Archive pour mars, 2011

« JE VEUX MOURIR VIVANT », PAR L’ABBÉ LELIÈVRE : VISAGES DE MALADES DU SIDA

29 mars, 2011

 du site:

http://www.zenit.org/article-27427?l=french

« JE VEUX MOURIR VIVANT », PAR L’ABBÉ LELIÈVRE : VISAGES DE MALADES DU SIDA

Un livre présenté aujourd’hui à Paris

ROME, Lundi 28 mars 2011 (ZENIT.org) – L’abbé Hubert Lelièvre publie « Je veux mourir vivant », aux éditions de l’Emmanuel. Le livre a été présenté à la presse à Paris ce lundi. Nous avons rencontré l’auteur dont l’expérience pastorale, comme prêtre dans la guerre de Bosnie, ou auprès des malades du SIDA à Rome fait avancer « en eau profonde ».
Zenit – Monsieur l’abbé Lelièvre, vous avez rencontré à Rome ces malades du SIDA dont vous faites découvrir les visages. Pourquoi ce titre ?
Abbé Lelièvre – Ce titre ne vient pas de moi. Il vient des nombreuses personnes malades du SIDA qui à un moment de leur cheminement au cours de la maladie se sont retrouvées petit à petit devant la vérité de ce qu’elles vivaient. De ce qu’elles étaient. De ce qu’elles avaient vécu. Et puis, lorsque la mort est inéluctable, les masques tombent. On ne peut plus jouer à cache cache. Le malade en fin de vie est particulièrement confronté à un choix de vie. Beaucoup m’ont dit : « Je veux mourir vivant ». On comprend bien ce que cela veut dire. Tant ont vécu dans la culture de mort, dans le mensonge. Maintenant, sachant qu’ils allaient partir au Ciel, ils ont appris et choisi de vivre. Avec Dieu. En Lui. Le creuset de la souffrance ouvre à un choix de Vie.
Zenit – Vous définissez vous-même votre livre comme « le témoignage d’un prêtre qui a vécu, près de personnes atteintes du SIDA, les plus belles et plus riches heures de sa vie de prêtre jusqu’à ce jour », on peut s’étonner, parce que c’est une confrontation douloureuse avec la souffrance, psychique et physique, avec l’angoisse, avec qui veut mourir et qui ne veut pas mourir, ou face à mes « murs »…
Abbé Lelièvre – Vous savez, le Seigneur a donné à mon cœur de prêtre d’abord de vivre un chemin intérieur. On ne s’approche pas de personnes malades, dont souvent il ne reste que quelques jours, semaines ou mois à vivre, sans en être profondément bouleversé. J’ai vécu ces années d’abord comme un cadeau particulier de Dieu pour moi. J’étais conscient qu’il transformait mon âme. Du dedans. Un peu comme quand le Seigneur appelle à vivre un temps de désert pour parler au plus intime de l’âme. J’ai vécu ce temps comme un « noviciat d’amour ». En même temps, j’étais confronté à la mort d’enfants, de jeunes, de jeunes adultes. Avec toutes les questions que cela pose dans le cadre du rétrovirus du SIDA. Pourquoi humainement tant de vies gâchées, fauchées dans leur printemps ? Dans ce désert de l’amour de notre société, où l’amour est blessé, meurtri, détruit, tant de familles divisées, comment faire fleurir l’Amour ?
Lorsque tous les masques tombent, nous nous trouvons en face de ce qu’est en toute vérité la personne humaine. Le visage de la personne malade devient alors une icône de la Présence de Jésus en elle. Jésus qui souffre et espère. Jésus qui guérit l’âme. Jésus qui sauve l’âme. Jésus qui apaise. Jésus présent dans ce temps de souffrances, indicibles bien souvent.
La souffrance d’une personne malade nous renvoie à nos propres blessures, souffrances intérieures. A nos propres lâchetés face à l’Amour, à la vie de la Grâce en nous. Cela nous apprend à devenir pauvres, à aimer. Alors, approcher une personne malade, c’est d’abord accepter que Jésus me rejoigne et vienne me guérir. Vienne mettre l’Huile de sa Miséricorde sur mes blessures.
Oui, dans ce désert de l’amour blessé, j’ai vu fleurir le Printemps ! J’ai vu rayonner la Gloire du Matin de Pâques sur tant de visages ! Quel bonheur d’être prêtre !
Zenit – Plusieurs fois des malades vous renvoie dans vos buts – d’ailleurs vous posez vous-même la question – : Qu’est-ce qu’un malade attend du prêtre ? De Dieu ?
Abbé Lelièvre – Je me suis retrouvé plusieurs fois dans des situations où je me trouvais « mal à l’aise » parce que je ne contrôlais pas la situation, à cause de mon manque d’amour, d’écoute, de mon égoïsme. Et plusieurs fois le Seigneur m’a remis en place. Il m’en souvient de cette enfant, Marzia, âgée de 9 ans. J’allais la voir chaque jour. Et puis une fois, je ne suis pas venu la visiter. Le lendemain, en entrant dans la chambre, comme si tout était normal, après avoir frappé à la porte, elle me dit, sans me laisser le temps de respirer : « Jésus n’est pas content de toi ! ». Alors, à ce moment là, il ne vous reste qu’à demander pardon. Un sourire sur son visage a été sa réponse ; Marzia est entrée dans la Vie un mois plus tard, dans la nuit de la Saint Joseph. Nous étions tous autour d’elle. Au moment même de sa mort, une Lumière brillait sur son visage. En pleine nuit. La Lumière du Ciel !
Le malade attend que le prêtre soit prêtre. Tout prêtre. Seulement prêtre. C’est-à-dire, serviteur et témoin de sa Présence. Comme Jésus le vit dans l’Evangile.
Zenit – Comment ouvre-t-on une porte ?
Abbé Lelièvre – Je n’ai pas encore lu de « traité » sur l’ouverture d’une porte ! Au contact de personnes malades, surtout lorsque celles-ci sont les plus dépendantes, les plus vulnérables, j’ai observé que la manière avec laquelle on ouvrait la porte de sa chambre, comptait beaucoup. Influait beaucoup pour son apaisement ou au contraire, la personne malade se tendait, se crispait. Même dans le cas de personnes dans le coma. C’est vrai pour le personnel médical, comme pour les membres de la familles du malade, ou les amis. La poignée de porte est une école d’humilité !
Zenit – Vous rapportez votre conversation avec un jeune dont la « descente » a commencé par le cannabis. Il existe des « drogues douces » ?
Abbé Lelièvre – La drogue n’est jamais douce. La drogue détruit la personne dans son âme, son corps, son esprit. Dans sa sensibilité, son psychisme, sa volonté, son intelligence. Ceci plus ou moins vite en fonction de la drogue prise, de sa quantité et de la durée. Mais dire qu’il existe des « drogues douces », c’est tout simplement un mensonge. C’est criminel. La drogue tue, plus ou moins vite. Mais elle tue. Les vendeurs de drogue devront un jour répondre devant Dieu de ce marché de la mort. Je trouve qu’il est particulièrement lâche de se faire de l’argent facile auprès d’adolescents, de jeunes qui se posent des questions sur le sens de leur vie, qui construisent leur vie et qui n’ont souvent comme réponse que cette fuite, qui conduit vers la mort. Quand on sait que le marché mondial de la drogue est supérieur au marché mondial du pétrole ! Endormir, anesthésier ainsi un adolescent, un jeune au lieu de le rejoindre et de lui donner ce dont il a besoin pour devenir lui-même, elle-même, cela m’est insupportable. Ne pas vouloir voir, ou faire semblant de ne pas voir qu’un enfant prend de la drogue, cela s’appelle « le clan des aveugles volontaires ». Mais un jour, des pleurs viendront ! Je me permets de vous renvoyer à cet ouvrage : « Le cannabis démasqué », du Père Ambroise Pic, aux Editions du Jubilé.
Certains diront que j’exagère. Alors, allez écouter le témoignage de jeunes qui suivent un chemin de guérison, dans la Comunità del Cenacolo ou dans la Maison des Frères de Saint-Jean à Pellevoisin, tout contre le sanctuaire marial de Marie, Mère de toute Miséricorde.
Zenit – Et ce jeune qui pense qu’il est condamné parce que « Dieu condamne les homosexuels » : ce sont des paroles qui, dit-il l’ont « enfoncé » davantage… Vous répondez « tu es une personne » : cela change tout ?
Abbé Lelièvre – Avant d’être aumônier d’hôpital, j’utilisais moi-même le terme « d’homosexuel ». Puis, très vite, grâce à leur contact, en les écoutant, j’ai purifié mon langage, qui en fait, était blessant. Nous devrions être particulièrement attentif à notre langage qui peut enfoncer ou permettre à une personne d’y voir plus clair, de prendre une route différente de celle sur laquelle elle se trouve aujourd’hui.
Chacun de nous est une personne créée à l’image et ressemblance de Dieu. J’existe pour être aimé et pour aimer. J’existe pour un jour, entrer dans la Gloire même de Dieu. Chacun de nous est profondément aimé par Dieu. De manière unique. Homme et femme il les créa. Je n’ai jamais lu dans la Bible « homosexuel il les créa ».
Dieu ne condamne pas les personnes. Quoiqu’ils fassent ou vivent. Il porte un regard de jugement sur nos actes. Dieu ne pourra jamais dire que l’homosexualité est un bien. Tout simplement parce que ce serait contraire et opposé à son regard d’amour, son dessein d’amour sur la création de l’homme et de la femme. A son regard sur la vocation personnelle de chaque homme, de chaque femme, dans toute sa personne. Par des actes, aller contre le code génétique de la Création, aller contre la grammaire commune de la Création, de ce qui est inscrit dans la nature, ne peut conduire l’humanité qu’à des impasses. L’Histoire des hommes nous enseigne que des civilisations entières se sont détruites par elles-mêmes.
Zenit – Avant l’hôpital Pallanzani, il y a eu la Bosnie… Quelle a été votre expérience de prêtre dans la guerre ?
Abbé Lelièvre – J’étais tout jeune prêtre, vicaire d’une paroisse dans la banlieue de Rome, paroisse très touchée par la drogue. Et puis, un jour, avec mon frère aîné qui était mon curé, nous regardions le journal télévisé. C’était au début de la guerre en Bosnie. Les images nous étaient insupportables et ont été en fait comme un appel à être présents auprès de ceux qui étaient dans l’épreuve. Alors, très vite, nous avons mobilisé la paroisse et bien au-delà puisque la télévision italienne, la RAI, nous demandait de témoigner. Nous sommes ainsi allés cinq fois pendant la guerre, sur le front, dans les hôpitaux, dans les camps, dans les villages. Au contact des évêques, des prêtres, de leurs paroissiens. Au contact de personnes dans les hôpitaux, perforées par les balles. Tout simplement pour dire : « Vous n’êtes pas abandonnés ». J’y ai vécu les plus beaux Noël de ma vie.
Zenit – Vous parlez d’une société qui « cache la mort ». Souvent, face à l’agonie ou à la mort, on ne « sait pas comment faire » : que proposer aux familles ?
Abbé Lelièvre – On cache la mort parce qu’on l’écarte de la vie. On cache la mort parce qu’on ne donne plus de sens à la vie et à cet instant si précieux et décisif qu’est la mort : la rencontre personnelle avec Dieu dans un face à Face.
C’est aussi une victoire du démon. Nous avons tellement besoin de la présence du prêtre auprès de nous lorsque le moment viendra. Pour obtenir le passeport pour l’Éternité. Le démon se réjouit de voir une âme quitter ce monde pas prête pour Dieu. Au moment de la mort, il y a un ultime combat. Il est inutile de se le cacher. La présence du prêtre, en plus de membres de la famille, est la Présence même de Jésus dans ce combat pour la Vie.
La mort est une réalité, non voulue par Dieu. Elle est ultime conséquence du péché originel. Accepter ce moment, sans le fuir, aide celui/celle qui quitte cette terre à vivre cet instant précieux, plus apaisé/e pour ce choix de vie à faire.
Dans le je vous salue Marie, nous demandons à la Vierge Marie de prier pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort ». Si nous la prions chaque jour à travers le chapelet, nul doute que Marie notre Mère sera présente à l’heure de notre mort. Trouvons, retrouvons la prière du chapelet. Elle nous inspirera des paroles, des gestes d’affection, d’amitié autour d’une personne qui s’en va au Ciel.
Zenit – La béatification de Jean-Paul II approche : on a dit que le secret de le fécondité de son ministère à Cracovie puis à Rome, c’est la façon dont il s’est tout de suite appuyé sur la prière des malades et sur sa propre participation à la souffrance du monde. Diriez-vous cela ?
Abbé Lelièvre – Le secret de la sainteté de Jean Paul II est sa vie de prière. Il priait sept heures par jour. Il s’abîmait littéralement dans la prière. Là est le secret de sa fécondité. Ceux qui ont pu approcher Jean-Paul II, spécialement lorsqu’il célébrait sa Messe, ont été saisis par la souffrance du monde qu’il portait et qui allait jusqu’à changer les traits physiques de son visage. Sa propre expérience de la souffrance, son chemin de croix commencé avec l’attentat, il y aura trente ans le 13 mai prochain, cela l’a rapproché des personnes malades sur lesquelles il s’est toujours appuyé dans son ministère de prêtre, d’évêque, puis de pape. Il y avait comme une particulière intimité, une communion profonde avec chacun d’eux, à l’image de Jésus dans l’Évangile qui aime, s’approche de chaque malade, un à un. Nous nous souvenons tous de ses regards bouleversants de compassion, posés sur les personnes malades, lors de sa dernière venue à Lourdes en 2004, quelques mois avant de quitter cette terre. Comme un testament.
La méditation de Jean-Paul II sur le sens chrétien de la souffrance, « Salvici Doloris », du 11 février 1984, est un cœur à cœur avec son cœur de prêtre et le cœur de chaque personne malade, de chaque personne qui souffre dans son cœur et dans son corps. Pour lui dire combien Jésus ne l’abandonne pas, combien Jésus est proche de sa souffrance.
Les heures si précieuses de l’agonie de Jean-Paul II, sont un enseignement pour chacun. Les derniers jours de sa vie terrestre nous laissent de belles et fortes pages, d’émouvantes pages de « l’Évangile de la souffrance ». Une réponse concrète face à notre société qui, en face de la personne qui souffre, supprime la personne elle-même.
Zenit – Vous offrez la « Médaille miraculeuse » aux malades. La Vierge Marie leur manifeste sa présence ?
Abbé Lelièvre – Je ne fais que vivre ce que la Sainte Vierge a demandé lors de sa venue sur la terre parisienne, dans la chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac, en 1830. La Sainte Vierge a demandé de porter cette médaille, la plus répandue dans le monde. Qu’elle protégerait ceux qui la porteraient. Que ces personnes obtiendraient des grâces.
Oui, Marie est présente au pied de la Croix le Vendredi Saint. Elle est présente auprès de chaque personne qui souffre dans son corps, dans son âme. Elle rend même visite à de nombreuses personnes malades dans nos hôpitaux, nos maisons, nos maisons de retraite. Il m’est arrivé de sentir souvent sa Présence. Ce qui n’est pas surprenant. Elle est notre Mère. Elle nous a été donnée au pied de la Croix. Elle exerce sa Maternité.
Elle est présente, pour faire sortir notre monde d’aujourd’hui, qui semble se trouver dans un interminable « samedi saint » de ces innombrables impasses dans lesquelles nous nous trouvons. Pour nous ouvrir à la Lumière et à la Joie de la Résurrection.
Propos recueillis par Anita S. Bourdin

bonne nuit

28 mars, 2011

flowers

http://www.floralimages.co.uk/index_1.htm

Basic Hebrew from Alef to Tav

28 mars, 2011

Basic Hebrew from Alef to Tav dans images sacrée hebrew
http://www.fmboschetto.it/religione/corso/relig1.htm

MESSAGE DE BENOÎT XVI AU PARVIS DES GENTILS (PARIS)

28 mars, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-27415?l=french

MESSAGE DE BENOÎT XVI AU PARVIS DES GENTILS (PARIS)

ROME, Vendredi 25 mars 2011 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral du message vidéo que le pape Benoît XVI a adressé aux particpants à la veillée de clôture de la rencontre du Parvis des gentils, qui s’est déroulée ce vendredi sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Chers jeunes, chers amis !
Je vous sais nombreux rassemblés sur le parvis de Notre-Dame de Paris, à l’appel du Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, et du Cardinal Gianfranco Ravasi, Président du Conseil Pontifical de la Culture. Je vous salue tous, sans oublier les frères et les amis de la Communauté de Taizé. Je suis reconnaissant au Conseil pontifical d’avoir repris et développé mon invitation à ouvrir dans l’Église des « Parvis des Gentils », image qui rappelle cet espace ouvert sur la vaste esplanade proche du Temple de Jérusalem, pour permettre à toutes celles et à tous ceux qui ne partageaient pas la foi d’Israël de s’approcher du Temple et de s’interroger sur la religion. Là, ils devaient pouvoir y rencontrer des scribes, parler de la foi et, même, prier le Dieu inconnu. Et si, à l’époque, le Parvis était en même temps un lieu d’exclusion, parce que les « Gentils » n’avaient pas le droit de pénétrer dans l’espace sacré, le Christ Jésus est venu « détruire la barrière qui séparait » juifs et gentils. « Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix … » (cf. Ep 2, 14-17), comme nous dit saint Paul.
Au cœur de la Cité des Lumières, devant ce magnifique chef-d’œuvre de la culture religieuse française, Notre-Dame de Paris, un grand parvis s’ouvre pour qu’une nouvelle impulsion soit donnée à la rencontre respectueuse et amicale entre des personnes de convictions différentes. Jeunes, croyants et non croyants, présents ce soir, vous voulez être ensemble, comme dans la vie de tous les jours, pour vous rencontrer et dialoguer à partir des grandes interrogations de l’existence humaine. Beaucoup aujourd’hui reconnaissent qu’ils n’appartiennent pas à une religion, mais désirent un monde neuf et plus libre, plus juste et plus solidaire, plus en paix et plus joyeux. En m’adressant à vous, je mesure tout ce que vous avez à vous dire : incroyants, vous voulez interpeller les croyants, notamment en exigeant d’eux le témoignage d’une vie qui soit en conformité avec ce qu’ils professent et en refusant toute déviation de la religion qui la rendrait inhumaine. Croyants, vous voulez dire à vos amis que ce trésor qui vous habite mérite un partage, une interpellation, une réflexion. La question de Dieu n’est pas un danger pour la société, elle ne met pas en péril la vie humaine ! La question de Dieu ne doit pas être absente des grandes interrogations de notre temps.
Chers amis, vous avez à construire des ponts entre vous. Sachez saisir la chance qui vous est présentée pour trouver au plus profond de vos consciences, dans une réflexion solide et argumentée, les voies d’un dialogue précurseur et profond. Vous avez tant à vous dire les uns aux autres. Ne fermez pas votre conscience aux défis et aux enjeux qui sont devant vous.
Je crois profondément que la rencontre entre la réalité de la foi et celle de la raison permet à l’homme de se trouver lui-même. Mais trop souvent la raison se plie face à la pression des intérêts et à l’attraction de l’utilité, contrainte de reconnaître cette dernière comme critère ultime. La recherche de la vérité n’est pas facile. Et si chacun est appelé au courage de se décider pour la vérité, c’est parce qu’il n’existe pas de raccourcis vers le bonheur et la beauté d’une vie accomplie. Jésus le dit dans l’Évangile : « La vérité vous rendra libre. »
Il vous appartient, chers jeunes, de faire que dans votre pays et en Europe, croyants et non croyants retrouvent le chemin du dialogue. Les religions ne peuvent avoir peur d’une juste laïcité, d’une laïcité ouverte qui permet à chacun et à chacune de vivre ce qu’il croit, en conformité avec sa conscience. S’il s’agit de bâtir un monde de liberté, d’égalité et de fraternité, croyants et non croyants doivent se sentir libres de l’être, égaux dans leurs droits de vivre leur vie personnelle et communautaire en fidélité à leurs convictions, et ils doivent être frères entre eux. L’une des raisons d’être de ce Parvis des Gentils, c’est d’œuvrer pour cette fraternité au-delà des convictions, mais sans en nier les différences. Et, plus profondément encore, reconnaissant que seul Dieu, dans le Christ, libère intérieurement et nous donne de nous rencontrer en vérité comme des frères.
La première des attitudes à avoir ou des actions que vous pouvez faire ensemble est de respecter, aider et aimer tout être humain, parce qu’il est créature de Dieu et d’une certaine manière la route qui mène à Lui. En poursuivant ce que vous vivez ce soir, contribuez à faire tomber les barrières de la peur de l’autre, de l’étranger, de celui qui ne vous ressemble pas, peur qui naît souvent de l’ignorance mutuelle, du scepticisme ou de l’indifférence. Devenez attentifs à resserrer les liens avec tous les jeunes sans distinction, c’est-à-dire en n’oubliant pas ceux qui vivent dans la pauvreté ou la solitude, ceux qui souffrent du chômage, traversent la maladie ou se sentent en marge de la société.
Chers jeunes, ce n’est pas seulement votre expérience de vie que vous pouvez partager, mais aussi votre approche de la prière. Croyants et non croyants, présents sur ce parvis de l’Inconnu, vous êtes invités à pénétrer aussi dans l’espace sacré, à franchir le magnifique portail de Notre-Dame et à entrer dans la cathédrale pour un moment de prière. Cette prière sera pour certains d’entre vous une prière à un Dieu qu’ils connaissent dans la foi, mais elle peut être aussi pour d’autres une prière au Dieu Inconnu. En vous unissant à celles et à ceux qui dans Notre-Dame sont en train de prier, en ce jour de l’Annonciation du Seigneur, chers jeunes qui ne croyez pas, ouvrez vos cœurs aux textes sacrés, laissez-vous interpeller par la beauté des chants, et si vous le voulez bien, laissez s’élever vers le Dieu Inconnu les sentiments qui vous habitent.
Je me réjouis d’avoir pu m’adresser à vous ce soir pour ce moment inaugural du Parvis des Gentils. J’espère que vous voudrez bien répondre à d’autres rendez-vous que je vous donne, notamment aux Journées Mondiales de la Jeunesse, cet été, à Madrid. Le Dieu que les croyants apprennent à connaître vous invite à le découvrir et à en vivre toujours davantage. N’ayez pas peur ! Sur la route d’un monde nouveau que vous parcourez ensemble, soyez des chercheurs d’Absolu et des chercheurs de Dieu, même vous pour qui Dieu est le Dieu Inconnu. Et que Celui-ci, qui aime chacun et chacune d’entre vous, vous bénisse et vous garde. Il compte sur vous pour prendre soin des autres et de l’avenir, et vous pouvez compter sur Lui

(Texte original: Français]

INITIATION AU MONACHISME DES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS (Etudes sur l’Orthodoxie Copte en France)

28 mars, 2011

du site:

http://eocf.free.fr/text_cours_monachisme_egypte_8.htm

INITIATION AU MONACHISME DES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS

Égypte et Palestine
par Soeur Véronique DUPONT, osb, Venière

CHAPITRE VIII

LA PRIERE DE JESUS DANS LA TRADITION DU DESERT D’EGYPTE
L’ébauche d’une théologie du nom de Jésus, post-scripturaire, peut être discernée dans un écrit aussi ancien que Le Pasteur d’Hermas, ouvrage dans lequel on trouve cette phrase : « Le Nom du Fils est grand et immense, et c’est lui qui soutient le monde entier ». Mais c’est dans le désert d’Egypte, au IVe siècle, que se trouvent les racines de cet arbre merveilleux de la « la prière de Jésus ».

LES PLUS ANCIENS TEMOIGNAGES
On trouve dans la littérature du désert l’évocation de guérisons et d’exorcismes « au nom de Jésus », par exemple dans la vie d’Antoine ou celle de Synclétique. Mais c’est le murmure du nom de Jésus qui fera naître la prière de Jésus.
Pour les Pères du désert, la prière, c’est la prière au sens biblique, évangélique du terme, c’est-à-dire la prière vocale de demande (même si elle est silencieuse, tacite, implicite). C’est aussi une oeuvre, une activité particulière, une occupation dans la journée du moine. Et vous connaissez bien les apophtegmes, on prie en travaillant. La prière tend à devenir continuelle jusque dans le travail et dans toutes les occupations du moine. Cette prière est courte, c’est pourquoi on l’appelle monologiste : une seule parole. Elle est souvent accompagnée de gestes, mais pas toujours; on se lève, on se prosterne, on lève les mains, les yeux… Cette prière se caractérise par la brièveté de sa formule et aussi par sa répétition afin de tendre à la prière continuelle selon le précepte de l’Evangile « Priez sans cesse », repris par Paul (1Th.5,17). Cette prière courte, dont la formule peut varier, est distincte de la psalmodie ou de l’oraison.
Chez les premiers Pères du monachisme égyptien, cette prière a consisté en la répétition quasi incessante du verset du psaume 69 « Deus in adjutorium… ». Elle visait à protéger le moine de toutes les attaques du démon certes, mais elle visait aussi à le purifier « en le dépouillant des richesses de toutes les pensées et en le réduisant à la pauvreté de ce verset ». C’est une monologie verbale et mentale qui assure la continuité du souvenir de Dieu et la continuité de la prière.
Peu à peu, les Anciens du désert vont prendre non plus seulement ce verset mais l’un ou l’autre verset psalmique. Au fil de notre lecture des apophtegmes, nous en indiquons quelques-uns :
Amoun : « Reste assis dans ta cellule, mange un peu chaque jour, aie continuellement la parole du publicain dans ton cœur et tu pourras être sauvé ».

 » O Dieu, sois-moi propice à moi pécheur ».
Arsène :  » Seigneur, conduis-moi de façon que je sois sauvé ».
Lucius: « Aie pitié de moi , ô mon Dieu ».
Abba Paul : « Aie pitié de moi ».
Abba Sisoès : « Seigneur protège-moi de ma langue ».
Amma Sara: « O Dieu, donne-moi la force ».
Jean Kolobos: « Seigneur, donne-moi l’endurance dans les combats ».
Anonyme: « Seigneur, secours-moi ».
Abba Macaire: « Seigneur, comme tu veux, comme tu sais, aie pitié ».
Un Ancien : « Fils de Dieu, secours-moi ».`
Sérapion: « Seigneur, apprends-moi à faire ta volonté ».
Vous me direz que dans ces invocations il est bien peu question du nom de Jésus. En fait, Dom Régnault démontre très savamment que « Seigneur » désigne généralement le Christ. N’oublions pas, en effet, que nous sommes en pleine hérésie arienne.
Toutes ces expressions de prières ont la même structure générale, à savoir :
. C’est une formule courte et simple,
. qui est une prière, au moins implicitement sinon dans sa forme classique,
. qui est répétée fréquemment, sinon continuellement.

Marc l’Ermite lui donne le nom de monologistos parce qu’elle exclut la multiplicité des paroles et surtout la multiplicité et la variété des pensées. Cette « monologie » de la prière vocale est ordonnée à l’unification et à la purification de l’esprit en vue de la prière du coeur qui est, pour les anciens, une « vraie prière ».
Ainsi, peu à peu, la pratique des Vieillards va s’unifier, et de cela va jaillir une pratique particulière, recommandée par plusieurs Anciens et qui va se répandre de plus en plus; c’est ce que l’on va appeler « la triple formule », à savoir :

« Jésus, aie pitié de moi,
Jésus, secours-moi,
Je te bénis mon Dieu ».

Au Ve siècle, Barsanuphe dira « Kyrie eleison, je te bénis mon Dieu »; Dorothée avait appris à Dosithée, son jeune disciple de Gaza, à garder toujours le souvenir de Dieu en disant sans cesse : « Seigneur Jésus, aie pitié de moi ». Mais déjà pour Diadoque de Photicée (milieu du Ve siècle) et pour Nil (qui est sans doute Evagre, comme vous le savez), cette prière monologiste est l’invocation constante du Nom de Jésus, laquelle est la meilleure arme à employer nuit et jour contre les démons, le moyen excellent pour purifier son coeur, pour y entretenir un fervent souvenir de Dieu et l’élever à la contemplation.
Saint Augustin affirme, dans sa Lettre 20 , que les moines d’Egypte font des prières fréquentes mais brèves, pareilles à des jets « quodammodos iaculas » (d’où l’expression « prière jaculatoire »). Cassien, pour sa part, rapporte qu’il a reçu de l’Abba Isaac cette prière monologiste comme un secret transmis depuis la première génération des moines des Kellia et de Scété.
Comme l’écrit le Père Régnault, ce n’est pas un hasard si cette prière monologiste est apparue dans le monde monastique d’Egypte et si elle s’est ensuite propagée partout où les Paroles des Vieillards étaient à l’honneur (par exemple et très spécialement à Gaza au VIe siècle). Les Vieillards en effet, s’expriment avec la même concision pour s’adresser à Dieu et pour parler aux hommes. Leurs conditions de vie les y portent : dans la solitude et le silence du désert ces pionniers du monachisme sont parvenus à une merveilleuse simplicité de coeur qui se reflète dans le peu de mots de leurs frères et de leurs sentences.
Plus profondément encore, cette prière monologiste se rattache à l’esprit évangélique des pères du désert : « Quand vous priez,….. ne multipliez pas vos paroles… car votre Père sait ce dont vous avez besoin… »(Mt. 6,7-8). Ainsi une formulation brève exprime la confiance filiale du moine qui sait qu’il peut compter sur son Père et n’a pas à se tracasser, à multiplier les demandes, ni à les détailler : « Ne vous faites pas de soucis… Cherchez d’abord le Royaume de Dieu… » Cela devient l’unique nécessaire auquel aspirent ces hommes épris d’absolu. Dans leur prière simple et courte, inlassablement répétée, ils ne demandent que le salut procuré au monde par le Seigneur Jésus.
Vous vous souvenez qu’Evagre a mis par écrit l’enseignement et la pratique des pères du désert d’Egypte, c’est donc à lui que nous devons d’avoir reçu la Prière de Jésus dont il vivait lui-même. L’influence d’Evagre sur le développement ultérieur de la spiritualité monastique – et donc sur la pratique de la prière de Jésus est indéniable. Mais pour bien saisir la floraison hésychaste il conviendrait d’évoquer, avec l’influence d’Evagre, celle du pseudo-Denys, celle du pseudo-Macaire et de toute sa descendance spirituelle jusqu’à Syméon le Nouveau théologien, puis, plus tard, Grégoire Palamas. Mais cela sort du cadre de notre cours.

Etudes sur l’Orthodoxie Copte en France

bonne nuit

27 mars, 2011

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Rosebay Willowherb

http://www.floralimages.co.uk/index_1.htm

désert D’Israel

27 mars, 2011

désert D'Israel dans image belle NachalParan1

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2ème rencontre – Parcours biblique sur la nourriture

27 mars, 2011

du site:

http://www.stjosephdesepinettes.org/repas2.htm

2ème rencontre – Parcours biblique sur la nourriture

ACCUEILLIR

Dans le monde biblique, le repas est signe de politesse, d’hospitalité : Gn 18,1-8.
Le repas est aussi signe de réjouissance lors de la visite d’un parent : Ragouël tua un mouton du troupeau et on leur fit une réception chaleureuse. On se lava, on se baigna, et on se mit à table. Tobie dit : « frère Azarias, et si tu demandais à Ragouël de me donner Sarra ? » Ragouël surprit ces paroles et dit au jeune homme : « mange et bois, ne gâte pas ta soirée, parce que personne n’a le droit de prendre ma fille Sarra si ce n’est toi, mon frère » ( Tb 7,9-10 ). Les choses essentielles et les liens privilégiés entre les personnes vont donc se décider à la faveur d’un repas.
L’abondance est le signe de la bénédiction de Dieu : va, mange avec joie ton pain et bois de bon cœur ton vin, car Dieu a apprécié tes œuvres ( Qo 9,7 ). Mais trop de luxe peut mener au châtiment : on raconte que la reine Judith put tuer l’ennemi de son peuple, le roi Holopherne, parce que celui-ci avait trop festoyé avec ses amis : ils allèrent se coucher, fatigués par l’excès de boisson, et Judith fut laissée seule dans la tente avec Holopherne effondré sur son lit, noyé dans le vin ( Jdt 13,1-2 ) Judith saute sur l’occasion et saute aussi sur l’épée du roi : elle lui tranche la tête qu’elle ramène triomphalement à son peuple. C’est une forme biblique de féminisme ! Charmante époque …
Les sages vont donc édicter des recommandations et des règles de tempérance, de prudence. On les trouvera notamment dans le livre des Proverbes. Par exemple : le vin est moqueur, l’alcool tumultueux ; quiconque se laisse enivrer par eux ne pourra être sage ( Pr 20,1 ). Mais surtout, les sages prédisent le malheur de celui qui ne respecte pas les lois de l’hospitalité ou trahit les liens créés par la communauté de table. Exemple : Pr 23,6-8. La situation la plus cruelle est d’être trahi par celui qui mange à la même table : même l’ami sur qui je comptais, et qui partageait mon pain, a levé le talon sur moi ( Ps 41,10 ). C’est être trahi dans l’acte même qui établit la confiance. A l’autre bout de la Bible, rappelons-nous la trahison de Judas : Jn 13,21-30.
La nourriture a donc une dimension sacrée. Ce sera d’autant plus vrai lorsque les hommes ne pourront plus compter sur eux-mêmes pour se nourrir, et se tourneront vers Dieu : occasion de regarder de près le célèbre mais souvent mal compris récit de la manne.

LA MANNE
On connaît le contexte de ce célèbre épisode du Premier Testament : Le peuple qui, durant des générations, a connu la dure loi de l’esclavage, a quitté l’Egypte ; la libération a eu lieu, Dieu a sauvé son peuple.
Mais la libération n’est pas complète. On le voit bien dans la vie politique de toutes les époques, y compris la nôtre : lorsqu’un peuple sort enfin d’une dictature, il lui faut beaucoup de temps pour s’habituer à la liberté. Il va falloir au peuple hébreu ce long temps d’épreuve et de purification que va être la traversée du désert. Et la question de la nourriture, qui est dans le désert encore plus qu’ailleurs la question vitale, va être l’occasion d’une mise à l’épreuve de Dieu et de ses envoyés, Moïse et Aaron : Ex 15,22-24 ; 16,2-3 ; 17,1-3. Cela sera repris par le Ps 78,16-29. Ce qui ne change d’ailleurs pas forcément le cœur de l’homme : v.32.
Dieu va donc répondre aux récriminations par un double prodige : les cailles et le « pain du ciel », la manne. Selon leurs désirs, les hommes vont avoir de la nourriture en abondance : Ex 16,4-5. Ce pain est don de Dieu, mais il est aussi mise à l’épreuve de la confiance des hommes en Dieu. Car ce pain n’est pas donné une fois pour toutes : il est à recevoir chaque jour : Ex 16,13-21. C’est donc plus qu’une distribution gratuite de nourriture, type « restos du cœur » : c’est comme un rendez-vous de confiance et d’espérance qui a lieu chaque jour. Plus tard, le Notre Père dira : « donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Pas de stock, pas de fausse sécurité, avec l’exception du jour du sabbat : Ex 16,22-30. Ce jour du sabbat remplit deux fonctions :
-         la mise à l’épreuve de la confiance,
-         mais aussi moment prévu pour donner du temps à la louange. Car ce pain fait connaître Dieu .
Devant l’étrangeté de cette nourriture ( Ex 16,31 ), la vraie question n’est pas celle de sa composition chimique : on suppose qu’il s’agit d’une sorte de pâte émise par des buissons épineux. Quant aux cailles, on pense à ces vols d’oiseaux perturbés par une tempête de sable et qui s’abattent au sol par épuisement. Mais la vraie question telle que la formuleront ceux qui écrivent ce récit, soit bien longtemps après les événements, c’est de savoir quelle est l’origine de cette nourriture, qui est celui qui la donne aux hommes : Ex 16,32.
La manière dont Dieu donne le pain, loin d’asservir ou d’humilier le  peuple, manifeste sa fidélité et sa sollicitude envers lui. Au désert, Israël est nourri par Dieu, mais autrement que ce qu’il attendait. Cela dès lors doit amener le croyant à devenir un être de désir :  c’est moi le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte. Ouvre grand la bouche, et je la remplirai ! ( Ps 81,11 )
Comment vivre dans le dénuement, c’est l’expérience du désert. Mais si la Terre Promise est bien, comme le laisse entendre le livre du Deutéronome, un pays où ruissellent le lait et le miel ( Dt 11,9 ), comme le répète à l’envi le texte biblique, un pays où tu mangeras du pain sans être rationné, où rien ne te manquera ( Dt 8,9 ), que deviendra la faim spirituelle ? La question est de toute les époques. Vous connaissez sans doute la remarque attribuée au dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne au temps du rideau de fer : « je suis effrayé par le manque de faim spirituelle de l’Occident ». Comment garder ou retrouver cette faim spirituelle ?
Pour ce faire, il faut d’abord ne pas oublier d’où l’on vient, ce qu’on a vécu ( Dt 8,2 ). La leçon du désert, c’est de ne pas oublier le pain de la parole : Dt 8,3. La manne, donnée au jour le jour, rappelait à chaque fois la présence de Dieu. Qu’en sera-t-il, dans la conscience des hommes, de cette présence de Dieu lorsque le pain ne sera plus le pain du ciel, mais le pain qui est fruit du travail des hommes ? Ce pain sera-t-il encore perçu comme don de Dieu ? En d’autres termes, que devient la foi lorsque l’homme croit pouvoir se suffire à lui-même ?
La réponse spirituelle réside dans la fidélité de l’homme qui répond à celle de Dieu, et dans le respect de la parole de Dieu. La terre promise a des allures de paradis : Dt 8,7-9. Au milieu de cette abondance, il y a comme un clignotant : ne pas oublier l’expérience du désert. N’oublions jamais d’où nous venons si nous voulons comprendre l’aujourd’hui de nos vies. Au lieu de jalouser les autres, pensons-nous à bénir Dieu pour ce que nous avons ? N’oublions pas l’expérience du passé si nous voulons mesurer la valeur de ce que nous avons aujourd’hui. Nous rejoignons là l’intime de la réflexion biblique : comme la manne était donnée par Dieu, et comme tout bien matériel, la terre est donnée par Dieu. Se trouver rassasié, ne plus connaître la faim ni la peur du lendemain, n’est évidemment pas un mal. Cela ne devient un mal que lorsqu’on oublie à qui l’on doit toute cette richesse. Oublier, c’est refuser de bénir, de reconnaître l’action de Dieu : Dt 8,10. Il faut donc manger, mais toujours en bénissant : Dt 8,11. Ne pas oublier l’expérience du désert, sans cela le cœur peut se corrompre : Dt 8,12-18. L’expérience du désert est donc vitale, et Jésus y fera référence : Mt 4,3-4.

QUELQUES MOTS A PROPOS DE L’EAU …
Ce qui est vrai du pain, de la nourriture, est également vrai, on ne s’en étonnera pas,  de la boisson et de l’eau en particulier. C’est une évidence, l’eau est une richesse extrêmement précieuse dans ce Moyen Orient où le désert est omniprésent. Cette richesse est souvent source de conflits. On voit par exemple Moïse protéger les filles du prêtre de Madiân contre les bergers qui veulent les empêcher de ramener de l’eau pour le troupeau de leur père ( Ex 2,16-20 ). Ce geste chevaleresque, d’abord honoré par un repas, vaudra d’ailleurs à Moïse de recevoir en cadeau une des filles en question ( v. 21 ), comme quoi la vertu est parfois récompensée …
Une des raisons du conflit entre Isaac et Abimélek était la propriété des terres mais surtout des nappes d’eau qu’elles comportaient : les puits sont des lieux très importants ( pensez au puits de Jacob ). On ne dit d’ailleurs pas assez que la question de la propriété et de la maîtrise de l’eau est un des enjeux vitaux du conflit israélo-palestinien aujourd’hui.
Les Psaumes, à leur manière, développent le parallélisme entre la Parole de Dieu et l’eau qui fait vivre : Ps 42,2-3. 63,2 ; 143,6.

CHEZ LES PROPHETES : la parole de Dieu, nourriture pour l’homme
On a vu, dans le Deutéronome, le lien très fort entre le pain et la parole de Dieu. Dans la Bible, cette Parole, c’est beaucoup plus que des mots, c’est beaucoup plus qu’un livre, qu’un texte sacré. La Parole est efficace, elle agit. La Parole est l’agir de Dieu, soit par l’intermédiaire de ses porte parole ( les prophètes ) soit directement.  Dans le grand poème biblique de la création du monde, c’est la Parole qui crée : Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut … Dieu dit … et il en fut ainsi ( Gn 1,3.6.9.11, etc ). Pensez au prologue de saint Jean : Jn 1,1-3, 9-11, 14.
On trouve donc la Parole dans des genres littéraires très différents. On va la retrouver liée à la nourriture chez les prophètes, et en particulier chez Ezékiel et Isaïe. Au désert, Israël a fait l’expérience de la manne mais aussi de la Parole de Dieu comme nourriture ( l’homme ne vit pas seulement de pain …. ). L’expérience de la Parole que l’on mange, que l’on avale, qui nourrit l’homme, sera aussi celle des prophètes. Et c’est au fond assez logique : comment dire la Parole de Dieu si on ne l’a pas d’abord ingérée, assimilée, ruminée ? Il faut faire sienne une connaissance avant de pouvoir la restituer.
Lors de sa vocation, Ezékiel entend une voix : Ez 2,1-4. Cette voix  va ajouter : Ez 2,8. Manger la Parole, c’est accepter d’être nourri et transformé par elle. Ce n’est pas nous qui la transformons, c’est elle qui nous transforme. Cette nourriture est donnée par Dieu et c’est lui qui tient en main la Parole sous forme d’un rouleau : Ez 2,9. Le contenu est solide et inquiétant : 2,10.
Faut-il manger cette Parole-là ? Ne peut-on pas en choisir une autre ? Mais non : Ez 3,1. Le prophète accepte : 3,2-3. Même si les paroles sont rudes, elles portent la douceur de Dieu : 3,3. Dès lors, au milieu de mille difficultés, Ezékiel va aller trouver le peuple d’Israël et, nourri de la Parole de Dieu, il va pouvoir la donner au peuple, quelle que soit la réponse de celui-ci. Cela me fait penser à la réponse de Bernadette Soubirous à je ne sais plus quel ecclésiastique mettant en doute l’authenticité des paroles de la Vierge à la jeune fille : « la dame ne m’a pas dit de vous le faire croire, elle m’a dit de vous le dire ».
Après Ezékiel, venons-en à un autre grand prophète : Isaïe. Le croyant biblique a conscience de l’écart, de l’abîme qui existe entre Dieu et lui : Is 55,8-9. Mais cette distance, au lieu d’écraser le croyant, l’invite à la conversion, car il se produit déjà quelque chose entre le ciel et la terre, le ciel faisant descendre l’eau bienfaisante : 55,10. L’action de l’eau est efficace, et l’auteur développe le parallèle avec la Parole de Dieu : 55,11. Cette eau de la Parole vient vivifier, irriguer l’âme assoiffée, comme disait le psalmiste tout à l’heure. Là encore, on retrouve la foi en l’efficacité de la Parole de Dieu : 55,12-13.
Isaïe va également développer un autre thème qui nous intéresse au plus haut point : celui du festin. L’espérance biblique prend souvent la forme, l’image d’un repas de fête, auquel chacun serait convié. Au peuple désespéré, comme desséché, le prophète lance comme une promesse d’invitation : 55,1-2. La seule condition est celle du désir : il faut reconnaître que l’on a faim et soif. D’ailleurs, sans appétit, sans désir, un repas est fade : quand on n’a pas le moral, même si on mange de bonnes choses, on ne leur trouve aucun goût. Il en est de même dans le désir de Dieu, de la Parole de Dieu.  Car, Isaïe insiste, le don est gratuit, comme l’était le jardin d’Eden. Il est pour tous, y compris celui qui n’a pas d’argent. Mais cette invitation divine a une contrepartie : c’est, si j’ose dire, que l’on n’avale pas n’importe quoi. Il y a des choses qui ne rassasient pas, ou pas longtemps. Ce que Dieu propose nourrit en profondeur. Pour l’obtenir, le mot revient plusieurs fois, il faut écouter : Is 55,3. C’est donc bien la Parole de Dieu qui est la nourriture que celui-ci propose aux hommes, pour leur bonheur : ouvre la bouche, moi je l’emplirai, dit Dieu ( Ps 80,11 ).

LES REPAS SACRES DANS L’ANCIEN TESTAMENT
La tentation a toujours été grande, pour le peuple d’Israël, de se compromettre avec des cultes païens censés unir l’homme aux forces divines : le peuple commença à se livrer à la débauche avec les filles de Moab. Elles invitèrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux ; le peuple y mangea et se prosterna devant leurs dieux ( Nb 25,1-2 ) ; Ez 18,5-6.10-11.15 et 22,8-9. Tout acte religieux  comportait un repas de sacrifice : 1 S 9, 11-14, et tout repas comportant de la viande avait un caractère sacré : 1 S 14,31-35. Tout cela va d’ailleurs rendre la vie quelque peu compliquée : Lv 10,12ss.
Toujours est-il qu’un objectif essentiel du repas sacré est de confirmer une alliance entre des clans ( Gn 26,26-31, texte déjà vu la fois précédente – alliance entre Isaac et Abimélek – ; 31,44-46 et 51-54 ) ou l’alliance de Dieu avec son peuple : Ex 24,9-11 ; et la grande liturgie de l’assemblée de Sichem : Dt 27,1-8.
Le repas pris en présence de Dieu dans un lieu qui lui est destiné devient une sorte de profession de foi : Dt 12,1-7. On notera que ce repas est une fête joyeuse en présence du Seigneur : Dt 12,17-18 ; 14,23-26. Cette fête doit d’ailleurs être partagée : Dt 14,28-29.
 Autrement dit, dans l’Ancien Testament, une fois « épurés » les vestiges des religions païennes, le seul repas sacré est celui qui réunit le peuple dans le lieu choisi par Dieu pour sa présence. Par ce repas, le peuple commémore, dans l’action de grâces, les bénédictions de Dieu, le louant avec ses propres dons. Sur ce point, pour nous, chrétiens, comment ne pas penser aux paroles de l’offertoire : « tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce pain ( ce vin ) fruit de la terre ( de la vigne ) et du travail des hommes : il deviendra pour nous le pain de la vie, le vin du royaume éternel ».

-Joh-04,01_Samaritan_Woman

26 mars, 2011

-Joh-04,01_Samaritan_Woman dans images sacrée 17%20STROZZI%20CHRIST%20AND%20THE%20SAMARITAN%20WOMAN
http://www.artbible.net/Jesuschrist_fr.html

Pour le P. Cantalamessa l’amour doit être vécu avec le corps et l’âme

26 mars, 2011

du site:

http://www.zenit.org/article-27412?l=french

Pour le P. Cantalamessa l’amour doit être vécu avec le corps et l’âme

Les deux dimensions de l’amour « eros » et « agapè » sont indissociables

ROME, Vendredi 25 mars 2011 (ZENIT.org) – Les deux visages de l’amour, l’eros et l’agapè, le corps et l’âme, sont indissociables. Il est important de redire cette vérité au monde, dans le cadre de la nouvelle évangélisation mais aussi au sein de l’Eglise, aux consacrés, pour lutter notamment contre une conception dénaturée de l’amour.
C’est ce qu’a affirmé en substance le P. Raniero Cantalamessa, ofmcap, prédicateur de la Maison pontificale, dans sa première prédication de Carême, prononcée ce vendredi matin, en présence du pape Benoît XVI et de la curie romaine, dans la chapelle Redemptoris Mater, au Vatican.
« L’amour souffre d’une séparation néfaste pas seulement dans la mentalité du monde sécularisé, mais aussi, à l’opposé, parmi les croyants et, en particulier, parmi les âmes consacrées. En simplifiant au maximum, on pourrait formuler ainsi la situation : dans le monde, on trouve un eros sans agapè ; et, parmi les croyants, on trouve souvent un agapè sans eros », a affirmé Le P. Cantalamessa.
« L’eros sans agapè est un amour romantique, le plus souvent passionnel, jusqu’à la violence », « l’agapè sans eros nous apparaît comme un ‘amour froid’, un aimer ‘en surface’, sans participation de tout l’être, davantage imposé par la volonté que venant d’un élan intime du cœur », a-t-il expliqué.
« Si l’amour mondain est un corps sans âme, l’amour religieux vécu de la sorte est une âme sans corps », a ajouté le prédicateur de la Maison pontificale.
« L’être humain n’est pas un ange, un pur esprit ; il est âme et corps substantiellement unis : tout ce qu’il fait, y compris aimer, doit refléter cette structure. Si la composante liée au temps et à la corporéité est systématiquement niée ou réprimée, le résultat sera double : ou l’on tient bon, péniblement, par sens du devoir, pour défendre sa propre image, ou l’on cherche des compensations plus ou moins licites, jusqu’aux cas si douloureux qui affligent actuellement l’Eglise. A l’origine de nombreuses déviations morales d’âmes consacrées, on ne peut pas l’ignorer, il y a une conception déformée et dénaturée de l’amour », a poursuivi le P. Cantalamessa.
Le prédicateur a expliqué que dans son encyclique « Deus caritas est », Benoît XVI « corrige l’image d’une foi qui ne touche le monde que de façon superficielle, sans y pénétrer, à travers l’utilisation de l’image évangélique du levain qui fait fermenter la pâte ; elle remplace l’idée d’un règne de Dieu venu ‘juger’ le monde, par celle d’un règne de Dieu venu ‘sauver’ le monde, en commençant par l’eros qui en est la force dominante ».
« La restauration de l’eros aide surtout les êtres humains amoureux et les époux chrétiens, en montrant la beauté et la dignité de l’amour qui les unit. Elle aide les jeunes à découvrir la fascination de l’autre sexe non pas comme une chose ambiguë, à vivre loin de Dieu, mais au contraire comme un don du Créateur pour leur joie, s’il est vécu dans l’ordre voulu par lui », a expliqué le P. Cantalamessa.
« Mais la restauration de l’eros doit nous aider, nous aussi, les consacrés, hommes et femmes », estime-t-il.
« Si eros signifie élan, désir, attraction, nous ne devons pas avoir peur des sentiments et encore moins les mépriser et les réprimer », a-t-il affirmé.
« C’est justement pour cela que Dieu nous a donné notre prochain à aimer ! », a-t-il ajouté, en invitant toutefois à « ne pas sauter un maillon décisif » car « avant le frère que l’on voit il y a un autre que l’on voit et touche aussi : le Dieu fait chair, c’est Jésus Christ ! »
« Le premier objet de notre eros, de notre quête, de notre désir, attraction, passion, doit être le Christ », a-t-il souligné, en reconnaissant qu’on « ne voit pas le Christ non plus, mais il est là ; il est ressuscité, il est vivant, il est à nos côtés ; sa présence est plus réelle que celle de l’époux le plus amoureux aux côtés de son épouse ».
Le prédicateur capucin a invité à « penser au Christ non comme à une personne du passé, mais comme au Seigneur ressuscité et vivant, avec qui je peux parler, que je peux aussi embrasser si je le désire, sûr que mon baiser ne finira pas sur le papier ou le bois d’un crucifix mais sur un visage et des lèvres de chair vivante (même si elle est spiritualisée), heureux de recevoir mon baiser ».
« La beauté et la plénitude de la vie consacrée dépendent de la qualité de notre amour pour le Christ. Il est le seul capable de protéger de la dispersion désordonnée de notre coeur, a affirmé le prédicateur de la Maison pontificale. Jésus est l’homme parfait ; il possède, à un degré infiniment supérieur, toutes les qualités et les attentions qu’un homme recherche chez une femme et une femme chez un homme ».
« Son amour ne nous soustrait pas nécessairement à l’appel des créatures et en particulier à l’attraction de l’autre sexe (ceci fait partie de notre nature qu’il a créée et qu’il ne veut pas détruire) ; il nous donne toutefois la force de vaincre ces attractions grâce à une attraction plus forte », a-t-il ajouté.

Gisèle Plantec

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