Petite introduction à la foi : méditations sur le Symbole des apôtres (Bruno Forte)

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Bruno Forte

Petite introduction à la foi : méditations sur le Symbole des apôtres
P. Pierre Jay, p.s.s.

Traduction de l’italien par Simone Rouers, Paris, Bayard Éd., 2006. – (12×21), 176 p., 14,90 €.

Esprit et Vie n°150 – mai 2006 – 2e quinzaine, p. 25-26.

Aujourd’hui, à la Sorbonne, deux statues se font face : l’une de Bossuet, l’autre de Gerson. Vénéré comme un saint, célébré et par le pape Benoît XIV et par saint François de Sales, Gerson, chancelier en Sorbonne, termina sa vie agitée et féconde à Lyon où il réunissait des enfants pour leur faire le catéchisme. Ce souvenir m’a été suggéré par la lecture de ce petit volume.
Les commentaires du Symbole des apôtres abondent. Chaque année, plusieurs sont imprimés et nous arrivent. Les pasteurs dans l’Église en sont souvent les auteurs, ce qui montre la conscience vive qu’ils ont de leur charge pastorale.
Voici donc le dernier en date. L’auteur est connu, du moins était connu jusqu’alors comme l’un des grands théologiens italiens. Aujourd’hui il est archevêque, nommé en juin 2004 par Jean-Paul II. Son petit commentaire du Credo mérite d’attirer l’attention. Il apparaît exceptionnel à plus d’un titre.
Exceptionnel par son volume. Il tient les promesses de l’intitulé « petite introduction ».
Il l’est plus encore par son contenu. L’auteur nous avait prouvé, dans ses publications antérieures, qu’il était en phase avec les idées et les besoins de notre époque. Il montre ici qu’il peut dialoguer en toute simplicité avec le monde et les hommes de ce temps.
Il est sûr qu’un livre n’est jamais adapté à tous et à chacun. Être adapté à tous serait ne l’être à personne. Mais cette fois il faut souligner l’amplitude des lecteurs potentiels. « Mon ambition : dire la foi des chrétiens, en termes simples et essentiels aux croyants et aux non-croyants. » (p. 9.) Pari tenu !
Plusieurs caractères apparaissent à la lecture. La simplicité et la profondeur de la présentation. La richesse du contexte biblique. L’auteur, il l’a fait dans d’autres livres, a joint à chaque chapitre une prière, comme un tremplin pour la prière personnelle du lecteur.
Cela étant dit, que citer ? On ne le fera que pour mettre en appétit sur des questions qui habitent aujourd’hui de nombreuses consciences, chrétiennes on non. Alors, un peu au hasard : « Parler de Dieu, c’est raconter l’aventure de l’amour. » (p. 13.) « Pas de sycomore qui nous ait entendu. Pas de montagne qui se soit déplacée. Où est la foi sur terre ? Dans la douleur qui déchire des êtres sans défense, qui meurent en invoquant Dieu. » (p. 21.) « Père tout-puissant. D’où vient en lui ce « courage » d’aimer ? » (p. 35.)
Peut-être pourrait-on regretter la présentation du Saint-Esprit. Je dois, bien sûr, partir du texte français puisque je n’ai pas l’original italien. L’auteur écrit : « Le Consolateur actualise l’œuvre du Christ, il la rend présente et agissante dans la diversité de l’histoire des hommes. » (p. 89.) Ne pourrait-on dire que l’Esprit répandu, c’est l’œuvre du Christ rédempteur ? « Mis en possession de l’Esprit, il a répandu ce que vous voyez. » C’est parce que l’Esprit est répandu que le Christ est manifesté comme le Seigneur ressuscité.
La troisième partie du Credo, c’est la résurrection du Christ à l’œuvre dans le monde : Église, pardon, résurrection de la chair, vie éternelle qui sont à la fois le présent et le futur de l’humanité. Déjà là et pas encore. Cette dimension est encore trop absente des mentalités occidentales qui, faute de ce soubassement, se précipitent sur la réflexion théologique : l’Esprit est l’amour personnel. En un mot, on dépend peut-être trop des recherches sur la Sainte Trinité en ne profitant pas suffisamment des données du Nouveau Testament.
Il me souvient des argumentations d’un professeur de jadis qui, pour démontrer la supériorité d’Aristote sur Platon, disait de ce dernier : « Ce n’est qu’un poète. » Depuis la phrase de Pessoa a éclairé le chemin des lecteurs : « La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. » Comment dire d’un archevêque qu’il est aussi poète ? Et la poésie donne à pressentir l’au-delà des mots sans lequel les mots ne seraient que ce qu’ils sont.
Est-il bon compte rendu sans critique ? Voici. Aucune joie n’est complète. La mienne a été atteinte par la reliure de cette œuvre. Je ne parle d’un livre qu’après l’avoir lu plusieurs fois. Cela limite la production. Mais cela expose aussi à voir le volume s’effeuiller. J’ai perdu les pages 131-132. C’est égal, le risque en vaut la chandelle !

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