Saint Irénée. Contre les Hérésies…
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Saint Irénée. Contre les Hérésies…
Notes de lecture…
Il est difficile de réduire un texte aussi dense à quelques lignes, tout au plus peut-on noter quelques idées qui parlent plusieurs siècles après la rédaction de cet écrit majeur de l’un de ceux que l’on nomme les Pères de l’Eglise.
L’un des points les plus marquants chez Irénée, c’est peut-être cette insistance sur l’incarnation du Christ. Le Verbe s’est fait chair, mais sans perdre son unicité (p.355). Une unicité qui est peut être un héritage du Christ à travers l’Esprit. L’Esprit vient en nous comme une toison (Is 5,6) et travaille à faire en nous cette unité intérieure.
Et cet unicité, que nous avions perdu en Adam, nous l’avons retrouvé en Jésus Christ. « Quel est celui qui nous fait entrer ainsi en communion de nourriture ? (…) N’est_ce pas plutôt l’Emmanuel qui est né de la Vierge, qui a mangé du beurre et du miel et dont le prophète a dit » Il est homme et pourtant qui le connaîtra ? » (Jer 17,9). (p. 361).
« Comme la farine sèche ne peut devenir pain, nous qui étions multitude ne pouvons devenir unique que par l’Eau venue du Ciel, c’est-à-dire L’Esprit Saint. » Il poursuit cette approche par une étonnante analyse du combat intérieur du Christ, qui à travers sa souffrance et sa mort vient réconcilier cette unité perdue. « Il a lutté et vaincu, combattant la désobéissance par son obéissance. » Suit alors une belle interprétation de ce que les théologiens appellent la kénose (Se vider, cf. Phil 2).
« Celui qui devait tuer le péché et racheter l’homme digne de mort se fit cela même qu’était celui-ci, c’est-à-dire cet homme réduit en esclavage par le péché, sous le pouvoir de la mort, afin que le péché fut tué par un homme et que l’homme sortit ainsi de la mort (366).
Selon Irénée, « le Verbe se tenait alors en repos lorsque le Seigneur était éprouvé ». Il manifestait ainsi le retrait de la toute puissance de Dieu, au service d’un amour qui va jusqu’au don. Et ce retrait permet d’incarner l’homme au plus profond de sa souffrance, de sorte que cette victoire sur la souffrance et la mort puisse devenir un chemin…
C’est pourquoi Dieu l’a exalté ajoute Saint Paul dans Phil. 2.
La méditation de cette unité d’un Dieu fait homme est transcendante de notre propre unité intérieure.
Peut-on en déduire que notre humanité est dans la souffrance, mais que nos oeuvres sont le travail de l’Esprit en nous, nous dépassant… Non pas nous mais Dieu en nous ? C’est quand nous sommes hommes dans le réel que Dieu peut agir en nous par l’Esprit.
Cette descente de Dieu sur terre pour y chercher la brebis perdue est le coeur de notre salut. Son propre ouvrage, par lui modelé, va ressusciter en Dieu, par l’incarnation du Verbe.
Non seulement le Christ nous montre le chemin de la descente de notre tour d’orgueil mais parfois, il nous laisse tomber de notre tour pour mieux nous aider à le trouver et le retrouver dans la joie (cf. fils prodigue). Laissant ainsi notre liberté entière, tout en nous tendant la main…
L’homme après avoir désobéi demeure pour Irénée dans l’amour de Dieu. Il ajoute que le bien n’habite pas dans notre chair (citant Rm 7,18). Ce n’est pas de nous mais de Dieu que vient ce bien qui est notre salut. Et ce salut remonte jusqu’à Adam, ce qui étend pour lui la miséricorde de Dieu à l’ensemble de l’humanité.
Pour Irénée (p. 397) il y a identité entre Dieu bon et Dieu justice qui ne forme qu’un seul Dieu. Et cette justice n’apparaît pas cruelle, précédée et prévenue qu’elle est par la bonté.
Il ajoute (p.446) que ce n’est pas parce qu’il avait besoin de l’homme que Dieu modela Adam, mais pour avoir quelqu’un en qui déposer ses bienfaits.
Cette présence de Dieu à l’origine, ce Dieu créateur qui nous comble de bienfait avant de poser la loi, qui est bon avant d’être juste, constitue l’essence de la vision du christianisme (cf. aussi sur ce thème, la Loi de Dieu de P. Beauchamp). Elle transparaît dans la lecture du fils prodigue, où le partage des biens, intervient en préalable à la liberté de l’homme et à son pardon….
Alors ajoute Irénée (p. 446), lorsque des hommes sont dans la lumière, ce ne sont pas eux qui illuminent la lumière et la font resplendir, mais ils sont illuminés et rendus resplendissants par elle : loin de lui apporter quoique ce soit, ils bénéficient de la lumière et en sont illuminés (…) Dieu n’a pas besoin du service des hommes mais à ceux qui le servent et qui le suivent, Dieu procure la vie.
Irénée cite alors Deut. 8,3 : « Il t’a nourri de la manne,… afin que tu saches que l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
Irénée se fait ensuite l’apôtre du Christ et de l’Ecriture, la manne du chrétien. A propos de la Parabole des ouvriers…. (p. 543) il note ainsi que ceux de la dernière heure ont eu un dernier cadeau, c’est la vision du Christ. Il insiste alors à nouveau sur l’incarnation (passion à travers la chair) du Christ, chemin d’unité en nous.
L’homme incarné approche de la perfection (p.582) lorsqu’il est « mélange et union de l’âme qui a reçu l’Esprit du Père et qui a été mélangée à la chair, modelée selon l’image de Dieu. » pour devenir temple de Dieu.
C’est alors que nous avons vaincu la mort, lorsque que cette chair, qui était sa proie échappera à son pouvoir.
La guérison de l’aveugle né rappelle au grand jour le modelage originel de la création à travers Dieu. Quand le Verbe se fit chair, il confirma l’une et l’autre : L’image dans sa vérité et la ressemblance de façon stable. L’homme est pleinement semblable au Père invisible à travers le Verbe désormais visible.
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