Archive pour le 23 juillet, 2011
dimanche 24 juillet 2011: Saint Charbel Makhlouf (mf)
23 juillet, 2011du site:
dimanche 24 juillet 2011
Saint Charbel Makhlouf
Moine Libanais Maronite
(1828-1898)
Youssef Antoun Makhlouf est né à Beqaakafra (Liban Nord) en 1828. Sa formation chrétienne et l’exemple de ses deux oncles maternels, ermites au monastère de Saint Antoine Kozhaya, le vouèrent dès son jeune âge à la prière et à la vie monastique.
En 1851, il quitta ses parents et son village pour se diriger vers le monastère Notre Dame de Mayfouq pour sa première année de noviciat. Dirigé ensuite vers le monastère Saint Maroun d’Annaya, il s’engagea dans l’Ordre Libanais Maronite, choisissant le nom de Charbel, martyr antiochien du IIe siècle. Il y prononça ses vœux solennels le 1er novembre 1853 puis poursuivit ses études théologiques au monastère Saint Cyprien de Kfifane, Batroun. Il fut ordonné prêtre à Bkérké, siège patriarcal maronite, le 23 juillet 1859.
Il vécut au monastère Saint Maroun d’Annaya durant seize ans après lesquels il se retira définitivement dans l’ermitage des saints Pierre et Paul dudit monastère. Il en sortait rarement, demeurait continuellement en prière, modèle exemplaire d’ascèse et de sainteté. Il vécut vingt-trois ans à l’ermitage et y mourut dans la nuit du 24 décembre 1898, vigile de la fête de Noël. Il fut enterré au cimetière d’Annaya.
Quelques mois après la mort de Père Charbel, des lumières éblouissantes apparurent autour de son tombeau. Son corps, qui continuait à suer de la sueur et du sang, fut déposé dans un nouveau cercueil. Beaucoup de pèlerins venaient implorer sa protection. On dénombre alors bien des guérisons physiques et des grâces spirituelles.
En 1925, s’ouvrit le procès de sa canonisation. En 1950, le tombeau du Père Charbel fut ouvert en présence d’un comité officiel et de médecins qui procédèrent à la vérification de l’intégrité du corps. Dès l’ouverture du tombeau, les guérisons de toutes sortes se sont multipliées d’une manière subite et inaccoutumée. De toutes les régions du Liban les pèlerins de toutes confessions venaient implorer le « Saint » Charbel.
Bientôt, les miracles dépassèrent les frontières. Des milliers de correspondances et de témoignages conservés dans les archives d’Annaya restent les meilleurs témoins de la propagation de sa sainteté. Ce phénomène exceptionnel a été la cause immédiate de plusieurs conversions et d’une grande revivification des vertus dans les cœurs des fidèles. Le si pauvre tombeau est devenu le pôle d’attraction qui attire vers lui les gens de tout âge et de toute classe, rassemblés devant le « Saint » sans distinction de religion ni de condition. Ils sont tous là, fils de Dieu.
Charbel, Bienheureux et Saint.
En 1954, le Pape Pie XII signa la décision du procès de la Béatification de l’ermite Charbel Makhlouf. Le 5 décembre 1965, le Pape Paul VI présida la cérémonie de la béatification, durant la clôture du Concile œcuménique Vatican II. En 1975, le Pape Paul VI signa son accord pour le miracle requis pour proclamer la sainteté du Bienheureux Charbel, proclamée dans une cérémonie mondiale le 9 octobre 1977.
Parmi les nombreux miracles attribués à l’intercession de l’homme de Dieu, l’Église en retint deux pour la béatification et un troisième pour la canonisation. Sœur Marie Abel Qamari, de la Congrégation des Saints Cœurs, opérée à deux reprises d’un ulcère très grave, supportait depuis quatorze ans des douleurs indescriptibles. Elle guérit à Annaya le 12 juillet 1950. Iskandar Naïm Obeid, de Baabdate, avait perdu en 1937 l’usage d’un œil. Comme on lui avait conseillé de le faire enlever pour sauver le second, il pria le Père Charbel d’intercéder pour lui et redécouvrit la vue, après sa visite à Annaya en 1950. Miriam Aouad, de Hammana, avait un cancer de la gorge. Les médecins déclaraient leur incapacité de la soigner. Elle pria Saint Charbel et en 1967, elle fut guérie par son intercession.
Date de la fête.
L’Église universelle célèbre sa mémoire le 24 juillet. L’Église du Liban le célèbre également le 24 décembre, jour de sa naissance au ciel.
Prière pour obtenir des grâces
Dieu, infiniment saint et glorifié dans tes saints, qui as inspiré au saint moine et ermite Charbel de vivre et de mourir dans une parfaite ressemblance avec Jésus, lui accordant la force de se détacher du monde afin de faire triompher, dans son ermitage, l’héro?sme des vertus monastiques : la pauvreté, l’obéissance et la chasteté, nous te supplions de nous accorder la grâce de t’aimer et de te servir à son exemple.
Seigneur Tout-Puissant, qui as manifesté le pouvoir de l’intercession de saint Charbel par de nombreux miracles et faveurs, accorde-nous la grâce que nous implorons par son intercession. Amen.
Homélie du 17e dimanche ordinaire A
23 juillet, 2011du site:
http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/
Homélie du 17e dimanche ordinaire A
1 R 3, 5. 7-12 ; Rm 8, 28-30 ; Mt 13, 44-52
Un trésor ! Un mot magique en tout lieu et toute époque. Collectionneurs passionnés remuent ciel et terre pour obtenir tel ou tel objet, misant sur une valeur qui relativise tout le reste.
Aujourd’hui, mettons-nous un instant dans la peau de Salomon à qui Dieu apparaît en songe et lui dit : « Fais-moi connaître tes désirs, tes souhaits, je vais les exaucer. » Nous voici probablement bien embarrassés. Qu’allons-nous demander ? Le jackpot ? Le gros lot fait toujours rêver…
Les biographes du livre des Rois, eux, en tout cas, n’étaient pas embarrassés. Leur préoccupation n’était pas de témoigner d’un événement historique, mais de se situer dans une perspective religieuse. Il s’agissait pour eux de présenter un roi idéal, dont les réactions ne pouvaient être qu’exemplaires. D’où, cette réponse sublime d’un Salomon super idéalisé : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ». Or, précise l’Ecriture, « un cœur attentif, intelligent et sage » s’acquiert par la méditation de la Loi du Seigneur. Sa Parole. C’est elle qui apprend à juger et à se comporter en toute sûreté et assurance. C’est ce que détaillent les 176 versets du psaume 118, dont quelques-uns sont proposés dans la liturgie de ce jour : « Mon héritage, Seigneur, je l’ai dit : c’est d’observer tes paroles ». « Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche plus qu’un monceau d’or ou d’argent ». « Les paroles de ta Loi m’ont donné l’intelligence ». « La vraie sagesse, c’est la parole de Dieu ». C’est grâce à elle que l’on peut acquérir le plus grand des trésors qui soit.
La situation de Salomon est donc comparable à celle du disciple dont parle l’Evangile. C’est pourquoi la liturgie les a réunis ce dimanche. Tout disciple doit pouvoir discerner le bien du mal, le vrai du faux. Et donc, travailler le champ de sa vie pour la gouverner en vue du Royaume.
Les deux paraboles proposées par Jésus sont d’ailleurs toujours d’actualité. Quel que soit le genre de trésor. Et la procédure est de tous les temps. Quand on découvre un bien précieux, quand on tient vraiment à quelque chose ou à quelqu’un, on est prêt à y mettre le prix, et le temps pour l’acquérir. La question est de savoir si nous sommes aussi logiques, aussi attentifs et habiles, aussi décidés quand il s’agit de valeurs d’éternité.
Autrement dit, quel prix sommes-nous prêts à payer pour le Royaume de Dieu qui est non seulement une richesse incomparable pour ici-bas, mais qui conditionne également la qualité et le bonheur de notre vie au-delà de la mort. En fait, nous sommes trop peu passionnés par les richesses d’un Royaume de justice et de paix. Ses valeurs et ses exigences, apparaissent trop souvent synonymes de lois et de commandements, de rigueur et de renoncement, comme autant d’éteignoirs qui freinent la liberté. En réalité, avec la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, l’anonymat des règlements, le visage revêche des commandements, ont cédé le pas à l’amour de quelqu’un. La loi, le chemin, la vérité, la vie, c’est Jésus lui-même. C’est lui le trésor caché, la perle précieuse. Pour établir avec lui une alliance et être fidèle à son amour, il faut y mettre le prix, mais un prix qui est peu de chose, comparé à ce que l’on peut acquérir.
Je crois que nous cultivons trop souvent un vocabulaire et une mentalité de renoncements plutôt que d’attachement. Pendant plus de 30 ans, j’ai reçu des fiancés en vue de leur mariage. Je n’en ai jamais vu en larmes parce qu’ils devaient quitter leurs parents, ni évoquer les douloureux sacrifices auxquels ils devaient consentir en contractant une alliance de vie. Ils se réjouissaient plutôt d’avoir trouvé chacun leur pierre précieuse, leur « trésor ». Tout n’est certes pas terminé pour autant. Il s’agira de persévérer, d’approfondir, d’entretenir, de réparer, de cultiver nos terres intérieures, où l’on trouve des cailloux, des mauvaises herbes, des ronces et des épines.
De même, ceux et celles qui rencontrent le Christ, et découvrent ainsi la perle de grande valeur et le Royaume promis. Alors ils n’hésitent pas à prendre le risque de payer le prix d’une aventure d’amour.
Ici, également, il faudra écarter les obstacles, tailler les branches folles, briser des chaînes, se dépouiller de certains biens. C’est la note à payer, mais son montant est à notre portée. « Déchiffrer ta Parole illumine, chante le psalmiste. Et les gens simples la comprennent » (Psaume 118).
Du trésor des paraboles, on peut constamment tirer du neuf et de l’ancien, de l’inattendu, du plus incarné, du plus adapté. Ce trésor est une Bonne Nouvelle annoncée aujourd’hui, pour aujourd’hui. Elle transforme notre existence personnelle, celle de nos communautés, celle de l’Eglise, celle de la société. Encore faut-il qu’elle puisse prendre racines dans notre vie, pleine d’ambiguïtés et de compromissions.
« Seigneur, accorde-moi ce trésor de la conversion, qui engage ma vie dans une nouvelle direction. Fais-moi la grâce du trésor de la foi, ce nouveau regard du cœur, qui voit autrement les biens de la terre, le présent et le futur, les personnes et les événements de notre histoire » (Michel Hubaut).
P. Fabien Deleclos, franciscain (T) (1925 – 2008)
Texte de Mgr Martini (évêque de Milano)
23 juillet, 2011du site:
Texte de Mgr Martini (évêque de Milano)
« La Déclaration universelle des droits de l’homme contient une affirmation qui pourrait sembler ne rien avoir à faire là, car elle ne concerne pas directement la personne en soi, sujet de ces droits, mais une réalité sociale, à savoir la famille, première réalité sociale. Cette affirmation, la voici : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société, elle a droit à la protection de la société et de l’État » (art.16.3). Ces termes soulignent – particulièrement en précisant que la famille est « l’élément naturel et fondamental de la société » – que la famille appartient au patrimoine originel le plus sacré de l’humanité, de telle sorte que ce qui menace la famille menace en réalité l’homme. D’où l’on tire la conséquence que pour une sauvegarde et un soutien réels des droits de l’homme, il est nécessaire de respecter, sauvegarder et soutenir les droits de la famille. C’est ce que rappelait aussi Jean Paul II, le 19 mars 1994, en écrivant une Lettre aux chefs d’État du monde à propos de la Conférence internationale sur la population et le développement, qui allait se dérouler au Caire au mois de septembre suivant, lettre dans laquelle il souhaitait que l’Année internationale de la famille, que l’on célébrait alors, constituât « l’occasion privilégiée pour que la famille reçoive, de la part de la société et de l’État, la protection qui doit lui être garantie selon la Déclaration universelle. Ne pas le faire serait trahir les plus nobles idéaux des Nations Unies ».
Rappeler le caractère imprescriptible de la famille à propos des droits de l’homme se conçoit mieux si l’on envisage l’importance et le caractère central de la famille elle-même pour la personne et pour la société. La famille, avant tout, est importante et centrale par rapport à la personne : c’est en elle, par la procréation, que naît l’homme et que la société reçoit le don d’une personne nouvelle, fruit et signe, à son tour, du don réciproque et total entre les époux ; c’est en elle, par l’éducation, que croît l’homme en tant que personne, appelé de l’intimité de soi à la communion avec autrui et au don de soi aux autres ; elle est le lieu premier d’humanisation, où la personne, toute personne, est reconnue et aimée comme telle. La famille, en second lieu, est centrale et importante par rapport à la société ; elle est le fondement de la société, sa cellule primaire et originelle ; elle possède un devoir social original, irremplaçable et inaliénable ; du fait qu’en elle les rapports sont fondés sur l’amour et guidés par l’amour, la famille est une école fondamentale de sociabilité, exemple et stimulus des rapports communautaires plus larges, à l’enseigne du respect, de la justice, du dialogue, de l’amour. On peut et on doit aussi répéter, à cet égard, avec le concile Vatican II, que « le bien de la personne et de la société humaine et chrétienne est étroitement lié à une situation heureuse de la communauté conjugale et familiale » (Gaudium et spes, n. 47).
En d’autres termes, on peut dire – comme on peut le lire dans le Préambule de la Charte des droits de la famille publiée par le Saint-Siège le 22 octobre 1983 – que « les droits de la personne, même exprimés en tant que droits de l’individu, ont une dimension sociale fondamentale, qui trouve dans la famille son expression native et vitale » et que « la famille et la société, qui sont mutuellement liées par des liens vitaux et organiques, ont une fonction complémentaire dans la défense et le progrès du bien de l’humanité et de toute personne ».
Il en découle que la société, et en elle les États, est appelée à reconnaître la dimension sociale native, originelle et antérieure de la famille. Ne pas le faire serait une attitude « suicidaire » pour la société elle-même et, plus encore, « homicide » à l’égard de chaque personne, de sa dignité et de ses droits. De ce fait, dans la logique du principe de subsidiarité, la société et les États ne peuvent ni absorber, ni remplacer, ni réduire la dimension sociale de la famille même ; ils doivent plutôt se sentir responsables face à la famille, l’aider et la stimuler à vivre ses responsabilités pour le bien de la personne et de la société. Comme l’écrit Jean Paul II dans Familiaris consortio, « la famille et la société ont certainement une fonction complémentaire dans la défense et la promotion du bien de tous les hommes et de tout homme. Mais la société et plus spécifiquement l’État doivent reconnaître que la famille est » une société qui jouit d’un droit propre et primordial » (Dignitatis humanæ, n. 5), et donc, dans leurs relations avec la famille, sont fortement obligés d’appliquer le principe de subsidiarité. En vertu de ce principe, l’État ne peut ni ne doit retirer aux familles les devoirs qu’elles peuvent tout aussi bien accomplir seules ou librement associées, mais doit favoriser positivement et solliciter au maximum l’initiative responsable des familles. Convaincues que le bien de la famille constitue une valeur indispensable et incessible de la communauté civile, les autorités publiques doivent faire leur possible pour assurer aux familles toutes les aides – économiques, sociales, éducatives, politiques, culturelles – dont elles ont besoin pour assumer de manière humaine toutes leurs responsabilités »
(n. 45).
Il est donc urgent de reconnaître, sauvegarder et soutenir les droits propres et primordiaux de la famille, exprimés dans la conscience de l’être humain et dans les valeurs communes à l’humanité entière. Ils sont ainsi énumérés et précisés dans la Charte des droits de la famille que nous avons déjà citée : 1) le droit de toute personne au libre choix de son mode de vie ; 2) le droit à un mariage libre, c’est-à-dire contracté en vertu du consentement libre et total des époux dûment exprimé ; 3) le droit à la procréation responsable ; 4) le droit-devoir de respecter et protéger la vie humaine de manière absolue dès l’instant de la conception ; 5) le droit d’éduquer ses enfants dans le libre choix des écoles et des différents moyens d’éducation ; 6) le droit d’exister et de progresser en tant que famille, garantie dans son unité et de sa stabilité ; 7) le droit à la liberté religieuse ; 8) le droit d’exercer sa fonction sociale et politique ; 9) le droit de pouvoir compter sur une politique familiale appropriée de la part des autorités publiques ; 10) le droit à une organisation du travail qui ne détruise pas la famille ; 11) le droit à une habitation décente ; 12) le droit des familles migrantes à la même protection que celle accordée aux autres familles.
Il s’agit certainement, entre autres, de trouver les voies et les procédures concrètes pour donner à ces droits une traduction juridico-législative toujours plus précise et rigoureuse et, avant cela, pour en faire un véritable point de référence dans l’élaboration des législations et des politiques de la famille. Le fait qu’en décrivant ces droits la Charte renvoie, entre les sources et les références, au moins neuf fois à la Déclaration universelle des droits de l’homme – ainsi qu’à la Déclaration des droits de l’enfant, la Convention internationale sur les droits civils et politiques, la Convention internationale sur les devoirs économiques, sociaux et culturels, la Charte sociale européenne – peut être de bon augure pour que les droits de la famille soient reconnus universellement, au-delà des divergences religieuses, sociales, juridiques et culturelles.
Je voudrais pour ma part mettre en lumière certaines conditions qui peuvent représenter les prémisses indispensables à la reconnaissance, à la sauvegarde et au soutien de ces droits de la famille.
Il est urgent, avant tout, de mettre en œuvre une action culturelle complète et profonde, comprenant aussi les « coutumes », et donc les modes de vie, et pas seulement les manières de pensée. Il est nécessaire, surtout dans une situation pluraliste et complexe comme la nôtre, d’opérer un soutien des mentalités et des sentiments communs qui puisse, par de bonnes raisons et des exemples persuasifs, convaincre de l’importance et de la valeur de la famille. Il s’agit, par exemple, de s’acheminer vers une mentalité qui, recouvrant l’éthique de la liberté et du don, considère la famille non pas comme une relation générique, mais comme une réalité qui, de par sa nature, requiert un pacte entre un homme et une femme, sur la base d’un choix libre et réciproque, et une relation génératrice, au moins en tant que projet. Ce qui est en jeu, c’est la capacité de donner vie à une authentique médiation anthropo-éthique, d’atteindre un consensus social quant au modèle de la bonne famille.
Toujours d’un point de vue culturel, il est indispensable de reconnaître, respecter, sauvegarder, valoriser et soutenir l’identité de la famille comme société naturelle fondée sur le mariage. Ceci est d’autant plus nécessaire et urgent aujourd’hui, dans un contexte où bien souvent c’est l’idée même de famille qui est discutée et dénaturée. Il s’agit donc de tracer une ligne de démarcation aussi nette que possible entre la famille proprement dite et les autres vies communes – plus ou moins stables et diversement motivées – qui ne peuvent mériter, de par leur nature, ni le nom ni le statut de famille, et de lui réserver une sauvegarde spécifique et une voie préférentielle dans les interventions sociales et de solidarité, afin de la mettre en condition d’exercer efficacement ses fonctions propres.
« Il faut, en outre, redécouvrir et soutenir la subjectivité de la société civile. C’est-à-dire qu’il s’agit d’encourager et de soutenir la « responsabilité » des personnes, seules ou associées, pour qu’elles « construisent » la société sous ses formes les plus diverses. Toutefois, il importe de fuir toute exaltation naïve ou simpliste, toute surévaluation ironique de cette même société civile. Il est vrai, en fait, qu’elle est le lieu unique dans lequel les valeurs puissent être cultivées. Mais cela ne se produit pas automatiquement. Même la société civile est soumise à des dynamiques négatives de destruction des valeurs. Il s’agit alors d’opérer également à ce niveau pour une « récupération de moralité » qui franchisse l’éthos courant. A ce propos, il est nécessaire et urgent de retourner aux valeurs, et on ne peut permettre, au nom d’une fausse et présumée « laïcité », de transformer les « valeurs » en simples « goûts » ; il est nécessaire et urgent de laisser libre cours à la volonté et à la capacité de penser et de projeter (culturellement et politiquement) le modèle de la bonne société ou du bien commun. Dans ce cadre – à partir de la compréhension de la réalité sociale effective et, inséparablement, du partage des valeurs morales –, on réussira à déterminer aussi le modèle de la bonne famille et l’on pourra réaliser cette profonde opération culturelle à laquelle nous venons de faire allusion.
Il faut ensuite préserver la subjectivité sociale de la famille en tant que telle. Ce qui signifie reconnaître effectivement que la famille est la cellule originelle de la société, titulaire et source de droits inaliénables et, comme telle, reconnue dans son identité, acceptée dans sa subjectivité et dans ses droits de citoyenneté et sauvegardée selon le principe de subsidiarité. Il s’agit, par conséquent, d’appliquer avec courage et clairvoyance ce principe, par exemple, aux problèmes de la maison, à la liberté dans la transmission de la vie, à l’organisation du travail et aux rapports entre temps de travail et temps de la famille, aux questions d’éducation. Tout cela, par ailleurs, interpelle et responsabilise non seulement la société, les institutions et les États, mais aussi les familles elles-mêmes, qui doivent avant tout être conscientes de leur subjectivité et s’engager à la vivre.
Enfin et surtout, il faut reconnaître que la famille constitue, en quelque sorte, le carrefour où se rencontrent, se mesurent, se décident et se construisent les rapports interpersonnels les plus divers. Il faut, en d’autres termes, dépasser une vision purement individualiste de la réalité et s’habituer à considérer les réflexes et les possibles implications familiales de tous les problèmes de la personne et de la société. Il s’agit, en fait, de récupérer et développer avec force et décision la dimension sociale propre et inaliénable de la famille et la dimension familiale de tous les problèmes de l’individu et de la société.
Il s’ensuit, en conclusion, que droits de la famille et droits de l’homme iront de pair, grâce à un entrelacement inextricable et profitable, grâce à un renvoi réciproque, qui permettront un soutien plus réel de la dignité de chaque personne et une vie sociale plus juste et meilleure. »
Article ajouté le 09-06-2008 , consulté 284 fois