Carême : Le P. Léthel évoque la « théologie vécue des saints »
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Carême : Le P. Léthel évoque la « théologie vécue des saints »
Le prédicateur des exercices spirituels de Carême
ROME, Jeudi 17 mars 2011 (ZENIT.org) – La théologie n’est pas qu’une affaire d’universitaires, rappelle le P. François-Marie Léthel à L’Osservatore Romano, en évoquant la « théologie vécue des saints », dont les plus grandes représentantes sont Catherine de Sienne et Thérèse de Lisieux, proclamées docteur de l’Eglise sans avoir étudié à l’université.
Français de l’Ordre des Carmes déchaux, le P. Léthel prêche les exercices spirituels de Carême qui se déroulent au Vatican depuis le 13 mars sur le thème « La lumière du Christ dans le cœur de l’Eglise – Jean-Paul II et la théologie des saints ».
« Dans l’Eglise d’Occident, avec la naissance des universités au Moyen Age, le risque de réduire la théologie à sa seule forme intellectuelle, universitaire, est apparu, et cela était un grand appauvrissement », a expliqué le P. Léthel.
Mais après le Concile Vatican II, en 1970, a-t-il poursuivi, « Paul VI a fait un pas décisif quand il a déclaré deux femmes docteurs de l’Eglise, deux saintes qui n’avaient pas étudié à l’université : Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne ». Ces saintes ont reçu « le même titre que des saints qui étaient de grands intellectuels, comme Anselme, Thomas, Bonaventure ».
« Avec l’encyclique Fides et ratio, qui faisait référence à ces représentants de la ‘grande raison’, Jean-Paul II a indiqué dans Novo millennio ineunte l’exemple de Catherine de Sienne et de Thérèse de Lisieux comme des représentantes de la ‘théologie vécue des saints’ ».
La théologie des saints, a encore expliqué le P. Léthel, « c’est cette grande connaissance du Mystère du Christ dont saint Paul parle dans sa Lettre aux Ephésiens, quand il demande ‘à genoux’ au Père l’abondance du don de l’Esprit Saint pour les fidèles, afin qu’à travers la foi et l’amour ils puissent ‘avec tous les saints, connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance’ ».
« Dans son langage, les ‘saints’ sont les fidèles, les baptisés, nous tous d’une certaine manière, si nous vivons vraiment de foi, d’espérance et de charité », a-t-il ajouté. Jean-Paul II en était un exemple : « il était avant tout l’homme d’une prière profonde. C’était un mystique. La prière animait et pénétrait toute sa réflexion théologique, philosophique, poétique ».
Le théologien : une personne pleinement engagée sur le chemin de la sainteté
Dans cette interview, ce Carme spécialiste des saints est revenu sur l’actualité de ses méditations. « Les saints touchent les réalités essentielles de la vie chrétienne et de la condition humaine. Le grand thème, c’est comment vivre la sainteté dans le monde d’aujourd’hui, dans différents contextes ».
Il évoque la patronne des missions, Thérèse de Lisieux, qui a « beaucoup à dire sur le thème de la nouvelle évangélisation ». « Le choix de Catherine de Sienne et de Jeanne d’Arc pour ces exercices est plus lié à Benoît XVI, qui a dédié deux catéchèses importantes à ces saintes de la fin du Moyen Age, comme des exemples de ‘femmes fortes’ dans un contexte de grandes souffrances et de crise de l’Eglise et de la société ».
« Avec ces saintes, a ajouté le P. Léthel, la lumière du Christ rencontre les ténèbres du péché qui se trouvent aussi à l’intérieur de l’Eglise, pour la purifier, la réformer. Et cela est évidemment de grande actualité ».
Le P. Léthel a enfin donné une définition du rôle du théologien dans l’Eglise et dans la société actuelle. « Il doit être un témoin authentique de la lumière du Christ », a-t-il affirmé.
« Aujourd’hui, ce peut être un homme ou une femme, un laïc ou un prêtre, une personne mariée ou consacrée. Mais ce doit être une personne pleinement engagée sur le chemin de la sainteté, c’est-à-dire une personne humble, sur un chemin de conversion permanente à l’Evangile », a-t-il encore expliqué.
Dans les perspectives de Jean-Paul II et de Benoît XVI, « ce doit être une personne qui, dans la lumière du Christ, est témoin de la ‘grande raison’ et du ‘grand amour’, dans un dialogue continu avec le Seigneur, dans l’écoute et dans l’étude de sa Parole, et dans un dialogue avec l’humanité d’aujourd’hui ».
Marine Soreau
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