Archive pour le 18 décembre, 2010
dimanche 19 décembre 2010 – 4e de l’Avent: Homélie
18 décembre, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,4e.dimanche.de.l/.avent,3005.html
dimanche 19 décembre 2010 – 4e de l’Avent
Homélie
Famille de saint Joseph
Achaz est pris entre deux menaces : celle, à ses portes, des royaumes du Nord, assiégeant Jérusalem pour le contraindre à abdiquer et celle, plus lointaine, des impitoyables conquérants Assyriens. Achaz paria sur la menace la plus lointaine mais la plus terrible ; malgré les exhortations d’Isaïe, il demanda la protection assyrienne. Ainsi, la réponse que fait Achaz à Isaïe revêt les traits de l’humilité — il prétend ne pas vouloir mettre Dieu à l’épreuve —, mais elle est de mauvaise foi : le roi a déjà choisi de se soumettre au monarque assyrien plutôt que compter sur la fidélité du Seigneur ; il fait mine de respecter Dieu, alors que pour s’attirer la faveur des dieux païens, il a immolé son fils sur leurs autels. En réalité, Achaz a complètement abandonné le Dieu de ses pères, mettant en péril la dynastie davidique.
Le Seigneur, pourtant, lui envoie son prophète. Le Seigneur, qui a promis à ses pères que la royauté n’échapperait pas à la maison de David, promet à Achaz la naissance d’un nouveau fils. Le Seigneur, bien qu’il ait été rejeté par la maison de Juda, lui reste fidèle. Rien ne l’empêchera d’accomplir ses desseins ; comme le rappelle l’évangile, il est « Dieu avec nous », où que nous soyons.
En outre, la prophétie souligne douloureusement le ridicule d’Achaz. Isaïe annonce en effet : « avant même que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te font trembler ». Ainsi, le roi de Juda a abandonné son Dieu et commis des abominations pour tenter d’échapper à une situation qui était éphémère et sans conséquence ! Avant que l’enfant annoncé n’ait grandi, les royaumes adverses n’existeront plus. Cette précision nous dit combien nos égarements, quels qu’ils soient, sont toujours revêtus du même ridicule. Sans parler de la manière dont nous tâchons de nous en sortir par nos propres forces, notre inquiétude même est une offense à la Providence.
Toutefois, la portée de cette lecture est plus ample. La prophétie d’Isaïe dépasse en effet le contexte immédiat de sa proclamation et concerne directement la venue du Messie. « Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète », nous explique saint Matthieu dans l’évangile, montrant ainsi qu’à cette annonce du Messie par Isaïe, fait écho l’annonce de l’ange à Joseph.
D’abord, quel contraste entre les deux descendants de David ! Le premier tue l’héritier de la promesse pour sauvegarder ses intérêts particuliers, le second renonce à se marier pour ne pas risquer de gêner le projet de Dieu qu’il voit s’esquisser dans la grossesse de la femme qu’il aime. Le premier prend la parole avec cynisme pour se moquer du Seigneur qu’il a trahi, le second ne considère même pas utile de prendre la parole et il s’engage avec confiance sur la parole de Dieu. Mais Joseph seul est appelé « fils de David » car, de ces deux, il est le seul dont le cœur ait l’humilité qui plaît à Dieu. C’est dans sa maison que se réalisera la promesse. À lui qui a renoncé à tout, Dieu donne le fils que le monde attend, le sauveur qui libèrera les hommes de leur péché.
Le songe qu’il a eu est en lui-même la marque de son renoncement et de l’obéissance de sa foi. Saint Joseph est en effet visité par Dieu au cœur de son sommeil, c’est-à-dire au cœur de sa nuit, dans la profondeur de son impuissance. Joseph a fait sa part, il a courageusement discerné l’action de Dieu et il a choisi d’agir avec justice ; dès lors, il s’abandonne au bon vouloir de Dieu, quel que soit ce que cela lui coûte.
Le message de l’ange rejoint alors Joseph au cœur de ce renoncement mais ne l’efface pas. L’ange ne dit pas à Joseph qu’il s’est trompé en abandonnant ses projets personnels de mariage et de paternité, mais il lui demande d’être l’époux que Dieu veut pour la mère de son Fils. L’époux est celui qui aime. D’ailleurs, dans la Bible, saint Joseph est le seul descendant de David à qui ce titre est donné. Joseph est l’époux parce que le lien conjugal entre Marie et Joseph est une des réalités les plus importantes de l’histoire ; il est le milieu vivant où s’insère et se cache l’origine divine de l’Enfant. Il convenait que Joseph soit l’époux de Marie pour que le Verbe se fasse chair, il fallait que Joseph soit l’époux de Marie pour Jésus ait un père. Nous ne parlons pas ici de convenance au sens où les hommes parlaient autrefois de « mariage de convenance ». Il s’agit d’un impératif divin transfigurant un amour humain. En effet, entre Marie et Joseph, il existait déjà un engagement et une alliance véritable, puisque Marie « avait été accordée en mariage à Joseph ». Ainsi, le mariage voulu par Dieu n’est pas l’aventure individuelle d’un couple particulier, il est la pierre angulaire de l’Incarnation pour le salut du monde. L’œuvre de Dieu prend corps dans l’abandon de Marie et de Joseph. Prendre Marie chez lui permet à Joseph d’accueillir le don que Dieu fait par épouse et, comme toute femme, Marie avait besoin du soutien de l’amour d’un époux pour s’engager dans une maternité.
Voilà pourquoi, en ultime préparation de l’Avent, la liturgie nous tourne vers Joseph : nous avons besoin du modèle de Joseph pour accueillir le don que Dieu nous fait à Noël. C’est en recevant Marie par la foi que Joseph est entré dans la nouvelle Alliance et dans la grâce de la filiation divine adoptive. Joseph est devenu enfant de Dieu dans le Royaume au moment où il a reçu de Dieu le lien conjugal avec Marie et la mission d’être père pour l’Enfant. « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ».
Le message de l’ange est bonne nouvelle pour Joseph, il l’est aussi pour nous. Car nous sommes nous aussi les destinataires de la promesse. En premier lieu, saint Paul nous rappelle que le Dieu de toute fidélité accomplit sa promesse en Jésus-Christ. « Cette Bonne Nouvelle concerne son Fils », nous révèle-t-il. L’enfant promis par Isaïe, le Messie annoncé par l’Écriture, est l’enfant Jésus ; le fils de Marie et de Joseph est le Christ. Cette Bonne Nouvelle doit être proclamée pour éviter aux hommes d’entrer dans la même défiance que le roi Achaz. Se préparer pleinement à Noël est entrer totalement dans la confiance en l’amour de Dieu, dans « l’obéissance de la foi » dont Joseph nous donne l’exemple parfait. Joseph est juste parce qu’il accepte en tout la volonté de Dieu. Or pour reconnaître en Marie l’œuvre de Dieu, pour entrer dans l’obéissance, Joseph a posé un acte d’humilité. Humilité qui exige un détachement total. Humilité qui exige d’être plongé dans une nuit où la seule lumière est la parole de Dieu. Humilité qui exige d’entrer dans la nuit de Noël où la seule lumière est un enfant fragile, le Verbe fait chair. Prendre Marie chez soi, c’est accueillir la lumière du monde qu’elle porte en son sein.
En second lieu, le message de l’ange à Joseph nous concerne parce que, comme Joseph, nous n’avons pas connu l’expérience de l’Esprit-Saint que Marie a faite. Ainsi, en révélant à Joseph que l’Esprit est à l’œuvre dans la maternité de Marie, l’ange fait plus que nommer l’Esprit-Saint : il révèle à Joseph la personne et le rôle de l’Esprit, en lien avec la mission maternelle de Marie. Finalement, l’expérience de Joseph est trinitaire. Il accueille le Père envoyant son ange, il découvre l’Enfant qui est l’Emmanuel, celui qui sauve, et enfin il rencontre l’Esprit Saint dans son œuvre. Son expérience de l’Esprit n’est pas immédiate, comme celle de Marie à l’Annonciation, mais il a été donné à saint Joseph de reconnaître et d’accueillir l’œuvre de l’Esprit en Marie. À notre tour, pour admettre et vivre la coopération de l’Esprit et de Marie, nous sommes invités à suivre l’exemple de saint Joseph en prenant Marie chez nous et en apprenant d’elle la vie de Nazareth. De cette manière, nous reconnaîtrons et nous accueillerons l’Esprit à l’œuvre dans la maternité de Marie. L’invitation de l’ange faite à Joseph de ne pas craindre et de prendre Marie chez lui, nous amène à passer par l’intercession de saint Joseph pour consentir pleinement à accueillir Marie en toute notre vie.
Saint Joseph, toi qui as préparé la crèche où le sauveur du monde a été déposé, nous te confions l’ultime préparation de nos cœurs à la joie de Noël. Apprends-nous l’humilité qui rend Dieu puissant dans nos vies, apprends-nous l’obéissance qui permet d’accueillir dans sa plénitude le don de Dieu, obtiens-nous de recevoir le Seigneur tel qu’il se donne, fais de nos cœurs une crèche où l’enfant-roi trouvera son repos et sa joie.
Frère Dominique
L’âne et le boeuf de la crèche
18 décembre, 2010du site:
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/17/57/33/fichiers-pdf/ane-et-boeuf-de-la-creche.pdf
L’âne et le boeuf de la crèche
Peut-on imaginer une crèche provençale sans l’âne et le boeuf ? Autant imaginer une bouillabaisse
sans rascasse !
Pourtant, ces deux paisibles animaux ne sont pas mentionnés dans les évangiles canoniques, mais seulement dans un évangile apocryphe du 6e siècle, l’Évangile du Pseudo-Matthieu : Le troisième jour après la naissance du Seigneur, Marie sortit de la grotte, entra dans une étable et déposa l’enfant dans la crèche, et le boeuf et l’âne l’adorèrent. Alors s’accomplit la parole du prophète Isaïe : « le boeuf a reconnu son maître et l’âne la crèche de son maître. » Ces animaux avaient l’enfant entre eux et l’adoraient sans cesse. Alors s’accomplit la parole du prophète Habacuc : « tu te feras connaître entre deux animaux. » Il faut noter que le Pseudo-Matthieu, comme bien des Pères de l’Église, lisait la Bible dans la Septante (la phrase citée n’existe pas dans le texte hébreu de Ha 3,2) ; la citation d’Isaïe est en Is 1,2-3. Origène (Homélie sur saint Luc) commente : Le boeuf est un animal pur, l’âne, un animal impur. « L’âne a connu la crèche de son maître » : ce n’est pas le peuple d’Israël qui a connu la crèche de son maître, mais un animal impur venant de chez les païens : « Or Israël ne m’a pas connu, dit l’Écriture (Is 1,3), et mon peuple ne m’a pas compris ». Comprenons le sens de cette crèche, efforçons-nous de découvrir le Seigneur, méritons de le connaître et d’assumer non seulement sa Nativité et sa Résurrection, mais aussi le second avènement glorieux de la majesté de celui à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen. En hébreu, boeuf se dit shor, et le verbe schour signifie célébrer, contempler ; âne se dit c hamor et le verbe chamor signifie foule…
Cette foule qui contemple (celui qui l’a sauvée ? celui qu’elle a transpercé ?) est bien
prophétique !
Pour nous, la présence de ces deux animaux autour de la crèche est signe d’une grande
espérance : les deux peuples – les païens et les croyants, les agités et les contemplatifs – sont
réunis en paix autour de la mangeoire où se trouve l’enfant Dieu.
René Guyon
Pensées de saint Pio da Pietrelcina sur Noël : «Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode…» Matthieu 2, 1
18 décembre, 2010du site:
http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=16408
«Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode…» Matthieu 2, 1
Pensées de saint Pio da Pietrelcina sur Noël
quelques pensées de padre Pio sur la Nativité
L’étoile qui indique le lieu où est né Jésus, dans la basilique de la Nativité, à Bethléem
La tendresse de Noël
«Toutes les fêtes de l’Église sont belles… la Pâque, oui, c’est la glorification… mais Noël a une tendresse, une douceur infantile qui prend mon cœur tout entier»
Des larmes de gratitude
«Comme Jésus me rend joyeux! Comme son esprit est suave! Mais je suis troublé et je ne réussis qu’à pleurer et à répéter: “Jésus, ma nourriture”»
Les vagissements de Jésus
«On n’entend que des vagissements, des pleurs du Dieu petit enfant, et avec ces pleurs et ces vagissements, il offre à la justice divine le premier rachat de notre réconciliation…»
Le plus petit parmi nous
«Que l’Enfant Jésus te remplisse de ses divins charismes, qu’il te fasse éprouver les joies des bergers et des anges et qu’il te revête tout entier du feu de cette charité pour laquelle il se fit le plus petit d’entre nous, et qu’il te fasse devenir petit enfant plein de douceur, de simplicité, d’amour»
Très doux Jésus
«Que le très doux Jésus vous apporte toutes les grâces, toutes les bénédictions, tous les sourires qu’il plaira à son infinie bonté…»
Jésus appelle… et ils accourent, poussés par sa grâce
«Jésus appelle les pauvres et simples bergers grâce aux anges pour se manifester à eux. Il appelle les savants grâce à leur science. Et tous, poussés par le flux intérieur de sa grâce, accourent vers lui pour l’adorer. Il nous appelle tous grâce aux inspirations divines et il se communique à nous par sa grâce»
Notre justification comme pécheurs
«Notre justification est un miracle extrêmement grand que les Saintes Écritures comparent à la résurrection du divin Maître. Oui, ma chère, la justification de notre impiété est telle qu’on peut bien dire que Dieu a plus montré sa puissance dans notre conversion que lorsqu’il a tiré de rien le ciel et la terre, car il y a plus d’opposition entre le pécheur et la grâce qu’entre le rien et l’être. Le rien est moins loin de Dieu que le pécheur lui-même. En outre, dans la création c’est de l’ordre naturel qu’il s’agit, alors que dans la justification de l’impie c’est de l’ordre surnaturel et divin qu’il s’agit»
Jésus est à plus forte raison pour les pécheurs
«Jésus est pour tous, mais il est à plus forte raison pour les pécheurs. C’est lui-même qui nous le dit: “Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs”. “Ce ne sont pas les sains qui ont besoin du médecin, mais les malades”. “Le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu”. “On festoiera plus au ciel pour la conversion d’un pécheur que pour la persévérance de quatre-vingt-dix-neuf justes”»
… il le fait pour te rendre plus humble
«Notre Seigneur t’aime tendrement, ma fille. Et s’Il ne te fait pas sentir la douceur de son amour, il le fait pour te rendre plus humble et plus abjecte à tes propres yeux. Ne cesse pas pour autant de recourir à sa sainte bénignité avec la plus grande confiance, en particulier au moment où nous nous le représentons quand il était petit enfant à Bethléem. En effet, ma fille, pour quelle raison prend-il cette douce et aimable condition d’enfant, sinon pour nous provoquer à l’aimer en toute confiance et à nous livrer amoureusement à lui?»
Demandons de nous revêtir d’humilité
«Demandons à ce divin Enfant de nous revêtir d’humilité, car nous ne pouvons goûter ce mystère plein de divines tendresses qu’avec cette vertu»
bonne nuit
18 décembre, 2010L’ATHÉE QUI NIE L’EXISTENCE DE DIEU JUGE UN MONDE QU’IL NE CONNAÎT PAS (par Père Cantalamessa)
18 décembre, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-26292?l=french
L’ATHÉE QUI NIE L’EXISTENCE DE DIEU JUGE UN MONDE QU’IL NE CONNAÎT PAS
Première prédication d’Avent du P. Raniero Cantalamessa
ROME, Vendredi 3 décembre 2010 (ZENIT.org) – Le scientifique athée qui nie l’existence de Dieu, juge en réalité un monde qu’il ne connaît pas. « Pour voir Dieu, il faut ouvrir un oeil différent », a expliqué le P. Raniero Cantalamessa O.F.M. Cap., ce matin, dans sa première prédication de l’Avent, en présence du pape et de la curie romaine, dans la Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican.
Le prédicateur de la Maison pontificale a expliqué que ses trois méditations de l’Avent sont une « contribution » à « la nécessité pour l’Eglise d’une ré-évangélisation, qui a conduit le Saint-Père Benoît XVI à fonder le ‘Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation’ et à proposer comme thème de la prochaine Assemblée générale ordinaire du synode des évêques (…) ‘La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne’ ».
Le P. Cantalamessa a choisi de développer trois « obstacles de fond » qui « rendent de nombreux pays d’antique tradition chrétienne ‘réfractaires’ au message évangélique » : le scientisme, la sécularisation et le rationalisme. Dans cette première prédication, il s’est penché sur le scientisme.
Pour illustrer le fait que, selon lui, le scientifique athée n’est pas apte à dire si Dieu existe ou non, le P. Cantalamessa a proposé une « fable ».
« Il existe des oiseaux nocturnes, comme le hibou et la chouette, dont l’oeil est fait pour voir de nuit dans l’obscurité, pas de jour, a-t-il raconté. La lumière du soleil les aveuglerait. Ces oiseaux savent tout et se déplacent à l’aise dans le monde nocturne, mais ne savent rien du monde diurne ».
« Supposons qu’un aigle se lie d’amitié avec une famille de chouettes et leur parle du soleil : comment il éclaire tout, comment sans lui tout plongerait dans l’obscurité et le gel, comment leur monde nocturne même n’existerait pas sans le soleil, a-t-il poursuivi. La chouette ne pourrait que répondre : ‘Tu racontes des histoires ! Jamais vu votre soleil. Nous nous déplaçons très bien et nous nous procurons de la nourriture sans lui ; votre soleil est une hypothèse inutile et donc n’existe pas’ ».
« C’est exactement ce que fait le scientifique athée quand il affirme : ‘Dieu n’existe pas’. Il juge un monde qu’il ne connait pas, applique ses lois à un objet qui se trouve hors de sa portée. Pour voir Dieu, il faut ouvrir un oeil différent, il faut se risquer hors de la nuit », a souligné le prédicateur capucin.
Le P. Cantalamessa a expliqué qu’il y a un aspect du scientisme qui exerce une « incidence directe et décisive » sur l’évangélisation. C’est « la place de l’homme dans la vision du scientisme athée » selon laquelle l’homme est totalement marginal et insignifiant dans l’univers. La vision chrétienne affirme en revanche que l’homme a été créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu ».
Le prédicateur a souligné que « la marginalisation de l’homme entraîne automatiquement la marginalisation du Christ du cosmos et de l’histoire ».
« Noël est l’antithèse la plus radicale de la vision scientiste », a-t-il ajouté, car « à Noël nous entendrons proclamer solennellement » que « par lui tout a été fait ».
Dans la vision chrétienne, la dignité et la vocation de l’homme ont été traduites par ce que la théologie grecque a défini comme « la divinisation de l’homme » par le Christ, et la théologie latine comme le rachat de l’humanité.
« Serons-nous capables, nous qui aspirons à ré-évangéliser le monde, de dilater notre foi jusqu’à ces dimensions vertigineuses ? Croyons-nous vraiment, de tout notre coeur, que ‘tout a été fait par le Christ et pour le Christ’ ? » s’est interrogé le P. Cantalamessa.
Gisèle Plantec
Quelle importance a l’Ancien Testament pour la foi chrétienne?
18 décembre, 2010du site:
http://www.interbible.org/interBible/source/lampe/2009/lampe_091113.html
Quelle importance a l’Ancien Testament pour la foi chrétienne?
Pourquoi est-ce que les chrétiens doivent lire l’Ancien Testament? Quelle importance a l’Ancien Testament pour la foi chrétienne? (Tristan, Fribourg)
L’Ancien Testament est beaucoup plus important pour la foi chrétienne que ne le pensent les chrétiens en général. Ceux qui ne partagent pas cette opinion pourraient dire que la prédication de Jésus et surtout sa mort/résurrection ont amené beaucoup de changements par rapport à la foi juive. Et, que les premiers chrétiens ont décidé de ne plus suivre plusieurs prescriptions de l’Ancien Testament (les rituels, la nourriture permise, la circoncision, les fêtes religieuses, etc.).
Pourtant, sans l’Ancien Testament on ne peut comprendre Jésus. Par exemple, savez-vous pourquoi on appelle Jésus « le Christ »? Christ n’est évidemment pas son nom de famille. Christ est un mot grec traduisant le mot hébreu mashiah (messie) qui signifie celui qui a été oint, qui a reçu l’onction de Dieu. Pour savoir ce qu’on veut dire lorsqu’on affirme que Jésus est le Christ/messie, il faut aller voir comment s’est développée l’attente messianique dans l’Ancien Testament.
Les messies d’Israël sont d’abord les rois de la lignée de David qui ont été oints pour guider et protéger le peuple de Dieu. Pour Dieu, cette mission est si grande qu’il dit au roi qui est son fils : « Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 S 7, 14). Seul le roi portera ce titre de « fils de Dieu » dans l’Ancien Testament (un autre titre attribué à Jésus). Après l’Exil, lorsqu’il n’y a plus de roi, apparaît l’espérance messianique : un jour, un nouveau messie prendra la tête du peuple de Dieu. Toute la tradition chrétienne a reconnu, en Jésus, le plein accomplissement de l’espérance messianique d’Israël. Les premiers chrétiens n’ont pas hésité à voir Jésus comme le parfait fils de David, tel que l’avaient annoncé les prophètes.
De même, comment est-ce que les chrétiens peuvent croire à la résurrection de Jésus s’ils ne savent pas comment est apparue l’idée de la résurrection dans l’Ancien Testament?
La résurrection est une croyance relativement récente dont on retrouve les premières traces dans le livre de Daniel et dans les livres des Maccabées. Avant, on pensait qu’il n’y avait pas de vie après la mort. Au IIe siècle avant notre ère, les juifs étaient sous la domination des Séleucides (Grecs) et ils étaient persécutés par le roi Antiochus IV Épiphane. Afin de les assimiler, on brûla leurs livres saints, on interdit leurs pratiques alimentaires et religieuses, et on installa un autel à Zeus dans la partie la plus sainte du Temple. Plusieurs juifs se révoltèrent et finirent par être tués à cause de leur foi.
De cette persécution surgit une grave question théologique : si une personne se fait tuer à cause de sa fidélité à Dieu et qu’il n’y a rien après la mort, en quoi Dieu a-t-il été fidèle envers elle? Une solution apparaît tranquillement avec le livre de Daniel qui affirme, en pensant aux martyrs : « Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle » (Dn 12, 2). Les persécutions subies par les Juifs au IIe siècle sont aussi racontées dans le livre des Maccabées, qui propose l’idée de résurrection. Dans le récit (2 M 7), sept frères sont arrêtés avec leur mère. On leur ordonne de manger du porc (proscrit par la loi juive). Ils refusent et se font donc torturer et tuer. Avant de mourir, ils affirment au roi : « Scélérat que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le roi du monde, parce que nous serons morts pour ses lois, nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 Ma 7, 9).
Après la mort de Jésus, les disciples vécurent une expérience incroyable : Jésus était revenu à la vie. Comment comprendre cela? Comment l’expliquer aux autres? Le premier réflexe des disciples fut de comprendre l’événement par le concept de la résurrection évoqué dans les livres de Daniel et des Maccabées.
Sans l’Ancien Testament, il nous manquerait un pan de l’histoire de la relation entre Dieu et son peuple. C’est dans l’Ancien Testament qu’on voit Dieu comme le créateur du monde, comme le libérateur du peuple en esclavage, comme le partenaire d’une alliance avec les hommes.
Enfin, la lecture de l’Ancien Testament s’impose simplement parce qu’elle est intéressante et surprenante. L’Ancien Testament, c’est « le fun »… Il y a des personnages très humains (même Abraham, David et Moïse commettent des péchés graves), il y a de la violence, mais aussi des pardons, des grands exploits, des miracles, des contes mythiques, de la sagesse, des prières et même des poèmes érotiques! Au fond, il y en a pour tous les goûts.