Vendredi Saint – 22 avril 2011 _ Homélie
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Vendredi Saint – 22 avril 2011
Famille de Saint Joseph
Homélie-Messe
« Venez et vous verrez » (Jn 1, 39). Cette invitation adressée par Jésus à ses premiers disciples, prend ici tout son sens. Il nous faut oser venir à sa suite et contempler la Passion de « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29).
Comment aurions-nous reconnu que Dieu est amour, don sans mesure, si nous ne l’avions vu dans la chair se donner comme il le fit ? Jésus n’a pas que donné son temps, son enseignement, sa compassion active ; il s’est donné non seulement comme des parents se donnent à leurs enfants : tout cela ne suffisait pas pour exprimer son amour. Il a voulu aller plus loin encore et nous aimer « jusqu’au bout » il nous a livré sa vie. Et ce don ultime, il ne l’a pas fait seulement à ceux qui le chérissaient – ses disciples, ses proches, qui eussent été reconnaissants – mais il s’est offert aussi et surtout à ceux qui le haïssaient, car il n’est pas venu pour sauver les justes, mais les pécheurs.
« En ceci Dieu prouve son amour envers nous : Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs » (Rm 5, 8).
Comment aurions-nous pu imaginer que Dieu est don de soi inconditionnel, offert même aux mécréants que nous sommes et à qui il propose gratuitement sa vie immortelle, si nous ne l’avions contemplé dans la Passion du Fils unique ? Jésus crucifié nous révèle l’horrible état de notre humanité livrée au malin plaisir de l’Ennemi auquel elle fut asservie par le péché. Mais il nous dit en même temps que désormais Dieu n’est plus absent de ce monde hostile : « Jésus s’est livré » afin d’être solidaire de l’homme jusque dans sa déchéance.
“Je crois au Dieu livré” : y a-t-il pauvreté plus radicale que celle de la Crèche, déréliction plus grande que celle de la Croix, abandon plus total que celui de l’Eucharistie ? “S’il fallait ajouter mille mort en Croix pour ton salut, je le ferai avec joie, et pour toi seul”, nous dit Jésus. Comment avoir peur d’un tel Dieu ? Où est-il le dieu vengeur, castrateur, ennemi de l’homme, jaloux de son bonheur ? Que la contemplation du vrai visage de Dieu – celui qu’il nous révèle sur la Croix – purifie nos conscience de ses idoles lancinantes, chasse toute peur, pour que nous puissions accueillir le don du Père en son Fils Jésus-Christ. Que le flot de tendresse jaillissant du Cœur du Christ chasse toute culpabilité et toute angoisse devant sa souffrance et sa mort. Elles sont nôtres les blessures de l’Agneau : comment nous les reprocherait-il, puisqu’ils nous les offre pour que nous y trouvions la guérison.
« Ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là ; c’était environ la dixième heure » (Jn 1, 39), c’est-à-dire quatre heures de l’après-midi, l’heure de la mort de Jésus. C’est là qu’il nous faut demeurer avec lui, afin d’apprendre de Dieu lui-même qui nous sommes à ses yeux, le prix que nous avons pour lui. Pas un instant de repli sur lui-même : jusqu’au cœur de sa Passion, Jésus est tout donné : « Ne pleurez pas sur moi, pleurez plutôt sur vous-mêmes et vos enfants » ; « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34) ; « Aujourd’hui tu seras avec moi en Paradis » (Lc 23, 43) ; et enfin : « Femme, voici ton fils ; voici ta mère (Jn 19, 26-27) ». A tous ceux qui persévère dans la contemplation de l’Agneau immolé offert pour le salut du monde, Jésus donne sa Mère. C’est auprès d’elle que le disciple est désormais invité à demeurer pour découvrir à la lumière de l’Esprit dont elle est comblée, le vrai visage du Dieu qui se fait proche ; c’est à son école qu’il peut apprendre à aimer en « esprit et vérité ».
« Je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bonne volonté et de supplication. Alors ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé. Ils célèbreront le deuil sur lui, comme pour le fils unique. Ils le pleureront amèrement comme on pleure un premier-né. Ce jour-là une Source jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem en remède au péché et à la souillure » (Za 12, 10. 13, 1).
Demeurons au pied de cette Source, afin de pouvoir confesser, non par ouï dire mais parce que nous en aurons fait l’expérience personnelle : « Nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41).
« Venez, faisons de notre amour
comme un encensoir immense et universel,
prodiguons cantiques et prières
à celui qui a fait de sa Croix
un encensoir à la divinité,
et nous a tous comblé de richesses par son Sang. » (Saint Ephrem)
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