Archive pour octobre, 2011

Pape Benoît: Simon le Cananéen et Jude Thaddée (28 Octobre)

28 octobre, 2011

dal sito:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20061011_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 11 octobre 2006

Simon le Cananéen et Jude Thaddée

Chers frères et soeurs,

Nous prenons aujourd’hui en considération deux des douze Apôtres:  Simon le Cananéen et Jude Thaddée (qu’il ne faut pas confondre avec Judas Iscariote). Nous les considérons ensemble, non seulement parce que dans les listes des Douze, ils sont toujours rappelés l’un à côté de l’autre (cf. Mt 10, 4; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13), mais également parce que les informations qui les concernent ne sont pas nombreuses, en dehors du fait que le Canon néo-testamentaire conserve une lettre attribuée à Jude Thaddée.
Simon reçoit un épithète qui varie dans les quatre listes:  alors que Matthieu et Marc le qualifient de « cananéen », Luc le définit en revanche comme un « zélote ». En réalité, les deux dénominations s’équivalent, car elles signifient la même chose:  dans la langue juive, en effet, le verbe qana’ signifie:  « être jaloux, passionné » et peut être utilisé aussi bien à propos de Dieu, en tant que jaloux du peuple qu’il a choisi (cf. Ex 20, 5), qu’à propos des hommes qui brûlent de zèle en servant le Dieu unique avec un dévouement total, comme Elie (cf. 1 R 19, 10). Il est donc possible que ce Simon, s’il n’appartenait pas précisément au mouvement nationaliste des Zélotes, fût au moins caractérisé par un zèle ardent pour l’identité juive, donc pour Dieu, pour son peuple et pour la Loi divine. S’il en est ainsi, Simon se situe aux antipodes de Matthieu qui, au contraire, en tant que publicain, provenait d’une activité considérée comme totalement impure. C’est le signe évident que Jésus appelle ses disciples et ses collaborateurs des horizons sociaux et religieux les plus divers, sans aucun préjugé. Ce sont les personnes qui l’intéressent, pas les catégories sociales ou les étiquettes! Et il est beau de voir que dans le groupe de ses fidèles, tous, bien que différents, coexistaient ensemble, surmontant les difficultés imaginables:  en effet, Jésus lui-même était le motif de cohésion, dans lequel tous se retrouvaient unis. Cela constitue clairement une leçon pour nous, souvent enclins à souligner les différences, voire les oppositions, oubliant qu’en Jésus Christ, nous a été donnée la force pour concilier nos différences. Rappelons-nous également que le groupe des Douze est la préfiguration de l’Eglise, dans laquelle doivent trouver place tous les charismes, les peuples, les races, toutes les qualités humaines, qui trouvent leur composition et leur unité dans la communion avec Jésus.
En  ce  qui  concerne ensuite Jude Thaddée, il est ainsi appelé par la tradition qui réunit deux noms différents:  en effet, alors que Matthieu et Marc l’appellent simplement « Thaddée » (Mt 10, 3; Mc 3, 18), Luc l’appelle « Jude fils de Jacques » (Lc 6, 16; Ac 1, 13). Le surnom de Thaddée est d’une origine incertaine et il est expliqué soit comme provenant de l’araméen taddà, qui veut dire « poitrine » et qui signifierait donc « magnanime », soit comme l’abréviation d’un nom grec comme « Théodore, Théodote ». On ne connaît que peu de choses de lui. Seul Jean signale une question qu’il posa à Jésus au cours de la Dernière Cène. Thaddée dit au Seigneur:  « Seigneur, pour quelle raison vas-tu te manifester à nous, et non pas au monde? ». C’est une question de grande actualité, que nous posons nous aussi au Seigneur:  pourquoi le Ressuscité ne s’est-il pas manifesté dans toute sa gloire à ses adversaires pour montrer que le vainqueur est Dieu? Pourquoi s’est-il manifesté seulement à ses Disciples? La réponse de Jésus est mystérieuse et profonde. Le Seigneur dit:  « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui » (Jn 14, 22-23). Cela signifie que le Ressuscité doit être vu et perçu également avec le coeur, de manière à ce que Dieu puisse demeurer en nous. Le Seigneur n’apparaît pas comme une chose. Il veut entrer dans notre vie et sa manifestation est donc une manifestation qui implique et présuppose un coeur ouvert. Ce n’est qu’ainsi que nous voyons le Ressuscité.
A Jude Thaddée a été attribuée la paternité de l’une des Lettres du Nouveau Testament, qui sont appelées « catholiques » car adressées non pas à une Eglise locale déterminée, mais à un cercle très vaste de destinataires. Celle-ci est en  effet  adressée  « aux appelés, bien-aimés de Dieu le Père et réservés pour Jésus Christ » (v. 1). La préoccupation centrale de cet écrit est de mettre en garde les chrétiens contre tous ceux qui prennent le prétexte de la grâce de Dieu pour excuser leur débauche et pour égarer leurs autres frères avec des enseignements inacceptables, en introduisant des divisions au sein de l’Eglise « dans leurs chimères » (v. 8), c’est ainsi que Jude définit leurs doctrines et leurs idées particulières. Il les compare même aux anges déchus et, utilisant des termes forts, dit qu’ »ils sont partis sur le chemin de Caïn » (v. 11). En outre, il les taxe sans hésitation de « nuages sans eau emportés par le vent; arbres de fin d’automne sans fruits, deux fois morts, déracinés; flots sauvages de la mer, crachant l’écume de leur propre honte; astres errants, pour lesquels est réservée à jamais l’obscurité des ténèbres » (vv. 12-13).
Aujourd’hui, nous ne sommes peut-être plus habitués à utiliser un langage aussi polémique qui, toutefois, nous dit quelque chose d’important. Au milieu de toutes les tentations qui existent, avec tous les courants de la vie moderne, nous devons conserver l’identité de notre foi. Certes, la voie de l’indulgence et du dialogue, que le Concile Vatican II a entreprise avec succès, doit assurément être poursuivie avec une ferme constance. Mais cette voie du dialogue, si nécessaire, ne doit pas faire oublier le devoir de repenser et de souligner toujours avec tout autant de force les lignes maîtresses et incontournables de notre identité chrétienne. D’autre part, il faut bien garder à l’esprit que notre identité demande la force, la clarté et le courage face aux contradictions du monde dans lequel nous vivons. C’est pourquoi le texte de la lettre se poursuit ainsi:  « Mais vous, mes bien-aimés, – il s’adresse à nous tous – que votre foi très sainte soit le fondement de la construction que vous êtes vous-mêmes. Priez dans l’Esprit Saint, maintenez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie éternelle. Ceux qui sont hésitants, prenez-les en pitié… » (vv. 20-22). La Lettre se conclut sur ces très belles paroles:  « Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous préserver de la chute et de vous rendre irréprochables et pleins d’allégresse, pour comparaître devant sa gloire:  au Dieu unique, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et puissance, avant tous les siècles, maintenant et pour tous les siècles. Amen » (vv. 24-25).
On voit bien que l’auteur de ces lignes vit en plénitude sa propre foi, à laquelle appartiennent de grandes réalités telles que l’intégrité morale et la joie, la confiance et, enfin, la louange; le tout n’étant motivé que par la bonté de notre unique Dieu et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ. C’est pourquoi Simon le Cananéen, ainsi que Jude Thaddée, doivent nous aider à redécouvrir toujours à nouveau et à vivre inlassablement la beauté de la foi chrétienne, en sachant en donner un témoignage à la fois fort et serein.

DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

28 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29327?l=french

DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

« L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme »

ROME, jeudi 27 octobre 2011 (ZENIT.org) – La vraie nature de la religion n’est pas de susciter la violence, déclare Benoît XVI qui, dans cet important discours prononcé ce jeudi matin à Assise, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges, réfléchit au rôle des religions dans l’histoire, et l’histoire contemporaine. Il indique une tâche pour le dialogue interreligieux, 25 ans après la première rencontre promue par Jean-Paul II.
Il fait publiquement ce mea culpa, en écho au 12 mars 2000: « Oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature.  »
Le pape affirme aussi que « l’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme » et que « le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. »
Il explique la présence à cette « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » de représentants des non-croyants. Le pape appelle enfin chacun à « s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit. »

Discours de Benoît XVI à Sainte-Marie-des-Anges

Chers frères et sœurs,
Responsables et Représentants des Églises et des Communautés ecclésiales et des Religions du monde,
Chers amis,

Vingt-cinq années se sont écoulées depuis que le bienheureux Pape Jean-Paul II a invité pour la première fois des représentants des religions du monde à Assise pour une prière pour la paix. Que s’est-il passé depuis ? Où en est aujourd’hui la cause de la paix ? Alors la grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, le mur est tombé – sans effusion de sang. Subitement, les énormes arsenaux, qui étaient derrière le mur, n’avaient plus aucune signification. Ils avaient perdu leur capacité de terroriser. La volonté des peuples d’être libres était plus forte que les arsenaux de la violence. La question des causes de ce renversement est complexe et ne peut trouver une réponse dans de simples formules. Mais à côté des faits économiques et politiques, la cause la plus profonde de cet événement est de caractère spirituel : derrière le pouvoir matériel il n’y avait plus aucune conviction spirituelle. La volonté d’être libres fut à la fin plus forte que la peur face à la violence qui n’avait plus aucune couverture spirituelle. Nous sommes reconnaissants pour cette victoire de la liberté, qui fut aussi surtout une victoire de la paix. Et il faut ajouter que dans ce contexte il ne s’agissait pas seulement, et peut-être pas non plus en premier lieu, de la liberté de croire, mais il s’agissait aussi d’elle. Pour cette raison nous pouvons relier tout cela de quelque façon aussi à la prière pour la paix.
Mais qu’est ce qui est arrivé par la suite ? Malheureusement nous ne pouvons pas dire que depuis lors la situation soit caractérisée par la liberté et la paix. Même si la menace de la grande guerre n’est pas en vue, toutefois, malheureusement, le monde est plein de dissensions. Ce n’est pas seulement le fait que ici et là à maintes reprises des guerres ont lieu – la violence comme telle est potentiellement toujours présente et caractérise la condition de notre monde. La liberté est un grand bien. Mais le monde de la liberté s’est révélé en grande partie sans orientation, et même elle est mal comprise par beaucoup comme liberté pour la violence. La dissension prend de nouveaux et effrayants visages et la lutte pour la paix doit tous nous stimuler de façon nouvelle.
Cherchons à identifier d’un peu plus près les nouveaux visages de la violence et de la dissension. À grands traits – à mon avis – on peut identifier deux typologies différentes de nouvelles formes de violence qui sont diamétralement opposées dans leur motivation et qui manifestent ensuite dans les détails de nombreuses variantes. Tout d’abord il y a le terrorisme dans lequel, à la place d’une grande guerre, se trouvent des attaques bien ciblées qui doivent toucher l’adversaire dans des points importants de façon destructrice, sans aucun égard pour les vies humaines innocentes qui sont ainsi cruellement tuées ou blessées. Aux yeux des responsables, la grande cause de la volonté de nuire à l’ennemi justifie toute forme de cruauté. Tout ce qui dans le droit international était communément reconnu et sanctionné comme limite à la violence est mis hors jeu. Nous savons que souvent le terrorisme est motivé religieusement et que justement le caractère religieux des attaques sert de justification pour la cruauté impitoyable, qui croit pouvoir reléguer les règles du droit en faveur du « bien » poursuivi. Ici la religion n’est pas au service de la paix, mais de la justification de la violence.
La critique de la religion, à partir des Lumières, a à maintes reprises soutenu que la religion fut cause de violence et ainsi elle a attisé l’hostilité contre les religions. Qu’ici la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence même là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestissement et il contribue à sa destruction. Contre ceci, on objecte : mais d’où savez-vous ce qu’est la vraie nature de la religion ? Votre prétention ne dérive-t-elle pas peut-être du fait que parmi vous la force de la religion s’est éteinte ? Et d’autres objecteront : mais existe-t-il vraiment une nature commune de la religion qui s’exprime dans toutes les religions et qui est donc valable pour toutes ? Nous devons affronter ces questions si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux – une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre. Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. Le Dieu dans lequel nous chrétiens nous croyons est le Créateur et Père de tous les hommes, à partir duquel toutes les personnes sont frères et sœurs entre elles et constituent une unique famille. La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre. Son nom est « Dieu de l’amour et de la paix » (2 Co 13, 11). C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde.
Si une typologie fondamentale de violence est aujourd’hui motivée religieusement, mettant ainsi les religions face à la question de leur nature et nous contraignant tous à une purification, une seconde typologie de violence, à l’aspect multiforme, a une motivation exactement opposée : c’est la conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte d’humanité qui va de pair avec cela. Les ennemis de la religion – comme nous l’avons dit – voient en elle une source première de violence dans l’histoire de l’humanité et exigent alors la disparition de la religion. Mais le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu.
Toutefois, je ne voudrais pas m’attarder ici sur l’athéisme prescrit par l’État ; je voudrais plutôt parler de la « décadence » de l’homme dont la conséquence est la réalisation, d’une manière silencieuse et donc plus dangereuse, d’un changement du climat spirituel. L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement l’intérêt personnel. Le désir de bonheur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes. Il y a les grands, qui avec elle font leurs affaires, et ensuite tous ceux qui sont séduits et abîmés par elle aussi bien dans leur corps que dans leur esprit. La violence devient une chose normale et menace de détruire dans certaines parties du monde notre jeunesse. Puisque la violence devient une chose normale, la paix est détruite et dans ce manque de paix l’homme se détruit lui-même.
L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme. Mais où est Dieu ? Le connaissons-nous et pouvons-nous Le montrer de nouveau à l’humanité pour fonder une vraie paix ? Résumons d’abord brièvement nos réflexions faites jusqu’ici. J’ai dit qu’il existe une conception et un usage de la religion par lesquels elle devient source de violence, alors que l’orientation de l’homme vers Dieu, vécue avec droiture, est une force de paix. Dans ce contexte, j’ai renvoyé à la nécessité du dialogue, et j’ai parlé de la purification, toujours nécessaire, de la religion vécue. D’autre part, j’ai affirmé que la négation de Dieu corrompt l’homme, le prive de mesures et le conduit à la violence.
À côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond : des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : « Il n’existe aucun Dieu ». Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie. Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle. Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour nous les croyants, pour tous les croyants, à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des représentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. Il s’agit plutôt de se retrouver ensemble dans cet être en marche vers la vérité, de s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit.
En conclusion, je voudrais vous assurer que l’Église catholique ne renoncera pas à la lutte contre la violence, à son engagement pour la paix dans le monde. Nous sommes animés par le désir commun d’être « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Je vous remercie.

[Texte original: Italien]

Madre di Dio del Roveto ardente

27 octobre, 2011

Madre di Dio del Roveto ardente dans images sacrée maria-roveto-ardente-20010

http://iconecristiane.it/iconografi/clarisse-alessano/?pid=2349

Un amour actif – L’importance sociale de l’Evangile (Père Raniero Cantalamessa – Quatrième prédication de Carême)

27 octobre, 2011

du site:

http://www2.cantalamessa.org/fr/predicheView.php?id=419

Père Raniero Cantalamessa – Quatrième prédication de Carême

Un amour actif – L’importance sociale de l’Evangile

2011-04-15- Quatrième prédication de Carême

1. L’exercice de la charité

Dans la dernière méditation, nous avons appris de Paul que l’amour chrétien doit être sincère ; dans cette dernière méditation nous apprenons de Jean qu’il doit être également actif : « Si quelqu’un, jouissant des biens de ce monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui? Petits enfants, n’aimons ni de mots ni de langue, mais en actes et en vérité »(1 Jn 3, 16-18). Nous retrouvons le même enseignement, sous une forme plus colorée, dans l’Epître de Jacques : « Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise : ‘Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? »(Jc 2, 16).
Dans la communauté primitive de Jérusalem, cette exigence se traduit par le partage. Des premiers chrétiens, on dit qu’ »ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun »(Ac 2, 45); mais ce n’était pas un idéal de pauvreté, mais de charité, qui les poussait à agir ainsi ; le but n’était pas que tous soient pauvres ; mais que, parmi eux, nul ne soit « dans le besoin »(Ac 4, 34). La nécessité de traduire l’amour dans des gestes concrets n’est pas étrangère non plus à l’apôtre Paul qui, nous l’avons vu, insiste tant sur l’amour qui vient du cœur. En témoigne l’importance qu’il accorde aux collectes en faveur des pauvres, auxquelles il consacre deux chapitres entiers de la Deuxième Epître aux Corinthiens (cf. 2 Co 8-9).
L’Eglise apostolique ne fait, sur ce point, que recueillir l’enseignement et l’exemple du Maître dont la compassion pour les pauvres, les malades et les affamés ne restait jamais un sentiment vide, mais se traduisait toujours par une aide concrète, et qui a fait de ces gestes concrets de charité la matière du jugement dernier (cf. Mt 25).
Les historiens de l’Eglise voient dans cet esprit de solidarité fraternelle un des facteurs principaux de la « Mission et expansion du christianisme aux trois premiers siècles »[1]. Ceci s’est traduit par des initiatives – et plus tard par des institutions – prévues à cet effet pour le soin des malades, le soutien aux veuves et aux orphelins, l’aide aux prisonniers, des cantines pour les pauvres, l’assistance aux étrangers …C’est de cet aspect de la charité chrétienne, dans l’histoire et aujourd’hui, que traite la deuxième partie de l’encyclique du pape Benoît XVI « Deus caritas est » et dont s’occupe, en permanence, le Conseil pontifical « Cor Unum ».

2. L’émergence du problème social
Sur cette question, l’époque moderne, surtout le XIXe siècle, a marqué un tournant, portant le problème social sur le devant de la scène. Il ne suffit pas de pourvoir, cas par cas, au besoin des pauvres et des opprimés, il convient d’agir sur les structures qui créent les pauvres et les opprimés. Le fait qu’il s’agit d’un terrain nouveau, du moins dans sa thématisation, ressort du titre même et des premiers mots de l’encyclique de Léon XIII « Rerum novarum » du 15 mai 1891, avec laquelle l’Eglise entre comme protagoniste dans le débat. Il vaut la peine de relire ce début de l’encyclique:
« La soif d’innovations(1) qui depuis longtemps s’est emparée des sociétés et les tient dans une agitation fiévreuse devait, tôt ou tard, passer des régions de la politique dans la sphère voisine de l’économie sociale. En effet, l’industrie s’est développée et ses méthodes se sont complètement renouvelées. Les rapports entre patrons et ouvriers se sont modifiés. La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre et la multitude a été laissée dans l’indigence. Les ouvriers ont conçu une opinion plus haute d’eux-mêmes et ont contracté entre eux une union plus intime. Tous ces faits, sans parler de la corruption des mœurs, ont eu pour résultat un redoutable conflit ».
Dans cet ordre de problèmes se situe la seconde encyclique du Saint-Père Benoît XVI sur la charité : « Caritas in veritate ». N’ayant aucune compétence en la matière, je m’abstiens naturellement d’entrer dans le fond du contenu de cette encyclique comme des autres encycliques sociales. Mon intention est d’illustrer le contexte historique et théologique, ledit « Sitz im Leben », de cette nouvelle forme du magistère ecclésiastique : autrement dit, comment et pourquoi on a commencé à écrire des encycliques sociales et on en écrit périodiquement de nouvelles. En effet, ceci peut nous aider à découvrir quelque chose de nouveau sur l’évangile et sur l’amour chrétien. Saint Grégoire le Grand dit que « l’Ecriture progresse avec ceux qui la lisent »(cum legentibus crescit)2, c’est-à-dire qu’elle révèle toujours de nouveaux sens selon les questions qui lui sont posées, ce qui est particulièrement vrai dans le présent contexte.
Ma reconstitution se fera « à vol d’oiseau », sommairement, comme on peut le faire en quelques minutes; mais les synthèses et résumés ont aussi leur utilité, surtout lorsqu’en raison de la diversité des tâches, on n’a pas la possibilité d’approfondir personnellement tel ou tel problème.
Au moment où Léon XIII écrit son encyclique sociale, prédominaient trois orientations sur la signification sociale de l’évangile. Il y avait tout d’abord l’interprétation socialiste et marxiste. Marx n’avait pas abordé le christianisme de ce point de vue, mais certains de ses disciples immédiats (Engels sur un plan encore idéologique et Karl Kautsky d’un point de vue historique) traitèrent le problème, dans le cadre de la recherche sur les « précurseurs du socialisme moderne ».
Ils aboutirent aux conclusions suivantes. L’évangile a été principalement une grande annonce sociale adressée aux pauvres; tout le reste, son revêtement religieux, est secondaire, une « superstructure ». Jésus fut un grand réformateur social, qui a voulu affranchir de la misère les classes inférieures. Son programme prévoit l’égalité de tous les hommes, l’affranchissement des nécessités économiques. Celui de la première communauté chrétienne fut un communisme ante litteram, de caractère encore naïf, pas scientifique : un communisme dans la consommation, plus que sans la production des biens.
Par la suite, l’historiographie soviétique de régime rejettera cette interprétation qui, selon eux, concède trop au christianisme. Dans les années 60 du siècle dernier, l’interprétation révolutionnaire réapparaît, cette fois sous l’angle politique, avec la thèse d’un Jésus à la tête d’un mouvement « zélote » de libération, mais qui aura une vie courte, et est en ce moment hors de notre sujet. (Le Saint-Père évoque cette interprétation dans son dernier livre sur Jésus, à propos de la purification du temple).
A une conclusion analogue à celle marxiste, mais dans une toute autre intention, était parvenu Nietzsche. Pour lui aussi, le christianisme est né comme un mouvement de revanche des classes inférieures, mais le jugement qu’il faut porter sur cela est entièrement négatif. L’évangile incarne le « ressentiment » des faibles contre les forts; c’est l’ »inversion de toutes les valeurs », rogner les ailes à l’élan de l’homme vers la grandeur. Tout ce que Jésus se proposait de faire était de diffuser dans le monde, s’opposant à la misère humaine, un « royaume des cieux ».
A ces deux écoles – concordantes sur la façon de voir, mais opposées dans le jugement à porter, – vient s’ajouter une troisième, que nous pourrions appeler « conservatrice ». Selon cette dernière, Jésus se désintéresse totalement des problèmes sociaux et économiques ; lui attribuer ces intérêts serait le diminuer, le « mondaniser », le relativiser. Il emprunte des images au monde du travail et a pris à cœur les malheureux et les pauvres, mais il n’a jamais cherché l’amélioration des conditions de vie des gens dans la vie terrestre.

3. La réflexion théologique : théologie libérale et dialectique
Ce sont là les idées dominantes dans la culture du temps, quand on entame sur la question une réflexion également théologique de la part des Eglises chrétiennes. Celle-ci aussi se déroule en trois étapes et présente trois orientations : celle de la théologie libérale, celle de la théologie dialectique et celle de la théologie catholique.
La première réponse est celle de la théologie libérale de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, représentée surtout par Ernst Troeltsch et Adolph von Harnack. Il vaut la peine de s’attarder un peu sur les idées de cette école : en effet, nombre des conclusions auxquelles elle est parvenue, du moins dans ce domaine spécifique, sont celles auxquelles, d’une autre façon, parvient aussi le magistère social de l’Eglise, et elles sont toujours actuelles et susceptibles d’être partagées.
Troeltsch conteste le point de départ de l’interprétation marxiste, selon laquelle le facteur religieux est toujours secondaire par rapport au facteur économique, celui-ci n’étant qu’une simple superstructure. Etudiant l’éthique protestante et le début du capitalisme, il démontre que, si le facteur économique influe sur le religieux, il est également vrai que le facteur religieux influe sur l’économique. Il s’agit de deux domaines distincts, pas subordonnés l’un à l’autre.
Harnack, de son côté, prend acte que l’évangile ne nous propose pas un programme social destiné à combattre et abolir la nécessité et la pauvreté, n’exprime pas de jugements sur l’organisation du travail, et d’autres aspects de la vie qui sont importants pour nous aujourd’hui, comme l’art et la science. Mais heureusement, ajoute-t-il, qu’il en est ainsi ! Quel malheur s’il en avait été autrement et s’il avait cherché à énoncer des règles sur les rapports entre les classes, les conditions de travail, etc. Pour être concrètes, ses règles auraient été fatalement liées aux conditions du monde d’alors (comme le sont de nombreuses institutions et règles sociales de l’Ancien Testament), donc anachroniques par la suite et plutôt un « encombrement inutile » pour l’évangile. L’histoire, également du christianisme, démontre à quel point il est dangereux de se lier à des organisations sociales et des institutions politiques d’une certaine époque et combien il est difficile de s’en libérer.
« Pourtant, poursuit Harnack, il n’existe pas d’autre exemple d’une religion qui soit née avec un verbe social aussi puissant que la religion de l’évangile. Et pourquoi? Parce que les paroles » aime ton prochain comme toi-même « ici sont véritablement prises au sérieux; parce que, par ces mots, Jésus a éclairé toute la réalité de la vie, tout l’univers de la faim et de la misère … Au socialisme fondé sur des intérêts antagonistes, il veut substituer un socialisme qui se fonde sur la conscience d’une unité spirituelle… La règle spécieuse du ‘libre jeu des forces’, du ‘vivre et laisser vivre’ – il serait mieux de dire : vivre et laisser mourir – est en opposition ouverte avec l’évangile »[3].
La position du message évangélique s’oppose, comme on le voit, tant à la réduction de l’évangile à une proclamation sociale et à la lutte des classes, qu’à la position du libéralisme économique du libre jeu des forces. Le théologien évangélique se laisse aller par moments à un certain enthousiasme: « Un spectacle nouveau – écrit-il – s’offrait au monde ; jusqu’alors la religion ou s’était conformée aux choses de ce monde, s’adaptant facilement au statu quo, ou campait dans les nuages, se mettant en opposition directe avec tout. Alors que maintenant se présentait à elle un nouveau devoir à accomplir : traiter par le mépris la nécessité et la misère de cette terre, et pareillement la prospérité terrestre, tout en soulageant les misères et les besoins de toute sorte ; lever le front vers le ciel avec le courage qui vient de la foi, et travailler avec le cœur, avec la main et avec la voix pour les frères de cette terre »[4].
Qu’est-ce que la théologie dialectique, qui a succédé à celle libérale après la première guerre mondiale, a à reprocher à cette vision libérale ? Principalement son point de départ, son idée du royaume des cieux. Pour les libéraux, celui-ci est de nature essentiellement éthique, un sublime idéal moral, qui a comme fondements la paternité de Dieu et la valeur infinie de chaque âme ; pour les théologiens dialectiques (K. Barth, R. Bultmann, M. Dibelius et autres), il est de nature eschatologique ; il s’agit d’une intervention souveraine et gratuite de Dieu, qui ne se propose pas tant de changer le monde, que de dénoncer son organisation actuelle (« critique radicale »), d’en annoncer la fin imminente (« eschatologie conséquente »), en lançant l’appel à la conversion (« impératif radical »).
Le caractère d’actualité de l’évangile réside dans le fait que « tout ce qui est demandé n’est pas demandé d’une manière générale, par tous et pour tous les temps, mais par cet homme et peut-être par lui seul, à ce moment-là et peut-être seulement à ce moment-là; et cela est demandé non pas sur la base d’un principe éthique, mais en raison de la situation de décision dans laquelle Dieu l’a placé lui, et peut-être lui seulement, maintenant et ici »[5]. L’impact de l’évangile sur le social passe par l’individu, non à travers la communauté ou l’institution ecclésiale.
La situation qui interpelle le croyant en Jésus Christ aujourd’hui est celle créée par la révolution industrielle avec les mutations conséquentes sur le rythme de la vie et du travail, avec le mépris de la personne humaine qui en a résulté. Face à cette situation, il n’est pas donné de solutions « chrétiennes » toutes faites, chaque croyant est appelé à donner sa propre réponse sous sa propre responsabilité, dans l’obéissance à l’appel que Dieu lui fait parvenir dans la situation concrète où il vit, même s’il trouve un critère de fond dans la règle de l’amour du prochain. Il ne doit pas adopter une attitude pessimiste et de résignation face aux situations, mais ne doit pas se faire non plus d’illusion sur le changement du monde.
Peut-on encore parler, dans cette perspective, d’une importance sociale de l’évangile? Oui, mais uniquement quant à la méthode, pas quant au contenu. Je m’explique. Cette vision réduit la signification sociale de l’évangile à une signification « formelle », en excluant toute signification « réelle », ou de contenu. En d’autres termes, l’évangile donne la méthode, ou l’impulsion, pour une attitude correcte ou un agir chrétien correct, rien de plus.
C’est là le point faible de cette vision. Pourquoi attribuer aux récits et paraboles de l’évangile un sens uniquement formel (« comment accueillir l’appel à la décision qui vient à moi, maintenant et ici ») et pas aussi un sens réel et exemplaire. Est-il légitime, par exemple, à propos de la parabole du mauvais riche, d’en ignorer les indications concrètes et claires concernant l’usage et l’abus de la richesse, le luxe, le mépris du pauvre, pour s’en tenir seulement à « l’impératif de l’heure » qui résonne à travers la parabole ? N’est-il pas pour le moins curieux que Jésus ait voulu simplement dire que là, devant lui, il fallait se décider pour Dieu et que, pour le dire, il ait mis sur pied un récit aussi compliqué et détaillé qui, au lieu de concentrer l’attention sur le centre d’intérêt, l’en détournerait ?
Une telle solution qui appauvrit le message du Christ se base sur de fausses prémisses, à savoir qu’il n’y a pas d’exigences communes dans la parole de Dieu qui concernent le riche d’aujourd’hui comme elles concernaient le riche – et le pauvre – du temps de Jésus. Comme si la décision demandée par Dieu était quelque chose de vide et d’abstrait – simplement se décider- et non se décider sur quelque chose. Toutes les paraboles à fond social sont définies « paraboles du royaume » et c’est ainsi qu’on leur applique une signification unique, celle eschatologique.

4. La doctrine sociale de l’Eglise
Comme toujours, la doctrine sociale de l’Eglise catholique cherche davantage la synthèse que l’opposition, la méthode du et – et, et non du aut – aut. Elle fait conserver à l’évangile son « double éclairage »: l’éclairage eschatologique et l’éclairage moral. En d’autres termes, elle est d’accord avec la théologie dialectique sur le fait que le royaume de Dieu prêché par le Christ n’est pas de nature essentiellement éthique, c’est-à-dire un idéal qui tire sa force de la valeur universelle et de la perfection de ses principes, mais qu’il s’agit d’une initiative nouvelle et gratuite de Dieu qui, avec le Christ, fait irruption d’en-haut.
Elle s’écarte en revanche de la vision dialectique dans la manière de concevoir le rapport entre ce royaume de Dieu et le monde. Entre les deux il n’y a pas seulement une opposition et une incompatibilité, de même qu’il n’y a pas d’opposition entre l’oeuvre de la création et celle de la rédemption, comme – nous l’avons vu dans la première méditation – il n’y a pas d’opposition entre agape et eros. Jésus a comparé le royaume de Dieu au levain mis dans la pâte pour la faire fermenter, à la semence jetée dans la terre, au sel qui donne du goût aux aliments; il dit qu’il n’est pas venu pour juger le monde mais pour le sauver. Ceci nous permet de voir l’influence de l’évangile dans la vie sociale sous un éclairage différent et beaucoup plus positif.
Malgré toutes les différences dans la manière de présenter les choses, il y a cependant quelques conclusions communes qui émergent de toute la réflexion théologique sur le rapport entre l’évangile et la vie sociale. Nous pouvons les résumer ainsi. L’évangile ne fournit pas de solutions directes aux problèmes sociaux (malheur à lui – nous l’avons vu – s’il avait tenté de le faire!); il contient toutefois des principes utiles pour l’élaboration de réponses concrètes aux diverses situations historiques. Comme les situations et les problèmes sociaux changent selon les époques, le chrétien est appelé à incarner au fur et à mesure les principes de l’évangile dans la situation du moment.
L’apport des encycliques sociales des papes est précisément celui-ci. Elles se succèdent donc, en reprenant le discours là où les précédentes l’ont laissé (dans le cas de l’encyclique de Benoît XVI, le discours de la « Popularum progressio » de Paul VI) et le mettent à jour en fonction des exigences nouvelles apparues dans une société (ici le phénomène de la mondialisation) et aussi en fonction d’une interrogation toujours nouvelle de la parole de Dieu.
Le titre de l’encyclique sociale de Benoît XVI « Caritas in veritate » indique quels sont, dans ce cas, les fondements bibliques sur lesquels on entend baser le discours sur la signification sociale de l’évangile: la charité et la vérité. « La vérité – écrit-il – préserve et exprime la force de libération de la charité dans les événements toujours nouveaux de l’histoire. (…) Sans vérité, sans confiance et sans amour du vrai, il n’y a pas de conscience ni de responsabilité sociale, et l’agir social devient la proie d’intérêts privés et de logiques de pouvoir, qui ont pour effets d’entrainer la désagrégation de la société, et cela d’autant plus dans une société en voie de mondialisation et dans les moments difficiles comme ceux que nous connaissons actuellement »[6].
La diversité ne réside pas seulement dans les choses qui sont dites et dans les solutions proposées mais aussi dans le genre adopté et dans l’autorité de la proposition. Elle consiste, en d’autres termes, dans le passage de la discussion théologique libre au magistère et d’une intervention sociale de nature exclusivement « individuelle » (comme celle qui est proposée par la théologie dialectique) à une intervention communautaire, en tant qu’Eglise et pas seulement en tant qu’individus.

5. Notre rôle
Terminons par un sujet pratique qui nous interpelle tous, également ceux d’entre nous qui ne sont pas appelés à travailler directement dans le social. Nous avons vu l’idée que Nietzsche avait de l’importance sociale de l’évangile. Ce dernier était effectivement pour lui le fruit d’une révolution, mais d’une révolution au sens négatif, une régression par rapport à la civilisation grecque ; c’était la revanche des faibles contre les forts. Ce qu’il visait surtout, c’était la préférence donnée au fait de servir plutôt que dominer, de se faire petit plutôt que vouloir se distinguer et aspirer à de grandes choses.
Il accusait le christianisme pour un des plus beaux cadeaux qu’il avait fait au monde. Un des principes à travers lesquels l’évangile influence le plus et de manière la plus bénéfique le social est en effet précisément celui du service. Ce n’est pas pour rien qu’il occupe une place importante dans la doctrine sociale de l’Eglise. Jésus a fait du service un des piliers de son enseignement (Lc 22, 25) ; il affirme lui-même qu’il est venu pour servir et non pour être servi (Mc 10, 45).
Le service est un principe universel; il s’applique à tous les aspects de la vie : l’Etat devrait être au service des citoyens, le responsable politique au service de l’Etat, le médecin au service des malades, l’enseignant au service des élèves… Mais il s’applique de manière toute spéciale aux serviteurs de l’Eglise. Le service n’est pas, en soi, une vertu (la diakonia n’est mentionnée dans aucun catalogue des vertus, ou des fruits de l’Esprit, dans le Nouveau Testament), mais naît de diverses vertus, surtout de l’humilité et de la charité. C’est une manière dont se manifeste cet amour qui « ne recherche pas ses propres intérêts, mais plutôt ceux des autres »(cf. Ph 2, 4), qui donne sans rien attendre en retour.
Contrairement à celui du monde, le service évangélique n’a pas une connotation d’infériorité, il n’évoque pas celui qui est dans le besoin, mais plutôt la supériorité, celui qui est placé en haut. Jésus affirme que dans son Eglise, c’est surtout celui « qui gouverne » qui doit être « comme celui qui sert »(Lc 22, 26), le premier doit être « le serviteur de tous »(Mc 10, 44). Nous nous préparons à la béatification de Jean-Paul II. Dans son livre « Don et mystère », il explique cette signification de l’autorité dans l’Eglise, avec une image forte. Il s’agit de quelques vers composés par lui à Rome pendant la période du Concile :
« Tu es Pierre. Tu veux être ici le Sol
sur lequel marchent les autres… pour arriver là
où tu conduis leurs pas
- comme le rocher soutient les pas bruyants d’un troupeau ».
Terminons en écoutant, comme si elles étaient adressées à nous ici et maintenant, les paroles que Jésus adressa à ses disciples juste après leur avoir lavé les pieds: « Comprenez-vous ce que je vous ai fait? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi comme moi j’ai fait pour vous »(Jn 13, 12-15).

Traduit de l’italien par ZENIT

[1] A. von Harnack, Mission und Ausbreitung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten, Leipzig 1902.
[2] S. Gregorio Magno, Commento a Giobbe, XX,1 (CCL 143°,p.1003).
[3] A. von Harnack, Das Wesen des Christentums, Lipsia 1900. Trad. ital. L’essenza del cristianesimo, Torino 1903, pp. 93 ss.
[4] A. von Harnack, Il cristianesimo e la società, Mendrisio 1911, pp. 12-15.
[5] M. Dibelius, Das soziale Motiv im Neuen Testament, in Botschaft und Geschichte, Tubinga 1953, pp. 178-203.
[6] Benoît XVI, « Caritas in veritate », n. 5.

PREMIER DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

27 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29327?l=french

PREMIER DISCOURS DE BENOÎT XVI À ASSISE, CE 27 OCTOBRE 2011

« L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme »

ROME, jeudi 27 octobre 2011 (ZENIT.org) – La vraie nature de la religion n’est pas de susciter la violence, déclare Benoît XVI qui, dans cet important discours prononcé ce jeudi matin à Assise, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges, réfléchit au rôle des religions dans l’histoire, et l’histoire contemporaine. Il indique une tâche pour le dialogue interreligieux, 25 ans après la première rencontre promue par Jean-Paul II.
Il fait publiquement ce mea culpa, en écho au 12 mars 2000: « Oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature.  »
Le pape affirme aussi que « l’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme » et que « le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. »
Il explique la présence à cette « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » de représentants des non-croyants. Le pape appelle enfin chacun à « s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit. »

Discours de Benoît XVI à Sainte-Marie-des-Anges

Chers frères et sœurs,
Responsables et Représentants des Églises et des Communautés ecclésiales et des Religions du monde,
Chers amis,

Vingt-cinq années se sont écoulées depuis que le bienheureux Pape Jean-Paul II a invité pour la première fois des représentants des religions du monde à Assise pour une prière pour la paix. Que s’est-il passé depuis ? Où en est aujourd’hui la cause de la paix ? Alors la grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, le mur est tombé – sans effusion de sang. Subitement, les énormes arsenaux, qui étaient derrière le mur, n’avaient plus aucune signification. Ils avaient perdu leur capacité de terroriser. La volonté des peuples d’être libres était plus forte que les arsenaux de la violence. La question des causes de ce renversement est complexe et ne peut trouver une réponse dans de simples formules. Mais à côté des faits économiques et politiques, la cause la plus profonde de cet événement est de caractère spirituel : derrière le pouvoir matériel il n’y avait plus aucune conviction spirituelle. La volonté d’être libres fut à la fin plus forte que la peur face à la violence qui n’avait plus aucune couverture spirituelle. Nous sommes reconnaissants pour cette victoire de la liberté, qui fut aussi surtout une victoire de la paix. Et il faut ajouter que dans ce contexte il ne s’agissait pas seulement, et peut-être pas non plus en premier lieu, de la liberté de croire, mais il s’agissait aussi d’elle. Pour cette raison nous pouvons relier tout cela de quelque façon aussi à la prière pour la paix.
Mais qu’est ce qui est arrivé par la suite ? Malheureusement nous ne pouvons pas dire que depuis lors la situation soit caractérisée par la liberté et la paix. Même si la menace de la grande guerre n’est pas en vue, toutefois, malheureusement, le monde est plein de dissensions. Ce n’est pas seulement le fait que ici et là à maintes reprises des guerres ont lieu – la violence comme telle est potentiellement toujours présente et caractérise la condition de notre monde. La liberté est un grand bien. Mais le monde de la liberté s’est révélé en grande partie sans orientation, et même elle est mal comprise par beaucoup comme liberté pour la violence. La dissension prend de nouveaux et effrayants visages et la lutte pour la paix doit tous nous stimuler de façon nouvelle.
Cherchons à identifier d’un peu plus près les nouveaux visages de la violence et de la dissension. À grands traits – à mon avis – on peut identifier deux typologies différentes de nouvelles formes de violence qui sont diamétralement opposées dans leur motivation et qui manifestent ensuite dans les détails de nombreuses variantes. Tout d’abord il y a le terrorisme dans lequel, à la place d’une grande guerre, se trouvent des attaques bien ciblées qui doivent toucher l’adversaire dans des points importants de façon destructrice, sans aucun égard pour les vies humaines innocentes qui sont ainsi cruellement tuées ou blessées. Aux yeux des responsables, la grande cause de la volonté de nuire à l’ennemi justifie toute forme de cruauté. Tout ce qui dans le droit international était communément reconnu et sanctionné comme limite à la violence est mis hors jeu. Nous savons que souvent le terrorisme est motivé religieusement et que justement le caractère religieux des attaques sert de justification pour la cruauté impitoyable, qui croit pouvoir reléguer les règles du droit en faveur du « bien » poursuivi. Ici la religion n’est pas au service de la paix, mais de la justification de la violence.
La critique de la religion, à partir des Lumières, a à maintes reprises soutenu que la religion fut cause de violence et ainsi elle a attisé l’hostilité contre les religions. Qu’ici la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence même là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestissement et il contribue à sa destruction. Contre ceci, on objecte : mais d’où savez-vous ce qu’est la vraie nature de la religion ? Votre prétention ne dérive-t-elle pas peut-être du fait que parmi vous la force de la religion s’est éteinte ? Et d’autres objecteront : mais existe-t-il vraiment une nature commune de la religion qui s’exprime dans toutes les religions et qui est donc valable pour toutes ? Nous devons affronter ces questions si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux – une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre. Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. Le Dieu dans lequel nous chrétiens nous croyons est le Créateur et Père de tous les hommes, à partir duquel toutes les personnes sont frères et sœurs entre elles et constituent une unique famille. La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre. Son nom est « Dieu de l’amour et de la paix » (2 Co 13, 11). C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde.
Si une typologie fondamentale de violence est aujourd’hui motivée religieusement, mettant ainsi les religions face à la question de leur nature et nous contraignant tous à une purification, une seconde typologie de violence, à l’aspect multiforme, a une motivation exactement opposée : c’est la conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte d’humanité qui va de pair avec cela. Les ennemis de la religion – comme nous l’avons dit – voient en elle une source première de violence dans l’histoire de l’humanité et exigent alors la disparition de la religion. Mais le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu.
Toutefois, je ne voudrais pas m’attarder ici sur l’athéisme prescrit par l’État ; je voudrais plutôt parler de la « décadence » de l’homme dont la conséquence est la réalisation, d’une manière silencieuse et donc plus dangereuse, d’un changement du climat spirituel. L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement l’intérêt personnel. Le désir de bonheur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes. Il y a les grands, qui avec elle font leurs affaires, et ensuite tous ceux qui sont séduits et abîmés par elle aussi bien dans leur corps que dans leur esprit. La violence devient une chose normale et menace de détruire dans certaines parties du monde notre jeunesse. Puisque la violence devient une chose normale, la paix est détruite et dans ce manque de paix l’homme se détruit lui-même.
L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme. Mais où est Dieu ? Le connaissons-nous et pouvons-nous Le montrer de nouveau à l’humanité pour fonder une vraie paix ? Résumons d’abord brièvement nos réflexions faites jusqu’ici. J’ai dit qu’il existe une conception et un usage de la religion par lesquels elle devient source de violence, alors que l’orientation de l’homme vers Dieu, vécue avec droiture, est une force de paix. Dans ce contexte, j’ai renvoyé à la nécessité du dialogue, et j’ai parlé de la purification, toujours nécessaire, de la religion vécue. D’autre part, j’ai affirmé que la négation de Dieu corrompt l’homme, le prive de mesures et le conduit à la violence.
À côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond : des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : « Il n’existe aucun Dieu ». Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie. Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle. Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour nous les croyants, pour tous les croyants, à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des représentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. Il s’agit plutôt de se retrouver ensemble dans cet être en marche vers la vérité, de s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit.
En conclusion, je voudrais vous assurer que l’Église catholique ne renoncera pas à la lutte contre la violence, à son engagement pour la paix dans le monde. Nous sommes animés par le désir commun d’être « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Je vous remercie.

[Texte original: Italien]

Dead Christ and angel

26 octobre, 2011

Dead Christ and angel dans images sacrée A-richly-embroidered-cloth-icon-that-was-owned-by-prince-Dimitri-Shemiaka-1444-representing-a-dead-Christ-and-angels

http://www.allartnews.com/holy-russia-russian-art-from-the-beginnings-to-peter-the-great-opens-at-the-louvre/

Une seule chose nécessaire (Meditation du jour)

26 octobre, 2011

du site:

http://viechretienne.catholique.org/meditation/38432-une-seule-chose-necessaire

MEDITATION DU JOUR – 26-10-11

Les méditations

Une seule chose nécessaire

Saint Luc 13,22-30

Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas. Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ’Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ’Je ne sais pas d’où vous êtes.’ Alors vous vous mettrez à dire : ’Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ’Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.’ Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »
Prière d’introduction Seigneur Dieu, ouvre mon esprit pour entendre ta parole et pour la recevoir dans mon cœur. Qu’elle soit pour moi le guide sûr qui dirige mes pas aujourd’hui et chaque jour de ma vie. Que la contemplation de ton évangile me mette sur le chemin sûr et certain de la vie éternelle avec toi.
Demande Seigneur Jésus, qu’aujourd’hui je cherche seulement ton amour et ta grâce. Je ne craindrai pas pour mon salut, et ma confiance en toi grandira, mon Dieu.

Points de réflexion
1. Le Salut : une question de chiffres ? Nous aussi, nous posons à Jésus la même question que la personne de cet évangile. Nous voudrions savoir qui va être sauvé. Nous voudrions être rassurés sur nos chances à gagner la vie éternelle car la perspective d’être perdu à tout jamais est vraiment effrayante. Si nous ne sauvons pas notre âme, rien de ce que nous aurons réussi dans la vie n’aura d’importance. Jésus ne donne pas la réponse que nous voudrions entendre, c’est à dire, que beaucoup sont sauvés et que c’est une chose sûre et simple à atteindre. Au lieu de cela, il nous met en garde contre la présomption en cette matière. Comme dira saint Paul,  » menez à bien l’œuvre de votre salut avec crainte et tremblement  » (Philippiens 2,12). Il s’agit de quelque chose que nous devons considérer avec le plus grand sérieux. Chaque jour nous devons prier pour obtenir la grâce de persévérer jusqu’à la fin. Nous devons vivre chaque jour avec la perspective qu’il pourrait bien être le dernier. Nous devons revenir à la tradition de prier pour « une bonne mort. »
2. Portes étroites. Jésus utilise l’image de la porte étroite pour signifier que le salut n’est pas un droit de naissance ou quelque chose qui nous est garantie. Notre salut dépend de notre coopération active avec sa grâce – notre effort sincère d’aimer Dieu et de suivre sa volonté. « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » (Jean 14,15). Jésus prévient que ceux qui crie « Seigneur, Seigneur… » n’entreront pas tous dans le royaume du ciel, mais seulement ceux qui font la volonté de son Père. L’obéissance à la volonté de Dieu est la meilleure assurance que nous pouvons avoir d’obtenir notre salut. Qu’y a-t-il dans ma vie qui ne soit pas en accord avec la volonté de Dieu ?
3. Ne jugez pas… Cela peut nous étonner d’entendre que ceux qui viennent  » de l’orient et de l’occident  » entreront dans le royaume avant beaucoup d’autres. Dans un autre récit, Jésus déclare : ‘les collecteurs de l’impôt et les prostituées vous devancent sur le chemin du Royaume de Dieu.’ (Mt 12,31). Le salut n’est pas le privilège d’une race ou d’un peuple choisi. Il dépend de la manière dont nous répondons, en toute liberté, à la grâce et à l’invitation du Seigneur à vivre d’une certaine façon. Ne nous laissons pas aller à juger comment les autres se situent vis-à-vis de Dieu ; occupons-nous seulement de notre propre âme. Sommes-nous sereins avec une grande paix de l’âme ? Sommes-nous en paix avec Dieu dans notre conscience ou y a-t-il quelque obstacle entre nous et la volonté de Dieu ? Pouvons-nous être sûrs que nous sommes objectifs au sujet de notre propre situation aux yeux de Dieu ?
Dialogue avec le Christ Seigneur, donne-moi la grâce de connaître ta volonté. Donne-moi la grâce de discernement afin de savoir s’il y a quelque chose dans mon cœur qui m’éloigne de toi. Aide-moi à surmonter tout obstacle de sorte que je puisse faire un avec toi et que ta volonté soit mon guide chaque jour.
Résolution Je prendrai les moyens concrets nécessaires pour examiner ma conscience chaque jour pour chercher l’union et la paix avec le Seigneur. Puis, je mettrai en place l’habitude de la confession fréquente.

JOURNÉE MONDIALE 2012 DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ: MESSAGE DE BENOÎT XVI

26 octobre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-29312?l=french

JOURNÉE MONDIALE 2012 DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ: MESSAGE DE BENOÎT XVI

Les migrations, une occasion providentielle d’annoncer le Christ

ROME, mardi 25 octobre 2011 (ZENIT.org) – Les migrations constituent une occasion providentielle d’annoncer le Christ, explique Benoît XVI dans son Message pour la Journée mondiale 2012 du Migrant et du Réfugié, qui sera célébrée le 15 janvier.
Le message a pour thème : „ Migrations et nouvelle évangélisation ». Il a été présenté au Vatican ce mardi matin 25 octobre, au Vatican, par Mgr Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
Mgr Vegliò était accompagné de Mgr Joseph Kalathiparambil, secrétaire du même dicastère, et du P. Gabriele Ferdinando Bentoglio, C.S., sous-secrétaire.
Le message a été publié en fin de matinée en français, anglais, italien, espagnol, portugais et polonais.
En voici le texte officiel en français.

Chers frères et sœurs !

Annoncer Jésus Christ unique Sauveur du monde «constitue la mission essentielle de l’Eglise, tâche et mission que les mutations vastes et profondes de la société actuelle ne rendent que plus urgentes » (Exhort. apost. Evangelii nuntiandi, n. 14). Aujourd’hui, nous ressentons même l’urgence de promouvoir, avec une force nouvelle et des modalités renouvelées, l’œuvre d’évangélisation dans un monde où l’élimination des frontières et les nouveaux processus de mondialisation rendent les personnes et les peuples encore plus proches, soit grâce au développement des moyens de communication, soit grâce à la fréquence et à la facilité avec lesquelles les déplacements de personnes et de groupes sont rendus possibles. Dans cette nouvelle situation, nous devons réveiller en chacun de nous l’enthousiasme et le courage qui poussèrent les premières communautés chrétiennes à être des annonciatrices intrépides de la nouveauté évangélique, en faisant retentir dans notre cœur les paroles de saint Paul: «Annoncer l’Evangile en effet n’est pas pour moi un titre de gloire; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile !» (1 Co 9, 16).
Le thème que j’ai choisi cette année pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié – « Migrations et nouvelle évangélisation » – découle de cette réalité. En effet, le moment présent appelle l’Eglise à accomplir une nouvelle évangélisation également dans le phénomène vaste et complexe de la mobilité humaine, en intensifiant l’action missionnaire tant dans les régions de première annonce que dans les pays de tradition chrétienne.
Le bienheureux Jean-Paul II nous invitait à « nous nourrir de la Parole, pour que nous soyons des « serviteurs de la Parole » dans notre mission d’évangélisation… [dans] une situation qui se fait toujours plus diversifiée et plus prenante, dans le contexte de la mondialisation et de la mosaïque nouvelle et changeante de peuples et de cultures qui la caractérise » (Lett. apost. Novo millennio ineunte, n. 40). En effet, les migrations internes ou internationales, comme issue pour rechercher de meilleures conditions de vie ou pour fuir la menace de persécutions, de guerres, de la violence, de la faim et de catastrophes naturelles, ont produit un brassage de personnes et de peuples sans précédent, avec des problématiques nouvelles non seulement d’un point de vue humain, mais également éthique, religieux et spirituel. Les conséquences actuelles et évidentes de la sécularisation, l’apparition de nouveaux mouvements sectaires, l’insensibilité diffuse à l’égard de la foi chrétienne, la nette tendance à la fragmentation, rendent difficile de se concentrer sur une référence unifiante qui encourage la formation d’ « une seule famille de frères et sœurs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles, où les personnes de diverses religions aussi sont encouragées au dialogue, afin que l’on puisse parvenir à une coexistence sereine et fructueuse dans le respect des différences légitimes », comme je l’écrivais dans le Message de l’an dernier pour cette Journée mondiale. Notre époque est marquée par des tentatives d’éliminer Dieu et l’enseignement de l’Eglise de l’horizon de la vie, tandis que progressent le doute, le scepticisme et l’indifférence, qui voudraient éliminer jusqu’à toute visibilité sociale et symbolique de la foi chrétienne.
Dans ce contexte, les migrants qui ont connu le Christ et l’ont accueilli sont souvent poussés à ne plus le considérer comme étant important dans leur vie, à perdre le sens de la foi, à ne plus se reconnaître comme faisant partie de l’Eglise et conduisent souvent une existence qui n’est plus marquée par le Christ et son Evangile. Ayant grandi au sein de peuples marqués par la foi chrétienne, ils émigrent souvent dans des pays où les chrétiens constituent une minorité ou dans lesquels l’antique tradition de foi n’est plus une conviction personnelle, ni une confession communautaire, mais est réduite à un fait culturel. Là, l’Eglise est placée face au défi d’aider les migrants à maintenir solide la foi, même lorsque manque l’appui culturel qui existait dans le pays d’origine, en identifiant également de nouvelles stratégies pastorales, ainsi que des méthodes et des langages pour un accueil toujours vital de la Parole de Dieu. Dans certains cas, il s’agit d’une occasion pour proclamer qu’en Jésus Christ, l’humanité participe du mystère de Dieu et de sa vie d’amour, est ouverte à un horizon d’espérance et de paix, notamment à travers le dialogue respectueux et le témoignage concret de la solidarité, tandis que dans d’autres cas, il existe la possibilité de réveiller la conscience chrétienne assoupie, à travers une annonce renouvelée de la Bonne Nouvelle et une vie chrétienne plus cohérente, de façon à faire redécouvrir la beauté de la rencontre avec le Christ, qui appelle le chrétien à la sainteté, où qu’il soit, même en terre étrangère.
Le phénomène migratoire actuel est également une occasion providentielle pour l’annonce de l’Evangile dans le monde contemporain. Des hommes et des femmes provenant de diverses régions de la terre, qui n’ont pas encore rencontré Jésus Christ ou ne le connaissent que de façon partielle, demandent à être accueillis dans des pays d’antique tradition chrétienne. Il est nécessaire de trouver à leur égard des modalités adéquates afin qu’ils puissent rencontrer et connaître Jésus Christ et faire l’expérience du don inestimable du salut, qui est pour tous source de « vie en abondance » (cf. Jn 10, 10); les migrants eux-mêmes peuvent jouer un rôle précieux à cet égard car ils peuvent devenir à leur tour « messagers de la Parole de Dieu et des témoins de Jésus Ressuscité, espérance du monde » (Exhort. apost. Verbum Domini, n. 105).
Sur l’itinéraire exigeant de la nouvelle évangélisation, dans le domaine migratoire, les agents de la pastorale – prêtres, religieux et laïcs – assument un rôle décisif et doivent œuvrer toujours plus dans un contexte pluraliste: en communion avec leurs Ordinaires, en puisant au Magistère de l’Eglise, je les invite à rechercher des chemins de partage fraternel et d’annonce respectueuse, en surmontant les oppositions et les nationalismes. Pour leur part, les Eglises d’origine, celles de transit et celles d’accueil des flux migratoires doivent savoir intensifier leur coopération, au bénéfice de ceux qui partent et de ceux qui arrivent, et, dans tous les cas, de ceux qui ont besoin de rencontrer sur leur chemin le visage miséricordieux du Christ dans l’accueil du prochain. Pour réaliser une pastorale fructueuse de communion, il pourra être utile de mettre à jour les structures traditionnelles d’attention aux migrants et aux réfugiés, en les accompagnant de modèles qui répondent mieux aux nouvelles situations dans lesquelles les cultures et les peuples divers interagissent.
Les réfugiés qui demandent asile, ayant fui les persécutions, les violences et les situations qui mettent leur vie en danger, ont besoin de notre compréhension et de notre accueil, du respect de leur dignité humaine et de leurs droits, tout comme de la prise de conscience de leurs devoirs. Leur souffrance exige de la part des Etats et de la communauté internationale des attitudes d’accueil réciproque, en surmontant les craintes et en évitant les formes de discrimination, et que l’on rende concrète la solidarité notamment à travers des structures d’accueil adéquates et des programmes de réinsertion. Tout cela comporte une aide réciproque entre les régions qui souffrent et celles qui accueillent déjà depuis des années un grand nombre de personnes en fuite, ainsi qu’un plus grand partage des responsabilités entre les Etats.
La presse et les autres moyens de communication ont un rôle important pour faire connaître de façon correcte, objective et honnête, la situation de ceux qui ont été contraints de quitter leur patrie et leurs êtres chers et qui veulent commencer à se construire une nouvelle existence.
Les communautés chrétiennes doivent accorder une attention particulière aux travailleurs migrants et à leurs familles, à travers l’accompagnement de la prière, de la solidarité et de la charité chrétienne; la valorisation de ce qui enrichit réciproquement, ainsi que la promotion de nouveaux programmes d’action politiques, économiques et sociaux, qui favorisent le respect de la dignité de chaque personne humaine, la protection de la famille, l’accès à un logement digne, à un travail et à une assistance.
Les prêtres, les religieux et les religieuses, les laïcs et surtout les jeunes hommes et femmes doivent faire preuve de sensibilité en offrant leur soutien à un grand nombre de frères et de sœurs qui, ayant fui la violence, doivent se confronter à de nouveaux styles de vie et à des difficultés d’intégration. L’annonce du salut en Jésus Christ sera une source de soulagement, d’espérance et de « joie pleine » (cf. Jn 15, 11).
Je désire enfin rappeler la situation de nombreux étudiants internationaux qui font face à des problèmes d’insertion, à des difficultés bureaucratiques, et à des obstacles dans la recherche de logement et de structures d’accueil. De façon particulière, les communautés chrétiennes doivent être sensibles à l’égard des nombreux jeunes garçons et filles qui, précisément en raison de leur jeune âge, outre la croissance culturelle, ont besoin de points de référence et cultivent dans leur cœur une profonde soif de vérité et le désir de rencontrer Dieu. De façon particulière, les universités d’inspiration chrétienne doivent être des lieux de témoignage et de diffusion de la nouvelle évangélisation, sérieusement engagés à contribuer, dans le milieu académique, au progrès social, culturel et humain, ainsi qu’à promouvoir le dialogue entre les cultures, en valorisant la contribution que peuvent apporter les étudiants internationaux. Ceux-ci seront poussés à devenir eux aussi des acteurs de la nouvelle évangélisation s’ils rencontrent d’authentiques témoins de l’Evangile et des exemples de vie chrétienne.
Chers amis, invoquons l’intercession de Marie, « Vierge du chemin », afin que l’annonce joyeuse du salut de Jésus Christ apporte l’espérance dans le cœur de ceux qui, le long des routes du monde, se trouvent dans des situations de mobilité. À tous j’assure ma prière et je donne la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 21 septembre 2011

BENEDICTUS PP. XVI

l’arbre de vie

25 octobre, 2011

l'arbre de vie dans images sacrée monof1

L’Albero della Vita nell’affresco dell’abbazia di Sesto al Reghena. Cristo, il Nuovo Adamo, è crocifisso sul melograno, simbolo di vita e di fecondità.

http://www.etiopiamagica.it/monof.htm

L’étoile à six branches

25 octobre, 2011

du site:

http://www.lueur.org/textes/etoile-david.html

L’étoile à six branches

Pasteur Daniel Mochamps

Quelle est la signification de l’Etoile de David ?

(Je pense que ce site est l’Eglise baptiste)

La réponse à cette question sera certainement l’une de celles qui feront le moins référence à la Bible. En effet, ce signe distinctif à charge symbolique si forte ne fait pas partie des symboles mentionnés par la Bible.
Un motif décoratif
On le trouve comme motif décoratif commun au Moyen-Orient aussi bien qu’en Europe dès le troisième millénaire avant notre ère (début de l’âge du bronze). Ce n’est qu’au VIIe siècle av. J.C. que l’on trouve sa trace en tant que décoration utilisée dans un sceau judéen retrouvé à Sidon.
C’est en fait un symbole universel que l’on retrouve dans des endroits aussi différents que le Maroc, les Canaries, le Mexique (anciennes traditions olmèques), le Tibet, le Brésil, chez les Druzes et jusqu’à l’étoile du shérif aux Etats-Unis.
A l’époque du temple de Zorobabel, le second temple de Jérusalem achevé vers 515 av. J.C., ce symbole devint d’un usage assez courant parmi les Judéens de retour de l’exil babylonien aussi bien que parmi les autres nations du Proche Orient. On le trouve sur des bâtiments et sur des objets manufacturés, en tant que motif décoratif. En tout cas, ce symbole n’avait aucune signification proprement hébraïque ou juive et ceci restera vrai tardivement.
Sur les amulettes
Au Moyen Age le symbole prend le nom de « bouclier de David » et orne souvent des talismans magiques destinés à conjurer le mauvais oeil. Il faudra attendre le XIIIe s. pour trouver l’étoile à six branches dans la décoration de quelques synagogues allemandes et sur des manuscrits en langue hébraïque. Mais ce symbole n’était désigné par aucun nom et n’avait aucune signification particulière, religieuse ou autre.
Après le Moyen Age, l’étoile à six branches fut encore largement utilisée par tous, Juifs et non Juifs dans les livres imprimés et dans les motifs des armoiries.
Les objets rituels
A Prague, la communauté juive avait fait figurer le bouclier de David comme motif dans son sceau. Cet usage se répandit ensuite dans les communautés juives d’Europe à partir du XVIIe s. et le symbole finit par figurer sur des objets rituels.
Ensuite, chez certains adeptes de la Kabbale, le symbole finit par devenir un signe ésotérique symbolisant la rédemption.
Un signe confessionnel
Enfin, au XIXe s., le bouclier de David fut peu à peu confessionnalisé et adopté comme signe d’identification général correspondant à la croix pour les chrétiens. Au congrès sioniste de 1897, le bouclier de David fut choisi comme symbole du mouvement sioniste puis figura sur le drapeau de l’Etat d’Israël. Les nazis contribuèrent tristement à accroître la charge symbolique du bouclier de David.
La Kabbale
Pour la Kabbale juive et l’alchimie, le bouclier de David, sous le nom de Sceau de Salomon, constitue une image du monde. Les différents triangles entrecroisés qui composent le symbole représentent les éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre alors qu’aux quatre pointes latérales correspondent les quatre propriétés fondamentales de la matière, le froid, le chaud, le sec et l’humide. Le triangle supérieur dirigé vers le haut, qui est alors de couleur blanche, représente Dieu et les forces d’évolution. L’autre triangle complémentaire et opposé, de couleur noire, représente, lui, l’involution, les forces terrestres. Pour les kabbalistes juifs, c’est là le symbole de l’action de Dieu dans le monde des mortels.
Pour les alchimistes, le sceau de Salomon représente la Pierre philosophale, qui comprend les sept métaux de l’art royal associés aux sept planètes qui résument la totalité du ciel (Argent-Lune, PlombSaturne, Fer-Mars, Vénus-Cuivre, Jupiter-Etain, Mercure-Mercure, Or-Soleil).
Signalons aussi la symbolique des francs-maçons chez lesquels le sceau de Salomon représente les officiers de la fraternité.
Le nouveau culte
Pour revenir au plan biblique, il faut remarquer que pour le Nouveau Testament, les objets, les signes symboliques ou sacrés n’ont plus court. Ceux qui étaient mentionnés par l’Ancien Testament appartenaient à une étape préparatoire qui est maintenant dépassée en Christ, dans la nouvelle alliance. Le premier culte, celui de l’ancienne alliance avec tout son appareil, est aboli en faveur de l’établissement du culte de la nouvelle alliance (He 10.9). Cependant, il est propre à la nature humaine de vouloir toucher ou voir ce qui est exprimé en mots. Il nous faut donc faire preuve de beaucoup de sobriété dans l’usage des signes et symboles. Nous n’avons besoin d’aucun symbole pour vivre la réalité de la victoire de Christ sur toute Autorité et tout Pouvoir, qu’il a traînés dans son cortège triomphal après sa victoire à la croix (Col 2.15).
Magen David (appelé aussi bouclier de David), d’après un alphabet magique très répandu
Ce sont les idées ésotériques de la Kabbale, qui se répandirent largement au Moyen Age, qui ont favorisé l’usage de ces amulettes. Aujourd’hui, ce sont des bijoux porte-bonheur.

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