proche collaborateur du pape Pie XII, et l’on disait dans la communauté – je crois à juste titre – qu’il avait contribué à la préparation de ce document. Ce qui est sûr, c’est que ce texte tout entier frappe par son inspiration biblique, à commencer par le titre qui est une citation du livre d’Isaïe (12,3). L’encyclique (qui portait la date du 15 mai 1956) fut donc lue très attentivement par la communauté de l’Institut biblique, qui appréciait particulièrement le fait qu’elle soit fondée sur les textes de l’Écriture Sainte, alors que dans le passé, cette dévotion qui a une longue histoire dans l’Église s’était surtout développée dans le peuple à partir de “révélations” d’ordre privé, comme celles faites à sainte Marguerite Marie au dix-septième siècle. Nous percevions que le message biblique de l’amour de Dieu était concrètement synthétisé dans ce texte, et cela nous rapprochait de cette dévotion traditionnelle qui avait particulièrement tenu à cœur à la Compagnie de Jésus dans un passé récent, notamment dans sa lutte contre le rigorisme janséniste.
Si Benoît XVI a voulu écrire, justement au supérieur général de la Compagnie de Jésus, une lettre pour rappeler cette encyclique, c’est certainement dû au fait que les jésuites se considéraient particulièrement responsables de la diffusion de cette dévotion dans l’Église. C’est d’ailleurs ce qu’affirmait sainte Marguerite Marie, selon laquelle c’était le Seigneur lui-même qui, se manifestant à elle, avait voulu les en charger.
C’est ainsi que la dévotion au Sacré-Cœur me fut présentée au noviciat des jésuites, dans les années Quarante du siècle dernier. Ceci m’amenait à réfléchir sur la manière dont on pouvait vivre cette dévotion et en même temps se laisser inspirer, dans sa propre vie spirituelle, par la richesse et la merveilleuse variété de la Parole de Dieu contenue dans les Saintes Écritures.
Cette question se posait avec d’autant plus d’insistance que j’avais rencontré cette dévotion sur mon propre chemin chrétien, dès mon enfance. C’est ma mère qui me l’a inculquée avec la pratique du Premier vendredi du mois. Ce jour-là, maman nous réveillait tôt pour aller à la messe dans l’église paroissiale et communier. Il avait été promis que celui qui se serait confessé et aurait communié neuf premiers vendredis du mois de suite (il n’était pas permis d’en sauter un seul!) pouvait être certain d’obtenir la grâce de la persévérance finale. Cette promesse était très importante pour ma mère. Je me souviens que pour nous, les enfants, il y avait une autre raison pour se rendre si tôt à la messe: nous prenions notre petit déjeuner dans un bar avec une bonne brioche.
Une fois qu’on avait communié neuf vendredis de suite, il n’était pas inutile de répéter la série pour être sur d’obtenir la grâce désirée, et on prit même l’habitude de dédier ce jour au Sacré-Cœur de Jésus, une habitude mensuelle qui devint ensuite hebdomadaire: chaque vendredi de l’année était dédié de quelque manière au Sacré-Cœur du Christ.
C’est ainsi que se présente à ma mémoire la dévotion de l’époque, concentrée essentiellement sur l’honneur et sur la réparation envers le Cœur de Jésus, qu’on considérait un peu en lui-même, presque séparé du reste du corps du Seigneur. En effet, certaines images représentaient uniquement le Cœur du Seigneur, couronné d’épines et transpercé par la lance.
Un des mérites de l’encyclique Haurietis aquas était justement d’aider à placer tous ces éléments dans leur contexte biblique et surtout de mettre en relief la signification profonde de cette dévotion, c’est-à-dire l’amour de Dieu, qui aime le monde de toute éternité et qui a donné son Fils pour lui (Jn 3, 16; cfr. Rm 8, 32, etc.).
Le culte du Cœur de Jésus a donc grandi en moi avec le temps. Peut-être s’est-il un peu affaibli en ce qui concerne son symbole spécifique, à savoir le cœur de Jésus. Il est devenu, pour moi et pour beaucoup d’autres dans l’Église, une dévotion tournée vers l’intimité de la personne de Jésus, vers Sa conscience profonde, Son choix de total dévouement envers nous et envers Son Père. En ce sens, le cœur est considéré dans la Bible comme le centre de la personne et le lieu de ses décisions. C’est ainsi que je vois à quel point cette dévotion nous aide, encore aujourd’hui, à contempler ce qui est essentiel dans la vie chrétienne, à savoir la charité. Je comprends même mieux comment elle se relie si étroitement à la Compagnie de Jésus, qui est générée spirituellement par les Exercices de saint Ignace de Loyola. En effet, les Exercices sont une invitation à contempler longuement Jésus, dans les mystères de Sa vie, de Sa mort, et de Sa résurrection pour pouvoir Le connaître, L’aimer et Le suivre.
Quelques épisodes de la vie de Jésus tirés de la Maestà de Duccio di Buoninsegna, Musée de l’Œuvre, Sienne; ci-dessus, la Dernière Cène, détail
Le grand mérite de cette dévotion a donc été d’avoir attiré l’attention sur le caractère central de l’amour de Dieu comme clé de l’histoire du salut. Mais pour saisir cet aspect, il était nécessaire d’apprendre à lire les Écritures, à les interpréter de manière unitaire comme une révélation de l’amour de Dieu envers l’humanité. L’encyclique Haurietis aquas a constitué une étape décisive sur cette voie.
Comment s’est produit et comment se produira à l’avenir un développement décisif des grains semés par cette encyclique dans le terrain de l’Église? Je pense que le Concile Vatican II, avec sa constitution Dei Verbum, a constitué un passage fondamental. Ce texte a exhorté le peuple de Dieu tout entier à vivre en familiarité avec les Saintes Écritures, dans la prière. C’est aussi là que les différentes “dévotions” trouvent un approfondissement et une nourriture solide.
On pourrait voir dans l’encyclique de Benoît XVI Deus caritas est, le point d’arrivée contemporain de tout cela. Le Pape écrit: «Dans l’histoire d’amour que la Bible nous raconte, Dieu vient à notre rencontre, Il cherche à nous conquérir – jusqu’à la dernière Cène, jusqu’au Cœur transpercé sur la croix, jusqu’aux apparitions du Ressuscité…» –; et il conclut en disant: «C’est alors que grandit l’abandon en Dieu et que Dieu devient notre joie (cf. Ps 72 [73], 23-28)». Il s’agit donc de lire les Saintes Écritures avec une intelligence spirituelle toujours plus grande, avec une attention vigilante envers ce qui est à la racine de toute l’histoire du salut, à savoir l’amour de Dieu pour l’humanité et le commandement de l’amour du prochain, synthèse de la Loi et des Prophètes (cfr. Mt 7, 12).
C’est de cette manière qu’on fera taire aujourd’hui les objections qui se sont élevées depuis des siècles contre le culte du Sacré-Cœur, taxé d’intimisme ou accusé d’entretenir une attitude passive qui aurait nui au service du prochain. Pie XII rappelait et réfutait ces critiques, mais celles-ci se rencontrent encore aujourd’hui, si Benoît XVI peut écrire dans son encyclique: «Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme qui guette de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif» (n. 37).
L’encyclique Haurietis aquas avait un autre mérite, c’était de souligner l’importance de l’humanité de Jésus. En ce sens, elle reprenait les réflexions des Pères de l’Église sur le mystère de l’Incarnation, en insistant sur le fait que le cœur de Jésus «a, sans aucun doute, palpité d’amour et de tout autre sentiment» (cfr. nn. 21-28). C’est pour cela que l’encyclique nous aide à nous défendre d’un faux mysticisme qui tendrait à dépasser l’humanité du Christ pour accéder pour ainsi dire directement au mystère ineffable de Dieu. Comme l’ont soutenu non seulement les Pères de l’Église, mais aussi de grands saints comme sainte Thérèse d’Avila et saint Ignace de Loyola, l’humanité de Jésus reste un passage incontournable pour comprendre le mystère de Dieu. Il ne s’agit donc pas seulement de vénérer le Cœur de Jésus comme symbole concret de l’amour de Dieu pour nous, mais de contempler la plénitude cosmique de la figure du Christ: «Il est avant toutes choses et tout subsiste en Lui… car Dieu s’est plus à faire habiter en Lui toute la Plénitude» (Col 1, 17.19).
La dévotion au Sacré-Cœur nous rappelle aussi que Jésus s’est donné lui-même “avec tout son cœur”, c’est-à-dire volontiers et avec enthousiasme. Il nous est donc dit qu’il faut faire le bien avec joie, parce qu’«il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir» (Ac 20, 35) et que «Dieu aime celui qui donne avec joie» (2 Co 9, 7). Néanmoins, ceci ne dérive pas d’un simple dessein humain, mais c’est une grâce que le Christ Lui-même nous fait obtenir, c’est un don de l’Esprit-Saint qui rend toute chose facile et qui nous soutient dans notre chemin quotidien, y compris dans les épreuves et les difficultés.
Je voudrais enfin mentionner ce qu’on appelle apostolat de la prière, promu par des pères jésuites au XIXe siècle en lien étroit avec la dévotion au Sacré-Cœur. À mon avis, avec l’offrande quotidienne de la journée en union avec l’offrande eucharistique que Jésus fait de Lui-même, l’apostolat de la prière met à la disposition de tous les fidèles un instrument très simple pour mettre en pratique ce que dit saint Paul au début de la deuxième partie de sa Lettre aux Romains, en donnant une synthèse pratique de la vie chrétienne: «Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu: c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre» (Rm 12, 1).
Beaucoup de gens simples peuvent trouver une aide pour vivre le christianisme de manière authentique dans l’apostolat de la prière, qui nous rappelle aussi l’importance de la vie intérieure et de la prière. À Jérusalem, on sent de manière particulière à quel point la prière, et surtout l’intercession, constituent une priorité. Non pas, bien sûr, la pauvre prière de simples individus, mais une prière unie à l’intercession de toute l’Église, qui à son tour n’est qu’un reflet de l’intercession de Jésus pour toute l’humanité.
Jésus élève sans cesse au Père cette intercession pour la paix entre les hommes et pour la victoire de l’amour sur la haine et sur la violence. Nous en avons tellement besoin de nos jours, surtout dans cette “cité de la prière” et cette “cité de la souffrance” qu’est Jérusalem.

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