Archive pour août, 2011

homélie du 22e dimanche ordinaire A

27 août, 2011

du site:

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/

homélie du 22e dimanche ordinaire A

Jr 20, 7-9 ; Rm 12, 1-2 ; Mt 16, 21-27

Bâtir sur le roc, c’est construire solide. Une assurance pour la vie, un succès assuré. « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise… ». Il est vrai qu’avant cette solennelle affirmation de Jésus, Simon-Pierre, au nom des disciples, avait merveilleusement affirmé sa foi au « Fils du Dieu Vivant ». « Tu es le Messie ! ». Hélas, placé sur la route, le roc peut devenir obstacle et faire trébucher les plus forts. De même, les credos les plus convaincants, les certitudes les plus profondément ancrées, gardent la fragilité des vases d’argile, si ce n’est l’illusoire sécurité de l’orgueil.
Claironner sa foi devant un public admiratif, suivre Jésus sous les applaudissements, les flashes et l’œil des caméras de la télévision, c’est une chose qui peut être grisante. Mais suivre inconditionnellement un prophète non-conformiste et son programme toujours dérangeant, essuyer quolibets, railleries et menaces, sacrifier ses illusions, renoncer aux rêves de succès et prendre de nombreux risques, c’est tout autre chose.
A peine Jésus a-t-il mis cartes sur table que Pierre-la-Fondation devient pierre d’achoppement, un piège sur la route du Seigneur. Hier, le fils de Yonas avait laissé parler en lui la voix de Dieu. Aujourd’hui, il l’étouffe et laisse s’exprimer la voix de la chair et du sang. Effrayé par les sombres perspectives d’avenir subitement entrevues, et déçu de voir menacées ses visions oniriques, Pierre passe de la louange aux vifs reproches, jusqu’à gommer la révélation et l’espérance de la résurrection. Non, Seigneur ! Tu n’auras pas à souffrir de la part des autorités religieuses, ni des garants de la Loi. Et tu n’as rien à craindre des scribes qui connaissent et conservent fidèlement « la tradition des anciens ». « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Peut-on imaginer le Messie, le Fils du Dieu Vivant, mis à mort par le Grand Conseil ? C’est totalement inconcevable… Simon, « baptisé » Pierre, devient Satan. Et le « Suis-moi » d’hier se transforme en « Va-t-en loin de moi, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ».
La leçon a certes porté, mais aucune leçon n’est définitive. C’est chaque jour qu’il nous faut méditer l’oracle du Seigneur : « Vos pensées ne sont pas mes pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins » (Is 55, 8). C’est chaque jour aussi qu’il nous faut, comme le dit Paul, nous transformer en renouvelant notre façon de penser, pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu, au lieu de prendre pour modèle le monde présent.
On retrouvera Pierre à la dernière Cène, bien éveillé, au Jardin des Oliviers, profondément endormi. Dans la cour du palais du Grand Prêtre, le « Roc » trahit son Maître pour « sauver sa vie »… Et l’on vit même les disciples, après la résurrection, poser cette étonnante question : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? ». Leur foi était encore encombrée et perturbée par des idées triomphalistes.
Preuve éclatante d’authenticité, les évangélistes n’ont pas cédé aux tentations de la publicité et de la propagande, avec des portraits idéalisés et toujours angéliques, pour nous présenter les colonnes de l’Eglise. Des êtres humains, des croyants, mais qui portent le trésor de Jésus Christ et de l’Evangile « dans des vases d’argile » (2 Co 4, 7).
Tout chrétien qui ne se laisse pas modeler par le monde, la pression des majorités et celle des idéologies, et qui ne cède pas aux « envoûtements de l’argent et de la puissance », perd sa vie à cause du Christ, et la gardera.
Aujourd’hui encore, la Parole et les Béatitudes du Seigneur attirent, comme sur Jérémie, « l’injure et la moquerie », et même des menaces de mort.
Nous avons nous aussi, à offrir notre personne et notre vie en sacrifice et rendre ainsi à Dieu l’adoration et le culte véritable. Tout cela se vit et s’expérimente dans l’eucharistie. Par sa Parole, le Christ se fait connaître tel qu’il est, sans masque. Comme Pierre, nous sommes invités ensuite à affirmer notre credo en ce Jésus-là. Mais ce credo de la tête ou du cœur, qui s’exprime toujours en paroles, doit se traduire aussitôt en dispositions à le suivre. C’est le sacrifice saint, comme nous le rappelle Paul, qui nous permet vraiment de communier à celui de Jésus, toujours disponible pour faire la volonté de son Père, même au risque de sa vie. La qualité et l’authenticité de l’eucharistie se mesurent et se prouvent après la célébration, quand notre conduite est conforme au credo proclamé et à la communion exprimée. Quand la messe est finie, tout commence.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

SAINT AUGUSTIN : CE QU’IL SAIT AVEC CERTITUDE, C’EST QU’IL AIME DIEU.

27 août, 2011

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/confessions/livre10.htm#_Toc509574567

SAINT AUGUSTIN – LES CONFESSIONS – LIVRE DIXIÈME –

CHAPITRE VI.

CE QU’IL SAIT AVEC CERTITUDE, C’EST QU’IL AIME DIEU.
 
8.         Ce que je sais, de toute la certitude de la conscience, Seigneur, c’est que je vous aime. Vous avez percé mon coeur de votre parole, et à l’instant je vous aimai. Le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ne me disent-ils pas aussi de toutes parts qu’il faut que je vous aime? Et ils ne cessent de le dire aux hommes, « afin qu’ils demeurent sans excuse ( Rom. I, 20). » Mais le langage de votre miséricorde est plus intérieur en celui dont vous daignez avoir pitié, et à qui il vous plaît de faire grâce (Ibid, IX ; 15); autrement le ciel et la terre racontent vos louanges à des sourds.
Qu’aimé-je donc en vous aimant? Ce n’est point la beauté selon l’étendue, ni la gloire selon le temps, ni l’éclat de cette lumière amie à nos yeux, ni les douces mélodies du chant, ni la suave odorance des fleurs et des parfums, ni la manne, ni le miel, ni les délices de la volupté.
Ce n’est pas là ce que j’aime en aimant mon Dieu, et pourtant j’aime une lumière, une mélodie, une odeur, un aliment, une volupté, en aimant mon Dieu; cette lumière, cette mélodie, cette odeur, cet aliment, cette volupté, suivant l’homme intérieur; lumière, harmonie, senteur, saveur, amour de l’âme, qui défient les limites de l’étendue, et les mesures du temps, et le souffle des vents, et la dent de la faim, et le dégoût de la jouissance, Voilà ce que j’aime en aimant mon Dieu.
9.         Et qu’est-ce enfin? J’ai interrogé la terre, et elle m’a dit: « Ce n’est pas moi. » Et tout ce qu’elle porte m’a fait même aveu. J’ai interrogé la mer et les abîmes, et les êtres animés qui glissent sous les eaux, et ils ont répondu: « Nous ne sommes pas ton Dieu; cherche au-dessus de nous. » J’ai interrogé les vents, et l’air avec ses habitants m’a dit de toutes parts: « Anaximènes se trompe; je ne suis pas Dieu. » J’interroge le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, et ils me répondent: « Nous ne sommes pas non plus le Dieu que tu cherches. » Et je dis enfin à tous les objets qui se pressent aux portes de mes sens: « Parlez-moi de mon Dieu, puisque vous ne l’êtes pas; dites-moi de lui quelque chose. » Et ils me crient d’une voix éclatante: « C’est lui qui nous a faits ( Ps. XCIX, 3). »
La voix seule de mon désir interrogeait les créatures, et leur seule beauté était leur réponse. Et je me retournai vers moi-même, et je me suis dit : Et toi, qu’es-tu? Et j’ai répondu:
« Homme. » Et deux êtres sont sous mon obéissance; l’un extérieur, le corps; l’autre en moi et caché, l’âme. Auquel devais-je plutôt demander mon Dieu, vainement cherché, à travers le voile de mon corps, depuis la terre jusqu’au ciel, aussi loin que je puisse lancer en émissaires les rayons de mes yeux? (454)
Il valait mieux consulter l’être intérieur, car tous les envoyés des corps s’adressaient au tribunal de ce juge secret des réponses du ciel et de la terre et des créatures qui s’écriaient Nous ne sommes pas Dieu, mais son ouvrage. L’homme intérieur se sert de l’autre comme instrument de sa connaissance externe; moi, cet homme intérieur, moi esprit, j’ai cette connaissance par le sens corporel. J’ai demandé mon Dieu à l’univers, et il m’a répondu : Je ne suis pas Dieu, je suis son oeuvre.
10.       Mais l’univers n’offre-t-il pas même apparence à quiconque jouit de l’intégrité de ses sens? Pourquoi donc ne tient-il pas à tous même langage? Animaux grands et petits le voient, sans pouvoir l’interroger, en l’absence d’une raison maîtresse qui préside aux rapports des sens. Les hommes ont ce pouvoir afin que les grandeurs invisibles de Dieu soient aperçues par l’intelligence de ses ouvrages ( Rom. I, 20). Mais ils cèdent à l’amour des créatures; et, devenus leurs esclaves, ils ne peuvent plus être leurs juges.
Et elles ne répondent qu’à ceux qui les interrogent comme juges; et ce n’est point que leur langage, ou plutôt leur nature, varie, si l’un ne fait que voir, si l’autre, en voyant, interroge; mais dans leur apparente constance, muettes pour celui-ci, elles parlent à celui-là, ou plutôt elles parlent à tous, mais elles ne sont entendues que des hommes qui confrontent ces dispositions sensibles avec le témoignage intérieur de la vérité. Car la Vérité me dit : Ton Dieu n’est ni le ciel, ni la terre, ni tout autre corps. Et leur nature même dit aux yeux: Toute grandeur corporelle est moindre en sa partie qu’en son tout. Et tu es supérieure à tout cela; c’est à toi que je parle, ô mon âme, puisque tu donnes à ton corps cette vie végétative, que nul corps ne donne à un autre. Mais ton Dieu est la vie même de la vie. 
 

Saint-Augustin et de Santa Monica à Ostie, peu avant la mort de Monica

26 août, 2011

Saint-Augustin et de Santa Monica à Ostie, peu avant la mort de Monica dans images sacrée SantaMonica

http://blog.libero.it/Leragionidelmare/9197845.html

BENOÎT XVI: SAINT AUGUSTIN ET SAINTE MONIQUE (2010)

26 août, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100825_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Palais pontifical de Castel Gandolfo
Mercredi 25 août 2010

SAINT AUGUSTIN ET SAINTE MONIQUE

Chers frères et sœurs,

Dans la vie de chacun de nous, il y a des personnes très chères, que nous sentons particulièrement proches, certaines sont déjà dans les bras de Dieu, d’autres parcourent encore avec nous le chemin de la vie: ce sont nos parents, notre famille, les éducateurs; ce sont des personnes auxquelles nous avons fait du bien, ou dont nous avons reçu du bien; ce sont des personnes sur lesquelles nous savons pouvoir compter. Il est important, cependant, d’avoir également des «compagnons de route» sur le chemin de notre vie chrétienne: je pense au directeur spirituel, au confesseur, à des personnes avec lesquelles on peut partager sa propre expérience de foi, mais je pense également à la Vierge Marie et aux saints. Chacun devrait avoir un saint qui lui soit familier, pour le sentir proche à travers la prière et l’intercession, mais également pour l’imiter. Je voudrais donc vous inviter à faire davantage connaissance avec les saints, à commencer par celui dont vous portez le nom, en lisant sa vie, ses écrits. Soyez certains qu’ils deviendront de bons guides pour aimer encore davantage le Seigneur et des soutiens sûrs pour votre croissance humaine et chrétienne.
Comme vous le savez, je suis moi aussi lié de manière particulière à certaines figures de saints: parmi celles-ci, outre saint Joseph et saint Benoît dont je porte le nom, ainsi que d’autres, il y a saint Augustin, que j’ai eu le grand don de connaître de près, pour ainsi dire, à travers l’étude et la prière et qui est devenu un bon «compagnon de route» dans ma vie et dans mon ministère. Je voudrais souligner encore une fois un aspect important de son expérience humaine et chrétienne, également actuel à notre époque où il semble que le relativisme soit paradoxalement la «vérité» qui doit guider la pensée, les choix, les comportements.
Saint Augustin est un homme qui n’a jamais vécu de manière superficielle; la soif, la recherche tourmentée et constante de la Vérité est l’une des caractéristiques de fond de son existence; mais pas cependant des «pseudo-vérités» incapables d’apporter une paix durable dans le cœur, mais de cette Vérité qui donne un sens à l’existence et qui est «la demeure» dans laquelle le cœur trouve la sérénité et la joie. Son chemin, nous le savons, n’a pas été facile: il a pensé trouver la Vérité dans le prestige, dans la carrière, dans la possession des choses, dans les voix qui lui promettaient un bonheur immédiat; il a commis des erreurs, il a traversé des moments de tristesse, il a affronté des échecs, mais il ne s’est jamais arrêté, il ne s’est jamais contenté de ce qui lui apportait seulement une étincelle de lumière; il a su regarder au plus profond de lui-même et il s’est rendu compte, comme il l’écrit dans les Confessions, que cette Vérité, ce Dieu qu’il cherchait de toutes ses forces était plus proche de lui que lui-même, il avait toujours été à ses côtés, il ne l’avait jamais abandonné, il était dans l’attente de pouvoir entrer de manière définitive dans sa vie (cf. III, 6, 11; X, 27, 38). Comme je le disais en commentant le récent film sur sa vie, saint Augustin a compris, dans sa recherche tourmentée, que ce n’est pas lui qui a trouvé la Vérité, mais que c’est la vérité elle-même, qui est Dieu, qui l’a cherché et qui l’a trouvé (cf. ORLF n. 36 du 8 septembre 2009). Romano Guardini, commentant un passage du troisième chapitre des Confessions, affirme: saint Augustin comprit que Dieu est «gloire qui nous jette à genoux, boisson qui étanche la soif, trésor qui rend heureux, [...il eut] la certitude apaisante de celui qui a finalement compris, mais également la béatitude de l’amour qui sait: Cela est tout et me suffit» (Pensatori religiosi, Brescia 2001, p. 177).
Toujours dans les Confessions, au Livre neuf, notre saint rapporte une conversation avec sa mère, sainte Monique, dont on célèbre la fête vendredi prochain, après-demain. C’est une très belle scène: sa mère et lui sont à Ostie, dans une auberge, et de la fenêtre, ils voient le ciel et la mer, et ils transcendent le ciel et la mer, et pendant un moment, ils touchent le cœur de Dieu dans le silence des créatures. Et ici apparaît une idée fondamentale dans le chemin vers la Vérité: les créatures doivent se taire si l’on veut qu’apparaisse le silence dans lequel Dieu peut parler. Cela est toujours vrai également à notre époque: on a parfois une sorte de crainte du silence, du recueillement, de penser à ses propres actions, au sens profond de sa propre vie, on préfère souvent ne vivre que le moment qui passe, en ayant l’illusion qu’il apportera un bonheur durable; on préfère vivre, parce que cela semble plus facile, de manière superficielle, sans penser; on a peur de chercher la Vérité ou on a peut-être peur que la Vérité nous trouve, nous saisisse et change notre vie, comme cela s’est produit pour saint Augustin.
Chers frères et sœurs, je voudrais dire à tous, même à ceux qui sont dans un moment de difficulté dans leur chemin de foi, à ceux qui participent peu à la vie de l’Eglise ou à ceux qui vivent «comme si Dieu n’existait pas», de ne pas avoir peur de la Vérité, de ne jamais interrompre le chemin vers celle-ci, de ne jamais cesser de rechercher la vérité profonde sur soi-même et sur les choses avec le regard intérieur du cœur. Dieu ne manquera pas de nous donner la Lumière pour nous faire voir et la Chaleur pour faire sentir à notre cœur qu’il nous aime et qu’il désire être aimé.

Que l’intercession de la Vierge Marie, de saint Augustin et de sainte Monique nous accompagne sur ce chemin.

27 août : LA MORT DE SAINTE MONIQUE MÈRE DE SAINT AUGUSTIN (Le Confession)

26 août, 2011

du site: 

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/confessions/livre9.htm#_Toc509573582

LA MORT DE SAINTE MONIQUE MÈRE DE SAINT AUGUSTIN

LES CONFESSIONS – LIVRE IX  -CHAPITRE X ET XI

CHAPITRE X.

ENTRETIEN DE SAINTE MONIQUE AVEC SON FILS SUR LE BONHEUR DE LA VIE ÉTERNELLE.
 
23.A l’approche du jour où elle devait sortir de cette vie, jour que nous ignorions, et connu de vous, il arriva, je crois, par votre disposition secrète, que nous nous trouvions seuls, elle et moi, appuyés contre une fenêtre, d’où la vue s’étendait sur le jardin de la maison où nous étions descendus, au port d’Ostie. C’est là que, loin de la foule, après les fatigues d’une longue route, nous attendions le moment de la traversée.
Nous étions seuls, conversant avec une ineffable douceur, et dans l’oubli du passé, dévorant l’horizon de l’avenir ( Philip. III, 13), nous cherchions entre nous, en présence de la Vérité que vous êtes, quelle sera pour les saints cette vie éternelle « que l’oeil n’a pas vue, que l’oreille n’a pas entendue, et où n’atteint pas le coeur de l’homme (I Cor. II, 9). » Et nous aspirions des lèvres de l’âme aux sublimes courants de votre fontaine, fontaine de vie qui réside en vous (Ps. XXXV, 10), afin que, pénétrée selon sa mesure de la rosée céleste, notre pensée pût planer dans les hauteurs.
24.Et nos discours arrivant à cette conclusion, que la plus vive joie des sens dans le plus vif éclat des splendeurs corporelles, loin de soutenir le parallèle avec la félicité d’une telle vie, ne méritait pas même un nom, portés par un nouvel élan d’amour vers Celui qui est, nous nous promenâmes par les échelons des corps jusqu’aux espaces célestes d’où les étoiles, la lune et le soleil nous envoient leur lumière; et montant encore plus haut dans nos, pensées, dans nos paroles, dans l’admiration de vos oeuvres, nous traversâmes nos âmes pour atteindre, bien au-delà, cette région d’inépuisable abondance, où vous rassasiez éternellement (447) Israël de la nourriture de vérité, et où la vie est la sagesse créatrice de ce qui est, de ce qui a été, de ce qui sera; sagesse incréée, qui est ce qu’elle a été, ce qu’elle sera toujours; ou plutôt en qui ne se trouvent ni avoir été, ni devoir être, mais l’être seul, parce qu’elle est éternelle; car avoir été et devoir être exclut l’éternité.
Et en parlant ainsi, dans nos amoureux élans vers cette vie, nous y touchâmes un instant d’un bond de coeur, et nous soupirâmes en y laissant captives les prémices de l’esprit, et nous redescendîmes dans le bruit dé la voix, dans la parole qui commence et finit. Et qu’y a-t-il là de semblable à votre Verbe, Notre-Seigneur, dont l’immuable permanence en soi renouvelle toutes choses (Sag. VII, 27)?
25. Nous disions donc: qu’une âme soit; en qui les révoltes de la chair, le spectacle de la terre, des eaux, de l’air et des cieux, fassent silence, qui se fasse silence à elle-même qu’oublieuse de soi, elle franchisse le seuil intérieur; songes, visions fantastiques, toute langue, tout signe, tout ce qui passe, venant à se taire; car tout cela dit à qui sait entendre:
Je ne suis pas mon ouvrage; celui qui m’a fait est Celui qui demeure dans l’éternité ( Ps. XCIX, 3,5) ; que cette dernière voix s’évanouisse dans le silence, après avoir élevé notre âme vers l’Auteur de toutes choses, et qu’il parle lui seul, non par ses créatures, mais par lui-même, et que son Verbe nous parle, non plus par la langue charnelle, ni par la voix de l’ange, ni par le bruit de la nuée, ni par l’énigme de la parabole; mais qu’il nous parle lui seul que nous aimons en tout, qu’en l’absence de tout il nous parle; que notre pensée, dont l’aile rapide atteint en ce moment même l’éternelle sagesse immuable au-dessus de tout, se soutienne dans cet essor, et que, toute vue d’un ordre inférieur cessante, elle seule ravisse, captive, absorbe le contemplateur dans ses secrètes joies; qu’enfin la vie éternelle soit semblable à cette fugitive extase, qui nous fait soupirer encore; n’est-ce pas la promesse de cette parole : « Entre dans la joie de ton Seigneur (Matth. XXV, 21) ? » Et quand cela? Sera-ce alors que « nous ressusciterons tous, sans néanmoins être tous changés (I Cor. XV, 51)?»
26. Telles étaient les pensées, sinon les paroles, de notre entretien. Et vous savez, Seigneur, que ce jour même où nous parlions ainsi, où le monde avec tous ses charmes nous paraissait si bas, elle me dit: « Mon fils, en ce qui me regarde, rien ne m’attache plus à cette vie. Qu’y ferais-je? pourquoi y suis-je encore? J’ai consommé dans le siècle toute mon espérance. Il était une seule chose pour laquelle je désirais séjourner quelque peu dans cette vie, c’était « de te voir chrétien catholique avant de mourir. Mon Dieu me l’a donné avec surabondance, puisque je te vois mépriser toute félicité terrestre pour le servir. Que fais-je encore ici? »
 
CHAPITRE XI.
DERNIÈRES PAROLES DE SAINTE MONIQUE.
 
27.       Ce que je répond,is à ces paroles, je ne m’en souviens pas bien; mais à cinq ou six jours de là, la fièvre la mit au lit. Un jour dans sa maladie, elle perdit connaissance et fut un moment enlevée à tout ce qui l’entourait. Nous accourûmes; elle reprit bientôt ses sens, et nous regardant mon frère et moi, debout auprès d’elle; elle nous dit comme nous interrogeant: « Où étais-je? » Et à l’aspect de notre douleur muette : « Vous laisserez ici, votre mère! » Je gardais le silence et je retenais mes pleurs. Mon frère dit quelques mots exprimant le voeu qu’elle achevât sa vie dans sa patrie plutôt que sur une terre étrangère. Elle l’entendit, et, le visage ému, le réprimant des yeux pour de telles pensées, puis me regardant: « Vois comme il parle, » me dit-elle; et s’adressant à tous deux: « Laissez ce corps partout; et que tel souci ne vous trouble pas. Ce que je vous demande seulement, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez. » Nous ayant témoigné sa censée comme elle pouvait l’exprimer, elle se tut, et le progrès de la maladie redoublait ses souffrances.
28.       Alors, méditant sur vos dons, ô Dieu invisible, ces dons que vous semez dans le coeur de vos fidèles pour en récolter d’admirables moissons, je me réjouissais et vous rendais grâces au souvenir de cette vive préoccupation qui l’avait toujours inquiétée de sa sépulture, dont elle avait fixé et préparé la place auprès du corps de son mari; parce qu’ayant vécu dans une étroite union, elle voulait encore, ô insuffisance de l’esprit humain pour les choses (448) divines! ajouter à ce bonheur, et qu’il fût dit par les hommes qu’après un voyage d’outremer, une même terre couvrait la terre de leurs corps réunis dans la mort même.
Quand donc ce vide de son coeur avait-il commencé d’être comblé par la plénitude de votre grâce? Je l’ignorais, et cette révélation qu’elle venait de faire ainsi me pénétrait d’admiration et de joie. Mais déjà, dans mon entretien à la fenêtre, ces paroles: « Que fais-je ici? » témoignaient assez qu’elle ne tenait plus à mourir dans sa patrie. J’appris encore depuis, qu’à Ostie même, un jour, en mon absence, elle avait parlé avec une confiance toute maternelle à plusieurs de mes amis du mépris de cette vie et du bonheur de la mort. Admirant la vertu que vous aviez donnée à une femme, ils lui demandaient si elle ne redouterait pas de laisser son corps si loin de son pays: «Rien n’est loin de Dieu, répondit-elle; et il n’est pas à craindre qu’à la fin des siècles, il ne reconnaisse pas la place où il doit me ressusciter. » Ce fut ainsi que, le neuvième jour de sa maladie, dans la cinquante-sixième année de sa vie, et la trente-troisième de mon âge, cette âme pieuse et sainte vit tomber les chaînes corporelles.
 

Man playing the shofar

25 août, 2011

Man playing the shofar dans images sacrée mzb647jpbox7tm44

http://weiserpyg.livejournal.com/4019.html

Hosanna au plus haut des cieux

25 août, 2011

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=2134

Hosanna au plus haut des cieux

P. Philippe Rouillard, o.s.b.

La liturgie de ce dimanche est exceptionnelle, puisqu’elle porte un double titre : dimanche des Rameaux et de la Passion, et comporte deux lectures d’Évangile. C’est donc un double événement et un double mystère que nous vivons en ce dernier dimanche avant Pâques, en ce jour où nous entrons dans la sainte semaine des passions du Christ.

La célébration des Rameaux

« Quelques jours avant la fête de la Pâque. » Surprise : cette indication chronologique que nous trouvons dans notre missel au début de l’évangile des Rameaux… ne figure pas dans la Bible. Elle a été ajoutée pour établir un lien plus étroit entre la célébration pascale et l’entrée de Jésus à Jérusalem, alors que dans la Bible beaucoup d’événements et d’enseignements (qui occupent les chapitres 21-25 de Matthieu) suivent l’entrée à Jérusalem.
Quoi qu’il en soit, Jésus entre à Jérusalem dans un climat d’allégresse populaire : on brandit des feuillages coupés aux arbres. Ici encore, il y a de libres traductions : selon les climats, on coupe de vraies palmes, signes de victoire, ou des branches d’olivier, symboles de paix, ou encore de modestes rameaux de buis toujours vert, qui à ce titre sont considérés comme un symbole d’immortalité et sont placés dans les maisons mais aussi sur les tombes. En beaucoup d’églises, on offre aujourd’hui les trois sortes de branchages : choisirons-nous un signe de victoire, de paix ou d’immortalité ?
À Jérusalem autrefois comme dans nos églises aujourd’hui, la procession s’accompagne de l’acclamation « Hosanna au plus haut des cieux », dont nous ignorons l’origine précise, mais qui évoque le chant des anges à Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. » Il est bon qu’avant de célébrer l’abaissement de la Passion, nous chantions déjà l’exaltation du Christ, et qu’ainsi nous donnions le ton à toute la liturgie de ce jour.
Aussi bien, l’évangile s’achève par une de ces questions d’identité chères à Matthieu, déjà rencontrées dans les évangiles de la Samaritaine au quatrième dimanche et de l’aveugle-né au cinquième dimanche. Alors qu’on vient de faire un triomphe à Jésus, quelques ignorants ou quelques étrangers demandent : « Qui est-ce ? » Ne serions-nous pas, nous aussi, de ceux qui posent des questions légitimes ?
La célébration de la Passion
Toute la célébration est marquée par la lecture ou le chant de la Passion selon saint Matthieu, qui commence avec les préparatifs du repas pascal et l’institution de l’eucharistie pour s’achever avec la déposition du corps du Christ dans un tombeau, déposition accompagnée d’allusions non anodines à l’annonce de sa Résurrection. Après l’entrée triomphale à Jérusalem, vient donc la route des douleurs, la via dolorosa, le chemin du mépris et de la dérision qui se prolonge par le chemin de croix.
Dans ce long récit, Matthieu et Marc sont les seuls à nous transmettre l’appel au secours du Christ en croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Un cri, un sentiment d’abandon, qui reste mystérieux pour nous, mais qui est relayé aujourd’hui par tant d’hommes, de femmes et d’enfants : « Mon Dieu, où es-tu, m’as-tu abandonné ? » Et peut-être est-ce le monde entier, en proie à tant de conflits, de violences et d’incertitudes, qui demande à Dieu : « Où es-tu, nous aurais-tu abandonnés ? » Ce récit dramatique, qui a ému toute l’assemblée et chacun de nous, qui fait couler souvent des larmes d’émotion et de compassion, ne doit pas rester sans réponse. En certaines églises, on chante à nouveau et à plusieurs reprises le « Hosanna au plus haut des cieux », en montrant ainsi que l’on voit dans un regard de foi l’aboutissement et donc le sens de toutes ces allées et venues relatées avec insistance par l’Évangéliste. En reprenant ce chant de la procession des Rameaux, on exprime aussi le lien entre les deux parties de la célébration.
Que dire du mystère de la Passion ? En français comme en d’autres langues occidentales, le mot passion a deux sens : la souffrance, mais aussi l’intérêt ou l’amour passionné pour une science, pour un art, pour une personne. Certes, notre dimanche de la Passion du Seigneur évoque et célèbre la souffrance endurée et acceptée par le Christ, mais il contemple et célèbre aussi, de façon plus intérieure, l’amour passionné du Christ pour Dieu son Père et pour nous les hommes, à qui il donne sa vie.
Amour passionné du Christ pour son Père lorsqu’au jardin des Oliviers il lui dit : « Non pas ma volonté, mais ta volonté » ; amour déchiré lorsque sur la croix il s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; amour de totale confiance lorsqu’il s’abandonne : « Entre tes mains je remets mon esprit. »
Et de l’autre côté, amour passionné du Christ pour ses disciples et pour tous les hommes lorsqu’il institue l’eucharistie : « Ceci est mon corps donné pour vous, ceci est mon sang répandu pour la multitude en rémission des péchés » ; amour trahi pour Judas lorsqu’il l’appelle ami : « Mon ami, fais ta besogne » ; amour infini pour Pierre le renégat lorsqu’à la fin de la Cène il lui dit : « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne sombre pas », et qu’après son reniement il pose son regard sur lui, et Pierre « pleure amèrement » ; amour plein de pitié pour ses bourreaux lorsqu’il demande : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Nous rappeler les deux sens du mot passion, c’est nous rendre plus attentifs à la richesse des mystères célébrés en ce dimanche : victoire de la vie sur la mort, que symbolisent les rameaux printaniers ; souffrance indicible : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » ; amour passionné du Christ pour son Père et pour les hommes, qui lui donne la force de surmonter les épreuves et d’aller jusqu’au bout du chemin.
« Hosanna au plus haut des cieux » : ce chant lié au dimanche des Rameaux et à l’entrée de Jésus à Jérusalem, nous le reprenons à chaque messe dans le chant du Sanctus. Il y a beaucoup de façons de chanter cet Hosanna. Et Bach et d’autres compositeurs ont écrit une Passion selon saint Matthieu. À nous de donner, par notre vie, une interprétation personnelle de l’Hosanna aussi bien que de la Passion.

LA MUSIQUE JUIVE : Aux ORIGINES

25 août, 2011

du site:

http://www.judaicultures.info/La-musique-juive-aux-origines.html

LA MUSIQUE JUIVE : Aux ORIGINES

1 – « La Bible et la musique. Par Léon Algazi,

Néanmoins, l’hypothèse de cette filiation peut se soutenir. Les premières synagogues et le dernier Temple ont , en effet, coexisté durant trois siècles environ. Il est donc fort probable que les chants qui servirent à l’établissement du culte synagogal ne furent pas autres que ceux des Lévites. Certes, il y eut l’exil qui priva les Juifs d’un centre spirituel, mais ce malheur devait avoir, parmi d’autres conséquences, celle de rendre plus jaloux l’attachement des exilés à la tradition. Le Chant de Sion en bénéficia au même titre que les autres éléments du patrimoine national. La connaissance des mélodies reçues contribuait d’ailleurs à conserver une lecture exacte et bien prosodiée du texte sacré. Pieusement, amoureusement, on continuait de se les transmettre de père en fils, de maître à disciples, durant des centaines d’années…
Malheureusement, notre antique notation musicale, la notation taamique, ne fut jamais appliquée aux textes des prières proprement dites. Que les mélodies synagogales de l’antiquité ne soient donc pas arrivées intactes jusqu’à nous et que ce qu’on appelle « le chant traditionnel » ait subi des transformations profondes, nul ne songe à le nier. Ces altérations sont attestées par la multiplicité des traditions musicales actuelles, variant selon les pays et les communautés. Il est même indéniable que des emprunts ont dû être faits par nos hazanim (chantres) au chant populaire, comme à la musique savante des peuples au milieu desquels se sont fondées et ont évolué les communautés juives de la Dispersion…
On note même des exemples d’infiltrations de cantiques chrétiens, des Noëls notamment, – dans la liturgie juive. En revanche, Georges Oudard, M. Amédée Gastoué, entre autres spécialistes du plain-chant dans l’Eglise, ont affirmé l’origine juive d’une partie au moins des mélodies grégoriennes… Le génie d’un peuple, d’un individu, ne crée rien ex nihilo. Mais il assimile les matériaux qu’il emploie, et leur imprime, si dissemblables soient-ils, le sceau de sa personnalité. Or, ce qui frappe, à l’analyse des mélodies hébraïques traditionnelles des rites les plus différents, en usage dans les contrées les plus éloignées les unes des autres, c’est précisément leur air de famille…Au demeurant, il n’est que de se remémorer tels chants d’Israël rendus célèbres par les adaptations de quelques musiciens modernes ou contemporains, – Le Kol Nidré, certains Kaddish. – pour reconnaître que le chant hébraïque a son style, sa physionomie, sa personnalité…
Fait pour la prière de l’homme, il demeure constamment humain. Fait pour purifier et ennoblir les sentiments naturels, et non pour les abolir, il est tour à tour suppliant et débordant de gratitude, joyeux et poignant, impérieux et tendre ; jamais désespéré, car il ne cesse d’être religieux. Fait pour implorer et louer Dieu, il est persuasif et émouvant, au point de pouvoir se passer de la parole : on chante beaucoup « à bouche fermée » dans certaines synagogues. Sa véhémence elle-même a un caractère traditionnel : elle est fille de la Bible. » (Léon Algazi, Le chant hébraïque de la Synagogue française, 9-10 : 13.) Source : Anthologie Juive, de Edmond Fleg, éd. Flammarion (1951).
2)- « Musiques juives, musiques hybrides, par Hervé Roten,
« …Le terme générique « musique juive » recouvre en fait des réalités musicales fort diverses. Il n’existe pas une, mais des musiques juives, chacune d’entre elles résultant d’une histoire et d’un environnement culturel spécifiques…
La musique hébraïque antique : les racines sumériennes, babyloniennes, assyriennes, égyptiennes… ..Au début du XVI° siècle, des humanistes chrétiens s’intéressent aux système des accents bibliques (teamim) qu’ils essayent de transcrire musicalement . (cf. notamment les manuscrits de Johannes Reuchlin (De accentibus et orthographia linguae hebraicae, Haguenau, 1518), de J. Böschenstein (Munich Co. Hebr. 401) ou encore de Sebastian Münster (Institutiones grammaticae in hebream linguam, Bâle, 1524). Cependant, ce n’est véritablement qu’à partir du XIX° siècle qu’un certain nombre de chantres européens commencent à noter leur pratique de la hazanut . A cette époque, la musique est généralement considérée comme l’émanation culturelle du génie des peuples…
Et les Juifs ? Leur musique remonterait aux temps les plus reculés et recèlerait les secrets d’une ou musique primitive qui aurait conservé le « pureté » le ses origines bibliques. Les premières recherches musicologiques ont fait vaciller le mythe… L’interdiction de l’image dans le culte mosaïque et l’absence de toute notation musicale entretiennent à ce sujet un flou artistique particulièrement gênant…Il subsiste de nombreux témoignages écrits faisant état d’une pratique musicale : à ce titre la Bible, la Mishnah, le Talmud, les manuscrits de Qumran (Mer Morte) ou encore les écrits de Flavius Josèphe fournissent des renseignements appréciables sur les pratiques musicales de l’ancien Israël. Sont notamment cités : des instruments à cordes de type lyre tels le Kinor, le nevel ou nevel asor (probablement un nevel de petite taille) ; des instruments à vent comme le shofar (corne de bélier ou de bouc), la hatsotserah (trompette en métal précieux, généralement en argent) ou le halil (chalumeau probablement à double tuyau), et enfin des instruments à percussion : cymbales (tsiltsalim ou metiltayim), tambourin (tof) ou encore cloches (paamonim).
Le chant est également mentionné dans la Bible. Il peut être d’ordre profane (chant de l’eau ou du labour, airs de ralliement, chants de guerre et de triomphe, chants de fêtes populaires) ou comporter un caractère sacré (Cantique de Moïse – Exode, XV, 1-21- et de Déborah – Juges V -). Toutefois, au cours de la période nomade, la musique ne joue qu’un rôle mineur dans l’accomplissement des préceptes religieux : son utilisation est généralement spontanée et souvent restreinte à l’accompagnement des processions ou des cérémonies. Il faudra attendre l’établissement de la royauté (vers 1025 av.J.C), l’instauration du premier orchestre cultuel par le roi David et l’édification du premier Temple de Jérusalem par son fils Salomon, pour que se mette en place un culte ritualisé accompagné de musiques.
…le don des Lois écrite et orale au mont Sinaï -acte fondateur par excellence du judaïsme – ne comporte aucune mention musicale…Le texte biblique relatant l’énonciation divine des dix commandements indique que le peuple hébreu rassemblé au bas de la montagne sacrée « voit les voix… » du Créateur (Exode xx,18)…à défaut de les entendre. Ce récit, …laisse transparaître que dans la tradition juive, la musique hébraïque n’est pas d’essence divine.
Selon toute vraisemblance, la musique des temps bibliques puise ses racines dans les musiques sumérienne, babylonienne et assyrienne. A l’époque de Joseph et pendant leur séjour en Egypte, les Hébreux ont enrichi de musiques égyptiennes ce fonds originel. Durant l’exil babylonien (586-538 avant J.C.) les musiciens juifs ont probablement intégré les orchestres de cour des rois assyriens et babyloniens selon le coutume en usage à l’époque. Enfin, au cours des trois derniers siècles précédant l’ère chrétienne, la musique du royaume de Juda a été fortement influencée par la civilisation hellénistique ; en témoignent les nombreux noms d’instruments grecs qui figurent dans le livre de Daniel (III,5) ainsi que les descriptions de Ben Sira (II° siècle av. JC.) des pratiques musicales profanes inspirées des mœurs grecques (festins, créatin de théâtres, concours musicaux…) A cette même époque, l’essor de le synagogue favorise la création d’une esthétique musicale résolument fonctionnelle. La musique synagogale, essentiellement vocale, sert d’écrin expressif et mnémotechnique aux cantilations bibliques, psaumes, et autres prières communes récitées durant le culte. Lorsqu’au II° siècle de l’ère vulgaire les Romains mettent un terme à l’existence de la Judée, la musique hébraïque…s’est profondément transformée. Mais l’absence de tout système de notation musicale datant de cette époque ne permet pas de la reconstituer de façon tangible. »
« L’adoption de la métrique arabe dans la poésie religieuse… « …A l’égal des mythes fondateurs, c’est dans l’exil que se délite l’hébreu, le judéen, et que se forge la nouvelle identité juive. Regroupés en communautés, les fils de Moïse organisent leur existence en la ritualisant. La Synagogue, et le culte qui s’y déroule, sont au cœur de leur vie. De par son pouvoir émotionnel et fédérateur, la musique unit les hommes dans la prière… Rappelons qu’à ses débuts, l’office synagogal comportait principalement des prières de base comme le Shema, le Halel, la Tefilah (ou Amidah) et la récitation des psaumes. A cela s’ajoutait la lecture de la Torah les lundis, jeudis et samedis. Jusqu’à la destruction du Second Temple (70 après J.C.) différents rituels de prières coexistaient au sein du culte synagogal. C’est sous l’impulsion de Gamaliel II (milieu du 1er siècle de l’ère chrétienne – avant 132) que fut adopté un nouveau rituel unifié appelé Avodah shebalev (« culte du cœur ») qui se développa dans toutes les synagogues et fut appliqué sans grands changements jusqu’à la fin de l’époque talmudique.
C’est d’ailleurs en partie pour apporter un peu de variété à cet office quelque peu sclérosé que naquirent les piyutim vers le V° siècle de l’ère chrétienne. A l’origine, le piyut est une poésie religieuse destinée à remplacer les prières obligatoires, notamment lors des offices de shabbat et des fêtes. Cette évolution fut probablement liée à la restriction de la liberté d’enseignement et de prières sous Justinien 1er (décret de 553). Malgré de sévères critiques, notamment de la part des membres des grandes Académies de Babylone, la poésie religieuse, forte de son succès populaire, se répandit dans toutes les communautés juives. Et au fil des siècles, certains piyutim furent intégrés aux prières selon un choix propre à chaque communauté.
Sur le plan musical, la floraison de la poésie religieuse eut un impact considérable. La création de nouveaux textes entraîna le recours à une musique d’un genre nouveau. Dans un premier temps, les Piyutim furent chantés dans un style psalmodié ou dans un rythme libre déterminé par la place des accents dans la phrase. Mais le X° siècle, à l’instar de la poésie arabe, Dounash ben Labrat (c.920- c.980 ?) introduisit dans son œuvre la notion de mètre, soit l’existence d’un rapport de proportionnalité entre les différentes valeurs de durée. Cette innovation, loin d’être anodine, dénote l’influence de la civilisation arabe sur les communautés juives séfarades. Sur un plan linguistique, l’hébreu n’établit pas de différenciations entre syllabes longues et courtes. Lui appliquer un cadre métrique revenait à lui imposer une déclamation qui n’existe pas naturellement dans la langue hébraïque…ce qui n’empêcha pas l’initiative de Dounash ben Labrat de remporter un vif succès et d’être rapidement imitée par bon nombre de ses confrères.
L’adoption de la métrique arabeentraîna fréquemment le recours à une poésie de forme strophique. Chaque couplet était habituellement chanté sur une mélodie plus ou moins identique, l’assimilation du texte par le fidèle s’en trouvant ainsi grandement facilitée. La musique n’était ainsi plus un simple véhicule du texte, sans réelle existence . Bien au contraire, le texte devait se plier à une musique préétablie.
Ce renversement sémantique allait encore s’accentuer avec l’utilisation de timbres mélodiques de provenances diverses. L’emprunt de « timbres » est un phénomène communément répandu dans la musique juive : un air généralement à la mode et connu de tous est plaqué sur de nouvelles paroles. De nombreux piyutim comportent ainsi en tête le nom d’une mélodie préexistante sur laquelle est chanté le texte. En dehors des airs empruntés au répertoire traditionnel juif, on trouve mention de timbres espagnols, provençaux, italiens et allemands. Particulièrement apprécié du public, ce procédé donna lieu à de nombreuses controverses de la part du corps rabbinique ; il est toutefois demeuré jusqu’à nos jours une des caractéristiques majeures de l’hymnodie hébraïque…et une des plus grandes sources d’hybridation de la musique juive.
Ménestrels et troubadours juifs transcendent frontières et différences religieuses…
A un tout autre niveau, les ménestrels, troubadours ou trouvères juifs ont également contribué à introduire de nombreux airs étrangers dans la musique juive. Lorsqu’ils parcouraient les pays d’Europe et se livraient à leur art devant un public composé indifféremment de Juifs et de non-Juifs, les ménestrels exécutaient des chants poétiques en tous points semblables à ceux de leurs collègues non-Juifs. Lorsqu’ils se produisaient devant une assemblée juive, ils ajoutaient à leur répertoire quelques sujets tirés de la Bible ou du Midrash qu’ils chantaient dans la langue vernaculaire. On a ainsi retrouvé dans la genizah du Caire le carnet d’un ménestrel juif, datant de 1382, contenant la notation de chants d’inspiration profane ou sacrée avec des paroles allemandes écrites en caractères hébraïques.
Il ne faut pas sous-estimer l’impact des musiciens errants sur l’évolution de la vie musicale en Europe. Ces ménestrels contribuèrent à dresser une Europe musicale sans frontière qui transcendait les différences religieuses. Ils servaient de liens entre les communautés juives isolées et leur environnement. Ils étaient les porteurs d’une tradition instrumentale internationales. Lorsqu’ils accompagnaient les danses lors des mariages ou d’autres occasions, lorsqu’ils élaboraient le programme musical de ces festivités, ils transféraient inconsciemment une grande partie de leur répertoire dans les quartiers juifs. Ces mélodies de danses profanes, ces airs entraînants ne tardaient pas à s’infiltrer dans l’oreille des gens et des paytanim, si bien qu’au bout de quelque temps, on les retrouvait tout naturellement dans le répertoire des chants synagogaux. Indépendamment de l’idéal esthétique préconisé par des mélomanes férus de théorie musicale, la grande masse des fidèles imposait ainsi son goût pour une musique simple aux accents populaires.
Cet intérêt pour la culture séculaire et laïque apparaît particulièrement intense en Espagne, en Italie et dans le sud de la France. Ainsi dès 1230-40, les Juifs d’Andalousie et du sud de l’Europe chrétienne intègrent l’enseignement musical dans l’éducation de leurs enfants. Sensiblement à la même époque, plusieurs traités musicaux rédigés en arabe sont traduits en hébreu. En Provence, les Juifs étudient la pratique musicale de leur époque ; en témoigne la traduction hébraïque de notes prises en cours par un élève de l’école de musique de Jean Vaillant, musicien établi à Paris au début du XV° siècle. Cependant des persécutions de plus en plus fréquentes et surtout l’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 vont entraîner un repli des communautés juives sur elles-mêmes et l’émergence de courants mystiques où la musique occupera une place centrale. » (par Hervé Roten , Les cahiers du judaïsme n°5, Automne 1999, publié par l’Alliance Israëlite Universelle)

Le pape dans le confessionnal à Madrid

24 août, 2011

Le pape dans le confessionnal à Madrid dans images sacrée 21_12_bso_f1_232_medium

http://www.bresciaoggi.it/stories/Cronaca/280964__madrid_fra_croci_e_bandiere_spunta_lo_stemma_del_brescia/

Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid (Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid)

24 août, 2011

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1348569?fr=y

Le pape Benoît XVI confesseur. Début à Madrid

Il y aura une nouveauté au programme des prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse: le pape administrera le sacrement du pardon. Avec le Fils de Dieu « descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché »

par Sandro Magister

ROME, le 5 juillet 2011 – Ce n’est pas Benoît XVI qui a inventé les Journées Mondiales de la Jeunesse, mais son prédécesseur.
Toutefois le pape Joseph Ratzinger y a introduit deux nouveautés très remarquables.
La première à Cologne, pendant l’été 2005. Au moment culminant de la veillée nocturne, il s’était agenouillé devant l’hostie consacrée. Longuement et en silence. Des centaines de milliers de jeunes avaient été touchés par ce geste d’adoration.
Depuis ce jour, avec le pape Benoît XVI, l’adoration eucharistique silencieuse est devenue une constante des Journées Mondiales de la Jeunesse, mais également d’autres rassemblements de masse tels que, par exemple, la veillée à Hyde Park, à Londres, le 18 septembre 2010.
La seconde nouveauté, elle, aura lieu à Madrid, le matin du 20 août prochain, dans le parc du Buen Retiro. Au cours de la 26me Journée Mondiale de la Jeunesse qui se dérouleront dans la capitale de l’Espagne, le pape administrera le sacrement de confession en public, pendant une heure, avant de célébrer la messe à la cathédrale.
Pour être tout à fait exact, les confessions font partie du programme des Journées Mondiales de la Jeunesse depuis celles de Rome en 2000, qui avaient vu le Circo Massimo devenir pendant plusieurs heures le plus grand confessionnal à ciel ouvert ayant existé de mémoire d’homme.
Mais jamais, jusqu’à présent, le pape n’avait confessé en personne des jeunes, pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse.
Jean-Paul II avait l’habitude de prendre place pendant quelques heures dans le confessionnal de la basilique Saint-Pierre une fois par an, le mercredi saint.
Benoît XVI n’a réitéré ce geste que deux fois jusqu’à présent, lors de deux célébrations pénitentielles avec les jeunes du diocèse de Rome, à la basilique Saint-Pierre, le jeudi avant le dimanche des Rameaux, le 29 mars 2007 et le 13 mars 2008.
Mais le sacrement de confession est indiscutablement au cœur de sa pastorale.
Il en a parlé à maintes reprises. Surtout aux prêtres. À l’occasion de l’Année Sacerdotale qu’il avait proclamée pour 2009-2010, il leur avait proposé comme modèle le Curé d’Ars, un saint qui passait chaque jour une dizaine d’heures dans son confessionnal pour entendre les pénitents qui venaient à lui, humble curé de campagne, de la France entière.
Pour ne citer que deux de ses rappels à ce sujet, Benoît XVI a consacré au sacrement de confession la totalité du discours qu’il a adressé à la Pénitencerie Apostolique le 11 mars 2010 :
> « Chers amis… »
Et dernièrement, il a commencé son homélie pour la fête des saints Pierre et Paul de cette année, qui coïncidait avec le soixantième anniversaire de son ordination sacerdotale, justement en parlant du sacrement du pardon :
« Chers frères et sœurs, «Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis !» (cf. Jn 15, 15). À soixante années du jour de mon ordination sacerdotale, j’entends encore résonner en moi ces paroles de Jésus, que notre grand archevêque, le cardinal Faulhaber, nous adressa à nous, les nouveaux prêtres, d’une voix désormais un peu faible et cependant ferme, à la fin de la cérémonie d’ordination. Selon le déroulement liturgique de l’époque, cette acclamation signifiait alors aux nouveaux prêtres l’attribution explicite du mandat pour remettre les péchés. «Non plus serviteurs, mais amis» : je savais et j’avais conscience qu’à ce moment précis, ce n’était pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte Écriture. J’avais conscience qu’à ce moment-là, le Seigneur Lui-même me l’adressait de façon toute personnelle. Dans le baptême et dans la confirmation, Il nous avait déjà attirés vers Lui, Il nous avait déjà accueillis dans la famille de Dieu. Mais ce qui arrivait à ce moment-là était quelque chose de plus encore. Il m’appelle ami. Il m’accueille dans le cercle de ceux auxquels il s’était adressé au Cénacle. Dans le cercle de ceux qu’Il connaît d’une façon toute particulière et qui sont ainsi amenés à Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n’est pas seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement au plus profond de l’être. Je sais que, derrière cette parole, il y a sa Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix : dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute et c’est seulement ainsi qu’elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me permet de jeter un regard sur l’abîme de l’homme et sur la grandeur de sa souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la Consécration eucharistique. Il m’estime capable d’annoncer sa Parole, de l’expliquer de façon juste et de la porter aux hommes d’aujourd’hui. Il s’en remet à moi. «Vous n’êtes plus serviteurs mais amis» : c’est une affirmation qui donne une grande joie intérieure et qui, en même temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté ». [...]
Jusqu’à présent l’intensité avec laquelle Benoît XVI cherche à amener une renaissance de la confession n’a pas entraîné une mise en pratique sensible de ses appels par les évêques et les prêtres.
Les médias, eux aussi, passent largement ce sujet sous silence.
Le geste public que Benoît XVI accomplira à Madrid, le 20 août prochain – confesser quelques jeunes pendant une Journée Mondiale de la Jeunesse – va-t-il attirer l’attention sur ce déficit crucial de la pratique chrétienne d’aujourd’hui ?

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