Archive pour août, 2011
Marie, disciple du Christ (Saint Augustin, Sermon 72/A, 7)
3 août, 2011du site:
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20001208_agostino_fr.html
Saint Augustin, Sermon 72/A, 7
Marie, disciple du Christ
« Quant il parlait aux foules, sa mère et ses frères étaient là dehors, et voulaient lui parler… Et lui: qui est ma mère? ou qui sont mem frères? Et étendant la main sur ses disciples, il dit: Ceux-ci sont ma mère et mes frères. Et quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, il est pour moi un frère, une soeur et une mère… Comment le Christ Seigneur pouvait-il avec piété repousser sa mère, et pas une mère quelconque, mais une mère d’autant plus grande qu’elle était une mère vierge… Il a repoussé cette mère, pour que l’affection maternelle ne se mêle pas à l’oeuvre qu’il accomplissait, et ne l’empêche pas. Quelle était cette oeuvre? Il parlait au peuple, il détruisait le vieil homme, il édifiait l’homme nouveau, il délivrait les âmes, il déliait les captifs, il illuminait les esprit aveugles, il accomplissait une oeuvre bonne, et dans cette oeuvre bonne il était dans la ferveur de l’action et de la parole. A ce moment, on lui annonce cet affection maternelle… Que les mères entendent ce qu’il a répondu, pour que leur affection charnelle n’empeche pas les oeuvres bonnes de leurs fils… Mais tu me diras: Tu compares donc mon fils au Christ? Je ne le compare pas au Christ, ni toi à Marie. Le Christ Seigneur n’a donc pas condamné l’affection maternelle, mais il a montré en lui-même, par un grand exemple, qu’il fallait repousser sa mère pour l’oeuvre de Dieu. Il était notre maître. S’il a daigné repousser sa mère, c’est pour t’apprendre à repousser aussi ton père pour l’oeuvre de Dieu.
Faites donc plus attention, mes frères, faites plus attention, je vous en conjure, a` ce que dit le Seigneur Christ, en étendant la main sur ses disciples: Ceux-ci sont ma mère et mes frères; et celui qui fera la volonté de mon Père qui m’a envoyé, celui-là est pour moi un frère et und soeur et une mère. Est-ce qu’elle n’a pas fait la volonté du Père, la Vierge Marie, qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été choisie pour que d’elle naisse pour nous le salut parmi les hommes, qui a été créée par le Christ, avant que le Christ ne fût créé en elle? Elle a fait, elle a fait absolument la volonté du Père, sainte Marie; et c’est plus pour Marie d’avoir été la disciple du Christ, que d’avoir été la mère du Christ. aussi Marie a été bienheureuse, parce qu’avant de l’enfanter, elle a porté son maître dons son sein. Vois si ce n’est pas comme je le dis. Quand le Seigneur passait avec des foules a` sa suite, et qu’il faisait des miracles divins, une femme dit: Bienheureux le sein qui t’a porte. Et qu’a répondu le Seigneur, pour qu’on n’aille pas chercher la félicité dans la chair? oui, heureux, ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. Ainsi Marie est bienheureuse d’avoir écouté la parole de Dieu et de l’avoir gardée: ella a gardé la vérité en son coeur plus que la chair en son sein. Le Christ est vérité, le Christ est chair. Le Christ vérité est dans le coeur de Marie, le Christ chair dans le sein de Marie; ce qui est dans le coeur est plus que ce qui est dans le ventre. Sainte est Marie, bienheureuse est Marie, mais l’Eglise est meilleure que la Vierge Marie. Pourquoi? parce que Marie est une partie de l’Eglise, un membre saint, un membre excellent, un membre suréeminent, mais pourtant un membre de corps tout entier. Si elle est membre du corps tout entier, le corps est plus assurément qu’un seule membre. la tête, c’est le Seigneur, et le Christ tout entier est tête et corps. Que dire? Nous avons une tête divine, nous avons Dieu pour tête.
Prière
C’est toi que j’invoque, O Dieu Vérité, source, principe, auteur de la vérité de tout ce qui est vrai. Dieu, de qui on ne se détourne que pour choir, vers qui se tourner, c’est se laver à nouveau et en qui demeurer, c’est trover un solide appui, sois-moi propice, o mon Dieu. Cfr. Soliloq. 1.3
PREMIERE LECTURE – Isaïe 55, 1-3 (commentaires de Marie Noëlle Thabut)
3 août, 2011du site:
http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut-p.html
Dimanche 31 juillet 2011: commentaires de Marie Noëlle Thabut
PREMIERE LECTURE – Isaïe 55, 1-3
1 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait
sans argent et sans rien payer.
2 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Ecoutez-moi donc : mangez de bonnes choses,
régalez-vous de viandes savoureuses !
3 Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez et vous vivrez.
Je ferai avec vous une alliance éternelle,
qui confirmera ma bienveillance envers David.
Voici la fin du deuxième livre d’Isaïe, tout entier tourné vers la fin de l’Exil et le retour vers le pays de la promesse : d’où le titre général de ce « livre de la consolation d’Israël » ; le chapitre 54 réitérait l’annonce du retour tant attendu ; le chapitre 55, le nôtre, précise bien dans quel esprit on doit rentrer. Rien de neuf donc dans tout cela, mais la répétition des thèmes majeurs de l’Alliance qu’on n’aurait jamais dû oublier, et qu’il est urgent d’assimiler si l’on ne veut pas revivre les mêmes cruelles expériences : quatre thèmes majeurs : je les prends dans l’ordre de notre texte :
Premier thème, la gratuité des dons de Dieu « venez acheter sans rien payer »,
Deuxième thème, la lutte contre l’idolâtrie,
Troisième thème, l’écoute (ou la confiance, c’est la même chose) : « Prêtez l’oreille, venez à moi, écoutez et vous vivrez. »
Quatrième thème : la fidélité de Dieu à son Alliance « Je ferai avec vous une alliance éternelle qui confirmera ma bienveillance envers David ».
Le plus difficile à entendre, peut-être, pour nos oreilles humaines, c’est le premier thème, la gratuité des dons de Dieu, or c’est précisément l’insistance majeure de ce chapitre 55. Nous nous obstinons toujours à parler de mérites et de dignité à regagner pour paraître devant Dieu, alors que le propre de la miséricorde est d’aimer se pencher sur les petits et les pécheurs. Dans les versets suivants, Isaïe force encore le trait, il insiste : « Car vos pensées ne sont pas mes pensées, dit Dieu… »
Combien de fois les philosophes ont-ils reproché aux religions d’inventer un Dieu à notre image! C’est Voltaire qui disait : « Dieu a fait l’homme à son image et l’homme le lui a bien rendu ». Et il avait raison en ce qui concerne les autres religions : c’est-à-dire que, spontanément (sans la Révélation biblique), nous imaginons un Dieu qui nous ressemble curieusement, qui éprouve les mêmes sentiments que nous : nous parlons de son amour, de sa justice, de sa colère, de son pardon sur le modèle de ce que nous vivons ; un amour limité et exclusif… une justice en forme de balance… une colère faite de frustration et de ressentiment… un pardon mesuré et conditionnel …
Et même pour nous, les héritiers de la Bible, qui avons des siècles de Révélation derrière nous, si j’ose dire, ce n’est pas encore acquis. Et les paroles du deuxième livre d’Isaïe ne sont pas de trop pour nous le redire. Les images qu’il emploie sont celles de l’opulence : « Mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! » N’oublions pas qu’elles sont adressées à des exilés réduits aux travaux forcés à Babylone, pour qui des images de banquets ressemblent à des rêves irréalisables. Et cette profusion de bonnes choses est totalement gratuite, ce qui est plus invraisemblable encore, à vues humaines : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. » Voilà les images que le prophète a choisies pour faire comprendre à ses contemporains la générosité du Dieu d’Israël. Si j’osais, je dirais « Au supermarché de Dieu, tout est toujours gratuit » !
Généralement, quand on tient ce genre de propos, il se trouve toujours quelqu’un pour dire « si nous n’avons pas besoin de gagner des mérites, alors nous allons nous conduire n’importe comment … » Je ne le crois pas du tout ; le jour où nous serons vraiment convaincus, et donc éblouis de l’amour de Dieu, alors notre coeur changera et nous commencerons à lui ressembler : le feu prendra et nous entrerons petit à petit dans le registre de la gratuité.
Notre Eglise a une tâche redoutable, il me semble : elle est une institution humaine, elle vit dans une société bâtie sur le commerce plus que sur le service ; et c’est au coeur même de cette société qu’elle doit faire germer le royaume de la gratuité. Il nous est interdit au nom de l’évangile et même au nom des prophètes de l’Ancien Testament de nous comporter comme une entreprise… Chaque fois que nous quittons le registre de la gratuité dans nos paroles ou dans nos actes, nous sommes loin des chemins de Dieu, pour reprendre le vocabulaire d’Isaïe. Notre mission de baptisés, c’est de témoigner au milieu des hommes non pas d’un AILLEURS, mais d’un AUTREMENT.
Le deuxième thème, à peine esquissé, mais bien présent, c’est la lutte contre l’idolâtrie : « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? » C’est-à-dire : ne cherchez pas ailleurs de faux bonheurs. On sait que la tentation d’idolâtrie n’était pas morte encore chez les exilés : pour la bonne raison que les dieux de leurs vainqueurs semblaient plus efficaces ! Cette deuxième partie du livre d’Isaïe, qui renferme les prédications du temps de l’Exil lutte vigoureusement contre cette tentation sans cesse renaissante. Dieu seul détient les clés de notre bonheur et de notre liberté et, avec lui, tout est donné. Il suffit de lui faire confiance.
Et c’est le troisième thème : « Prêtez l’oreille, venez à moi, écoutez et vous vivrez. » Nous qui prêtons l’oreille si volontiers à tant de publicités commerciales, (c’est-à-dire intéressées, dictées par le souci du profit), comment se fait-il que cette publicité-là, celle d’Isaïe, au nom de Dieu, frappée au coin de la gratuité ne nous « accroche » pas plus, si j’ose dire. Justement peut-être parce qu’il s’agit de gratuité et que cela nous est étranger. Le chemin de la gratuité est bien au-dessus de nos chemins de calcul et de donnant-donnant. Pourquoi ne pas admettre une fois pour toutes que nous sommes sans argent (je veux dire sans titres à faire valoir) devant Dieu et qu’il n’attend de nous qu’un coeur offert, une « oreille ouverte », comme dit la Bible. « Ecoutez, c’est-à-dire faites-moi confiance, attachez-vous à moi et vous vivrez », dit Isaïe.
Enfin, le quatrième thème de ce texte, et bien dans la ligne des deux autres, c’est la fidélité de Dieu à son Alliance « Je ferai avec vous une alliance éternelle qui confirmera ma bienveillance envers David ». C’est encore l’une des grandes lignes de force des prédications du deuxième Isaïe : exilés, on craignait d’être abandonnés de Dieu à tout jamais. On avait tant de fois manqué aux commandements dans le passé, Dieu ne s’était-il pas lassé de son peuple ? Non, bien sûr. Puisque son amour est totalement gratuit et sans conditions, le début de ce texte nous l’a rappelé, il ne remet jamais en cause son Alliance. Au contraire, il la renouvelle à chaque instant : l’allusion à David confirme l’enracinement lointain et la durée indéfectible de cette Alliance.
C’est un rappel des promesses faites jadis à David par le prophète Natan (2 S 7). Depuis ces lointains débuts de la royauté en Israël, on sait que sa dynastie fera naître un jour celui qu’on appelle le Messie et qui apportera définitivement la liberté et la paix à son peuple. Pendant l’Exil à Babylone, ces lointaines promesses pourraient paraître caduques, raison de plus pour que le prophète les rappelle.
CULTURE MEDIATIQUE ET ANNONCE DE L’EVANGILE (Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, 1994)
2 août, 2011du site:
CULTURE MEDIATIQUE ET ANNONCE DE L’EVANGILE
Cardinal Jean-Marie LUSTIGER
Archevêque de Paris, France
1. Nous sommes un vieux pays riche de souvenirs et d’oeuvres innombrables. Lorsque nous parlons de culture, nous pensons aux oeuvres, célèbres ou célébrées. Celles du passé, bien sûr, et celles du présent que nous voudrions sacraliser tout autant. Pour les sauver du gouffre de l’oubli, nous avons inventé les musées d’Art moderne ou contemporain. Ainsi, la culture, serait-ce les oeuvres que nous conservons et que les touristes viennent admirer?
Dissipons cette illusion. La culture, ce ne sont pas d’abord les oeuvres, mais la Vie et l’énergie qui les produisent.
En ce sens, la foi n’entre pas dans une culture, comme un visiteur entre dans un palais ou un musée! La foi est source de Vie et de culture. La foi fait naître des oeuvres de culture qui la font reconnaître: «Supposez qu’un arbre soit bon, son fruit sera bon; supposez-le mauvais, son fruit sera mauvais; c’est au fruit qu’on reconnaît l’arbre» (Mt 12, 33).
2. Nous sommes, dit-on, dans une civilisation technique, technologique, de masse … et Dieu sait quoi encore! Permettez-moi de mettre en lumière deux caractéristiques de cet état de choses: l’opinion et l’imaginaire médiatique.
2.1. L’opinion
Il ne s’agit plus ici de la définition soupçonneuse de Parménide opposée à la vérité de la pensée. Aujourd’hui, la raison même est soupçonnée. Comme un sophiste, elle semble démontrer n’importe quoi et son contraire. Le grand nombre s’habitue à penser que la certitude d’hier, obsolète aujourd’hui, sera, demain, erronée, tant les progrès de la science et de la technique provoquent d’incessants bouleversements des évidences.
En revanche, l’opinion est souveraine. L’opinion? La France fait une très grande consommation de sondages d’opinion. Que 51% d’un échantillon représentatif soient du même avis suffit pour que le débat paraisse tranché et que l’opinion dominante s’impose à tous. Ou, du moins pour que les opposants, s’ils s’obstinent, deviennent quelque peu suspects. Alors que l’indépendance est prônée comme valeur suprême, que le non-conformisme est donné en exemple, la puissance de l’opinion conduit le grand nombre à devenir aussitôt conforme à l’avis supposé d’une majorité prétendue! … Le conformisme des idées reçues et l’extrême fragilité des moeurs démontrent cette tentation de la culture inscrite dans la versatilité de l’imaginaire.
2.2. L’imaginaire médiatique
L’imaginaire, non pas celui des éveilleurs, du poète, du peintre ou du romancier; mais celui des producteurs, l’imaginaire médiatique. Les images de la télévision ou de la publicité se substituent à la réalité, au prix d’illusions et de mensonges. Ces images, fabriquées par quelques-uns, captivent l’imagination de nations entières; elles enferment les spectateurs qu’elles fascinent, dans le huis clos de leur solitude. Pour retenir le public, elles s’ajustent aux obscurs objets de son désir.
Il s’agit d’une drogue, parfois plus asservissante que toutes les autres, tant qu’elle n’est pas identifiée. En touchant et en captant des populations entières, elle alimente et conforte la tyrannie de l’opinion.
La domination par l’image introduit une régression terrifiante, car la culture, fruit des plus hautes activités humaines, se fonde sur la parole; elle suppose l’esprit, la capacité d’abstraire et de réfléchir, de contempler et d’aimer. La civilisation de l’image, fictive ou virtuelle, asservit l’intelligence du spectateur et l’aliène dans une passivité irresponsable. Elle fixe l’esprit dans les sens – vision sans regard, audition sans écoute, bientôt goûter, toucher, et déjà odorat. Et cette réduction, par la puissance de l’opinion, menace la force personnalisante de la culture humaine: elle ramène les personnes à se comporter comme les individus d’une espèce animale. Cette civilisation est vraiment mortelle.
3. Peut-on encore nommer culture ce fonctionnement social de l’opinion conjuguée à l’imaginaire médiatique?
Certes, comme en tout temps, des personnalités peuvent surgir en opposition à ces mécanismes. Mais, aussi fortes soient-elles, leurs réactions en restent tributaires: elles contribuent à les faire vivre, et, en les contestant, les renforcent. La récupération du mouvement hippy par la publicité américaine est une bonne illustration de ce mécanisme.
Telle serait l’attitude illusoire des chrétiens s’ils voulaient naïvement annoncer l’Evangile par la voie royale de l’opinion et par les figures idolâtriques du rêve et de l’imaginaire.
3.1. Dans cette culture de l’opinion, prédomine un souci de correction, ou, dira-t-on encore, de communication. Si l’Evangile n’est pas reçu, c’est, prétend-on, que le medium est inadapté. Il faudrait donc s’efforcer de mieux transmettre le message.
Mais, pour qu’il soit jugé accessible, lui faut-il devenir conforme à l’opinion dominante? Et faudrait-il taire ce qui éveille des résistances? La tyrannie du «pensable disponible» est sans mesure. Elle provoque les tumultes et les déplacements de l’imaginaire ainsi que les brouhahas de l’opinion. Dans une inflation des bruits, la parole humaine, dépréciée, dévaluée, devient insignifiante.
Ecoutons ce que nous dit le Seigneur: «Engeance de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, alors que vous êtes mauvais? Car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du coeur … Or, je vous le dis: les hommes rendront compte au jour du jugement de toute parole sans portée (sans fondement, vaine) qu’ils auront proférée. Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié, et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné» (Mt 12, 34-37).
Le Christ, Verbe de Dieu, nous oblige à reconnaître à la parole humaine sa singulière et rare puissance. La présence du Christ en son Corps qui est l’Eglise infléchit la trajectoire de la culture. Le Verbe incarné suscite et transfigure les oeuvres de l’intelligence humaine. La Parole de Vérité purifie l’imaginaire, rappelle à la liberté, demande le témoignage de la personne. La parole des croyants devient le lieu de leur martyre.
Car le chrétien et l’Eglise entrent toujours en procès avec la culture pour la délivrer: «Cela vous donnera une occasion de martyre» dit le Seigneur Jésus en annonçant à ses disciples la persécution, la passion qui les fait participer à l’oeuvre du salut. Il précise: «Je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourra contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous» (Lc 21, 13-15).
3.2. Dans une civilisation de l’imaginaire médiatique, l’esprit de l’homme devient prisonnier de l’objet proposé – imposé – à ses sens. Le Christ appelle la personne à reconnaître sa dignité en lui rappelant qu’elle est le sujet de son regard. Car il nous promet à la suprême vision où nous recevrons la pleine liberté des élus. «Nous serons semblables au Christ dans sa gloire, car nous le verrons tel qu’il est» (1 Jn 3 ,2). Tel est notre enfantement à la vie éternelle. Tel est aussi le combat où se manifestent, en notre existence terrestre, la splendeur de la Vérité, l’éclat du Verbe et la beauté du regard.
«La lampe du corps, c’est l’oeil. Si donc ton oeil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière. Mais si ton oeil est malade, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres!» (Mt 6, 22-23).
Ainsi, annonçant l’Évangile, les chrétiens travaillent à sauver notre culture. Mais ne nous y trompons pas. Il ne suffirait pas de travailler l’opinion ou d’accroître la masse des images en y ajoutant des images médiatiques supposées chrétiennes. Nous appelons nos contemporains à purifier leur regard, à permettre à la lumière d’écarter les ténèbres, à laisser la parole faire la vérité. Le Christ nous en avertis: pour chacun de nous peut advenir, en ce rude combat, l’heure des ténèbres: «Si ton oeil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi…» (Mt 5, 29). Le Seigneur parle ainsi de l’adultère, donc de l’idolâtrie. L’oeil, fasciné par l’image – eidolon, idole – n’est pas libre de contempler l’Image – Icône – du Dieu invisible.
4. Mon désir était d’esquisser un diagnostic et de demander à la Parole de Dieu un chemin de guérison.
Que les croyants découvrent la racine de leur choix et la radicalité à laquelle leur baptême les appelle.
la visión empobrecida a través de una nueva escucha de la Palabra.
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1 août, 2011II. LES FEMMES DE L’ANCIEN TESTAMENT
1 août, 2011du site:
http://www.ssccjm.org/spiritualite/femmesbible/lesfemmesdanslabible_ancientestament.html
II. LES FEMMES DE L’ANCIEN TESTAMENT
1. Ève
Pour expliquer le sort de la femme dans l’histoire de l’humanité, nos ancêtres ont essayé de répondre à cette grande question de la condition humaine en remontant aux origines du monde pour tenter d’y découvrir le plan de Dieu sur les êtres humains. Un peu comme lorsqu’on essaie de s’expliquer une situation présente en retournant à son enfance. Voyons ensemble les deux récits de la création.
Bien sûr, les récits de la création ne sont pas des reportages en direct. On ne possédait à l’époque ni enregistreuses, ni ciné-caméras. Les journalistes n’étaient pas sur place pour capter les images ou les premières paroles de Dieu le Père coupant le ruban lors du lancement de la planète terre. Les deux récits ont été écrits très longtemps après les débuts du monde. Donc, il faut bien admettre que personne ne pouvait savoir ce qui s’était passé exactement aux origines. Ils ont quand même quelque chose à nous dire.
Premier récit de la création (Gn 1, 1-31)
« Dieu créa l’être humain à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Genèse 1, 27).
Il est important de remarquer le jeu des pronoms qui passent du singulier au pluriel, ce qui montre que dans l’ »Adam » les deux sexes sont indissolublement créés et associés. Ainsi, l’image de Dieu est définitivement reproduite dans l’élément mâle et l’élément femelle; conséquemment Dieu est au-delà des deux sexes et il ne saurait être réduit à des représentations masculines ou féminines.
Dieu créa donc l’homme et la femme dans l’unité, sur un pied d’égalité : les deux à son image. La bénédiction s’adresse au couple : « Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre… » (Genèse 1, 28)
Le Dieu de la Bible est un Dieu de liberté. Dans ce contexte de liberté, Dieu ne pouvait créer que des êtres humains égaux.
Deuxième récit de la création (Gn 2, 4-25)
Au premier humain tiré de la glaise, Dieu donne la vie. Il se hâte de lui trouver un autre être semblable. Comme si un homme seul ne pouvait vraiment exister, pas plus qu’une femme seule. Alors il endort Adam, lui prend une côte et façonne une femme. Ce geste n’a sûrement rien à voir avec une mystérieuse opération de magicien. L’expression est étrange, mais elle nous dit quelque chose de très important qu’il vaut la peine de souligner. L’expression « côte à côte » n’est-elle pas souvent utilisée pour parler de solidarité de couple ?
La femme est « tirée du côté » de l’homme… elle est de son côté, elle est de son « bord »; elle est en dehors de la série d’animaux qui venaient de défiler devant Adam… elle est de la même « sorte de vie »… « C’est l’os de mes os, la chair de ma chair. Celle-ci sera appelée « femme » car elle fut tirée de l’homme. » (Gn 2, 23).
L’égalité, l’unité entre l’homme et la femme, est le vrai sens du récit de la création. L’être humain est un être de dialogue avec son semblable, et non un être de domination.
Ainsi les récits de la création, bien que rédigés dans un contexte fortement patriarcal, nous révèlent que, hommes et femmes, nous partageons la même nature humaine avec les mêmes pouvoirs et les mêmes privilèges. Le premier texte insiste principalement sur la similarité des deux sexes, et non sur leurs différences… sur la possibilité d’être l’un pour l’autre un vis-à-vis de même nature… Le second texte peut être interprété de telle façon que l’on découvre l’intimité qui peut exister entre l’homme et la femme, la côte ou le côté étant l’espace physique où deux êtres amis ou amoureux peuvent s’appuyer l’un contre l’autre. Une grande harmonie entre l’homme et la femme fait partie du projet de Dieu sur l’humanité, et c’est à nous que revient la tâche de le concrétiser aujourd’hui.
L’auteur voit bien la situation d’inégalité dans laquelle vivent les femmes de son temps. Elles sont exclues de la pratique et de l’étude de la Loi à cause de leur impureté et en vue de mieux sauvegarder leur rôle maternel. Elles enfantent dans la douleur. On ne doit pas leur adresser la parole sur la rue… Pourquoi ? Il essaie de comprendre et de trouver une explication. Et il trouve un appui dans les traditions de son peuple. Si des situations semblables existent, c’est que quelqu’un, au début de l’humanité, a péché. L’auteur biblique, tenant compte de « la tragédie et de l’absurdité de la condition humaine », a donné une explication exclusivement masculine d’une société dominée par les hommes.
Et pourtant, si l’on revient au sens du nom « Adam » du début, il désigne, on l’a dit déjà, l’humanité et non un être humain mâle. Le récit nous rappelle que les êtres humains peuvent se blesser les uns les autres, ils ne prennent pas toujours les bonnes décisions, font des erreurs, se cherchent… Et cela, depuis qu’il y a des êtres humains.
De plus, on a souvent raconté le récit de la tentation en remettant toute la responsabilité sur le dos d’Ève. Dans ce récit, pourtant, la responsabilité est partagée : c’est lorsque Adam a mangé le fruit que le péché est consommé et que leurs yeux s’ouvrent. Ce récit nous montre la coresponsabilité dans la faute. Pourtant, cette lecture nous a apporté à nous les femmes bien des pépins…
Même si le message théologique contenu dans ce passage est que les êtres humains, sans différence de sexe, sont également responsables dans la faute, parce qu’ils ont été ensemble infidèles à la parole de Dieu et ont dévié profondément de leur destin d’êtres créés et appelés à être images de Dieu, un bon nombre de textes de la tradition chrétienne seront marqués par la conception de la femme tentatrice, séductrice et subordonnée à l’homme. Plusieurs auteurs y ont trouvé le fondement de leur misogynie et de l’imposition d’une subordination de l’homme sur la femme. (Cf. un peu plus loin le texte « C’est à cause d’Ève »).
Il faut que les femmes s’exorcisent du péché originel, qui serait l’intériorisation de la faute et de la culpabilité, qui amène les femmes à être des complices de l’oppression qui pèse sur elles et à se sentir coupables de tous les maux. Il est temps que les femmes se débarrassent de ce que l’on a appelé « le complexe d’Ève », ce complexe qui conduit les femmes à accepter d’être coupables et victimes dans beaucoup de situations difficiles.
Prier avec les femmes de la Bible
TEXTE : »C’est à cause d’Ève » de Lucie Lépine, extrait de : « Nos sœurs oubliées, les femmes de la Bible « , p. 46-47-48).
C’est à cause d’Ève, dit-on, à cause du fruit qu’elle a croqué, qu’on nous accuse d’incarner les caractéristiques suivantes :
Tentatrices, provocantes, séductrices, curieuses, frivoles, un peu « fofolles », sans tête sur les épaules.
Impures, dangereuses pour la vocation des hommes.
Rusées, avec plus d’un tour dans notre sac.
Faibles, impuissantes, ayant besoin d’un rapport, d’un soutien, d’un homme fort.
C’est à cause d’Ève, si l’on juge qu’on ne peut faire confiance à nos décisions; que nous sommes trop émotives, non rationnelles; que nous pleurons pour des riens.
C’est à cause d’Ève, si l’on nous rend responsables de tous les maux : quand les enfants éprouvent de la difficulté à l’école, c’est parce que nous travaillons à l’extérieur; si notre enfant manque d’autonomie, c’est que nous sommes trop possessives; si au contraire, il est trop indépendant, alors nous sommes trop permissives; quand l’enfant a des problèmes, il s’agit de notre fils, de notre fille; quand il se révèle intelligent, c’est le fils, la fille du père; si notre conjoint nous quitte, nous n’avons pas su le garder; si notre conjoint est violent, nous l’avons mérité.
C’est à cause d’Ève, si nous sommes « derrière » les grands hommes et non à côté d’eux.
C’est à cause des filles d’Ève, si tout va mal dans les familles, à cause des femmes, surtout de celles qui veulent prendre une autre place que celle qui leur est assignée.
Cependant, si « on a le tour » avec elles, elles peuvent facilement devenir obéissantes, douces, serviables, patientes, compréhensives, humbles; elles peuvent tout donner; elles peuvent s’avérer utiles quand elles sont belles et ne parlent pas trop; on peut s’en servir pour vendre des « Chrysler » et sourire dans les jeux questionnaires télévisés; elles sont faites pour être l’épouse de… la mère de… en dépit de leurs tendances possessives, dominatrices ou mères poules; elles possèdent une aptitude spéciale pour s’occuper des enfants; elles ont un don particulier pour la cuisine, le ménage, la décoration, l’éducation, tous les services, les emplois peu payés; on dirait qu’elles ont été créées pour ça : être en sous-ordre, collaborer dans l’anonymat, le bénévolat, l’apostolat.
Ah ! Si Ève avait laissé Adam mordre le premier…
Sr Lise Plante, ss.cc.j.m.
Pape Benoît: les témoignages d’Edith Stein et de Maximilien Marie Kolbe (2008)
1 août, 2011du site:
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 13 août 2008
Celui qui prie ne perd jamais l’espérance,
les témoignages d’Edith Stein et de Maximilien Marie Kolbe
Chers frères et sœurs!
De retour de Bressanone, où j’ai pu passer une période de repos, je suis content de vous rencontrer et de vous saluer, chers habitants de Castel Gandolfo, et vous pèlerins qui êtes venus aujourd’hui me rendre visite. Je voudrais encore une fois remercier ceux qui m’ont accueilli et ont veillé sur mon séjour en montagne. Ce furent des jours de détente sereine, au cours desquels je n’ai cessé de rappeler au Seigneur tous ceux qui s’en remettent à mes prières. Et ils sont vraiment très nombreux tous ceux qui m’écrivent en me demandant de prier pour eux. Ils m’expriment leurs joies, mais aussi leurs inquiétudes, leurs projets de vie, ainsi que les problèmes familiaux et professionnels, les attentes et les espoirs qu’ils portent dans leur cœur, avec les angoisses liées aux incertitudes que l’humanité vit en ce moment. Je peux assurer que je me souviens de tous et de chacun, en particulier lors de la célébration quotidienne de la Messe et de la récitation du Rosaire. Je sais bien que le premier service que je peux rendre à l’Eglise et à l’humanité est précisément celui de la prière, parce qu’en priant je place entre les mains du Seigneur avec confiance le ministère qu’il m’a lui-même confié, avec le destin de toute la communauté ecclésiale et civile.
Celui qui prie ne perd jamais l’espérance, même lorsqu’il en vient à se trouver dans des situations difficiles voire humainement désespérées. C’est ce que nous enseigne la Sainte Ecriture et ce dont témoigne l’histoire de l’Eglise. Combien d’exemples, en effet, pourrions nous apporter de situations où ce fut véritablement la prière qui soutint le chemin des saints et du peuple chrétien! Parmi les témoignages de notre époque je voudrais citer celui de deux saints dont nous célébrons ces jours-ci la mémoire: Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, dont nous avons célébré la fête le 9 août, et Maximilien Marie Kolbe, que nous célébrerons demain, 14 août, veille de la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie. Tous deux ont conclu leur vie terrestre par le martyre dans le camp d’Auschwitz. Apparemment leurs existences pourraient être considérées comme un échec, mais c’est précisément dans leur martyre que resplendit l’éclair de l’Amour, qui vainc les ténèbres de l’égoïsme et de la haine. A saint Maximilien Kolbe sont attribuées les paroles suivantes qu’il aurait prononcées en pleine fureur de la persécution nazie: « La haine n’est pas une force créatrice: seul l’amour en est une ». Et il apporta une preuve héroïque de l’amour en s’offrant généreusement en échange de l’un de ses compagnons de prison, une offrande qui culmina par sa mort dans le bunker de la faim, le 14 août 1941.
Edith Stein, le 6 août de l’année suivante, à trois jours de sa fin dramatique, approchant des consœurs du monastère de Echt, en Hollande, leur dit: « Je suis prête à tout. Jésus est ici aussi au milieu de nous, jusqu’à présent j’ai pu très bien prier et j’ai dit de tout mon cœur: « Ave, Crux, spes unica »". Des témoins qui parvinrent à échapper à l’horrible massacre racontèrent que Thérèse Bénédicte de la Croix, tandis qu’elle revêtait l’habit carmélitain, avançait consciemment vers sa mort, elle se distinguait par son comportement empli de paix, par son attitude sereine et par des manières calmes et attentives aux nécessités de tous. La prière fut le secret de cette sainte copatronne de l’Europe, qui « même après être parvenue à la vérité dans la paix de la vie contemplative, dut vivre jusqu’au bout le mystère de la Croix » (Lettre apostolique Spes aedificandi, Enseignements de Jean-Paul II, XX, 2, 1999, p. 511).
« Ave Maria! »: ce fut la dernière invocation sur les lèvres de saint Maximilien Marie Kolbe tandis qu’il tendait le bras à celui qui le tuait par une injection d’acide phénique. Il est émouvant de constater comment le recours humble et confiant à la Vierge est toujours une source de courage et de sérénité. Alors que nous nous préparons à célébrer la solennité de l’Assomption, qui est l’une des célébrations mariales les plus chères à la tradition chrétienne, nous renouvelons notre consécration à Celle qui depuis le Ciel veille à tout instant sur nous avec un amour maternel. Tel est en effet ce que nous disons dans la prière familière du « Je vous salue Marie », en lui demandant de prier pour nous « aujourd’hui et à l’heure de notre mort ».