Archive pour juillet, 2011

PSAUME 22 ( Commentaire juifs – première partie)

19 juillet, 2011

du site:

http://www.hebrascriptur.com/Ps/F22.html

PSAUME 22

( Commentaire juifs – première partie)

Pour l’excellence vers la biche de l’aurore. Psaume de David.
Mon dieu, mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ils sont loin de mon salut les mots de mon rugissement.
Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas !
et la nuit, pas de repos pour moi !
Pourtant, toi qui es saint,
toi qui habites les louanges d’Israël,
en toi nos pères se confiaient.
Ils se confiaient et tu les libérais,
ils criaient vers toi et ils étaient délivrés :
ils se confiaient en toi et n’étaient pas confondus.
Mais moi…? une cochenille ! même plus un homme !
une réprobation de l’espèce humaine, un rebut de peuple.
Tous ceux qui me voient se moquent de moi ;
les langues se délient, ils hochent la tête :
« Il faut s’en remettre à . Il va le sortir de là,
il va le délivrer puisqu’il se complaît en lui. »
Oui, c’est toi qui m’as tiré du ventre maternel,
me confiant aux seins de ma mère ;
c’est à toi que j’ai été remis sitôt sorti des entrailles :
dès le ventre de ma mère, mon dieu c’est toi.
Ne t’éloigne pas de moi car l’angoisse est proche
et personne ne m’aide.
Des taureaux nombreux sont autour de moi,
de puissantes bêtes de Bashan m’ont encerclé ;
leurs bouches béent vers moi,
lion qui déchire et qui rugit.
Je me répands comme les eaux, tous mes os se disloquent, mon cœur est comme cire,
il fond dans mon corps ;
ma vigueur est desséchée comme un tesson, et ma langue collée à mes mâchoires.
Tu me réduis en poussière de la mort.
Car des chiens m’ont cerné, meute de malfaisants ! Ils m’ont ligoté,
comme le Lion, mes mains et mes pieds :
je vais compter tous mes os !
Eux me regardent ; ils se repaissent à ma vue.
Ils répartissent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi  ne t’éloigne pas,
toi ma force première à m’aider, hâte-toi !
Arrache mon âme à la désolation,
et mon unique à la mainmise du chien ;
préserve-moi de la gueule du lion !
Et, du front de la licorne, tu m’as répondu.
Je veux raconter ton nom pour mes frères,
en pleine assemblée je vais te louer !
Vous qui craignez  célébrez-le ; toute la descendance de Jacob glorifiez-le !
restez avec lui, toute la descendance d’Israël.
Car il ne méprise ni ne déteste l’humilité du pauvre, il ne nous cache pas son visage,
et quand on l’appelle, il écoute.
C’est de toi que vient ma prière en pleine assemblée.
J’accomplirai mes vœux en présence de ceux qui le craignent.
Les humbles mangeront et seront rassasiés ; ils loueront  ceux qui le cherchent.
Votre cœur vivra éternellement.
Toutes les extrémités de la terre feront mémoire de lui et se convertiront à .
Toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face.
Car le règne est à  ;
c’est lui qui gouverne les peuples.
Ils mangeront et se prosterneront, tous les opulents du monde ;
devant sa face s’inclineront tous ceux qui adorent jusqu’à terre,
et sans que son souffle ait rien suscité.
Une descendance le servira ;
on parlera du Seigneur de cette génération.
Ils viendront, ils manifesteront sa justice
envers le peuple en train de naître, car c’est lui qui agit.
—————————

David, messie

Une exégèse du Psaume 22

Le Psaume 22 est au dénouement d’un long processus. Après l’introduction des Psaumes 1 & 2 qui annoncent la Torah du « Père invisible », après la longue suite d’épreuves jalonnée par la prière de David en psaumes de plainte ou de louange, le parcours mystique du chercheur de Dieu parvient ici au terme de sa nuit.
En abordant ce psaume, nous savons que l’aurore est proche. Celui qui a veillé toute la nuit, celui dont l’âme attend le Seigneur plus que les gardes n’attendent le matin, celui-là, mystérieusement averti, sait que la lumière va jaillir, que son lever est sûr : voici l’époux qui vient ! Il est urgent de s’y préparer, car il faut encore affronter le dernier combat de la nuit, le combat des terreurs et des doutes qui jetteront dans le désespoir et la fuite l’homme dont la foi est incertaine. Ce psaume est la prière de la dernière heure, le chant de David dans l’ultime épreuve jusqu’à la victoire. Prière avant l’affrontement, pour s’y préparer ; prière pendant le combat spirituel, jusqu’au lever du matin : “ tu m’as répondu ! ” ; prière dans la lumière du jour, enfin, alors que le roi marche en présence du Seigneur dont il devient le prophète et le témoin.
Le psaume est construit comme le seront plus tard les basiliques chrétiennes, en trois parties inégales, destinées à être parcourues de la même manière. La première, la plus petite, le verset 1 seul, c’est le narthex. Bien qu’il fasse partie de l’édifice, il est à l’extérieur ; son contenu est une catéchèse qui précède et prépare la liturgie. Ce verset correspond à la lettre aleph, première lettre muette d’un alphabet hébreu qui va dérouler ses 22 lettres de aleph à taw, du verset 1 au verset 22. Et ce sont les versets 2 à 22 inclus qui constituent la seconde partie, la plus vaste, le corps de l’édifice. David y pénètre très éloigné de Dieu ; il en sortira victorieux à l’issue de son combat spirituel, au terme d’un parcours initiatique jalonné par les 22 signes qui servent à écrire aussi bien qu’à compter, comme une litanie, symbole de tout ce qui est à faire, à vivre, à endurer dans la nuit mystique, avant la rencontre au matin. Puis, en passant du verset 22 au verset 23, on quitte la grande nef de l’édifice qui vient d’être parcourue en procession de pénitents, pour entrer dans le chœur, dans le saint des saints, dans la tente de la rencontre avec Yhwh. C’est là que Moïse parlait face à face avec Dieu, et que Dieu répondait à Moïse. Après s’être longuement adressé à Dieu sans obtenir de réponse, dans cette troisième et dernière partie du psaume, David va maintenant parler avec Dieu face à face.
Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné  ?
Le psaume s’ouvre avec cette question apparemment blasphématoire, une sorte de provocation. En effet, Yhwh l’a promis, il marchera lui-même avec toi, il ne te délaissera pas, « il ne t’abandonnera pas » (Dt 31, 6). Poser cette question c’est donc accuser Dieu de ne pas tenir sa promesse : c’est une faute grave. Comment David, même désespéré, peut-il à ce point pécher par manque de foi ? et nous laisser un écrit aussi scandaleux en tête de sa prière ?
En toute rigueur, pour qu’il y ait blasphème, il faudrait que le mot éli, « mon dieu », soit remplacé par le Nom, « Yhwh ». Mais David, même pour une raison pédagogique (les psaumes sont un enseignement par la prière), ne prononce pas en vain le nom divin. Il emploie ici le mot él qui signifie plutôt « force première », ou « puissance ». Cette force est distincte de Dieu ; elle est un don de Dieu, un attribut divin que David connaît bien :
Yhwh mon roc et ma forteresse, ma délivrance, « mon puissant » (éli), mon rocher, en toi je me confie. (Ps 18, 3)
Ce que David exprime ici pourrait se traduire en langage contemporain : « Yhwh est mon idole, mon dieu ! ». Il est vrai que ce mot él, issu d’une racine qui signifie « être fort, être le premier », se confond facilement avec Él qui est le nom abrégé de Dieu, Élohim. Mais ce nom abrégé, en dépit de son orthographe identique (quoique de prononciation légèrement différente), vient d’une autre racine qui signifie « adorer », et ne peut donc pas avoir le même sens. On observera en outre que si le mot éli, « mon dieu », est assez commun dans la Bible, le mot Éli, « mon Dieu », ne s’y trouve nulle part, car le nom abrégé Él apparaît exclusivement comme composante de certains noms. On peut donc être sûr que David ne confond pas ces deux mots, et que le sens de la question qu’il pose est bien : « Ma force, mon puissant, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Ayant ainsi écarté l’interprétation fautive du blasphème, nous nous trouvons devant un autre problème : au lieu de s’adresser à Yhwh, comme les Hébreux ont appris à le faire depuis l’enseignement de Moïse, David invoque la puissance que lui donne Yhwh. L’erreur est peut-être moins grave ; elle est surtout très commune : quand nous entrons dans la prière, au lieu de chercher Dieu, nous recherchons les bienfaits qui viennent de lui. C’est lui qu’il faut prier. Invoquer une force, même reconnue comme venant de Dieu, c’est la prendre pour idole, tel cet insensé que dénonce Isaïe : il fait une idole (él) de sa sculpture, s’incline, se prosterne, prie devant elle et dit : “ sauve-moi car tu es mon dieu (éli) ” (Is 44, 17).
D’autre part, la question de David sonne comme une revendication. S’il n’accuse pas Dieu de l’avoir abandonné, il lui réclame des explications, sur cette force qui l’a quitté : « Pourquoi m’as-tu retiré ce bienfait ? » Ainsi, quel que soit le sens qu’il donne à sa question, il exprime, en la posant, une attitude qui ne peut que déplaire à Dieu et le faire fuir.
C’est pourquoi David commente : “ Loin de mon salut, les mots de mon rugissement ”.
Mon rugissement
Voici une forte aspérité du texte. Pourquoi David parle-t-il de son « rugissement », comme s’il était un lion ? Mais précisément parce que David est lion : il est le Lion de Juda. David est le premier roi de la tribu de Juda. Il est l’héritier du testament spirituel d’Israël (voir l’étude “ Comme le Lion ”), héritier de la bénédiction de Jacob à son fils Juda (Gn 49, 9) :
Lionceau de Lion, Juda. La proie, mon fils, t’a exalté.
Il s’abaisse, il se couche comme un lion. Et comme un léopard, qui le fera lever ?
Ce verset de la Genèse contient le secret qui conduira la descendance d’Abraham jusqu’à l’accomplissement de la Promesse. Dieu attend de l’homme cette attitude spirituelle symbolisée par le lion qui se couche dans la contemplation sereine, comblé par ce qu’il a reçu. Cette attitude s’oppose à celle du léopard qui se lève pour menacer, gronder, rugir, signes chez l’homme d’une revendication qui déplaît à Dieu. En exigeant des explications sur sa puissance qui l’abandonne, David n’est plus le Lion de Juda, mais le léopard qui rugit. Yhwh s’enfuit. Il ne va pas se révéler à qui revendique ainsi. David comprend. C’est pourquoi il nous dit que les mots de son rugissement éloignent le salut, car le salut ne vient que de Dieu.
En entrant dans ce psaume avec David, nous comprenons que notre propre entrée dans la prière nous trouve toujours très éloigné de Dieu. Nos préoccupations vont vers ce qui nous manque, vers les biens naguère reçus et aujourd’hui retirés. Nous devrions alors prier, comme Job, Yhwh a donné, Yhwh a ôté, béni soit le nom de Yhwh. Mais nous oublions même d’invoquer Dieu, de lui dire notre détresse. Comme nous et avec nous, David va vivre dans la prière notre éloignement du Dieu révélé. Il reproche maintenant à Dieu de ne pas répondre à ses appels (v. 3). Encore un rugissement ! Mais surtout, il ne dit pas « je t’appelle tout le jour », mais « j’appelle ». Qui David appelle-t-il ? Frappe-t-il à la bonne porte ? Au verset 2, il appelait « sa force » ; au verset 3, il dit « mon Dieu », avec le mot Élohim, qui veut bien dire « Dieu » mais qui n’est pas encore le Nom révélé à Moïse pour être invoqué par son peuple. Et tout ce que dit David, ensuite — toi qui habites les louanges d’Israël, toi qui libérais nos pères qui se confiaient à toi —, tout cela est vrai de Yhwh, mais non de l’élohim auquel il adresse ses plaintes. Qui oserait espérer séduire quelqu’un, ou l’émouvoir, en l’appelant d’un nom qui n’est pas le sien ? David a beau se plaindre de n’être pas écouté, d’être moins bien traité qu’un homme, il a beau déplorer la rebuffade qui le rend confus et cramoisi comme une cochenille, Yhwh ne répondra pas. Ce n’est pas à lui qu’on parle.
Pourtant Yhwh entend. Et il va lancer une bouée de sauvetage en donnant malgré tout une première réponse. Oh, très discrète, sous la forme d’une perche à saisir, une sorte de rappel à l’ordre sans frais. Ce n’est pas encore une réponse directe, car David est trop loin de Dieu pour comprendre son langage ; mais Yhwh va faire parvenir à son bien-aimé, assiégé par l’adversité, un message codé, à travers les lignes ennemies.
Il faut s’en remettre à Yhwh
David vient d’orienter sa récrimination vers ceux qui l’entourent. Ceux-ci le voient en difficulté, rouge de confusion devant le silence du Dieu qu’il invoque sans être entendu, et au lieu de lui venir en aide, ils l’enfoncent, se moquent de lui, bientôt se réjouiront de son malheur (v. 18). Pire, pour ne pas avoir à lui venir en aide, ils prétendent « s’en remettre à Dieu », au moment où David souffre précisément du silence de ce Dieu auquel il essaye maladroitement de se confier. Ils ironisent sur son nom, David, le « chéri » : Il va le délivrer puisque c’est son « bien-aimé ».
Pourtant, à travers ces frères qui nous apparaissent très coupables, Dieu parle à David, sans même que cette assemblée de détracteurs s’en aperçoive. Ne les jugeons pas ; ce n’est pas d’eux qu’il s’agit, mais de David. Quelles que soient leurs intentions, même mauvaises, ils viennent de citer la Parole, qui deviendra plus tard l’Écriture (Pr 16, 3), et cette parole est celle que Yhwh adresse à David, en cet instant précis. Elle lui dit qu’il faut s’en remettre à Yhwh, ce qu’il peut comprendre : « Pas à Élohim, ni à él ». Mais cette parole dit plus encore, car la forme verbale employée ici est un signe pour celui qui attend le Seigneur, et qui écoute. En effet, derrière cet infinitif impersonnel « il faut s’en remettre », David peut entendre la deuxième personne de l’impératif, « tu dois t’en remettre », dont la forme en hébreu, gol, est identique à l’infinitif. La suite de la phrase, dans laquelle on parle de lui à la troisième personne — une insolence de plus devant celui qui attend une aide —, confirme à David que cette deuxième personne de l’impératif n’est pas dans le propos de ses détracteurs. Mais c’est elle qui signe la Parole divine en réponse à celui qui cherche Dieu.

PSAUME 22 (Commentaire juifs – deuxième partie)

19 juillet, 2011

PSAUME 22

(Commentaire juifs – deuxième partie)

Le lait de ma mère
Ce neuvième verset contient une précieuse leçon spirituelle.
Il nous rappelle d’abord que ce Dieu, qui est toujours avec son peuple en dépit des apparences, nous devons l’invoquer par son nom, le nom qu’il nous a lui-même révélé à cet effet. Depuis les origines jusqu’à nos jours, en passant par David, l’homme ne peut accéder au salut qu’en invoquant le nom du Dieu qui se révèle à sa génération, pas un autre. Pour Abraham, Isaac et Jacob, Dieu se révèle sous le nom El Saddaï ; sous la conduite de Moïse, pour le peuple, ce Nom est Yhwh ; pour le chrétien, le nom du Dieu révélé est Jésus-Christ. Chacun doit invoquer le nom du Seigneur de sa génération, comme il est dit plus loin, au verset 31 de ce psaume. Toujours, et pour tous, c’est le seul nom par qui nous puissions être sauvés.
Ce verset nous rappelle ensuite que la Parole est toujours transmise par nos frères. Le juif est nourri de la Torah au sein de la grande assemblée, celle-là même à laquelle David va parler plus tard dans sa rencontre avec le Seigneur (vv. 23 et 24) ; le chrétien, lui aussi, se nourrit de la Parole au sein de l’Église. Et ce verset nous dit encore que l’assemblée des frères, cette ecclésia, même au plus noir de son péché, nourrit toujours ses fils de la véritable nourriture divine, quelles que soient ses intentions. Car elle ne parle pas d’elle-même mais sous l’inspiration divine, et le plus souvent, comme ici, à son insu. C’est pourquoi, si David appelle Sion « ma mère », le chrétien nomme aussi l’Église « ma mère », car c’est toujours au sein de cette mère, même indigne, que Dieu nourrit son peuple du lait de sa Parole.
Les deux versets qui suivent viennent le confirmer. En première lecture, nous comprenons que David y remercie Yhwh de l’avoir aimé dès sa naissance, d’avoir toujours été pour lui un Dieu attentif et tendre. Le changement de ton est spectaculaire : on est passé de la récrimination à la reconnaissance, du rugissement à la contemplation. Nous comprenons que David a fait son profit de la leçon reçue au verset 9. Le revirement n’est pas explicité, mais il se découvre dans la place étrange du petit mot qui ouvre le verset 10, le mot « car », qui introduit généralement, comme en français, une explication destinée à éclairer le sens de ce qui précède ; or la gratitude exprimée par David à l’égard de sa mère est sans rapport avec ce que viennent de dire ceux qui se moquent de lui. À moins, précisément, de voir dans leur propos la Parole qui vient de lui être rappelée, parole qui provoque un retournement dans son esprit et entraîne sa conversion, son retour à Dieu.
Malgré les apparences, ce n’est pas le lait de sa mère physique que célèbre David, mais le lait de sa mère spirituelle, dont il fait mémoire et pour lequel il rend grâce. « Heureuses les mamelles qui t’ont allaité » dira-t-on à Jésus ; « heureux plutôt, répondra le fils de David, celui qui entend la Parole de Dieu et qui la garde ».
Après avoir été nourri de la Parole, le psalmiste a changé de ton. Les trois versets 10, 11 et 12 deviennent une prière beaucoup plus juste. David a entendu le nom de Yhwh prononcé par la bouche de l’assemblée, si bien que le « toi » du verset 10 ou l’imploration du verset 12 ne s’adressent plus à la même divinité que les plaintes du verset 4. Cependant, malgré cette réorientation vers le Nom qui sauve les fils d’Israël, ce Nom n’est pas encore prononcé par la bouche même de David. Quelque chose le retient encore de reconnaître que tout vient de Dieu, quelque chose qu’il croit lui appartenir en propre, mais qu’il va devoir abandonner dans le combat spirituel qui s’ouvre maintenant.

Le combat spirituel
Des taureaux nombreux sont autour de moi…
En première lecture, nous voici ramenés vers ceux qui font cercle autour de David ; ils sont présentés comme des ennemis, symbolisés par un bestiaire hostile allant du taureau au chien et au lion, meute que nous voyons sur les sept versets qui décrivent cette mise à mort, faire endurer les pires tourments à leur prisonnier. Cependant, au centre du passage, les seuls mots adressés à Dieu, « tu me réduis en poussière de la mort », témoignent de ce que David n’accuse nullement ceux qui l’entourent, mais au contraire, comprend que Yhwh lui-même est à l’origine de cette épreuve à laquelle il est soumis. Comme autrefois son père Jacob, David traverse le gué du combat spirituel ; c’est le lieu de purification, où Dieu paraît affronter l’homme sous les traits de l’ennemi, semble vouloir noyer l’âme et broyer le corps de celui qu’il va bénir. On en ressort brisé, en effet, boitant peut-être comme Jacob, mais trempé d’une force nouvelle, la force du « lutteur de Dieu », Israël. C’est pourquoi David, qui connaît le sens de cette adversité, bénit déjà celui qui réduit en lui le « vieil homme » en poussière de la mort, comme autrefois Jacob bénissait l’Envoyé qui l’avait délivré de tout mal (Gn 48, 16).
Mais il faut approfondir cette lecture, y pénétrer pour découvrir en quoi le combat que Dieu paraît imposer à David ne relève nullement de l’arbitraire divin, mais bien de l’indispensable purification qui arrache l’homme déchu à l’emprise du mal. Il faut pour cela nous laisser guider par les bizarreries du texte.
Ce qui surprend en premier lieu, c’est la manière dont ces taureaux « menacent » David. On doit certes se méfier de ces animaux puissants, surtout s’ils sont nombreux, mais que peut-on bien redouter de leur bouche béante ? et pourquoi les comparer à la gueule du lion ? Les taureaux sont des herbivores ; il faut craindre leur charge, leur front, leurs cornes ; mais leur bouche est inoffensive. À qui fera-t-on croire que David craint la bouche d’un taureau ? Par ailleurs, on sait que le Bashan était une région fertile, propice à l’élevage (Dt 32, 14 ; Éz 39, 18 ; Mi 7, 14), et que les taureaux venus de cette région étaient les plus beaux. On connaît également le rôle important du taureau dans le sacrifice offert par Israël à Yhwh (Ex 24, 5 ; 29, 1 etc). Alors, comment ne pas voir que ces superbes animaux, choisis parmi les plus puissants de la plus belle race, sont les offrandes sacrificielles que le roi David a fait monter en holocauste pour Yhwh ? et comment ne pas comprendre que ces offrandes, autour du roi, lui font une ceinture prétendant au mérite ! Ces bouches grandes ouvertes, loin de menacer qui que ce soit, réclament leur récompense. Voilà pourquoi elles sont comparées à la gueule du lion : ce sont elles qui rugissent la revendication du Lion de Juda, pour soi-disant « services rendus à la divinité ».
Mais on n’offre pas de sacrifice à Dieu pour acheter ses faveurs. C’est la miséricorde qui plaît à Dieu, et non le sacrifice. David comprend tout cela en disant ces deux versets, et il découvre en même temps l’œuvre salutaire du Seigneur en lui. « Je me répands comme les eaux » dit le sens étymologique du mot Yabboq, nom de ce gué où Jacob combattit l’Envoyé de Dieu ; « tous mes os se disloquent » évoque, bien sûr, la hanche luxée de Jacob, mais traduit plus généralement l’élimination, toujours douloureuse en raison de notre résistance, des obstacles que nous dressons inconsciemment entre Dieu et nous. Quand au cœur qui fond comme cire, c’est le cœur brisé, la miséricorde qui plaît à Dieu, au lieu du sacrifice. David nous explique ensuite que si Yhwh fait mourir en lui (v. 16b) ce « vieil homme », c’est à cause de tous ces sacrifices qui formaient autour de lui une meute de chiens malfaisants (v. 17), lesquels, comme de bons chiens de garde, aboient pour empêcher quiconque d’approcher leur maître et roi, interdisant l’entrée à Dieu lui-même. Car Dieu ne viole pas les consciences : devant celui qui refuse, il attend. Mais le « roi » enfermé à l’intérieur de cette barrière cesse d’être roi. Il est ligoté, les pieds et les mains, impuissant à rien faire. Il n’est plus le Lion, mais une chose inerte, privée de vie. Et tout autour de lui on se repaît de le voir (v. 18).
Il faut abandonner nos prétentions. Mes sacrifices ne me sont d’aucun mérite car, nous le constaterons bientôt, c’est toujours Dieu qui agit, qui fait tout. Alors David abandonne ses prétentions, il renonce à se prévaloir de ses sacrifices offerts. Il compte tous ses os, c’est-à-dire qu’il découvre, l’un après l’autre, tous les obstacles qu’il avait mis entre Yhwh et lui. Si l’on ne craint pas l’image un peu facile, on dira qu’il jette tous ces os aux chiens… Et la scène s’achève sur la vision d’un homme nu, donc vrai et libre, ayant renoncé à ces vêtements qui n’étaient pas lui-même. Alors, alors seulement, la prière de David devient celle du juste.

La prière
Cette prière en trois versets (vv. 20 à 22) suit le combat spirituel ; elle répond en chiasme
——————————————————————————–
Chiasme
——————————————————————————–
 Le chiasme est une figure de style dans laquelle les mots sont disposés symétriquement autour d’un centre en deux groupes qui s’opposent. Exemple: Brave comme un lion au dehors, chez lui doux comme un mouton.
La Bible hébraïque utilise fréquemment le chiasme. Les symétries entre les mots, de part et d’autre du centre, déterminent des correspondances appariées qui sont des guides pour comprendre le sens du texte.
——————————————————————————–
 
à la prière de trois versets (vv. 10 à 12) qui précédait le combat spirituel. Mais quelle transformation !

David maintenant, pour la première fois dans le psaume, invoque le Nom en le prononçant de ses lèvres, et il reconnaît que c’est bien lui, Yhwh, qui est cette « force première » dont il déplorait l’absence. C’est maintenant à Yhwh qu’il demande de ne pas s’éloigner, et non plus à « sa force » ou à « son dieu » comme avant le combat. Remarquons encore que s’il constatait alors avec amertume que personne ne l’aidait, maintenant il demande l’aide de Yhwh. Invoque-moi au jour de détresse, dit Yhwh dans un autre psaume, je te délivrerai, et tu me rendras gloire (Ps 50, 15). Alors David invoque Yhwh ; il demande à être délivré de la mainmise de ce « chien », que par erreur il avait pris pour défenseur de ses intérêts. Il appelle : Préserve-moi de la gueule du Lion, c’est-à-dire préserve-moi d’être ce Lion qui rugit.
Et du front de la licorne tu m’as répondu !
Quel magnifique témoignage ! qui soudain éclaire le texte entièrement, et transforme le psaume en action de grâce. Ce qui jusqu’alors pouvait passer pour un enchevêtrement de plaintes et de désespoirs, difficile à comprendre ou à suivre, tout à coup s’illumine : David vient de nous raconter comment son Seigneur, dont il s’était éloigné dans un bourbier d’orgueil ou de prétentions, l’a délivré de tout mal et l’a conduit jusqu’en sa présence. Mais quelle présence ? Où donc était Yhwh quand il a permis à David de le rejoindre ? — Dans “ le front de la licorne ”. L’image, encore, est issue du bestiaire ; mais c’est l’image d’un animal dont la corne, loin de menacer, une et profonde, symbolise la pureté morale, la force et la vérité de l’esprit libre. Libre de cette liberté nue et sans défense qui s’oppose à l’esclavage des chiens, et forte de cette innocence de l’amour qui désarme la puissance des taureaux.

Le témoin
Je vais raconter ton nom à mes frères…
C’est exactement ce que David vient de faire. Dans ces vingt-deux premiers versets, il nous a raconté comment l’invocation du nom du Seigneur l’a conduit jusqu’en sa présence. Dans la dernière partie du psaume, il témoigne maintenant de sa rencontre face à face avec son Seigneur qui lui « a répondu » (verset 22). Il ne dévoilera pas le contenu de la rencontre, car ce contenu n’a de sens que pour lui : c’est le secret du roi. Ce que nous allons maintenant recevoir de David, c’est le trop-plein, le débordement, les miettes du festin qui tombent de la table de la rencontre, cette table — il nous le dira au psaume suivant, le Psaume 23 — que pour lui le Seigneur a dressée face à ses adversaires (Ps 23 verset 5). Pas davantage David n’agit-il sur ordre du Seigneur. Son témoignage n’est pas une mission de commande ; c’est un débordement de vie, qui non seulement ne lui coûte rien d’un devoir, mais au contraire exprime toute la joie de ce qu’il vit ; c’est une explosion impossible à contenir : « Écoutez mes amis, je vais tout vous raconter… » Ce témoignage n’est même pas une action de David, c’est une action de Dieu, comme il nous le dira au début du verset 26 ainsi que dans le dernier mot du psaume : c’est Dieu « qui agit ». Enfin, après avoir débordé dans l’espace, du sein de l’assemblée des frères jusqu’aux extrémités du monde, ce témoignage va aussi déborder dans le temps, et devenir, sous l’ivresse de l’Esprit qui l’inspire, la prophétie de David sur le peuple qui vient, sur le peuple qui va naître de cette rencontre entre l’homme messie et son Seigneur, ce Dieu qui le choisit.
Au sein de l’assemblée qui entoure David chacun va recevoir (au verset 24) une parole selon ses besoins, comme autrefois chacun reçut son nécessaire de la manne, pain du ciel tombé en miettes de la table divine.
— Vous qui craignez Yhwh, célébrez-le ! C’est la moindre louange au Seigneur, demandée à ceux qui ont peu reçu mais qui, de bonne volonté, craignent son Nom.
— Descendants de Jacob, glorifiez-le ! car vous êtes héritiers de ces hommes que guide et que protège le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; vous savez tout ce qu’il a fait, pour eux, pour Abraham et sa descendance, pour vous ; vous savez le poids de son action, la gloire à lui rendre, alors glorifiez-le.
— Et vous descendance d’Israël, vous qui avez connu, comme votre ancêtre Jacob à la traversée du Yabboq, l’affrontement du combat spirituel ; vous qui en avez reçu comme Jacob la force du lutteur de Dieu-Élohim, isra-Ël, restez avec Yhwh, persévérez à tout recevoir de Yhwh.
Le poids de cette recommandation est à la mesure de l’expérience que David vient de nous raconter : le Dieu qu’il faut célébrer, glorifier, invoquer sans jamais le quitter, c’est Yhwh, c’est-à-dire le Nom de Dieu tel qu’il s’est lui-même révélé à vos pères. Ne cherchez pas ailleurs.
Et David met en garde l’assemblée contre des apparences toujours défavorables (v. 25). Même si Yhwh paraît faire la sourde oreille, il n’en est rien. Il écoute, il ne cache pas son visage, car il ne méprise ni ne déteste l’humilité du pauvre (v. 25). Gardons-nous de voir ici la moindre litote : Dieu ne « préfère » pas les pauvres, puisqu’il ne fait pas acception des personnes ; en effet, ils mangeront tous, les opulents du monde qui s’inclinent devant sa face (v. 30) aussi bien que les pauvres, du moment qu’ils sont humbles (v. 27). Nous apprenons ainsi que David n’a pas été exaucé par préférence accordée au roi, même « chéri de Dieu », mais pour son humilité. Et ce que dit le roi nous confirme que si sa prière initiale n’était pas entendue, c’est bien parce qu’elle était dépourvue de cette humilité indispensable à la rencontre avec Dieu.

Le prophète
Le verset 23 nous met en présence de trois « personnes » : David, Yhwh (le Seigneur), l’assemblée. Certes, ce ne sont pas trois personnes de même nature, mais cependant trois « personnes » qui par leur dialogue, par les noms et les pronoms employés, et bien sûr par le contenu de ce qui se dit, vont nous révéler une part de leur mystère.
David. C’est le même David qui parle dans ce psaume, non seulement dans les dix versets qui viennent, mais aussi dans les vingt-deux versets écoulés. Pourtant, il change de lieu et d’identité. Avant, il était l’homme pécheur, séparé de Dieu par l’aveuglement de sa prétention, et séparé aussi de l’assemblée des frères qui loin de l’entourer de leur communion le cernent de leurs moqueries. Maintenant, grâce à la conversion opérée dans son combat spirituel, il est en présence de Dieu. David est maintenant couronné roi et messie, face à son Seigneur avec qui il parle comme un homme à un autre homme, dans ce « Je — Tu » des versets 23 et 26a et dans le « Toi » du verset 28b. En même temps, il est redevenu le roi pour l’assemblée qu’il appelle maintenant « mes frères » (v. 23), et dont il est solidaire puisqu’il leur dit « nous » (v. 25) sans pour autant se confondre avec eux (qui ne sont pas en présence de Dieu) lorsqu’il leur dit « vous » (vv. 24 & 27). À la fois avec eux comme l’un d’eux, mais distinct d’eux puisqu’auprès de Dieu, il est leur médiateur, celui qui prépare la rencontre du peuple avec Dieu.
L’assemblée. Avant le verset 22, l’assemblée était réduite — aux yeux de David et aux yeux du monde — à quelques passants hostiles ; maintenant, elle est devenue « mes frères » (v. 23a) et très vite s’élargit à « la pleine assemblée » (v. 23b), c’est-à-dire, au delà de la descendance de Jacob et d’Israël, à tous ceux qui craignent Yhwh (vv. 24a & 26b), à ceux qui le cherchent (v. 27a), et même à tous les peuples (v. 29b) des extrémités de la terre (v. 28a), à toutes les familles des nations (v. 28b). Pour accompagner cet élargissement, la voix de David va s’adapter. S’il s’adresse d’abord à la communauté proche avec le « nous » du verset 25, inclus de façon sémitique entre les deux « vous » des versets 24 et 27, son adresse s’élargit bientôt au monde lointain, « ils », « eux », « ceux qui », sans pour autant rien perdre du face à face avec Yhwh, comme en témoigne ce « ta face » du verset 28 (et non « sa face ») après mention de toutes les extrémités de la terre. Alors, David n’est plus seulement le roi, et le médiateur, il est le prophète de Dieu pour toutes les nations.
Yhwh, le Seigneur. Le Seigneur Dieu est la « personne » référence par rapport à laquelle les deux « personnes » précédentes évoluent, avancent dans l’Histoire. On notera que le Seigneur est resté impassible d’un bout à l’autre du psaume, invisible et silencieux ; et pourtant, d’un bout à l’autre, c’est lui qui agit. Quand l’homme est loin de Dieu, c’est son Esprit qui inspire à l’assemblée, à l’ecclésia, la Parole qu’il faut souffler à l’homme égaré (verset 9). Il agit là en tant que Paraclet, comme le fera plus tard le paraqlita de la liturgie synagogale chargé de réciter les Écritures. Pendant le combat spirituel, c’est encore l’action divine qui transforme et purifie David. Et maintenant que le roi est entré dans la contemplation du mystère divin, sa prière vient encore de Dieu (v. 26). Ce n’est donc pas David qui parle mais bien Yhwh lui-même, par la bouche de son messie devenu prophète de Dieu pour la communauté des hommes.
Le roi médiateur et prophète nous dit alors tout ce que son Seigneur fait pour les hommes qui invoquent son nom : il écoute (v. 25) et nourrit les humbles, les rassasie (v. 27), et lui seul règne et gouverne les peuples (v. 29). Ceci ne concerne pas uniquement la génération de David mais aussi la génération qui vient, le peuple qui va naître. Quelle que soit leur génération, ceux qui cherchent le Seigneur auront sujet de le louer (v. 27), pour sa justice, car c’est toujours lui qui agit (v. 32).

les oiseaux chantent la gloire de Dieu

18 juillet, 2011

les oiseaux chantent la gloire de Dieu dans images sacrée nightingale55

http://mrithu.wordpress.com/2010/05/20/singing-birds/

Un sou, deux sous, pour les oiseaux du Ciel Un sou, deux sous, pour les oiseaux du Ciel

18 juillet, 2011

du site

http://parle-seigneur-ton-serviteur-ecoute.over-blog.com/article-un-sou-deux-sous-pour-l-oiseau-61142552.html

Un sou, deux sous, pour les oiseaux du Ciel

(Jeudi 18 novembre 2010)
 
….En l’  Amour du Seigneur….
 
 Bonjour, petit frère,
 
Un sou, deux  sous,
Pour les oiseaux du ciel,
Un sou, deux sous,
Pour eux, qui craignent l’hiver…
Mais ces oiseaux du ciel
Ne sont-ils pas les enfants du Pére ? 
Ils ne travaillent pas,
Et le Pére les nourrit…
Oui, mais voilà que l’ hiver approche…
  Un sou, deux sous,
 Au pied d’ une cathédrale,
Une veille dame
 Emmitouflée d’un châle décoloré
 Chante cette mélodie
 Que je connais pour la chanter 
Un sou, deux sous,
Pour les oiseaux du ciel….
  
Un sou, deux sous,
Pour les oiseaux du Ciel
 Mes braves gens
Pour cette pauvre qui s’ inquiéte plus
 Du sort des oiseaux du ciel
Que de son propre sort…
Aura-t-elle demain la force
 De chanter encore
Sur le parvis de cette basilique
Qu’ elle aime tant
A Westminster,
Il se pleut des cordes
Mais dans le ciel,
Les oiseaux du Pére
Chantent les merveilles
D’ un ciel éclatant…
Un sou, deux sous,
Pour les oiseaux du ciel
Messieurs et Mesdames,
 A l’ avant-veille de Noël,
Ils sont tombés du nid… 
 
Qu’ est-ce que cela vous coûte
D’ apercevoir cette pauvresse,
Qui chante pour le Pére ???
Pourquoi détourner le regard,
Pourquoi ne pas voir ses larmes ?
 Elle se tait,
Et pourtant, elle chante
 Ecoutez, écoutez cette mélopée
 Qui revient
Un sou, deux sous,
Pour  les petits oiseaux du Ciel… 
Y donneriez-vous votre pain
Pour qu’ elle mange à sa faim
Y donneriez-vous votre vin
Pour qu’ elle boive tout son soûl,
Dans le coeur de cette ville
 Achalandée d’ inutilités encombrantes…
 
Un sou, deux sous,
Il ne lui faut rien de plus,
Pour nourrir  les oiseaux du Ciel… 
 
Elle n’ a ni habit de fête,
Ni sourire..
Le froid la transperce
 Sous son châle déchiré…
Ses mitaines lui couvrent
 A peine ses doigts gelés,
Oh, belle dame,
Lui laisserez-vous votre manteau ,
Pour qu’ en votre étole,
Elle sente se réchauffer
Votre coeur ???
Un sou, deux sous, Madame,
 De quoi avez-vous peur
 Que sa charité vous atteigne,
 Que sa générosité vous blesse
Et que sa solitude vous émeuve ?? 
Mes braves amis,
Oh, mes braves amis 
Que faut-il de plus,
Pour que vous ouvriiez les yeux
Sur l’ espace infini de l’ amour ???
 
Un sou, deux sous,
Pour les oiseaux du Ciel
Se peut-il que vous fûtes désillusionnés 
A ce point
   Pour que rien ne vous dépasse ???
Un sou, deux sous,
Pour les oiseaux du Ciel,
Pour cette belle
Au sourire étincelant…
Sa pauvreté est plus belle que la nôtre,
Son coeur plus grand encore,
 Elle s’ asseoit là…
Puis un soir de  Béthléem,
Ou nait un  Enfant bien-aimé
 Dans la pauvreté d’ une étable
 Elle rejoindra la lumière…
 
  Alors, tous les oiseaux du ciel
A qui elle aura donné le peu
Qu’ elle possédait
 Viendront porter son coeur
Sur un coussin de satin
 Et chanteront pour elle
Une mélodie d’ amour céleste,
 Elle qui ne reçut d’ eux
Que l’ amour terrestre…
Ils chantaient, braves gens,
Pour un sou, deux sous de graines,
 Dites-moi
Elle les a nourrit de son pain,
Abreuvé de son vin,,
 Cela ne vous rappelle-t-il rien ?
Un sou, deux sous,
 Cette pauvre du ciel
Demain, s’assiéra à la droite Du Pére…
 Et tous  les oiseaux libérés
 De leurs cages
La réchaufferont de leurs plumes
 Douceur de cygne,
Et douceur d’ aimer
Là plus encore…
Un coeur d’ oiseau parfois
Embellit une vie
Lorsqu’ au matin,
Nous ouvrons nos fenêtres
Pour  les entendre rossignoler… 
 
Un sou, deux sous, Jésus,
Pour cette mendiante
Que Tu accueilles…
 
 N’ est-ce pas, petit frère ???  
 
Marie-do

Aphraate (?-v. 345), moine et évêque près de Mossoul, saint des Églises orthodoxes :« Un repos, celui du septième jour, est réservé au peuple de Dieu » (He 4,9)

18 juillet, 2011

du site:

http://levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20110718

Le vendredi de la 15e semaine du temps ordinaire

Commentaire du jour

Aphraate (?-v. 345), moine et évêque près de Mossoul, saint des Églises orthodoxes
Les Exposés, n° 13, 1.3.9
« Un repos, celui du septième jour, est réservé au peuple de Dieu » (He 4,9)

      Le sabbat n’a pas été établi comme une épreuve permettant un discernement entre la vie et la mort, entre justice et péché, ainsi que d’autres préceptes par lesquels « l’homme trouve la vie » (Lv 18,5) ou la mort s’il ne les observe pas. Non, le sabbat, en son temps, a été donné au peuple en vue du repos ; avec les hommes, les bêtes devaient cesser le travail (Ex 23,12)…
      Si le sabbat n’avait pas été institué pour le repos de tout être qui exerce un travail corporel, les créatures qui ne travaillent pas auraient dû, dès l’origine, elles aussi, observer le sabbat afin d’être justifiées. Au contraire, nous voyons, sans répit, le soleil s’avancer, la lune parcourir son orbite, les étoiles poursuivre leur course, les vents souffler, les nuages voguer dans le ciel, les oiseaux voler, les ruisseaux sourdre des sources, les vagues s’agiter, les éclairs tomber et illuminer la création, le tonnerre éclater violemment en son temps, les arbres porter leurs fruits, et chaque créature grandir et se fortifier. Nous ne voyons en vérité aucun être se reposer le jour du sabbat, sauf les hommes et les bêtes de somme qui sont soumis à la loi du travail.
      A aucun des justes de l’Ancien Testament le sabbat n’a été donné pour qu’il y trouve la vie… Mais la fidélité au sabbat a été prescrite afin que se reposent serviteurs, servantes, mercenaires, étrangers, bêtes de somme, afin que puissent se refaire ceux qui sont accablés par leur travail. Car Dieu a soin de toute sa création, des bêtes de somme comme des bêtes féroces, des oiseaux comme des animaux sauvages. Écoute maintenant quel est le sabbat qui plaît à Dieu. Isaïe l’a dit : « Voici mon repos : faites reposer celui qui est fatigué » (28,12)… Nous donc, gardons fidèlement le sabbat de Dieu ; faisons ce qui plaît à son cœur. Nous entrerons ainsi dans le sabbat du grand repos où ciel et terre se reposeront, où toute créature est recréée.

Le Carême de la joie

18 juillet, 2011

du site:

http://jerusalem.cef.fr/fraternites/vivre-la-liturgie/temps-liturgique/temps-pascal/le-careme-de-la-joie

Le Carême de la joie

Cet article est un condensé de l’article de frère Antoine-Emmanuel qu’on pourra retrouver dans le Sources Vives n°109 : Le temps pascal
 
«Les cinquante jours à partir du dimanche de la Résurrection  jusqu’à celui de Pentecôte sont célébrés dans la joie et l’exultation, comme si c’était un jour de fête unique, ou mieux ‘un grand dimanche’» (Normes Universelles de l’année liturgique du Missel Romain, 22).
Un Père de l’Église, Asterius Sophiste, parle de la Sainte Nuit de Pâques comme de la «nymphagogue» de l’Église, c’est-à-dire comme de celle qui conduit l’Épouse à l’Époux : «Ô nuit, désir de tout l’an, ô nuit, nymphagogue de l’Église, ô nuit, mère des néophytes, ô nuit en laquelle l’Héritier introduit l’héritière en l’héritage». La liturgie pascale est bien cela : elle conduit les enfants de l’Église à la rencontre de l’Époux, elle les introduit en son héritage, et cet héritage n’est autre que la joie pascale. Car Pâques est joie, joie pure, joie véritable, joie définitive. «L’Exsultet pascal, écrit Paul VI, chante un mystère accompli au-delà même des espérances prophétiques : dans l’annonce joyeuse de la Résurrection, la peine de l’homme elle-même est transfigurée, et la plénitude de la joie jaillit de la victoire du Crucifié, de son Cœur transpercé, de son Corps glorifié, et illumine les ténèbres des âmes : Et nox illuminatio mea in deliciis mieis, Et la nuit même est lumière pour ma joie».
Mais une nuit suffira-t-elle pour que les baptisés se laissent envahir jusqu’au profond de l’âme par cette plénitude de joie jaillie de la victoire du Crucifié ? Une apparition a-t-elle suffi aux apôtres pour renoncer à toute amertume, toute culpabilité et toute tristesse et pour embrasser l’Évangile de la Résurrection de tout leur cœur, de toute leur âme et de toute leur force ? Certes non ! L’homme a besoin de temps ; le temps est son grand allié. Le printemps de l’âme est semblable à celui de la nature, il ne se déploie que peu à peu, multipliant couleurs et parfums, diffusant joie et allégresse.
L’Évangile, comme les Actes des Apôtres, nous montre bien cette nécessité d’un temps pour entrer dans la joie. Jésus, qui se manifeste vivant dans sa résurrection au jour de Pessah, lui, principe et prémices de l’humanité nouvelle, conduit les siens, cinquante jours durant, vers le jour de la fête des moissons, Shavouot, où, par l’effusion de l’Esprit, les apôtres seront comme ivres de joie. Manquait-il quelque chose au jour de Pâques ? Non ! En ce jour-là, tout nous est déjà donné ; Jésus en sa mort glorieuse a tout accompli, mais tout reste à accomplir — c’est-à-dire à accueillir — en nous. Pâques est déjà plénitude de joie : joie de Jésus puisqu’il est parti vers le Père et que tel est le motif de sa joie comme il l’avait fait comprendre aux apôtres (Jn 14,28) ; joie du Père lui-même qui accueille enfin en son sein l’humanité réconciliée en son Fils, Premier-né d’une multitude de frères ; joie de l’Esprit Saint qui est en personne la joie partagée du Père et du Fils qui exultent et dansent avec des cris de joie (So 3,17).
Tout est donné et rien ne manque. Mais comment les disciples accueillent-ils cette plénitude de joie pascale ? Les quatre Évangiles sont unanimes dans l’évocation d’un climat de doute, de peur, voire d’effroi. Luc évoque le visage sombre des disciples d’Emmaüs, Jean nous montre les larmes de Marie de Magdala, Matthieu parle du doute des Douze rassemblés sur la montagne de Galilée, et Marc n’a pas même une seule mention de la joie pascale. Il y a, certes, des éclairs de joie chez Matthieu, Luc et Jean, mais, à y regarder de près, il s’agit d’une joie bien fragile : chez Matthieu, la joie est mêlée de crainte ; chez Luc, la joie semble étouffer la foi ; chez Jean, la joie est inquiète et Jésus doit renouveler son salut porteur de paix et de miséricorde.
Qu’en est-il alors de la parole de Jésus : Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera (Jn 16,22) ? Le seul jour de Pâques ne suffit pas pour que la joie divine envahisse le cœur des disciples et transfigure leur existence. Il faudra bien quarante jours — le temps d’un exode — pour passer de la liberté offerte à la liberté accueillie, de la joie donnée à la joie reçue. Il faudra même cinquante jours pour que les disciples accueillent la joie bien particulière promise par Jésus qui a deux traits distinctifs : elle habite le cœur et nul ne pourra l’enlever.
Il faut une semaine de semaines pour recréer les cœurs dans la joie. Il ne suffit pas d’avoir trouvé la perle précieuse au jour de Pâques, il faut tout un temps pour s’employer à vendre tout ce que l’on possède de manière à pouvoir acheter cette perle inégalée (Mt 13,45-46). Les «sept semaines de la Sainte Pentecôte»4 nous sont données pour vendre, pour nous séparer de tout ce qui ternit et flétrit la joie. Ainsi l’onction de joie, qui remplace le vêtement de deuil (Is 61,3), pénètre en nous jusqu’à irriguer les recoins les plus secrets et plus hostiles à la joie de notre être. «Le saint, écrit Olivier Clément, est un homme consumé par la joie pascale». Le temps pascal est temps de l’Esprit qui «recrée dans la joie tout ce qu’il effleure», comme le disait le pape Paul VI… et cette nouvelle création dure sept semaines !
Il faut donc un «Carême de la joie» pour convertir les cœurs à la joie : «Une fois le carême terminé, écrit Louis Évely, il reste à faire la plus grande mortification, le plus grand renoncement, celui que tous les autres renoncements doivent préparer et qui prouvera leur authenticité : il faut faire à Dieu le sacrifice d’être heureux ! Et pas le sacrifice d’être malheureux ! Donner à Dieu la joie de nous voir heureux à cause de Lui. Lui dire : ‘Tu as fait assez pour nous, tu nous as suffisamment aimés et tu as assez souffert pour moi pour que je puisse te donner au moins la compensation de me voir heureux. Heureux dans la foi, heureux dans la confiance, heureux de toi’. Vivre tellement de Dieu, être tellement unis à Lui et liés à Lui que, lorsque nous nous examinons, nous ne trouvions rien en nous qui soit plus vivant que Sa joie».
Que fait plus précisément Jésus pour nous tout au long de ce «grand dimanche»10 ? Il nous attire dans sa joie, par sa présence, par sa parole, par son souffle et par son Eucharistie.
La première joie typique du temps pascal est en effet l’expérience de la présence de Jésus ressuscité. Parce qu’il «ne cesse de venir vers nous» (F.-X. Durrwell), le Ressuscité est avec nous. Le drame du corps absent et introuvable cède la place à la joie du corps glorieux qui, en tout lieu et en tout moment, nous offre sa présence aimante et miséricordieuse. Le cierge pascal qui, pendant cinquante jours, demeure au cœur de nos assemblées, en est le signe éloquent, «expression symbolique de la joie festive et ininterrompue de Pâques». La liturgie nous dévoile la présence de Jésus qui demeure avec nous jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20). Sa présence n’est pas mesurable à ce que nous en ressentons : elle est. Notre grande solitude existentielle, fruit du péché et cause de notre tristesse, est enfin rompue : il n’est pas bon que l’homme soit seul (Gn 2,18), et il ne le sera plus jamais. Celui par qui et vers qui nous avons été créés est Celui qui jamais ne nous abandonne.
Le temps pascal est aussi temps privilégié d’écoute de la Parole ; Jésus chemine avec les baptisés de Pâques, non pour soixante stades seulement, mais pendant quarante jours, leur interprétant dans toute les Écritures ce qui le concerne (Lc 24,27), ouvrant leur cœur à l’intelligence des Écritures (24,45). Dans les lectures quotidiennes que la liturgie nous offre, il nous est ainsi donné d’expérimenter à travers les Actes des Apôtres la Parole qui croît, et à travers le quatrième Évangile, la Parole qui est Esprit et Vie. Plus largement, que ce soit à travers les liturgies de la Parole, les catéchèses mystagogiques destinées aux néophytes ou à travers la lectio divina, le Ressuscité nous parle : «Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?» (Lc 24,46).
Tout au long du temps pascal, l’Église fait aussi l’expérience que connurent les Apôtres dans la discrétion du Cénacle : celle de la première effusion de l’Esprit, au soir du premier jour de la semaine, quand Jésus souffla sur eux et leur dit : «Recevez l’Esprit Saint !» (Jn 20,22). Comme une brise légère, le souffle de Jésus parcourt l’Église des baptisés dans l’attente du vent impétueux de Pentecôte. C’est le souffle même de Jésus, l’haleine même du Ressuscité, qui est insufflé en nous comme au jour de la création du premier Adam : YHWH Dieu insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant (Gn 2,7). Un souffle nouveau, jour après jour, commence à nous habiter, une respiration nouvelle, une existence nouvelle libérée du péché et de la mort. Le temps pascal nous apprend à respirer, nous apprend à vivre de cette vie nouvelle qui est éternelle. Et non seulement ce souffle de miséricorde nous habite, mais il nous constitue pour les autres, ministres de réconciliation et donc ministres de la joie. Le baptême commence ainsi à porter son merveilleux fruit de miséricorde et de joie. Le temps pascal souligne la nouveauté baptismale de la vie chrétienne, en continuité avec la nouveauté du Ressuscité.
Le temps pascal nous attire dans la joie de Jésus en nous faisant donc goûter sa présence, entendre sa parole et connaître son souffle. Mais il y a plus : la liturgie du temps pascal nous donne d’accueillir le Corps même du Ressuscité livré entre nos mains. Les disciples d’Emmaüs, au terme d’une longue liturgie de la Parole, avaient certes le cœur brûlant, mais ils étaient encore incapables de reconnaître le Ressuscité. À eux, comme à nous, Jésus se donne à reconnaître en un geste bien précis, geste pascal par excellence : la fraction du pain. Ce n’est pas à travers de multiples apparitions, mais à travers l’Eucharistie que Jésus désormais rendra manifeste sa présence. Ainsi sera-t-il bien clair, bien tangible, que la présence de Jésus est une présence d’amour, présence de Celui qui sans cesse se donne, se livre, s’abandonne entre nos mains. Toujours et pour toujours. La Sainte cinquantaine nous conduit ainsi à cette joie inouïe : Jésus non seulement reste avec nous, mais il demeure en nous et nous en Lui.

bonne nuit e bonne dimanche

16 juillet, 2011

bonne nuit e bonne dimanche dans image bon nuit, jour, dimanche etc. centaurea_cyanus_abb

Centaurea cyanus

http://www.floralimages.co.uk/b_blue.htm

Parabole de l’ivraie

16 juillet, 2011

Parabole de l'ivraie dans images sacrée p075_1_03

http://www.sanfrancescocarrara.it/gesu_vii.html

Pourquoi je crois au christianisme (Par G.K.Chesterton)

16 juillet, 2011

du site:

http://v.i.v.free.fr/pvkto/pourquoi-je-crois-christianisme.html

Pourquoi je crois au christianisme

Source : Extrait de « Why I Believe in Christianity » : Reprinted in The Religious Doubts of Democracy (1904) And « The Blatchford Controversies » (in The Collected Works of G.K. Chesterton,Vol. 1)

Par G.K.Chesterton

Traduction libre par Jean-Baptiste

    Je ne ferai preuve d’aucun manque de respect envers Monsieur Blatchford en disant que notre difficulté provient de ce que lui, tout autant que des masses de gens instruits aujourd’hui, ne comprennent pas ce qu’est la théologie. Se tromper dans le domaine d’une science est une chose; se tromper sur sa nature en est une autre. Et, lisant « Dieu et mon voisin », ma conviction s’est progressivement confirmée, qu’il croyait que la théologie cherchait à savoir si de nombreux récits racontés sur Dieu dans la Bible sont historiquement démontrables. C’est exactement comme s’il essayait de prouver à un homme que le socialisme était de l’économie politique, qu’à mi-chemin de la démonstration il s’aperçoive que l’homme auquel il parle avait compris la question de la manière suivante : il pensait que économie politique signifiait d’étudier si les politiciens étaient économiques ou pas!
Il est très difficile d’expliquer brièvement la nature d’une étude vivante en entier; ce serait aussi difficile que d’expliquer la politique ou l’éthique. Car plus une chose est énorme et évidente et resplendit au milieu d’un  visage, plus elle est difficile à définir. Tout le monde peut décrire la conchologie. Personne ne peut définir la morale.
Néanmoins, il nous incombe d’essayer d’expliquer cette philosophie religieuse qui était, et sera encore et toujours, l’étude des plus hauts intellects et les fondations des nations les plus fortes, mais que notre pauvre petite civilisation moderne a pour un temps oubliée, tout comme elle a oublié comment on danse et comment on se vêt décemment. J’essaierai d’expliquer pourquoi je pense qu’une philosophie religieuse est nécessaire et pourquoi je pense que le christianisme est la meilleure philosophie religieuse. Mais avant de le faire, je vous demande de conserver à l’esprit deux faits historiques. Je ne vous demande pas d’entrevoir ma déduction de ces faits, ni même de faire aucune déduction de ces faits : je vous demande juste de vous en rappeler tout au long de cette discussion.
1. Le christianisme apparut et se répandit dans un monde très cultivé et très cynique, en un mot, dans un monde très moderne ! Lucrèce était aussi matérialiste que Haeckel, et encore plus persuasif en tant qu’écrivain. Le monde romain avait lu « Dieu et mon voisin », et, blasé,  l’avait pensé tout à fait vrai. Il est important de souligner que les religions prennent presque toujours naissance dans des civilisations septiques. Un livre récent sur la littérature de l’Arabie pré-Islamique décrit une vie entièrement terne et décadente. Il en fut de même avec Bouddha, né dans les fastes d’une ancienne civilisation. Il en fut ainsi pour le puritanisme en Angleterre et le renouveau catholique en France et en Italie, nés tous deux du rationalisme de la renaissance. Et il en est ainsi aujourd’hui ; il en est toujours ainsi. Allez dans les deux centres les plus modernes de la libre pensée, Paris et l’Amérique, et vous les trouverez pleins d’anges et de démons, de vieux mystères et de nouveaux prophètes : le rationalisme se bat pour sa survie contre les superstitions jeunes et vigoureuses.
2.Le christianisme, qui est une religion mystique, a néanmoins été la religion de la partie la plus pratique du genre humain. Il contient bien plus de paradoxes que les philosophies orientales, mais il construit aussi des routes plus solides. Les musulmans ont une conception pure et logique de, l’unique monade Allah. Mais il reste un barbare en Europe, et l’herbe ne poussera pas là où il met ses pieds. Les chrétiens ont un Dieu Trine, « une Trinité embrouillée », qui semble être une pure et capricieuse contradiction de termes. Cependant en action, il domine la terre, et même l’oriental le plus intelligent ne peut rivaliser qu’en l’imitant d’abord. L’Orient a la logique et vit du riz . La chrétienté a des mystères et des voitures à essence. Peu importe, comme je dis, de l’inférence, retenons simplement ce fait.
Maintenant avec ces deux choses à l’esprit, laisser moi tenter d’expliquer ce qu’est la théologie chrétienne. L’agnosticisme complet est une attitude évidente pour un homme. Nous sommes tous agnostiques, jusqu’à ce que nous découvrions que l’agnosticisme ne marche pas. Alors, nous adoptons quelque philosophie, celle de Mr Blatchford, ou la mienne, ou d’autre encore, car bien sûr celle de Mr Blatchford n’est pas plus agnostique que la mienne. L’agnostique dirait qu’il ne sait pas si un homme est responsable ou pas de ses péchés. Mr Blatchford dit qu’il sait que l’homme n’est pas responsable. Ici nous avons un fantastique épanouissement de dogmes en germe. Pourquoi Mr Blatchford va-t-il plus loin que l’agnosticisme en disant qu’il n’existe certainement pas de libre arbitre ? « Parce qu’il ne peut développer sa vision morale sans l’affirmation de l’inexistence du libre arbitre ». Il souhaite qu’aucun homme ne soit responsable d’un péché. Par conséquent, il doit faire en sorte que ses disciples soient tout à fait assurés que Dieu ne les a pas créés libres, et par conséquent responsables. Aucun des doutes farouches du chrétien ne traversera l’esprit du déterministe. Aucun démon ne lui susurrera à quelque heure de colère que c’est peut être la compagnie de promoteurs qui est responsable pour l’avoir escroqué à l’atelier. Aucun scepticisme soudain que c’est peut être le maître d’école qui est blâmable d’avoir battu le petit garçon à mort. La foi du déterministe doit être tenue fermement, ou autrement, la faiblesse de la nature humaine mènera les hommes à la colère quand ils sont diffamés ou à se ruer sur ceux qui se ruent sur eux. Bref, le libre arbitre semble à première vue appartenir à l’Inconnu. Cependant Mr Blatchford ne peut prêcher ce qui lui semble être la charité ordinaire sans affirmer un dogme sur celle-ci. Et je ne peut prêcher ce qui me semble être l’honnêteté ordinaire sans en affirmer un autre.
Et c’est ici l’échec de l’agnosticisme. Car notre vision quotidienne des choses que nous connaissons (dans un sens ordinaire), dépend en réalité de notre vision des choses que nous ne connaissons pas (dans un sens ordinaire). Il est très bien de dire à un homme, comme le fait l’agnostique, de « cultiver son jardin ». Mais supposez que cet homme  ignore tout  de ce qui existe en dehors de son jardin, et parmi ces choses, qu’il ignore le soleil et la lune ! C’est là,  ce qui se passe en réalité. Vous ne pouvez vivre sans dogmes sur de telles choses. Vous ne pouvez passer vingt-quatre heures sans décider soit de tenir les hommes responsables ou pas . La théologie est un produit bien plus pratique que la chimie.
Certains déterministes s’imaginent que le christianisme a inventé un dogme tel que celui du libre arbitre pour le plaisir – une pure contradiction. C’est absurde. Vous avez la contradiction quoique vous soyez. Les déterministes me disent, avec un certain degré de vérité, que le déterminisme ne fait pas de différence dans la vie quotidienne. Cela signifie que, bien qu’ils savent que les hommes n’ont pas de libre arbitre, ils les traitent cependant comme s’ils en avaient.
La différence est alors assez simple. Le chrétien met la contradiction dans sa philosophie. Le déterministe la met dans sa vie quotidienne. Le chrétien dit comme un mystère inavoué ce que le déterministe appelle un non-sens. Le déterministe vit avec ce même non-sens au petit déjeuner, au dîner, au thé et au souper chaque jour de sa vie.
Le chrétien, je le répète, met le mystère dans sa philosophie. Ce mystère, par ses ténèbres, éclaire toute chose. C’est à lui que l’on doit que la vie est la vie, que le pain est le pain, et que le fromage est le fromage : il peut rire et combattre ! Le déterministe fait que l’esprit est logique et lucide : et à la lumière de cette lucidité toutes les choses sont assombries, les mots sans signification, les actions sans but. Il a fait de sa philosophie un syllogisme et de lui même un lunatique incompréhensible.
Ce n’est pas ici un débat entre mysticisme et rationalité. C’est un débat entre mysticisme et folie. Car le mysticisme, et le mysticisme seul, a pu garder les hommes sains d’esprit depuis le commencement du monde. Toutes les voies droites de la logiques mènent à Bedlam, à l’anarchie, ou à l’obéissance passive, ou encore à la désillusion de l’esprit, à force de traiter l’univers comme une oeuvre d’horloger. Seul le mystique, l’homme qui accepte les contradictions, peut rire et marcher aisément à travers ce monde.
N’est-vous pas surpris que la même civilisation qui croyait en la Trinité fut celle qui découvrit la vapeur? Toutes les grandes doctrines chrétiennes sont de cette sorte. Regardez les attentivement et équitablement. Je me contenterai de deux exemples. Le premier est l’idée que le christianisme a de Dieu.  De même que nous avons tous été agnostiques, nous avons tous été panthéistes. Dans la divinité voilée de la jeunesse, il était facile de dire : « Pourquoi un homme ne verrai-t-il pas Dieu dans un oiseau qui vole et n’en serait il pas satisfait ? » Mais vient ensuite le moment d’aller plus loin et de dire « Si Dieu est dans les oiseaux, ne nous contentons pas d’être aussi beaux que les oiseaux, soyons aussi cruels qu’eux. Vivons la vie insensée et sanglante de la nature ». Et la part de ce qui reste encore sain en nous résistera et dira « Mon ami, vous tournez fous ! ».
Alors le bord opposé vient en disant : “Les oiseaux sont détestables, et les fleurs honteuses. Je ne dirai rien de bien sur un univers si bas ». Et la part de ce qui reste encore sain en nous dira : « Mon ami, vous tournez fou ! ».
Vient alors une nouveauté fantastique disant : “Vous avez raison de vous réjouir des oiseaux, mais vous seriez bien fous de les imiter. Il y a du bien derrière chacune de ces choses, et cependant chacune de ces choses est moins bien que vous. L’univers est une bonne chose, mais le monde ne tourne pas rond ». Et la part de ce qui reste encore sain en nous dira : « J’ai trouvé la voie supérieure »
Maintenant, quand le christianisme arriva, l’ancien monde avait juste atteint ce dilemme. Il entendait la voix de l’adoration de la nature disant : « Tout ce qui est naturel est bon. La guerre est aussi saine que les fleurs, l’envie aussi est pure que les étoiles ». Et il entendait aussi la voix des stoïciens sans espoir et des idéalistes : « Les fleurs sont en guerre ; les étoiles sont souillées : rien n’est bon en dehors de l’esprit humain, et celui ci est complètement défait ».
Ces deux visions des choses étaient étayées, philosophiques et exaltées. Leur seul inconvénient était que le premier conduisait logiquement au meurtre et le second au suicide. Après une agonie de la pensée, le monde vit un chemin de salut entre les deux. Ce fut le Dieu des chrétiens. Il créa la Nature, mais, il devint homme.

Romains 8, 18-27 : La Création en attente

16 juillet, 2011

du site:

http://www.taize.fr/fr_article170.html?date=2008-03-01

Romains 8, 18-27 : La Création en attente

J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise, avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement ; mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous gémissons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car c’est en espérance que nous sommes sauvés. Or, l’espérance qu’on voit n’est plus espérance : ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance.
De même aussi l’Esprit nous aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les coeurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède en faveur des saints. (Romains 8, 18-27)

Dans ce texte, saint Paul nous dépeint une image de la création en attente de sa libération : elle est en train de « gémir ». Cette description d’un univers blessé, entravé dans son fonctionnement, semble bien rejoindre la réalité du monde tel que nous le connaissons : que de misères et d’injustices, de désirs inassouvis, de richesses gaspillées, de fausses pistes…
Mais le message de l’apôtre va bien au-delà de la simple constatation d’une situation malheureuse. C’est en fait une bonne nouvelle, car l’aspiration de la création est décrite en termes de douleurs d’enfantement. Pour ceux qui savent déchiffrer le langage de Dieu, les gémissements sont porteurs d’espérance.
Plus important encore, ce texte nous renseigne sur la place des croyants dans cet univers, de ceux qui vivent de l’Esprit de Dieu. Loin de les sortir d’un monde marqué par l’insatisfaction, la présence en eux de l’Esprit les fait vivre davantage en solidarité avec le reste du créé. Leurs soupirs, la voix de l’Esprit en eux, se confond avec ceux de la création en attente. Plus encore, ces gémissements sont prière, l’expression d’un dialogue à l’intérieur même de Dieu. Dès lors, pourquoi s’inquiéter de ne pas savoir prier convenablement ? Par son Fils et son Esprit, Dieu s’est identifié avec sa création à un point tel que le cri du cœur meurtri de la créature se transforme en moteur de sa libération. Nos pauvres balbutiements deviennent le langage de Dieu. Notre soif de plénitude traduit une espérance authentique, qui ne peut être déçue (Romains 5, 5).
 Est-ce que l’espérance joue un rôle dans ma vie ? Quelles réalités me permettant d’espérer est-ce que je vois autour de moi ?

 Dans quelle mesure ma foi me rend plus solidaire des souffrances de la famille humaine, des « gémissements de la création » ?

 En quoi les paroles de saint Paul à la fin du texte m’aident à comprendre la prière chrétienne ?

123456...8