Archive pour mars, 2011
Pape Benoît XVI : « Alors ils jeûneront »
11 mars, 2011du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20110310
Le vendredi après les Cendres : Mt 9,14-15
Commentaire du jour
Pape Benoît XVI
Message pour le Carême 2009 (trad. Libreria Editrice Vaticana)
« Alors ils jeûneront »
Dans le Nouveau Testament, Jésus met en lumière la raison profonde du jeûne…: « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). Le vrai jeûne a donc pour but de manger « la vraie nourriture », qui consiste à faire la volonté du Père (cf Jn 4,34). Si Adam a désobéi à l’ordre du Seigneur de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,17), le croyant entend par le jeûne se soumettre à Dieu avec humilité, en se confiant à sa bonté et à sa miséricorde…
De nos jours, la pratique du jeûne semble avoir perdu un peu de sa valeur spirituelle et, dans une culture marquée par la recherche du bien-être matériel, elle a plutôt pris la valeur d’une pratique thérapeutique pour le soin du corps. Le jeûne est sans nul doute utile au bien-être physique, mais pour les croyants, il est en premier lieu une « thérapie » pour soigner tout ce qui les empêche de se conformer à la volonté de Dieu…
Avec le jeûne et la prière, nous permettons au Christ de venir rassasier une faim plus profonde que nous expérimentons au plus intime de nous : la faim et la soif de Dieu. En même temps, le jeûne nous aide à prendre conscience de la situation dans laquelle vivent tant de nos frères. Dans sa première lettre, saint Jean met en garde : « Si quelqu’un possède des richesses de ce monde et, voyant son frère dans la nécessité, lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (3,17) Jeûner volontairement nous aide à suivre l’exemple du Bon Samaritain, qui se penche et va au secours du frère qui souffre (Lc 10,29s). En choisissant librement de se priver de quelque chose pour aider les autres, nous montrons de manière concrète que le prochain en difficulté ne nous est pas étranger. C’est précisément pour maintenir vivante cette attitude d’accueil et d’attention à l’égard de nos frères que j’encourage les paroisses et toutes les communautés à intensifier pendant le Carême la pratique du jeûne personnel et communautaire, en cultivant aussi l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et l’aumône. Ceci a été, dès le début, une caractéristique de la vie des communautés chrétiennes.
Marie et le petit Jesus
10 mars, 2011LE PEUPLE JUIF EN TANT QUE TEL N’A PAS CONDAMNÉ JÉSUS, AFFIRME BENOÎT XVI
10 mars, 2011du site:
http://www.zenit.org/article-27245?l=french
LE PEUPLE JUIF EN TANT QUE TEL N’A PAS CONDAMNÉ JÉSUS, AFFIRME BENOÎT XVI
Présentation de « Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la résurrection »
ROME, Jeudi 10 mars 2011 (ZENIT.org) – Le peuple juif en tant que tel n’a pas condamné Jésus : cette affirmation de Benoît XVI dans le deuxième volume de son livre sur Jésus - « Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la résurrection » (Parole et Silence) – a fait couler beaucoup d’encre avant même sa sortie en librairie. Qu’en est-il dans le texte ?
Il faut se rendre aux pages concernant le procès de Jésus. Benoît XVI parle non pas de « procès » devant Caïphe, mais à proprement parler d’« interrogatoire ». Le pape montre qu’il débouche sur la remise au pouvoir romain, le chef d’accusation étant la prétention de royauté : « La revendication de la royauté messianique était un délit politique qui devait être puni par la justice romaine ».
Qui donc a insisté pour la condamnation de Jésus à mort ? demande le pape. Il répond tout d’abord que selon Jean, ce sont simplement les « juifs ». Mais cette expression, chez Jean, « n’indique pas du tout – comme le lecteur moderne tend à l’interpréter – le peuple d’Israël en tant que tel, et elle a encore moins un caractère « raciste ». »
« En définitive, rappelle Joseph Ratzinger, Jean lui-même quant à sa nationalité était un Israélite comme Jésus et tous les siens. La communauté primitive tout entière était composée d’Israélites. Chez Jean, cette expression a une signification précise et rigoureusement limitée : il désigne par elle l’aristocratie du Temple. Ainsi, dans le 4e Evangile, le cercle des accusateurs qui cherchent la mort de Jésus est décrit avec précision et clairement délimité : il s’agit justement de l’aristocratie du Temple – mais elle non plus pas sans exception, comme le fait comprendre la mention de Nicodème (cf. 7, 50 ss.) ».
Le pape fait ensuite observer que le cercle des accusateurs s’élargit dans saint Marc qui emploie le terme « masse », « ochlos », « plèbe », en tous cas « pas le « peuple » des Juifs en tant que tel » : « Il s’agit des défenseurs de Barabbas qui se sont mobilisés pour l’amnistie ; en tant que rebelle d’une révolte contre le pouvoir romain, il pouvait naturellement compter sur un certain nombre de sympathisants ».
Une autre partie du peuple restait invisible : « Ceux qui croyaient en Jésus, apeurés, restaient cachés ; c’est ainsi que la voix du peuple sur qui le droit romain comptait était représentée de façon unilatérale ».
« En Marc donc, à côté des « Juifs », c’est-à-dire les cercles sacerdotaux qui font autorité, entre en jeu effectivement l’ochlos, le groupe des partisans de Barabbas, mais pas le peuple juif comme tel », résume le pape.
Benoît XVI fait observer que Matthieu, lui, « amplifie » la notion d’ochlos en écrivant « tout » le peuple, mais que l’on doit être précis dans la lecture. En effet, à propos de l’invocation du « sang » – « que son sang soit sur nous » -, il fait observer que pour Matthieu, le sang, « ce n’est pas une malédiction, mais une rédemption, un salut ». Ce n’est pas un sang « versé « contre » quelqu’un », « c’est le sang répandu « pour » la multitude ».
Le respect du pape pour les juifs et la tradition, la sensibilité juives, se traduit notamment par un détail significatif même s’il n’est pas nouveau. La diffusion du livre permettra sa vulgarisation.
Lorsqu’il s’agit du Nom de Dieu (le tétragramme de consonnes en hébreu : yod, hé, vav, hé), imprononçable, et que l’on ne peut pas davantage transcrire avec vocalisation, le livre met en pratique ce que le pape a demandé à toute l’Eglise catholique : on ne doit plus employer la transcription à la fois erronée au sens littéral et au sens théologique, et irrespectueuse, de « Yahvé ».
Le livre transcrit donc l’hébreu par le tétragramme de consonnes latines, sans vocalisation: YHWH (p. 27 par exemple), une transcription déjà adoptée par bon nombre d’exégètes, par exemple, en français, dans les publications de l’Institut d’études théologiques (IET) de Bruxelles. A la lecture on peut dire « le Seigneur ». En latin, le tétragramme est en effet traduit par le mot « Dominus ». C’était une disposition mise en évidence par le synode des évêques sur la Parole de Dieu (Cf. Zenit du 24 octobre 2008).
La Congrégation vaticane pour le culte divin a adressé à ce propos une directive par lettre, en date du 29 juin 2008 et publiée dans la revue « Notitiae » de la Congrégation, aux Conférences épiscopales du monde entier, pour leur rappeler qu’on ne doit pas appeler Dieu « Yahvé » et que cette transcription doit disparaître de la liturgie. Cette lettre, signée par le cardinal Francis Arinze et Mgr Malcolm Ranjith, alors respectivement préfet et secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, était déjà explicitement présentée comme une directive du pape Benoît XVI. Le théologien Joseph Ratzinger montre l’exemple.
Anita S. Bourdin
AUDIENCE GÉNÉRALE DU 9 MARS 2011 : LE TEMPS DU CARÊME
10 mars, 2011du site:
http://www.zenit.org/article-27232?l=french
AUDIENCE GÉNÉRALE DU 9 MARS 2011 : LE TEMPS DU CARÊME
Texte intégral
ROME, Mercredi 9 mars 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, dans la salle Paul VI, au Vatican.
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, marqués par le symbole austère des cendres, nous entrons dans le temps du carême, en commençant un itinéraire spirituel qui nous prépare à célébrer dignement les mystères pascals. La cendre bénie, imposée sur notre tête, est un signe qui nous rappelle notre condition de créatures, nous invite à la pénitence et à intensifier l’engagement de conversion pour suivre toujours plus le Seigneur.
Le carême est un chemin, qui consiste à accompagner Jésus qui monte à Jérusalem, lieu de l’accomplissement de son mystère de passion, de mort et de résurrection ; il nous rappelle que la vie chrétienne est un « chemin » à parcourir, qui consiste moins en une loi à observer que dans la personne même du Christ à rencontrer, à accueillir, à suivre. En effet, Jésus nous dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive » (Lc 9, 23). C’est-à-dire qu’il nous dit que pour arriver avec Lui à la lumière et à la joie de la résurrection, à la victoire de la vie, de l’amour, du bien, nous devons nous aussi nous charger de la croix de chaque jour, comme nous y exhorte une belle page de l’Imitation de Jésus Christ : « Prenez donc votre Croix et suivez Jésus, et vous parviendrez à l’éternelle félicité. Il vous a précédés portant sa Croix (Jn 19, 17) et il est mort pour vous sur la Croix afin que vous aussi vous portiez votre Croix, et que vous aspiriez à mourir sur la Croix. Car si vous mourez avec lui, vous vivrez aussi avec lui ; et si vous partagez ses souffrances, vous partagerez sa gloire » (Livre 2, chap. 12, n. 2). Dans la Messe du premier dimanche de Carême, nous prions : « O Dieu, notre Père, avec la célébration de ce Carême, signe sacramentel de notre conversion, accorde à tes fidèles de croître dans la connaissance du mystère du Christ et de témoigner de Lui par une digne conduite de vie » (Collecte). Il s’agit d’une invocation que nous adressons à Dieu car nous savons que Lui seul peut convertir notre cœur. Et c’est surtout dans la liturgie, dans la participation aux saints mystères, que nous sommes conduits à parcourir ce chemin avec le Seigneur ; nous devons nous mettre à l’école de Jésus, reparcourir les événements qui nous ont apporté le salut, mais pas comme une simple commémoration, un souvenir des faits passés. Dans les actions liturgiques, le Christ se rend présent à travers l’œuvre de l’Esprit Saint, les événements salvifiques deviennent actuels. Il existe un mot-clé qui revient souvent dans la liturgie pour indiquer cela : le mot « aujourd’hui » ; et celui-ci doit être entendu dans son sens originel et concret, et non pas métaphorique. Aujourd’hui, Dieu révèle sa loi et il nous est donné de choisir entre le bien et le mal, entre la vie et la mort (cf. Dt 30, 19) ; aujourd’hui « le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15) ; aujourd’hui le Christ est mort sur le Calvaire et il est ressuscité d’entre les morts ; il est monté au ciel et siège à la droite du Père ; aujourd’hui, l’Esprit Saint nous est donné ; aujourd’hui est le temps favorable. Participer à la liturgie signifie alors plonger sa vie dans le mystère du Christ, parcourir un chemin dans lequel nous entrons dans sa mort et sa résurrection pour avoir la vie.
Les dimanches de Carême, de manière tout à fait particulière en cette année liturgique du cycle A, nous sommes amenés à vivre un itinéraire baptismal, comme à reparcourir le chemin des catéchumènes, de ceux qui se préparent à recevoir le Baptême, pour raviver en nous ce don et pour faire en sorte que notre vie retrouve les exigences et les engagements de ce sacrement, qui est à la base de notre vie chrétienne. Dans le Message que j’ai envoyé pour ce Carême, j’ai voulu rappeler le lien particulier qui lie le Temps quadragésimal au Baptême. Depuis toujours, l’Église associe la Veillée pascale à la célébration du Baptême : en lui se réalise ce grand mystère en raison duquel l’homme, mort au péché, participe à la vie nouvelle dans le Christ ressuscité et reçoit l’Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (cf. Rm 8, 11). Les lectures que nous écouterons les prochains dimanches et auxquelles je vous invite à prêter une attention particulière, sont reprises de la tradition antique, qui accompagnait le catéchumène dans la découverte du Baptême : il s’agit de la grande annonce de ce que Dieu fait dans ce Sacrement, une extraordinaire catéchèse baptismale adressée à chacun de nous. Le premier dimanche, appelé Dimanche de la tentation, parce qu’il présente les tentations de Jésus dans le désert, nous invite à renouveler notre décision définitive pour Dieu et à affronter avec courage la lutte qui nous attend pour lui demeurer fidèles. Il y a toujours cette nécessité de décision, de résister au mal, de suivre Jésus. En ce dimanche, l’Église, après avoir entendu le témoignage des parrains et des catéchistes, célèbre l’élection de ceux qui sont admis aux sacrements pascals. Le deuxième dimanche est dit d’Abraham ou de la Transfiguration. Le baptême est le sacrement de la foi et de la filiation divine ; comme Abraham, père des croyants, nous aussi nous sommes invités à partir, à sortir de notre terre, à quitter les sécurités que nous nous sommes construites, pour placer notre confiance en Dieu ; le but s’entrevoit dans la transfiguration du Christ, le Fils bien aimé, dans lequel nous aussi nous devenons « fils de Dieu » . Les dimanches suivants, le baptême est présenté à travers les images de l’eau, de la lumière et de la vie. Le troisième dimanche nous fait rencontrer la Samaritaine (cf. Jn 4,5-42). Comme Israël lors de l’Exode, nous aussi dans le Baptême nous avons reçu l’eau qui sauve ; Jésus, comme il le dit à la Samaritaine, a une eau de vie, qui étanche toutes les soifs ; cette eau c’est son Esprit lui-même. L’Église en ce dimanche célèbre le premier scrutin des catéchumènes, et pendant la semaine elle leur remet le Symbole : la profession de foi, le Credo. Le quatrième dimanche nous fait réfléchir sur l’expérience de l’« Aveugle de naissance » (cf. Jn 9, 1-41). Dans le Baptême nous sommes libérés des ténèbres du mal et nous recevons la lumière du Christ pour vivre en fils de la lumière. Nous aussi devons apprendre à voir la présence de Dieu sur le visage du Christ et ainsi la lumière. Dans le chemin des catéchumènes est célébré le second scrutin. Enfin, le cinquième dimanche nous présente la résurrection de Lazare (cf. Jn 11, 1-45). A travers le Baptême, nous sommes passés de la mort à la vie et nous sommes à présent en mesure de plaire à Dieu, de faire mourir le vieil homme pour vivre de l’Esprit du Ressuscité. Pour les catéchumènes, est célébré le troisième scrutin et au cours de la semaine leur est remis la prière du Seigneur : le Notre Père.
Cet itinéraire quadragésimal que nous sommes invités à parcourir au cours du Carême se caractérise, dans la tradition de l’Église, par certaines pratiques : le jeûne, l’aumône et la prière. Le jeûne signifie l’abstinence de nourriture, mais il comprend d’autres formes de privation pour une vie plus sobre. Mais tout cela n’est pas encore la pleine réalité du jeûne : c’est le signe extérieur d’une réalité intérieure, de notre engagement, avec l’aide de Dieu, de nous abstenir du mal et de vivre de l’Évangile. Personne ne jeûne vraiment s’il ne sait pas se nourrir de la Parole de Dieu.
Le jeûne, dans la tradition chrétienne, est ensuite étroitement lié à l’aumône. Saint Léon le Grand enseignait dans l’un de ses discours sur le Carême : « Ce que chaque chrétien est tenu de faire en chaque moment, il doit à présent le pratiquer avec une plus grande sollicitude et dévotion, pour que s’accomplisse la règle apostolique du jeûne quadragésimal qui consiste dans l’abstinence non seulement de la nourriture, mais aussi et surtout des péchés. Ensuite, on ne peut associer aucune œuvre plus utile que l’aumône à ces saints jeûnes que l’on doit respecter, celle-ci embrassant de nombreuses bonnes œuvres sous le nom unique de « miséricorde ». Le domaine des œuvres de miséricorde est immense. Il n’y a pas que les riches et ceux qui ont des possessions qui peuvent faire du bien aux autres avec l’aumône, mais aussi ceux de condition modeste et pauvre. Ainsi, inégaux dans les biens de la richesse, tous peuvent être égaux dans les sentiments de piété de l’âme » (Discours 6 sur le Carême, 2 : pl 54, 286). Saint Grégoire le Grand rappelait, dans sa Règle pastorale, que le jeûne est rendu saint par les vertus qui l’accompagnent, en particulier par la charité, par chaque geste de générosité, qui donne aux pauvres et aux indigents le fruit d’une privation (cf. 19, 10-11).
En outre, le Carême est un temps privilégié pour la prière. Saint Augustin dit que le jeûne et l’aumône sont « les deux ailes de la prière » qui lui permettent de prendre plus facilement son élan et de parvenir jusqu’à Dieu. Il affirme : « De cette manière notre prière, faite en humilité et en charité, dans le jeûne et dans l’aumône, dans la tempérance et dans le pardon des offenses, en donnant de bonnes choses et en ne rendant pas les mauvaises, en s’éloignant du mal et en faisant le bien, recherche la paix et l’obtient. Avec les ailes de ces vertus, notre prière vole de manière assurée et est conduite plus facilement jusqu’au ciel, où le Christ notre paix nous a précédés » (Sermon 206, 3 sur le Carême : pl 38, 1042). L’Église sait qu’en raison de notre faiblesse il est difficile d’être en silence pour se présenter devant Dieu et prendre conscience de notre condition de créatures qui dépendent de Lui et de pécheurs ayant besoin de son amour : c’est pourquoi, en ce Carême, elle nous invite à une prière plus fidèle et intense et à une méditation prolongée sur la Parole de Dieu. Saint Jean Chrysostome nous exhorte : « Embellis ta maison de modestie et d’humilité avec la pratique de la prière. Rends ton habitation splendide avec la lumière de la justice : orne tes murs avec les bonnes œuvres comme une patine d’or pur et, à la place des murs et des pierre précieuses, place la foi et la magnanimité surnaturelle, en mettant au dessus de tout, sur le fait, la prière pour parfaire la décoration de tout l’ensemble. Ainsi tu prépares une demeure digne pour le Seigneur, ainsi tu l’accueilles dans un palais splendide. Il t’accordera de transformer ton âme en temple de sa présence » (Homélie 6 sur la prière : pg 64, 446).
Chers amis, sur ce chemin quadragésimal soyons attentifs à saisir l’invitation du Christ à le suivre de manière plus décidée et cohérente, en renouvelant la grâce et les engagements de notre baptême, pour abandonner le vieil homme qui est en nous et nous revêtir du Christ, afin d’arriver renouvelés à la Pâque et pouvoir dire avec saint Paul : « Je vis mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Bon chemin de carême à tous ! Merci !
A l’issue de l’audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers frères et sœurs,
Marqués du signe austère des cendres qui nous rappelle notre condition de créature, nous commençons aujourd’hui notre marche vers Pâques. Les lectures dominicales du carême de cette année sont une catéchèse splendide pour redécouvrir la grâce du baptême. Elles nous invitent à renouveler notre fidélité au Seigneur et à abandonner nos sécurités humaines pour nous confier totalement à Dieu. Par le baptême, nous passons des ténèbres du mal à la lumière du Christ, devenant des fils de Dieu appelés à vivre de l’Esprit du Ressuscité. Selon la tradition de l’Eglise, le carême est aussi caractérisé par le jeûne, l’aumône et la prière. Les privations sont le signe externe de notre renoncement au mal et de notre faim de la Parole de Dieu, et la charité sanctifie le jeûne. Jeûne et aumône sont comme les deux ailes de la prière. En ce temps de carême, mettons-nous à la suite du Christ avec cohérence en renouvelant notre engagement baptismal ! Puissions-nous aussi nous consacrer avec intensité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu ! Abandonnant le vieil homme qui est en nous pour revêtir le Christ, nous pourrons célébrer avec dignité la Résurrection du Seigneur ! Bon et saint carême à tous !
Je vous salue avec joie, chers pèlerins de langue française et plus particulièrement les jeunes présents ! Je vous invite à prendre très au sérieux ce carême pour le vivre dans un esprit de foi et en faire un temps d’authentique conversion. En participant aux saints mystères, vous vous désaltérez à la source d’eau vive qui est en Dieu ! Avec ma Bénédiction !
Traduction : Zenit
Le Carême, une joyeuse Espérance
9 mars, 2011du site:
http://fleury.abbaye.chez-alice.fr/careme.htm
Le Carême, une joyeuse Espérance
Petite histoire du carême
A l’origine de l’Eglise, il n’y avait qu’une fête : Pâques, cœur de la vie chrétienne. Puis, à partir du II ème siècle le peuple chrétien réserve dans le jeûne et la prière un jour anniversaire de la passion et de la résurrection du Christ. Jésus n’avait-il pas dit lui même que ses disciples jeûneraient « quand l’époux leur serait enlevé » ? Ainsi chaque année aura son centre, et chaque dimanche rappellera la Grande Solennité célébrée une fois par an.
Mais on se résigne difficilement à éteindre les lumières d’une telle fête pour reprendre son allure coutumière. Pâques est un temps fort, sa résonance est si intense qu’il n’est pas possible de ne pas écouter ses prolongements : on a prolongé cette fête de Pâques durant 50 jours, et elle connaîtra un nouveau temps fort, dès le IV ème siècle dans de nouvelles célébrations, celles de la Pentecôte.
Les fêtes pascales méritaient d’être préparées, les joies intérieures ne peuvent s’exalter que dans une attente de désir : la préparation de Pâques dans le jeûne et la prière prend une extension de plus en plus grande et, dès la fin du IV ème siècle on compte 40 jours de jeûne qui commencent un dimanche, celui que nous appelons le premier dimanche de carême. Enfin, pour compléter la quarantaine, car les dimanches n’étaient pas comptés comme jours de jeûne, on ajouta 4 jours ce qui nous conduit au mercredi qui précède ce premier dimanche, appelé par la suite « des Cendres ».
Durant cette période ceux qui se préparent au baptême, ordinairement conféré dans la nuit de Pâques, trouveront l’occasion d’un entraînement minutieux et bien organisé.
Une quarantaine
Carême : ce mot est la traduction d’un mot latin qui signifie « quarantaine ». Le carême c’est la sainte quarantaine. On sait l’importance du symbolisme des nombres dans les cultures antiques et la culture biblique se situe tout à fait dans cette tradition :
40 jours, c’est la durée du déluge : les eaux tombent durant 40 jours et 40 nuits, nous dit le texte de la Genèse
40 ans : c’est la durée du séjour du peuple hébreu dans le désert quand, après avoir fui l’Egypte, lieu de l’esclavage et de la compromission avec toutes les idoles, il se dirige vers la Terre promise, lieu que Dieu lui a préparé pour faire de lui un peuple libre, serviteur du Dieu unique.
40 jours, c’est la durée du séjour de Moïse sur le mont Sinaï, là où Dieu lui fait le don de la loi, 40 jours, c’est encore la durée du voyage du prophète Elie, en route vers ce même mont Sinaï où il va rencontrer Dieu, tout comme Moïse, et recevoir de lui une nouvelle mission.
40 jours c’est encore la durée du séjour de Jésus au désert au lendemain de son baptême. Pendant 40 jours, nous dit l’évangile, Jésus a prié et jeûné au désert avant que le diable ne vienne le soumettre à la tentation.
Que conclure de tout cela ? Dans la bible, 40 c’est le symbole de l’épreuve qui nous prépare à rencontrer Dieu. L’épreuve qui purifie le cœur, qui le prépare à vivre une étape importante : l’alliance entre Dieu et l’humanité scellée après le déluge, l’entrée dans la terre promise, le don de la loi, la rencontre avec Dieu, l’annonce de la Bonne Nouvelle pour Jésus.
40 jours, ce sera pour nous le temps pour accompagner le Christ dans l’épreuve qui le prépare au don total de lui même, le temps d’une préparation à l’expérience fondamentale de la mort et de la résurrection que nous allons vivre avec le Christ dans le mystère de Pâques.
Dans la plupart de ces cas, on l’aura noté, ce temps de 40 jours se passe au désert qui est le lieu de la rencontre de Dieu
Le désert
« Je la séduirai et je la conduirai au désert » dit le prophète Osée de son épouse infidèle, image du peuple épousé par Dieu dans l’alliance du désert.
Dans la pensée biblique, le désert a toujours eu une place importante : c’est le lieu où Dieu prépare son peuple, où il lui fait faire une expérience spirituelle intérieure profonde; c’est le lieu de la rencontre, le lieu du vide, du « rien ». Mis dans ce lieu, l’homme est situé en face de Dieu et en face de lui-même; là, plus de faux-fuyant, il n’est plus possible d’accuser autrui du mal que l’on a fait, comme Adam accusant Eve et celle-ci accusant le serpent. Quand je suis seul en face de Dieu, force m’est bien de reconnaître que je suis l’auteur du mal que je constate en moi.
Mais le désert c’est aussi le pays de la faim et de la soif : le peuple a eu faim au désert, il a désiré retourner en Egypte pour y manger à sa faim; Elie a marché 40 jours et 40 nuits après avoir mangé la nourriture qui lui avait été préparée par Dieu lui-même, et Jésus a fait l’expérience de la faim ainsi que dit l’évangile : « il jeûna 40 jours et 40 nuits après quoi il eut faim. » La faim, ce n’est pas un bien en soi, mais vivre dans une satiété continuelle nous empêche de comprendre vraiment ce qu’est le désir profond de Dieu. Comment dire « mon Dieu j’ai soif de toi comme une terre sèche, altérée, sans eau » si je n’ai jamais eu soif ?
« L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Mais on ne comprend bien que ce qu’on a expérimenté dans son corps et il ne suffit pas de vivre au niveau de l’intelligence et de la sensibilité : il faut expérimenter dans son propre corps ce qu’on a compris ou ressenti, sinon, ce qui n’est pas exprimé s’étiole et finit par disparaître.
Comment comprendre ce que veut dire : « avoir faim de la parole de Dieu » si on n’a jamais eu faim ? L’expérience du désert est le lieu où se vit cette incorporation de notre faim et de notre soif.
Le désert c’est donc aussi le lieu où l’on apprend à reconnaître que tout nous vient de Dieu, le lieu où l’on découvre à chaque instant que notre vie elle-même est un don de Dieu car c’est lui qui donne le pain et l’eau qui nous sont nécessaires pour avancer encore d’un pas. Là où l’on n’a plus rien, ne reste que la relation fondamentale, et c’est en ce sens que l’expérience du désert est fondatrice.
Le désert, c’est encore le lieu de l’épreuve, de la tentation; de façon imagée, c’est le lieu des bêtes féroces et redoutables, symbole des tentations de toutes sortes que l’homme rencontre au cours de sa vie : pour le peuple hébreu, tentation de se décourager, de retourner en Egypte, de quitter le chemin de la libération, de retomber dans l’idolâtrie. Elie aussi y rencontre le découragement, nous dirions qu’il fait une véritable dépression; quant à Jésus c’est là qu’il rencontre le diable et toutes ses suggestions.
Le temps de l’Exode est l’expérience fondamentale du peuple de Dieu, le lieu où il s’est constitué en tant que peuple et où, durant 40 longues années, Dieu l’a façonné et l’a préparé à la mission qui l’attendait : être le témoin du Dieu unique. C’est en quelque sorte l’image de ce que doit être toute notre vie : préparation à la rencontre définitive.
Le désert n’est pas d’abord un lieu, sinon rares sont ceux qui pourraient en faire l’expérience; il est d’abord un état, une disposition intérieure, si bien qu’on peut le trouver même au cœur de nos grandes métropoles modernes. Tandis qu’on peut vivre dans une solitude saharienne sans connaître cette expérience si notre cœur est plein de pensées vaines et de désirs envahissants qui nous distraient de l’attention à Dieu.
Attention à Dieu, garde des pensées, retour sur ce qui fait l’essentiel de notre vie, voici le cœur de l’expérience du désert. Mais comme il n’est pas possible à l’homme de vivre sans cesse à ce niveau, l’église nous propose ce temps de carême qui nous permet, au moins pendant ce temps de 40 jours de préparation à la fête de Pâques de revivre intérieurement l’expérience de nos pères et d’accompagner Jésus pendant ses 40 jours passés dans la prière au désert de Juda, afin de laisser croître en nous la soif de Dieu et la faim de sa parole.
Le carême aujourd’hui
Ce qui nous est proposé durant cette période, c’est de revivre quelque chose de cette expérience fondamentale, et de nous mettre à l’écoute de Dieu dans notre vie quotidienne.
Que de fois nous nous plaignons d’avoir une vie stressée, hyper-occupée; et il est vrai qu’il y a des activités qui prennent une telle importance dans notre journée ou notre semaine qu’il nous semble n’avoir plus de temps pour ce qui devrait en être l’essentiel : la vie de famille, l’écoute intérieure de l’Esprit, la méditation de la parole, l’attention à l’autre.
Durant le carême chacun devrait s’interroger sur l’équilibre et l’harmonie de sa vie : y a-t-il un élément qui la déséquilibre ? il y a quelques années, le pape Jean-Paul II avait indiqué que le carême pouvait être l’occasion d’un certain jeûne de la télévision, ce qui a suscité des objections fortes et bruyantes. Il ne s’agit pas de dire que la télé est un mal, mais si elle prend dans notre journée toute la place de ces trop brefs instants que nous devrions réserver à notre conjoint, nos enfants, nos proches ou nos amis, si nous n’avons que peu ou même plus de disponibilité pour eux, alors c’est que quelque chose ne va plus, et le carême peut être l’occasion de s’interroger sur notre mode de vie.
Son but n’est pas de « se mortifier » comme on disait autrefois, mais de nous libérer de tout ce qui nous entrave, d’élaguer ce qui nous retient prisonniers d’habitudes acquises qui peuvent croître comme un cancer qui ronge l’organisme.
« L’esprit saint vous rendra libres » dit Jésus dans l’évangile de saint Jean; si le but de la Bonne Nouvelle de l’évangile, c’est bien de nous libérer, le carême en est un lieu privilégié « pour attendre la fête de Pâques avec la joie du désir inspiré par l’Esprit de Dieu » selon l’expression de saint Benoît.
Dès lors le temps du carême apparaît comme une inépuisable richesse dans laquelle chacun de nous peut puiser ce dont il a besoin. Loin d’être un temps sombre, rivé sur une ascèse négative, il pourrait être le point de départ d’un dépassement de l’homme et la contribution à une vraie reconstruction du monde dont les valeurs peuvent être utilisées avec mesure et équilibre.
Vivre en profondeur ces semaines sans aucun mépris des choses ni des hommes, ce qui serait à l’opposé de tout l’enseignement du Christ, pourrait nous conduire à cet épanouissement auquel devrait tendre tout homme.
bon début de Carême
8 mars, 2011Saint Pierre Chrysologue : Les exercices du Carême : l’aumône, la prière, le jeûne
8 mars, 2011du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20110309
Le mercredi des Cendres : Mt 6,1-6#Mt 6,16-18
Commentaire du jour
Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l’Église
Sermon 8 ; CCL 24, 59 ; PL 52, 208 (trad. Matthieu commenté, DDB 1985, p. 59 rev.)
Les exercices du Carême : l’aumône, la prière, le jeûne
Mes frères, nous commençons aujourd’hui le grand voyage du Carême. Emportons donc dans notre navire toute notre provision de nourriture et de boisson, en plaçant sur la caisse la miséricorde abondante dont nous aurons besoin. Car notre jeûne a faim, notre jeûne a soif, s’il ne se nourrit pas de bonté, s’il ne se désaltère pas de miséricorde. Notre jeûne a froid, notre jeûne défaille, si la toison de l’aumône ne le couvre pas, si le vêtement de la compassion ne l’enveloppe pas.
Frères, ce que le printemps est pour les terres, la miséricorde l’est pour le jeûne : le vent doux printanier fait fleurir tous les bourgeons des plaines ; la miséricorde du jeûne fait pousser toutes nos semences jusqu’à la floraison, leur fait porter fruit jusqu’à la récolte céleste. Ce que l’huile est pour la lampe, la bonté l’est pour le jeûne. Comme la matière grasse de l’huile allume la lumière de la lampe et, avec une aussi faible nourriture, la fait luire pour le réconfort de toute une nuit, ainsi la bonté fait resplendir le jeûne : il jette des rayons jusqu’à atteindre le plein éclat de la continence. Ce que le soleil est au jour, l’aumône l’est pour le jeûne : la splendeur du soleil accroît l’éclat du jour, dissipe l’obscurité des nuées ; l’aumône accompagnant le jeûne en sanctifie la sainteté et, grâce à la lumière de la bonté, chasse de nos désirs tout ce qui pourrait être mortifère. Bref, ce que le corps est pour l’âme, la générosité en tient lieu pour le jeûne : quand l’âme se retire du corps, elle lui apporte la mort ; si la générosité s’éloigne du jeûne, c’est sa mort.