Archive pour le 23 juin, 2011

The covenant box is brought to Jerusalem

23 juin, 2011

The covenant box is brought to Jerusalem dans images sacrée
http://www.artbible.net/1T/2Sa0601_covenantbox_Jerusalem/index.htm

Évagre le Pontique ou le Moine [J'ai mis La Première Partie, hier, le 22 Juin]

23 juin, 2011

du site:

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Philocalie/evagre.html

Évagre le Pontique ou le Moine.

[J'ai mis La Première Partie, hier, le 22 Juin]

81. Sache que les saints anges nous poussent à la prière et se tiennent alors à nos côtés, joyeux et priant pour nous. Si donc nous sommes négligents et accueillons des pensées étrangères, nous les irritons grandement de ce que, pendant qu’ils luttent si fort pour nous, nous ne voulons même pas supplier Dieu pour nous-mêmes; méprisant leurs services, nous abandonnons Dieu leur Seigneur pour aller au devant des démons impurs.
82. Prie comme il faut et sans trouble; psalmodie avec attention et harmonie, et tu seras comme le petit de l’aigle planant dans les hauteurs.
83. La psalmodie calme les passions et apaise l’intempérance du corps; la prière fait exercer à l’intelligence l’activité qui lui est propre.
84. La prière est l’activité qui sied à la dignité de l’intelligence, autrement dit l’emploi le meilleur et adéquat de celle-ci.
85. La psalmodie appartient à la sagesse multiforme; mais la prière est le prélude de la gnose immatérielle et uniforme.
86. La gnose est excellente, car elle collabore avec la prière en éveillant la puissance intellectuelle de l’intelligence à la contemplation de la gnose divine.
87. Si tu n’as pas encore reçu le charisme de la prière ou de la psalmodie, obstine-toi et tu recevras.
88. Il leur dit aussi une parabole pour montrer qu’ils doivent prier toujours et ne pas se lasser. Donc ne te lasse pas d’attendre, ne te décourage pas pour n’avoir pas reçu; tu recevras dans la suite. Et il conclut la parabole ainsi : « Encore que je ne craigne pas Dieu ni ne me préoccupe des hommes, du moins à cause des embarras que me cause cette femme, je lui rendrai justice. Ainsi Dieu fera justice à ceux qui crient vers lui jour et nuit, et promptement. » Aie donc bon courage et persévère vaillamment dans la sainte prière.
89. Ne veuille pas que ce qui te concerne s’arrange selon tes idées, mais selon le bon plaisir de Dieu; alors tu seras sans trouble et plein de reconnaissance dans ta prière.
90. Même s’il te semble que tu es avec Dieu, prends garde au démon de la luxure, car il est fort trompeur et très envieux. Il prétend être plus prompt que le mouvement, la sobriété et la vigilance de ton intelligence, au point de l’entraîner loin de Dieu tandis qu’elle se tient près de Lui avec une crainte respectueuse.
91. Si tu t’appliques à la prière, prépare-toi aux assauts des démons et supporte vaillamment leurs coups; car ils se jetteront sur toi comme des fauves et mettront à mal tout ton corps.
92. Prépare-toi comme un lutteur expérimenté pour ne pas fléchir, même si tu vois tout à coup un fantôme; pour ne pas te laisser troubler, même à l’aspect d’une épée brandie contre toi ou d’un éclair te jaillissant au visage; pour ne pas laisser le moins du monde effondrer ton courage, même devant un spectre hideux et sanglant; mais tiens ferme et poursuis ta belle confession, et tu supporteras d’un coeur léger la vue de tes ennemis.
93. Qui supporte les tracas, obtiendra aussi les consolations; et qui est constant dans les désagréments, ne manquera pas les agréments.
94. Prends garde que les méchants démons ne te trompent par quelque vision; mais sois attentif, recours à la prière et invoque Dieu, pour que, si le concept vient de Lui, Il t’éclaire Lui-même; sinon, qu’Il se hâte de chasser de toi le séducteur. Aie confiance : les chiens n’y sauront tenir; si tu te livres à une supplication ardente, sans retard, invisiblement et sans se montrer, la puissance de Dieu les fustigera et les chassera bien loin.
95. Il est bon que tu n’ignores pas non plus la ruse suivante : à l’occasion, les démons se divisent, et si tu as l’air de chercher du secours [contre les uns], les autres entrent en scène sous des formes angéliques et pourchassent les premiers; cela pour que tu t’y méprennes en t’imaginant que ce sont vraiment de saints anges.
96. Efforce-toi d’acquérir beaucoup d’humilité et de courage, et les insultes des démons ne toucheront pas ton âme; nul fléau n’approchera de ta tente, parce qu’il donnera en ta faveur des ordres à ses anges pour qu’ils te gardent 1; et les anges chasseront invisiblement loin de toi toutes les entreprises hostiles.
97. Qui s’applique à la prière pure, entendra bruits et fracas, voix et insultes; mais il ne s’effondrera pas, ni ne perdra son sang froid, disant à Dieu: « Je ne craindrai aucun mal, parce que Tu es avec moi », et autres paroles semblables.
98. Au moment de telles tentations, use d’une prière brève et intense.
99. Si les démons menacent de t’apparaître soudainement dans les airs, de te terrasser et de saccager ton intelligence, ne t’en épouvante pas; ne fais même pas attention à ces menaces. Ils te font peur pour voir si, décidément, tu t’occupes d’eux, ou si tu es arrivé à les mépriser complètement.
100. Si c’est à Dieu, le Tout-Puissant, Créateur et Providence, que tu es présent dans ta prière, pourquoi apportes-tu à cette présence cette absurdité de passer à côté de Sa crainte souveraine pour aller avoir peur de moustiques et de cafards ? N’as-tu donc pas entendu celui qui dit: « Tu craindras le Seigneur ton Dieu », et encore : « Lui devant la puissance de qui tout est dans l’effroi et le tremblement » .
101. Comme le pain est nourriture pour le corps et la vertu pour l’âme, de même la prière spirituelle pour l’intelligence.
102. Prie non pas comme le pharisien, mais comme le publicain dans le lieu sacré de la prière, afin d’être, toi aussi, justifié par le Seigneur.
103. Fais tous tes efforts pour ne rien dire contre personne dans ta prière; ce serait démolir ce que tu veux édifier et rendre ta prière abominable.
104. Que le débiteur de mille talents te serve de leçon: si tu ne remets pas à ton débiteur, tu n’obtiendras pas la rémission, toi non plus, car il est écrit : « Il le livra aux bourreaux. »
105. Ne tiens pas compte des besoins du corps quand tu es en prière, pour qu’une morsure de pou, de puce, de moustique ou de mouche ne t’enlève pas le meilleur profit de ta prière.
106. Il nous est revenu qu’à un saint homme en prière, le malin livra un combat si acharné que, à peine étendait-il les mains, l’ennemi se travestissait en lion, levait tout droit sur lui ses pattes de devant et enfonçait ses griffes dans les deux joues de l’athlète, sans lâcher prise qu’il n’eût baissé les bras. Mais lui ne les laissait jamais retomber qu’il n’eût achevé ses prières habituelles.
107. Tel fut aussi, nous le savons, Jean le Petit, ou, pour mieux dire, le très grand moine qui menait la vie solitaire dans une fosse : par l’effet de son intimité avec Dieu, il demeura inébranlable tandis que le démon, sous la forme d’un dragon enroulé autour de son corps, lui torturait les chairs et lui éructait au visage.
108. Tu as certainement lu aussi les vies des moines de Tabennèse, là où il est dit que, tandis que l’abbé Théodore faisait un discours aux frères, deux vipères vinrent sous ses pieds; mais lui, sans se troubler, fit de ses jambes comme une voûte pour les y loger jusqu’à ce qu’il eût terminé la conférence. Et alors, il les montra aux frères en leur racontant la chose.
109. Au sujet d’un autre frère spirituel encore, nous avons lu que, tandis qu’il priait, une vipère vint s’attaquer à son pied. Mais lui ne baissa pas les bras avant qu’il eût achevé sa prière accoutumée; et il ne subit aucun dommage pour avoir aimé Dieu plus que lui-même.
110. Tiens le regard fixe pendant la prière; renie la chair et l’âme, et vis selon l’intelligence.
111. Un autre saint menant la vie solitaire dans le désert et priant courageusement, fut assailli de démons qui, deux semaines durant, jouèrent avec lui comme avec un ballon et le bernèrent en le lançant en l’air et le recevant sur une natte. Mais ils ne réussirent pas un instant à faire descendre son intelligence de sa prière enflammée.
112. A un autre encore, plein d’amour pour Dieu et de zèle pour la prière, survinrent, tandis qu’il marchait dans le désert, deux anges qui le prirent au milieu et cheminèrent avec lui, mais il ne fit pas attention à eux pour ne pas perdre ce qu’il y a de meilleur. Car il se rappelait le mot de l’Apôtre : « Ni les anges, ni les principautés, ni les puissances ne pourront nous séparer de la charité du Christ. »
113. Le moine devient l’égal des anges par la prière véritable.
114. Aspirant à voir la face du Père qui est aux cieux, ne cherche pour rien au monde à percevoir une forme ou une figure au moment de la prière.
115. Ne désire pas voir sensiblement des anges, ni des puissances, ni le Christ, pour ne pas perdre complètement le bon sens en accueillant le loup au lieu du berger et en adorant les démons ennemis.
116. L’origine des illusions de l’intelligence, c’est la vaine gloire; c’est elle qui pousse l’intelligence à essayer de circonscrire la divinité dans des figures et dans des formes.
117. Pour moi, je dirai une pensée à moi que j’ai déjà exprimée ailleurs : Heureuse l’intelligen-ce qui, durant la prière, est arrivée à une complète indétermination.
118. Heureuse l’intelligence qui, dans une prière sans distraction, acquiert toujours de nouveaux accroissements d’amour pour Dieu.
119. Heureuse l’intelligence qui, durant la prière, devient immatérielle et dénuée de tout.
120. Heureuse l’intelligence qui, durant la prière, arrive à une parfaite insensibilité.
121. Heureux le moine qui tient tous les hommes pour Dieu, après Dieu.
122. Heureux le moine qui regarde le salut et le progrès de tous comme le sien propre, en toute joie.
123. Heureux le moine qui se juge « le rebut de tous ».
124. Moine est celui qui est séparé de tout et uni à tous.
125. Est moine celui qui s’estime un avec tous, par l’habitude de se voir lui même en chacun.
126. Celui-là mène la prière à sa perfection qui sans cesse fait fructifier pour Dieu toute son intellection première.
127. Évite tout mensonge et tout serment si tu veux prier en moine; sinon c’est en vain que tu affiches ce qui ne te convient pas.
128. Si tu veux prier « en esprit », n’aie d’aversion pour personne et tu n’auras pas de nuage pour t’obscurcir la vue durant la prière.
129. Remets à Dieu les nécessités du corps; ce sera montrer que tu lui remets aussi celles de l’esprit.
130. Si tu entres en possession des promesses, tu seras roi; tourne donc ton regard vers celles-ci, et tu porteras allègrement la pauvreté présente.
131. Ne récuse pas la pauvreté et l’affliction, aliments de la prière qui ne pèse pas.
132. Que les vertus corporelles te servent pour obtenir celles de l’âme; celles de l’âme pour les spirituelles; et celles-ci pour la gnose immatérielle et essentielle.
133. Quand tu pries contre une pensée et qu’elle cède facilement, examine d’où cela te vient, pour ne pas tomber dans une embuscade et te trahir toi-même par erreur.
134. Il arrive que les démons te suggèrent des pensées et, par ailleurs, te stimulent, comme de juste, à prier contre eux ou à leur répliquer; et puis, de leur propre mouvement, ils se retirent pour que, abusé, tu t’en fasses accroire en t’imaginant que tu as commencé de vaincre les pensées et de mettre en fuite les démons.
135. Si tu pries contre une passion ou contre un démon importun, souviens-toi de celui qui dit: « Je poursuivrai mes ennemis et je les atteindrai, et je ne m’arrêterai pas qu’ils ne s’avouent vaincus; je les écraserai et ils ne pourront tenir, ils tomberont sous mes pieds… » Voilà ce qu’il est à propos de dire pour t’armer d’humilité contre les adversaires.
136. Ne crois pas avoir acquis la vertu tant que tu n’as pas combattu pour elle jusqu’au sang; car il faut résister au péché jusqu’à la mort, selon le divin Apôtre, comme un lutteur sans reproche.
137. Quand tu auras été utile à quelqu’un, un autre te nuira, pour que le sentiment de l’injustice te fasse dire ou faire quelque’ chose de regrettable contre le prochain, et qu’ainsi tu dissipes malheureusement ce que tu avais si heureusement rassemblé. Tel est de fait le but des méchants démons; aussi faut-il veiller soigneusement.
138. Reçois toujours les pénibles assauts des démons en recherchant comment échapper à leur servitude.
139. De nuit, les démons mauvais réclament le maître spirituel pour le troubler par eux mêmes; de jour, ils se servent des hommes pour l’entourer de vicissitudes, de calomnies et de périls.
140. Ne récuse pas les foulons, s’ils frappent en foulant aux pieds et s’ils tendent pour carder; du moins, par là, ton vêtement deviendra-t-il éclatant de blancheur.
141. Pour autant que tu n’auras pas renoncé aux passions, et que ton intelligence s’oppose à la vertu et à la vérité, tu ne trouveras pas dans ton sein le parfum de bonne odeur.
142. Tu aspires à la prière ? Émigre d’ici-bas et aie ton domicile au ciel en tout temps, non pas par la simple parole, mais par la pratique angélique et la gnose divine.
143. Si dans les afflictions seulement tu te souviens du Juge et combien Il est redoutable et incorruptible, tu n’as pas encore appris à servir le Seigneur dans la crainte et à te réjouir en Lui dans le tremblement. Car sache bien que même dans les délassements et les aises spirituelles, il faut d’autant plus Lui rendre un culte plein de piété et de révérence.
144. Bien avisé est l’homme qui, jusqu’à la parfaite pénitence, ne se départit pas du souvenir douloureux de ses propres péchés et de la sanction du feu éternel qui les châtie.
145. Celui qui, encore embarrassé de péchés, ou d’accès de colère, ose impudemment se porter à la connaissance de choses plus divines, ou même pénétrer dans la prière immatérielle, qu’il reçoive la réprimande de l’Apôtre et qu’il comprenne qu’il lui est périlleux de prier la tête nue et découverte, car, est-il dit, « une âme de cette sorte doit porter sur la tête le signe de la domination, à cause des anges présents », s’enveloppant de la pudeur et de l’humilité convenables.
146. De même qu’il ne sert de rien à qui est malade des yeux de fixer sans voile et avec insistance le soleil en plein midi, quand il est en son plus fort embrasement, de même ne servirait-il absolument de rien à l’intelligence passionnée et impure de contrefaire la redoutable et suréminente prière en esprit et en vérité; mais bien au contraire exciterait-elle contre elle-même l’indignation de la divinité.
147. Si celui qui venait porter une offrande à l’autel ne fut pas reçu par le maître incorruptible qui n’a besoin de rien, jusqu’à ce qu’il se fût réconcilié avec le prochain fâché contre lui 4, considère quelle sobriété, quelle vigilance et quel discernement il faut pour offrir d Dieu un encens agréable sur l’autel immatériel.
148. Ne sois ami ni du verbiage ni de la gloriole, sans quoi ce n’est plus ton dos mais ton front que labourent les pécheurs; tu leur serviras d’amusement au moment de la prière, ils t’appâteront et t’entraîneront en des pensées hétéroclites.
149. L’attention en quête de la prière trouvera la prière, car s’il est quelque chose qui suit la prière, c’est l’attention; il faut donc s’y appliquer.
150. Comme la vue est le meilleur de tous les sens, ainsi la prière est plus divine que toutes les vertus.
151. L’excellence de la prière ne consiste pas dans la simple quantité, mais dans la qualité; c’est ce que prouvent les deux hommes qui montèrent au temple 2, et la parole :  » Vous, lorsque vous priez, ne radotez point ».
152. Tant que tu fais encore attention aux convenances du corps, tant que ton intelligence tient compte des agréments extérieurs, tu n’as pas encore vu le lieu de la prière; tu es même loin de la bienheureuse voie qui y conduit.
153. Quand tu seras parvenu dans ta prière au-dessus de toute autre joie, c’est alors qu’en toute vérité, tu auras trouvé la prière.
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(1) Une petite ville mal localisée du Pont, sur la côte nord de l’Anatolie.
(2) Un lieu-dit du désert de Nitrie, dans la dépression appelée aujourd’hui le wadi an-Natrun, au sud d’Alexandrie.
(3) Dans le vocabulaire des Pères, la Gnose est la connaissance intellectuelle qui permet l’expérience de Dieu et le « gnostique » est le moine qui a acquis la « connaissance de Dieu ». Il ne faut pas confondre cette Gnose avec la « gnose » des gnostiques des IIème et IIIème siècles.
(4) Saint Nil d’Ancyre, dit aussi Nil l’Ascète, mourut vers 430 à Ancyre, en Galatie. Ami et disciple de saint Jean Chrysostome, il le soutint dans ses combats. Nil entreprit de réfuter l’Arianisme par des lettres adressées aux principaux chefs goths. Il y expliquait la double nature du Christ et y justifiait le qualificatif de Théotokos appliqué à Marie.
(5) Dans l’Évangile de Jean, le verset 21:11 nous apprend qu’après la « pêche miraculeuse », saint Pierre compta cent cinquante-trois poissons dans ses filets.
(6) Ces mots sont de l’archimandrite Placide Deseille, La spiritualité orthodoxe, Bayard, Paris (1997), p. 26.
(7) Un examen minutieux des Actes du Vème Concile montre qu’Évagre n’y est jamais nommé.
(8) La préexistence des âmes, par exemple.
(9) Intelligence traduit le grec « nous », qui est la faculté de penser et donc l’intelligence, l’esprit, la pensée mais aussi la sagacité, la sagesse, le projet, l’intention. Mais « nous » est aussi l’âme, le coeur, et, par suite, le sentiment, la manière de penser, la volonté ou le désir. Pour les Pères, « nous » désigne la double faculté qu’a la personne de penser le monde ou de contempler Dieu

Audience générale du 22 juin : Le psautier

23 juin, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-28295?l=french

Audience générale du 22 juin : Le psautier

Texte intégral

ROME, Mercredi 22 juin 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, sur la Place Saint-Pierre, au Vatican.

Chers frères et sœurs,

Dans les précédentes catéchèses, nous nous sommes arrêtés sur plusieurs figures de l’Ancien Testament particulièrement significatives pour notre réflexion sur la prière. J’ai parlé d’Abraham qui intercède pour les villes étrangères, de Jacob qui pendant la lutte nocturne reçoit la bénédiction, de Moïse qui invoque le pardon pour son peuple, et d’Elie qui prie pour la conversion d’Israël. Avec la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais commencer une nouvelle étape du parcours : au lieu de commenter des épisodes particuliers de personnages en prière, nous entrerons dans le « livre de prière » par excellence, le livre des Psaumes. Dans les prochaines catéchèses nous lirons et nous méditerons quelques-uns des Psaumes les plus beaux et les plus chers à la tradition de prière de l’Eglise. Je voudrais aujourd’hui les présenter en parlant du livre des Psaumes dans son ensemble.
Le Psautier se présente comme un « formulaire » de prière, un recueil de cent cinquante psaumes que la tradition biblique donne au peuple des croyants afin qu’ils deviennent sa prière, notre prière, notre manière de nous adresser à Dieu et de nous mettre en relation avec Lui. Dans ce livre, toute l’expérience humaine avec ses multiples facettes et toute la gamme des sentiments qui accompagnent l’existence de l’homme trouvent leur expression. Dans les Psaumes se mêlent et s’expriment la joie et la souffrance, le désir de Dieu et la perception de la propre indignité, le bonheur et le sentiment d’abandon, la confiance en Dieu et la douloureuse solitude, la plénitude de vie et la peur de mourir. Toute la réalité du croyant se retrouve dans ces prières, que le peuple d’Israël tout d’abord et ensuite l’Eglise ont assumées comme médiation privilégiée de la relation avec l’unique Dieu et comme réponse adaptée à sa révélation dans l’histoire. En tant que prière, les psaumes sont des manifestations de l’âme et de la foi, où tous peuvent se reconnaître et dans lesquels se communique cette expérience de proximité particulière avec Dieu à laquelle chaque homme est appelé. Et c’est toute la complexité de l’existence humaine qui se concentre dans la complexité des différentes formes littéraires des divers Psaumes : hymnes, lamentations, supplications individuelles et collectives, chants de remerciement, psaumes pénitentiels, psaumes sapientiels et d’autres genres que nous pouvons retrouver dans ces compositions poétiques.
Malgré cette multiplicité expressive, deux grands domaines qui synthétisent la prière du Psautier peuvent être identifiés : la supplique, liée à la lamentation, et la louange, deux dimensions reliées et presque inséparables. Car la supplique est animée par la certitude que Dieu répondra, et cela ouvre à la louange et à l’action de grâce ; et la louange et le remerciement naissent de l’expérience d’un salut reçu, qui suppose un besoin d’aide que la supplique exprime.
Dans la supplique, l’orant se lamente et décrit sa situation d’angoisse, de danger, de désolation, ou bien, comme dans les psaumes pénitentiels, il confesse sa faute, le péché, en demandant d’être pardonné. Il expose au Seigneur son état de besoin dans la certitude d’être écouté, et cela implique une reconnaissance de Dieu comme bon, désireux du bien et « amant de la vie » (cf. Sg 11, 26), prêt à aider, sauver, pardonner. C’est ainsi, par exemple, que prie le Psalmiste dans le Psaume 31 : « En toi Seigneur j’ai mon refuge ; garde-moi d’être humilié pour toujours [...] Tu m’arraches au filet qu’ils m’ont tendu ; oui, c’est toi mon abri » (vv. 2.5). Dans la lamentation peut donc déjà apparaître quelque chose de la louange, qui se préannonce dans l’espérance de l’intervention divine et qui se fait ensuite explicite quand le salut divin devient réalité. De manière analogue, dans les Psaumes d’action de grâce et de louange, en faisant mémoire du don reçu ou en contemplant la grandeur de la miséricorde de Dieu, on reconnaît également sa propre petitesse et la nécessité d’être sauvés, qui est à la base de la supplication. On confesse ainsi à Dieu sa propre condition de créature inévitablement marquée par la mort, mais pourtant porteuse d’un désir de vie radical. Le Psalmiste s’exclame donc, dans le Psaume 86 : « Je te rends grâce de tout mon cœur, Seigneur mon Dieu, toujours je rendrai gloire à ton nom ; il est grand, ton amour pour moi : tu m’as tiré de l’abîme des morts » (vv. 12-13). De cette manière, dans la prière des Psaumes, la supplique et la louange se mêlent et se fondent dans un unique chant qui célèbre la grâce éternelle du Seigneur qui se penche sur notre fragilité.
C’est précisément pour permettre au peuple des croyants de s’unir à ce chant que le livre du Psautier a été donné à Israël et à l’Eglise. En effet, les psaumes enseignent à prier. Dans ceux-ci, la Parole de Dieu devient parole de prière — et ce sont les paroles du Psalmiste inspiré —, qui devient également parole de l’orant qui prie avec les Psaumes. Telle est la beauté et la particularité de ce livre biblique : les prières qui y sont contenues, à la différence d’autres prières que nous trouvons dans l’Ecriture sainte, ne sont pas insérées dans une trame narrative qui en spécifie le sens et la fonction. Les Psaumes sont donnés au croyant précisément comme texte de prière, qui a pour unique but de devenir la prière de celui qui les assume et avec eux s’adresse à Dieu. Etant donné qu’ils sont la Parole de Dieu, celui qui prie les Psaumes parle à Dieu avec les paroles mêmes que Dieu nous a données, il s’adresse à Lui avec les paroles que Lui-même nous donne. Ainsi, en priant les Psaumes, on apprend à prier. Ils sont une école de la prière.
Il advient quelque chose d’analogue lorsque l’enfant commence à parler, c’est-à-dire qu’il apprend à exprimer ses sensations, ses émotions, ses besoins avec des mots qui ne lui appartiennent pas de façon innée, mais qu’il apprend de ses parents et de ceux qui vivent autour de lui. Ce que l’enfant veut exprimer, c’est son propre vécu, mais le moyen d’expression appartient à d’autres ; et lui petit à petit s’en approprie ; les mots reçus des parents deviennent ses mots et à travers ces mots il apprend aussi une manière de penser et de sentir, il accède à tout un monde de concepts, et il grandit à l’intérieur de celui-ci, il entre en relation avec la réalité, avec les hommes et avec Dieu. La langue de ses parents est enfin devenue sa langue, il parle avec les mots reçus des autres qui sont désormais devenus ses mots. Ainsi en est-il avec la prière des Psaumes. Ils nous sont donnés pour que nous apprenions à nous adresser à Dieu, à communiquer avec Lui, à lui parler de nous avec ses mots, à trouver un langage pour la rencontre avec Dieu. Et à travers ces mots, il sera possible aussi de connaître et d’accueillir les critères de son action, de s’approcher du mystère de ses pensées et de ses voies (cf. Is 55, 8-9), afin de grandir toujours davantage dans la foi et dans l’amour. Comme nos mots ne sont pas seulement des mots, mais qu’ils nous enseignent un monde réel et conceptuel, de même ces prières aussi nous enseignent le cœur de Dieu, si bien que non seulement nous pouvons parler de Dieu, mais nous pouvons apprendre qui est Dieu et, en apprenant comment parler avec Lui, nous apprenons à être homme, à être nous-mêmes.
A cet égard, le titre que la tradition juive a donné au Psautier, apparaît significatif. Il s’appelle tehillîm, un terme hébreu qui veut dire « louanges », de cette ravine verbale que nous retrouvons dans l’expression « Alleluia », c’est-à-dire, littéralement : « louez le Seigneur ». Ce livre de prières, donc, même si multiforme et complexe, avec ses divers genres littéraires et avec son articulation entre louange et supplique, est en fin de compte un livre de louanges, qui enseigne à rendre grâces, à célébrer la grandeur du don de Dieu, à reconnaître la beauté de ses œuvres et à glorifier son saint Nom. C’est là la réponse la plus adaptée face à la manifestation du Seigneur et à l’expérience de sa bonté. En nous enseignant à prier, les Psaumes nous enseignent que, même dans le désespoir, dans la douleur, Dieu reste présent, et cette présence est source d’émerveillement et de réconfort ; on peut pleurer, supplier, intercéder, se plaindre, mais dans la conscience que nous sommes en train de cheminer vers la lumière, où la louange pourra être définitive. Comme nous l’enseigne le Psaume 36 : « En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière » (Ps 36, 10).
Mais outre ce titre général du livre, la tradition juive a donné à de nombreux Psaumes des titres spécifiques, en les attribuant, en grande majorité, au roi David. Figure d’une remarquable fibre humaine et théologique, David est un personnage complexe, qui a traversé les expériences fondamentales les plusvariées de l’existence. Jeune pasteur du troupeau paternel, vivant alternativement des épisodes positifs et négatifs, parfois même dramatiques, il devient roi d’Israël, pasteur du peuple de Dieu. Homme de paix, il a combattu de nombreuses guerres ; inlassable et tenace chercheur de Dieu, il a trahi son amour, et cela est caractéristique : il est toujours resté un chercheur de Dieu, même si très souvent il a gravement péché ; humble pénitent, il a accueilli le pardon divin, ainsi que la peine divine, et il a accepté un destin marqué par la douleur. David a ainsi été un roi, avec toutes ses faiblesses, « selon le cœur de Dieu » (cf. 1 Sam 13, 14), c’est-à-dire un orant passionné, un homme qui savait ce que veut dire supplier et louer. Le lien des Psaumes avec cet insigne roi d’Israël est donc important, parce qu’il est une figure messianique. Oint par le Seigneur, chez qui est en quelque sorte ébauché le mystère du Christ.
Tout aussi importantes et significatives sont la manière et la fréquence avec lesquelles les paroles des Psaumes sont reprises par le Nouveau Testament, en assumant et en soulignant cette valeur prophétique suggérée par le lien du Psautier avec la figure messianique de David. Dans le Seigneur Jésus, qui dans sa vie terrestre a prié avec les Psaumes, ils trouvent leur accomplissement définitif et ils révèlent leur sens le plus plein et le plus profond. Les prières du Psautier, avec lesquelles on parle à Dieu, nous parlent de Lui, nous parlent du Fils, image du Dieu invisible (Col 1, 15), qui nous révèle de manière accomplie le Visage du Père. Le chrétien, donc, en priant les Psaumes, prie le Père dans le Christ et avec le Christ, en assumant ces chants dans une perspective nouvelle, qui a dans le mystère pascal son ultime clé interprétative. L ‘horizon de l’orant s’ouvre ainsi à une réalité inattendue, chaque Psaume acquiert une lumière nouvelle dans le Christ et le Psautier peut briller dans son infinie richesse.
Très chers frères et sœurs, prenons donc en main ce livre saint, laissons Dieu nous apprendre à nous adresser à Lui, faisons du Psautier un guide qui nous aide et nous accompagne quotidiennement sur le chemin de la prière. Et demandons, nous aussi, comme disciples de Jésus, « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1), en ouvrant notre cœur à accueillir la prière du Maître, où toutes les prières trouvent leur accomplissement. Ainsi, rendus fils dans le Fils, nous pourrons parler à Dieu en l’appelant « Notre Père ». Merci.
A l’issue de l’audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers frères et sœurs, je vais parler dans les prochaines catéchèses des Psaumes. ‘Livre de prière’ par excellence, les 150 psaumes expriment la complexité l’expérience humaine avec toute la gamme des sentiments  : joie et souffrance, bonheur et attitude d’abandon confiant, peur de la solitude et de la mort, et plénitude de vie, désir de Dieu et sentiment d’indignité. A travers plusieurs genres littéraires, l’attitude de l’orant se situe entre la supplication, à l’heure de l’angoisse et de la désolation, et la louange, mémoire du don reçu qui contemple la miséricorde de Dieu, toujours prêt au pardon. Donné à Israël puis à l’Église comme Parole de Dieu, les Psaumes célèbrent la grâce du Seigneur qui se penche sur notre fragilité. David, un roi « selon le cœur de Dieu », est la figure messianique à laquelle la tradition hébraïque attribue la plupart des Psaumes. Nombreux sont ceux cités dans le Nouveau Testament. Le mystère pascal du Christ les éclaire d’une lumière nouvelle. En Jésus, qui a prié les Psaumes durant sa vie terrestre, ils trouvent leur accomplissement définitif et leur sens plénier. Ils nous révèlent le visage du Père. Ainsi, la prière des Psaumes élargit notre horizon sur des réalités inespérées : comme enfants de Dieu, nous prions le Père dans le Christ et avec le Christ.
Je salue cordialement les pèlerins francophones particulièrement les aumôniers militaires de France accompagnés de Monseigneur Luc Ravel ! Dans votre ministère parfois difficile, je vous invite à être fidèle à la liturgie des heures et à la célébration des sacrements. Puissiez-vous trouver aussi dans les psaumes la force inépuisable pour votre ministère et votre vie chrétienne ! Bon pèlerinage à tous ! Avec ma Bénédiction !

Traduction française : Zenit