Archive pour le 5 mars, 2011
Prier chaque jour (Cardinal Jean-Marie Lustiger)
5 mars, 2011du site:
http://www.mavocation.org/vocation/spiritualite/priere/9-chaque-jour.html?tmpl=component&print=1
Prier chaque jour
Cardinal Jean-Marie Lustiger
Il faut prier chaque jour. Je dis bien : chaque jour. Vous me demandez pourquoi chaque jour ? Parce que c’est ainsi que l’homme est fait. Nous sommes des êtres pétris du sol de notre terre.
Nous sommes solidaires de cette terre et des êtres vivants qui nous entourent. Il y a des jours et des nuits, des soirs et des matins, comme le dit le premier chapitre de la Genèse.
Notre vie se déroule dans le temps. Notre liberté est la liberté d’un être de chair et de sang qui doit vivre dès à présent dans l’éternité de Dieu, mais au jour le jour.
Quand on veut ainsi remettre à Dieu sa vie, il faut la lui remettre chaque jour. Vous connaissez bien la demande du Notre Père : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. » Quelles qu’en soient la traduction et l’interprétation, elle porte sur « l’aujourd’hui ».
Prendre sa vie pour l’offrir à Dieu, c’est accepter chacun des jours comme un don que Dieu fait et le lui rendre, dans une prière d’action de grâce, de bénédiction, de demande, de supplication.
Prier dans le secret. Je dirai plus : prier au moins matin et soir.
Je vais m’endormir et me livrer à la nuit. Par l’abandon au sommeil, je me dispose au repos dont mon corps, mon esprit, mon psychisme ont besoin, le repos qui va refaire mes forces.
L’Église met sur nos lèvres la prière du Christ qui, sur la croix, avant de mourir, prononce (Lc 23, 46) cette phrase du psaume 30, 6 : « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit. » Nous sommes donc associés à l’abandon du Christ entre les mains de son Père, non seulement à l’heure de notre mort, mais chaque soir, dans cette remise de nous-mêmes à la souveraine liberté de Dieu.
Ainsi, l’endormissement devient un acte de confiance en la bonté de Dieu ; il nous dénoue des tensions de la journée, des duretés de la vie. Prier le soir, c’est s’endormir avec le Christ ; c’est, avec le Christ, s’abandonner entre les mains de Dieu.
La prière du matin. Quand je me réveille, au lieu de sortir péniblement du sommeil en secouant ma fatigue comme une bête et en me dépêchant pour ne pas être en retard, avant les premières occupations, prendre un moment, si court soit-il, pour magnifier le jour qui vient, ce réveil qui m’est donné comme un événement de la création et du monde et de notre vie, comme un instant où je peux à neuf recevoir l’existence jaillissant gratuitement de la main de Dieu, comme une résurrection, un surgissement avec le Christ.
Chaque jour de notre vie est un événement ! Un événement qu’il faut prendre comme un cadeau que Dieu nous fait, comme un espace où nous sera donnée la liberté de l’aimer et d’aimer nos frères ; de l’adorer et de faire connaître sa splendeur aux hommes créés à sa ressemblance et à l’image de son Fils bien-aimé ; de vivre et d’accomplir notre tâche d’homme et de femme, la mission que Dieu nous confie, lui qui nous fait exister et qui nous donne la vie. Chaque jour doit être reçu comme le présent qui nous est fait en cet instant par Dieu, notre Créateur et Père.
Chrétiens, par la grâce qui nous est donnée, nous pouvons de tout le jour – et non seulement « sept fois par jour » – faire la matière d’une offrande et d’une louange adressées à Dieu notre Père.
commentaire sur: Deutéronome 11,18.26-28
5 mars, 2011du site:
http://www.bible-service.net/site/434.html
commentaire sur: Deutéronome 11,18.26-28
Le cœur de ce passage de la fin du livre du Deutéronome est clairement dans ces mots : “ Aujourd’hui, je vous donne le choix… “ Autrement dit, après avoir donné toutes les lois qui sont comprises comme des lois de liberté, qui empêchent tout retour à la vie en Égypte, c’est-à-dire à l’esclavage, Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, invite clairement à faire un choix : entre la bénédiction et la malédiction, entre le bonheur et le malheur, entre la vie et la mort. Ou, pour le dire autrement, le choix entre la fidélité au Seigneur (qui se traduit par l’obéissance à ses commandements), accompagnée de la bénédiction, ou bien l’infidélité qui devient une malédiction.
Le vocabulaire employé n’est plus guère le nôtre : nous ne parlons plus beaucoup de malédiction ; les mots « décrets et commandements » ne sont guère à la mode, mais nous comprenons bien que la Loi de Dieu telle qu’elle est exprimée dans la Bible est une loi de vérité et de liberté, une Loi qui formalise le choix absolu de la vie, qui organise le respect de l’autre, la protection des faibles et finalement le bonheur et le salut de l’humanité. La Loi dans la Bible, cela signifie davantage le chemin, une bonne orientation de vie pour réaliser la volonté de Dieu, que « Loi » au sens juridique du terme. Observer les commandements et les décrets de Dieu, c’est entrer dans la justice de Dieu, c’est accomplir le projet de Dieu. C’est à partir de cette clé de lecture que les théologiens et les prophètes du peuple d’Israël analyseront toute l’histoire du peuple, et notamment le drame de l’exil à Babylone.
6 mars 2011 – 9e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie
5 mars, 2011du site:
http://www.homelies.fr/homelie,9e.dimanche.du.temps.ordinaire,3082.html
6 mars 2011 – 9e dimanche du Temps Ordinaire
Famille de saint Joseph
Homélie-Messe
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus se tourne vers ceux qui le suivent et c’est en prenant en compte leur qualité de disciples qu’il s’adresse à eux : « Ce n’est pas en me disant : ‘Seigneur, Seigneur’, qu’on entrera dans le Royaume de Dieu mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les Cieux ». Le message est clair et sans détour : il n’est pas suffisant pour le disciple de confesser en parole que Jésus est Seigneur ; il faut aussi le confesser en acte.
Toutefois, il ne faudrait pas croire que Jésus s’adresse seulement dans ce verset à ceux « qui disent et ne font pas ». En effet, ceux que notre Seigneur reprend ont fait beaucoup de miracles, ont chassé beaucoup de démons, qui plus est en son nom. Ils ont beaucoup fait mais ont peut-être trop peu laissé le Christ agir en eux. Voilà le problème que Jésus pointe ici du doigt.
Il l’explicite d’ailleurs dans le verset qui suit : « Quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc ». Jésus insiste sur le fait que les actes que nous posons doivent être le fruit de l’écoute de ses paroles. Le disciple véritable écoute les paroles de Jésus. Ainsi faisant, il accueille le Verbe fait chair et le laisse porter en lui et autour de lui les fruits qu’il désire. Il garde ses paroles. Il garde la Parole, la conserve et la repasse sans cesse dans son cœur pour ne point faillir envers elle.
Etabli dans une telle écoute, il est alors emporté par le dynamisme et la force de cette Parole. Cette dernière dispose en effet d’une efficacité qui lui est intrinsèque. Elle conduit nécessairement à l’action car elle fait ce qu’elle dit et dit ce qu’elle fait. Mais, précisément, c’est elle qui conduit. Autrement dit, le disciple n’étouffe pas la performativité de la Parole. Il la reçoit et se laisse transformer et mouvoir par elle. En aucun cas, il ne se l’approprie et en use à son gré.
Le disciple véritable s’est tellement laissé pénétrer par la Parole du Verbe, qu’il a écoutée si attentivement et ruminée si patiemment, que désormais c’est elle qui vit en lui, en chacune de ses paroles, mais aussi en chacun de ces gestes. Avec saint Paul, il peut s’écrier : « Ce n’est plus moi qui vit c’est le Christ qui vit en moi ». De sa rencontre avec Jésus, de la contemplation de son visage et de l’écoute de ses paroles, il a senti monter en lui une vigueur missionnaire qui l’a engagé sur le chemin du témoignage courageux au cœur du monde.
Le roc qui donne stabilité à la vie du chrétien, c’est le Christ. « Ma forteresse et mon roc c’est toi » avons-nous chanté avec le psalmiste. Si la maison de l’homme sage de la parabole demeure inébranlable c’est uniquement parce que le Seigneur lui-même est « le Rocher qui l’abrite, la maison fortifiée qui le sauve » (Ps 30). La parabole de Jésus nous enseigne ce que signifie fonder sa vie sur le Christ : c’est écouter sa Parole qui ne passe pas et surtout la laisser agir en nous pour qu’elle nous conduise à poser des actes en conformité avec elle et non pas avec ce que nous inspire spontanément notre humanité blessée par le péché. Le Seigneur, s’il a toujours l’initiative, ne fait pas tout à notre place. Nous avons aussi notre part. Elle consiste à consentir à l’œuvre en nous de la Parole qui, tel un glaive à double tranchant, vient tailler le cep de notre humanité pour lui ôter ses branches mortes.
Ecouter ainsi la Parole c’est lui obéir. Nous comprenons aussi qu’il ne s’agit pas ici d’une obéissance formelle mais d’une obéissance qui manifeste notre attachement à celui qui prononce cette Parole et qui à travers elle nous fait le don de sa Loi de vie (cf. 1ère lect.).
Cette obéissance qui naît de l’écoute de la Parole et nous conduit à nous attacher à Celui qui en est l’auteur est l’expression de la foi véritable, la foi vivante de la charité, la seule qui puisse nous sauver. Dans la deuxième lecture, Paul nous rappelle que « Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve » ; et cette justice de Dieu est donnée gratuitement à tous ceux qui mettent leur foi en Jésus Christ, et accueillent avec gratitude le fruit de la Rédemption qu’il a accomplie par l’offrande de son sang pour le pardon des péchés (cf. 2e lect.).
Construire notre vie dans la foi sur le Roc du Christ résonne ainsi d’une harmonique nouvelle. Il s’agit de référer chacune de nos pensées, de nos paroles et de nos actions à l’événement du salut accompli en Celui qui a pris chair de notre chair et qui en épousant notre humanité jusque dans sa mort, nous offre la bénédiction de sa présence à chaque instant.
« Seigneur, aide-nous à chercher toujours plus à vivre dans la proximité de ta présence pour nous mettre à ton écoute et nous laisser conduire par toi par delà la grisaille de notre quotidien. Que ta Parole vienne au plus profond de nous-mêmes couper ce qui ne lui est pas ajusté. Alors, nous serons de vrais disciples qui ne se contentent pas d’appeler extérieurement « Seigneur, Seigneur » mais qui de l’intérieur se laisse habiter et conduire par toi dans un engagement renouvelé au cœur de ce monde. »
Frère Elie