Archive pour juin, 2011

L’Hébreu l’être de passage

6 juin, 2011

du site:

http://www.alliancefr.com/judaisme/cyberthora/haadad/hebreu.html

L’Hébreu l’être de passage
 
L’Éternel dit à Abraham : « Quitte ton pays, ta ville natale, la maison de père et vas vers le pays que je t’indiquerai. Et je ferai de toi un grand peuple, et Je te bénirai et J’agrandirai ton nom et sois bénédiction. Qui te bénira Je le bénirai, et qui te maudiras Je le maudirai, et seront bénies par toi toutes les familles de la terre».
 
L’histoire d’Israël est si longue et si riche qu’il est parfois difficile même pour deux membres de cette communauté d’être d’accord sur une définition commune de leur identité ; l’un annoncera par exemple, qu’il est Israélite et l’autre qu’il est Juif et tout aussi fier de l’être. Cette terminologie, quoi qu’en pense le quidam n’est jamais neutre, elle véhicule des visions du monde, des nuances dans la perception de sa foi, dans son rapport au monde. Le judaïsme même au sein de la mouvance orthodoxe véhicule différents courants qui possèdent leur caractéristiques cultuelles et leurs coutumes ancestrales. L’on comprendra pourquoi l’un des titres qui apparaît le plus souvent, sous différentes formes, lors des colloques organisés au sein de la communauté juive reste sans conteste celui de la définition identitaire. Sur quelle base l’exprimer ? À quelle science se fier ? La religion, l’histoire, la sociologie, la psychologie ?… »Deux juifs, trois opinions ! » exprime le dicton synagogal. Jamais une collectivité ne s’est autant interrogé sur elle-même. Face à ce questionnement, le retour aux sources est sans doute nécessaire, et pour l’homme de foi la réponse est dans le Livre. Si nous avons placé ces trois versets de la Genèse en exergue c’est qu’à nos yeux tout est dit dans le premier appel de Dieu à Abraham. Analyse. Dieu interpelle le premier Patriarche pour une marche ; non pas une errance ni une aventure vers l’inconnu, mais pour un déplacement vers une terre dont on ne sait rien encore, mais d’où le message divin pourra jaillir pour l’Humanité entière. En abandonnant la Mésopotamie, en franchissant l’Euphrate, le fils de Térah devient un Hébreu (Ivri), littéralement « le passant ». Ce nom désignera par la suite chaque descendant du personnage, Dieu lui-même sera désigné par Moïse « le Dieu des Hébreux ». (ref) Les commentateurs traditionnels sensibles à la morphologie des versets s’étonnent de l’ordre des mots du premier verset cité, l’écriture n’aurait-elle pas dû être inversée ? On quitte d’abord sa maison, puis sa ville, puis son pays ? En fait, il ne s’agit pas d’un déplacement géographique mais d’un déplacement psychologique et spirituel. Abraham doit abandonner des valeurs nationales, puis locales, puis familiales qui étaient toutes imprégnées d’idolâtrie et de violence. Ce voyage fera de notre héros un « Hébreu », littéralement un passant, franchissant l’Euphrate pour la terre promise. Mais par delà ce déplacement géographique, se dessine un autre mouvement plus intérieur, plus intime qui touche le cur même de la foi. Par ce passage originel, Abraham quitte l’idolâtrie, le culte des forces de la nature, pour se mettre au service de l’Unique, créateur des Cieux et de la terre. Les noms qui permettent aux hommes de se rassembler, de se reconnaître, ont souvent besoin de se référer au stable. Une identité nationale, une fédération, une association sportive se doivent d’être rassurantes pour ceux qui la compose. L’Hébreu n’entend dans son nom aucune stabilité, il se sent plutôt entre deux rives. Peut-être parce qu’on n’est jamais totalement Hébreux mais qu’on le devient, parce qu’on n’est jamais homme mais qu’on le devient aussi (oserai-je proposer à mon frère chrétien la même réflexion ?) La religion comme la vérité est toujours dans la fragilité. Les intégrismes politiques ou religieux ont oublié la leçon eux qui affirment être sur de leur fait. Le croyant s’alimente d’une foi certaine, mais pour se rendre compte qu’il est entre deux bords. La mézouza est posée sur le montant d’une porte, le lieu de passage de deux mondes, celui de l’intimité et celui de la vie économique. Abraham ne se reconnaissait ni comme israélite, ni comme juif, mais comme Hébreu. S’il est incontestable que chaque monothéisme issu de ce personnage le dépeint à la lueur de sa propre foi, il existe dans dans cette dimension hébraïque une portée qui devrait unir (sans uniformiser) nos consciences religieuses. Être monothéiste c’est d’abord passer de l’autre côté, refuser de s’asseoir sur des situations toutes faites. La condition hébraïque se veut condition de fragilité, non pour disparaître, mais au contraire pour se consolider et mieux perdurer, la force d’un système s’affirme dans le centre de gravité qui est le lieu du passage, c’est dans l’espace de passage, la porte, que l’homme pieux place la mézouza, ce petit boîtier qui contient la proclamation de l’unité divine.
Le passage est toujours un lieu de fragilité car l’on quitte une rivr pour une autre.Le communisme tombe un nouveau système naït, notre société passe d’un mode tradiotionnel
 

VOYAGE DE BENOÎT XVI EN CROATIE : HOMÉLIE DU DIMANCHE 5 JUIN

6 juin, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28124?l=french

VOYAGE DE BENOÎT XVI EN CROATIE : HOMÉLIE DU DIMANCHE 5 JUIN

Texte intégral

ROME, Dimanche 5 juin 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée ce dimanche matin à Zagreb au cours de la messe qu’il a présidée dans le cadre de son voyage apostolique de deux jours en Croatie (Samedi 4, dimanche 5 juin). Le pape a alterné l’italien et le croate. Les parties de son homélie en italien ont été traduites en croate au fur et à mesure.
Chers frères et sœurs,
Au cours de cette Sainte Messe que j’ai la joie de présider, concélébrant avec de nombreux Frères dans l’épiscopat et avec un grand nombre de prêtres, je rends grâce au Seigneur pour toutes les familles bien-aimées réunies ici, et pour tant d’autres qui sont reliées à nous par la radio et la télévision. Je remercie particulièrement le Cardinal Josip Bozanic, Archevêque de Zagreb, pour ses chaleureuses paroles du début de la Messe. A tous, j’adresse mon salut et je vous exprime ma grande affection avec un baiser de paix !
Nous avons célébré, il y a peu, l’Ascension du Seigneur et nous nous préparons à recevoir le grand don du Saint-Esprit. Dans la première lecture, nous avons vu comment la communauté apostolique était réunie en prière dans le Cénacle avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 12-14). C’est là un portrait de l’Église qui plonge ses racines dans l’événement pascal : le Cénacle, en effet, est le lieu où Jésus institua l’Eucharistie et le Sacerdoce, au cours de la Dernière Cène, et où, ressuscité des morts, il répandit l’Esprit Saint sur ses Apôtres le soir de Pâques (cf. Jn 20, 19-23). A ses disciples, le Seigneur avait ordonné « de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4) ; il avait plutôt demandé qu’ils restent ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Et ils se réunirent pour prier avec Marie au Cénacle dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14). Rester ensemble fut la condition mise par Jésus pour accueillir la venue du Paraclet, et la prière prolongée fut la condition nécessaire de leur concorde. Nous trouvons ici une formidable leçon pour chaque communauté chrétienne. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend principalement d’une programmation consciencieuse et de son intelligente mise en œuvre par un engagement concret. Certes, le Seigneur demande notre collaboration, mais avant n’importe quelle réponse de notre part, son initiative est nécessaire : c’est son Esprit le vrai protagoniste de l’Église, à invoquer et à accueillir.
Dans l’Évangile, nous avons écouté la première partie de ce qu’on appelle « la prière sacerdotale » de Jésus (cf. Jn 17, 1-11a) – en conclusion des discours d’adieux – pleine de confidence, de douceur et d’amour. Elle est appelée « prière sacerdotale », parce qu’en elle, Jésus se présente dans l’attitude du prêtre qui intercède pour les siens, au moment où il va quitter ce monde. Le passage est dominé par le double thème de l’heure et de la gloire. Il s’agit de l’heure de la mort (cf. Jn 2, 4 ; 7, 30 ; 8, 20), l’heure au cours de laquelle le Christ doit passer de ce monde au Père (13, 1). Mais elle est aussi, en même temps, l’heure de sa glorification qui s’accomplit à travers la croix, appelée par l’évangéliste Jean « exaltation », c’est-à-dire élévation, montée dans la gloire : l’heure de la mort de Jésus, l’heure de l’amour suprême, est l’heure de sa gloire la plus haute. Pour l’Église aussi, pour chaque chrétien, la gloire la plus haute est celle de la Croix, c’est vivre la charité, don total à Dieu et aux autres.
Chers frères est sœurs ! J’ai accueilli très volontiers l’invitation que m’ont adressée les Évêques de la Croatie à visiter ce pays à l’occasion de la première Rencontre Nationale des Familles Catholiques Croates. Je désire exprimer ma vive appréciation pour l’attention et l’engagement envers la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale aujourd’hui, dans votre pays comme ailleurs, doit affronter des difficultés et des menaces et donc a particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue, mais aussi parce que les familles chrétiennes sont une ressource décisive pour l’éducation à la foi, pour l’édification de l’Église comme communion et pour sa présence missionnaire dans les situations les plus diverses de la vie. Je connais la générosité et le dévouement avec lequel, vous, chers Pasteurs, servez le Seigneur et l’Église. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, comme aussi pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles, est la route fondamentale pour régénérer toujours de nouveau l’Église et aussi pour vivifier le tissu social du pays. Poursuivez avec disponibilité votre précieux engagement pastoral !
Il est bien connu de tous que la famille chrétienne est un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation. Le bienheureux Jean-Paul II, qui a visité par trois fois ce noble pays, affirmait que « la famille chrétienne est appelé à prendre une part active et responsable à la mission de l’Église d’une façon propre et originale, en se mettant elle-même au service de l’Église et de la société dans son être et dans son agir, en tant que ‘communauté intime de vie et d’amour’ » (Familiaris consortio, 50). La famille chrétienne a toujours été la première voie de transmission de la foi et elle conserve aujourd’hui de grandes possibilités pour l‘évangélisation dans de multiples domaines.
Chers parents, engagez-vous toujours à enseigner à vos enfants à prier, et priez avec eux ; faites-les approcher des Sacrements, particulièrement de l’Eucharistie – cette année vous célébrez les 600 ans du ‘miracle eucharistique de Ludbreg’ – ; et introduisez-les dans la vie de l’Église ; dans l’intimité domestique, n’ayez pas peur de lire la Sainte Écriture, illuminant la vie familiale de la lumière de la foi et louant Dieu comme Père. Soyez presque un petit cénacle, comme celui de Marie et des disciples, dans lequel se vit l’unité, la communion, la prière !
Aujourd’hui, grâce à Dieu, de nombreuses familles chrétiennes acquièrent toujours plus la conscience de leur vocation missionnaire et s’engagent sérieusement dans le témoignage au Christ Seigneur. Le bienheureux Jean-Paul II a dit : « A notre époque, les familles qui collaborent activement à l’évangélisation sont de plus en plus nombreuses… Dans l’Église a mûri l’heure de la famille, qui est également l’heure de la famille missionnaire » (Angelus, 21 octobre 2001). Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente. Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie. Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ! Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants.
Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, ‘petites Églises domestiques’ » (Discours d’ouverture du Congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin Insegnamenti di Benedetto XVI, I, 2005, p. 205). Prions le Seigneur pour que les familles soient toujours plus de petites Églises et que les communautés ecclésiales soient toujours plus une famille !
Chères familles croates, en vivant la communion de foi et de charité, soyez témoins de façon toujours plus transparente de la promesse que le Seigneur monté au ciel fait à chacun de nous : « …je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt, 28, 20). Chers chrétiens croates, sentez-vous appelés à évangéliser par toute votre vie ; écoutez avec force la parole du Seigneur : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Que la Vierge Marie, Reine des croates, accompagne toujours votre chemin. Amen ! Loués soient Jésus et Marie !

Traduction française distribuée par la salle de presse du Saint-Siège

underwater – bonne nuit

5 juin, 2011

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http://www.fabulousnature.com/cat35.htm

L’Esprit Saint

5 juin, 2011

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http://www.eglise-saint-charles.com/tb_mosaique_pantocrator.html

Le spirituel chrétien

5 juin, 2011

du site:

http://www.culture-et-foi.com/texteliberateur/henri_bourgeois.htm

Le spirituel chrétien

Henri Bourgeois

L’association des amis d’Henri Bourgeois nous faisait récemment parvenir son dernier bulletin (No 7, décembre 2005) sur le thème du spirituel d’après Henri Bourgeois. Avec plaisir nous en extrayons ce texte ouvert et nuancé, paru en 1999 dans la revue Prêtres diocésains.
…Le spirituel dont il va s’agir ne désigne pas seulement la place ou la marque de l’Esprit de Dieu. C’est une des formes de l’expérience humaine. Qu’en celle-ci, il soit parfois possible (sans que ce soit automatique) de reconnaître la présence de l’Esprit divin, c’est une conviction chrétienne.  Mais le spirituel comporte d’autres significations.
Par ailleurs, ce que je voudrais dire ne sera ni sociologique, ni historique, ni même biblico-exégétique, mais proprement théologique. Étant entendu que la théologie cherche à ne pas rester étrangère aux divers points de vue que je viens d’indiquer.
Le spirituel dans l’Occident actuel
Il y a un demi-siècle, j’aurais fait état de la spiritualité plutôt que du spirituel. Le mot spiritualité avait et présente d’ailleurs toujours ses lettres de noblesse. Il désigne la manière dont des personnes ou des groupes orientent leur liberté et leur foi, le plus souvent en fonction d’une tradition et en référence à des textes ou des témoins. Mais aujourd’hui, sans abandonner pour autant le terme de spiritualité, on s’intéresse plutôt au spirituel, au moins quand on veut examiner ce qu’expérimentent nos contemporains en leur cœur et en leur esprit. Le mot « spirituel » paraît, à tort ou à raison, moins déterminé que spiritualité, donc plus souple ou plus englobant et surtout il semble pouvoir convenir à des expériences très diverses, pas forcément religieuses ou, en tout cas, pas forcément chrétiennes.
De fait, en Europe et en Amérique du Nord, le spirituel retient actuellement l’attention de multiples manières. Il indique le désir et la recherche de bien des gens que déçoit une civilisation trop rationnelle, trop clinquante, trop fascinée par les  logiques de la consommation, du profit et de l’apparence. Le spirituel, c’est donc la vie autrement. Pas toujours la vie chrétienne et pas même toujours la vie religieuse. Il s’agit d’une dimension oubliée ou méconnue de l’existence, celle où l’on habite ce que l’on est, au lieu de se laisser distraire et finalement aliéner par les mises en scène, les conventions reçues, les bavardages ou les pensées toutes faites.
Bien entendu, ce besoin de retrouver l’essentiel caché existe aussi en Amérique Latine, en Afrique et en Asie. Mais il semble être plus habituellement satisfait sur ces continents, même si tout n’y est pas parfait. L’Occident a l’impression (survoltée ?) qu’en sa crise des valeurs ou des finalités le spirituel a été trop longtemps marginalisé, que le christianisme (la religion jusqu’ici dominante) ne l’a pas assez honoré en cédant à des prurits de morale ou de doctrine et qu’il est donc urgent de redécouvrir, peut-être à frais nouveaux, ce qu’est la manière spirituelle de vivre. Que cela prenne forme de New Age, de gnoses, d’ésotérisme ou de néo-sagesse, de goût pour la voyance, de pratique du yoga, d’intérêt pour le bouddhisme ou pour les arts martiaux asiatiques, de pentecôtisme et de groupes charismatiques, de goût pour les médecines douces ou pour la sophrologie, peu importe au fond. Car, sans du tout confondre ces diverses expressions du spirituel, on peut leur reconnaître un air de famille et une valeur semblable de signe.
Le spirituel chrétien en cette galaxie
À mon sens, le risque pour les chrétiens c’est de constituer leur expérience spirituelle ou leur spiritualité en dehors de ce contexte, dans une sorte d’intemporalité formelle ou dans la seule mouvance de leurs traditions (si nobles soient-elles). Certes, la tonalité spirituelle que veulent et peuvent expérimenter les disciples de Jésus a des traits propres. Mais ces particularités apparaissent sur un fond commun. De même que Jésus a assumé la condition humaine et qu’il a manifesté son mystère singulier en cette appartenance d’incarnation, de même les chrétiens attestent aujourd’hui, en Occident, ce qui se passe en leur monde à propos de spirituel.
Je concède volontiers que beaucoup d’entre eux témoignent surtout de ce qu’il en était hier. Mais, théologiquement, le point que voici est peu contestable. Que l’on fasse référence à une nouvelle évangélisation ou que l’on évoque l’inculturation, il est clair que l’on ne choisit ni son époque ni son contexte et que le spirituel, comme le reste de notre existence, est à accueillir et à élaborer selon les signes des temps et les ressources du moment.
Le premier caractère du spirituel chrétien est donc de participer à la spiritualité humaine, telle qu’elle se présente ici et maintenant. Il doit y avoir dans cette communauté généralisée des souffles et des désirs, dans cette partielle connivence des aspirations et des attentes quelque chose qui peut, en principe, avoir rapport avec l’Esprit qui remplit l’univers. Car cet Esprit « offre à tous les humains, par les moyens qu’il connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » du Christ (Vatican II, Gaudium et Spes, 22, § 5).
Dès lors, les chrétiens se trouvent devant les enjeux que rencontre aujourd’hui le spirituel, en sa multiplicité turbulente et éparpillée. En voici quelques-uns.
Tout d’abord, c’est entendu, le spirituel habite la vie non superficielle, l’existence autre. Mais l’expérience spirituelle que, spontanément, nous lions au silence, à la sérénité méditative, n’est-elle pas aussi, à d’autres moments et sous d’autres modalités, celle de l’excès, de l’intensité affective, voire de la transe dont font état l’Afrique et l’Amérique Latine? Il n’est pas sans importance pour les chrétiens d’apprendre à articuler ces deux formes du spirituel, non seulement pour ne pas considérer avec une suspicion a priori certaines formes d’exubérance comme on en trouve dans la prière charismatique, mais aussi pour pratiquer spirituellement l’expérience « soft » de la liturgie.
En deuxième lieu, le spirituel chrétien comme tout autre spirituel a besoin de moduler les temps forts, ceux de la prière ou du partage enthousiasmant, ceux du pèlerinage ou de la fête, ceux de l’épreuve (un deuil, une séparation) ou de la joie de béatitude avec le quotidien plus terne, parfois un peu monotone, celui de la fidélité, de la fatigue, de la répétition. Car le spirituel n’existe pas seulement dans l’exceptionnel. Il réside aussi (potentiellement) dans le banal, celui du « pain de ce jour ». Et ce qu’il est ici doit sûrement éclairer ce qui se manifeste là.
Troisième point de vérification : quel rapport notre expérience spirituelle établit-elle entre ce qui est personnel ou intime et ce qui est communicable et partageable à un plan fondamental, au-delà des impressions de la convivialité, de l’échange d’informations ou encore de la collaboration? La question est aujourd’hui considérable et elle vaut pour tout le monde, pour les non chrétiens et évidemment pour les témoins de l’évangile. Elle n’a pas de solution théorique, elle suppose un apprentissage et sans doute une initiation qui, trop souvent, fait défaut.
Enfin je voudrais noter que toute expérience spirituelle, quelle qu’elle soit, est forcément ambiguë. On peut se laisser surprendre naïvement par l’intériorité et ses jouissances comme par l’investissement de soi-même dans la tâche quotidienne. L’étonnant ou le merveilleux hantent le spirituel, mais aussi la culpabilité, la mésestime de soi-même ou encore ce que l’on nomme aujourd’hui « la déprime ». Il est donc indispensable de discerner. Bien entendu, sur le marché des méthodes de discernement, les propositions sont aujourd’hui diverses. Mais l’humble pratique et le bon sens sapientiel manquent souvent à l’appel.
Le spirituel chrétien, un spirituel de foi
Comment comprendre dans ce contexte les traits propres du spirituel vécu par les chrétiens ?
Le plus clair, c’est que leur expérience spirituelle a une forme religieuse ou, pour être plus précis, une teneur croyante. Les disciples de Jésus expérimentent une spiritualité évangélisée. Ils sont spirituels comme des croyants.
Cela veut dire en premier lieu que leur spiritualité se développe dans une histoire qui, en principe, est apte à lui donner et de la qualité et de l’originalité.  Cette histoire est celle des figures auxquelles la foi se rapporte, celle d’Abraham, celle des prophètes et, bien entendu, à un titre tout particulier, celle de Jésus. Être chrétien, c’est donc accueillir en soi l’expérience spirituelle de ces témoins de révélation et la laisser stimuler la nôtre. Cela se réalise pratiquement selon une tradition : car ces figures se relient entre elles dans une succession historique, chacune renvoyant aux autres. En ce sens, la spiritualité chrétienne est traditionnelle. Non qu’elle se borne à la répétition des messages bibliques. Mais elle cherche d’âge en âge à assimiler le contenu spirituel de ces paroles, dépassant ainsi les mots et les représentations mentales et s’appuyant autant que possible sur ce que les générations antérieures ont compris et vécu.
Ensuite, l’expérience spirituelle chrétienne bénéficie de la relation ecclésiale. Évidemment, le fait que le christianisme soit ecclésial a son lot de lourdeurs et la spiritualité n’y trouve pas toujours son compte. Il n’empêche qu’appartenir à un peuple au titre d’une même foi, quelles qu’en soient d’ailleurs les nuances, a de quoi contribuer au développement de l’expérience spirituelle. Cela, si du moins chaque membre de l’Église fait attention à d’autres expériences à côté de lui, cherche à en percevoir l’inspiration et se sent porté à exprimer et à écouter ce que les uns et les autres vivent en profondeur. En l’occurrence, la forme ecclésiale de la spiritualité chrétienne prolonge sa teneur traditionnelle. Il s’agit toujours d’abriter dans le spirituel qui est en soi-même quelque chose du spirituel que d’autres expérimentent.
En troisième lieu, je voudrais souligner la place de la conversion dans la spiritualité chrétienne. Comme le disent les prophètes bibliques et comme Jésus l’atteste, la conversion a une place instauratrice dans la foi des chrétiens. Il leur faut revenir à l’essentiel ou à l’originaire qui donne sens radical à leur vie et qui vient d’en haut. Par conséquent, le spirituel évangélique implique une décision ou encore une adhésion. Ce n’est ni simplement une émotion, même profonde, ni un sentiment esthétique. C’est une expérience où la volonté s’engage, en réponse à une offre qui lui est faite. Et c’est à cause de ce vouloir toujours notablement personnel que devient possible la solidarité avec autrui, c’est-à-dire la participation aux figures bibliques, la tradition et la communion ecclésiale.
Enfin, dans ce que l’expérience spirituelle chrétienne reçoit pour se constituer, il faut mentionner des moments symboliques originaux, les sacrements. Ces célébrations débordent le champ habituel de la prière ou de la méditation. Elles impliquent le corps ou la sensibilité en direction du spirituel. Elles prolongent les paroles de révélation en gestes d’accueil du mystère et de communication entre les croyants. À leur manière, elles contribuent, elles aussi, à faire tradition, à réaliser l’Église et à susciter la décision de foi.
Les modulations du spirituel proposé aux chrétiens
Je viens de caractériser ce qu’on pourrait appeler le « cadrage » de la spiritualité chrétienne. Mais une seconde lecture de cette expérience est possible, celle qui repère dans la conscience des personnes certaines attitudes ou, si l’on veut, certains accents.
Je placerai en premier lieu le sentiment d’un don ou d’une gratuité. Le spirituel évangélique est vécu comme reçu en ce qu’il a de plus fondamental. Il ne vient pas d’abord de nos moyens ou de nos dispositions : c’est une grâce. Je ne pense pas que ce soit là une expérience propre aux chrétiens ni même particulière aux religions : qui ne connaît des non croyants qui vivent spirituellement dans l’émerveillement et une sorte d’action de grâce sécularisée en laquelle ils célèbrent le mystère de la vie et de leur existence? Mais évidemment la révélation biblique donne des repères et des fondements à cette perception spirituelle. C’est notamment sur ce terrain qu’elle nomme l’Esprit de Dieu.
Il faut préciser toutefois que notre expérience spirituelle n’est pas totalement identique à la présence de l’Esprit Saint. D’abord parce que le spirituel, en nous, a des composantes psychologiques et culturelles qui ne sont pas, comme telles, expression immédiate de l’Esprit. Ensuite parce qu’il est en notre cœur et notre esprit d’autres inspirations que celle qui nous vient de Dieu : le combat spirituel dont parlaient les anciens est bien loin d’être une histoire ancienne.
Ajoutons que l’expérience spirituelle classiquement définie en termes d’intériorité ou même d’exubérance pentecôtiste n’est aucunement le seul lieu possible de l’Esprit en nous. Celui-ci est impliqué aussi dans nos actions les plus profanes, dans notre corps, nos relations, notre imagination ou notre pensée. Tout cela est sans doute pris en charge dans le spirituel, mais jamais totalement : il y a toujours dans le réel « autre chose » que ce qu’assume notre spiritualité car l’Esprit remplit l’univers.
C’est là sans doute un point important aujourd’hui. Le christianisme n’est pas seulement une pratique de la spiritualité : il est aussi une orientation pour l’existence globale et donc pour la transformation du monde. Comment tenir ensemble l’indispensable spiritualité et le souci actif de la justice et du partage, du développement et des droits humains? Il n’est qu’une possibilité : c’est que notre pratique séculière soit aussi d’ordre spirituel. Autrement dit que notre spiritualité ne se limite pas aux moments religieux ou méditatifs de  notre vie.
Les enjeux actuels du spirituel chrétien
Dans le temps qui est le nôtre, l’originalité du spirituel chrétien est parfois difficile à expérimenter. Ici encore, je voudrais suggérer brièvement quelques indications.
Ce qui est au fond majeur en tout cela, c’est la foi. Et la foi en un Dieu qui est à la fois présent en nous, intérieur à notre être, et différent de nous, transcendant. Cette double manière d’être de Dieu relève assurément de ce que nous ne pouvons totalement comprendre. Mais elle appartient à ce que confesse la foi évangélique. Et c’est sur ce point, entre autres, que l’expérience chrétienne est parfois en difficulté aujourd’hui. Sans doute à cause de son environnement par les divers courants spirituels contemporains.
Certains chrétiens, en effet, se sentent assez en harmonie avec les spiritualités ambiantes de notre époque et sont assez à l’aise pour reconnaître l’immanence de Dieu. Mais que Dieu soit autre que nous, qu’il nous adresse la parole et que nous puissions lui parler comme à quelqu’un, leur semble énigmatique, voire simplement une habitude pédagogiquement utile mais non fondée en réalité. Au fond, on croit alors en l’Esprit mais on hésite à croire au Père. Ce qui déséquilibre l’affirmation évangélique et le témoignage de Jésus : cet Esprit n’est pas (assez) l’Esprit du Père.
Inversement, il arrive aujourd’hui que nous ayons l’habitude de parler à Dieu, de le comprendre comme un autre par rapport à nous, ainsi que le suggèrent et la Bible et la liturgie. Mais alors il se peut que la présence de Dieu en notre expérience humaine soit trop peu reconnue. Nous craignons de confondre Dieu avec notre propre réalité. On nous met tellement en garde contre le subjectivisme ! En tout cas, on ne nous a guère initiés au mystère de la présence divine en notre être. Nous avons donc de la peine à donner du sens à la fameuse affirmation paulinienne : « l’Esprit en personne se joint à notre esprit » (Rm. 8, 16).
J’ai ici l’impression que notre expérience spirituelle contemporaine de chrétiens éprouve quelque difficulté à faire valoir son originalité non seulement faute d’un tonus suffisant ou encore d’une liberté spirituelle assez vigoureuse, mais aussi par manque de connaissance.
Nombre de nos contemporains sont, de fait, attentifs au « ressenti » et sont allergiques aux dogmes ou aux croyances qu’ils estiment trop peu reliés à l’expérience spirituelle. Qu’il en soit ainsi parfois, peut-être même souvent, cela peut s’admettre. Mais le christianisme depuis ses origines tient à ce que la pensée ne soit pas incompatible avec la spiritualité. Ou, pour mieux dire, il est convaincu que le spirituel suscite le goût de comprendre et donc de réfléchir. Jadis, Irénée de Lyon citait Paul (I Cor. 8, 1) : « la science enfle, tandis que l’amour édifie ». Mais il ajoutait joliment que l’Apôtre ne voulait sûrement pas incriminer « la vraie connaissance de Dieu », car, en ce cas, « il se serait accusé le premier » (Adversus Haereses, II, 26, 1).

Pape Benoît, 23 mai 2010 [Pentecôte, sur la invocation "Veni Sancte Spiritus]

5 juin, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2010/documents/hf_ben-xvi_hom_20100523_pentecoste_fr.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE PENTECÔTE

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Dimanche 23 mai 2010

[Pentecôte, sur la invocation "Veni Sancte Spiritus]

Chers frères et sœurs,

Au cours de la célébration solennelle de la Pentecôte, nous sommes invités à professer notre foi dans la présence et dans l’action de l’Esprit Saint et à en invoquer l’effusion sur nous, sur l’Eglise et sur le monde entier. Faisons donc nôtre, et avec une intensité particulière, l’invocation de l’Eglise elle-même:  Veni, Sancte Spiritus! Une invocation si simple et immédiate, mais dans le même temps extraordinairement profonde, jaillie avant tout du cœur du Christ. En effet, l’Esprit est le don que Jésus a demandé et demande constamment au Père pour ses amis; le premier et principal don qu’il nous a obtenu avec sa Résurrection et son Ascension au Ciel.
Le passage évangélique d’aujourd’hui, qui a pour cadre la Dernière Cène, nous parle de cette prière du Christ. Le Seigneur Jésus dit à ses disciples:  « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14, 15-16). Ici nous est dévoilé le cœur en prière de Jésus, son cœur filial et fraternel. Cette prière atteint son sommet et son accomplissement sur la Croix, où l’invocation du Christ ne fait qu’un avec le don total qu’Il fait de lui-même, et sa prière devient donc pour ainsi dire le sceau même de son don en plénitude par amour pour le Père et pour l’humanité:  invocation et don de l’Esprit Saint se rencontrent, s’entremêlent, deviennent une unique réalité. « Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais ». En réalité, la prière de Jésus – celle de la Dernière Cène et celle sur la croix – est une prière qui demeure également au Ciel, où le Christ siège à la droite du Père. En effet, Jésus vit toujours son sacerdoce d’intercession en faveur du peuple de Dieu et de l’humanité et prie donc pour nous tous, en demandant au Père le don de l’Esprit Saint.
Le récit de la Pentecôte dans le livre des Actes des Apôtres – nous venons de l’écouter dans la première lecture (cf. Ac 2, 1-11) – présente le « nouveau cours » de l’œuvre de Dieu commencé par la résurrection du Christ, une œuvre qui touche l’homme, l’histoire et l’univers. Du Fils de Dieu mort et ressuscité et retourné au Père souffle à présent sur l’humanité, avec une énergie inédite, le souffle divin, l’Esprit Saint. Et que produit cette nouvelle et puissante communication que Dieu fait de lui-même? Là où il existe des déchirements et des séparations, il crée l’unité et la compréhension. Un processus de réunification s’instaure entre les différentes composantes de la famille humaine, divisées et dispersées; les personnes, souvent réduites à des individus en compétition ou en conflit entre eux, atteintes par l’Esprit du Christ, s’ouvrent à l’expérience de la communion, au point de faire d’elles un nouvel organisme, un nouveau sujet:  l’Eglise. Tel est l’effet de l’œuvre de Dieu:  l’unité; c’est pourquoi l’unité est le signe de reconnaissance, la « carte de visite » de l’Eglise au cours de son histoire universelle. Dès le début, depuis le jour de la Pentecôte, celle-ci parle toutes les langues. L’Eglise universelle précède les Eglises particulières, et ces dernières doivent toujours se conformer à elle, selon un critère d’unité et d’universalité. L’Eglise ne demeure jamais prisonnière de frontières politiques, raciales et culturelles; elle ne peut pas se confondre avec les Etats et pas plus avec les Fédérations d’Etats, car son unité est d’un genre divers et aspire à traverser toutes les frontières humaines.
De cela, chers frères, découle un critère pratique de discernement pour la vie chrétienne:  lorsqu’une personne, ou une communauté, se renferme sur sa propre façon de penser et d’agir, c’est le signe qu’elle s’est éloignée de l’Esprit Saint. Le chemin des chrétiens et des Eglises particulières doit toujours se confronter avec celui de l’Eglise une et catholique et s’harmoniser avec lui. Cela ne signifie pas que l’unité créée par l’Esprit Saint est une sorte d’égalitarisme. Au contraire, cela est plutôt le modèle de Babel, c’est-à-dire l’imposition d’une culture de l’unité que nous pourrions qualifier de « technique ». En effet, la Bible nous dit (cf. Gn 11, 1-9) qu’à Babel, tous ne parlaient qu’une seule langue. Lors de la Pentecôte, en revanche, les apôtres parlent des langues diverses de façon à ce que chacun comprenne le message dans son propre idiome. L’unité de l’Esprit se manifeste dans la pluralité de la compréhension. L’Eglise est de par sa nature une et multiple, destinée à vivre auprès de toutes les nations, de tous les peuples et dans les contextes sociaux les plus divers. Elle répond à sa vocation d’être signe et instrument d’unité de tout le genre humain (cf. Lumen gentium, n. 1), uniquement si elle maintient son autonomie à l’égard de tout Etat ou de toute culture particulière. L’Eglise doit être toujours et en tout lieu véritablement, catholique et universelle, la maison de tous dans laquelle chacun peut se retrouver.
Le récit des Actes des Apôtres nous offre aussi un autre point de départ très concret. L’universalité de l’Eglise est exprimée par l’énumération des peuples selon l’antique tradition:  « Parthes, Mèdes et Elamites… » etc. On peut observer que saint Luc va au-delà du nombre 12, qui exprime déjà et toujours une universalité. Il regarde au-delà des horizons de l’Asie et de l’Afrique nord-occidentale, et ajoute trois autres éléments:  les « Romains », c’est-à-dire le monde occidental; les « Juifs et les prosélytes », comprenant de manière nouvelle l’unité entre Israël et le monde; et enfin « Crétois et Arabes », qui représentent l’Occident et l’Orient, les îles et la terre ferme. Cette ouverture des horizons confirme ultérieurement la nouveauté du Christ dans la dimension de l’espace humain, de l’histoire des peuples:  l’Esprit Saint implique les hommes et les peuples et, à travers eux, il dépasse les murs et les barrières.
A la Pentecôte, l’Esprit Saint se manifeste comme un feu. Sa flamme est descendue sur les disciples réunis, elle s’est allumée en eux et leur a donné la nouvelle ardeur de Dieu. Ainsi se réalise ce qu’avait prédit le Seigneur Jésus:  « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé » (Lc 12, 49). Les apôtres, avec les fidèles des diverses communautés, ont apporté cette flamme divine jusqu’aux extrémités de la terre; ils ont ouvert ainsi une route pour l’humanité, une route lumineuse, et ils ont collaboré avec Dieu qui, par son feu, veut renouveler la face de la terre. Combien ce feu est différent des guerres et des bombes! Combien est différent l’incendie du Christ, propagé par l’Eglise, par rapport à ceux allumés par les dictateurs de toute époque, jusqu’au siècle dernier, qui laissent derrière eux une terre brûlée. Le feu de Dieu, le feu de l’Esprit Saint, est celui du buisson qui est embrasé, mais ne se consume pas (cf. Ex 3, 2). C’est une flamme qui brûle, mais ne détruit pas; qui au contraire, en s’embrasant, fait apparaître la meilleure part de l’homme et la plus vraie; et qui comme dans une fusion fait apparaître sa forme intérieure, sa vocation à la vérité et à l’amour.
Un Père de l’Eglise, Origène, dans l’une de ses homélies sur Jérémie, rapporte une parole attribuée à Jésus, qui n’est pas contenue dans les Saintes Ecritures, mais est peut-être authentique, qui dit ceci:  « Qui est à mes côtés est au côté du feu » (Homélie sur Jérémie l. I[III). Dans le Christ, en effet, habite la plénitude du Dieu, qui dans la Bible est comparée au feu. Nous avons observé il y a peu que la flamme de l’Esprit Saint embrase, mais ne brûle pas. Et celle-ci opère toutefois une transformation, et pour cela, elle doit consumer quelque chose dans l’homme, les résidus qui le corrompent et l’entravent dans ses relations avec Dieu et avec son prochain. Mais cet effet du feu divin nous effraie, nous avons peur de nous y « brûler », nous préférerions demeurer comme nous sommes. Cela dépend du fait que, très souvent, notre vie est organisée dans une logique de l’avoir, de la possession et non du don de soi. Beaucoup croient en Dieu et admirent la figure de Jésus Christ, mais quand il leur est demandé de perdre quelque chose d’eux-mêmes, alors ils font un pas en arrière, ils ont peur des exigences de la foi. Il y a la crainte de devoir renoncer à quelque chose de beau, auquel nous sommes attachés; la crainte que suivre le Christ nous prive de la liberté, de certaines expériences, d’une part de nous-mêmes. D’un côté, nous voulons être avec Jésus, le suivre de près, et de l’autre, nous avons peur des conséquences que cela entraîne.
Chers frères et sœurs, nous avons toujours besoin de nous entendre dire par le Seigneur Jésus, ce qu’il répétait souvent à ses amis:  « N’ayez pas peur ». Comme Simon Pierre et les autres, nous devons laisser sa présence et sa grâce transformer notre cœur, toujours sujet aux faiblesses humaines. Nous devons savoir reconnaître que perdre quelque chose, et même soi-même pour le vrai Dieu, le Dieu de l’amour et de la vie, c’est en réalité gagner, se retrouver plus pleinement. Qui s’en remet à Jésus fait l’expérience déjà dans cette vie-là de la paix et de la joie du cœur, que le monde ne peut pas donner, et ne peut pas non plus ôter une fois que Dieu nous les a offertes. Il vaut donc la peine de se laisser toucher par le feu de l’Esprit Saint! La douleur qu’il nous procure est nécessaire à notre transformation. C’est la réalité de la croix:  ce n’est pas pour rien que dans le langage de Jésus, le « feu » est surtout une représentation du mystère de la croix, sans lequel le christianisme n’existe pas. C’est pourquoi, éclairés et réconfortés par ces paroles de vie, nous élevons notre invocation:  Viens, Esprit Saint! Allume en nous le feu de ton amour! Nous savons que c’est une prière audacieuse, par laquelle nous demandons à être touchés par la flamme de Dieu; mais nous savons surtout que cette flamme – et elle seule – a le pouvoir de nous sauver. Nous ne voulons pas, pour défendre notre vie, perdre la vie éternelle que Dieu veut nous donner. Nous avons besoin du feu de l’Esprit Saint, parce que seul l’Amour rachète. Amen.

bonne nuit et bonne dimanche

4 juin, 2011

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Orchis militaris

http://www.floralimages.co.uk/index_1.htm

Come, Holy Spirit…

4 juin, 2011

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http://www.holyhillcross.com/NOVENA%20TO%20THE%20HOLY%20SPIRIT.htm

Septième dimanche de Pâques, Saint Bernard : « Je trouve ma gloire en eux »

4 juin, 2011

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20110605

Septième dimanche de Pâques

Commentaire du jour

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermons sur le Cantique des Cantiques, n°27, 8-10 (trad. Leclercq in Delhougne, Les Pères commentent, p. 370)
« Je trouve ma gloire en eux »

      « Le Père et moi, disait le Fils, nous viendrons chez lui », c’est-à-dire chez l’homme qui est saint, « nous irons demeurer auprès de lui ». Et je pense que le prophète n’a pas parlé d’un autre ciel, lorsqu’il a dit : « Tu habites chez les saints, toi la gloire d’Israël ! » Et l’apôtre Paul dit clairement : « Par la foi, le Christ habite en nos cœurs ». Il n’est donc pas surprenant que le Christ se plaise à habiter ce ciel-là. Alors que pour créer le ciel visible il lui a suffi de parler, il a lutté pour acquérir celui-là ; il est mort pour le racheter. C’est pourquoi, après tous ses travaux, ayant réalisé son désir, il dit : « Voici le lieu de mon repos à tout jamais, c’est là le séjour que j’avais choisi ». Et bienheureuse celle à qui il est dit : « Viens, mon épouse choisie », je mettrai mon trône en toi.

      « Pourquoi, maintenant, te désoler, ô mon âme, et gémir sur moi ? » Penses-tu trouver en toi aussi une place pour le Seigneur ? Et quelle place en nous est digne d’une telle gloire, et suffit-elle à recevoir sa Majesté ? Puissé-je seulement l’adorer aux lieux où se sont arrêtés ses pas ? Qui m’accordera de pouvoir au moins suivre les traces d’une âme sainte « qu’il s’est choisie pour son domaine » ? Cependant puisse-t-il aussi daigner répandre en mon âme l’onction de sa miséricorde, si bien que je sois capable de dire, moi aussi : « Je cours dans la voie de tes volontés, car tu mets mon cœur au large ». Je pourrai peut-être, moi aussi, montrer en moi, sinon « une grande salle toute prête, où il puisse manger avec ses disciples », du moins « un endroit où il puisse reposer sa tête »…

      Il est nécessaire que l’âme grandisse et s’élargisse pour être capable de Dieu. Or, sa largeur, c’est son amour, comme dit l’apôtre Paul : « Élargissez-vous dans la charité ». Car, bien que l’âme n’ait aucune dimension spatiale puisqu’elle est esprit, la grâce lui confère ce que sa nature exclut… La grandeur de chaque âme est donc à la mesure de sa charité. Si bien que celle qui a beaucoup de charité est grande, celle qui en a peu est petite, celle qui n’a rien est néant. Saint Paul affirme en effet : « Si je n’ai pas l’amour, je suis rien ».

(Références bibliques : Jn 14,23; Ps 21,4; Ep 3,17; Jn 1,3; Ps 131,14; Ct 2,10; Ps 41,6; Ps 32,12; Jn 14,23; Ps 118,32; Mc 14,15; Mt 8,20; 2Co 6,13; 1Co 13,3)

5 juin 2011 – 7e dimanche de Pâques : Homélie

4 juin, 2011

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,,3173.html

5 juin 2011 – 7e dimanche de Pâques

Famille de Saint Joseph Juin 2011  

Homélie- Messe  

Nous venons de fêter l’Ascension et nous nous dirigeons vers la Pentecôte que nous célèbrerons dimanche prochain. Autrement dit nous sommes dans le temps de l’attente de la réalisation de la promesse faite par Jésus à ses disciples de leur envoyer l’Esprit Saint. La première lecture extraite du livre des Actes nous place dans les mêmes conditions que les Apôtres qui « après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent du mont des Oliviers à Jérusalem… montèrent à l’étage de la maison ; où ils se tenaient tous. » Au point où nous en sommes du cycle de la liturgie, nous sommes un peu comme au Cénacle. Le Seigneur est remonté auprès de son Père tout en nous promettant de ne pas nous laisser orphelins et de revenir vers nous (Jn 14, 18). Mais nous ne savons pas encore avec précision en quoi consistera ce nouveau mode de présence, purement spirituelle, du Seigneur à nos côtés. Nous savons seulement que « nous allons recevoir dans les jours qui viennent, une force, celle du Saint Esprit, qui viendra sur nous » (Ac 1, 8).
Pour bien comprendre qui est l’Esprit Saint, la prière sacerdotale de Jésus, que nous trouvons dans l’évangile de ce dimanche, nous est d’un grand secours et ce, même si la parole « Esprit Saint » n’y figure à aucun moment. Regardons d’un peu plus près. Jésus, avant d’entrer dans sa passion, lève les yeux vers son Père et commence à s’adresser à lui en ces termes : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. » Le Père a glorifié Jésus en le manifestant comme son Fils par l’exaltation de la Croix et l’Ascension. C’est ce que Jésus lui demandait : « Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi dès avant le commencement du monde » (Cf. Evangile). L’exaltation marque l’avènement de l’heure et en allant au bout de la mission qui lui a été confiée Jésus glorifie son Père. L’Ascension quant à elle nous révèle le sens de la mort du Seigneur : l’abaissement du Fils est en fait une élévation parce que par lui l’homme a de nouveau accès au Père : « il s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix ; c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Cf. Ph 2). A l’Ascension, le Père se révèle Père en élevant celui qui s’est pleinement manifesté comme Fils par son obéissance.
Mais si Jésus demande au Père de le glorifier c’est afin qu’il le glorifie à son tour. Nous touchons ici l’essence de la mission du Fils : révéler et sanctifier le nom du Père. Voilà comment le Fils glorifiera le Père : en le révélant et en le sanctifiant. Comment ? Par le don de l’Esprit Saint. C’est ici qu’il est capital de remarquer que dans la prière sacerdotale de Jésus, il est implicitement fait référence à l’Esprit Saint chaque fois que l’on parle du don réciproque entre le Père et le Fils et du don du Fils aux hommes. Car la dynamique du don caractérise en propre la troisième personne de la Trinité.
Nous comprenons comment, à la Pentecôte, le Fils glorifie le Père, lorsqu’il envoie l’Esprit qui révèle le Père plein d’Amour et de tendresse et qui fait que chacune de nos vies se trouve sanctifiée par sa présence aimante et miséricordieuse. A la Pentecôte, le cœur des croyants, animés par l’Esprit Saint, peut se tourner vers Celui duquel le péché les avait éloignés et l’appeler à nouveau « Abba, Père… ».
La liturgie de ce dimanche nous invite à prier avec insistance tout au long de cette semaine pour que le Fils glorifie le Père en chacune de nos vies par le don de l’Esprit Saint. Tout procède du Père, qui glorifie son Fils en lui communiquant sa propre vie dans l’Esprit. Le Fils à son tour, grâce au pouvoir qu’il a acquis sur toute chair par son incarnation, glorifie son Eglise en répandant sur elle ce même Esprit par lequel elle lui est unie, et en lui au Père. C’est ainsi que la gloire de Dieu descend du ciel sur terre.
Comme les Apôtres qui d’un seul cœur, au Cénacle, participaient fidèlement à la prière avec Marie (Cf. 1ère lecture), désirons-nous ardemment que l’Esprit vienne en nous pour nous glorifier ? Désirons-nous que le nom du Père soit sanctifié en chacun de nous, en d’autres termes que « nous soyons saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Cf. Ep 1, 4) ? L’attitude de prière est fondamentale pour recevoir l’Esprit Saint car elle nous établit dans une totale disponibilité au don de Dieu.
Rappelons-nous aussi que c’est d’abord par son exaltation sur la Croix que le Père a glorifié le Fils. Autrement dit, la conséquence s’impose à nous : c’est à travers les souffrances voire les persécutions qui nous seront imposés ici-bas à cause de notre appartenance au Christ que le Père nous glorifiera (Cf. 2ème lecture). Le Père nous glorifiera parce que dans ces moments d’épreuves nous seront configurés au Christ, devenant à notre tour des fils dans le Fils. Il nous glorifiera parce qu’il fera reposer sur nous son Esprit qui fait de nous des fils nous faisant goûter déjà la vie éternelle qu’il veut nous donner en plénitude.
En retour, notre témoignage glorifiera le Père car il manifestera à la face du monde le visage de Celui qui donne sens à toute notre vie, Celui de qui nous venons et vers qui nous allons pour partager sa vie divine. Notre témoignage se fera alors porteur de vie éternelle pour ceux qui en seront témoins et une fois encore glorifiera le nom du Père : « la vie éternelle, c’est de te connaître toi le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Cf. Evangile).

Frère Elie

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