Archive pour septembre, 2011

ANGÉLUS DU DIMANCHE 18 SEPTEMBRE

19 septembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28964?l=french

ANGÉLUS DU DIMANCHE 18 SEPTEMBRE

Texte intégral

ROME, Dimanche 18 septembre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte des paroles prononcées ce dimanche par Benoît XVI à l’occasion de la prière de l’angélus, depuis la cour intérieure du palais apostolique de Castel Gandolfo.
AVANT L’ANGELUS
Chers frères et sœurs !
C’est dans la liturgie d’aujourd’hui que débute la lecture de la Lettre de saint Paul aux Philippiens, c’est-à-dire aux membres de la communauté que l’apôtre lui-même fonda dans la ville de Philippe, importante colonie romaine en Macédoine, aujourd’hui en Grèce septentrionale. Paul rejoint Philippe durant son second voyage missionnaire, provenant de la côte de l’Anatolie et traversant la Mer Egée. C’était la première fois que l’Evangile atteignait l’Europe. Nous sommes autour de l’an 50, c’est-à-dire environ vingt ans après la mort et la résurrection de Jésus. Et pourtant, dans la Lettre aux Philippiens, se trouve un hymne au Christ qui présente déjà une synthèse complète de son mystère : incarnation, kénose, c’est-à-dire humiliation jusqu’à la mort sur la croix, et glorification. Ce même mystère est devenu « un » avec la vie de l’apôtre Paul qui écrit cette lettre alors qu’il se trouve en prison, dans l’attente d’une sentence de vie ou de mort. Il affirme : « Pour moi, la Vie c’est le Christ et mourir représente un gain » (Ph 1,21). C’est un nouveau sens de la vie, de l’existence humaine, qui consiste dans la communion avec Jésus-Christ vivant ; non seulement comme un personnage historique, un maître de sagesse, un leader religieux, mais aussi comme un homme où Dieu habite personnellement. Sa mort et sa résurrection est la Bonne Nouvelle qui, partant de Jérusalem, est destinée à rejoindre tous les hommes et tous les peuples, et à transformer de l’intérieur toutes les cultures en les ouvrant à une vérité fondamentale : Dieu est amour, il s’est fait homme en Jésus et par son sacrifice, il a racheté l’humanité de l’esclavage du mal en lui donnant une espérance confiante.
Saint Paul était un homme qui résumait trois mondes en lui : le juif, le grec et le romain. Ce n’est pas un hasard si Dieu lui confia la mission de porter l’Evangile de l’Asie mineure à la Grèce puis à Rome, jetant un pont qui aurait projeté le christianisme jusqu’aux extrêmes confins de la terre. Aujourd’hui, nous vivons une époque de nouvelle évangélisation. De vastes horizons s’ouvrent à l’annonce de l’Evangile alors que des régions d’antique tradition chrétienne sont appelées à redécouvrir la beauté de la foi. Les protagonistes de cette mission sont des hommes et des femmes qui, comme saint Paul peuvent dire : « Pour moi, la Vie c’est le Christ ». Des personnes, des familles, des communautés qui acceptent de travailler dans la vigne du Seigneur, selon l’image de l’Evangile de ce dimanche (cf. Mt 20,1-16). Des travailleurs humbles, généreux, qui ne demandent d’autre récompense que celle de participer à la mission de Jésus et de l’Eglise. « Si la vie dans cette chair – écrit encore saint Paul – doit me permettre encore un fructueux travail, j’hésite à faire un choix » (Ph 1,22) : l’union pleine avec le Christ au-delà de la mort ou le service à son corps mystique sur cette terre.
Chers amis, l’Evangile a transformé le monde, et il le transforme encore comme un fleuve qui irrigue un immense champ. Tournons-nous en prière vers la Vierge Marie pour que dans toute l’Eglise mûrissent des vocations sacerdotales, religieuses et laïques pour le service de la nouvelle évangélisation.
APRES L’ANGELUS
Après la prière de l’Angélus, le pape a adressé ce message en italien :
Chers frères et sœurs, hier à Turin, Mgr Francesco Paleari, de la Société des prêtres de saint Joseph Cottolengo a été proclamé bienheureux. Né à Pogliano Milanese en 1863, dans une humble famille paysanne, il entra très jeune au séminaire et, juste après son ordination, se dédia aux pauvres et aux malades dans la Petite Maison de la Divine Providence, mais aussi à l’enseignement, se distinguant par son caractère affable et sa patience. Rendons grâce à Dieu pour ce témoin lumineux de son amour !
Puis il s’est adressé aux pèlerins francophones :
Chers pèlerins francophones, nous voici à la période de la rentrée scolaire. Les années passées à l’école sont très importantes. Apprendre structure l’esprit et élargit le champ des connaissances. A l’école, on apprend aussi à vivre ensemble. J’invite les parents, qui sont les premiers éducateurs de leurs enfants, à les encourager dans leur travail. Prenez le temps de les écouter et de parler avec eux de ce qu’ils vivent. Vous les aiderez ainsi à faire les bons choix. La famille, l’école, voilà la bonne terre où se façonne l’humanité de demain. Pour cela, je vous demande de prier pour que chaque enfant puisse partout recevoir l’éducation à laquelle il a droit. Je vous bénis de grand cœur !Traduction, Zenit

LES STIGMATES de SAINT FRANÇOIS D’ASSISE

17 septembre, 2011

 LES STIGMATES de SAINT FRANÇOIS D'ASSISE dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

17 SEPTEMBRE : LES STIGMATES de SAINT FRANÇOIS D’ASSISE – (1224)

17 septembre, 2011

du site:

http://www.magnificat.ca/cal/fran/09-17.htm

17 SEPTEMBRE : LES STIGMATES de SAINT FRANÇOIS D’ASSISE – (1224)

Deux ans avant sa mort, saint François s’était retiré dans la Toscane avec cinq de ses Frères, sur le mont Alverne, afin d’y célébrer l’Assomption de la Très Sainte Vierge et préparer la fête de l’archange saint Michel par quarante jours de jeûne.

C’était aux environs de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, François priait les bras étendus dans l’attente de l’aube, agenouillé devant sa cellule. «O Seigneur Jésus-Christ, disait-il, accorde-moi deux grâces avant que je meure. Autant que cela est possible, que dans mon âme et aussi dans mon corps, je puisse éprouver les souffrances que Toi, Tu as dû subir dans Ta cruelle Passion, et ressentir cet amour démesuré qui T’a conduit, Toi, le Fils de Dieu, à souffrir tant de peines pour nous, misérables pécheurs!»
Tandis qu’il contemplait avec grand recueillement les souffrances du Sauveur, voici qu’il vit descendre du ciel un séraphin sous la forme d’un homme crucifié, attaché à une croix. Cet esprit céleste portait six ailes de feu dont deux s’élevaient au-dessus de sa tête, deux s’étendaient horizontalement, tandis que deux autres se déployaient pour voler et les deux dernières recouvraient tout le corps. Devant cet étrange spectacle, l’âme de François éprouva une joie mêlée de douleur. Le séraphin s’approcha de lui et cinq rayons de lumière et de feu jaillirent des cinq plaies de l’ange crucifié pour venir frapper le côté, les deux mains et les deux pieds du Saint, y imprimant pour toujours la trace des sacrés stigmates de Notre-Seigneur.
La mystérieuse apparition disparut aussitôt, laissant le pauvre d’Assise en proie à d’inexprimables souffrances. Son côté droit laissait paraître une large plaie pourpre dont le sang sortait avec une telle abondance que ses habits en étaient tout imprégnés. Les têtes des clous apparaissaient au-dessus des mains ainsi qu’au-dessus des pieds; leurs pointes étaient repliées de l’autre côté et enfoncées dans la chair.
Saint Bonaventure qui a écrit la vie de saint François une trentaine d’années après sa mort, affirme que ceux qui virent et touchèrent ces stigmates constatèrent que les clous étaient miraculeusement formés de sa chair et tellement adhérants que lorsqu’on les pressait d’un côté, ils avançaient tout d’une pièce de l’autre. Ces clous se trouvaient si bien unis à la chair et à la peau de saint François que même après sa mort, on essaya vainement de les en arracher. Des milliers de témoins oculaires ont contemplé les fascinantes empreintes pendant la vie et après la mort du grand dévot de la Passion de Jésus.
Attentif à tenir ses stigmates cachées, saint François couvrait ses mains et marchait chaussé. Il ne put cependant les dissimuler longtemps, car il lui devint trop douloureux de poser la plante des pieds par terre, aussi devait-il recourir malgré lui à la continuelle assistance de ses frères. Dieu qui pour la première fois, décorait un homme des stigmates de Son Fils unique, voulut manifester leur origine céleste en accordant quantités de miracles par leur vertu surnaturelle et divine.
Le pape Benoît XI voulut honorer par un anniversaire solennel et un office public, cette grâce qui n’avait jamais été accordée auparavant à la sainte Eglise. Le souverain pontife Sixte V ordonna d’insérer, dans le martyrologe romain, la mémoire des Stigmates de saint François, au 17 septembre. Le pape Paul V étendit cette fête à l’Eglise universelle dans le but d’éveiller l’amour de Jésus crucifié dans tous les coeurs.

Résumé O.D.M.

Homélie du 25e dimanche ordinaire A

17 septembre, 2011

du site:

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

Homélie du 25e dimanche ordinaire A

P. Fabien Deleclos, franciscain (T) -    1925 – 2008

Is 55, 6-9 ; Ph 1, 20c-24, 27a ; Mt 20, 1-16

D’emblée, Isaïe nous donne une clé de lecture et de compréhension à la parabole proposée par Jésus : « Mes pensées, dit Dieu, ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins ». En effet, elle n’est pas destinée à introduire un cours de sciences économiques ni à inspirer l’éditorial d’un journal syndical. Jésus ne veut pas ici résoudre les problèmes du chômage, du droit au travail et du juste salaire. Même si cette histoire d’ouvriers vignerons peut nous faire réfléchir, par exemple, aux problèmes du salaire lié uniquement au rendement. Sachez aussi que sur le plan spirituel, dans ce royaume de Dieu qui se développe dès ici-bas, on n’arrête pas d’embaucher. Et si l’on peut se plaindre du chômage, il ne peut s’agir que d’un chômage volontaire, dû à un refus personnel de répondre à l’appel de Dieu, du Christ, de l’Evangile, ou de la communauté chrétienne.
En son temps, la parabole visait probablement l’élite religieuse, celle des pratiquants exemplaires, pieux et scrupuleux, tels les pharisiens. Ils étaient généralement persuadés d’être « les méritants de la Loi et les vertueux des commandements ».
Leur défaut, et même leur péché, était de pratiquer le bien et donc de travailler, mais pour la récompense. C’est ainsi qu’ils étaient devenus des experts en comptes d’apothicaires. En additionnant consciencieusement leurs bonnes œuvres et leurs mérites, pour calculer le juste montant de leur récompense éternelle. Exactement comme s’il s’agissait d’un simple contrat. Un salaire légitime, pour un contrat respecté.
Par contre, ils n’avaient que mépris pour les marginaux de la foi, des traditions religieuses, et de la morale officielle. Ceux et celles précisément que Jésus fréquente le plus souvent. Et à qui, ô scandale !, il promet libération, pardon et accès au royaume. Ceux que l’on peut comparer aux ouvriers de la dernière heure. C’est d’ailleurs parmi eux que Jésus a recruté plusieurs de ses disciples, dont Matthieu, celui qui nous transmet cette parabole. Autre exemple : c’est à un bandit, un repenti et converti à la dernière minute, que Jésus promettra aussi le paradis.
Tout cela ne pouvait susciter qu’envie et jalousie parmi les purs, ces « vrais fidèles de toujours », autrement dit, les ouvriers de la première heure.
Dans les premières communautés chrétiennes qu’il a fondées, Matthieu a été confronté aux mêmes genres de tensions et de jalousies entre les croyants de la première heure, c’est-à-dire ceux venus du judaïsme, et ceux de la onzième heure, c’est-à-dire de nouveaux croyants venus du paganisme. Autrement dit, des incirconcis, des adorateurs d’idoles, des porteurs d’autres traditions et d’idées nouvelles, mais qui ont été séduits par le message du Christ, et que l’on acceptait au baptême pour qu’ils puissent eux aussi devenir à part entière membres de ces communautés nouvelles issues de l’évangile. Dès lors, eux aussi, comme les juifs de race et de religion, devenaient héritiers des promesses divines. Autrement dit : Dieu veut donner la même chance à tous, sans exception. Ce qui veut dire que dans le royaume de Dieu, dans le monde de la foi, il ne s’agit pas, comme dans le monde des affaires, de juger et d’agir selon les critères du rendement économique. La priorité n’est pas à la rentabilité, ni à l’argent, ni au succès, ni aux privilèges, ni au pouvoir, mais bien au respect, à la dignité et au bonheur de chacun et de tous.
Aujourd’hui aussi, comme au temps de Jésus, les fidèles pratiquants (que nous sommes) « depuis toujours », comme on dit, c’est-à-dire les ouvriers de la première heure, peuvent toujours être tentés de capitaliser leurs bonnes œuvres ou de se classer parmi les bénéficiaires de droits acquis. Et cela, en faisant prévaloir leur ancienneté, leur pratique religieuse, leur dévouement, leur vie exemplaire, leur longue fidélité. Par contre, de nouveaux convertis, qui expriment peut-être leur foi et leurs convictions d’une manière différente, selon les particularités d’une autre culture, et donc des ouvriers de la dernière heure, peuvent susciter de la méfiance, peut-être même de l’opposition, des résistances. D’autres encore, qui pourraient nous apparaître quelque peu éloignés de la foi ou de la morale officielles, et qui se voient cependant appelés et engagés pour un service d’Eglise. Ce qui peut provoquer chez certains ouvriers de la première heure des étonnements, des jalousies, des critiques, des désaccords. Comme si la vigne du Seigneur était une chasse gardée. Alors que la bonté de Dieu dépasse toutes nos catégories humaines et que son amour et gratuit et sans frontières.
Remarquez que la dernière question posée par le patron de la vigne reste sans réponse : « Et toi ! Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi je suis bon ? »La réponse, c’est à nous de la donner. En fait, l’œil mauvais, c’est le regard, l’esprit et le cœur chargés d’envie et de jalousie, qui s’attristent d’un bien que l’on ne possède pas. Surtout s’il est offert à quelqu’un d’autre qui, croyons-nous, ne le mérite pas. On retrouve ici l’histoire de Caïn et du fils aîné, dont le jeune frère fut prodigue.
Le contraire de l’œil mauvais, c’est d’être capable de se réjouir du bien reçu ou accompli par d’autres. Ce qui nous fait lever le regard vers Dieu qui est la source de tout bien. Alors, on lui rend grâce. Ou, en d’autres mots, ce qui nous est demandé, c’est d’essayer de voir, de regarder et de juger les autres avec le regard et l’esprit du Christ, qui sont le regard et l’esprit même de Dieu. Mais ce n’est pas facile.

LE 3E VOYAGE DE BENOÎT XVI EN ALLEMAGNE SOUS LE SIGNE DE L’AVENIR

17 septembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28960?l=french

LE 3E VOYAGE DE BENOÎT XVI EN ALLEMAGNE SOUS LE SIGNE DE L’AVENIR

Présentation par le P. Lombardi

ROME, Vendredi 16 septembre 2011 (ZENIT.org)– Le P. Lombardi a présenté ce matin au Vatican le3e voyage de Benoît XVI en Allemagne (22-25 septembre) : un voyage intense dans trois diocèses et au Bundestag, où les relations œcuméniques et interreligieuses seront en bonne place. Et sous le signe de l’avenir:« Là où il y a Dieu, il y a un avenir ».
Le thème du voyage, clef de lecture
Il s’agit du 21evoyage du pape en dehors de l’Italie et de son 3evoyage dans sa patrie après celui de 2005, à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse de Cologne, et celui de 2006, en Bavière.
Le thème de ce voyage de quatre jours est : « Là où il y a Dieu, il y a un avenir ». Cette expression est tirée d’une homélie de Benoît XVI au sanctuaire autrichien de Mariazell en 2007. Le père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège a souligné que ce choix signifie rappeler le primat de Dieu et son soutien à l’humanité pour faire face aux défis du monde.
Le P. Lombardi voit dans ce thème « une clef de lecture importante » de ce voyage « très riche et très intense » : 17 ou 18 discours sont prévus, ce qui place ce voyage, « après le voyage en Terre Sainte » parmi « ceux qui comportent le plus grand nombre de discours ».
Le pape se rendra à Berlin, Erfurt et Fribourg-en-Brisgau : son discours devant le Parlement, le Bundestag, est très attendu, mais aussi ses rencontres avec l’Eglise évangélique allemande et les Eglises orthodoxes, ainsi qu’avec des représentants de la communauté juive. Le pape rencontrera également des représentants de l’islam.
Le discours au Bundestag
Benoît XVI, a rappelé le P. Lombardi, rencontrera le président fédéral Christian Wulff, à la résidence du château de Bellevue, puis la chancelière Angela Merkel, au siège berlinois de la conférence épiscopale allemande.
A propos de la visite au Bundestag, dès le jeudi 22 septembre, et des polémiques suscitées par certaines personnalités politiques, le P. Lombardi a souligné le caractère « officiel » de l’invitation adressée à Benoît XVI par le président du Parlement lui-même, M. Norbert Lammert, un catholique, du parti de l’Union chrétienne démocrate (CDU) : « C’est le président du Bundestag qui a invité le Saint-Père à venir parler. Etant invité, le pape s’y rend et prononce un discours, naturellement pour les personnes qui désirent l’écouter et qui veulent recevoir ce discours avec respect ».
Certains députés ont annoncé qu’ils quitteraient la salle à cette occasion. L’archevêque de Berlin Mgr Rainer Maria Woelki, a pour sa part souligné que l’Allemagne est un pays démocratique où l’on respecte la liberté d’opinion. Il recommande, avant de critiquer, d’attendre les paroles du pape.
Le coordinateur du voyage et secrétaire général de la Conférence épiscopale, le P. Hans Langendörfer, a de son côté souhaité que la légitime liberté d’expression ne dégénère pas en violence.
A Berlin également, le pape présidera la messe à l’ « Olympiastadion » en présence de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Au pays de Luther, dans l’ex-Allemagne de l’Est
A Erfurt, capitale de la Thuringe (dans l’ex-Allemagne de l’Est), le samedi 24 septembre, Benoît XVI aura un rendez-vous œcuménique très important au couvent des Augustins où il rencontrera des représentants de l’Eglise évangélique et où il participera à une célébration œcuménique en présence de quelque 300 personnes : un psaume sera lu dans la traduction de la Bible de Luther.
Ce couvent est célèbre pour avoir accueilli Martin Luther du 17 juillet 1505 à 1508. Luther devint en effet moine augustin, après ses études à l’université d’Erfurt (1501-1505). Il y fit un noviciat rapide et fut ordonné prêtre en 1507. L’année suivante, il était envoyé compléter sa théologie à Wittenberg : il reviendra à son couvent régulièrement jusqu’en 1511.
Rappelons qu’en décembre 2010, le pape avait souhaité un rapprochement accru entre catholiques et luthériens, près de 500 ans – en 2017 – après le schisme : il a en effet reçu au Vatican, le 17 décembre, le président de la fédération luthérienne mondiale, le révérend Munib Younan.
« Dans ces années menant au 500eanniversaire des événements de 1517 », quand le moine allemand Martin Luther prit ses distance vis-à-vis du catholicisme, « catholiques et luthériens sont appelés à réfléchir de nouveau pour voir où notre chemin vers l’unité nous a conduit et à implorer les conseils et l’aide du Seigneur pour le futur », avait dit le pape.
Le 24 janvier dernier, le pape a également reçu au Vatican une délégation de l’Eglise évangélique luthérienne d’Allemagne, dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Il a souhaité que ces célébrations aient lieu dans un esprit œcuménique qui permette de souligner la foi commune dans le Dieu trinitaire. Il y voyait une occasion de réfléchir sur les raisons de la division et de poursuivre la purification des consciences, en se remémorant les 1500 ans de patrimoine ecclésial commun qui avaient précédé.
L’après-midi, le pape se rendra au sanctuaire marial d’Etzelsbach, marqué par les persécutions communistes contre les chrétiens, dans l’ancienne « République démocratique allemande ».
Rendez-vous avec les jeunes à Fribourg
A Fribourg-en-Brisgau, le pape doit présider une messe en plein air, dimanche 25 septembre. C’est une région allemande très catholique, a fait observer le P. Lombardi. Le pape y rencontrera l’ancien chancelier Helmut Kohl, un des principaux protagonistes de la réunification.
Le P. Lombardi a aussi insisté sur la signification de la rencontre prévue avec les catholiques engagés dans le Comité central des catholiques allemands : le ZDK (Zentralkomitee der Deutschen Katholiken), cheville ouvrière de l’apostolat des laïcs en Allemagne.
Le sommet de ces rencontres sera la veillée avec les jeunes de différents diocèses d’Allemagne.
Rappelons aussi que pour la question du coût du voyage – autour de 30 millions d’euros – Mgr Zollitsch, président de la conférence épiscopale, a affirmé qu’ils seraient à la charge de l’Eglise allemande. Les dépenses revenant à l’Etat ne concerneront que les mesures de sécurité, comme pour tout autre manifestation publique.
Mgr Zollitsch a également annoncé la création d’un « Fonds Benoît XVI pour l’Afrique orientale », une collecte pour les populations affamées de la Corne de l’Afrique.
Anita S. Bourdin

Headpiece of St John’s Gospel: St John and the Trinity.

16 septembre, 2011

Headpiece of St John's Gospel: St John and the Trinity. dans images sacrée 14%20JOHN%201%20AND%20TRINITY

http://www.artbible.net/Jesuschrist_fr.html

Prier a travers la vie

16 septembre, 2011

du site:

http://jerusalem.cef.fr/fraternites/prier-dans-la-ville/prier-a-travers-la-vie

Prier a travers la vie

Loin de nous couper du réel, la vraie liturgie nous ramene donc aux exigences les plus concretes du quotidien. Et pour nous guider sur ce chemin de nos responsabilités journalieres, une autre clef, la neuvieme, nous est donnée qui nous apprend a prier a travers la vie. Car la vie est une merveilleuse école de priere si nous savons aussi en ouvrir les portes du bon côté. Ceci est assez capital a comprendre car la vie, comme nous disons, est la, avec ses exigences quotidiennes, ses sollicitations multiples et diverses. Des lors, ou il y a la priere et la vie, et tout est séparé ; ou il y a la priere dans la vie, et tout est unifié. Il importe donc de savoir et de vouloir a tout prix unir en nous la priere et la vie. Et cela ne passe que par cette clef qui consiste a faire de la priere sa vie et de la vie une priere.
N’oublions pas que Marthe est la sour de Marie et que le but de toute vie spirituelle n’est pas d’opposer ni meme de hiérarchiser, mais au contraire d’unifier en nous action et contemplation. «Il nous semble souvent qu’il est difficile de coordonner la vie et la priere, écrit Mgr Bloom. C’est une erreur. Une erreur absolue. Elle vient de ce que nous avons une fausse idée de la vie comme de la priere. Nous pensons que la vie consiste a s’agiter et que la priere consiste a se retirer quelque part et a oublier tout de notre prochain et de notre situation humaine. C’est faux. C’est une calomnie de la vie et c’est une calomnie de la priere elle-meme» (Rencontre de Taizé, sept. 1967).
Il nous faut donc apprendre a prier a travers la vie. Comme au long des siecles, tant et tant de saints et de mystiques l’ont fait. Pour nous qui sommes aujourd’hui pour la plupart des citadins, c’est donc a travers la ville qu’il nous faut tracer le chemin de la priere. Porter la priere dans la ville et la ville dans la priere. Ne disons pas trop vite que la ville nous disperse, nous distrait, nous empeche de prier. C’est vrai qu’elle est bruyante, encombrée, distrayante et souvent meme paganisée. Mais si nous savons la traverser avec la clef de la priere, de cette priere urbaine qui est peut-etre ce que nous avons de plus précieux a expérimenter, pour pouvoir un jour la traduire a d’autres et l’enseigner, nous découvrirons, émerveillés, que la ville peut magnifiquement susciter et porter notre priere. Priere de supplication et d’intercession ; priere de louange et d’action de grâce ; priere de demande et de remerciement. La ville nous offre mille occasions de prier au long du jour.
C’est ici que toute une spiritualité nouvelle est a inventer. Les anciens ont appris a prier au rythme naturel des heures du jour, des saisons de l’année, du monde agraire, du travail artisanal. Il nous faut aujourd’hui apprendre a prier au rythme artificiel d’un jour gagnant de plus en plus sur les heures de la nuit, d’un calendrier bâti en fonction des exigences socio-professionnelles, du monde citadin, d’une civilisation de plus en plus marquée par le monde des médias, des loisirs, des voyages, des mutations incessantes dans les modes de penser et d’agir.
Cela n’est peut-etre pas facile. Mais cela n’a rien d’impossible. Quelle joie au contraire d’inventer au jour le jour une nouvelle maniere de prier, a la façon d’une Madeleine Delbrel s’adressant a Nous autres, gens des rues ; d’une Camille C. plongeant sa vie familiale et intellectuelle au feu de la contemplation au quotidien ; d’un Michel Quoist, inventant au jour le jour une priere pour tout état d’âme et toutes circonstances. Voila ce que le Seigneur attend de nous. Au demeurant Jésus et Marie, les premiers, n’ont-ils pas été des citadins ? Tout l’enjeu de nos Fraternités Monastiques de Jérusalem est la en quelque sorte. Car nous croyons que l’on peut vivre vraiment «au cour des villes au cour de Dieu».
La plus belle image de Dieu étant l’homme et donc plus encore la cité des hommes, la ville, en effet, nous dit Dieu (Ap 21,1-3). Lieu du combat incessant entre la grâce et le péché, nouveau désert purificateur, la ville nous conduit a Dieu. La ville nous purifiant par l’ascese qu’elle nous impose, nous fait devenir Dieu. En nous appelant a rendre compte au jour le jour de l’espérance qui est en nous (1 P 3,15), elle nous pousse a témoigner pour Dieu. Avec Jésus et Marie qui, les premiers, furent donc et tout du long, ainsi que tant et tant d’autres saints, des urbains, nous pouvons ouvrir, avec les clefs de la priere, les portes de la ville, anticipant ainsi, dans le quotidien de la vie, notre entrée ultime dans la Jérusalem d’En-haut qui est notre mere (Ga 4,26).

Liberté d’expression et interprétation biblique

16 septembre, 2011

du site:

http://www.culture-et-foi.com/texteliberateur/van_meenen.htm

Liberté d’expression et interprétation biblique

Bernard Van Meenen

Quelle est l’autorité de la Bible ? Quels sont ses champs d’application ? Comment l’autorité ecclésiastique se sert-elle de la Bible, et à quelles fins ? La Bible est-elle le ressort de la soumission à l’autorité de l’Église, ou de la contestation de celle-ci ?
On sait que de telles questions ne sont pas neuves. Il suffit de songer à Luther et à la Réforme du 16e siècle, conflit qui tourna autour du statut et de l’autorité de l’Écriture dans l’Église, et qui vit l’émergence de l’autonomie du sujet individuel dans l’interprétation des textes. Plus près de nous, on pensera également à la crise moderniste qui, au seuil du 20e siècle, signa l’acte de divorce entre, d’une part, la conception dogmatique et normative de l’interprétation de la Bible par le Magistère catholique, et d’autre part l’autonomie de la recherche critique – philologique et historique d’abord, relayée ensuite par les autres sciences humaines –, appliquée aux textes bibliques. Un siècle plus tard, les traces de ce divorce demeurent plus que sensibles, si l’on en juge par les crispations périodiques qui se manifestent autour d’enjeux ecclésiaux, éthiques ou politiques et qui renvoient, de près ou de loin, à un conflit entre interprétations de la Bible et  conceptions de son autorité. La question des ministères, celle de l’ordination des femmes, les débats sur la peine de mort, les relations entre juifs et chrétiens, la défense de la liberté religieuse, l’ouverture des magasins le dimanche, en constituent autant de symptômes toujours actuels.
En près de dix-huit siècles d’histoire du christianisme, que la Bible ait servi à justifier ou à combattre à peu près tout et son contraire, il n’est que banal de l’affirmer. C’est la même Bible qui a revêtu de son autorité la pratique de l’esclavage, et qui est supposée aujourd’hui fournir son appui à la défense des Droits humains. L’Écriture, tenue pour la parole de Dieu, serait-elle un nez de cire ? … Mais après tout, pourquoi le christianisme échapperait-il au tropisme en vigueur dans toutes les grandes religions, consistant en ce besoin de recourir à des textes supposés spirituellement inspirés ou divinement révélés, pour étayer une doctrine ou des convictions, justifier une pratique, revendiquer une expérience, lesquelles peuvent, au fil du temps, s’avérer irrecevables, contradictoires ou obsolètes ?
C’est ce besoin, et les formes de recours aux textes qui en découlent, qu’il convient, me semble-t-il, d’interroger, en commençant par un petit détour historique.
En 1670, en Hollande, un ouvrage anonyme est publié sous le titre : Traité théologico-politique. Son auteur est le philosophe Spinoza (1632-1677), et les accusations d’« athéisme » qui courent déjà à son sujet l’incitent à la prudence au moment de publier l’ouvrage, car la censure n’est pas loin. Le Traité a un objectif clair, exposé dès son sous-titre : « Où l’on montre que la liberté de philosopher n’est pas nuisible à la piété, ni à la paix et à la sécurité de l’État ». Comprenons que Spinoza compte montrer que la liberté de penser et d’exprimer publiquement ce qu’on pense, même si c’est faux, ne représente pas une menace pour la pratique d’une religion (la piété), ni pour la paix civile, garantie par l’État. Le philosophe ne comprend donc pas son traité comme une machine de guerre « anti-religieuse ». Pour lui au contraire, la « piété » a tout à gagner, dans le registre qui est le sien, à ne pas considérer la liberté de philosopher comme une menace, et l’on peut donner à cette liberté les arguments montrant qu’elle n’en est pas une.
Le problème, évidemment, c’est que les autorités religieuses – principalement chrétiennes, pour Spinoza – ne l’entendent pas de cette oreille et, surtout, qu’elles se servent de la Bible pour faire obstacle à cette liberté. Il faut donc démontrer que tel n’est pas le propos de l’Écriture, ce à quoi Spinoza s’emploie en écrivant son traité, qui jette ainsi les bases de ce qui deviendra l’exégèse biblique moderne. Le Traité théologico-politique opère la déconstruction des pouvoirs imputés à la Bible, dès lors qu’on entend s’en servir pour intervenir dans le champ de la liberté de pensée et d’expression. Spinoza montre que les textes de l’Écriture, marqués par des circonstances historiques et des genres littéraires contingents – comme c’est le cas de toute littérature –, ne comportent ni contenus, ni normes, ni efficience en ce qui regarde l’exercice de la raison et l’organisation de la société. En revanche, dit-il, dans tous les livres bibliques, et dans l’Écriture entière, il y a bien une Parole qui se donne à entendre et à vivre : celle qui commande la pratique de la justice et de la charité. Tel est, pour Spinoza, l’invariant biblique. Si l’Écriture a un « pouvoir », il n’est authentifié que par la relation au prochain, dans la pratique juste et charitable :
« Une conduite juste et charitable peut sans doute être aussi une conséquence du raisonnement philosophique, mais la particularité de la parole de Dieu est qu’elle l’enseigne sans raisonnement, par l’expérience ou par le rappel enflammé qu’en font les prophètes. Dès lors, peu importe que l’on puisse ou non reconstituer le détail de ce qu’ils ont voulu dire, ou les épisodes obscurs de l’histoire racontée ; ce qui compte est le message essentiel dont l’histoire fournit autant d’exemples : la conduite envers le prochain. La piété consiste donc, pour chacun, à recevoir ce message et à le rendre vraisemblable pour lui-même, c’est-à-dire à l’adapter à sa propre complexion. Rien dans un tel message ne s’oppose à la liberté de philosopher ; au contraire, qui veut interdire cette liberté empêche par là même chacun d’adapter le message à sa propre complexion, donc s’oppose à la piété ».[1]
Ce détour historique ne me paraît pas inutile. Il rappelle qu’au moment où « théologie » et « politique » empruntent en Occident la voie qui conduira à les séparer, cela commence par la soustraction de la Bible, non seulement à des enjeux de pouvoir, mais aussi à la concurrence entre eux. Que Spinoza se soit efforcé de montrer que la Bible n’est pas faite pour cela, pas plus que la raison n’est faite pour détruire la Parole de Dieu, cela me paraît une leçon qui, aujourd’hui encore, reste digne d’attention. En effet, le besoin de manier des textes bibliques dans des luttes d’influence et des conflits de pouvoir ne semble pas avoir disparu, ni dans l’espace public, ni dans les rapports intra-ecclésiaux. Ici, l’autorité de Dieu ou celle de Jésus sont invoquées, par textes interposés, aussi bien par les tenants du Magistère que par ceux qui le contestent. L’on dira d’un côté que « l’Église, soumise à la Parole de Dieu, ne se considère pas autorisée à … » – pour reprendre la formule consacrée – et, de l’autre côté, l’on renverra à l’attitude de Jésus en tant qu’opposant aux autorités religieuses de son temps. Que les positions en présence soient clairement énoncées n’est pas en cause : l’Église ne peut être privée de sa liberté d’expression, pas plus que ceux et celles de ses membres qui s’y trouvent en dissentiment avec le point de vue dit « officiel ». Mais la question est de savoir quel usage on fait de la Bible en pareil cas, et si elle reste ou non un enjeu et un levier d’influence ou de pouvoir, quels qu’ils soient.
L’affaire se complique encore quand le champ d’opposition s’étend à l’espace public démocratique : en principe, celui-ci a des règles de débat qui ne relèvent pas d’une argumentation appuyée sur des textes religieux. Cela n’appelle pas l’illusion de croire que les parties prenantes à un tel débat seraient « neutres » : chacun-e y est toujours déjà engagé-e avec sa « complexion » propre, comme dirait Spinoza, complexion qui peut résulter d’une conviction et d’un engagement religieux. Mais en démocratie, pareil débat suppose justement que chacun-e puisse prendre en compte les limites dans lesquelles son argumentation est recevable par les autres, et même consentir à ce que son propre point de vue évolue au fil de la confrontation avec les autres points de vue exposés. Certes, c’est bien là le plus difficile, tant il est peu naturel de limiter – individuellement ou collectivement – son influence et son pouvoir, s’ils sont engagés dans un débat. En démocratie, ce processus, et l’exigence qu’il comporte, sont sans fin. Mais là encore, le recours à des textes, sous forme d’appui ou de justification, peut s’avérer un trompe-l’œil, car l’« autorité » que représente un texte biblique pour les uns est dénuée de toute pertinence pour les autres. Inévitablement, et au nom même de la liberté d’expression, cela conduira à dresser les unes contre les autres des « autorités » de recours (la Bible, la loi, les Droits humains, etc), en invoquant pour chacune un poids susceptible in fine de l’emporter sur les autres. On quitte alors le terrain de l’argumentation, pour entrer sur celui des passions « théologiques » et « politiques », lesquelles sont en principe ce que la démocratie a pour vertu de limiter[2].
Mais ne voit-on pas actuellement tant des autorités religieuses que politiques franchir allègrement ces limites ? Pour rester dans le cadre européen du catholicisme, maintes prises de position récentes du Cardinal-Archevêque de Cologne, ainsi que « l’affaire Buttiglione » , n’en donnent-elles pas des exemples typiques, incluant le recours à la Bible pour imposer des vues et des conduites supposées indiscutables ? Effectivement, et il y a lieu de s’en inquiéter autant que d’y résister. Or pour cela, il n’est pas nécessaire d’imiter ceux à qui l’on résiste. Je veux dire par là qu’on peut résister sans le besoin de recourir à des textes comme ceux de la Bible pour soutenir ou justifier sa position. Le champ de la liberté d’expression est précisément assez large en démocratie pour qu’on puisse y argumenter sans qu’il soit nécessaire de faire entrer ces textes dans un rapport d’influence ou de pouvoir. En démocratie ? Soit. Mais dans l’Église ? Le raisonnement est le même : résister aux dénis de liberté d’expression et aux abus d’autorité, sans imiter les auteurs de déni ou d’abus, c’est-à-dire sans soumettre des textes à un impératif d’utilité au service d’une influence ou d’un pouvoir. Plus l’Écriture se trouve soumise à un tel impératif, moins est libre la Parole qui s’y donne à entendre et à mettre en pratique. On peut donc garder les yeux bien ouverts sur les enjeux d’un conflit d’interprétation des textes et sur le rapport de forces qui y est impliqué, tout en renonçant à en faire un usage mimétique de celui qu’en fait « l’autorité ». En ce sens, résister à ce qui menace ou dénie la liberté d’expression, cela appelle une rupture : non pas avec le fait de lire et d’interpréter les textes, mais avec tout usage qui, d’une manière ou d’une autre, porte la trace d’un désir de les « faire valoir » à l’appui d’une influence ou d’un pouvoir. Aucun texte n’a, en lui-même, le pouvoir de se défendre contre les mésusages qu’on peut en faire, ni celui de s’exhiber comme devant emporter la conviction. Mais moins l’on use des textes bibliques comme de ce qui serait utile à faire rendre des armes, quelles qu’elles soient, plus on s’aperçoit qu’en réalité, ce sont les textes qui nous désarment. La lecture et l’interprétation des textes bibliques ressemblent à une sorte de résistance désarmée.
Il serait cependant présomptueux de penser que cette rupture dont je parle serait accomplie une fois pour toutes, comme si quiconque – exégètes y compris – pouvait se convaincre d’en avoir fini, et définitivement, avec ce nœud conflictuel séculaire qui attache la Bible, l’autorité et la liberté. Par exemple, lors de la première diffusion sur Arte de la série d’émissions de Mordillat et Prieur sur Les origines du christianisme, des réactions se sont aussitôt exprimées, tant du côté savant que du côté hiérarchique, pour y dénoncer une « manipulation », ou pour mettre en garde contre « le danger » que cette série ferait courir à la foi chrétienne. Or ces émissions, dont le sujet n’est pas précisément de ceux qui dominent la scène télévisée, relevaient incontestablement de la liberté d’expression. Et leurs auteurs se sont longuement expliqué, toujours clairement, sur leur parcours, leur méthode, leurs intentions, leurs options de montage, etc. Mais s’il est une chose que la série mettait très bien en lumière, c’est l’absence de « vérité exégétique »  irrévocable. Devant l’épineux dossier des origines du christianisme, l’on réalisait que toute question se présente comme discutée, sujette à des réponses diverses, contrastées, toujours plus au conditionnel que péremptoires. Paradoxalement, le « savoir » de l’exégèse, fragmenté et en débat, laissait ainsi transparaître l’ambivalence du « pouvoir » qu’on lui impute parfois : les textes n’étant pas nécessairement ce qu’on croit qu’ils sont, les lire et les comprendre requiert un travail de dépouillement, de décapage des préjugés, de confrontation à la différence, de remise en question des acquis. Un travail que je dirais volontiers analogue au travail même de la foi. Cela, personne n’a le « pouvoir » de l’accomplir seul-e, ni de l’imposer, pas plus les exégètes que d’autres. Ce dont les lectures contemporaines de la Bible dispensent le moins, c’est de la liberté de croire, et d’y articuler une pensée capable d’entrer en débat et en argumentation avec d’autres convictions.
Ainsi l’histoire emprunte-t-elle comme d’étranges détours : plus de trois siècles après Spinoza, du chemin reste à faire aujourd’hui pour montrer et laisser entendre qu’il y a des manières de lire et d’interpréter les textes bibliques qui, loin de nuire à la liberté de penser, l’élargissent et lui donnent des moyens d’expression. 

NOTES
[1] Pierre-François MOREAU, Spinoza et le spinozisme, coll. Que sais-je ?, n° 1422, Paris, P.U.F., 2003, p. 65. Ce petit livre est l’une des meilleures introductions à l’œuvre et à la pensée du philosophe, et comporte les indications bibliographiques essentielles.
[2] Limiter, et non pas faire disparaître ou abolir, ce qui serait une illusion. La démocratie reste un rapport de forces, ce qui mobilise toujours des passions. On peut ajouter que, dans des cas critiques, l’objection de conscience reste toujours valide : c’est une manière de poser une limite qu’on se refuse à franchir, et qui peut être fondée aussi bien en raison qu’en référence à une conviction de foi. Les deux ne s’excluent d’ailleurs pas.

Le Baptême de Jésus

15 septembre, 2011

Le Baptême de Jésus dans images sacrée Battesimo%20di%20Gesu-1059-71-Min.000241r
http://www.ccrebora.org/cc/var/Arte_sacra/_indx_Arte_sacra.htm

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 14 SEPTEMBRE 2011 : LE PSAUME 22

15 septembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28926?l=french

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 14 SEPTEMBRE 2011 : LE PSAUME 22

Texte intégral

ROME, Mercredi 14 septembre 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, salle Paul VI.
Chers frères et sœurs,
Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais aborder un psaume aux fortes implications christologiques, qui revient continuellement dans les récits de la passion de Jésus, avec sa double dimension d’humiliation et de gloire, de mort et de vie. Il s’agit du psaume 22, selon la tradition juive, ou 21 selon la tradition gréco-latine, une prière implorante et touchante, d’une densité humaine et d’une richesse théologique qui en font l’un des Psaumes les plus appréciés et les plus étudiés de tout le Psautier. Il s’agit d’une longue composition poétique, et nous nous arrêterons en particulier sur sa première partie, centrée sur la lamentation, pour approfondir certaines dimensions significatives de la prière de supplication à Dieu.
Ce Psaume présente la figure d’un innocent persécuté et entouré d’adversaires qui veulent sa mort ; et il a recours à Dieu dans une lamentation douloureuse qui, dans la certitude de la foi, s’ouvre mystérieusement à la louange. Dans sa prière, la réalité angoissante du présent et la mémoire réconfortante du passé s’alternent, dans une douloureuse prise de conscience de sa situation désespérée qui toutefois, ne veut pas renoncer à l’espérance. Son cri initial est un appel adressé à un Dieu qui apparaît loin, qui ne répond pas et qui semble l’avoir abandonné :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Loin de me sauver, les paroles que je rugis ! Mon Dieu, le jour j’appelle et tu ne réponds pas, la nuit, point de silence pour moi » (vv. 2-3).
Dieu se tait, et ce silence déchire l’âme de l’orant, qui appelle sans cesse, mais sans trouver de réponse. Les jours et les nuits se succèdent, dans la recherche inlassable d’une parole, d’une aide qui ne vient pas ; Dieu semble si distant, si distrait, si absent. La prière demande une écoute et une réponse, sollicite un contact, cherche une relation qui puisse apporter réconfort et salut. Mais si Dieu ne répond pas, l’appel à l’aide se perd dans le vide et la solitude devient insupportable. Et pourtant, l’orant de notre Psaume, dans son cri, appelle par trois fois le Seigneur « mon » Dieu, dans un acte extrême de confiance et de foi. En dépit de toutes les apparences, le Psalmiste ne peut croire que le lien avec le Seigneur se soit totalement interrompu ; et tandis qu’il demande la raison d’un présumé abandon incompréhensible, il affirme que « son » Dieu ne peut l’abandonner.
Comme on le sait, le cri initial du Psaume : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » est reporté par les Evangiles de Matthieu et de Marc comme le cri lancé par Jésus mourant sur la croix (cf. Mt 27, 46 ; Mc 15, 34). Celui-ci exprime toute la désolation du Messie, Fils de Dieu, qui affronte le drame de la mort, une réalité totalement opposée au Seigneur de la vie. Abandonné quasiment par tous les siens, trahi et renié par ses disciples, encerclé par ceux qui l’insultent, Jésus se retrouve sous le poids écrasant d’une mission qui doit passer par l’humiliation et l’anéantissement. C’est pourquoi il crie au Père, et sa souffrance est exprimée par les paroles douloureuses du Psaume. Mais son cri n’est pas un cri désespéré, de même que ne l’était pas celui du Psalmiste, qui dans sa supplication parcourt un chemin tourmenté qui débouche toutefois à la fin sur une perspective de louange, dans la confiance de la victoire divine. Etant donné que selon l’usage juif, citer le début d’un Psaume impliquait une référence au poème tout entier, la prière déchirante de Jésus, tout en maintenant sa charge d’indicible souffrance, s’ouvre à la certitude de la gloire. « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? », dira le Ressuscité aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 26). Dans sa passion, en obéissance au Père, le Seigneur Jésus traverse l’abandon et la mort pour arriver à la vie et la donner à tous les croyants.
A ce cri initial de supplication, dans notre Psaume 22, fait suite, dans un contraste douloureux, le souvenir du passé :
« En toi nos pères avaient confiance, confiance, et tu les délivrais, vers toi ils criaient, et ils échappaient, en toi leur confiance, et ils n’avaient pas honte » (vv. 5-6).
Ce Dieu qui aujourd’hui apparaît si éloigné au Psalmiste, est toutefois le Seigneur miséricordieux qu’Israël a toujours connu dans son histoire. Le peuple auquel l’orant appartient a été objet de l’amour de Dieu et peut témoigner de sa fidélité. En commençant par les patriarches, puis en Egypte et pendant le long pèlerinage dans le désert, durant le séjour en terre promise au contact de populations agressives et ennemies, jusqu’à l’obscurité de l’exil, toute l’histoire biblique a été une histoire d’appels à l’aide de la part du peuple, et de réponses salvifiques de la part de Dieu. Et le Psalmiste fait référence à la foi inébranlable de ses pères qui eurent « confiance » — ce mot est répété trois fois — sans jamais être déçus. A présent toutefois, il semble que cette chaîne d’invocations confiantes et de réponses divines se soit interrompue ; la situation du Psalmiste semble nier toute l’histoire du salut, rendant encore plus douloureuse la réalité présente.
Mais Dieu ne peut pas se contredire, et voilà que la prière décrit à nouveau la situation difficile de l’orant, pour induire le Seigneur à avoir pitié et intervenir, comme il l’avait toujours fait par le passé. Le Psalmiste se définit « ver et non pas homme, risée des gens, mépris du peuple » (v. 7), il est moqué, bafoué (cf. v. 8) et blessé dans sa foi : « Il s’est remis au Seigneur, qu’il le délivre ! qu’il le libère, puisqu’il est son ami ! » (v. 9), disent-ils. Sous les coups goguenards de l’ironie et du mépris, il semble presque que le persécuté perde ses traits humains, comme le Serviteur souffrant représenté dans le Livre d’Isaïe (cf. Is 52, 14 ; 53, 2b-3). Et comme le juste opprimé du Livre de la Sagesse (cf. 2, 12-20), comme Jésus sur le Calvaire (cf. Mt 27, 39-43), le Psalmiste voit remis en question son rapport avec son Seigneur, dans l’insistance cruelle et sarcastique de ce qui le fait souffrir : le silence de Dieu, son apparente absence. Pourtant Dieu a été présent dans l’existence de l’orant à travers la proximité et une tendresse incontestables. Le Psalmiste le rappelle au Seigneur : « C’est toi qui m’as tiré du ventre, ma confiance près des mamelles de ma mère ; sur toi je fus jeté au sortir des entrailles » (vv. 10-11a). Le Seigneur est le Dieu de la vie, qui fait naître et accueille le nouveau-né et en prend soin avec l’affection d’un père. Et si auparavant il avait été fait mémoire de la fidélité de Dieu dans l’histoire du peuple, à présent l’orant ré-évoque sa propre histoire personnelle de rapport avec le Seigneur, en remontant au moment particulièrement significatif du début de sa vie. Et là, malgré la désolation du présent, le Psalmiste reconnaît une proximité et un amour divins si radicaux qu’il peut dès lors s’exclamer, en une confession pleine de foi et génératrice d’espérance : « Dès le ventre de ma mère, mon Dieu c’est toi » (v. 11b).
La plainte devient à présent une supplique véhémente : « Ne sois pas loin : proche est l’angoisse, point de secours ! » (v. 12). La seule proximité que le Psalmiste perçoit et qui l’effraie est celle des ennemis. Il est donc nécessaire que Dieu se fasse proche et le secoure, parce que les ennemis entourent l’orant, ils l’encerclent, et ils sont comme de puissants taureaux, comme des lions qui sortent leurs griffes pour rugir et déchiqueter (cf. vv. 13-14). L’angoisse altère la perception du danger, en l’agrandissant. Les adversaires apparaissent invincibles, ils sont devenus des animaux féroces et très dangereux, tandis que le Psalmiste est comme un petit ver, impuissant, sans aucune défense. Mais ces images utilisées dans le Psaume servent aussi à dire que lorsque l’homme devient brutal et agresse son frère, quelque chose d’animal s’empare de lui, il semble perdre toute apparence humaine ; la violence a toujours en soi quelque chose de bestial et seule l’intervention salvifique de Dieu peut rendre l’homme à son humanité. A présent, pour le Psalmiste, objet d’une si féroce agression, il semble ne plus y avoir d’issue, et la mort commence à s’emparer de lui : « Comme l’eau je m’écoule et tous mes os se disloquent […] mon palais est sec comme un tesson, et ma langue collée à ma mâchoire […] ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. » (vv. 15.16.19). Avec des images dramatiques, que nous retrouvons dans les récits de la passion du Christ, est décrite la désagrégation du corps du condamné, la soif insupportable qui tourmente le mourant et qui trouve un écho dans la demande de Jésus « J’ai soif » (cf. Jn 19, 28), pour arriver au geste définitif des bourreaux qui, comme les soldats sous la croix, se partagent les vêtements de la victime, considérée comme déjà morte (cf Mt 27, 35 ; Mc 15, 24 ; Lc 23, 34 ; Jn 19, 23-24).
Voilà alors, pressant, à nouveau l’appel au secours : « Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin, ô ma force, vite à mon aide […] Sauve-moi » (vv. 20.22a). C’est un cri qui entrouvre les cieux, parce qu’il proclame une foi, une certitude qui va au-delà de tout doute, de toute obscurité et de toute désolation. Et la plainte se transforme, laisse la place à la louange dans l’accueil du salut : « J’annoncerai ton nom à mes frères, en pleine assemblée je te louerai » (vv. 22c-23). Ainsi le Psaume s’ouvre à l’action de grâce, au grand hymne final qui implique tout le peuple, les fidèles du Seigneur, l’assemblée liturgique, les générations futures (cf. vv. 24-32). Le Seigneur est accouru à l’aide, il a sauvé le pauvre et lui a montré son visage de miséricorde. Mort et vie se sont croisées en un mystère inséparable, et la vie a triomphé, le Dieu du salut s’est montré le Seigneur incontesté, que tous les confins de la terre célébreront et devant lequel toutes les familles des peuples se prosterneront. C’est la victoire de la foi, qui peut transformer la mort en don de la vie, l’abîme de la douleur en source d’espérance.
Très chers frères et sœurs, ce Psaume nous a conduit sur le Golgotha, au pied de la croix de Jésus, pour revivre sa passion et partager la joie féconde de la résurrection. Laissons-nous donc envahir par la lumière du mystère pascal même dans l’apparente absence de Dieu, même dans le silence de Dieu et, comme les disciples d’Emmaüs, apprenons à discerner la vraie réalité au-delà des apparences, en reconnaissant le chemin de l’exaltation précisément dans l’humiliation, et la pleine manifestation de la vie dans la mort, dans la croix. Ainsi, en plaçant toute notre confiance et notre espérance en Dieu le Père, lors de toute angoisse nous pourrons le prier nous aussi avec foi, et notre appel à l’aide se transformera en chant de louange. Merci.
A l’issue de l’audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers frères et sœurs, nous méditons aujourd’hui le psaume 22, l’un des psaumes les plus étudiés et priés, car de grande portée christologique. Ses versets sont mis sur les lèvres de Jésus au cours de la Passion. Ils portent en effet la double dimension d’humiliation et de gloire, de mort et de vie. « Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » crie le psalmiste. Aux prises avec la réalité angoissante du présent et la mémoire consolante du passé, il ne veut pas renoncer à l’espérance. Pourtant Dieu se tait ! Mais malgré ce silence, il sait que « son » Dieu ne peut l’abandonner. Tout au long de l’histoire biblique, nous voyons Dieu répondre aux appels de son peuple, en apportant le Salut. Faisant mémoire de la foi de ses pères qui eurent « confiance » sans jamais être déçus, le psalmiste relit alors son histoire personnelle depuis sa naissance. Dans la certitude de la foi, sa plainte douloureuse s’ouvre mystérieusement à la louange. Il reconnaît la présence de Dieu dans sa vie, même aux heures les plus sombres. Chers amis, nous aussi, dans la prière, nous apprenons à discerner la réalité au-delà des apparences. C’est la victoire de la foi, capable de transformer la mort en don de la vie, l’abîme de douleur en source d’espérance !
Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement les groupes de Dijon, de Saint-Pazanne, et de Corte-Ajaccio, et les pèlerins venus de Belgique. Quand nous traversons l’épreuve, n’oublions pas de nous confier à Jésus qui a connu l’angoisse et la souffrance. Appuyons-nous sur la foi des autres et sur la foi de l’Eglise qui témoignent de la fidélité de Dieu ! Je vous bénis de grand cœur.

Traduction : Zenit

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