Archive pour le 22 mars, 2011
Le Sable et L’Écume… (Gibran Khalil Gibran)
22 mars, 2011du site:
http://membres.multimania.fr/gabriellesegui/newpage15.html
Le Sable et L’Écume…
* * *
« Dans le coeur de tout homme et de toute femme, il est un peu de sable et d’écume. Mais certains d’entre nous livrent ce qui demeure caché dans le plumage de leur coeurs, d’autres en éprouvent de la honte. Quand à moi, je n’en rougis point. »
Gibran Khalil Gibran
Je marche éternellement sur ces rivages, entre le sable et l’écume. Le flux de la marée effacera l’empreinte de mes pas, et le vent emportera l’écume. Mais la mer et le rivage demeureront éternellement.
Ils me disent dans leur éveil: « Toi et le monde dans lequel tu vis n’êtes qu’un grain de sable sur le rivage infini d’une mer infinie. » Et dans mon rêve je leur réponds : « Je suis la mer infinie, et tous les mondes ne sont que des grains de sable sur mon rivage. »
Le Sphinx ne parla qu’une seule fois et dit : « Un grain de sable est un désert, et un désert est un grain de sable; à présent, taisons-nous à nouveau.» J’entendis le Sphinx, mais ne le compris pas.
Une perle est un temple bâti par la douleur autour d’un grain de sable. Quelle nostalgie bâtit nos corps et autour de quels grains ?
Le souvenir est une forme de rencontre.
L’oubli est une forme de liberté.
On ne peut atteindre l’aube, sinon par le sentier de la nuit.
Si l’hiver disait : « Le printemps est en mon coeur », qui le croirait ?.
Chaque graine est une aspiration.
Je veux marcher avec tous ceux qui marchent. Je ne veux pas rester immobile pour regarder passer la procession.
Si je devais choisir entre le pouvoir d’écrire un poème et l’extase d’un poème non écrit, je choisirai l’extase. C’est une poésie meilleure.
La poésie n’est pas une opinion qu’on exprime. C’est une chanson qui s’élève d’une blessure saignante ou d’une bouche souriante.
Un poète est un roi détrôné assis parmi les cendres de son palais avec lesquelles il tente de façonner une image.
Si vous chantez la beauté bien que seul au coeur du désert, vous aurez un public.
La pensée est toujours la pierre d’achoppement de la poésie.
On dit que le rossignol se perce la poitrine avec une épine quand il chante son chant d’Amour. Il en est ainsi de nous. Comment chanterions-nous autrement ?
Le génie n’est que le chant d’un rossignol au début d’un long printemps.
Le chant qui est silencieux dans le coeur de la mère chante sur les lèvres de son enfant.
Nous ne vivons que pour découvrir la beauté. Tout le reste n’est qu’une forme d’attente.
L’Amour et le doute ne se parlent jamais.
* L’Amour est un mot de lumière, écrit par une main de lumière, sur une page de lumière. *
Vous êtes vraiment indulgent quand vous pardonnez à des meurtriers qui n’ont jamais répandu le sang, à des voleurs qui n’ont jamais volé, et à des menteurs qui n’ont jamais menti.
Que dirai-je du poursuiveur qui joue le rôle du poursuivi ?
Je préfère être le dernier des hommes avec des rêves et le désir de les réaliser , plutôt que le plus éminent sans rêve ni désir.
La solitude est un orage silencieux qui brise toutes les branches mortes, mais qui plante cependant nos racines vivantes plus profondément dans le coeur vivant de la terre vivante.
Peut-être qu’un enterrement chez les hommes est un repas de noce chez les anges.
* Si la Voix lactée n’était pas en moi, comment aurais-je pu la voir ou la connaître ?
Une racine est une fleur qui méprise la renommée.
Le véritable grand homme est celui qui ne domine personne, et qui n’est dominé par personne.
Je ne puis croire que l’homme est médiocre simplement parce qu’il tue les criminels et les prophètes.
Je suis la flamme et je suis le buisson sec, et une partie de moi consume l’autre.
La naissance et la mort sont les plus nobles expressions du courage.
Un pré verdoyant se trouve entre l’érudit et le poète; Si l’érudit le traverse, il devient un sage; Si la poète le traverse, il devient un prophète.
Le véritable prince est celui qui trouve son trône dans le coeur du derviche.
Seuls ceux qui portent des secrets dans leurs coeurs peuvent deviner ceux qui sont enfouis dans les nôtres.
Nous choisissons nos joies et nos chagrins longtemps avant de les éprouver.
La tristesse n’est qu’un mur entre deux jardins.
Les fleurs du printemps sont les rêves de l’hiver racontés, au petit matin, à la table des anges.
Pendant longtemps vous avez été un rêve dans le sommeil de votre mère, et puis elle s’est éveillée pour vous donner naissance.
Il doit y avoir quelque chose d’étrangement sacré dans le sel. Puisqu’il est dans nos larmes et dans la mer.
Si vous vous asseyiez sur un nuage, vous ne verriez pas la frontière entre un pays et un autre. Il est bien regrettable que vous ne puissiez vous asseoir sur un nuage.
Il y a sept siècles, sept blanches colombes s’envolèrent d’une vallée profonde vers le sommet enneigé d’une montagne. Un des sept hommes qui observait leur vol dit : « Je vois une tache noire sur l’aile de la septième colombe. » Aujourd’hui, les gens dans la vallée parlent de sept colombes noires qui volèrent au-dessus de la montagne enneigée.
J’aspire à l’éternité parce que j’y rencontrerai les poèmes que je n’ai pas écrits et les tableaux que je n’ai pas peints.
Gibran Khalil Gibran
Comme s’ils voyaient l’invisible
22 mars, 2011du site:
http://www.spiritualite2000.com/page-150.php
ÉDITORIAL
1 novembre 2000
Comme s’ils voyaient l’invisible
Yves Bériault, o.p.
A un moment ou l’autre de son existence, tout être humain prend conscience en lui d’un mouvement qui le porte à invoquer plus grand que lui, qui l’incite à se tourner vers un ailleurs. Cette recherche est alors vécue comme un élan, un quasi-réflexe qui fait s’écrier d’admiration devant la beauté ou supplier de toutes ses forces devant la menace et la peur. C’est là une forme bien primaire de la prière et, quand elle se manifeste, on n’a encore rien dit sur ce qui incite l’être humain à prier, sinon que l’on reconnaît en ce mouvement une quête spirituelle qui vise à élever le regard et à contempler ce qui se cache derrière la « réalité ». Il y a là une recherche d’un dieu inconnu, d’une force capable de changer notre destinée. Mais l’on n’a encore rien dit sur Dieu.
L’on affirme souvent des grand spirituels qu’ils prient comme s’ils voyaient l’invisible. Expérience qui semble hors de portée pour le commun des mortels. Pas évident de jeter un regard sur l’invisible ! Les chemins proposés pour y arriver semblent parfois tellement abruptes que plusieurs refusent de s’y engager. Comment alors nommer Dieu ? Comment se représenter l’Absolu ?
La foi chrétienne a ceci de particulier lorsqu’elle aborde la question de l’Absolu. Pour elle « l’Absolu s’est incarné et porte un visage, le visage de Jésus-Christ ! » (Jacques de Bourbon-Busset). C’est pourquoi l’expérience de prière que privilégie la spiritualité chrétienne en est une qui situe l’Homme au cour de la réalité humaine, là où l’évasion n’est plus possible, puisque c’est dans cette réalité que Dieu s’est manifesté en Jésus-Christ. Il s’y est même incarné !
L’Absolu, c’est un visage ! Cette révélation qui implique un acte de foi, invite à ne plus voir la réalité de la même manière car, pour la foi chrétienne, tout être humain porte en lui le reflet de la présence de Dieu à notre monde. Il devient un lieu où Dieu se dit et mérite d’être écouté et accueilli.
La prière devient alors un engagement de tout l’être qui, loin de détacher du monde, nous y insère au contraire dans ses replis les plus cachés. C’est alors que fraternité, prière et engagement ne sont plus qu’une seule et même action se complétant l’une l’autre. Puisse ce numéro de Spiritualité 2000 vous aider à ouvrir des espaces en vous pour cette prière qui n’est pas une fuite, mais qui est capable de transformer le monde et de nous faire voir l’Invisible. Ultimement, n’est-ce pas là le véritable but de la prière !