Archive pour mars, 2011

27 mars 2011 – 3e dimanche de Carême – Homélie

26 mars, 2011

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,3e.dimanche.de.careme,3101.html

27 mars 2011 – 3e dimanche de Carême

Famille de saint Joseph

Homélie-Messe  

A l’heure la plus chaude de la journée, Jésus, « fatigué par la route », s’arrête au bord du puits creusé par Jacob lui-même, près de Sichem. Il demeure « assis là » pendant que les apôtres entrent dans la ville pour y chercher de quoi se restaurer.
Et voilà que de manière tout à fait inattendue, arrive une femme venant puiser de l’eau. En général cette corvée s’effectuait plutôt à la fraîcheur du soir, et en groupe ; cette femme désire donc se retrouver seule. Elle doit sans aucun doute être contrariée de se trouver confrontée à cet inconnu, d’autant plus qu’il lui adresse la parole pour lui demander à boire. L’ironie cinglante avec laquelle elle accueille la requête de Jésus trahit sa mauvaise humeur : « Je vois que lorsque la soif vous brûle, vous les juifs, vous ne vous posez plus la question de savoir si celle qui porte une cruche est hérétique ou pas ! »
La femme était bien trop préoccupée pour pouvoir saisir d’amblée la dimension symbolique de l’événement. Le puits est en effet le lieu des rencontres providentielles entre ceux que Dieu destine l’un à l’autre : Isaac et Rébecca (Gn 24, 12-14), Moïse et la fille de Jéthro (Ex 2, 19), et bien sûr Jacob et Rachel (Gn 29, 9-11) : l’évangéliste ne vient-il pas de préciser que le puits est creusé sur « le terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph », premier-né de Rachel ? Nous pressentons que la rencontre apparemment fortuite à laquelle l’évangéliste nous fait assister, va se prêter à une interprétation universelle. Derrière le personnage de la Samaritaine, c’est l’humanité épouse qui se profile. Egarée par le péché, elle a perdu le chemin vers Dieu et erre dans le désert, cherchant en vain à apaiser sa soif du Bien-Aimé. Saura-t-elle reconnaître le temps de sa visite ?
La demande de Jésus « Donne-moi à boire », fait écho au « J’ai soif » que Notre-Seigneur prononcera à la même heure, du haut de la Croix. « J’ai soif de toi. J’ai soif de ton amour. J’ai soif d’être aimé par toi. Viens à moi. Je vais remplir ton cœur. Je vais soigner tes blessures. Je vais faire de toi une nouvelle créature. Je vais te donner la paix au cœur même de toutes tes épreuves » (Mère Teresa). Etonnant renversement : le mendiant de notre amour n’est autre que l’Amour subsistant, qui désire nous combler des Eaux vives de l’Esprit en échange des eaux frelatées de nos cœurs partagés. Paraphrasant la première lecture nous pourrions faire dire à Jésus : « Moi je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Golgotha. Tu frapperas le rocher, et il en sortira de l’eau, et tu boiras ! ».
« Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ».
La réponse de la Samaritaine, mi provocante, mi inquiète, trahit qu’elle pressent le mystère ; elle perçoit intuitivement que Jésus veut l’entraîner vers le lieu d’une autre quête, bien plus essentielle. Sans doute hésite-t-elle, mais n’ayant plus grand-chose à perdre, elle accepte d’inverser les rôles et reconnaît son besoin : « Seigneur, donne-la moi, cette eau : que je n’aie plus soif ». Elle cède l’initiative ; elle consent à se laisser conduire ; elle s’ouvre au mystère de cet inconnu et « au mystère de l’eau vive, que l’homme ne peut puiser dans un puits, mais ne peut que recevoir comme un don de Dieu lui-même » (Jean-Paul II).
Maintenant qu’elle lui a ouvert son cœur, Jésus peut la rejoindre à l’intime de sa souffrance, qu’il l’invite à exprimer : « Je n’ai pas de mari ». Délicatement, Notre-Seigneur la conduit sur un chemin de vérité, en l’aidant à passer de la dissimulation à l’aveu : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari : là tu dis vrai ». La miséricorde commence déjà à se déverser dans les blessures de cette âme en peine, et à y porter son fruit de repentance. L’attitude de Jésus n’a rien de celle d’un juge : le ton de sa voix n’est pas celui d’une mise en accusation ; Notre-Seigneur l’invite avec délicatesse à oser venir à la lumière, afin de retrouver la liberté.
Curieusement, devant la révélation du douloureux secret de ses échecs affectifs répétés, la femme ne dit pas : « Seigneur, je l’entends, tu es un prophète », mais « je le vois ». Elle a vu dans ce regard qui plonge directement dans les profondeurs de son âme, qu’un avenir demeure ouvert, même pour une hérétique et une pécheresse. L’espérance s’est infiltrée dans le cœur de cette femme qui s’enfermait dans le silence et l’isolement. Elle saisit la main que le Seigneur lui tend : « Aide-moi à me tourner vers Dieu pour que je puise en lui la force de me repentir et de reprendre le droit chemin. Dis-moi où je dois adorer Dieu pour qu’il entende ma prière ? »
Profitant de la disponibilité de son interlocutrice, Jésus va l’inviter à passer d’une religiosité encore marquée par la superstition, à l’ébauche d’une foi trinitaire : « Crois-moi, l’Heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et vérité ». La promesse est au futur : il faut d’abord que du haut de la Croix Jésus répande l’Esprit « que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7, 39). C’est en buvant l’eau vive jaillie du Rocher (1ère lect.) frappé par la lance, que l’humanité réconciliée trouvera à nouveau le chemin d’une relation vraie avec son Dieu.
« Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur », qui nous invite à « entrer dans son repos » (Ps). Au cœur de ces quarante jours de traversée du désert, venons nous aussi à l’Heure du midi au bord du puit de la miséricorde, et pleins de reconnaissance, puisons les eaux aux sources du salut.
« En paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ qui a fait de nous des justes par la foi » (2nd lect.), nous pourrons alors « adorer le Seigneur qui nous a faits », et confesser pleins de reconnaissance : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs ».

Mount Sinai

25 mars, 2011

Mount Sinai dans images sacrée 266

http://www.corsodireligione.it/digiland/luoghisacri_12.htm

BENOÎT XVI ÉVOQUE SAINT CORBINIEN : UNIVERSALITÉ ET UNITÉ DE L’EGLISE

25 mars, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-27399?l=french

BENOÎT XVI ÉVOQUE SAINT CORBINIEN : UNIVERSALITÉ ET UNITÉ DE L’EGLISE

Messe de dédicace de la nouvelle église de la paroisse romaine de l’Infernetto

 Chers frères et sœurs!

Je suis très heureux de me trouver parmi vous pour célébrer un événement aussi significatif que la dédicace à Dieu et au service de la communauté de cette église intitulée à saint Corbinien. La Providence a voulu que notre rencontre ait lieu le IIE Dimanche de carême, caractérisé par l’Evangile de la Transfiguration de Jésus. C’est pourquoi nous voyons aujourd’hui le rapprochement entre deux éléments, tous les deux très importants: d’une part, le mystère de la Transfiguration et, de l’autre, celui du temple, c’est-à-dire de la maison de Dieu placée au milieu de vos maisons. Les lectures bibliques que nous avons écoutées ont été choisies pour éclairer ces deux aspects.
La Transfiguration. L’évangéliste Matthieu nous a raconté ce qui se passa lorsque Jésus gravit une haute montagne, en emmenant avec lui trois de ses disciples: Pierre, Jacques et Jean. Alors qu’ils étaient en haut, seuls, le visage de Jésus devint resplendissant, ainsi que ses vêtements. C’est ce que nous appelons la « Transfiguration »: un mystère lumineux, réconfortant. Quelle en est la signification? La Transfiguration est une révélation de la personne de Jésus, de sa réalité profonde. En effet, les témoins oculaires de l’événement, c’est-à-dire les trois Apôtres, furent enveloppés d’une nuée, elle aussi lumineuse – ce qui dans la Bible annonce toujours la présence de Dieu – et ils entendirent une voix qui disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le! » (Mt 17, 5). Avec cet événement, les disciples sont préparés au mystère pascal de Jésus: à surmonter la terrible épreuve de la passion et également à bien comprendre le fait lumineux de la résurrection.
Le récit parle également de Moïse et d’Elie, qui apparurent et conversèrent avec Jésus. Effectivement, cet épisode a un rapport avec les deux autres révélations divines. Moïse était monté sur le mont Sinaï, et là, il avait eu la révélation de Dieu. Il avait demandé à voir sa gloire, mais Dieu lui avait répondu qu’il ne l’aurait pas vue de face, mais seulement de dos (cf. Ex 33, 18-23). De manière analogue, Elie eut lui aussi une révélation de Dieu sur le mont: une manifestation plus intime, non avec une tempête, un tremblement de terre, ou avec le feu, mais avec une brise légère (cf. 1 R 19, 11-13). A la différence de ces deux épisodes, dans la Transfiguration ce n’est pas Jésus qui a la révélation de Dieu, mais c’est précisément en Lui que Dieu se révèle et qu’il révèle son visage aux Apôtres. Celui qui veut connaître Dieu doit donc contempler le visage de Jésus, son visage transfiguré: Jésus est la parfaite révélation de la sainteté et de la miséricorde du Père. En outre, rappelons que sur le mont Sinaï, Moïse eut également la révélation de la volonté de Dieu: les dix commandements. Et toujours sur le mont, Elie reçut de Dieu la révélation divine d’une mission à accomplir. Jésus, en revanche, ne reçoit pas la révélation de ce qu’il devra accomplir: il le sait déjà; ce sont plutôt les apôtres qui entendent, dans la nuée, la voix de Dieu qui commande: « Ecoutez-le ». La volonté de Dieu se révèle pleinement en la personne de Jésus. Qui veut vivre selon la volonté de Dieu, doit suivre Jésus, l’écouter, en accueillir les paroles et, avec l’aide de l’Esprit Saint, les approfondir. Telle est la première invitation que je désire vous adresser, chers amis, avec une grande affection: croissez dans la connaissance et dans l’amour du Christ, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant que communauté paroissiale, rencontrez-Le dans l’Eucharistie, dans l’écoute de sa parole, dans la prière, dans la charité.
Le deuxième point est l’Eglise, comme édifice et surtout comme communauté. Cependant, avant de réfléchir sur la dédicace de votre église, je voudrais vous dire qu’il existe un motif particulier qui accroît ma joie de me trouver aujourd’hui avec vous. En effet, saint Corbinien est le fondateur du diocèse de Freising, en Bavière, dont j’ai été l’évêque pendant quatre ans. Dans mon blason épiscopal, j’ai voulu insérer un élément étroitement associé à l’histoire de ce saint: l’ours. Un ours – raconte-t-on – avait dévoré le cheval de Corbinien, qui se rendait à Rome. Il l’admonesta sévèrement, réussit à l’apprivoiser et plaça sur son dos le bagage qui, jusqu’alors, avait été porté par le cheval. L’ours transporta le chargement jusqu’à Rome et ce n’est qu’alors que le saint le laissa libre de s’en aller.
Le moment est peut-être venu de dire deux mots sur la vie de saint Corbinien. Saint Corbinien était français, prêtre dans la région de Paris, et il avait fondé un monastère près de Paris. Il était très estimé comme conseiller spirituel, mais il recherchait plutôt la contemplation et il vint donc à Rome pour créer ici, près des tombes des apôtres Pierre et Paul, un monastère. Mais le Pape Grégoire II – nous sommes aux environs de 720 – estimait ses qualités, il avait compris ses qualités, et il l’ordonna évêque, le chargeant d’aller en Bavière et d’annoncer l’Evangile dans cette terre. La Bavière: le Pape pensait au pays entre le Danube et les Alpes qui pendant cinq cents ans avait constitué la province romaine de la Raetia; ce n’est qu’à la fin du VE siècle que la population latine était revenue en grande partie en Italie. Là bas, ils étaient restés peu nombreux, des personnes simples; la terre était peu peuplée et une nouvelle population était arrivée en ce lieu, le peuple des Bavarois, qui avait trouvé un héritage chrétien, le pays ayant été christianisé à l’époque romaine. La population bavaroise avait immédiatement compris qu’il s’agissait de la véritable religion et elle voulait devenir chrétienne, mais les personnes cultivées manquaient, les prêtres pour annoncer l’Evangile manquaient. Et ainsi, le christianisme était resté très fragmentaire, à son début. Le Pape connaissait cette situation, il connaissait la soif de foi qui se trouvait dans ce pays, et il chargea donc saint Corbinien de se rendre là bas et d’y annoncer l’Evangile. Et à Freising, dans la ville du duc, sur une colline, le saint a créé la cathédrale – il y avait déjà trouvé un sanctuaire de la Vierge – et pendant plus de mille ans, le siège de l’évêque est resté là. Ce n’est qu’après l’époque napoléonienne qu’il a été transféré trente kilomètres plus au sud, à Munich. Le diocèse s’appelle encore de Munich et Freising, et la majestueuse cathédrale romane de Freising reste le cœur du diocèse. Nous voyons ainsi le rôle que jouent les saints pour l’unité et l’universalité de l’Eglise. L’universalité: saint Corbinien relie la France, l’Allemagne, Rome. L’unité: saint Corbinien nous dit que l’Eglise est fondée sur Pierre et il nous garantit également la pérennité de l’Eglise construite sur le roc, qui, il y a mille ans, était la même Eglise qu’aujourd’hui, car le Seigneur est toujours le même. Il est toujours la Vérité, toujours ancienne et toujours nouvelle, très actuelle, présente, et il donne la clef pour l’avenir.
Je voudrais à présent remercier ceux qui ont contribué à construire cette église. Je sais combien le diocèse de Rome s’engage pour assurer à chaque quartier des complexes paroissiaux adaptés. Je salue et je remercie le cardinal-vicaire, l’évêque auxiliaire du secteur et l’évêque secrétaire de l’Œuvre romaine pour la préservation de la foi et la création de nouvelles églises. Je salue surtout mes deux successeurs. Je salue le cardinal Wetter, qui a été à l’origine de l’initiative de consacrer une église paroissiale à saint Corbinien et qui a été un soutien précieux pour la réalisation du projet. Merci Eminence. Merci beaucoup. Je suis heureux que l’église ait été si vite construite. Je salue le cardinal Marx, actuel archevêque de Munich et Freising, qui continue à travailler avec amour non seulement pour saint Corbinien, mais également pour son Eglise à Rome. Merci beaucoup à vous aussi. Je salue également S.Exc. Mgr Clemens du diocèse de Paderborn et secrétaire du Conseil pontifical pour les laïcs. J’adresse une pensée particulière au curé, le père Antonio Magnotta, avec un très vif remerciement pour les paroles que vous m’avez adressées. Merci! Et je salue naturellement également le vicaire! A travers vous tous ici présents, je désire faire parvenir une parole de proximité affectueuse aux dix mille personnes environ qui résident sur le territoire de la paroisse. Réunis autour de l’Eucharistie, nous ressentons mieux que la mission de chaque communauté chrétienne est celle d’apporter à tous le message de l’amour de Dieu, de faire connaître son visage à tous. Voilà pourquoi il est important que l’Eucharistie soit toujours le cœur de la vie des fidèles, comme elle l’est aujourd’hui pour votre paroisse, même si tous ses membres n’ont pas pu y participer personnellement.
Nous vivons aujourd’hui une journée importante, qui couronne les efforts, le labeur, les sacrifices accomplis et l’engagement des personnes qui résident ici pour se constituer comme communauté chrétienne et mûre, capable d’avoir une église désormais consacrée définitivement au culte de Dieu. Je me réjouis de cet objectif atteint et je suis certain qu’il favorisera le rassemblement et la croissance de la famille chrétienne des croyants sur ce territoire. L’Eglise veut être présente dans chaque quartier où vivent et travaillent les personnes, avec le témoignage évangélique de chrétiens cohérents et fidèles, mais également avec des édifices qui permettent de se rassembler pour la prière et les sacrements, pour la formation chrétienne et pour établir des relations d’amitié et de fraternité, en faisant grandir les enfants, les jeunes, les familles et les personnes âgées dans cet esprit de communauté que le Christ nous a enseigné et dont le monde a tant besoin.
De même qu’a été réalisé l’édifice paroissial, ma visite désire vous encourager à réaliser toujours mieux cette Eglise de pierres vivantes que vous êtes. Nous l’avons écouté dans la deuxième lecture: « Vous êtes le champ de Dieu, vous êtes la maison que Dieu construit », écrit saint Paul, s’adressant aux Corinthiens (1 Co 3, 9) et à nous; et il les exhorte à construire sur l’unique fondement véritable qui est Jésus Christ (3, 11). C’est pourquoi je vous exhorte moi aussi à faire de votre nouvelle église le lieu où l’on apprend à écouter la Parole de Dieu, l’ »école » permanente de vie chrétienne dont part toute activité de cette paroisse jeune et engagée. Le texte du Livre de Néhémie qui nous a été proposé dans la première lecture nous éclaire sur cet aspect. Dans celui-ci, on voit bien qu’Israël est le peuple appelé pour écouter la Parole de Dieu, écrite dans le livre de la Loi. Ce livre n’est lu solennellement que par les ministres et il est expliqué au peuple, qui se tient debout, lève les mains au ciel, s’agenouille ensuite et se prosterne face contre terre, en signe d’adoration. C’est une véritable liturgie, animée par la foi en Dieu qui parle, par le repentir pour sa propre infidélité à la Loi du Seigneur, mais surtout par la joie car la proclamation de sa Parole est le signe qu’Il n’a pas abandonné son peuple, qu’Il est proche. Vous aussi, chers frères et sœurs, en vous rassemblant pour écouter la Parole de Dieu avec foi et persévérance, devenez, de dimanche en dimanche, Eglise de Dieu, formés et façonnés intérieurement par sa Parole. Quel grand don cela est-il! Soyez-en toujours reconnaissants. Votre communauté est jeune, constituée en grand partie par des couples récemment mariés qui viennent vivre dans le quartier; il y a beaucoup d’enfants et de jeunes. Je connais l’engagement et l’attention qui sont consacrés à la famille et à l’accompagnement des jeunes couples: sachez donner vie à une pastorale familiale caractérisée par l’accueil ouvert et cordial des nouvelles cellules familiales, qui sache favoriser la connaissance réciproque, de manière à ce que la communauté paroissiale soit toujours davantage une « famille de familles », capable de partager avec elles, en même temps que les joies, les inévitables difficultés des débuts. Je sais également que divers groupes de fidèles se rassemblent pour prier, se former à l’école de l’Evangile, participer aux Sacrements et vivre cette dimension essentielle pour la vie chrétienne qu’est la charité. Je pense à ceux qui avec la Caritas paroissiale cherchent à aller à la rencontre des nombreuses exigences du territoire, en particulier en répondant aux attentes des plus pauvres et indigents.
Je me réjouis de ce que vous accomplissez pour la préparation des enfants et des jeunes aux sacrements de la vie chrétienne, et je vous exhorte à vous intéresser également toujours davantage à leurs parents, en particulier ceux qui ont de jeunes enfants; que la paroisse s’efforce également de leur proposer, à des horaires et selon des modalités appropriés, des rencontres de prière et de formation, en particulier pour les parents des enfants qui doivent recevoir le baptême et les autres sacrements de l’initiation chrétienne. Ayez également un soin et une attention particuliers à l’égard des familles en difficulté, ou qui se trouvent dans une condition de précarité ou d’irrégularité. Ne les laissez jamais seules, mais soyez proches d’elles avec amour, en les aidant à comprendre le dessein authentique de Dieu sur le mariage et la famille. Le Pape veut également adresser une parole particulière d’affection et d’amitié à vous, chers enfants et jeunes qui m’écoutez, et aux jeunes de votre âge qui vivent dans cette paroisse. Le présent et l’avenir de la communauté ecclésiale et civile sont tout particulièrement entre vos mains. L’Eglise attend beaucoup de votre enthousiasme, de votre capacité à regarder de l’avant et de votre désir de choix de vie radicaux.
Chers amis de saint Corbinien! Le Seigneur Jésus, qui conduisit les apôtres sur le mont pour prier et leur montra sa gloire, nous a invités aujourd’hui dans cette nouvelle église: ici nous pouvons l’écouter, ici nous pouvons reconnaître sa présence dans la fraction du Pain eucharistique; et de cette manière devenir Eglise vivante, temple de l’Esprit Saint, signe dans le monde de l’amour de Dieu.
Rentrez chez vous le cœur plein de reconnaissance et de joie, car vous appartenez à ce grand édifice spirituel qu’est l’Eglise. Nous confions à la Vierge Marie notre chemin quadragésimal, de même que celui de l’Eglise tout entière. Que la Vierge, qui a suivi son Fils Jésus jusqu’à la croix, nous aide à être des disciples fidèles du Christ, pour pouvoir participer avec elle à la joie de la Pâque. Amen.

Traduction : L’Osservatore Romano en langue française – Edition du 24 mars 2011

Annonciation du Seigneur

24 mars, 2011

Annonciation du Seigneur dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

vendredi 25 mars 2011- Annonciation du Seigneur (Homélie)

24 mars, 2011

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,annonciation.du.seigneur,3100.html

vendredi 25 mars 2011- Annonciation du Seigneur

Famille de saint Joseph

Homélie-Messe  

Une annonciation est bien plus qu’une simple énonciation – l’affirmation d’un fait, ou la description d’un événement ; elle signale l’irruption d’une nouveauté radicale, dont Dieu lui-même est l’auteur. Un monde nouveau est appelé à surgir, à partir d’une jeune fille, moyennant son consentement. L’élue se nomme Marie et est déjà engagée légalement envers un homme issu de la maison de David. La salutation de l’Ange – « Je te salut, comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » – en dit long sur le travail de la grâce prévenante dans le cœur de cette fille d’Israël. Mais il n’y a pas d’annonce de la présence de Dieu sans une mission particulière, dont la réalisation attestera l’authenticité de l’expérience vécue. D’où le trouble chez la jeune fille qui s’inquiète sur ses capacités à pouvoir assurer la mission discrète mais exceptionnelle qui lui est confiée : « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? » Qu’elle se rassure : cet enfantement ne requiert aucune intervention humaine ; il va se réaliser par la seule « puissance du Très-Haut » agissant par « l’Esprit Saint », afin que celui qui va naître soit saint lui-aussi.
Toute annonciation véritable est accréditée d’un signe : le renouvellement radical de la vie est annoncé par la fécondité inattendue d’une femme âgée, Elisabeth, « car rien n’est impossible à Dieu ». Cette interprétation lumineuse et pleine d’espérance, libère l’audace de la jeune fille nommée Marie. Elle donne son consentement en s’offrant tout entière à l’action de l’Esprit : « Voici… » : elle se présente à Dieu pour qu’Il fasse en elle son bon plaisir. Le passage à la troisième personne semble souligner le dessaisissement total de sa volonté propre, pour ne plus être que « …la servante du Seigneur ». Elle accepte que « tout se passe selon la parole » dite ; elle s’abandonne au rhéma, traduction grecque de l’hébreu dabar, signifiant la « parole-événement », la parole de Dieu qui se fait événement, et dans notre cas : qui se fait avènement du Verbe dans la chair.
Assuré d’un tel consentement, le messager de Dieu se retire : « L’ange la quitta ». Il peut remonter au ciel, mission accomplie. La Parole commence sa course victorieuse, entraînant irrésistiblement à sa suite tous ceux qui reconnaissent à son passage, la venue des temps nouveaux.
« Dieu a donné son Fils, fruit unique de son cœur, qui était son égal et qu’il aimait comme lui-même : il l’a donné à Marie, et, du sein de Marie, il en fait son Fils, non pas quelqu’un d’autre, mais le même en personne, de sorte qu’il est par sa nature le même Fils unique de Dieu et de Marie. Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a enfanté Dieu ! Dieu qui a tout formé, s’est formé lui-même du sein de Marie, et ainsi il a refait tout ce qu’il avait fait. Lui qui a pu tout faire de rien, n’a pas voulu refaire sans Marie sa création détruite. Dieu est donc le Père de toutes les choses créées, et Marie la mère de toutes les choses recréées. Dieu est le Père de la création universelle, et Marie la mère de la rédemption universelle. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé. Dieu a engendré celui sans qui absolument rien n’existe, et Marie a enfanté celui sans qui absolument rien n’est bon. Oui, le Seigneur est vraiment avec toi : il t’a fait un don tel que la nature entière t’est grandement redevable, à toi, en même temps qu’à lui » (Saint Anselme).

Père Joseph-Marie

A propos de l’espérance au temps de l’Ancien Testament

24 mars, 2011

du site:

http://bouquetphilosophique.pagesperso-orange.fr/esperancedesanciens.html

A propos de l’espérance au temps de l’Ancien Testament
 
Au regard de l’espérance lumineuse qui fait courir les chrétiens aujourd’hui, celle des hommes de l’Ancien Testament paraît bien terne ! On peut en effet être surpris que l’auteur du livre de l’Ecclésiaste – qui se présente comme un sage sous les traits du roi Salomon –  reconnaisse avec lucidité et grande vénération que Dieu a « implanté au tréfonds de l’être humain le sens de l’éternité » (Ecclésiaste 3.11, La Bible du Semeur)… avant de confesser finalement l’aspect décevant de la vie humaine qui s’achève par la vieillesse et la mort (Ecclésiaste 12.1-7, 3.19-20) !
Paradoxalement, tandis que depuis longtemps les adeptes de certaines religions polythéistes de l’ancien Orient croient fermement à la résurrection et à une vie future, les enfants d’Israël, eux, s’ouvrent en dernier à cette croyance… et semblent voués inexorablement à la désespérance quant à l’au-delà ! Ce n’est en fait que tardivement, vers la fin de l’Exil (soit entre 550 et 539 avant Jésus-Christ), qu’ils découvrent – ou redécouvrent (1) – progressivement l’idée d’éternité. Un comble pour le peuple qui deviendra celui de l’espérance ! Attardons-nous un instant sur ces questions.

Une vision d’éternité commune à tous les peuples anciens
La croyance en une « survie de l’individu » après la mort semble remonter aux origines de l’espèce humaine et de tout temps, dans toutes les civilisations, ce qui peut paraître étonnant, une grande majorité s’est ralliée à l’idée que l’homme est immortel par nature.
« Ce qui est commun aux religions, [écrit le scientifique et ancien ministre Claude Allègre] depuis celles des Sumériens ou des Égyptiens en passant par celles des Perses, des Babyloniens, des Assyriens, des Indiens ou des Chinois jusqu’à celles qui inspirent les Sepik de Nouvelle-Guinée ou les Indiens d’Amazonie, c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs, l’immortalité (2). »
Plus de 2000 ans avant J.-C., l’Egypte pharaonique est certainement l’une des premières civilisations à s’édifier dans la perspective de l’éternité. Les Egyptiens en effet, tout en reconnaissant la brièveté du temps terrestre, croient en une autre forme d’existence. Osiris, mort et ressuscité, devenu dieu de l’au-delà, leur apporte l’assurance d’une survie éternelle.
Environ 13 siècles plus tard, sur la base d’une espérance similaire, le philosophe persan Zoroastre (fondateur du zoroastrisme, ancienne religion de la Perse) promet à ses disciples l’avènement d’un sauveur suprême, Saoshyant, qui présidera à la résurrection et à l’émergence d’une vie éternelle après la mort. Notons que le zoroastrisme, religion dualiste fondée sur la lutte permanente entre un Dieu bon (Ahura Mazdâ) et un démon (Ahriman) enseigne aussi le libre arbitre, le jugement final, l’enfer, le paradis et la victoire finale du bien sur le mal. Ce qui représente, soit dit en passant, une sorte de préfiguration du christianisme… en tout cas, une incontestable révolution religieuse au début du VIIe siècle avant J.-C. !
Curieusement donc, en ce qui concerne cette idée de survie post mortem, les Hébreux restent imperméables à toute influence, égyptienne notamment. Face à la vision d’éternité commune à beaucoup de religions antiques, ils ne se lassent pas de nourrir une vague espérance dont ils semblent se satisfaire, mais qui toutefois se précise graduellement au cours des siècles.

De l’espérance terrestre à l’espérance céleste
Ce n’est en effet qu’à l’époque de la rédaction du livre de Daniel que le peuple juif arrive enfin à croire peu à peu en la résurrection et en une vie après la mort. Durant de très nombreux siècles, étonnamment celui-ci se contente d’une espérance terrestre sans vision d’éternité, ou tout au plus d’une espérance en une survie nationale.
Tout d’abord, une espérance à courte vue
Ainsi, pendant longtemps, c’est le modèle de la rétribution – strictement terrestre – qui dicte la pensée des enfants d’Israël. Ceux-ci croient que Dieu « rétribue » ici-bas les hommes selon leurs actes, autrement dit que les justes sont récompensés par une longue vie tranquille et prospère tandis que les pécheurs sont condamnés à une vie malheureuse, courte et sans descendance… en attendant avec frayeur – justes comme pécheurs, d’ailleurs – le sort qui les attend, le sheol (3) où tous resteront abandonnés à jamais.
Mentionnons à cet égard quelques textes bibliques attestant cette espérance à courte vue : « Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et pour les plus robustes, à quatre-vingt ans. […] Enseigne-nous à bien compter nos jours, […] Rassasie-nous chaque matin de ta bonté, et nous serons toute notre vie dans la joie et l’allégresse. Réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d’années que nous avons vu le malheur » (Psaume 90.10-15) ; « Donne-nous encore des jours comme ceux d’autrefois ! » (Lamentations 5.21) ; « Voici ce que je veux repasser en mon cœur, ce qui me donnera de l’espérance. Les bontés de l’Éternel ne sont pas épuisées, ses compassions ne sont pas à leur terme » (Lamentations 3.21-22) ; « Soutiens-moi pour que je vive, tu l’as promis, ne déçois pas mon espérance » (Psaume 119.116, BFC) ; « Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de l’Eternel jusqu’à la fin de mes jours » (Psaume 23.6) ; « L’Eternel m’a châtié, mais il ne m’a pas livré à la mort » (Psaume 118.18).
Comme il se dégage de nombreux passages de l’Ancien Testament, Dieu – dans un premier temps – répond à ses enfants sans leur proposer davantage : « Je te sauverai, et tu ne tomberas pas sous l’épée, ta vie sera ton butin, parce que tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel » (Jérémie 39.18) ; « Celui qui m’écoute […] vivra tranquille et sans craindre aucun mal » (Proverbes 1.33) ; « Il m’invoquera, et je lui répondrai. Je serai avec lui dans la détresse, je le délivrerai et je le glorifierai. Je le rassasierai de longs jours, et je lui ferai voir mon salut » (Psaume 91.15-16) ; « N’oublie pas mes enseignements, […] car ils prolongeront les jours et les années de ta vie, et ils augmenteront ta paix » (Proverbes 3.1-2) ; « Ils [les justes] ne sont pas confondus au temps du malheur, et ils sont rassasiés aux jours de la famine » (Psaume 37.19) ; « Ceux qui espèrent en l’Éternel posséderont le pays » (Psaume 37.9) ; « Aimez le Seigneur votre Dieu, obéissez-lui, restez-lui fidèlement attachés, c’est ainsi que vous pourrez vivre et passer de nombreuses années dans le pays que le Seigneur a promis de donner à vos ancêtres Abraham, Isaac et Jacob » (Deutéronome 30.20, BFC)… Pour ne citer que ces versets !

L’espérance collective, une perspective nouvelle pour Israël
Bien que la croyance en la rétribution soit historiquement ancrée dans la réalité quotidienne du peuple d’Israël, certains en voyant « le bonheur des méchants » (Psaume 73.3) – ou en quelque sorte, l’inversion de cette théorie de la rétribution – ont du mal à comprendre la justice de Dieu et se mettent à réfléchir. C’est le cas du roi David (Psaume 37) et du psalmiste Asaph (Psaume 73).
Job, héros des temps anciens, fait aussi partie de ceux qui osent remettre en cause la croyance classique (Job 12.13-25). « Contre cette corrélation rigoureuse [la liaison entre la souffrance et le péché personnel], Job s’élève avec toute la force de son innocence. Il ne nie pas les rétributions terrestres, il les attend, et Dieu les lui accordera finalement […] Mais c’est pour lui un scandale qu’elles lui soient refusées présentement et il cherche en vain le sens de son épreuve. Il lutte désespérément pour retrouver Dieu qui se dérobe et qu’il persiste à croire bon (4). »
Dans l’un de ses « grands textes », il arrive finalement à la conclusion que le bien et le mal ont leur sanction outre-tombe plutôt qu’ici-bas, une avancée théologique considérable ! C’est ainsi qu’au-delà de l’espoir d’être délivré de ses maux en ce monde, il ose affirmer – certes, de façon imprécise, la traduction de ce passage reste difficile – son espérance en la résurrection : « Pour ma part, je sais que celui qui me rachète est vivant et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau aura été détruite, en personne je contemplerai Dieu. C’est lui que je contemplerai, et il me sera favorable. Mes yeux le verront, et non ceux d’un autre » (Job 19.25-27).
Pour d’autres hommes de l’Ancien Testament également confrontés à l’injustice, l’espérance individuelle se mue alors en espérance collective. Si la réussite des méchants offre un spectacle révoltant, « le Seigneur s’intéresse à la vie de ceux qui sont irréprochables, le pays dont ils sont les héritiers leur est acquis pour toujours » (Psaume 37.18, BFC). Au VIIIe siècle av. J.-C., le prophète Esaïe à même l’intuition que son peuple « ressuscitera » : « Mon peuple, tes morts reprendront vie, alors les cadavres des miens ressusciteront ! Ceux qui sont couchés en terre se réveilleront et crieront de joie » (Esaïe 26.19). Vers la même époque, Osée, un autre porte-parole de Dieu, invite Israël à se repentir et évoque l’espérance d’une rénovation nationale : « Venez, retournons à l’Eternel ! Car il a déchiré, mais il nous guérira. Il a frappé, mais il bandera nos plaies. Il nous rendra la vie […] il nous relèvera, et nous vivrons devant lui » (Osée 6.1-2).
Mais c’est en réalité la grande épreuve de la déportation à Babylone qui amène les Juifs à s’interroger sur la « juste rétribution » de Dieu. En cette période particulièrement troublée, le prophète Jérémie, toujours soucieux du bien de ses compatriotes, se demande pourquoi ceux-ci lui manifestent tant de haine : « Seigneur, tu es trop juste pour que je m’en prenne à toi. Pourtant, j’aimerais discuter de justice avec toi. Pourquoi le chemin des méchants les mène-t-il au succès ? Et ceux qui te sont infidèles, pourquoi vivent-ils tranquilles ? » (Jérémie 12.1, BFC).
« Au-delà de la ruine qu’il voit approcher pour le peuple infidèle, il [Jérémie] entrevoit une sorte de résurrection dans le cadre d’une nouvelle alliance avec Dieu [le retour des survivants d’Israël et la reconstruction de Jérusalem, chapitre 31]. Il témoigne alors de sa confiance en la victoire de Dieu par un surprenant geste d’espoir [l’acquisition d’un champ, acte symbolique, chapitre 32] (5). »
Après le châtiment, il y aura donc un rétablissement, un avenir pour le peuple de Dieu… de quoi raviver l’espérance : « Je rétablirai le peuple de Juda et le peuple d’Israël, et je les rétablirai dans leur ancienne situation » (Jérémie 33.7, BFC). « Je multiplierai les descendants de mon serviteur David […] ils seront aussi nombreux que les étoiles qu’on ne peut compter dans le ciel » (Jérémie 33.22, BFC).
Quant à Ezéchiel – en dépit des circonstances dramatiques de l’époque –, il est l’un des rares prophètes de l’Ancien Testament à proclamer aussi explicitement qu’il y a une espérance pour Israël. Ainsi, dans sa célèbre vision des ossements desséchés (Ezéchiel 37.1-14), la renaissance de la nation d’Israël s’exprime pleinement. Bien qu’il s’agisse plutôt là d’une promesse de survie collective pour le peuple d’Israël, autrement dit d’une « résurrection nationale », on peut y voir en outre l’amorce de l’idée de résurrection individuelle. Citons quelques extraits de ce passage intéressant : « Voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel : Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu’ils revivent ! […] Je vais ouvrir vos tombes et je vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple, et je vous ramènerai sur le territoire d’Israël » (Ezéchiel 37.9-12).

En route vers l’espérance céleste
En fait, le point de départ – discret – de ce lent cheminement vers le ciel peut être relevé dans le livre des Psaumes où certains versets portent en germe la notion de résurrection : « Non, Seigneur, tu ne m’abandonnes pas à la mort, tu ne permets pas que moi, ton fidèle, je m’approche de la tombe. Tu me fais savoir quel chemin mène à la vie. On trouve une joie pleine en ta présence, un plaisir éternel près de toi » (Psaume 16.10-11, BFC) ; « Eternel, tu as fait remonter mon âme du séjour des morts, tu m’as fait revivre loin de ceux qui descendent dans la tombe » (Psaume 30.4) ; « Dieu sauvera mon âme du séjour des morts » (Psaume 49.16) ; « Ta bonté envers moi est grande, et tu délivres mon âme des profondeurs du séjour des morts » (Psaume 86.13) ; « C’est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui te couronne de bonté et de compassion » (Psaume 103.4).
Mais c’est surtout le livre de Daniel (6) qui nous éclaire un peu plus sur l’évolution de la conception de l’au-delà chez les Juifs. C’est bien d’une résurrection personnelle suivie d’une vie éternelle que les justes hériteront : « A cette époque-là [pouvons-nous lire dans Daniel 12.1-3] se dressera Michel, le grand chef, celui qui veille sur les enfants de ton peuple. Ce sera une période de détresse telle qu’il n’y en aura pas eu de pareille depuis qu’une nation existe jusqu’à cette époque-là. A ce moment-là, ceux de ton peuple qu’on trouvera inscrits dans le livre seront sauvés. Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l’horreur éternelle. Ceux qui auront été perspicaces brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice à beaucoup brilleront comme les étoiles, pour toujours et à perpétuité. »
Cependant, ce n’est vraiment qu’à partir du deuxième siècle avant Jésus-Christ que l’espérance en la résurrection devient une réalité pour le peuple juif. A la mort d’Alexandre le Grand, la Palestine « passe sous l’autorité des monarchies hellénistiques, des Lagides d’Egypte d’abord, puis des Séleucides de Syrie. La politique d’hellénisation radicale instaurée par Antiochus IV Epiphane (175-164 av. J.-C.), doublée d’une intolérance agressive vis-à-vis des Juifs, suscite un grand mouvement de révolte. Ce mouvement, à la fois national et religieux, est conduit par le prêtre Mattathias et son fils Judas, dit Maccabée. […] Antiochus IV s’efforce d’imposer aux Juifs les mœurs et la religion grecques. La pratique du judaïsme devient passible de mort (7) ».
Dans ce contexte de résistance et de répression féroce – où le dogme de la rétribution ici-bas est tragiquement mis en échec –, les nombreux martyrs, fidèles à la loi de Moïse, s’interrogent sérieusement sur la justice divine. Torturés et mis à mort pour leur foi, ils finissent par croire réellement que Dieu les ressuscitera et que leur rétribution sera d’outre-tombe.
Le deuxième livre des Maccabées, probablement écrit vers 120-100 avant J.-C., décrit justement l’héroïque résistance de sept frères « Maccabées » et de leur mère (modèles des premiers martyrs juifs) qui préfèrent être torturés à mort plutôt que de toucher à la viande de porc interdite par la loi. Citons ici quelques versets de ce livre deutérocanonique de l’Ancien Testament témoignant de cette foi naissante en la résurrection :
« Au moment de rendre le dernier soupir, il [le second supplicié] dit : Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 Maccabées 7.9, TOB).
« On soumit le quatrième aux mêmes tortures cruelles. Sur le point d’expirer, il dit : Mieux vaut mourir de la main des hommes en attendant, selon les promesses faites par Dieu, d’être ressuscité par lui » (2 Maccabées 7.13-14, TOB).
« Eminemment admirable et digne d’une excellente renommée fut la mère, qui voyait mourir ses sept fils en l’espace d’un seul jour et le supportait avec sérénité, parce qu’elle mettait son espérance dans le Seigneur. Elle exhortait chacun d’eux dans la langue de ses pères. Remplie de nobles sentiments et animée d’un mâle courage, cette femme leur disait : Je ne sais pas comment vous avez apparu dans mes entrailles ; ce n’est pas moi qui vous ai gratifiés de l’esprit et de la vie, […] Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé l’homme à sa naissance et qui est à l’origine de toute chose, vous rendra-t-il dans sa miséricorde et l’esprit et la vie, parce que vous vous sacrifiez maintenant vous-mêmes pour l’amour de ses lois » (2 Maccabées 7.20-23, TOB).
Enfin, on peut mentionner le livre de la Sagesse, autre apocryphe rédigé vers la même époque (Ier siècle avant J.-C.) dans lequel on trouve, quoique de façon larvée, le thème de la résurrection : « Les âmes des justes, elles, sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra plus. Aux yeux des insensés, ils passèrent pour morts, et leur départ sembla un désastre, […] Pourtant, ils sont dans la paix. Même si, selon les hommes, ils ont été châtiés, leur espérance était pleine d’immortalité » (Sagesse 3.1-4).
Comme le remarque Jean Civelli, prêtre à Fribourg (Suisse), « cette idée d’une résurrection des morts ne devait plus s’oublier dans le judaïsme. Ce sont les Pharisiens qui la recueillirent, contrairement au parti des Sadducéens, parti des prêtres et de la noblesse du Temple de Jérusalem, qui, eux, n’acceptèrent pas ce qu’ils considéraient comme une doctrine fausse, car ils ne la trouvaient pas dans la Loi de Moïse (cf. Marc 12.18 et Actes 23.8). […] Le sceau définitif de cette foi en la résurrection sera donné par Jésus lui-même, dans sa propre résurrection (8) ».
« La croyance en la résurrection, qui va se développer dans le monde sémitique, [affirme de son côté, Marie Lucien, docteur en théologie de l'Université de Strasbourg] apparaît comme une nouveauté radicale et impressionnante […] La résurrection personnelle de chaque homme deviendra alors l’espérance commune aux trois religions monothéistes issues du monde sémitique, le judaïsme, le christianisme et l’islam (9). »

*

Après avoir ainsi esquissé à grands traits l’histoire de l’espérance religieuse en Israël, une question demeure cependant : pourquoi cette dernière est restée si longtemps une piètre espérance… avant que finalement le Nouveau Testament ne la porte à son plus haut degré ? A défaut de pouvoir répondre ici avec certitude à cette question, nous voulons par contre dire toute notre admiration pour les hommes de l’Ancien Testament ayant fait le bon choix de faire confiance à Dieu et de marcher avec lui en se contentant de sa faveur et de l’assurance du pardon de leurs péchés… portés seulement par l’espérance d’une longue vie prospère – ici-bas – et en dépit du système simpliste des rétributions temporelles ne fonctionnant pas toujours.
Alors que nous, croyants du XXIe siècle, pouvons nous enorgueillir de notre belle espérance solidement ancrée dans la résurrection de Jésus-Christ – ce qui ne nous laisse plus aucune excuse pour notre incrédulité –, puissions-nous également faire nôtres les propres louanges de ces héros de la foi… pourtant adressées à un Dieu qu’ils n’imaginaient pas si généreux : « Je chanterai l’Eternel tant que je vivrai, je célébrerai mon Dieu tant que j’existerai. […] Je veux me réjouir en l’Eternel » (Psaume 104.33-34).
 
Claude Bouchot
 
__________
1. En effet, il est raisonnable de penser qu’Adam et les premiers patriarches bénéficièrent déjà d’une révélation divine particulière concernant l’au-delà qui leur était réservé. En tout cas, l’auteur de l’épître aux Hébreux en est convaincu lorsqu’il fait l’éloge de la foi des ancêtres illustres tels qu’Abel, Hénoc, Noé et Abraham : « C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin. Ils ont ouvertement reconnu qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils recherchent une patrie. […] En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c’est-à-dire la patrie céleste » (Hébreux 11.13-16, BFC). Hélas, les Hébreux semblent avoir vite oublié « l’espérance de la vie éternelle, promise avant tous les siècles par le Dieu qui ne ment point » (Tite 1.2).
2. Allègre Claude, Dieu face à la science, Paris : Fayard, 1997, p. 223 (LP).
3. « Sheol est un terme hébraïque intraduisible, désignant le « séjour des morts », la « tombe commune de l’humanité », le puits, sans vraiment pouvoir statuer s’il s’agit ou non d’un au-delà. La Bible hébraïque le décrit comme une place sans confort, où tous, juste et criminel, roi et esclave, pieux et impies se retrouvent après leur mort pour y demeurer dans le silence et redevenir poussière » (L’encyclopédie libre Wikipédia, Sheol, [En ligne]
http://www.wikipedia.org/, consulté en décembre 2010).
4. La Bible de Jérusalem, Introduction au livre de Job, Paris : Editions du Cerf, 1981, p. 650.
5. La Bible Expliquée, Introduction au livre de Jérémie, Villiers-le-Bel : Société biblique française, 2004, p. 897-AT.
6. A noter que, presque unanimement, les théologiens libéraux contemporains mettent en doute l’authenticité historique du livre de Daniel en datant celui-ci du IIe siècle av. J.-C. seulement et en l’attribuant à un auteur inconnu, alors que la tradition juive et chrétienne – reposant à cet égard sur un solide fondement – le situait au VIe siècle avant notre ère… c’est-à-dire à l’époque où vivait justement Daniel !
7. Simon Marcel, « 2000 ans de christianisme », Vol. 1, Le monde juif, berceau du christianisme, Paris : Aufadi – S.H.C. International, 1975, p. 14, 18.
8. Civelli Jean, La résurrection des morts : et si c’était vrai ?, Saint-Maurice : Editions Saint-Augustin, 2001, p. 24-25.
9. Lucien Marie, Le message de Jésus : une spiritualité universelle inusitée, Paris : Editions L’Harmattan, 2009, p. 135-136.
 
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La Buona Pastora (La Bonne Pasteur-a – feminen)

23 mars, 2011

La Buona Pastora (La Bonne Pasteur-a - feminen) dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 23 MARS 2011 : SAINT LAURENT DE BRINDISI

23 mars, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-27372?l=french

AUDIENCE GÉNÉRALE DU 23 MARS 2011 : SAINT LAURENT DE BRINDISI

Texte intégral

ROME, Mercredi 23 mars 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, dans la salle Paul VI, au Vatican.
Chers frères et sœurs,
Je me souviens encore avec joie de l’accueil joyeux qui m’a été réservé en 2008 à Brindisi, la ville où, en 1559, naquit un éminent docteur de l’Eglise, saint Laurent de Brindisi, nom que Giulio Cesare Rossi prit en entrant dans l’Ordre des capucins. Dès son enfance, il fut attiré par la famille de saint François d’Assise. En effet, devenu orphelin de père à l’âge de sept ans, il fut confié par sa mère aux soins des frères conventuels de sa ville. Quelques années plus tard, toutefois, il s’installa avec sa mère à Venise, et c’est précisément en Vénétie qu’il connut les capucins, qui à cette époque, s’étaient placés généreusement au service de l’Eglise tout entière, pour approfondir la grande réforme spirituelle promue par le Concile de Trente. En 1575, Laurent, à travers la profession religieuse, devint frère capucin, et en 1582, il fut ordonné prêtre. Dès l’époque de ses études ecclésiastiques, il révéla les éminentes qualités intellectuelles dont il était doté. Il apprit facilement les langues anciennes, comme le grec, l’hébreu et le syriaque, et les langues modernes, comme le français et l’allemand, qui s’ajoutaient à la connaissance de la langue italienne et latine, à l’époque couramment parlée par tous les ecclésiastiques et hommes de culture.
Grâce à la connaissance de tant de langues, Laurent put accomplir un intense apostolat auprès de diverses catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de façon si profonde non seulement la Bible, mais également la littérature rabbinique, que les rabbins eux-mêmes en étaient stupéfaits et admiratifs, manifestant à son égard estime et respect. Théologien expert en Ecriture Sainte et en Pères de l’Eglise, il était en mesure d’illustrer de façon exemplaire la doctrine catholique également aux chrétiens qui, surtout en Allemagne, avaient adhéré à la Réforme. A travers une présentation claire et douce, il montrait le fondement biblique et patristique de tous les articles de la foi mis en discussion par Martin Luther. Parmi ceux-ci, le primat de saint Pierre et de ses successeurs, l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation intérieure de l’homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès dont Laurent bénéficia nous aide à comprendre qu’aujourd’hui aussi, en poursuivant avec tant d’espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec la Sainte Ecriture, lue dans la Tradition de l’Eglise, constitue un élément incontournable et d’une importance fondamentale, comme j’ai voulu le rappeler dans l’Exhortation apostolique Verbum Domini (n. 46).
Même les fidèles les plus simples, dépourvus d’une grande culture, tirèrent profit de la parole convaincante de Laurent, qui s’adressait aux personnes humbles pour rappeler à tous la cohérence de leur vie avec la foi professée. Cela a été un grand mérite des capucins et d’autres ordres religieux, qui, aux XVIe et XVIIe siècles, contribuèrent au renouveau de la vie chrétienne en pénétrant en profondeur dans la société à travers leur témoignage de vie et leur enseignement. Aujourd’hui aussi, la nouvelle évangélisation a besoin d’apôtres bien préparés, zélés et courageux, afin que la lumière et la beauté de l’Evangile prévalent sur les orientations culturelles du relativisme éthique et de l’indifférence religieuse, et transforment les diverses façons de penser et d’agir en un authentique humanisme chrétien. Il est surprenant que saint Laurent de Brindisi ait pu accomplir de façon ininterrompue cette activité de prédicateur apprécié et inlassable dans de nombreuses villes d’Italie et dans divers pays, alors qu’il occupait d’autres charges lourdes et de grandes responsabilités. Au sein de l’Ordre des capucins, en effet, il fut professeur de théologie, maître des novices, plusieurs fois ministre provincial et définiteur général, et enfin ministre général de 1602 à 1605.
Parmi tant de travaux, Laurent cultiva une vie spirituelle d’une ferveur exceptionnelle, consacrant beaucoup de temps à la prière et, de manière particulière, à la célébration de la Messe, qu’il prolongeait souvent pendant des heures, absorbé et ému par le mémorial de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Seigneur. A l’école des saints, chaque prêtre, comme cela a souvent été souligné au cours de la récente Année sacerdotale, peut éviter le danger de l’activisme, c’est-à-dire d’agir en oubliant les motivations profondes de son ministère, seulement s’il prend soin de sa propre vie intérieure. En s’adressant aux prêtres et aux séminaristes dans la cathédrale de Brindisi, la ville natale de saint Laurent, j’ai rappelé que « le moment de la prière est le plus important dans la vie du prêtre, celui où la grâce divine agit avec le plus d’efficacité, en donnant sa fécondité au ministère. Prier est le premier service à rendre à la communauté. Les temps de prière doivent donc avoir une véritable priorité dans notre vie… Si nous ne sommes pas intérieurement en communion avec Dieu nous ne pouvons rien donner, ni non plus aux autres. Dieu est donc la première priorité. Nous devons toujours réserver le temps nécessaire pour être en communion de prière avec notre Seigneur ». Du reste, avec l’ardeur incomparable de son style, Laurent exhorte chacun, et pas seulement les prêtres, à cultiver la vie de prière car au moyen de celle-ci nous parlons à Dieu et Dieu nous parle : « Oh, si nous considérions cette réalité ! – s’exclame-t-il -. C’est-à-dire que Dieu est vraiment présent à nous quand nous lui parlons en priant ; qu’il écoute vraiment notre prière, même si nous prions seulement avec le cœur et avec l’esprit. Et que non seulement il est présent et nous écoute, mais qu’il peut même et qu’il désire volontiers répondre, et avec le plus grand plaisir, à nos questions ».
Un autre trait qui caractérise l’œuvre de ce fils de saint François est son action pour la paix. Les Souverains Pontifes, ainsi que les princes catholiques lui confièrent à plusieurs reprises d’importantes missions diplomatiques pour résoudre des controverses et favoriser la concorde entre les Etats européens, menacés à cette époque par l’empire ottoman. L’autorité morale dont il jouissait faisait de lui un conseiller recherché et écouté. Aujourd’hui, comme à l’époque de saint Laurent, le monde a un grand besoin de paix, il a besoin d’hommes et de femmes pacifiques et pacificateurs. Tous ceux qui croient en Dieu doivent toujours être des sources et des agents de paix. Ce fut précisément à l’occasion d’une de ces missions diplomatiques que Laurent conclut sa vie terrestre, en 1619 à Lisbonne, où il s’était rendu auprès du roi d’Espagne, Philippe III, pour défendre la cause de ses sujets napolitains, opprimés par les autorités locales.
Il fut canonisé en 1881 et, en raison de son activité vigoureuse et intense, de sa science vaste et harmonieuse, il mérita le titre de Doctor apostolicus, « Docteur apostolique », que lui donna le bienheureux Pape Jean XXIII en 1959, à l’occasion du quatrième centenaire de sa naissance. Cette reconnaissance fut accordée à Laurent de Brindisi également parce qu’il fut l’auteur de nombreuses œuvres d’exégèse biblique, de théologie et d’écrits destinés à la prédication. Il y offre une présentation organique de l’histoire du salut, centrée sur le mystère de l’Incarnation, la plus grande manifestation de l’amour divin pour les hommes. En outre, étant un mariologue de grande valeur, auteur d’un recueil de sermons sur la Vierge intitulé « Mariale », il met en évidence le rôle unique de la Vierge Marie, dont il affirme avec clarté l’Immaculée Conception et la coopération à l’œuvre de la rédemption accomplie par le Christ.
Avec une fine sensibilité théologique, Laurent de Brindisi a également mis en évidence l’action de l’Esprit Saint dans l’existence du croyant. Il nous rappelle qu’avec ses dons, la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité, éclaire et aide notre engagement à vivre dans la joie le message de l’Evangile. « L’Esprit Saint – écrit saint Laurent – rend doux le joug de la loi divine et léger son poids, afin que nous observions les commandements de Dieu avec une très grande facilité, et même avec plaisir ».
Je voudrais compléter cette brève présentation de la vie et de la doctrine de saint Laurent de Brindisi en soulignant que toute son activité a été inspirée par un grand amour pour l’Ecriture Sainte, qu’il savait presque par cœur, et par la conviction que l’écoute et l’accueil de la Parole de Dieu produit une transformation intérieure qui nous conduit à la sainteté. « La Parole du Seigneur – affirme-t-il – est lumière pour l’intelligence et feu pour la volonté, pour que l’homme puisse connaître et aimer Dieu. Pour l’homme intérieur, qui au moyen de la grâce vit de l’Esprit de Dieu, il est pain et eau, mais un pain plus doux que le miel et une eau meilleure que le vin et le lait… C’est un maillet contre un cœur durement obstiné dans les vices. C’est une épée contre la chair, le monde et le démon, pour détruire tout péché ». Saint Laurent de Brindisi nous enseigne à aimer l’Ecriture Sainte, à croître dans la familiarité avec elle, à cultiver quotidiennement le rapport d’amitié avec le Seigneur dans la prière, pour que chacune de nos actions, chacune de nos activités ait en Lui son commencement et son achèvement. Telle est la source à laquelle puiser afin que notre témoignage chrétien soit lumineux et soit capable de conduire les hommes de notre temps à Dieu.
A l’issue de l’audience générale le pape a résumé sa catéchèse en différentes langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers frères et sœurs, né en 1559, saint Laurent de Brindisi devint prêtre capucin. Ce remarquable polyglotte fut un prédicateur infatigable et apprécié en Italie et bien au-delà. Il sut exposer avec clarté et douceur les fondements bibliques et patristiques des articles de la foi mis en discussion par Martin Luther. Il contribuait ainsi à l’approfondissement et au renouveau de la vie chrétienne de tous, appelant à la cohérence de la vie avec la foi professée. Malgré ses multiples charges, Laurent consacrait beaucoup de temps à la prière et invitait les prêtres et les séminaristes à faire de même. « Si l’on n’est pas intérieurement en communion avec Dieu, on ne peut non plus rien donner aux autres », disait-il. Fils de saint François, il fut un artisan de paix. Aujourd’hui encore, tous ceux qui croient en Dieu doivent être des pacificateurs. « Docteur apostolique », Laurent est l’auteur de nombreuses œuvres exégétiques et théologiques. Il y présente harmonieusement l’histoire du Salut qui culmine dans l’Incarnation, et y souligne le rôle unique de la Vierge Marie. Chers amis, toute la vie et l’activité de saint Laurent de Brindisi ont été inspirées par son amour et sa connaissance de la Sainte Écriture. Pour lui, l’écoute et l’accueil de la Parole de Dieu produisent une transformation intérieure qui conduit à la sainteté.
Je salue les pèlerins francophones, spécialement les élèves, les collégiens et les membres des Associations présents. Puissiez-vous aimer la Parole de Dieu et être, comme Laurent de Brindisi, des évangélisateurs zélés et courageux capables d’insuffler dans les divers modes de pensée et d’action un authentique humanisme chrétien ! Bon pèlerinage à tous !

Traduction : Zenit

bonne nuit, comme ce chat, est dans une position confortable droit?

23 mars, 2011

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Our Lady of Silence

22 mars, 2011

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http://www.marypages.com/LadyofSilence.htm

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