Archive pour le 26 avril, 2011

Paul prêchant en Crète

26 avril, 2011

Paul prêchant en Crète dans images sacrée

http://www.imga.gr/apostolos_pavlos.htm

Le « Dies irae » du pape. Et le mystère du mal (Sandro Magister)

26 avril, 2011

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1347584?fr=y

Le « Dies irae » du pape. Et le mystère du mal

Benoît XVI arrache chacun de son sommeil. De cette « insensibilité à la présence de Dieu qui nous rend aussi insensibles au mal ». Et il cite le chant du Jugement dernier, lorsque le dernier voile sera levé, révélant pourquoi Dieu « s’est fatigué » dans sa recherche de l’homme égaré

par Sandro Magister

ROME, le 21 avril 2011 – La Semaine Sainte de cette année est spéciale pour le pape. Avec une nouveauté sans précédent.

Le Vendredi Saint, avant la liturgie dans la basilique Saint-Pierre et le chemin de croix au Colisée, Benoît XVI répondra à la télévision à sept questions qui lui sont adressées depuis autant de pays du monde. Sept questions parmi des milliers d’autres. Celles qui vont droit au coeur du drame de l’existence de l’homme.

La première question, celle d’une fillette japonaise, portera sur le scandale du mal. Du mal incompréhensible, comme celui d’un séisme. Du mal qui a comme fond le mystère de la douleur innocente.

On écoutera la réponse du pape à cette question et aux autres.

Mais Joseph Ratzinger est déjà entré dans le vif du sujet. Il l’a fait durant l’audience générale du Mercredi Saint et dans l’homélie de la messe chrismale, le matin du Jeudi Saint. La première fois en improvisant, ayant quitté son texte des yeux. La deuxième fois dans un texte écrit entièrement de sa main, qui vient aussi du coeur.

Grâce à cette double introduction aux rites de Pâques, on comprend plus que jamais à quel point le rapprochement de l’homme avec Dieu est la « priorité » du pontificat de Benoît XVI. Ce Dieu qui semble lointain, mais qui, en réalité, est sans cesse en marche pour retrouver l’homme égaré.

Benoît XVI a cité le « Dies irae », ce chant qui a été subitement effacé de la liturgie parce qu’il était considéré comme imprégné de terreur, alors qu’il porte les traits d’une tendresse touchante, comme lorsqu’il dit :

Quaerens me, sedisti lassus,
redemisti Crucem passus:
tantus labor non sit cassus.

Ce que le pape a traduit par : « En me cherchant tu t’es assis fatigué… Que tous ces efforts ne soient pas vains! ». Et il y a lu l’aventure de Dieu « qui s’est acheminé
vers nous » par pur amour, et qui pour cela « s’est fait homme et est descendu jusqu’aux abîmes de l’existence humaine, jusqu’à la nuit de la mort ».

Le sommeil des disciples sur le Mont des Oliviers, pendant que Jésus accepte de boire le calice de la passion – a dit Benoît XVI lors de l’audience du Mercredi Saint – c’est notre insensibilité à Dieu, d’où vient aussi notre insensibilité envers la force que le mal a dans le monde.

« Recherchez toujours son visage », a insisté le pape, citant le psaume 105. Ce qui est aussi une constante de sa prédication : comme dans le mémorable discours de Paris, en 2008, à propos du « quaerere Deum », de la recherche de Dieu comme base de la civilisation occidentale.

On trouvera ci-dessous les passages-clés de l’audience du Mercredi Saint et de l’homélie du matin du Jeudi Saint. Suivis du texte intégral du « Dies irae ».

Les textes intégraux, ainsi que les autres textes de la Semaine Sainte de Benoît XVI, se trouvent sur le site du Vatican :

> Homélies

> Audiences

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EXTRAIT DE L’AUDIENCE GÉNÉRALE DU MERCREDI SAINT

Place Saint-Pierre, le 20 avril 2011

Chers frères et sœurs, [...] ayant quitté le Cénacle, Jésus se retira pour prier, seul, devant le Père. Dans ce moment de communion profonde, les Evangiles rapportent que Jésus ressentit une profonde angoisse, une souffrance telle qu’il verse une sueur de sang (cf. Mt 26, 38). Conscient de sa mort imminente sur la croix, Il ressent une profonde angoisse et l’approche de la mort.

Dans cette situation, apparaît également un élément de grande importance pour toute l’Eglise. Jésus dit aux siens : demeurez ici et veillez ; et cet appel à la vigilance concerne précisément ce moment d’angoisse, de menace, au cours duquel arrivera le traître, mais il concerne toute l’histoire de l’Eglise. C’est un message permanent pour tous les temps, car la somnolence des disciples était le problème non seulement de ce moment, mais est le problème de toute l’histoire.

La question est de savoir en quoi consiste cette somnolence, et en quoi consisterait la vigilance à laquelle le Seigneur nous invite. Je dirais que la somnolence des disciples tout au long de l’histoire est un certain manque de sensibilité de l’âme pour le pouvoir du mal, un manque de sensibilité pour tout le mal du monde. Nous ne voulons pas nous laisser trop troubler par ces choses, nous voulons les oublier : nous pensons que peut »être ce ne sera pas si grave, et nous oublions.

Et il ne s’agit pas seulement de manque de sensibilité pour le mal, alors que nous devrions veiller pour faire le bien, pour lutter pour la force du bien. C’est un manque de sensibilité pour Dieu : telle est notre véritable somnolence ; ce manque de sensibilité pour la présence de Dieu qui nous rend insensibles également au mal. Nous ne sentons pas Dieu  » cela nous dérangerait  » et ainsi, nous ne sentons pas non plus naturellement la force du mal et nous restons sur le chemin de notre confort.

L’adoration nocturne du Jeudi saint, la vigilance avec le Seigneur, devrait être précisément le moment pour nous faire réfléchir sur la somnolence des disciples, des défenseurs de Jésus, des apôtres, de nous, qui ne voyons pas, qui ne voulons pas voir toute la force du mal, et qui ne voulons pas entrer dans sa passion pour le bien, pour la présence de Dieu dans le monde, pour l’amour du prochain et de Dieu.

Puis le Seigneur commence à prier. Les trois apôtres  » Pierre, Jacques et Jean  » dorment, mais quelques fois se réveillent, et entendent le refrain de cette prière du Seigneur : « Que soit faite non pas ma volonté, mais ta volonté ». Qu’est »ce que ma volonté, qu’est »ce que ta volonté dont parle le Seigneur ? Ma volonté est « qu’il ne devrait pas mourir », que lui soit épargnée la coupe de la souffrance : c’est la volonté humaine, de la nature humaine, et le Christ ressent, avec toute la conscience de son être, la vie, l’abîme de la mort, la terreur du néant, cette menace de la souffrance. Et Lui plus que nous, qui avons cette aversion naturelle pour la mort, cette peur naturelle de la mort, encore plus que nous, il ressent l’abîme du mal.

Il ressent, avec la mort, également toute la souffrance de l’humanité. Il sent que tout cela est la coupe qu’il doit boire, qu’il doit s’obliger à boire, il doit accepter le mal du monde, tout ce qui est terrible, l’aversion pour Dieu, tout le péché. Et nous pouvons comprendre que Jésus, avec son âme humaine, est terrorisé face à cette réalité, qu’il perçoit dans toute sa cruauté : ma volonté serait de ne pas boire cette coupe, mais ma volonté est soumise à ta volonté, à la volonté de Dieu, à la volonté du Père, qui est également la véritable volonté du Fils.

Et ainsi, Jésus transforme, dans cette prière, l’aversion naturelle, l’aversion pour la coupe, pour sa mission de mourir pour nous ; il transforme sa volonté naturelle en volonté de Dieu, dans un « oui » à la volonté de Dieu. L’homme en soi est tenté de s’opposer à la volonté de Dieu, d’avoir l’intention de suivre sa propre volonté, de se sentir libre uniquement s’il est autonome ; il oppose sa propre autonomie à l’hétéronomie de suivre la volonté de Dieu. Cela est tout le drame de l’humanité. Mais en vérité, cette autonomie est fausse et cette obéissance à la volonté de Dieu n’est pas une opposition à soi »même, n’est pas un esclavage qui viole ma volonté, mais cela signifie entrer dans la vérité et dans l’amour, dans le bien. Et Jésus tire notre volonté, qui s’oppose à la volonté de Dieu, qui cherche l’autonomie, il tire notre volonté vers le haut, vers la volonté de Dieu.

Tel est le drame de notre rédemption, que Jésus tire vers le haut notre volonté, toute notre aversion pour la volonté de Dieu et notre aversion pour la mort et le péché, et l’unit à la volonté du Père : « Non pas ma volonté mais la tienne ». Dans cette transformation du « non » en « oui », dans cette insertion de la volonté de la créature dans la volonté du Père, il transforme l’humanité et nous rachète. Et il nous invite à entrer dans son mouvement : sortir de notre « non » et entrer dans le « oui » du Fils. Ma volonté existe, mais la volonté du Père est décisive, car elle est la vérité et l’amour.

Un ultérieur élément de cette prière me semble important. Les trois témoins ont conservé  » comme on le voit dans les Saintes Ecritures  » la parole juive ou araméenne avec laquelle le Seigneur a parlé au Père, il l’a appelé « Abbà », père. Mais cette formule, « Abbà », est une forme familière du terme père, une forme qui s’utilise uniquement en famille, qui n’a jamais été utilisée à l’égard de Dieu. Ici, nous voyons dans l’intimité de Jésus comment il parle en famille, il parle vraiment comme un Fils à son Père. Nous voyons le mystère trinitaire : le Fils qui parle avec le Père et rachète l’humanité.

Encore une remarque. La Lettre aux Hébreux nous a donné une profonde interprétation de cette prière du Seigneur, de ce drame de Gethsémani. Elle dit : ces larmes de Jésus, cette prière, ce cri de Jésus, cette angoisse, tout cela n’est pas simplement une concession à la faiblesse de la chair, comme on pourrait le dire. C’est précisément ainsi qu’il réalise la charge de Souverain Prêtre, parce que le Souverain Prêtre doit porter l’être humain, avec tous ses problèmes et ses souffrances, à la hauteur de Dieu. Et la Lettre aux Hébreux dit : avec tous ces cris, ces larmes, ces souffrances, ces prières, le Seigneur a porté notre réalité à Dieu (cf. Hb 5, 7sqq). Et il utilise ce mot grec « prosferein », qui est le terme technique de ce que doit faire le Souverain Prêtre pour offrir, pour élever les mains. C’est précisément dans ce drame de Gethsémani, où il semble que la force de Dieu ne soit plus présente, que Jésus réalise la fonction du Souverain Prêtre. Et il dit en outre que dans cet acte d’obéissance, c’est »à »dire de conformation de la volonté naturelle humaine à la volonté de Dieu, il est perfectionné comme prêtre. Et il utilise de nouveau le mot technique pour ordonner prêtre. C’est précisément ainsi qu’il devient réellement le Souverain Prêtre de l’humanité et ouvre ainsi le ciel et la porte à la résurrection.

Si nous réfléchissons sur ce drame de Gethsémani, nous pouvons voir aussi le fort contraste entre Jésus avec son angoisse, sa souffrance, et le grand philosophe Socrate, qui reste pacifique et ne se laisse pas perturber face à la mort. Cela semble l’idéal.

Nous pouvons admirer ce philosophe, mais la mission de Jésus était une autre. Sa mission n’était pas cette totale indifférence et liberté ; sa mission était de porter en soi toute notre souffrance, tout le drame humain. Et c’est pourquoi précisément cette humiliation de Gethsémani est essentielle pour la mission de l’Homme »Dieu. Il porte en lui »même notre souffrance, notre pauvreté, et il la transforme selon la volonté de Dieu. Et il ouvre ainsi les portes du ciel, il ouvre le ciel : ce rideau du Très Saint, que jusqu’alors l’homme a fermé contre Dieu, est ouvert à cause de cette souffrance et de cette obéissance.

(Traduction par > Zenit).

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EXTRAIT DE L’HOMÉLIE DE LA MESSE CHRISMALE DU JEUDI SAINT

Basilique de Saint-Pierre, le 21 avril 2011

Chers frères et sœurs, au centre de la liturgie de ce matin, se trouve la bénédiction des huiles saintes. [...] Il y a tout d’abord l’huile des catéchumènes. Cette huile indique en quelque sorte une première manière d’être touchés par le Christ et par son Esprit – un toucher intérieur par lequel le Seigneur attire les personnes à lui. Par cette première onction, qui est faite encore avant le Baptême, notre regard se tourne donc vers les personnes qui se mettent en chemin vers le Christ – vers celles qui sont à la recherche de la foi, à la recherche de Dieu. L’huile des catéchumènes nous dit: ce ne sont pas seulement les hommes qui cherchent Dieu. Dieu Lui »même s’est mis à notre recherche. Le fait que lui »même se soit fait homme et soit descendu dans les abîmes de l’existence humaine, jusque dans la nuit de la mort, nous montre combien Dieu aime l’homme, sa créature. Poussé par l’amour, Dieu s’est mis en marche vers nous. «Me cherchant, Tu t’es assis, fatigué… qu’un tel effort ne soit pas vain!» prions »nous dans le « Dies Irae ». Dieu est à ma recherche. Est »ce que je veux le reconnaître? Est »ce que je veux qu’il me connaisse, qu’il me trouve? Dieu aime les hommes. Il va au devant de l’inquiétude de notre cœur, de l’inquiétude de nos questions et de nos recherches, avec l’inquiétude de son propre cœur, qui le pousse à accomplir l’acte extrême pour nous. L’inquiétude envers Dieu, – le fait d’être en chemin vers lui pour mieux le connaître, pour mieux l’aimer –, ne doit pas s’éteindre en nous.

En ce sens, nous devrions toujours rester des catéchumènes. «Recherchez sans relâche sa face», dit un psaume (105, 4). Augustin a commenté à ce propos: Dieu est tellement grand qu’il dépasse infiniment toute notre connaissance et tout notre être. La connaissance de Dieu ne s’épuise jamais. Toute l’éternité, nous pouvons, avec une joie grandissante, continuer sans cesse à le chercher, pour le connaître toujours plus et l’aimer toujours plus. «Notre cœur est inquiet, tant qu’il ne repose en toi», a dit Augustin au début de ses Confessions. Oui, l’homme est inquiet, car tout ce qui est temporel est trop peu. Mais sommes »nous vraiment inquiets à son égard? Ne nous sommes »nous pas résignés à son absence et ne cherchons »nous pas à nous suffire à nous »mêmes? Ne permettons pas de telles réductions de notre être humain! Restons continuellement en marche vers lui, ayant la nostalgie de lui, accueillant de manière toujours nouvelle connaissance et amour! [...]

En troisième lieu, il y a enfin la plus noble des huiles ecclésiales, le chrême, une mixture d’huile d’olive et de parfums végétaux. C’est l’huile de l’onction sacerdotale et de l’onction royale, onctions qui se rattachent aux grandes traditions d’onction dans l’Ancienne Alliance. Dans l’Eglise, cette huile sert surtout pour l’onction lors de la Confirmation et lors des Ordinations sacrées. La liturgie d’aujourd’hui associe à cette huile les paroles de promesse du prophète Isaïe: « Vous serez appelés ‘prêtres du Seigneur’, on vous nommera ‘ministres de notre Dieu’» (61, 6). Le prophète reprend par là la grande parole de charge et de promesse, que Dieu avait adressée à Israël au Sinaï: «Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte» (Ex 19, 6). Dans le vaste monde et pour le vaste monde qui, en grande partie, ne connaissait pas Dieu, Israël devait être comme un sanctuaire de Dieu pour la totalité, il devait exercer une fonction sacerdotale pour le monde. Il devait conduire le monde vers Dieu, l’ouvrir à lui.

Saint Pierre, dans sa grande catéchèse baptismale, a appliqué ce privilège et cette tâche d’Israël à l’entière communauté des baptisés, proclamant: «Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui, jadis, n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu» (1 P 2, 9 s.).

Le Baptême et la Confirmation constituent l’entrée dans ce peuple de Dieu, qui embrasse le monde entier; l’onction du Baptême et de la Confirmation est une onction qui introduit dans ce ministère sacerdotal en faveur de l’humanité. Les chrétiens sont un peuple sacerdotal pour le monde. Les chrétiens devraient rendre visible au monde le Dieu vivant, en témoigner et conduire à Lui. Quand nous parlons de notre charge commune, en tant que baptisés, nous ne devons pas pour autant en tirer orgueil. C’est une question qui, à la fois, nous réjouit et nous préoccupe: sommes »nous vraiment le sanctuaire de Dieu dans le monde et pour le monde? Ouvrons »nous aux hommes l’accès à Dieu ou plutôt ne le cachons »nous pas ? Ne sommes »nous pas, nous – peuple de Dieu –, devenus en grande partie un peuple de l’incrédulité et de l’éloignement de Dieu? N’est »il pas vrai que l’Occident, les Pays centraux du christianisme sont fatigués de leur foi et, ennuyés de leur propre histoire et culture, ne veulent plus connaître la foi en Jésus Christ? Nous avons raison de crier vers Dieu en cette heure : Ne permets »pas que nous devenions un non »peuple! Fais que nous te reconnaissions de nouveau! En effet, tu nous as oints de ton amour, tu as posé ton Esprit Saint sur nous. Fais que la force de ton Esprit devienne à nouveau efficace en nous, pour que nous témoignions avec joie de ton message!

Malgré toute la honte que nous éprouvons pour nos erreurs, nous ne devons pas oublier cependant qu’il existe aussi aujourd’hui des exemples lumineux de foi; qu’il y a aussi aujourd’hui des personnes qui, par leur foi et leur amour, donnent espérance au monde. Quand le 1 mai prochain sera béatifié le Pape Jean Paul II, nous penserons à lui, pleins de gratitude, comme à un grand témoin de Dieu et de Jésus Christ à notre époque, comme à un homme rempli d’Esprit Saint. [...]

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DIES IRAE

Dies Irae, dies illa
solvet saeclum in favilla:
teste David cum Sybilla.

Quantus tremor est futurus,
Quando judex est venturus,
Cuncta stricte discussurus.

Tuba, mirum spargens sonum
per sepulcra regionum
coget omnes ante thronum.

Mors stupebit et natura,
cum resurget creatura,
judicanti responsura.

Liber scriptus proferetur,
in quo totum continetur,
unde mundus judicetur.

Judex ergo cum sedebit,
quidquid latet, apparebit:
nil inultum remanebit.

Quid sum miser tunc dicturus
quem patronum rogaturus,
cum vix justus sit securus

Rex tremendae majestatis,
qui salvandos salvas gratis,
salva me, fons pietatis.

Recordare, Jesu pie,
quod sum causa tuae viae
ne me perdas illa die.

Quaerens me, sedisti lassus,
redemisti Crucem passus:
tantus labor non sit cassus.

Juste judex ultionis,
donum fac remissionis
ante diem rationis.

Ingemisco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus
supplicanti parce, Deus.

Qui Mariam absolvisti,
et latronem exaudisti,
mihi quoque spem dedisti.

Preces meae non sunt dignae,
sed tu bonus fac benigne,
ne perenni cremer igne.

Inter oves locum praesta,
et ab haedis me sequestra,
statuens in parte dextra.

Confutatis maledictis,
flammis acribus addictis,
voca me cum benedictis.

Oro supplex et acclinis,
cor contritum quasi cinis:
gere curam mei finis.

Lacrimosa dies illa,
qua resurget ex favilla
judicandus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.

Pie Jesu Domine,
dona eis requiem. Amen.

*

Jour de colère, ce jour là
réduira le monde en poussière,
David l’atteste, et la Sibylle.

Quelle terreur à venir,
quand le juge apparaîtra
pour tout strictement examiner !

La trompette répand étonnamment ses sons,
parmi les sépulcres de tous pays,
rassemblant tous les hommes devant le trône.

La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,
quand ressuscitera la créature,
pour être jugée d’après ses réponses.

Un livre écrit sera produit,
dans lequel tout sera contenu ;
d’après quoi le Monde sera jugé.

Quand le Juge donc tiendra séance,
tout ce qui est caché apparaîtra,
et rien d’impuni ne restera.

Que, pauvre de moi, alors dirai-je ?
Quel protecteur demanderai-je,
quand à peine le juste sera en sûreté ?

Roi de terrible majesté,
qui sauvez, ceux à sauver, par votre grâce,
sauvez-moi, source de piété.

Souvenez-vous, Jésus si doux,
que je suis la cause de votre route ;
ne me perdez pas en ce jour.

En me cherchant vous vous êtes assis fatigué,
me rachetant par la Croix, la Passion,
que tant de travaux ne soient pas vains.

Juste Juge de votre vengeance,
faites-moi don de la rémission
avant le jour du jugement.

Je gémis comme un coupable,
la faute rougit mon visage,
au suppliant, pardonnez Seigneur.

Vous qui avez absout Marie(-Madeleine),
et, au bon larron, exaucé les vœux,
à moi aussi vous rendez l’espoir.

Mes prières ne sont pas dignes (d’être exaucées,)
mais vous, si bon, faites par votre bonté
que jamais je ne brûle dans le feu.

Entre les brebis placez-moi,
que des boucs je sois séparé,
en me plaçant à votre droite.

Confondus, les maudits,
aux flammes âcres assignés,
appelez-moi avec les bénis.

Je prie suppliant et incliné,
le cœur contrit comme de la cendre,
prenez soin de ma fin.

Jour de larmes que ce jour là,
où ressuscitera, de la poussière,
pour le jugement, l’homme coupable.
À celui-là donc, pardonnez, ô Dieu.

Doux Jésus Seigneur,
donnez-leur le repos. Amen.