Le Carême selon Enzo Bianchi, prieur de Bose
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Le Carême selon Enzo Bianchi, prieur de Bose
Chaque année revient le Carême, un « temps plein » de quarante jours que les chrétiens ont à vivre tous ensemble comme un temps de conversion, de retour à Dieu. Toujours les chrétiens doivent vivre en luttant contre les idoles séduisantes, toujours le temps est favorable pour accueillir la grâce et la miséricorde du Seigneur. Pourtant, l’Eglise demande qu’il y ait un temps précis, qui se détache du quotidien, un temps , « autre », un temps fort durant lequel on peut faire converger dans l’effort de conversion la majeure partie des énergies que chacun possède. Car, avec intelligence, elle connaît l’incapacité de notre humanité à vivre dans une tension forte le chemin quotidien vers le Royaume.
Et l’Eglise demande que ce temps s soit vécu simultanément de la part de tous les chrétiens, que tous accomplissent ainsi cet effort ensemble, en communion et en solidarité. Ce sont donc quarante jours pour retourner au Seigneur, pour répudier les idoles séduisantes mais aliénantes, pour connaître mieux la miséricorde infinie du Seigneur.
La conversion, en effet, n’est pas événement réalisé une fois pour toutes. confondre. C’est un dynamisme qui doit être renouvelé dans les divers moments de l’existence, aux différents âges, et surtout quand le temps qui passe conduit le chrétien à s’adapter à la mondanité, à être gagné par la fatigue, à perdre le sens et le but de sa vocatIon, à vivre ainsi sa foi dans une sorte de schizophrénie.
Oui, le Carême est le temps pour retrouver sa propre vérité et sa propre authenticité, avant même d’être un temps de pénitence. Ce n’est pas un temps où « faire » quelque œuvre particulière de charité ou de mortification, mais c’est un temps pour redécouvrir la vérité de son propre être. Jésus affirme que même les hypocrites jeûnent, même les hypocrites font la charité (cf. Mt 6, 1-6 et 16-18) : pour cette raison, précisément, il s’agit d’unifier sa vie devant Dieu et d’ordonner la fin et les moyens de la vie chrétienne, sans les confondre.
Le Carême veut réactualiser les quarante ans d’Israël au désert, en guidant le croyant à la connaissance de soi, c’est-à-dire à la connaissance de ce que le Seigneur déjà connaît du croyant lui-même : une connaissance qui n’est pas faite d’introspection psychologique, mais qui trouve sa lumière et son orientation dans la Parole de Dieu.
Comme le Christ, durant quarante jours au désert, a combattu et vaincu le tentateur grâce à la Parole de Dieu (cf. Mt 4,1-11), de même le chrétien est appelé à écouter, à lire, à prier plus intensément et plus assidûment la Parole de Dieu contenue dans les Ecritures, dans la solitude comme dans la liturgie. La lutte du Christ au désert devient alors vraiment exemplaire et, luttant contre les idoles, le chrétien renonce à faire le mal qu’il est habitué à faire et commence à faire le bien qu’il ne fait pas ! Emerge ainsi la « différence chrétienne », ce qui constitue le chrétien et le rend éloquent dans le compagnonnage avec les hommes, qui le rend capable de montrer l’Evangile vécu, l’Evangile fait chair et vie.
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