Jean Paul II: Lecture: Ep 4, 1-6 (25 janvier: conversion de Saint Paul)

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JEAN-PAUL II  

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 22 novembre 2000

Lecture:  Ep 4, 1-6

1. La foi, l’espérance et la charité sont comme trois étoiles qui brillent dans le ciel de notre vie spirituelle pour nous guider vers Dieu. Elles sont, par excellence, les vertus « théologales »:  elles nous mettent en communion avec Dieu et nous conduisent à Lui. Elles composent un tryptique dont le sommet est la charité, l’agape, chantée de façon remarquable par Paul dans un hymne de la première Epître aux Corinthiens:  « Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité » (13, 13).
Dans la mesure où elles animent les disciples du Christ, les trois vertus théologales les poussent à l’unité, selon l’indication des paroles pauliniennes que nous avons écoutées en ouverture:  « Il n’y a qu’un Corps [...] un seul Seigneur, une seule foi [...], un seul Dieu et Père » (Ep 4, 4-6). En continuant à réfléchir sur la perspective oecuménique abordée dans la précédente catéchèse, nous voulons aujourd’hui approfondir le  rôle des vertus théologales sur le chemin  qui conduit à la pleine communion avec Dieu Trinité et avec nos frères.
2. Dans le passage mentionné de l’Epître aux Ephésiens, l’Apôtre Paul exalte tout d’abord l’unité de la foi. Cette unité a sa source dans la Parole de Dieu, que toute les Eglises et Communautés ecclésiales considèrent comme une lumière pour leur propres pas sur le chemin de leur histoire (cf. Ps 119, 105). Ensemble, les Eglises et Communautés ecclésiales professent la foi en « un seul Seigneur », Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, et en « un seul Dieu et Père de tous » (Ep 4, 5.6). Cette unité fondamentale, en même temps que celle constituée par l’unique baptême, ressort clairement des multiples documents du dialogue oecuménique, même lorsque demeurent, sur un point ou sur un autre, des motifs de réserve. C’est ainsi que l’on lit, par exemple, dans un document du Conseil oecuménique des Eglises:  « Les chrétiens croient que l’unique « vrai Dieu », qui s’est fait connaître à Israël, s’est révélé de façon suprême en « celui qu’il a envoyé », Jésus-Christ (Jn 17, 3); qu’en Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui (2 Co 5, 19) et que, à travers son Esprit Saint, Dieu apporte une vie nouvelle et éternelle à tous ceux qui, à travers le Christ, se remettent à lui » (CEC, Confesser une seule foi, 1992, n. 6).
Toutes ensemble, les Eglises et Communautés ecclésiales font référence aux antiques Symboles de la foi et aux définitions des premiers Conciles oecuméniques. Cependant, demeurent certaines divergences doctrinales qu’il faut surmonter, afin que le chemin de l’unité de la foi parvienne à la plénitude indiquée par la promesse du Christ:  « Elles écouteront ma voix; et il y aura un seul  troupeau,  un  seul  pasteur »  (Jn 10, 16).
3. Paul, dans le texte de l’Epître aux Ephésiens que nous avons choisi comme emblème de notre rencontre, parle également d’une seule espérance à laquelle nous avons été appelés (cf. 4, 4). Il s’agit d’une espérance qui s’exprime dans l’engagement commun, à travers la prière et une cohérence de vie active, pour l’avènement du Royaume de Dieu. Au sein de ce vaste horizon, le mouvement oecuménique s’est orienté vers des buts fondamentaux qui se mêlent entre eux, comme objectifs d’une unique espérance:  l’unité de l’Eglise, l’évangélisation du monde, la libération et la paix dans la communauté humaine. Le chemin oecuménique a également tiré profit du dialogue avec les espérances terrestres et humanistes de notre temps, et également avec l’espérance cachée, apparemment vaincue, des « sans espérance ». Face à ces multiples expressions de l’espérance de notre époque, les chrétiens, bien que connaissant des tensions entre eux et éprouvés par la division, ont été poussés à découvrir et à témoigner « une raison commune d’espérance » (CEC, Commission « Faith and Order » Sharing in One Hope, Bangalore 1978), en reconnaissant dans le Christ le fondement indestructible. Un poète français a écrit:  « Espérer est une chose difficile… se désespérer est ce qui est facile et c’est la grande tentation » (Charles Péguy, Le portique des mystères de la seconde vertu, éd. de la Pléiade, p. 538). Mais, pour nous chrétiens, demeure toujours valable l’exhortation de saint Pierre à rendre raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).
4. Au sommet des trois vertus théologales se trouve l’amour, que Paul compare presque à un lien en or qui rassemble en parfaite harmonie toute la communauté chrétienne:  « Et puis, par dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection » (Col 3, 14). Le Christ, dans la prière solennelle pour l’unité des disciples, en révèle le substrat théologique profond:  « Que l’amour dont tu m’as aimé (ô Père) soit en eux et moi en eux » (Jn 17, 26). C’est précisément cet amour, accueilli et cultivé, qui compose en un unique corps l’Eglise, comme nous l’indique encore Paul:  « Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ, dont le corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité » (Ep 4, 15-16).
5. L’objectif de la charité et, dans le même temps, sa source intarissable, est l’Eucharistie, communion avec le corps et le sang du Seigneur, anticipation de l’intimité parfaite avec Dieu. Malheureusement, comme je l’ai rappelé dans les précédentes catéchèses, dans les relations entre les chrétiens divisés, « à cause des divergences dans la foi, il n’est pas encore possible de concélébrer la même liturgie eucharistique. Nous aussi, nous avons le désir ardent de célébrer ensemble l’unique Eucharistie du Seigneur, et ce désir devient déjà une louange commune et même une imploration. Ensemble, nous nous tournons vers le Père et nous le faisons toujours plus « d’un seul coeur »" (Ut unum sint, n. 45). Le Concile nous a rappelé que « ce projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité d’une seule et unique Eglise du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines ». Nous devons donc placer toute notre espérance « dans la prière du Christ pour l’Eglise, dans l’amour du Père à notre égard, et dans la puissance du Saint Esprit » (Unitatis redintegratio, n. 24).

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