Archive pour septembre, 2011

Les mots des religions : « Shabbat »

22 septembre, 2011

Grand Rabbin Haïm Korsia : le shabbat, et la vue Israélite sur le travail du dimanche 
   
http://www.travail-dimanche.com/expertises-etudes-reflexions/grand-rabbin-ha-m-korsia-le-shabbat-et-la-vue-israelite-sur-le-travail-du-dimanche.html

Canal Académie, 25/4/10

Les mots des religions : « Shabbat »

Avec le grand Rabbin Haïm Korsia, aumônier général israélite des armées françaises
Le shabbat, c’est-à-dire le jour d’« abstinence » qui correspond au samedi, est un des fondements les mieux ancrés de la religion judaïque. Haïm Korsia, aumônier général israélite des Armées, nous explique ce que signifie ce partage du repos pour la communauté juive, effectuant un parallèle avec la polémique sur le travail.
« Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre, qu’il avait créée en la faisant. » Genèse, 2 : 2-3
Comme chacun sait, le shabbat est le jour de repos assigné au dernier jour de la semaine, c’est-à-dire le samedi dans la conception juive. Le « jour » au sens hébraïque débutant non pas au lever du soleil mais à la tombée de la nuit, il s’étend en fait du vendredi soir au samedi soir : ainsi en hiver, le shabbat commence et se termine en fin d’après-midi, alors qu’il n’est pas observé avant 21 heures autour du solstice d’été.
« Avec 3500 ans d’avance sur les grands acquis sociaux qui ont permis de définir un jour d’arrêt de travail », note Haïm Korsia, le shabbat, quatrième des dix commandements (Exode 20 et Deutéronome 5), a dès les origines du judaïsme imposé l’idée que « le rythme humain c’est : six jours de travail, un jour de repos ».
Un temps pour soi, un temps pour tous
Un jour de repos, mais pas un jour de paresse. Le shabbat est avant tout réservé à l’étude, à la vie de famille et au partage, dans l’idée que le temps pour soi est aussi un temps pour Dieu. Le shabbat, par ses trente-neuf prohibitions que recense le Talmud, « ramène l’homme à sa dimension réelle », analyse le Grand Rabbin. N’ayant pas le droit d’utiliser l’électricité, d’emprunter un véhicule motorisé ou de se servir des technologies modernes, il ne lui reste en effet que ses pieds pour se déplacer et sa bouche pour communiquer : si l’on veut voir quelqu’un, on fait l’effort d’aller à lui, de le regarder et de lui parler en face-à-face, à l’opposé des rapports virtuels et distants du reste de la semaine. Mais ce qu’apprécie le plus Haïm Korsia, « un avantage extraordinaire aujourd’hui », c’est peut-être encore l’éphémère bannissement de la télévision et surtout du téléphone…
Shabbat est traditionnellement l’occasion de trois repas meilleurs que l’ordinaire, les « shalosh seoudot ».
Auditionné à l’Assemblée nationale en 2008, Haïm Korsia avait à l’époque pris position sur la question du travail le dimanche. Parallèle du shabbat puisque le jour du Seigneur chez les chrétiens, le dimanche, a en effet conservé une certaine sacralité républicaine. Pour Korsia, « il est important d’avoir un temps qui soit un temps pour tous ». Le rythme de la création suppose, au bout d’un certain intervalle, à l’instar du Dieu de la Genèse, de s’arrêter et de regarder son œuvre.
Il est essentiel de reconnaître aux hommes une identité autre que celle de travailleurs et de producteurs, et de leur permettre de cultiver cette identité en leur offrant cette « respiration commune ». «  Quand les hommes partagent le temps  », explique Korsia, «  ils deviennent réellement des “contemporains”, au sens étymologique du terme ; c’est ça, vivre ensemble 
».

la face du Christ crucifié

21 septembre, 2011

la face du Christ crucifié dans images sacrée 001%20volto%20di%20Cristo%20morto

http://www.isnello-processioni-eventi.it/pages/le-processioni-religiose/la-settimana-santa.php

Dialogue de la sérénité. (Jean XXIII, pape de 1958 à 1963)

21 septembre, 2011

du site:

http://arras.catholique.fr/page-22102.html

Jean XXIII, pape de 1958 à 1963

Dialogue de la sérénité.

Eglise d’Arras N°15

Rien qu’aujourd’hui,
J’essaierai de vivre exclusivement la journée
Sans tenter de résoudre le problème de toute ma vie.
Je serai heureux rien qu’aujourd’hui,
Dans la certitude d’avoir été créé pour le bonheur
Non seulement dans l’autre monde mais également dans celui-ci.
 
Rien qu’aujourd’hui,
Je m’adapterai aux circonstances
Sans prétendre que celles-ci se plient à tous mes désirs.
 
Rien qu’aujourd’hui, je consacrerai dix minutes à la bonne lecture
En me souvenant que, comme la nourriture est nécessaire à la vie du corps,
La bonne lecture est nécessaire à la vie de l’âme.
 
Rien qu’aujourd’hui,
Je croirai fermement, même si les circonstances prouvent le contraire,
Que la bonne providence de Dieu s’occupe de moi
Comme si rien d’autre n’existait au monde.
 
Rien qu’aujourd’hui, je ne craindrai pas.
Et tout spécialement je n’aurai pas peur d’apprécier
Ce qui est beau et de croire en la bonté.
Je suis en mesure de faire le bien pendant douze heures
Ce qui ne saurait me décourager
Comme si je pensais que je dois le faire toute ma vie durant. 

INTERVENTION DU PAPE À LA TÉLÉVISION ALLEMANDE À LA VEILLE DE SON VOYAGE

21 septembre, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28965?l=french

INTERVENTION DU PAPE À LA TÉLÉVISION ALLEMANDE À LA VEILLE DE SON VOYAGE

Benoît XVI se rendra en Allemagne du 22 au 25 septembre

ROME, Dimanche 18 septembre 2011 (ZENIT.org) – A la veille du voyage apostolique qu’il accomplira en Allemagne du 22 au 25 septembre, le pape Benoît XVI a enregistré à Castel Gandolfo une intervention pour l’émission « Wort zum Sonntag » diffusée le 17 septembre au soir par la télévision publique allemande ARD. Nous publions ci-dessous la traduction de l’intervention de Benoît XVI en langue allemande.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes !
D’ici quelques jours, je partirai pour mon voyage en Allemagne et j’en suis très content. Je pense particulièrement avec joie à Berlin, où il y aura de nombreuses rencontres, et naturellement au discours que je tiendrai au Bundestag et à la grand messe que nous pourrons célébrer au stade olympique.
Un des moments les plus importants sera Erfurt : dans ce monastère augustinien où Luther a commencé son chemin, je pourrai rencontrer les représentants de l’Eglise évangélique d’Allemagne. Là, nous prierons ensemble, nous écouterons la Parole de Dieu, nous réfléchirons et nous parlerons ensemble. Nous n’attendons aucun événement sensationnel : en effet, la véritable grandeur de l’événement consiste justement en cela, que nous puissions ensemble, dans ce lieu, réfléchir, écouter la Parole de Dieu et prier et ainsi nous serons intimement proches et un véritable œcuménisme se manifestera.
Il y aura quelque chose de particulier pour moi : la rencontre avec l’Eichsfeld, cette petite bande de terre qui, tout en passant à travers toutes les péripéties de l’histoire, est restée catholique ; et puis le sud-est de l’Allemagne avec Fribourg, cette grande ville, avec de nombreuses rencontres qui se dérouleront là, surtout la veillée avec les jeunes et la Grand Messe qui conclura le voyage.
Tout cela n’est pas du tourisme religieux, et encore moins un « spectacle ». Ce dont il s’agit, la devise de ces journées le dit : «  Là où il y a Dieu, il y a un avenir ». Il devrait s’agir du fait que Dieu revienne dans notre horizon, ce Dieu si souvent totalement absent dont nous avons pourtant tant besoin.
Peut-être me demanderez-vous : « Mais Dieu, existe-t-il ? Et s’il existe, s’occupe-t-il vraiment de nous ? Pouvons-nous arriver jusqu’à Lui ? ». Bien sûr, c’est vrai : nous ne pouvons pas mettre Dieu sur la table, nous ne pouvons pas le toucher comme un ustensile ou le prendre en main comme n’importe quel objet. Nous devons de nouveau développer la capacité de perception de Dieu, capacité qui existe en nous. Nous pouvons pressentir quelque chose de la grandeur de Dieu dans la grandeur du cosmos. Nous pouvons utiliser le monde à travers la technique, parce qu’il est construit de manière rationnelle. Dans la grande rationalité du monde, nous pouvons pressentir l’esprit créateur duquel il provient, et dans la beauté de la création, nous pouvons pressentir quelque chose de la beauté, de la grandeur et de la bonté de Dieu. Dans la Parole des Saintes Ecritures, nous pouvons entendre des paroles de vie éternelle qui ne viennent pas simplement d’hommes mais qui viennent de Lui, et dans celles-ci, nous entendons sa voix. Et enfin, nous voyons presque Dieu aussi, dans la rencontre avec les personnes qui ont été touchées par Lui. Je ne pense pas seulement aux grands : de Paul à François d’Assise jusqu’à Mère Teresa ; mais je pense aux si nombreuses personnes simples dont personne ne parle. Et pourtant, quand nous les rencontrons, il y a de la bonté, de la sincérité, de la joie qui émane d’eux et nous savons que Dieu est là et qu’il nous touche aussi. C’est pourquoi, durant ces journées, nous voulons nous engager à revoir Dieu, pour redevenir des personnes par lesquelles une lumière de l’espérance entre dans le monde, cette lumière qui vient de Dieu et qui nous aide à vivre.

Traduction française : Zenit

Saint Matthieu

20 septembre, 2011

Saint Matthieu dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

Le Pater de saint Matthieu

20 septembre, 2011

du site:

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/matthieu/noster.htm

Le Pater de saint Matthieu

Mt 6,7-15
 
Le Pater, dans l’Evangile de St Matthieu, vient en conclusion d’un long enseignement de Jésus sur la prière.
 
Quand tu pries, dit Jésus, ne va pas te camper aux carrefours pour te faire voir : prie ton Père sans être vu, ferme sur toi la porte; accepte ces moments où tu n’auras pas d’autre motivation pour la prière que la présence de ton Père.
Quand tu pries, ne rabâche pas, ne répète pas, ne t’énerve pas comme si, à force de tension, tu allais contraindre Dieu à te rendre la prière facile.
Derrière toute ostentation comme derrière toute impatience dans la prière se cache, en effet, une erreur sur Dieu ; et c’est surtout cela que Jésus veut nous faire comprendre.
Dès que l’on prie dans le secret, dès lors qu’on fait à Dieu cette politesse affectueuse de fermer la porte, il n’y a pas à « rejoindre » Dieu, car Dieu est là, déjà, dans le secret, dans son secret où il nous a admis.
« Dieu te le rendra », promet Jésus. Et que nous rendra-t-il ? – le secret ! Dieu te revaudra le secret que tu voulais pour lui. L’important n’est pas que nous voyions Dieu (du moins sur cette terre), mais que Dieu, qui voit dans le secret, nous regarde dans le secret où pour lui nous sommes entrés.
Et à partir du moment où Dieu nous voit, nous n’avons pas à  nous appesantir sur nos manques, sur nos impréparations, sur nos porte-à-faux, sur nos misères: « Votre Père, dit Jésus, sait bien de quoi vous avez besoin, avant même que vous demandiez ».
Il sait déjà, tout comme il est déjà. Nous sommes devancés, et c’est bien comme cela ; notre démarche déjà lui a tout dit, tout apporté ; notre fardeau est déjà déchargé, puisque Dieu sait déjà.
Quel va être, dans ces conditions, le premier mot de la prière pour celui qui est déjà accueilli, déjà entendu, déjà compris?
« Vous donc, dit Jésus, priez ainsi : Notre Père »,
Père de nous, Père de nous tous.
Au moment même où le Moi s’efface devant le Toi de Dieu, voilà que le Nous envahit tout le champ de la prière ; et le secret voulu pour Dieu nous fait communier, devant Dieu, à la prière des hommes de l’univers : »Notre Père, qui es aux cieux ».
 
Dans le Pater, c’est toujours un Nous qui s’adresse à Dieu, c’est toujours un nous qui dit Toi ;
c’est toujours l’Eglise de Jésus qui, tournée vers le Père, avant toute autre demande lui parle de trois choses :
son Nom,
son Règne,
 sa volonté.

21 SEPTEMBRE – SAINT MATTHIEU APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE (Litrurgie des Heures)

20 septembre, 2011

du site:

http://www.aelf.org/office-lectures

21 SEPTEMBRE – SAINT MATTHIEU APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE

Liturgie des Heures – Office des Lectures

HOMÉLIE DE S. BÈDE LE VÉNÉRABLE

Matthieu se leva et suivit Jésus

Jésus vit un homme assis au bureau de la douane ; son nom était Matthieu. « Suis-moi », lui dit-il. Il le vit non pas tant avec les yeux du corps qu’avec le regard intérieur de sa miséricorde. ~ Il vit le publicain, et parce qu’il le vit d’un regard qui prend pitié et qui choisit, il lui dit : « Suis-moi », c’est-à-dire imite-moi. En lui demandant de le suivre, il l’invitait moins à marcher derrière lui qu’à vivre comme lui ; car celui qui déclare demeurer dans le Christ doit marcher dans la voie où lui, Jésus, a marché. ~ Matthieu se leva et le suivit. Rien d’étonnant que le publicain, au premier appel impérieux du Seigneur, ait abandonné sa recherche de profits terrestres et que, négligeant les biens temporels, il ait adhéré à celui qu’il voyait dépourvu de toute richesse. C’est que le Seigneur qui l’appelait de l’extérieur par sa parole le touchait au plus intime de son âme en y répandant la lumière de la grâce spirituelle. Cette lumière devait faire comprendre à Matthieu que celui qui l’appelait à quitter les biens temporels sur la terre était en mesure de lui donner dans le ciel un trésor incorruptible. ~
Comme Jésus était à table à la maison, voilà que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent s’attabler avec lui et ses disciples. La conversion d’un seul publicain ouvrit la voie de la pénitence et du pardon à beaucoup de publicains et de pécheurs. ~ Beau présage en vérité : celui qui devait être plus tard Apôtre et docteur parmi les païens entraîne à sa suite, lors de sa conversion, tout un groupe de pécheurs sur le chemin du salut ; et ce ministère de l’Évangile qu’il allait accomplir après avoir progressé dans la vertu, il l’entreprend dès les premiers débuts de sa foi. ~
Essayons de comprendre plus profondément l’événement relaté ici. Matthieu n’a pas seulement offert au Seigneur un repas corporel dans sa demeure terrestre, mais il lui a bien davantage préparé un festin dans la maison de son cœur par sa foi et son amour ; comme en témoigne celui qui a dit : Voici que je me tiens à la porte, et je frappe : Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. ~ Nous ouvrons notre porte pour le recevoir à l’appel de sa voix lorsque nous donnons notre libre assentiment à ses avertissements intérieurs ou extérieurs et quand nous mettons à exécution ce que nous avons compris que nous devions faire. Et il entre pour manger, lui avec nous et nous avec lui, parce qu’il habite dans le cœur de ses élus, par la grâce de son amour ; ainsi il les nourrit sans cesse par la lumière de sa présence afin qu’ils élèvent progressivement leurs désirs, et lui-même se nourrit de leur zèle pour le ciel comme de la plus délicieuse nourriture
.

Pape Benoît: Matthieu

20 septembre, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060830_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 30 août 2006
 
Matthieu

Chers frères et soeurs,

En poursuivant la série de portraits des douze Apôtres, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous nous arrêtons aujourd’hui sur Matthieu. En vérité, décrire entièrement sa figure est presque impossible, car les informations qui le concernent sont peu nombreuses et fragmentaires. Cependant, ce que nous pouvons faire n’est pas tant de retracer sa biographie, mais plutôt d’en établir le profil que l’Evangile nous transmet.
Pour commencer, il est toujours présent dans les listes des Douze choisis par Jésus (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13). Son nom juif signifie « don de Dieu ». Le premier Evangile canonique, qui porte son nom, nous le présente dans la liste des Douze avec une qualification bien précise:  « le publicain » (Mt 10, 3). De cette façon, il est identifié avec l’homme assis à son bureau de publicain, que Jésus appelle à sa suite:  « Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain. Il lui dit:  « Suis-moi ». L’homme se leva et le suivit » (Mt 9, 9). Marc (cf. 2, 13-17) et Luc (cf. 5, 27-30) racontent eux aussi l’appel de l’homme assis à son bureau de publicain, mais ils l’appellent « Levi ». Pour imaginer la scène décrite dans Mt 9, 9, il suffit de se rappeler le magnifique tableau du Caravage, conservé ici, à Rome, dans l’église Saint-Louis-des-Français. Dans les Evangiles, un détail biographique supplémentaire apparaît:  dans le passage qui précède immédiatement le récit de l’appel, nous est rapporté un miracle accompli par Jésus à Capharnaüm (cf. Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12) et l’on mentionne la proximité de la mer de Galilée, c’est-à-dire du Lac de Tibériade (cf. Mc 2, 13-14). On peut déduire de cela que Matthieu exerçait la fonction de percepteur à Capharnaüm, ville située précisément « au bord du lac » (Mt 4, 13), où Jésus était un hôte permanent dans la maison de Pierre.
Sur la base de ces simples constatations, qui apparaissent dans l’Evangile, nous pouvons effectuer deux réflexions. La première est que Jésus accueille dans le groupe de ses proches un homme qui, selon les conceptions en vigueur à l’époque en Israël, était considéré comme un pécheur public. En effet, Matthieu manipulait non seulement de l’argent considéré impur en raison de sa provenance de personnes étrangères au peuple de Dieu, mais il collaborait également avec une autorité étrangère odieusement avide, dont les impôts pouvaient également être déterminés de manière arbitraire. C’est pour ces motifs que, plus d’une fois, les Evangiles parlent à la fois de « publicains et pécheurs » (Mt 9, 10; Lc 15, 1), de « publicains et de prostituées » (Mt 21, 31). En outre, ils voient chez les publicains un exemple de mesquinerie (cf. Mt 5, 46:  ils aiment seulement ceux qui les aiment) et ils mentionnent l’un d’eux, Zachée, comme le « chef des collecteurs d’impôts et [...] quelqu’un de riche » (Lc 19, 2), alors que l’opinion populaire les associait aux « voleurs, injustes, adultères » (Lc 18, 11). Sur la base de ces éléments, un premier fait saute aux yeux:  Jésus n’exclut personne de son amitié. Au contraire, alors qu’il se trouve à table dans la maison de Matthieu-Levi, en réponse à ceux qui trouvaient scandaleux le fait qu’il fréquentât des compagnies peu recommandables, il prononce cette déclaration importante:  « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17).
La bonne annonce de l’Evangile consiste précisément en cela:  dans l’offrande de la grâce de Dieu au pécheur! Ailleurs, dans la célèbre parabole du pharisien et du publicain montés au Temple pour prier, Jésus indique même un publicain anonyme comme exemple appréciable d’humble confiance dans la miséricorde divine:  alors que le pharisien se vante de sa propre perfection morale, « le publicain… n’osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant:  « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis! »". Et Jésus commente:  « Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18, 13-14). Dans la figure de Matthieu, les Evangiles nous proposent donc un véritable paradoxe:  celui qui est apparemment le plus éloigné de la sainteté peut même devenir un modèle d’accueil de la miséricorde de Dieu et en laisser entrevoir les merveilleux effets dans sa propre existence. A ce propos, saint Jean Chrysostome formule une remarque significative:  il observe que c’est seulement dans le récit de certains appels qu’est mentionné le travail que les appelés effectuaient. Pierre, André, Jacques et Jean sont appelés alors qu’ils pêchent, Matthieu précisément alors qu’il lève l’impôt. Il s’agit de fonctions peu importantes – commente Jean Chrysostome – « car il n’y a rien de plus détestable que le percepteur d’impôt et rien de plus commun que la pêche » (In Matth. Hom.:  PL 57, 363). L’appel de Jésus parvient donc également à des personnes de basse extraction sociale, alors qu’elles effectuent un travail ordinaire.
Une autre réflexion, qui apparaît dans le récit évangélique, est que Matthieu répond immédiatement à l’appel de Jésus:  « il se leva et le suivit ». La concision de la phrase met clairement en évidence la rapidité de Matthieu à répondre à l’appel. Cela signifiait pour lui l’abandon de toute chose, en particulier de ce qui lui garantissait une source de revenus sûrs, même si souvent injuste et peu honorable. De toute évidence, Matthieu comprit qu’être proche de Jésus ne lui permettait pas de poursuivre des activités désapprouvées par Dieu. On peut facilement appliquer cela au présent:  aujourd’hui aussi, il n’est pas admissible de rester attachés à des choses incompatibles avec la « sequela » de Jésus, comme c’est le cas des richesses malhonnêtes. A un moment, Il dit sans détour:  « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi » (Mt 19, 21). C’est précisément ce que fit Matthieu:  il se leva et le suivit! Dans cette action de « se lever », il est légitime de lire le détachement d’une situation de péché et, en même temps, l’adhésion consciente à une nouvelle existence, honnête, dans la communion avec Jésus.
Rappelons enfin que la tradition de l’Eglise antique s’accorde de façon unanime à attribuer à Matthieu la paternité du premier Evangile. Cela est déjà le cas à partir de Papia, Evêque de Hiérapolis en Phrygie, autour de l’an 130. Il écrit:  « Matthieu recueillit les paroles (du Seigneur) en langue hébraïque, et chacun les interpréta comme il le pouvait » (in Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. III, 39, 16). L’historien Eusèbe ajoute cette information:  « Matthieu, qui avait tout  d’abord prêché parmi les juifs, lorsqu’il décida de se rendre également auprès d’autres peuples, écrivit dans sa langue maternelle l’Evangile qu’il avait annoncé; il chercha ainsi à remplacer par un écrit, auprès de ceux dont il se séparait, ce que ces derniers perdaient avec son départ » (Ibid., III, 24, 6). Nous ne possédons plus l’Evangile écrit par Matthieu en hébreu ou en araméen, mais, dans l’Evangile grec que nous possédons, nous continuons à entendre encore, d’une certaine façon, la voix persuasive du publicain Matthieu qui, devenu Apôtre, continue à nous annoncer la miséricorde salvatrice de Dieu et écoutons ce message de saint Matthieu, méditons-le toujours à nouveau pour apprendre nous aussi à nous lever et à suivre Jésus de façon décidée.

Christ Not Made by Hands

19 septembre, 2011

Christ Not Made by Hands dans images sacrée not-made-by-hand-sm-2034

http://www.alphastoredesign.com/search-images/www.holytrinitystore.com/page7.html

Commentaire de Gn 18

19 septembre, 2011

du site:

http://www.bible-service.net/site/506.html

Commentaire de Gn 18

Les Églises d’Orient ont donné à Gn 18 le titre de  »Philoxénie d’Abraham », autrement dit l’amour de l’étranger. C’est bien d’amour qu’il s’agit lorsqu’Abraham prend soin du corps de ses hôtes – Dieu sans qu’il le sache – et lorsque, presque au même moment, dans le corps de Sara s’annonce l’enfant inespéré…
Le récit de Gn 18, 1-15, disent les historiens, fut composé en plusieurs étapes. Dans une version ancienne, l’intrigue a du porter sur l’hospitalité du patriarche. Mais le texte actuel, mis en forme au 6e ou 5e av. J.-C., pendant ou après l’exil, est devenue une scène d’Annonciation.
Quand Dieu prend corps
 » Je vais faire de toi une grande nation  » (Gn 12, 2), la promesse du Seigneur à Abram devait se jouer d’un obstacle, une douleur : la stérilité de Saraï. Longuement, le récit a exploré diverses pistes : l’héritier sera-t-il Lot, Ismaël ou le fidèle intendant ? Il a navigué au milieu des dangers : Saraï chez Pharaon, Lot préférant la richesse de Sodome, Agar servante-maîtresse… Puis le Seigneur a scellé son alliance avec Abram : nouveaux noms (Abraham, Sara), nouveau rite (la circoncision). Alors seulement, quand ne reste plus que la longue attente, Dieu prend corps et apparaît.
Le corps donné à Dieu par les peintres d’icônes est celui… des anges ! Andreï Roublev, au début du 15e siècle, en a figuré trois, aux couleurs transparentes, évocation douce et lumineuse de la Trinité. Cette splendeur ne doit pas masquer la lettre du récit biblique où c’est incognito, comme de simples  »hommes », que se présente le Seigneur. Seul le lecteur, dès le début, est informé de leur identité. L’un des ressorts de l’intrigue est donc la question : Abraham va-t-il reconnaître ses visiteurs et comment ? Or Dieu se contente d’acquiescer au vieillard qui se démène (d’après Gn 17, 24, il a 99 ans !). Il le laisse préparer un repas et – cas unique dans la Bible – il mange ce qui lui est offert avec tant d’humanité.
Le jour et la nuit
Lorsqu’enfin le Seigneur parle, c’est pour s’inquiéter de Sara. À moins que la question soit de pure forme, le lecteur s’étonne, habitué à considérer Dieu comme omniscient : d’ailleurs celui-ci n’ignore pas le nom et la stérilité de Sara ! Le ressort de l’intrigue se déplace : Abraham n’a pas reconnu Dieu, mais Sara, comment va-t-elle réagir devant ces gens qui la connaissent si bien et qui promettent l’inouï ? Peu à peu, un dialogue s’instaure, aux modalités complexes : rire intérieur de la femme, mais perçu à l’extérieur (!), question par Abraham interposé ( »Pourquoi ce rire de Sara ?… »), promesse réaffirmée, dialogue resserré du Seigneur et de Sara qui émerge enfin, tremblante, au statut de partenaire, dans une relation  »je-tu » :  »Si, tu as ri ». Elle est dans la tente, mais c’est comme si Dieu la tirait hors de l’ombre de son mari, en plein soleil. Elle existe. Elle va donner le jour.
Sans se faire reconnaître, le Seigneur a permis à Abraham de montrer beaucoup d’amour et Sara, qui se dit  »usée », est rendue capable d’en déployer davantage. Le corps d’Isaac s’annonce, fruit de la promesse divine, fruit aussi d’un amour humain au-delà de l’acte d’amour.
L’histoire est belle. Trop ? Elle se détache sur fond d’effondrements :  »un hurlement est monté de Sodome et de Gomorrhe » (Gn 18, 20) La  »philoxénie » d’Abraham contre la  »xénophobie » des villes où Lot a choisi de prospérer. Ici, sous l’arbre, en plein jour, on lave les pieds des voyageurs et on leur prépare un repas (18, 1-8). Là, dans la ville, la nuit, on cherche à les violer en fracassant les portes (19, 1-10) : la violence se retourne alors sur les violents,  »pluie de soufre et de feu » et disparition de tout  »jusqu’à la flore » ( 19, 24-25).
Salve d’avenir
Dans la Bible, récits de vocation et récits d’annonciation sont des formes littéraires apparentées : dans une situation grave, le Seigneur – ou son messager – apparaît à son élu(e) et l’interpelle : celui-ci (celle-ci) prend peur ou résiste, puis, devant l’insistance divine, accepte la mission. La  »vocation » d’Abram, en Gn 12, 1-5, ne correspond qu’imparfaitement à ce schéma tant est concise la narration. Avec l’accueil, par Abraham, de l’autre-étranger et, par Sara, de l’autre-enfant (dépositaire de la mission de bénédiction universelle), elle se déploie. Et Isaïe, pendant l’exil, va souligner que c’est bien d’un homme et d’une femme, ensemble, que le peuple de Dieu est issu :  »regardez le rocher où je vous ai sculptés et le creux dans le puits dont je vous ai extraits, regardez Abraham votre père, Sara qui accoucha de vous… » (Is 51, 1-2).  »Devant l’effondrement des preuves, le poète répond par une salve d’avenir » disait René Char. L’histoire d’Abraham et de Sara est une salve d’avenir.

Gérard BILLON. Article paru dans Le Monde la Bible n° 140  »Abraham, patriarche de trois religions » (Bayard-Presse, janv.-fév. 2002), p. 72

N.B. : sur ce récit célèbre, on méditera l’icône de Roublev. On relira aussi les 3 pages que Paul Beauchamp a consacrées à “ Abraham : la vie, la mort ” dans son ouvrage Cinquante Portraits Bibliques, Le Seuil 2000, p. 25-27

12345...9