Archive pour le 9 janvier, 2011

Saint Grégoire de Nysse (mf 10 janvier)

9 janvier, 2011

Saint Grégoire de Nysse (mf 10 janvier) dans images sacrée

 http://www.santiebeati.it

Pape Benoît (2007): Saint Grégoire de Nysse – fête le 10 de janvier

9 janvier, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070829_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 29 août 2007 

Saint Grégoire de Nysse

(fête le 10 de janvier)

Chers frères et sœurs!

Dans les dernières catéchèses, j’ai parlé de deux grands docteurs de l’Eglise du IV siècle, Basile et Grégoire de Nazianze, Evêque de Cappadoce, dans l’actuelle Turquie. Aujourd’hui, nous en ajoutons un troisième, le frère de Basile, saint Grégoire de Nysse, qui s’est révélé un homme au caractère réfléchi, avec de grandes capacités de méditation, et d’une vive intelligence, ouverte à la culture de son temps. Il s’est ainsi révélé comme un penseur original et profond dans l’histoire du christianisme.

Il naquit autour de 335; sa formation chrétienne fut suivie en particulier par son frère Basile – qu’il définit comme « père et maître » (Ep 13, 4:  SC 363, 198) – et par sa sœur Macrine. Il suivit ses études en appréciant particulièrement la philosophie et la rhétorique. Dans un premier temps, il se consacra à l’enseignement et se maria. Ensuite, il se consacra lui aussi entièrement, comme son frère et sa sœur, à la vie ascétique. Plus tard, il fut élu Evêque de Nysse, et se démontra un pasteur zélé, ce qui lui valut l’estime de la communauté. Accusé de malversations financières par ses adversaires hérétiques, il dut abandonner le siège épiscopal pendant une brève période, mais il y revint ensuite triomphalement (cf. Ep. 6:  SC 363, 164-170), et il continua à se consacrer à la lutte pour défendre la vraie foi.

En particulier après la mort de Basile, recueillant presque son héritage spirituel, il coopéra au triomphe de l’orthodoxie. Il participa à divers synodes; il chercha à résoudre les conflits entre les Eglises; il participa activement à la réorganisation ecclésiastique et, en tant que « pilier de l’orthodoxie », il fut l’un des acteurs du Concile de Constantinople de 381, qui définit la divinité de l’Esprit Saint. Il reçut diverses charges officielles de la part de l’empereur Théodose, il prononça d’importants discours et homélies funèbres, il se consacra à la rédaction de diverses œuvres théologiques. En 394, il participa encore à un synode qui se déroula à Constantinople. On ne connaît pas la date de sa mort.

Grégoire explique avec clarté la finalité de ses études, le but suprême auquel il aspire dans son travail de théologien:  ne pas employer sa vie en choses vaines, mais trouver la lumière qui permet de discerner ce qui est vraiment utile (cf. In Ecclesiasten hom. 1:  SC 416, 106-146). Il trouva ce bien suprême dans le christianisme, grâce auquel est possible « l’imitation de la nature divine » (De professione christiana:  PG 46, 244C). Avec sa vive intelligence et ses vastes connaissances philosophiques et théologiques, il défendit la foi chrétienne contre les hérétiques, qui niaient la divinité du Fils et de l’Esprit Saint (comme Eunomios et les Macédoniens), ou mettaient en doute la parfaite humanité du Christ (comme Apollinaire). Il commenta l’Ecriture Sainte, s’arrêtant sur la création de l’homme. Cela était pour lui un thème central:  la création. Il voyait dans la créature le reflet du Créateur et trouvait là le chemin vers Dieu. Mais il écrivit également un livre important sur la vie de Moïse, qu’il présente comme un homme en marche vers Dieu:  cette montée vers le Mont Sinaï devient pour lui une image de notre ascension dans la vie humaine, vers la vraie vie, vers la rencontre avec Dieu. Il a interprété également la prière du Seigneur, le Notre-Père, et les Béatitudes. Dans son « Grand discours catéchétique » (Oratio catechetica magna) – il exposa les lignes fondamentales de la théologie, non pas pour une théologie académique refermée sur elle-même, mais pour offrir aux catéchistes un système de référence dont tenir compte dans leurs instructions, comme un cadre dans lequel s’inscrit ensuite l’interprétation théologique de la foi.

En outre, Grégoire est célèbre pour sa doctrine spirituelle. Toute sa théologie n’était pas une réflexion académique, mais l’expression d’une vie spirituelle, d’une vie de foi vécue. En tant que grand « père de la mystique », il exposa dans divers traités – comme le De professione christiana et le De perfectione christiana – le chemin que les chrétiens doivent entreprendre pour atteindre la vraie vie, la perfection. Il exalta la virginité consacrée (De virginitate), et en proposa un modèle éminent dans la vie de sa sœur Macrine, qui est toujours restée pour lui un guide, un exemple (cf. Vita Macrinae). Il tint divers discours et homélies, et écrivit de nombreuses lettres. En commentant la création de l’homme, Grégoire souligne que Dieu, « le meilleur des artistes, forge notre nature de manière à la rendre adaptée au service de la royauté. A travers la supériorité établie de l’âme, et au moyen de la conformation même du corps, il dispose les choses de manière à ce que l’homme soit réellement adapté au pouvoir royal » (De hominis opificio 4:  PG 44, 136B). Mais nous voyons que l’homme, pris dans les mailles des péchés, abuse souvent de la création et n’exerce pas une véritable royauté. C’est pourquoi, afin d’exercer une véritable responsabilité envers les créatures, il doit être pénétré par Dieu et vivre dans sa lumière. En effet, l’homme est un reflet de cette beauté originelle qui est Dieu:  « Tout ce que Dieu créa était excellent », écrit le saint Evêque. Et il ajoute:  « Le récit de la création en témoigne (cf. Gn 1, 31). Parmi les choses  excellentes  se  trouvait  aussi l’homme, orné d’une beauté largement supérieure à toutes les belles choses. En effet, quelle chose pouvait être aussi belle que celui qui est semblable à la beauté pure et incorruptible?… Reflet et image de la vie éternelle, il était véritablement beau, et même très beau, comme le signe rayonnant de la vie sur son visage » (Homilia in Canticum 12:  PG 44, 1020C).

L’homme a été honoré par Dieu et placé au dessus de toute autre créature:  « Le ciel n’a pas été fait à l’image de Dieu, ni la lune, ni le soleil, ni la beauté des étoiles, ni aucune des choses qui apparaissent dans la création. Seule toi (anima umana) tu as été rendue l’image de la nature qui domine toute intelligence, ressemblance de la beauté incorruptible, empreinte de la vraie divinité, réceptacle de la vie bienheureuse, image de la véritable lumière; et lorsque tu la regardes, tu deviens ce qu’Il est, car à travers le rayon reflété provenant de ta pureté, tu imites Celui qui brille en toi. Aucune des choses qui existe n’est grande au point de pouvoir être comparée à ta grandeur » (Homilia in Canticum 2:  PG 44, 805D). Méditons cet éloge de l’homme. Voyons également à quel point l’homme est dégradé par le péché. Et cherchons à revenir à la grandeur originelle:  ce n’est que si Dieu est présent que l’homme arrive à sa véritable grandeur.

L’homme reconnaît donc en lui-même le reflet de la lumière divine:  en purifiant son cœur, il redevient comme il était au début, une image limpide de Dieu, Beauté exemplaire (cf. Oratio catechetica 6:  SC 453, 174). Ainsi, l’homme, en se purifiant, peut voir Dieu, comme les cœurs purs (cf. Mt 5, 8):  « Si, avec un style de vie diligent et attentif, tu effaces les choses laides qui se sont déposées sur ton cœur, alors resplendira en toi la beauté divine… En te contemplant toi-même, tu verras en toi celui qui est le désir de ton cœur et tu seras bienheureux » (De beatitudinibus, 6:  PG 44, 1272AB). Il faut donc laver les choses laides qui se sont déposées sur notre cœur et retrouver en nous-même la lumière de Dieu.

L’homme a donc comme objectif la contemplation de Dieu. Ce n’est qu’en celle-ci qu’il peut trouver sa réalisation. Pour anticiper, dans une certaine mesure, cet objectif déjà au cours de cette vie, il doit progresser sans cesse vers une vie spirituelle, une vie de dialogue avec Dieu. En d’autres termes – et telle est la leçon la plus importante que saint Grégoire de Nysse nous transmet -,  la  pleine réalisation de l’homme consiste dans la sainteté, dans une vie vécue dans la rencontre avec Dieu, qui devient ainsi lumineuse également pour les autres, et pour le monde.

Jean Paul II: Le visage de Dieu le Père, aspiration de l’homme

9 janvier, 2011

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/1999/documents/hf_jp-ii_aud_13011999_fr.html

JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 Janvier 1999   

Le visage de Dieu le Père, aspiration de l’homme

1. «Tu nous a faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en toi» (Conf. 1, 1). Cette célèbre affirmation, qui ouvre les Confessions de saint Augustin, exprime de façon tangible le besoin irrésistible qui pousse l’homme à chercher le visage de Dieu. C’est une expérience attestée par les diverses traditions religieuses. «Depuis les temps les plus reculés — dit le Concile — jusqu’à aujour-d’hui, on trouve dans les différents peuples une certaine sensibilité à cette force cachée qui est présente au cours des choses et aux événements de la vie humaine, parfois même une reconnaissance de la Divinité suprême, ou encore du Père» (Nostra aetate, n. 2).
En réalité, de nombreuses prières de la littérature religieuse universelle expriment la conviction que l’Etre suprême peut être perçu et invoqué comme un père, auquel on parvient à travers l’expérience de l’attention affectueuse reçue du père terrestre. C’est précisément cette relation qui a suscité dans certains courants de l’athéisme contemporain le soupçon que l’idée même de Dieu est la projection de l’image paternelle. Un soupçon qui est, en réalité, infondé.
Toutefois, il est vrai que, en partant de son expérience, l’homme est parfois tenté d’imaginer la divinité sous des traits anthropomorphiques qui reflètent trop le monde humain. La recherche de Dieu procède ainsi «à tâtons», comme le dit Paul dans le discours aux Athéniens (cf. Ac 17, 27). Il faut donc avoir à l’esprit ce clair-obscur de l’expérience religieuse, en ayant conscience que seule la pleine révélation, dans laquelle Dieu se manifeste, peut dissiper les ombres et les équivoques et faire resplendir la lumière.
2. A l’exemple de Paul, qui précisément dans le discours aux Athéniens cite un vers du poète Aratus sur l’origine de l’homme (cf. Ac 17, 28), l’Eglise considère avec respect les tentatives que les diverses religions accomplissent pour saisir le visage de Dieu, en distinguant dans leurs croyances ce qui est acceptable de ce qui est incompatible avec la révélation chrétienne.
Dans cette optique, on doit considérer comme une intuition religieuse positive la perception de Dieu comme Père universel du monde et des hommes. En revanche, on ne peut pas accepter l’idée d’une divinité dominée par l’arbitraire et le caprice. Chez les grecs antiques, par exemple, le Bien, en tant qu’être suprême et divin, était également appelé père, mais le dieu Zeus manifestait sa paternité aussi bien à travers la bienveillance que la colère et la cruauté. Dans l’Odyssée, on peut lire: «Père Zeus, aucun n’est plus funeste que toi parmi les dieux: tu n’as aucune pitié des hommes, après les avoir engendrés et abandonnés au malheur et à des douleurs pénibles» (XX, 201-203).
Toutefois, l’exigence d’un Dieu supérieur à l’arbitraire et au caprice est également présent chez les grecs antiques, comme en témoigne, par exemple, l’«Hymne à Zeus» du poète Cléante. L’idée d’un père divin, prêt au don généreux de la vie et attentif à pourvoir aux biens nécessaires à l’existence, mais également sévère et ayant recours aux châtiments, pas toujours pour une raison évidente, est liée dans les sociétés antiques à l’institution du patriarcat et en transfère la conception traditionnelle sur le plan religieux.
3. En Israël, la reconnaissance de la paternité de Dieu est progresssive et sans cesse menacée par la tentation de l’idôlatrie que les prophètes dénoncent avec force: «Ils disent au bois: “Tu es mon Père!” et à la pierre: “Toi, tu m’as enfanté!”» (Jr 2, 27). En réalité, pour l’expérience religieuse biblique, la perception de Dieu en tant que Père est liée, plus qu’à son action créatrice, à son intervention historico-salvifique, à travers laquelle il établit avec Israël une relation particulière d’alliance. Dieu se plaint souvent que son amour paternel n’a pas trouvé une réponse adaptée: «Yahvé parle. J’ai élevé des enfants, je les ai faits grandir, mais ils se sont révoltés contre moi» (Is 1, 2).
La paternité de Dieu apparaît à Israël plus solide que celle humaine: «Si mon Père et ma mère m’abandonnent, Yahvé m’accueillera» (Ps 27, 10). Le Psalmiste qui a éprouvé cette douloureuse expérience d’abandon, et qui a trouvé en Dieu un père plus attentif que le père terrestre, nous indique la voie qu’il a parcourue pour parvenir à ce but: «De toi mon cœur a dit: Cherche sa face. C’est ta face Yahvé, que je cherche» (Ps 27, 8). Rechercher le visage de Dieu est un chemin nécessaire, qui doit être parcouru avec un cœur sincère et un engagement constant. Seul le cœur du juste peut se réjouir en recherchant la face du Seigneur (cf. Ps 105, 3sq.) et le visage paternel de Dieu peut donc resplendir sur lui (cf. Ps 119, 135; cf. également 31, 17; 67, 2; 80, 4.8.20). En observant la loi divine, l’on jouit également pleinement de la protection du Dieu de l’Alliance. La bénédiction dont Dieu gratifie son peuple, à travers la médiation sacerdotale d’Aaron, insiste précisément sur cette révélation lumineuse du visage de Dieu: «Que Yahvé fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce! Que Yahvé te découvre sa face et t’apporte la paix!» (Nb 6, 25 sq.).
4. Depuis que Jésus est venu au monde, la recherche du visage de Dieu le Père a pris des proportions encore plus significatives. Dans son enseignement, Jésus, se fondant sur sa propre expérience de Fils, a confirmé la conception de Dieu comme père, qui est déjà définie dans l’Ancien Testament. Il l’a même constamment mise en évidence, il l’a vécue de façon intime et ineffable, et l’a proposée comme programme de vie pour celui qui veut obtenir le salut.
Jésus se présente surtout de façon absolument unique par rapport à la paternité divine, se manifestant comme «fils» et s’offrant comme l’unique voie pour parvenir au Père. A Philippe, qui lui demande: «Montre-nous le Père et cela nous suffit» (Jn 14, 8), il répond que le connaître, lui, signifie connaître le Père, car le Père, agit à travers lui (cf. Jn 14, 8-11). Donc, pour celui qui veut rencontrer le Père il est nécessaire de croire dans le Fils: à travers Lui, Dieu ne se limite pas à nous assurer une assistance paternelle attentive, mais il nous communique sa propre vie, en nous rendant «fils dans le Fils». C’est ce que souligne l’Apôtre Jean, avec une reconnaissance émue: «Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu; Et nous le sommes!» (1 Jn 3, 1).