Archive pour le 16 décembre, 2010
Saint Augustin – Sermon 185: Pour le jour de Noël
16 décembre, 2010du site:
http://www.abbaye-champagne.com/themes/textes/augustin/patrologie/38/liturgique.htm
SAINT AUGUSTIN
Sermons sur les temps liturgiques
SERMON CLXXXIV. POUR LE JOUR DE NOEL. I. ABAISSEMENT ET ÉLÉVATION.
151
ANALYSE. — Si le Fils de Dieu en se faisant homme avait cessé d’être Dieu , on comprendrait la répugnance des sages du monde à croire ce mystère et l’inutilité pour nous de l’Incarnation. Mais en devenant ce que nous sommes, Jésus n’a rien perdu de ce qu’il était, et en s’abaissant jusqu’à nous, il veut nous élever jusqu’à lui. Que tous donc se réjouissent et contemplent avec ravissement les merveilles de cette naissance temporelle, où brille quelque éclat de la génération éternelle.
1. C’est aujourd’hui que revient et que brille parmi nous la solennité anniversaire de la naissance de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ; aujourd’hui que la Vérité s’est élevée de terre et que le jour issu du jour a paru pour être notre jour : réjouissons-nous donc et tressaillons d’allégresse. Eh ! que ne devons-nous point aux abaissements de cette incomparable Majesté? La foi des chrétiens le connaît et le cœur des impies n’y comprend rien. C’est que Dieu a caché ces merveilles aux sages et aux prudents et les a dévoilées aux petits (1). Que les humbles donc s’attachent à ces abaissements d’un Dieu, et appuyée sur ce puissant secours, leur faiblesse pourra s’élever jusqu’à sa hauteur. Pour ces sages et ces prudents qui ne cherchent en Dieu que grandeurs sans croire à ses abaissements, en ne voulant pas de ceux-ci ils n’atteindront pas à celles-là : esprits vains et légers, qui n’ont pour eux que l’enflure et l’orgueil, ils sont comme suspendus entre le ciel et la terre, toujours agités par le souffle des vents. Sans doute ils sont sages et prudents, mais pour ce monde et non. pour Celui qui a fait le monde. Ah ! s’ils avaient cette vraie sagesse, cette sagesse de Dieu qui n’est autre que Dieu même, ils comprendraient que Dieu a pu prendre un corps sans devenir corps ; ils comprendraient qu’il est devenu ce qu’il n’était pas, sans cesser d’être ce qu’il était ; qu’il est venu à nous comme homme, sans s’éloigner de son Père; qu’en demeurant ce qu’il était, il s’est montré ce que nous sommes; et qu’en incarnant sa puissance dans le corps d’un enfant, il ne l’a pas moins appliquée au gouvernement du monde. Lui qui a créé l’univers en demeurant dans le sein de son Père, a donné à une Vierge d’enfanter, pour venir à nous. N’y a-t-il pas un reflet de sa toute-puissance dans cette Vierge qui devient mère et qui reste Vierge après l’avoir mis au monde comme avant de le concevoir; qu’un homme trouve enceinte, sans qu’aucun ‘homme y ait contribué ; qui porte un homme dans son sein, sans le concours d’aucun homme, et qui sans rien perdre de son intégrité emprunte à sa fécondité un nouveau bonheur et une gloire nouvelle? Plutôt que d’ajouter foi à d’aussi étonnantes merveilles, (152) ces orgueilleux aiment mieux croire qu’elles sont de notre part de simples fictions. Aussi, ne pouvant se résoudre à voir l’humanité dans un Dieu fait homme, ils dédaignent le Christ ; et parce qu’ils sentent la divinité au-dessus de leurs mépris, ils ne croient pas en lui. Mais, plus ils dédaignent les abaissements d’un Dieu fait homme, plus nous devons les aimer; et plus il leur semble impossible qu’une Vierge ait donné le jour à un homme, plus nous y devons voir l’empreinte de la puissance divine.
2. Célébrons .donc cette naissance du Seigneur avec tout l’empressement et la solennité qui conviennent. Hommes et femmes, tressaillez de joie, car le Christ s’est fait homme en naissant d’une femme et en honorant ainsi les deux sexes. Que tous les hommes s’attachent au second homme, puisque tous ont été condamnés avec le premier. Une femme nous avait inoculé la mort ; une femme a pour nous enfanté la vie. Pour purifier la chair de péché, elle a donné naissance à une chair semblable seulement à la chair de péché (1). Ne condamnez donc pas la chair, détruisez seulement le péché pour faire vivre la nature. Pour rendre en lui une vie nouvelle au pécheur, un homme ne vient-il pas de naître sans péché?
Réjouissez-vous, saints jeunes hommes, qui vous êtes attachés, avec un soin particulier, à marcher sur les traces du Christ et qui avez renoncé aux unions charnelles. Ce n’est point par le moyen d’une union charnelle que le Christ s’est présenté à vous; ainsi voulait-il vous servir de modèle et vous faire la grâce de dédaigner l’union qui vous a fait naître. En effet n’êtes-vous pas redevables de votre naissance à cette union charnelle en dehors de laquelle le Christ vient vous convier à une union toute spirituelle ? et tout en vous appelant à des noces ne vous a-t-il pas accordé de mépriser d’autres noces? Ainsi vous ne voulez point pour vous de ce qu’il vous a donné l’existence ; c’est que vous aimez, plus que beaucoup d’autres, Celui qui n’est pas né comme vous.
Réjouissez-vous, vierges saintes: une Vierge a enfanté pour vous l’Epoux auquel vous pourrez vous attacher sans contracter aucune souillure; et en ne concevant ni en enfantant vous ne pourrez perdre le trésor que vous chérissez. Réjouissez-vous, justes : voici la naissance de Celui qui fait les justes. Réjouissez-vous, infirmes et malades: voici la naissance du Sauveur. Réjouissez-vous, captifs; voici la naissance du Rédempteur. Réjouissez-vous, serviteurs : voici la naissance de votre Seigneur. Réjouissez-vous , hommes libres: voici naître Celui qui donne la liberté, Réjouissez-vous, chrétiens : voici la naissance du Christ.
3. En naissant de sa Mère il fait de ce jour un jour mémorable pour tous les siècles, comme il a créé tous les siècles en naissant de son Père. Il ne pouvait avoir de mère dans sa génération éternelle; et il n’a point voulu d’homme pour père dans sa génération temporelle. Ainsi le Christ est né à la fois et d’un père et d’une mère, et sans père et sans mère : d’un père, comme Dieu, et d’une mère, comme homme; sans mère, comme Dieu, et sans père, comme homme. « Qui expliquera sa génération (1) » ; soit la première qui est en dehors d u temps, soit la seconde qui est en dehors de l’homme; soit la première qui est sans commencement, soit la seconde qui est sans précédent; soit la première qui n’a jamais été sans être, soit la seconde qui ne s’est jamais reproduite, ni avant ni après; soit la première qui n’a point de fin, soit la seconde qui a aujourd’hui son commencement, mais quand aura-t-elle une fin ? Il était donc juste que les prophètes annonçassent sa naissance future, que les cieux et les anges publiassent sa naissance accomplie. Il reposait dans une étable, et il gouvernait le monde; enfant sans parole, il était la Parole même; les cieux ne sauraient le contenir, et une femme le portait sur son sein; oui, elle dirigeait notre Roi, elle portait Celui qui nous porte, elle allaitait Celui qui nous nourrit de lui-même. Quelle incontestable faiblesse ! quel abaissement prodigieux ! et pourtant la divinité tout entière y est enfermée. L’enfant dépendait de sa mère, et sa puissance la conduisait; il prenait son sein, et il la nourrissait de la vérité.
Ah ! qu’il mette en nous le comble à ses dons, puisqu’il n’a pas dédaigné de partager nos commencements; qu’il nous rende fils de Dieu, puisqu’il a voulu, pour notre amour; devenir fils de l’homme.
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1. Matt. XI, 25.
1. Rom. VIII, 3.
1. Isaïe, LIII, 8.
«Noël à cœur d’année…»
16 décembre, 2010du site:
http://www.spiritualite2000.com/page-1515.php
«Noël à cœur d’année…»
24 décembre 2006
Denis Gagnon
Dans le village voisin de celui de mon enfance vit une artiste. Elle fait des chansons comme d’autres pétrissent du pain. Ses refrains dégagent des odeurs qui vous réveillent les plus belles nostalgies. Elle vient de commettre un nouveau disque où elle se demande : «Qui suis-je…».
Parmi les toutes premières perles de Monique Miville-Deschênes, il en est une qui revient me hanter à chaque fin de décembre depuis au moins quarante ans : «Noël à cœur d’année, que ne viens-tu paraître!» Je n’en ai retenu que cette phrase. Elle me harcèle depuis la première guirlande pendue au plafond jusqu’au sapin sur le banc de neige à la fin des festivités.
Enfant, cela voulait dire pour moi : je voudrais que la féerie des fêtes demeure jour après jour. Les cloches et les boules dans le sapin vert, les petites lumières – même si elles brûlaient plus souvent qu’elles ne brillaient! – , le parfum du conifère, les boucles de ruban, les papiers d’emballage de cadeaux, l’étoile en haut de l’arbre.
Adulte, il me reste encore quelque chose de ce décor merveilleux, mais mes rêves «noëlliques» ont mûri avec moi. Ils s’ajustent à mes autres rêves. Cette année, je voudrais Noël au mois de juillet pour autre chose que le «Noël du campeur». Je souhaite Noël en février, en mai, en août, en septembre comme quelque chose de profondément humain. Mon «Noël à cœur d’année» serait avant tout un regard, des yeux qui voient au delà des apparences. Je désire des yeux qui rejoignent le meilleur de chaque être humain. Des yeux qui rencontrent d’autres yeux, sans avoir peur.
Il doit y avoir du bon dans les gros méchants terroristes… du bon à réveiller… un soupçon de tendresse… Il doit y avoir du bon dans le milliardaire près de ses sous, exploiteur du petit ouvrier… capable parfois de se laisser attendrir… Et dans ceux qui se replient sur leurs désirs égoïstes. Et dans tous ceux qui me tapent sur les nerfs… Et tous ceux que je voudrais ignorer ou faire disparaître de mon champ de vision… Je voudrais aimer l’ennemi, et pas seulement dans mes prières.
Je suis déraisonnable comme cela! Peut-être rêvez-vous à des Noël semblables? Peut-être vous laissez-vous envahir par l’utopie d’une fraternité universelle, vous aussi? La paix sur la terre aux gens de bonne volonté et aussi à ceux de mauvaise volonté?
Ne faut-il pas reprendre le chemin vers Bethléem? Ne faut-il pas retrouver l’enfant qui a porté la plus folle utopie dans l’histoire de l’humanité? Loin d’être une attrape-nigaud, loin d’être une fumisterie, le message de Bethléem a suscité les plus beaux gestes en proposant la compassion et l’amour pour gouverner la terre. Au delà des clichés usés, même en ayant perdu toute illusion, nous n’avons pas d’autre avenir que l’amour…
Nous ne pouvons pas échapper à cet «accommodement dé-raisonnable»!
bonne nuit
16 décembre, 2010Le jeudi de la 3e semaine de l’Avent : Lc 7,24-30 (Bienheureux Charles de Foucauld)
16 décembre, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20101216
Le jeudi de la 3e semaine de l’Avent : Lc 7,24-30
lien à la messe di jour:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=readings&localdate=20101216
Commentaire du jour
Bienheureux Charles de Foucauld (1858-1916), ermite et missionnaire au Sahara
Lettre au Père Jérôme du 19 mai 1898
« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »
Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu et qu’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul. Les Hébreux ont passé par le désert, Moïse y a vécu avant de recevoir sa mission, saint Paul, saint Jean Chrysostome se sont aussi préparés au désert… C’est un temps de grâce, c’est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer. Il lui faut ce silence, ce recueillement, cet oubli de tout le créé, au milieu desquels Dieu établit son règne et forme en elle l’esprit intérieur : la vie intime avec Dieu, la conversation de l’âme avec Dieu dans la foi, l’espérance et la charité. Plus tard l’âme produira des fruits exactement dans la mesure où l’homme intérieur se sera formé en elle (Ep 3,16)…
On ne donne que ce qu’on a et c’est dans la solitude, dans cette vie seul avec Dieu seul, dans ce recueillement profond de l’âme qui oublie tout pour vivre seule en union avec Dieu, que Dieu se donne tout entier à celui qui se donne ainsi tout entier à lui. Donnez-vous tout entier à lui seul… et il se donnera tout entier à vous… Regardez saint Paul, saint Benoît, saint Patrice, saint Grégoire le Grand, tant d’autres, quel long temps de recueillement et de silence ! Montez plus haut : regardez saint Jean Baptiste, regardez Notre Seigneur. Notre Seigneur n’en avait pas besoin, mais il a voulu nous donner l’exemple.