Archive pour novembre, 2010

« Réjouis-toi »

19 novembre, 2010

du site:

http://www.gesuiti.it/moscati/Francais2/Fr_Galot_Maria.html

Jean Galot s.j. – [Traduction par Françoise Matera]

« Réjouis-toi »

Chaque fois que nous récitons la prière l’ »Ave Marie », nous voulons entrer avec Marie dans l’immense mystère de l’œuvre divine du salut. Nous reprenons les paroles prononcées par l’ange au moment de l’Annonciation parce que seul l’ange qui fait entrer Marie dans ce mystère, peut nous introduire dans le même mystère. Nous voulons recevoir toute la lumière qui a été accordée à celle qui a été choisie pour devenir la mère du Christ et chacun d’entre nous coopérer à la transformation du destin de l’humanité. Nous avons besoin de nous ouvrir à cette lumière pour que notre propre destin puisse être étroitement associé à celui de Marie.
« Ave Marie » peut être une expression que l’on répète mécaniquement avec trop de facilité. Pour pallier à ce défaut, nous devons continuellement redécouvrir la signification des paroles prononcées par l’ange selon le récit évangélique de Luc: « Réjouis-toi, pleine de grâce ». l’ange n’a pas dit littéralement : « Ave, Marie », comme s’il s’agissait d’une simple salutation, mais il a invité Marie à se réjouir et il l’a appelée « comblée de grâce « . Il s’agit donc d’une invitation à la joie reliée à la révélation d’un état exceptionnel de grâce.
Il est vrai que la forme verbale « Kaire », utilisée dans le langage de l’évangéliste, pouvait signifier, dans les relations sociales des peuples de langue grecque, « salut » ou « bonjour », mais elle conservait toujours sa valeur fondamentale d’une invitation à la joie . c’est pour cette raison que le mot fut traduit en latin par une formule de salutation: « Ave ».
Cette traduction ne semble pas correspondre aux circonstances dans lesquelles l’ange a prononcé ces paroles : au moment le plus important de l’humanité, comment peut-on imaginer que l’ange, pleinement conscient de la valeur suprême de sa mission, ait dit simplement à Marie : « Bonjour », comme si ce jour-là était semblable aux autres ? Un salut banal ne pouvait pas convenir en cette heure décisive.
Au début du dialogue qui devait ouvrir la voie à la venue au monde du Sauveur, l’ange a donné sa vraie signification à l’invitation: « Réjouis-toi ». Jamais un « réjouis-toi » n’aurait pu avoir un sens si fort. Marie était invitée à se réjouir parce qu’elle avait été choisie pour contribuer à l’événement tant attendu de la la naissance d’un Sauveur qui devait changer la face de l’univers.
Contrairement aux Père latins qui interprétaient la parole de l’ange comme une salutation, les Pères grecs, plus aptes à distinguer les nuances de leur langue, ont reconnu en « Kaire » une invitation à la joie, joie qui aurait pris une importance essentielle dans l’accueil réservé du message divin. Le « Réjouis-toi » mettait l’accent sur la requête essentielle de Dieu de coopérer à son œuvre de salut. L’ange a donc invité Marie à entrer dans le mystère divin avec une vraie joie personnelle.

L’invitation à la joie adressée à la fille de Sion

L’invitation formulée par l’ange au moment de l’Annonciation avait été précédée de plusieurs invitations à la joie messianique, formulées dans des textes prophétiques de l’antique alliance. Les invitations étaient adressées en particulier à la « fille de Sion », c’est-à-dire au peuple juif. Un oracle prophétique qui exprime cette invitation est particulièrement connu parce qu’il est cité dans les évangiles (Mathieu 21,5 ; Jean 12,15) pour prouver sa réalisation dans l’entrée de Jésus à Jérusalem, entrée accompagnée des cris d’enthousiasme de la foule.
Dans le livre de Zacharie, le peuple était invité à une grande joie pour la venue du roi messianique , venue qui comportait un aspect d’humilité, conforme aux intentions d’un roi pacifique: « Exulte avec force, fille de Sion, crie de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi . Il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne et sur un poulain, le petit d’une ânesse. Il fera disparaître les chars d’Ephraïm et les chevaux de Jérusalem, l’arc de guerre sera cassé, il annoncera la paix aux peuples, il dominera d’une mer à l’autre et depuis le fleuve aux confins de la terre » (9,9-10). Ce roi doit être accueilli avec joie, non seulement parce qu’il est victorieux mais surtout parce qu’il crée un règne universel de paix.
D’autres prophètes relient l’invitation à la joie à la présence du Dieu Sauveur au milieu de son peuple . Pour Sophonie, cette invitation est aussi très forte : « Exulte, fille de Sion ; pousse des cris, Israël ! Réjouis-toi , fille de Jérusalem ! le Seigneur a révoqué ta condamnation, il a écarté ton ennemi. Le roi d’Israël, le Seigneur, est au milieu de toi , tu ne verras plus le mal. le Seigneur, ton Dieu, au milieu de toi, est un Sauveur puissa ». Non seulement la présence du Seigneur tout puissant est la garantie du bonheur, mais dans le Seigneur lui-même on trouve la joie qu’il veut nous communiquer : le Seigneur ton Dieu »exultera de joie pour toi, il te changera par son amour, il se réjouira pour toi avec des cris de joie, comme pendant les jours de fête » (3,14-18).
Pour Joël, les merveilles accomplies par le Seigneur sont des motifs d’invitation à la joie: « Ne crains pas, terre, mais réjouis-toi et jouis, par ce que le Seigneur a fait de grandes choses » (2,21). Dieu promet une grande abondance de biens: « Vous mangerez en abondance, à satiété et vous louerez le nom du Seigneur votre Dieu qui a accompli des merveilles pour vous. Vous saurez que je suis au milieu d’Israël et que le Seigneur est votre Dieu » (2,26-27). L’exhortation à la joie provient donc des merveilles accomplies, des merveilles promises et de la présence divine que ces merveilles mettent en évidence.
Un autre motif de l’appel à la joie est décrit dans le livre d’Isaïe: une fécondité venue d’en-Haut, qui surmonte toute stérilité: « Exulte, ô stérile qui n’a jamais enfanté, éclate en chants de triomphe et pousse des cris de joie, toi qui n’a pas senti les douleurs, car les fils de la délaissée sont plus nombreux que ceux de la femme mariée, dit le Seigneur » (54,1). Le peuple est invité à se réjouir de la fécondité annoncée grâce à la reprise des des relations d’amour entre Dieu et son peuple : « Pendant un petit moment je t’ai abandonnée, mais je te retrouverai avec un immense amour » (54,7).
L’invitation à se réjouir, adressée par l’ange à la Vierge de Nazareth, doit être comprise dans la perspective des invitations que le Dieu de l’antique alliance avait adressé à son peuple. Les divers motifs énoncés dans les oracles des prophètes trouvent leur pleine réalisation dans le dialogue de Marie avec l’ange : Marie est invitée à la joie pour la venue du roi messianique, pour la présence du Dieu Sauveur au milieu du peuple, pour les merveilles accomplies et les promesses de Dieu en faveur de tous, pour la fécondité exceptionnelle qui lui est proposée au moment de l’Annonciation.
Marie était alors exhortée à réunir dans un élan de joie tout ce qui avait été annoncé comme source de joie dans la religion hébraïque. En fait, elle était invitée non seulement à reprendre tous les motifs du passé mais en plus elle recevait une révélation qui dépassait grandement tout ce qui avait été annoncé auparavant. L’élan de joie qui avait commencé à se manifester au temps de l’antique alliance pour la venue du règne messianique devait alors se développer pleinement dans la femme choisie comme mère du Sauveur.

Invitation de portée universelle

Considérant que l’invitation à la joie avait d’abord été adressé à la fille de Sion, le mot « réjouis-toi » apparaît plus clairement dans sa portée universelle. Il est adressé personnellement à Marie mais Marie prend la place de la fille de Sion et représente donc le peuple juif au cours du dialogue avec l’ange. Cette valeur de représentation prend ainsi toute sa signification dans l’Annonciation qui met au jour un projet d’alliance. Dans l’histoire du peuple hébraïque, les récits d’alliance sont nombreux, alliance établie entre Dieu et un homme qui représente le peuple. La plus connue est celle que le Seigneur conclut avec Moïse et qui est racontée au chapitre 24 de l’Exode. Par cette alliance, une union inséparable avec Dieu avait été promise à Moïse: « Je serai avec toi » (Exode 3,12). L’assurance donnée à Marie avec ces mots: « Le Seigneur est avec toi » (Luc 1,28) révèle l’intention divine de conclure une alliance.
L’intention est surprenante. Toutes les alliances précédentes avaient été conclues entre Dieu et un homme spécialement choisi. Cette fois, il s’agit d’une d’une alliance délibérément voulue entre Dieu et une femme. Dans le passé, seuls les hommes semblaient destinés à représenter le peuple devant Dieu. L’Annonciation ouvre une nouvelle perspective: pour la première fois, une femme représente le peuple pour la conclusion de l’alliance. C’est la représentation demandée par le plan divin pour l’alliance définitive.
Auparavant, dans l’histoire des peuples, l’homme était jugé privilégié par rapport à la femme, mais dans le message de l’ange, Dieu choisit une femme pour la seule vraie alliance. Les alliances précédentes étaient uniquement des figures ou des préfigurations de la vraie alliance qui devait être réalisée dans le Christ. Pour créer cette vraie alliance qui impliquait la rémission des péchés et le don du salut, Dieu demandait le consentement d’une femme. Il avait envoyé un ange pour faire cette demande et il attendait une réponse libre, qui aurait engagé Marie dans une coopération totalement consacrée à l’accomplissement du dessein divin.
Sans son consentement et sa coopération, le grand projet du salut de l’humanité n’aurait pu devenir réalité. Au moment de l’Annonciation, le destin de l’univers était suspendu à la réponse d’une femme , parce que Dieu n’aurait pas voulu sauver l’humanité sans l’adhésion d’une personne qui la représentait parfaitement à ses yeux. Le « oui » de Marie était absolument nécessaire à la conclusion de l’alliance, en vertu d’une Volonté souveraine du Père.
La bible nous rapporte d’autres cas de naissances extraordinaires générées par la toute puissance divine , plus particulièrement comme une merveille opérée pour une femme stérile , mais dans ces cas, l’annonce de la naissance n’a pas besoin de consentement ; la femme se réjouit tout simplement pour la faveur obtenue grâce à la bienveillance divine. Dans le cas de l’Annonciation, l’ange ne s’en va pas avant d’avoir obtenu des lèvres de Marie le consentement requis. Le but de la visite de l’ange était celui de susciter et de recueillir son consentement.
Nous avons noté que dans la perspective traditionnelle de la religion judaïque, Marie représentait la fille de Sion et donc le peuple élu, invité à se réjouir pour la venue du roi messianique. Le message de l’ange dépassait cette perspective, parce que l’horizon du salut n’est plus limité à un seul peuple. Ce message qui annonce la venue de Jésus Sauveur, va au-delà des frontières de Sion et est adressé à Marie en tant que représentante de tous ceux qui sont appelés à bénéficier de l’œuvre salvifique du Christ. Marie , en effet, est la représentante de toute l’humanité destinée à s’ouvrir au dessein de salut.

Le devoir de se réjouir

Appelée à donner son consentement au projet divin exposé par l’ange, Marie joue un rôle essentiel dans l’accomplissement de l’Incarnation rédemptrice. A partir du moment où la Vierge de Nazareth a prononcé ces mots: « Que tout se passe pour moi comme tu l’ as dit  » (Luc 1,38), le Fils de Dieu s’est fait homme. La coopération de la femme a eu donc une influence décisive sur le plus grand événement de l’histoire de l’humanité. 
Dans la manière d’exprimer ce consentement, nous pouvons noter une nuance qui aide à comprendre les sentiments de Marie. La forme verbale traduite : « que tout se passe pour moi », sert à exprimer des désirs personnels. Son sens est que Marie ne rend pas seulement son propre désir conforme à la volonté divine mais développe en elle-même des désirs qui suivent la même orientation. Au plus profond de son cœur, elle vit en harmonie avec la volonté du Père.
Cette préoccupation d’harmonie intime avec le dessein divin illustre le visage féminin de l’alliance. Conclue avec les hommes, l’alliance avait été conçue et utilisée comme un pacte d’action, en mettant l’accent sur la force dans la lutte. L’alliance de Dieu avec la femme tend à faire prévaloir les valeurs affectives et à réaliser une union dans l’amour. Si l’alliance de type masculin concentre les efforts sur la préparation à la guerre et veut surtout assurer le triomphe des armes, l’alliance avec la femme tente plutôt d’établir et d’organiser un régime de paix, un régime qui favorise les relations cordiales et la bonne entente.
Si nous constatons l’orientation affective de l’alliance féminine, nous pouvons mieux comprendre l’intention de Dieu qui a invité une femme à la joie par le message de l’Annonciation. Les sentiments de la femme destinée à vivre pleinement l’alliance devaient favoriser le développement de la joie du salut. Pour ce motif, la première forme de coopération, de la part de la femme choisie pour la conclusion de l’alliance perpétuelle et définitive, doit être une réaction du cœur pour entrer et faire entrer dans l’immensité du bonheur promis.
Bien évidemment, « Réjouis-toi » n’est pas une exhortation d’ordre secondaire. C’est le le premier mot que l’ange a adressé à Marie, le premier mot que le Père fait résonner à ses oreilles, au moment capital de l’annonce de salut qu’il désire communiquer à l’humanité. L’invitation à la joie est donc de première importance.
Le but de toute l’œuvre de salut est dévoilé dans cette invitation. Tout ce qu’a voulu le Père, tout ce qui l’a poussé à envoyer son Fils sur terre était orienté vers notre joie, notre bonheur. Comme il voulait que Marie coopère pleinement à son œuvre , il désirait qu’elle soit associée à cette intention souveraine et que la première réaction de l’âme de la coopératrice soit celle de partager le premier pas de l’amour divin du Père envers les hommes. Marie devait être la première qui aurait fait l’expérience de la joie préparée par le Père pour ses fils.
En entrant dans cette joie, Marie a été aussi la première à la répandre. . L’invitation lui était personnellement adressé , à la personne qui représentait la fille de Sion et portait en soi le destin pas seulement du peuple élu mais de l’humanité qui bénéficiait de l’amour divin salvifique. Elle avait donc la mission decommuniquer aux autres son propre bonheur, une mission qui était aussi celle du rôle maternel qui lui était attribué dans le dessein du salut. Une mère désirait partager ses joies avec ses enfants.
L’invitation à se réjouir révélait le lien entre la joie authentique et la grâce. Le lien apparaissait dans l’association entre les deux mots « réjouis-toi » et « comblée de grâce ». dans la langue grecque, les deux mots sont étroitement unis par la ressemblance de la prononciation (kaire kekaritomène). Mais ils sont surtout unis par le fait que la source de la joie de Marie est l’abondance de la grâce. La coïncidence de la grâce n’est pas le fait du hasard : celle qui reçoit de l’ange le devoir de se réjouir et de faire participer la communauté humaine à la joie est celle qui a reçu le don d’une grâce exceptionnelle. Son exemple aide à comprendre comment la perfection de grâce s’exprime dans une perfection de joieet comment l’exaltation de joie manifeste la transformation intérieure que produit l’action secrète de la grâce en dilatant les profondeurs de l’âme.
Le premier rôle que Marie a reçu du Ciel a été celui de se réjouir ; c’est le signe de l’importance de la joie aux yeux de Dieu.
Cette importance a été mise en lumière dès le premier instant de l’annonce de la bonne nouvelle. Elle sera confirmée par la suite dans tout l’enseignement de Jésus, non seulement dans la doctrine des Béatitudes mais en de nombreuses circonstances, plus particulièrement dans les paroles prononcées au moment douloureux de la Passion. Le récit de l’Annonciation a le grand mérite de nous rappeler le premier appel à la nouvelle joie, destinée à guider toute notre vie.

Peter and Paul

18 novembre, 2010

Peter and Paul dans images sacrée Icon.PeterAndPaul
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Les meilleurs amis de Paul, les femmes

18 novembre, 2010

du site:

http://paulissimo.dominicains.com/spip.php?article214&lang=fr

Les meilleurs amis de Paul, les femmes

Mon souci dans cette conférence est de prendre le contre-pied des remarques encore trop souvent faites à propos de saint Paul et de marquer sa proximité avec le monde féminin, et l’équilibre de ses positions, surtout dans le contexte de son temps. J’ai donc choisi de faire un peu choc : lorsqu’on commence en disant « les meilleurs amis de Paul », on peut attendre que suivent quelques noms du genre « Timothée et Tite », des masculins, et sans doute pas « les femmes » : mais après tout, en rassemblant les uns et les autres dans un même titre, n’était-ce pas déjà une manière de contribuer à l’équilibre, celui-là même que Paul a vécu en son temps ?
 
Pour vous présenter le sujet choisi, je serai obligé, pour des contraintes de temps et de genre littéraire, de me limiter et de n’aborder que quelques textes parmi ceux qui auraient pu ou dû l’être, en particulier au niveau des Pastorales. J’ai choisi de commencer par elles parce que je considère pour ma part qu’elles sont peut-être les premières lettres de Paul, et qu’elles présentent une vision très traditionnelle de la femme, celle qu’a dû connaître l’apôtre autour de lui : en d’autres termes, elles sont pour moi un bon point de départ.

I. La situation des femmes dans les « Pastorales »

A – La place des Pastorales dans le corpus paulinien
Vous le savez, le corpus paulinien le plus traditionnel contient entre autres trois lettres, la première et la deuxième lettre à Timothée, plus la lettre à Tite, auxquels la critique très largement majoritaire refuse aujourd’hui le sceau de l’authenticité : voyez sur tout cela le récent commentaire du frère Michel Gourgues à ce sujet [1].
Je vous l’avoue, je suis très sceptique sur l’idée même d’une pseudépigraphie néotestamentaire, j’ai du mal à imaginer que quelques auteurs aient pu vouloir se présenter sous l’autorité de Paul alors même que celui-ci venait de disparaître et que beaucoup de ceux qui l’avaient connu étaient encore vivants, et j’ai encore plus de mal à penser qu’ils l’aient fait avec autant de maladresse, je veux dire en utilisant un vocabulaire très marqué par le judaïsme le plus classique, et en proposant de la loi une vision si différente par rapport aux lettres au Galates et aux Romains qui les ont précédées : il faudrait qu’ils aient été de très très mauvais faussaires, et que leurs critiques aient eu une grâce d’aveuglement extrêmement forte pour attribuer quand même la paternité de leurs écrits à l’apôtre Paul.
J’ai donc proposé, il y a déjà longtemps, dans une série d’articles parus dans la revue Lumière et Vie [2], de les considérer comme les premières lettres de Paul , celles d’un homme encore très marqué par son judaïsme natif. Je ne vais pas vous proposer une démonstration, parce que mon sujet ne porte pas sur les Pastorales, mais sur les femmes dans les Pastorales.

B – Les femmes en 1 Timothée et Tite
L’exhortation de Tite est relativement brève : « Que pareillement les femmes âgées aient le comportement qui sied à des saintes : ni médisantes, ni adonnées au vin, mais de bon conseil ; ainsi elles apprendront aux jeunes femmes à aimer leur mari et leurs enfants, à être réservées, chastes, femmes d’intérieur, bonnes, soumises à leur mari, en sorte que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée » (2,3-5).
Trois points ressortent immédiatement relativement aux jeunes femmes : la soumission au mari, la consécration aux enfants, la limitation de l’activité à la sphère privée. Ces conditions sont celles qui permettent à la parole de Dieu de n’être pas blasphémée, autrement dit aux chrétiens de trouver leur place dans la société : tout simplement parce que, ce faisant, ils se conforment aux critères de la dite société.
L’exhortation de 1 Tm est plus longue : « Que les femmes, de même, aient une tenue décente ; que leur parure, modeste et réservée, ne soit pas faite de cheveux tressés, d’or, de pierreries, de somptueuses toilettes, mais bien plutôt de bonnes œuvres, ainsi qu’il convient à des femmes qui font profession de piété. Pendant l’instruction, la femme doit garder le silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de faire la loi à l’homme. Qu’elle garde le silence. C’est Adam en effet qui fut formé le premier, Ève ensuite. Et ce n’est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui, séduite, se rendit coupable de transgression. Néanmoins elle sera sauvée en devenant mère, à condition de persévérer avec modestie dans la foi, la charité et la sainteté » (2,9-15).
A nouveau, trois points que je synthétise ainsi : modestie, silence, maternité. C’est encore une fois conforme à l’air du temps : la femme est invitée à rester chez elle, à gérer la maison, et n’a de relations avec l’extérieur que par la médiation de son mari auquel elle doit rester soumis. La spécificité est que ces règles propres à la société sont maintenant justifiées religieusement par une lecture « appropriée », si je puis dire, du récit de la Genèse sur la faute.
Il faudrait examiner bien d’autres passages des Pastorales, mais je n’en visiterai plus qu’un qui pose une question : existait-il à l’époque des diaconesses ? La question naît d’une certaine lecture de 1 Tm 3,10-11, alors que Paul est en train de parler des diacres : « on commencera pas les mettre à l’épreuve, et ensuite, si on n’a rien à leur reprocher, on les admettra aux fonctions de diacres. Que pareillement, les femmes soient dignes, point médisantes, sobres, fidèles en tout ». Les femmes des diacres ou les diaconesses ?
Je serais assez favorable à la deuxième interprétation, à condition de bien comprendre que les diacres, et donc aussi les diaconesses, représentent plutôt à l’époque (voir le fond d’Ac 6) des préposés à l’administration, des sortes d’économes. Revenons à 1 Tm. S’il s’était agi des « femmes des diacres », on aurait attendu une expression comme « leurs femmes » ; la répétition du ôsautos au début du verset 11, après celui du verset 8, suggère aussi un parallélisme ; en outre, les exigences adressées à ces femmes sont très proches de celles qui s’adressent aux diacres : sobriété, dignité, ce qui suggère qu’elles ont le même statut.
En Rm 16,11 justement, Phoebé « sert » l’église de Cenchrée : quand on sait l’accueil économique réservé par certaines femmes à la prédication paulinienne (cf. Lydie en Ac 16,14-15), Phoebé pourrait bien être une diaconesse, au sens d’une personne chargée de l’administration économique de la communauté. L’existence de telles diaconesses, qui semblent avoir très vite disparu, serait le signe que le statut n’est pas aussi confiné en judaïsme qu’il ne l’était alors dans le monde hellénistique : sans doute le monde romain a-t-il changé un peu la donne.
Voilà d’où Paul part, que ces textes soient ou non de lui : une vision très classique des femmes, que l’on pourra dire réductrice, en même temps qu’une reconnaissance de son rôle de gestionnaire. Il faudrait maintenant voir l’évolution éventuelle de l’apôtre, et pour cela examiner ses lettres dans l’ordre supposé où elles ont été écrites : c’est là que le bât blesse, parce que personne n’est d’accord sur une chronologie de Paul et de ses lettres. Les différences ne sont toutefois pas considérables, et je vais m’arrêter un moment sur ce sujet.

II. Quelques remarques sur le sujet féminin dans les lettres de Paul

La chronologie la plus traditionnelle classe les lettres de Paul dans l’ordre relatif suivant, en partant des plus anciennes (compte non tenu des Pastorales) : 1 et éventuellement 2 Thessaloniciens ; Galates, 1 et 2 Corinthiens, Romains, Philippiens, Philémon, et Colossiens et Éphésiens lorsque l’on en admet l’authenticité.
En termes de chronologie absolue, la plus ancienne, 1 Th, est datée du début des années 50, les « grandes lettres » des années 55-58, et le reste des années 60.
Je ne vais pas discuter tout cela, ce qui nous éloignerait de notre sujet, mais essayer de comprendre où Paul peut évoquer les femmes : on peut bien sûr rechercher ce qu’il en est de l’utilisation des termes femme, épouse, fille, mère, mais il faut aussi penser que Paul peut aussi parler directement de telle ou telle femme. Dans le premier cas, vous allez constater que :
1. Le terme « femme », très présent dans les Pastorales comme dans les lettres aux Corinthiens, aux Romains, Éphésiens et Colossiens, est pratiquement absent des lettres aux Thessaloniciens (1 mention peu significative de la femme enceinte en 1 Th 5,3) et n’est présent en Galates en dehors de 3,28, mention sur laquelle je m’arrêterai plus loin, que dans l’allégorie du chapitre 4, dont on ne peut dire qu’il parle de la condition féminine.
2. Le terme « épouse » ne se trouve qu’une fois en Galates, toujours dans le même chapitre 4.
3. Celui de « fille » ne se rencontre qu’à trois reprises, uniquement dans les lettres aux Corinthiens.
4. Enfin celui de « mère », présent à trois reprises dans les Pastorales, n’est présent qu’une fois en 1 Th, Ga (une fois de plus dans le chapitre 4) et Rm, et deux en Éphésiens.
En définitive, il n’y a pas de surprise : le thème féminin n’est jamais traité pour lui-même, il est relativement rare et ne prend quelque ampleur que dans les Pastorales, des lettres où il est surtout question de l’organisation des communautés et de leur vie interne, dans les lettres aux Corinthiens ou aux Romains, où la dimension ecclésiale est importante, et dans les lettres de la captivité où apparaissent des exhortations et des recommandations domestiques. Rien dans les lettres aux Thessaloniciens, pratiquement rien en Galates, à l’exception de la mention de 3,28 qui mérite que l’on s’y arrête brièvement.
Mais ce constat est un peu réducteur : il ne faut pas oublier que Paul peut évoquer directement les femmes sans passer par l’un des termes déjà évoqués. Tel est bien le cas en Ph 4,1-3, où sont mentionnées Évodie et Syntychè, qui ont « assisté Paul dans sa lutte pour l’évangile » : j’y reviendrai plus loin.

III. La femme de Ga 3,28

La lettre aux Galates me semble constituer une lettre intermédiaire dans la carrière de Paul, et je la date de l’année 53, donc quelques années avant la lettre aux Romains : s’il est vrai que ces deux lettres sont proches par certains thèmes et références, le traitement des sujets et leur finalité, je pense ici à la justification par la foi, y est très différent [3].
Le thème féminin est, je l’ai rappelé, très présent en Ga 4, mais à titre métaphorique : les femmes représentent ici des alliances, et ce chapitre ne nous apprend donc rien sur la manière dont Paul voit les femmes. En revanche, nous rencontrons une mention importante, celle de 3,28 : « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus ».
Ce verset récapitule toutes les grandes divisions sociales, et en particulier celle qui existe entre l’homme et la femme. Bien sûr, Paul plaide pour l’unité, mais il ne remet pourtant pas en cause ces distinctions : il en fait le constat, il ne veut pas qu’elles se transforment en oppositions, et il invite donc ses lecteurs à y reconnaître une complémentarité, ou au moins une communion possible « en Christ ». Force est de le constater : le temps n’est pas encore venu d’une réflexion autonome sur la femme comme telle.
C’est donc bien avec les lettres aux Corinthiens que le « sujet féminin » va prendre une consistance nouvelle.

IV. Les femmes dans les lettres aux Corinthiens

Ces lettres sont cruciales, non seulement parce qu’elles recèlent le plus grand nombre de références aux femmes, à leur statut dans la société, au rapport que Paul entretient avec elles, mais parce qu’elles ont largement contribué, avec la lettre aux Éphésiens, à donner une réputation de misogyne à l’apôtre. Je reviendrai plus loin rapidement sur Éphésiens, mais je commence donc par évoquer quelques mentions controversées.
A – 1 Co 11 et 1 Co 14
Passage extrêmement difficile que celui de 1 Co 11,2-15, dans lequel Paul lui-même semble perdu si l’on en juge par la conclusion : « au reste, si quelqu’un se plaît à ergoter, tel n’est pas notre usage, ni celui des églises de Dieu ».
La question est celle de la tenue des hommes et des femmes dans l’assemblée, et plus précisément le port des cheveux longs : sont-ils tolérables de la même manière pour les hommes et les femmes ? Et sinon, quels critères faut-il respecter ? Sur le fond, la réponse est simple : les hommes doivent couper leurs cheveux, les femmes doivent au contraire les garder longs…
Quant à l’argumentation, et donc aux critères, elle est beaucoup plus compliquée et n’est pas sans rappeler ce que Paul a déjà dit (ou dira) en 1Tm 2,9-15 ; je ne vais pas m’y attarder : il est très clair que ces usages, auxquels Paul veut donner une valeur forte, sont tout à fait contingents et Paul le reconnaît en fait dans les versets 13-15. La seule valeur qui en soi garde une justification, c’est l’importance de l’ordre, de la différenciation , idées très classiques dans la tradition juive [4] : s’il est clair que cet ordre, qui soumet la femme à l’homme, peut être discuté dans ses applications, il garde son importance au plan spirituel et théologique.
Et nous voici avec le fameux passage de 1 Co 14,34-35 : les femmes sont invitées à se taire dans l’assemblée, à se tenir dans la soumission, à s’instruire ou s’informer auprès de leurs maris !
Ici, deux remarques s’imposent d’emblée :
1. Cette invitation apparaît parfaitement contradictoire avec la reconnaissance de l’office prophétique accordé plus haut à la femme (11,5).
2. Les deux ou trois versets à considérer rompent le fil de la pensée. Il est en effet question de l’ordre qui doit régner dans l’expression prophétique dans les versets 31-33, et les interlocuteurs sont désignés par vous ; c’est à nouveau du bon ordre de l’expression prophétique dont il est question à partir du verset 37 et jusqu’à la fin du chapitre : ce passage sur les femmes est donc singulier, à moins de considérer qu’elles sont spécifiquement à l’origine de ces problèmes d’ordre, ce que rien n’indique par ailleurs.
Les commentateurs les plus anciens n’avaient pas encore de scrupules à accepter ces versets tels quels, et ils expliquaient par exemple que l’évocation de la prophétie en 11,5 avait un caractère hypothétique, ou que ces versets s’accordent une fois de plus avec 1 Tm 2,11-15, des versets d’inspiration judéo-chrétienne [5].
Mais, quoi qu’il en soit de la date de 1 Tm, il est certain que 1 Corinthiens ne se situe plus dans la même ligne, et que ces versets détonnent. Aujourd’hui donc, les commentateurs n’hésitent plus à parler d’interpolation : ils y sont d’autant plus invités que ces versets sont repoussés après le verset 40 dans la tradition textuelle occidentale, marquant la gêne qu’ils provoquaient déjà alors. Tel est le constat de C. Senft : « Les versets 33b-36 sont une interpolation » , et il se justifie à partir des raisons que je viens de donner plus haut [6].
Une autre possibilité, envisagée par certains, serait que les versets incriminés représentent la position des adversaires de Paul, et qu’ils seraient suivis de la réponse de Paul. Il reste qu’en toute occurrence, ces versets ne représentent pas la pensée de l’apôtre.
En définitive, ni 1 Co 11 ni 1 Co 14 ne nous apprennent grand chose sur la manière dont Paul perçoit vraiment les femmes. Il en va très différemment avec 1 Co 7.
Ce chapitre est particulièrement dense et compliqué, avec une organisation interne qu’il est difficile de suivre, voire même de repérer : il m’est donc impossible de vous en proposer une lecture détaillée, et je vais me contenter de mettre en valeur deux points sur le sujet qui nous occupe. La première chose à rappeler est que Paul n’est pas un révolutionnaire, qu’il accepte habituellement les contraintes politiques et sociales de son temps : la chose est particulièrement manifeste dans l’exhortation deux fois répétée « Que chacun demeure dans la condition où l’a trouvé l’appel de Dieu » (v. 17 et 24). Il est tout à fait possible de trouver, si on le juge nécessaire, des justifications au « conservatisme » paulinien (la fin des temps est proche, v. 29, ou l’attachement à l’ordre, déjà évoqué et qui sera à nouveau marqué en 14,33), mais c’est un fait : Paul se situe à l’intérieur d’une société dont il ne remet pas en cause les fondements, pas même celui de l’esclavage.
Dès lors, et c’est la deuxième chose à noter, la place qu’il donne à la femme par rapport à l’homme, place largement établie depuis des siècles et que seul le monde romain commençait depuis l’Empire à remettre en cause, n’en est que plus extraordinaire : elle est vraiment la correspondante de l’homme. Je fais ici allusion aux sept premiers versets du chapitre, dans lesquels Paul applique systématiquement à la femme ce qui est dit de l’homme et réciproquement : « Toutefois, à cause des débauches, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari. Que le mari s’acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari. La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme etc. » (v. 2-4). Et le même équilibre se retrouve dans les versets 12-13 à propos de séparation.
C’est cet équilibre qui me fait parler d’amitié, alors même qu’il est question de conjugalité. Parce que, même si la situation des femmes mariées avait évolué dans la société, romaine en particulier, on ne pouvait certainement pas parler de réciprocité et d’équilibre. Lesquels étaient par contre particulièrement vantées dans le cadre de l’amitié, en particulier par Aristote [7]. Paul place donc les femmes comme des amies de l’homme.
C – 1 Co 16… et Rm 16 ou Ph 4
En évoquant 1 Co 7, je viens de montrer que les femmes étaient les meilleures amies de l’homme, mais non pas encore de Paul. En revanche, la finale de la première aux Corinthiens le manifeste, surtout si on lui adjoint la finale de Romains ou celle de Philippiens : ce sont là des interpellations directes qui nous en apprennent beaucoup [8]. La finale de Romains évoque de nombreux correspondants, parmi lesquels beaucoup de femmes, et on va voir que celle de Philippiens dit quelque chose d’important de deux d’entre elles.
En 1 Co 16, la femme est la fameuse Prisca, mariée à Aquilas. On sait qu’Ac 18 évoque aussi ce couple, et la manière dont Paul l’aurait connu : au travers d’une activité commune, celle de réparateurs ou fabricants de tentes. On les trouve mentionnés en Rm 16,3 et en 2 Tm 4,19 (une lettre que je date de la fin des années 40), et les deux fois, Prisca est nommée avant Aquilas, ce qui n’est pas du tout insignifiant pour l’époque [9]. Rm fait des deux, et je dis bien des deux, les coopérateurs ou collaborateurs de Paul, titre particulièrement enviable dans la bouche de l’apôtre : Urbain, inconnu par ailleurs, le reçoit en Rm 16,9, Timothée en Rm 16,21 et Tite en 2 Co 8,23, Clément et quelques autres en Ph 4. Comme on va le voir plus loin avec Ph 4, c’est finalement un vrai titre d’honneur qui touche aussi bien des femmes que des hommes.
En Rm 16, on remarque en outre que la première personne mentionnée, de manière extrêmement favorable, est Phoebé, une diaconesse : pour beaucoup de commentateurs, elle a dû porter la lettre que Paul adresse aux Romains, mais il reste qu’elle joue donc un rôle de premier plan. Et plus loin se trouvent évoquées Junias (v. 7), rangée au rang même des apôtres, Marie (v. 6) et Persis (v. 10), qui se seraient beaucoup fatiguées au service du Seigneur, puis « Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, Olympas et tous les saints qui sont avec eux » (v. 15). Manifestement, les femmes sont très présentes et vues comme égales aux hommes, y compris dans les plus hautes fonctions.
Montrons-le plus encore avec Ph 4. Il s’agit des versets 2-3 : « J’exhorte Évodie comme j’exhorte Syntychè à vivre en bonne intelligence dans le Seigneur. Et toi de ton côté, Syzyge, vrai ‘compagnon’, je te demande de leur venir en aide : car elles m’ont assisté dans la lutte pour l’Évangile, en même temps que Clément et mes autres collaborateurs, dont les noms sont écrits au livre de vie ». Évodie et Syntychè ont donc « assisté » Paul dans la lutte pour l’évangile, en fait le grec dit littéralement qu’elles se sont comportées comme des athlètes à ses côtés ; et Paul, en les comparant à Clément et à d’autres, leur assure le titre de collaborateurs, celui-là même qui a été évoqué plus haut avec Rm 16. Pour Murphy O’Connor [10], le fait que la remontrance soit publique suggère que la dispute était publique, et il n’y voit d’autre explication que celle d’une dispute entre deux femmes dont chacune est à la tête d’une église domestique.
Terminons ce tour d’horizon en nous penchant maintenant, trop rapidement encore une fois, sur la condition des femmes dans les lettres de la captivité, surtout qu’elles sont pour une large part dans la fausse réputation de misogynie faite à Paul.

V. Les femmes dans les lettres de la captivité

Ces lettres font mention des femmes dans ce que l’on appelle « les tabelles », ou bien aussi les « codes de devoir » [11], autrement dit les règles de vie proposées par l’apôtre pour la vie domestique ou ecclésiastique. Ces règles forment un genre littéraire précis, relativement standardisé, et l’on est donc conduit à se demander si Paul reçoit ce qu’il y dit des femmes ou s’il est créatif.
Pour certains, tel Dibelius, il faut y reconnaître des éléments de la morale commune gréco-latine, en particulier stoïcienne, superficiellement christianisés ; pour d’autres, il faut accepter l’originalité chrétienne de ces tabelles, avec par exemple le caractère réciproque et « dans le Seigneur », des obligations. Ce sont vers ces derniers que penche ma lecture, en particulier du fait d’Ep 5, passage sur lequel je vais maintenant m’arrêter. Vous le savez, en Col 3,18-19 comme en Ep 5,21-33, ce qui est dit des femmes, en particulier l’invitation à la soumission, n’a cessé de générer un anti-paulinisme forcené et… totalement injuste. Je ne vais pas entrer dans cette stérile controverse, et je me contente de rappeler, au sujet d’Ep 5, le passage le plus conséquent, que Paul :
1. Invite préalablement à la soumission réciproque tout le monde en 5,21, et pas seulement les femmes.
2. Pour cette raison très probable que la soumission n’est pas ici une donnée sociale, mais l’acceptation d’un ordre voulu par Dieu. Dans la tradition juive en effet, et nous en avons une illustration dès le premier récit de la Genèse, Dieu trie et sépare, il met de l’ordre dans le tohu-bohu, il est un « dieu non de désordre, mais de paix ». Rappelons d’ailleurs que le verbe grec utilisé pour dire « soumettre » contient en lui-même l’idée d’ordre, ce qui n’est pas le cas du français.
3. Presse les hommes d’aimer leurs femmes, du même amour dont le Christ aime l’Église, ce qui représente quand même pour eux et pour toute époque une exigence considérable. C’est cette exigence qui me fait douter que Paul se contente de christianiser des recommandations classiques.
Le verset 33, trop souvent oublié, me semble dire l’essentiel de la pensée de Paul : « que chacun aime sa femme comme soi-même, et que la femme révère son mari ». La femme y est un vrai sujet, autonome, bénéficiant de l’amour que son mari se porte aussi à lui-même : je vois là à nouveau une forme de l’amitié, quand bien même le thème de la soumission, de caractère plus culturel [12], pourrait paraître l’invalider.

VI. Conclusion

Il est des réputations dont on dit qu’elles « collent à la peau » : telle est celle de misogyne pour Paul. Il ne suffit pas de dire qu’elle serait le résultat de l’agrégation de lettres non pauliniennes aux lettres authentiques, parce que rien n’assure que les lettres dénoncées ne soient pas de Paul, mais aussi parce qu’il existe des passages troublants dans des lettres aussi assurées que 1 Corinthiens.
Mais si l’on s’attache au contexte de chacun des passages dénoncés, si l’on tient compte de l’air du temps, si l’on cherche à établir un constat global, la vérité commande de reconnaître que l’apôtre Paul donne aux femmes un statut extrêmement élevé, différent certes mais néanmoins comparable à celui de l’homme, et que le rapport hommes/femmes est plus proche de l’amitié que de la soumission, quoi qu’il en soit de certains passages de ses lettres. Paul se révèle ainsi bien plus accueillant et positif pour elles qu’on ne l’était généralement à son époque. En définitive, certainement pas misogyne, bien plutôt philogyne : c’est ce que j’ai voulu marquer en assurant que les femmes étaient « les meilleurs amis » de Paul.
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notes:
[1] Michel Gourgues, Les Deux « Lettres à Timothée » ; La lettre à Tite, Commentaire biblique, Nouveau Testament (Paris : Les éditions du Cerf, 2009)
[2] Hervé Ponsot, “Les Pastorales seraient-elles les premières lettres de Paul ?,” Lumière et Vie, no. 231, 232 et 233 (1997)
[3] Voir Hervé Ponsot, Abraham dans la théologie paulinienne Rom IV. Gal III : fonction littéraire, historique et théologique de la paternité d’Abraham (Institut catholique de Paris, Université Paris-IV Sorbonne, 1985)
[4] Jerome Murphy O’Connor, Paolo e le donne, 1er éd. (Assisi : Cittadella, 2006), insiste sur la dimension de différenciation sexuelle dans ce passage.
[5] Voir par exemple A. Robertson et A. Plummer, A Critical and Exegetical Commentary on the First Epistle of Saint Paul to the Corinthians, coll. ICC. Édimbourg, T&T Clark, 1983, ad loc.
[6] C. Senft, La première épître de saint Paul aux Corinthiens, Coll. Commentaire du Nouveau Testament, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1979, ad loc.
[7] Je pense bien sûr ici aux chapitres 8 et 9 de l’Éthique à Nicomaque, dans lesquels on trouve par exemple : « Car l’amitié consiste plutôt à aimer qu’à être aimé ».
[8] Sur ces passages et ces points, on pourra consulter Jerome Murphy O’Connor, Paolo e le donne, 1er éd. (Assisi : Cittadella, 2006).
[9] Murphy O’Connor, p. 15, y insiste aussi.
[10] op. cit. p. 14.
[11] Marie-Louise Lamau, Des chrétiens dans le monde. Communautés pétriniennes au 1er siècle, Coll. Lectio Divina n? 134, Paris, Cerf, 1988, p. 153-230.
[12] Murphy O’Connor, ibid., ne retient pas l’authenticité d’Éphésiens, mais bien celle de Colossiens. Il explique le « recul » de Colossiens pour des raisons conjoncturelles, sans que soit remise en cause l’égalité fondamentale entre hommes et femmes, si chère à Paul.

Pierre et Paul

17 novembre, 2010

Pierre et Paul dans images sacrée Pietro+e+Paolo+2

http://oremus-ita.blogspot.com/2010/06/ss-pietro-e-paolo.html

La patience, la vigilance et l’espérance

17 novembre, 2010

du site: 

http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1309

La patience, la vigilance et l’espérance

P. Charles Mullier

Is 63, 16b-64, 7 – Ps 79 – 1 Co 1, 3-9 – Mc 13, 33-37

Esprit et Vie n°136 – octobre 2005 – 2e quinzaine, p. 34-35.

La fête du Christ, Roi de l’univers, célébrée dimanche dernier, a clôturé l’année liturgique. Nous entrons dans un autre temps, le temps de l’avent préparant Noël. Cette période ouvre pour l’Église une nouvelle étape dans sa marche en avant sous la conduite de l’Esprit Saint. Les lectures de ce jour nous invitent à méditer sur La patience, la vigilance et l’espérance.

Un temps de patience

Nous avons le sentiment aigu d’une absence de Dieu dans la vie du monde. Le créateur apparaît de moins en moins nécessaire à l’explication de la formation de l’univers, comme aux moyens d’assurer la vie et le bonheur des hommes. Aux yeux de nos contemporains, la religion chrétienne semble souvent obsolète, dépassée. La vie économique et sociale se construit habituellement sans référence à la conception chrétienne de l’existence. Nous participons nous-mêmes à cette vision du monde. Qui peut dire : « Je me réfère constamment à Dieu, à l’Évangile, aux enseignements de l’Église, dans mes choix, mes décisions, ma conduite, tout ce qui fait l’étoffe de ma vie » ?
Devant cette situation, même si l’interprétation traditionnelle est légitime, il serait dommage de réduire la portée des textes de ce dimanche à une mise en garde de caractère moral : « Attention ! le maître est parti en voyage mais il reviendra et chacun devra rendre compte de sa conduite ! » L’accent est à mettre aujourd’hui sur l’absence apparente du maître. Isaïe s’exclamait déjà : « Tu nous as caché ta face […] nous vivons le temps de l’absence de Dieu. » Dans l’exercice de la pastorale, nous sommes pressés de cueillir les fruits de nos efforts. N’oublions pas que d’excellents vins proviennent de vendanges tardives et qu’on ne tire pas sur une plante pour la faire grandir. Dieu a le temps pour lui, il laisse du temps au temps face à ses enfants distraits, endormis, indifférents, repliés sur la recherche égoïste de leurs petits bonheurs, incapables de comprendre où se situe leur vrai bien.
Ce temps de la patience n’est pas un temps mort, il nous est donné pour prendre des initiatives, nous secouer et agir. Les événements ne sont pas le seul résultat de la fatalité. En ce temps marqué, au premier abord, par l’absence d’un Dieu qui se serait retiré de la vie des hommes livrés à toutes sortes de convoitises, sachons qu’en permanence, malgré les apparences, l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le cœur de chacun. Ne vivons pas en somnambules mais en veilleurs.

Un temps de vigilance

« Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez ! » Selon l’Évangile de Marc, ces mots clôturent la prédication du Christ, par la promesse de la venue du Fils de l’homme, à la fin du monde. Il ne s’agit pas d’une attente passive : le maître de maison délègue aux serviteurs la mission d’agir, chacun selon sa vocation : il ordonne au portier de veiller. En quelques lignes, à quatre reprises, ce verbe revient et prend même une tournure insistante : « Veillez donc ! »
Veiller, c’est l’attitude du médecin de garde dans un hôpital, du guetteur qui, du haut d’un mirador, s’efforce de détecter un incendie récent dans la forêt. C’est le rôle de la sentinelle qui veille sur le camp des soldats endormis. La vigilance n’est pas une mission confiée à des spécialistes, c’est l’affaire de tous. Elle est à l’opposé du rêve, de la distraction et le danger demeure si chacun s’enferme dans sa spécialité. Nous l’avons constaté quand, en Asie, l’annonce de l’imminence d’un raz de marée n’a pas été transmise aux populations au moment même où les sismographes enregistraient un tremblement de terre sous-marin.
Il en est de même pour le chrétien, non seulement appelé à transmettre le message de l’Évangile, mais à le faire dans un langage audible pour nos contemporains. Mieux encore, par la conviction que l’efficacité de notre témoignage dépend d’une recherche commune de la vérité.
Le pouvoir de prévention et d’action dont disposent les hommes n’est pas seulement applicable à la construction d’une digue, à la solidité d’un édifice ou au respect de la nature. Il a une dimension morale par l’appel à un meilleur partage des biens de la terre, la recherche inlassable de la paix et le respect de la justice, par exemple. En de nombreux domaines, il eût été plus judicieux de prévenir que de tenter de guérir, après coup, en catastrophe !

Un temps d’espérance

Le Christ évoque le temps de l’absence du maître… Il prophétise aussi, comme une certitude, le temps de son retour. Autant il ne convient pas de s’obnubiler sur la fin des temps au point de déserter les tâches terrestres, autant il serait déraisonnable de faire l’impasse sur les promesses de l’Écriture. Nous appartenons à un peuple en marche, tendu vers l’avenir, la rencontre du Christ et la vie éternelle.
« Veilleur, où en est la nuit ? », interroge le prophète Isaïe, et, dans un chant inspiré par son message, l’Église chante depuis des décennies : « Peuple qui marchez dans la longue nuit, le jour va bientôt se lever ; il est temps de lever les yeux vers un monde qui vient. » Cessons de nous lamenter sur la crise de la foi, la perte des valeurs, l’effondrement de la pratique religieuse. L’Évangile n’a pas pris une ride. Les jeunes des JMJ le pressentent. Les foules spontanément rassemblées place Saint-Pierre à la mort de Jean-Paul II en témoignent. Les fidèles de plus en plus nombreux présents à Lourdes le confirment. Les évêques et les théologiens réfléchissent et travaillent. L’implosion culturelle, institutionnelle et sociale de certaines formes de présence de l’Église au monde ne doit pas nous désespérer. Les insondables richesses du Christ ne sauraient être figées dans leur expression par une culture particulière. Les promesses de Dieu répondent aux légitimes aspirations des hommes.
Imitons le mieux possible la patience du Seigneur ; soyons des veilleurs attentifs aux signes des temps ; rendons compte de l’espérance qui est en nous, bien convaincus de l’amour de Dieu pour tous les hommes.

Les Martyrs Scillitains

17 novembre, 2010

du site:

http://www.1000questions.net/fr/Qui-sont/martyrs_scillitain.html

Les Martyrs Scillitains 

1 Notice
Par Paul Monceaux 

    Le 17 juillet 180, à Carthage, devant le tribunal du proconsul d’Afrique Saturninus, étaient traduits douze chrétiens, sept, hommes et cinq femmes, qu’on venait d’arrêter dans la petite ville de Scillium, en Proconsulaire. Après un interrogatoire, où un certain Speratus joua le rôle principal, mais où tous refusèrent de renier leur foi, le proconsul les condamna à mort et les fit aussitôt décapiter.
    Le 17 juillet 180, à Carthage, devant le tribunal du proconsul d’Afrique Saturninus, étaient traduits douze chrétiens, sept, hommes et cinq femmes, qu’on venait d’arrêter dans la petite ville de Scillium, en Proconsulaire. Après un interrogatoire, où un certain Speratus joua le rôle principal, mais où tous refusèrent de renier leur foi, le proconsul les condamna à mort et les fit aussitôt décapiter.
    De ce document, qui a été souvent remanié aux siècles suivants, nous possédons cinq recensions latines et une traduction en grec. L’original était certainement en latin. Dans la série des recensions latines, on voit le texte s’altérer et s’interpoler de plus en plus ; mais la plus ancienne, sauf pour quelques mots, paraît être la reproduction fidèle du document officiel.
     C’est celle dont nous donnons ci-dessous la traduction, d’après l’édition de Von Gebhardt (Acta martyrum selecta, p. 22-27). Sur l’histoire des Scillitains et les recensions du procès-verbal, voir notre étude critique (Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, tome I, p. 61 et suiv).
     Les Actes des Scillitains, postérieurs d’une quinzaine d’années aux Actes de saint Justin, sont le plus ancien document de l’hagiographie africaine, même de l’Afrique chrétienne. A ce titre, ils présentent pour l’historien un intérêt de premier ordre. Mais ils valent aussi en eux-mêmes, par la beauté sévère de la scène, par l’éloquence des faits saisis sur le vif.

2 Les Actes
ACTES DES MARTYRS SCILLITAINS

   Sous le consulat de Praesens, consul pour la seconde fois, et de Claudianus, le seize des calendes d’août, à Carthage, dans le secretarium (salle d’audience), comparurent Speratus, Nartzalus et Cittinus, Donata, Secunda, Vestia.
    – Le proconsul Saturninus dit: «Vous pouvez obtenir le pardon de notre seigneur l’empereur, si vous revenez à la raison ».
    – Speratus dit : « Jamais, nous n’avons rien fait de mal, ni participé à aucune iniquité. Jamais, nous n’avons rien dit de mal. Au contraire, quand on nous maltraitait, nous avons rendu grâces,parce que nous honorons notre empereur ».
    – Le proconsul Saturninus dit : « Nous aussi, nous sommes religieux, et notre religion est simple ; nous jurons par le génie de notre seigneur l’empereur, nous prions pour son salut. Vous aussi, vous devez le faire ».
    – Speratus dit : « Si tu veux m’écouter tranquillement, je vais t’expliquer le mystère de la simplicité ».
    – Le proconsul Saturninus dit : « Tu vas attaquer notre religion; je ne t’écouterai pas. Jurez plutôt par le génie de notre seigneur l’empereur.»
    – Speratus dit : « Moi, je ne connais pas l’empire de ce monde ; mais plutôt je sers ce Dieu qu’aucun homme n’a vu ni ne peut voir avec ses yeux. Je n’ai pas commis de vol ; si j’achète quelque chose, je paie l’impôt. C’est que je connais mon Seigneur, l’empereur des rois de toutes les nations. »
    – Le proconsul Saturninus dit à tous les autres : « Abandonnez cette croyance ».
    – Speratus dit : «La croyance mauvaise, c’est de commettre l’homicide, de rendre un faux témoignage ».
    – Le proconsul Saturninus dit : « Ne vous associez pas à cette folie. »
    – Cittinus dit : « Nous ne craignons personne, si ce n’est le Seigneur notre Dieu qui est au ciel ».
    – Donata dit : « Nous honorons César en tant que César, mais nous ne craignons que Dieu ».
    – Vestia dit : « Je suis chrétienne ».
    – Secunda dit : « Je le suis, je veux l’étre ». – Le proconsul Saturninus dit à Speratus : « Tu persistes à te dire chrétien ? »
    – Speratus dit : « Je suis chrétien ». Et tous firent la même déclaration.
    – Le proconsul Saturninus dit : « Est-ce que vous voulez un sursis pour réfléchir ? »
    – Speratus dit : « Dans une chose si claire, il n’y a pas à réfléchir ».
    – Le proconsul Saturninus dit : « Qu’y a-t-il dans votre boîte ? »
    – Speratus dit : « Les Livres sacrés et les Epîtres de Paul, homme juste ».
    – Le proconsul Saturninus dit: «Profitez d’un ajournement à trente jours, et souvenez-vous. » – Speratus répéta : « Je suis chrétien. » Et tous firent de même.
    – Alors le proconsul Saturninus lut sa sentence sur la tablette : « Speratus, Nartzalus, Cittinus, Donata, Vestia, Secunda, et tous les autres, ont confessé qu’ils vivaient suivant le rite chrétien. Attendu qu’on leur a offert la faculté de revenir à la religion traditionnelle des Romains, et qu’ils ont refusé avec obstination, nous les condamnons à périr par le glaive. »
    – Speratus dit : « Nous rendons grâces à Dieu ».
    – Nartzalus dit : « Aujourd’hui, martyrs, nous sommes au ciel. Grâces à Dieu ! »
    – Le proconsul Saturninus lit faire par le héraut la proclamation suivante : « Speratus, Nartzalus, Cittinus, Veturius, Felix, Aquilinus, Laetantius, Januaria, Generosa, Vestia, Donata, Secunda, sont conduits au supplice par mon ordre ».
    – Tous les martyrs s’écrièrent : « Grâces à Dieu ! »
    Et ils furent aussitôt décapités pour le nom du Christ.

- Fête le 17 juillet

( Extrait de «La vraie Légernde dorée», par Paul Monceaux, de l’Institut, Professeur au Collège de France, Paris 1928, éditions Payot.)  

bonne nuit

17 novembre, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. 87-1222934091qfLy

http://www.publicdomainpictures.net/browse-category.php?c=animali&s=10

bonne nuit

16 novembre, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. iris-blue-yellow

http://www.flowers.vg/garden/garden.htm

La Trasfiguration

15 novembre, 2010

La Trasfiguration  dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

Lettre de St François de Paule (1486)

15 novembre, 2010

du site:

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010402_francesco-paola_fr.html

Lettre de St François de Paule (1486)

« Que notre Seigneur Jésus, lui qui récompense magnifiquement, vous donne le salaire de votre peine.
Fuyez le mal, repoussez les occasions dangereuses. Nous et tous nos frères, quoique indignes, prions continuellement Dieu le Père, son Fils Jésus Christ et la Vierge Marie, pour qu’ils ne cessent de vous assister dans la recherche du salut de vos âmes et de vos corps.
Quant à vous, mes frères, je vous exhorte vivement à travailler avec prudence et ardeur au salut de vos âmes: La mort est certaine, la vie est brève: elle s’évanouit comme la fumée.
Fixez donc votre esprit sur la passion de notre Seigneur Jésus Christ: par amour pour nous, il est descendu du ciel pour nous racheter; pour nous, il a subi tous les tourments de l’âme et du corps, et n’a évité aucun supplice. Il nous a donné l’exemple de la parfaite patience et de l’amour. Nous devons donc être patients devant tout ce qui s’oppose à nous.
Abandonnez les haines et les inimitiés; veillez à éviter les paroles dures; si elles se sont échappées de votre bouche, ne répugnez pas à procurer le remède par cette bouche qui a causé les blessures; ainsi pardonnez-vous mutuellement pour ensuite ne plus vous souvenir de vos torts. Garder le souvenir du mal, c’est un tort, c’est le chef-d’oeuvre de la colère, le maintien du péché, la haine de la justice; c’est une flèche à la pointe rouillée, le poison de l’âme, la disparition des vertus, le ver rongeur de l’esprit, le trouble de la prière, l’annulation des demandes que l’on adresse à Dieu, la perte de la charité, l’iniquité toujours en éveil, le péché toujours présent et la mort quotidienne.
Aimez la paix, le plus précieux trésor que l’on puisse désirer. Vous savez déjâ que nos péchés excitent la colère de Dieu : il faut donc que vous les regrettiez pour que Dieu, dans sa miséricorde, vous pardonne. Ce que nous cachons aux hommes, Dieu le connaît; il faut donc vous convertir d’un coeur sincère. Vivez de façon à recueillir la bénédiction du Seigneur; et que la paix de Dieu notre Père soit toujours avec vous. »

Prière

Dieu qui relèves les humbles, tu as donné la gloire des élus à saint François de Paule; fais qu’en lui ressemblant, et avec son aide, nous obtenions le bonheur promis aux humbles.

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