Archive pour le 13 septembre, 2011
« Crucifixion en jaune » 1943 : de Marc Chagall
13 septembre, 2011du site:
http://paroissecatho.boulay.free.fr/meditation_pour_lexaltation_de_la_sainte_croix_l.html
Le 14 septembre 2008
Commentaire spirituel à partir de l’oeuvre:
« Crucifixion en jaune » 1943,
de Marc Chagall
Qui ne connaît pas Marc Chagall et ses célèbres vitraux. Mais nous oublions parfois qu’il a été un peintre marquant de son époque. Ses couleurs et sa touche personnelle sont si rares et exceptionnels, que ses œuvres sont très facilement reconnaissables.
Il n’en demeure pas moins que cette crucifixion reste énigmatique à plusieurs points de vue. Marc Chagall est un adepte de l’anachronisme. Il aime mettre des éléments de l’histoire contemporaine au milieu des scènes bibliques. Peut-on dire que c’est une sorte de relecture biblique en image
Toujours est-il que nous sommes invités à «poser notre regard» sur cet œuvre. Comme sur toutes œuvres en général. «son regard»… Mais pour y voir quoi
L’attitude même que nous avons lorsque nous sommes en face d’une œuvre d’art est la même qui pourrait décrire la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix. Cette fête liturgique, si populaire et connue dans le monde orthodoxe, si discrète dans le monde latin nous invite justement à «notre regard». Poser notre regard sur la Croix du Seigneur… Mais pour y voir quoi
Il faut bien reconnaître que cette attitude nous est bien familière. Poser son regard sur les personnes, sur le monde, sur les membres de nos familles pour y voir les changements. Nous pouvons poser un regard aimant, comme un regard malveillant.
Les textes de la liturgie de cette fête, nous invitent justement à poser notre regard, mais à le poser autrement. Déjà dans l’Ancienne Alliance, au Livre des nombres, le peuple qui s plaignait de son sort, malgré le fait d’être sorti de l’esclavage, a du poser son regard sur ce «serpent d’Érin». Mais le peuple a du changer son regard. Alors que le serpent représentait leur malédiction, ce qui leur causait du tord, signe de leur péchévoilà qu’il devient signe de guérison. Ce qui au départ était signe de malédiction, devient signe de libération. Le peuple a pu faire un pas de plus
Dans l’Evangile selon saint Jean, les disciples sont eux aussi amenés à changer de regard. Il faut bien reconnaître que la Croix de Jésus en la regardant, n’est pas, aux yeux humains, un spectacle de gloire. Pensez donc, un homme mort dans des circonstances inhumainesLa Croix signe d’échec, de mort, d’infamie. Il y a vraiment de quoi détourner son regard. Et pourtant, à la suite de l’Evangile, nous sommes invités à y découvrir, à trouver le signe le plus fort de l’amour de Dieu. Un Amour qui se fait don, un amour qui va jusqu’au bout. En regardant la Croix, c’est Dieu lui-même qui nous regarde et qui nous montre à quel point nous sommes aimés, chacun et chacune d’entre nous. Non point un amour passé, que l’on regarderait avec une certaine nostalgie, mais un amour qui se dit au présent.
D’un certaine manière, la fête de la Croix glorieuse, nous invite chaque année à redécouvrir combien nous sommes aimés dans l’aujourd’hui de notre histoire. Un peu comme Chagall dans sa «en jaune», qui en 1942, fait ressortir Jésus en Croix au milieu d’un décor contemporain de la seconde guerre mondiale. Cela semble montrer une volonté de percevoir que le mystère de la Croix a quelque chose à nous dire aujourd’hui.
…Poser son regard sur la Croix, et y reconnaître l’Amour de Dieu… Il faut bien admettre que cela nécessite une grande conversion du regard… Chaque année, en la fête de la Croix Glorieuse, Dieu nous invite à changer notre regard sur les choses et y découvrir l’essentiel.
Un peu à la manière de Chagall sur sa toile, qui au milieu des douleurs de la guerre, y met Jésus en Croix… Mais surtout, il y met les rouleaux de la Parole, à cheval sur une partie de la Croix. La torah, n’est-elle pas, dans le monde juif dont Chagall est issu, le signe de la Présence agissante de Dieu, le signe de l’AllianceEn dessous de l’ange il y a l’ange à la trompette, annonçant la résurrection des morts. C’est un signe de vieD’une manière toute simple, Chagall nous délivre un formidable témoignage d’espérance. Au cœur de la guerre, de la douleur, des échecs, des horreurs humaines, de la mort, il croit que Dieu est là…
Que l’Alliance n’est pas rompu. C’est en quelque sorte reconnaître qu l’échec, la mort n’ont pas le dernier mot, mais qu’au-delà de tout ça, la Vie nous est donné. En quelques sortes, c’est poser son regard sur les réalités de notre temps, mais également y voir qu’au-delà des échecs, la puissance même de la Résurrection peut faire germer de la nouveauté
Finalement Chagall «pose son regard» sur les réalités de son temps, et par le biais de l’art, il nous donne de voir ce que les yeux de la foi entrevois discrètement.
Homélie Fête de la Croix glorieuse – Avec les séminaristes de la « Société S. Jean-Marie Vianney »
13 septembre, 2011Homélie Fête de la Croix glorieuse
http://croix-crucifix.com/Jesus-Christ.php?k=fete-de-la-croix-glorieuse&ID=511
Homélie en la Basilique d’ARS
Avec les séminaristes de la « Société S. Jean-Marie Vianney »
14 septembre 1998 – Fête de la » Croix glorieuse «
Mes biens chers frères,
» Ce monde, tel qu’il est aujourd’hui, ce monde confié à l’amour et au ministère des pasteurs de l’Eglise, Dieu l’a tant aimé qu’il a donné pour lui son Fils unique » (cf. Jn 3,16). Tels sont pratiquement les derniers mots du Concile Vatican II, dans son décret sur les prêtres (PO 22).
Le mystère de la Croix glorieuse nous invite à toujours revenir à cette réalité : Dieu a aimé le monde, jusqu’au sacrifice de son Fils. Dans son encyclique sur la miséricorde (n. 7), le Saint-Père soulignait : » Dans la passion et la mort du Christ – dans le fait que le Père n’a pas épargné son Fils, mais « l’a fait péché pour nous », s’exprime la justice absolue, car le Christ subit la passion et la croix à cause des péchés de l’humanité. Il y a vraiment là une « surabondance » de justice, puisque les péchés de l’homme se trouvent « compensés » par le sacrifice de l’Homme-Dieu. Toutefois cette justice divine révélée dans la croix du Christ est « à la mesure » de Dieu, parce qu’elle naît de l’amour et s’accomplit dans l’amour, en portant des fruits de salut « . Croire dans le Fils crucifié signifie donc » croire que l’amour est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme, l’humanité et le monde sont plongés. Croire en un tel amour signifie croire dans la miséricorde. »
Or de ce sacrifice du Christ, les prêtres sont dépositaires. Ils ont en eux la source vive qui peut porter la miséricorde au monde. À chaque Messe, ils rendent présent le monde d’aujourd’hui à cet unique sacrifice, ce signe si déconcertant de la tendresse de Dieu qui nous redit que Dieu veut faire miséricorde au monde. Et plus que cela : qui réalise cette victoire de la miséricorde, et qui rend possible, dans le cœur de tous les fidèles, un nouvel engagement en faveur de ce monde, en communion avec le Christ.
Nous nous trouvons devant la chasse du Saint Curé d’Ars. Son langage était différent de celui du Concile, mais la réalité dont il vivait était la même : » Toutes les bonnes œuvres réunies n’équivalent pas au sacrifice de la messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et la sainte messe est l’œuvre de Dieu. Le martyre n’est rien à comparaison : c’est le sacrifice que l’homme fait à Dieu de sa vie : la messe est le sacrifice que Dieu fait pour l’homme de son corps et de son sang » (Monnin I, 342). L’Eglise a traduit cela en rappelant, dans le décret Presbyterorum Ordinis, que la Messe est la » cause finale » des trois dimensions du sacerdoce. En rappelant également que ces dimensions sont inséparables : je ne peux prêcher, et je ne peux étendre la miséricorde, dans les oeuvres sociales, que si je l’ai d’abord expérimentée à la Messe. Nous avons un autre témoignage de Jean-Marie Vianney sur cette unité du ministère : il nous disait » Je ne me repose que deux fois par jour : à l’autel et en chaire « .
Demandons au saint Curé qu’il nous fasse part de sa propre ferveur ; demandons-le pour nous, et pour tout le clergé du monde dont il est devenu le protecteur, puisqu’il avertissait déjà : » La cause du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait pas attention à la messe « . Puissions-nous nous engager à la célébrer quotidiennement, quand bien même il ne serait pas possible de le faire en présence de peuple (cf. Directoire pour le ministère et la vie des prêtres). C’est au contact de cette miséricorde que nous trouverons un autre élément indispensable pour travailler au service de ce monde à la manière que nous a recommandée le Concile : la foi du semeur, qui ne cherche pas à mesurer les résultats de son ministère parce qu’il sait que le Christ a vaincu le monde et » qu’il peut tout faire, et bien au-delà de nos demandes et de nos pensées » (Eph 20 ; cf. PO 22).